Le Revers de L'Infini - Tome 2 : L'Eveil
Le lendemain soir, le réfectoire bruisse d’une activité ordinaire. Les plateaux claquent, les conversations fusent, les rires s’élèvent par vagues. L’odeur de soupe et de détergent flotte, familière. Assis à l’écart, Souta mange en silence, l’air absent. Rien ne le distingue, sinon cette façon de fixer son assiette comme si elle allait lui poser une question. On dirait qu’il mord dans le riz pour rester au monde.
Puis, les portes battantes explosent dans un fracas théâtral.
— BON ANNIVERSAIRE À TOIIIIIIIIIIII, MYSTÈRE GLACÉ DU CLAN ZENIN !
Gojo entre tel un ouragan vêtu de lumière : lunettes brillantes, chapeau de fête de travers, tenant un petit gâteau bancal couronné d’une flamme bleue. Il dérape presque sur le carrelage tant son enthousiasme est exagéré. Une traînée de regards s’allume derrière lui, l’ondulation d’un murmure le suit à travers la salle, comme une marée.
Aya sursaute. Sho éclate de rire. Rin lève les yeux au ciel. Yu tente de se cacher derrière son jus de fruit.
— T’as cru qu’on allait laisser passer ça discrètement ? Moi ? Discret ? Allons.
Gojo pose le gâteau devant Souta, rayonnant.
— J’ai prévenu tout le dortoir cette nuit. Un petit mot doux sous chaque porte : “Aujourd’hui, c’est l’anniversaire du type qui a l’air de vouloir tuer quelqu’un juste en mâchant du riz.”
Il se penche, confidentiel. Le chapeau de fête s’incline, sa voix claque bas, presque tendre dans l’excès.
— Tu peux faire genre que t’aimes pas. Mais tu vas souffler cette bougie, ok ? Sinon je chante encore.
Souta ne relève pas immédiatement les yeux. Il observe le gâteau, silencieux, lisse sa baguette contre le bord du plateau. Puis, lentement, il prend une bouchée de riz.
— J’ai déjà dit que j’aimais pas les surprises… Ni les flammes bleues sur de la nourriture. C’est pas naturel.
Un soupir discret franchit ses lèvres alors qu’il pousse le gâteau d’un centimètre du bout des doigts.
— Mais merci. C’est… supportable.
Son regard glisse, un éclair de menace sèche sous la surface calme.
— Et la prochaine fois que tu glisses un mot sous les portes pour me piéger, je te jette dans une ombre.
Gojo lève les bras au ciel, ravi, comme s’il venait de recevoir un trophée invisible.
— Aaaah, il a dit merci ! C’est mon plus beau cadeau aujourd’hui !
Il se retourne vers les tables voisines, ample geste de chef d’orchestre :
— Il a survécu à un classe S, il a survécu à une boucle temporelle... et il a survécu à son propre anniversaire ! On applaudit, allez !!!
Les rires fusent. Sho tape dans ses mains. Rin esquisse un sourire discret. Yu hausse timidement les épaules, mais suit le mouvement. Les applaudissements effleurent Souta sans l’atteindre tout à fait, comme une pluie légère qui s’obstine.
Gojo, exultant, se penche de nouveau vers Souta, la main en visière autour de la bouche comme pour lui confier un secret :
— T’as le droit de pas aimer les flammes et les gâteaux, mais t’as pas le droit de croire qu’on t’oublie...
Il se redresse avec sa théâtralité coutumière, levant une main vers le plafond, prêt à déclencher une fanfare imaginaire.
— Et maintenant ! Qui veut voir Sho essayer de souffler la bougie sans la toucher ? Spoiler : il va se cramer les sourcils.
Sho éclate de rire.
— Vas-y, souffle Zenin !
Souta le regarde un instant, puis se penche, souffle simplement la bougie sans cérémonie. La flamme bleue vacille, s’éteint d’un petit son aigu, presque une plainte.
— Joyeux anniversaire. Maintenant, c’est réglé.
Aya observe Souta avec un regard un peu déçu et murmure :
— { C’est quand même triste de réagir comme ça…}
Gojo fait mine de s’effondrer, dramatique comme une tragédienne en fin d’acte.
— Réglé ? Réglé ?!
Il se prend la tête entre les mains, dramatiquement.
— J’organise un événement, j’allume une bougie magique, j’informe tout le dortoir avec mes petites mains pleines d’amour... et tout ce que j’obtiens, c’est "réglé" ?!
