Le Revers de L'Infini - Tome 2 : L'Eveil

Chapitre 11 : Génie pédagogique

1159 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 16/10/2025 20:02

Extérieur – Parking de l’hôpital.


Ciel voilé, lumière de fin de journée. Le bitume encore tiède renvoie une chaleur lourde, presque malade. Dans l’air flotte une odeur d’ozone et de désinfectant, comme si l’hôpital lui-même respirait encore l’angoisse de ce qu’ils viennent d’affronter.

L’air semble pesant, comme après une longue tempête invisible.

Adossés à la voiture, Gojo et Kiyotaka les attendent. Le premier mâchonne paresseusement un sachet de chips, lunettes baissées sur le nez. Le second garde les bras croisés, immobile, son regard aussi tranchant qu’un scalpel.


Aya les aperçoit la première. Ses traits sont tirés, ses mains tremblent encore.

Vous êtes là... souffle-t-elle, comme si elle doutait de la réalité.


Gojo, affalé contre la portière, répond sans lever vraiment la tête :

Tiens, les revenants. J’allais venir avec des bougies et une pelle...


Kiyotaka, lui, ne sourit pas.

Vingt-quatre heures. Vous êtes restés enfermés vingt-quatre heures. Et on a eu zéro signal.

Un silence tombe, brutal.


Aya se fige.

Pardon ?? Elle se tourne vers Souta. Impossible.


Souta fronce les sourcils, encore sur la défensive :

C’était un foutu classe S. Et le dossier était à côté de la plaque.


Aya comprend soudain.

Il nous a mis dans son territoire dès qu'on est entré, alors ?


Gojo lève les yeux, un sourire presque nonchalant au coin des lèvres.

J’me disais aussi… Vous avez mis drôlement longtemps pour une petite bestiole qui donne des cauchemars...


Souta se tend encore un peu plus.

Il nous a certainement attrapés dès notre entrée dans la cage d'escalier...


Aya souffle, mi-exaspérée, mi-sarcastique regarde Gojo :

Ça compte pour mon petit déjeuner, ça ? Parce que là... Tu savais même pas qu'on était coincés dans le territoire d’un classe S visiblement...

Puis, plus bas, en jetant un regard vers Yu :

Heureusement qu’on avait un classe 1 … voire plus … avec nous...


Gojo se redresse lentement, croisant les bras. Son sourire s’adoucit, mais ses yeux, eux, observent.

T’as tenu bon. T’as progressé ! Petit dej accordé, Aya !

Il ajoute, sur un ton presque intime, à l’intention de Yu :

Et toi... tu caches encore bien ton jeu, hein, Min-Jae ?


Aya baisse les yeux, gênée.

Tu parles... J’ai à peine réussi à le toucher, encore une fois...


Souta, en montant dans la voiture, murmure :

…On crèvera tous avant la fin du semestre.


Gojo éclate d’un rire tonitruant :

Ou vous deviendrez les meilleurs. C’est l’un ou l’autre ! Allez, chauffeur, onigiri et mochi sur le chemin du retour !

Puis, à Aya, plus sérieusement, d’une voix étrangement douce :

Tu l’as fait reculer et tu as sauvé le patient. Tu tiens encore debout face à un classe S. C’est ça, ta vraie force.

Il s’attache dans la voiture, puis reprend avec son éclat de rire habituel :

Et j’vous laisse les boss pour briller, moi !


Aya reste un instant immobile, encore dans le contrecoup. Elle se tourne vers Yu.

Il murmure :

Tu l’as affaibli, quand même... C’est pas rien. Moi j’ai juste eu l’air de faire semblant.


Aya proteste aussitôt :

Toi, tu l’as terrassé... Tu as été très impressionnant.


Souta fixe Yu, méfiant, le ton bas :

Les fléaux te regardent comme si t’étais leur prédateur... ou leur roi.


Aya cligne des yeux, surprise. Gojo, à moitié tourné vers eux, commente d’un ton moqueur :

Pourtant, il joue bien le rôle du p’tit nouveau timide. Faudrait que je revoie ce fameux dossier d’inscription...


Yu rit nerveusement en se frottant la nuque.

Haha... Les dossiers, c’est jamais très à jour...

Il sourit à Aya.

J’fais ce que je peux... C’est vous qui m’avez bien couvert. J’suis juste content qu’on soit tous rentrés entiers.


Aya hoche la tête.

On a fait une bonne équipe. Toi aussi Souta, t’as assuré.


Gojo bondit presque de joie :

Bah voilà ! Trois fléaux, un travail d’équipe ! J’suis un génie pédagogique, en fait...


Aya lève les yeux au ciel.

Tout ça avec modestie, bien sûr.


Souta, stoïque, répond :

C’était pas le moment de flancher, c’est tout. Mais… Bien joué... à vous deux.


Gojo reprend, hilare :

Ma modestie est légendaire Aya. Juste après ma beauté, ma puissance et mon humilité.


Aya taquine Souta :

Jamais tu es satisfait ?


Il répond, calme :

Y’a toujours mieux à faire. Toujours.


Aya soupire, un petit sourire au coin des lèvres.

Les petites victoires aident à aller plus loin. Enfin, je pense.


Souta, plus détendu :

Peut-être bien... tant que tu les laisses pas t’endormir.


Gojo, sucette à la bouche, réplique :

T’as survécu, protégé ton équipe et pas trop râlé... Pour moi, c’est carton plein. Zenin ! Presque un autocollant élève-modèle !


Yu esquisse un sourire.

Moi j’dis... si on ressort vivants, c’est déjà une victoire.


Kiyotaka gare la voiture près d’une boutique. Gojo bondit dehors :

Je vais faire mes courses ! Partez sans moi !


Aya le regarde s’éloigner, les mains dans les poches.

Être si puissant mais si immature...


Souta répond, pensif :

Il fait genre le clown, mais il voit tout. Peut-être que son rire, c’est juste pour pas exploser...

Aya se tait, pensive. Souta reprend, ironique :

Un fléau de rang S ? Pas de souci. Une boutique sans mochis ? Là, c’est la panique.

Puis, plus grave :

Et c’est lui qui nous envoie sur le terrain...


Aya murmure :

On a de la chance de l’avoir... comme d’avoir Nanami d’ailleurs.


Souta acquiesce.

Nanami voit des élèves. Pas des pièces sur un échiquier lui, ça c’est la nuance...


Aya se tourne vers Yu et lui sourit :

Alors, cette première mission avec nous ?


Yu rit doucement.

Flippant, épuisant... et un peu cool aussi. J’pensais pas rentrer entier.


Aya :

Les fléaux ne t’aiment pas. Et ça, c’est un atout.


Yu :

Pas encore sûr si c’est un atout... ou un panneau lumineux sur ma tête.


Aya, un peu rieuse :

Tu vas finir par comprendre. Moi, je commence à apprivoiser mon pouvoir. Tu y arriveras.


Souta, plus direct :

Mais tu n’as pas répondu au fait... Tu es quoi, au juste ?


Yu soutient son regard, sans ciller :

Un élève exorciste... comme vous, non ? Tu crois que je suis quoi d’autre, Zenin ?


Un silence s’installe. Aya détourne les yeux vers la fenêtre.

La voiture roule dans la lumière tombante, avant de s’immobiliser dans la cour de l’école.

Le monde ordinaire les attend…

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