Il tourne sur lui-même, théâtral à souhait, bras écartés.
— Vous entendez ça ? Même mes blagues ont plus d’âme que ce garçon !
Puis il se penche vers Aya, Sho, Rin et Yu, faussement abattu :
— J’vais devoir écrire un poème triste maintenant. Un haïku sur le rejet d’un sensei incompris...
Aya rit doucement. Sho se tape la cuisse, hilare.
— Il a déjà fait un semblant de sourire ! C’est pas rien !
Souta, de son côté, continue à manger, imperturbable… jusqu’à cette dernière phrase. Il lève légèrement les yeux, fixe Gojo un instant.
— ...Un haïku, sérieusement ?
Un souffle discret s’échappe de sa bouche. Puis, imperceptiblement, le coin de ses lèvres se soulève. Et l’instant suivant, sans prévenir : un vrai rire. Bref. Étouffé. Authentique.
— T’es vraiment... incorrigible, sensei.
Il se redresse, reprend son sérieux aussitôt. Mais c’est trop tard. Tout le monde l’a vu. Un éclair humain vient de passer sur la glace.
Aya le fixe, bouche entrouverte. Sho bondit de sa chaise, main sur le cœur.
— Il a ri ! Je peux mourir aujourd’hui...!
Gojo, fou de joie, s’exclame :
— YES ! J’AI ENTENDU ! TÉMOINS ! TÉMOINS PARTOUT !
Il tourne sur lui-même, euphorique.
— Le glaçon Zenin a fondu ! Et sans qu’on le jette dans un volcan, en plus !
Il se penche vers Souta, complice.
— Merci pour ce moment d’humanité, mon cher. Tu viens officiellement de me faire gagner un pari contre Nanami. Il disait que tu savais pas sourire…
Rin grogne :
— Monsieur... Vous êtes gênant… Mais elle ajoute : ...Mais c'était marrant.
Aya rit légèrement :
— C’est drôle.
Un clin d’œil espiègle, puis Gojo se tourne vers Rin.
— Gênant… mais marrant ? Rin, c’est le plus beau compliment que j’aurai jamais de ta part.
Il retire son chapeau de fête et le pose sur la tête de Souta, solennel : — On progresse tous aujourd’hui. C’est beau. C’est presque pédagogique.
Puis, en s’éloignant :
— Nanami va me détester pour ça...
Et il sort les mains dans les poches, satisfait. La porte bat derrière lui et emporte une part de la rumeur avec elle.
Souta soupire, retire le chapeau sans commentaire.
Aya le regarde, amusée. Yu, les yeux brillants :
— Il est... incroyable, ce prof...
Sho rit et se rassoit. Souta croise le regard d’Aya. Elle sourit doucement. Un fil invisible se tend et se détend, comme un souffle qui s’accorde.
Rin mâche sa pomme, l’air faussement blasé :
— J’espère qu’il me fera pas la même... Parce que c’est quand même abusé.
Souta esquisse un petit sourire à Aya et reprend son repas. Elle, surprise, se tourne vers Rin :
— {T’as vu ?}
Rin, innocente :
— {Vu quoi ?}
Aya, un peu rougissante :
— {Il a souri... un peu. Enfin... à moi quoi.}
Rin sourit en coin :
— {Ça a l’air de te rendre toute chose...}
Aya détourne les yeux, gênée :
— {N’importe quoi...}
Rin pouffe :
— {Tu devrais aller lui faire un bisou sur la joue pour voir...}
Aya pique un phare :
— {Non mais t’es folle !}
Elle se cache presque dans son verre d’eau. Le reflet tremble autour de sa bouche.
Yu cligne des yeux :
— Ça va, Aya ?
Elle hoche la tête, gênée, et boit très lentement.
Souta termine son assiette, regarde le gâteau un moment, puis les autres. Sa voix ne force rien, elle s’avance simplement, claire.
— Paraît que ça se partage... Vous en voulez ?
Aya, surprise, regarde Souta :
— Heu... t’es sûr ?
Sho ne se fait pas prier :
— Carrément !
Il se lève et rejoint la table de Souta.
Rin le suit, intriguée :
— Proposition bizarre, Zenin... mais pourquoi pas.
Yu hésite. Souta le regarde :
— Tu fais quoi ? Reste pas tout seul.
Yu sourit, surpris, se frotte un peu la nuque en baissant les yeux :
— Ah... Je peux ? Je sais pas... Je pensais que tu m’aimais pas...
Aya l’encourage :
— Viens avec nous Yu !
Yu s’approche, un peu timide.
Le cercle se reforme autour du petit gâteau de travers.
Souta coupe le gâteau et distribue les parts. Aya le regarde :
— Tu as quel âge, Souta ?
— Dix-sept, répond-il calmement. Et au passage... j’aime autant qu’on m’appelle par mon prénom, Rin.
Sho attrape sa part et la gobe sans attendre :
— Merci !
Rin esquisse un petit sourire :
— Merci, Zen... euh... Souta !
Elle regarde Sho en coin :
— Tu as capté quel goût ça a, en mangeant comme ça ?
Sho répond avec son grand sourire enjoué :
— Vanille !
Rin secoue la tête. Un rire passe, bref, entre ses dents.
Yu prend sa part :
— Bon anniversaire encore, Souta. Merci...
Aya prend la sienne :
— Merci de partager.
Souta mange doucement en silence.
Aya l’observe, puis demande :
— Tes parents te souhaitent jamais ton anniversaire ?
Souta, après quelques secondes suspendues :
— Non. Chez les Zenin, c’est pas un jour qu’on célèbre. C’est un rappel. De ce qu’on attend de toi. Pas de qui tu es.
Il reprend une bouchée. Ton calme, posé. Une phrase qu’on dirait apprise et polie par l’usage.
Aya fronce les sourcils :
— J’aime pas les traditions de ta famille... c’est nul.
Rin, frontale comme toujours :
— Ah ouais... c’est pourri chez toi en fait. Pardon, mais bon...
Souta acquiesce et parle bas :
— Ouais... Moi non plus je suis pas fan. Merci. Pour votre soutien.
Sho hausse les épaules :
— C’est ça, les grandes familles ! Ça a un prix, un nom comme Zenin ou Gojo.
Yu ajoute comme un gars qui récite une encyclopédie :
— D’ailleurs j’avais lu que les clans Zenin et Gojo sont pas copains...
Aya, surprise :
— C’est idiot de pas être copains à cause d’un nom...
Souta d’un ton las :
— Disons qu’on s’ignore... bruyamment. Et Gojo fait exprès que ça s’entende. Mais il sait que je suis pas le plus aimé de mon clan. Je suppose que ça lui fait plaisir de m’avoir ici...
Rin répond sans attendre :
— Il fait pas ça pour te faire plaisir. Il sait juste que t’as rien à prouver à ton clan...
Aya, touchée :
— Pourquoi t’es pas le plus aimé ?
Souta soupire :
— Parce que je pense pas comme eux. Et mon pouvoir leur fait peur. Pas assez “propre” pour leur image...
Yu cligne des yeux :
— Comment ça ?
Souta hésite puis répond toujours sur le même ton presque plat :
— Mon Ten Shadows... il dérape parfois. Les shikigami obéissent. Mais y’en a un... que je contrôle pas vraiment. Le clan préfère enterrer ça. Pas l’expliquer. Gojo m’entraîne pendant qu’eux préfèrent me garder loin.
Aya ne pose pas de question de plus. Elle sent que ce serait maladroit. Puis dit simplement :
— Ils sont idiots.
Souta la regarde, doucement :
— Quand je te dis de pas avoir peur... C’est parce que j’essaie de faire pareil.
Un petit clin d’œil rapide, maladroit, presque invisible. Puis il se lève, prend son plateau sans bruit. Il murmure pour lui-même mais Aya entend :
— Merci d’être là. Même quand je dis rien.
Et il s’éloigne, tranquille, les mains dans les poches. La foule se referme derrière lui, sans l’absorber tout à fait.
Rin observe la scène, puis regarde Aya.
— Okaaay... C’était étrange comme moment...
Yu pianote sur son téléphone, discrètement.
— J’ai pas compris là..., souffle Aya, encore flottante.
Rin se penche vers elle, un sourire en coin, et glisse à mi-voix :
{Le loup se livre à toi ? Chelou...}
Aya secoue la tête, un peu rouge :
{Le loup ? J’ai surtout l’impression de toujours dire un truc gênant qui le fait partir... }
Rin rétorque, confidentielle :
{Tu l’intimides. Il est timide, en fait...}
Aya cligne des yeux, incrédule :
{Hein ? Moi j’intimide quelqu’un ? Quelqu’un aussi fort que lui ? T’as pris un coup sur la tête ?}
Rin chuchote, plus douce :
{T’as vu de quoi t’es capable avec ton pouvoir ? Bien sûr que tu peux intimider... Même le plus ténébreux de cette école.}
Aya se crispe sur son verre :
{Alors c’est Cindy qui l’intimide... pas moi... }
Rin rit du nez :
{ Je serais curieuse de savoir à quoi ressemblent les shikigami qu’il n’arrive pas à faire obéir... Si ça se trouve, ça irait bien avec Cindy. }
Aya lui lance un regard complice :
{Tu l’as fait rire elle aussi... bravo. }
Elle se penche davantage, l’enthousiasme lui revient :
{Je t’ai pas dit... J’ai essayé un nouveau truc avec elle. Et ça a marché.}
{Ah oui ? Vas-y, raconte ! } chuchote Rin, soudain attentive.
Aya baisse la voix jusqu’au souffle :
{Je l’ai envoyée en reconnaissance... et je voyais à travers ses yeux. On a pu trouver le fléau planqué dans une autre pièce... C’était dingue.}
Rin hoche la tête, pragmatique :
{Hm... Intéressant... Tu en as parlé à Gojo ? }
Aya baisse la voix, presque pour elle-même :
{ Non... mais j’ai l’impression qu’il sait déjà tout... C’est presque frustrant de rien avoir à lui apprendre. }
Sho passe une main dans sa nuque, un peu gêné, son éternel sourire accroché au visage.
— Allez, les filles... et toi, hein ! dit-il à Yu avec un clin d’œil. À demain !
Il ébouriffe Rin en passant, avant de s’éloigner d’un pas traînant. Aya rit doucement.
— À demain, Sho !
Rin grogne légèrement, un sourire au bord des lèvres.
— Un jour, je te ferai bouffer ton fouet, Sho !
Elle secoue la tête, amusée malgrée elle.
Sho ricane puis passe la porte, les mains dans les poches, fredonnant une mélodie sans queue ni tête.
Puis Rin reporte son attention sur Aya, à voix plus basse, en aparté :
{C’est le Sixième Œil... C’est vrai que c’est chiant. On peut pas le surprendre... }
Aya acquiesce, songeuse.
{Oui, mais... on était dans un territoire... une boucle temporelle... Apparemment, il ne savait pas où on était. Donc... il n’a peut-être pas vu. }
Rin hoche la tête, réfléchit.
{On sait pas ce qu’il sait... Mais... demande-lui, au pire. Si ça se trouve, il savait très bien et voulait juste tester jusqu’à la fin.}
Elle se remémore alors un vieux cours, sa voix devient mécanique, presque une citation :
{Il paraît que c’est plus facile d’entrer dans un territoire que d’en sortir... Cours de Nanami.}
Aya sourit.
{Oui, j’ai lu ça... Mais entrer n’est pas simple non plus. T’as raison... J’essaierai de le voir.}
Rin hausse un sourcil, l’air malicieux.
{Des fois, à cette heure, il traîne sur le toit... Essaie, si tu veux. }
Un petit rire glisse entre elles avant de retomber dans la salle maintenant presque vide.
Yu referme doucement son téléphone, range ses écouteurs.
— Je vais aller dans ma chambre... Bonne soirée, les filles !
— Bonne soirée, Yu, répond Aya avec un sourire doux.
— Salut, Yu ! renchérit Rin.
Aya le regarde s’éloigner, son pas léger, presque silencieux.
— Tu sais, Gojo... il m’a fait peur un soir comme ça, murmure-t-elle avec un rire en coin.
Rin arque un sourcil.
— Le type est un chat... remarque-t-elle. Remarque, il a les yeux qui brillent comme eux...
Aya hoche la tête, rêveuse.
— C’est vrai... Ses yeux sont tellement beaux...
— Ouais... Ça se voit qu’ils sont limite d’une autre dimension...
— On dirait une galaxie. Je comprends qu’autant de filles lui courent après.
Rin plisse les yeux, son ton devient curieux, presque analytique.
— Mais... lui qui aime se regarder... je comprends pas pourquoi il les cache. Il a une sensibilité oculaire, peut-être ? On l’a jamais vu en couple... Ou si ça se trouve, son truc, c’est les mecs... Enfin bon… Elle hausse les épaule.
—Son désert sentimental n’est pas vraiment notre problème en vrai…
Aya sourit légèrement, sans s’en offusquer.
— Je lui ai demandé pourquoi il les cache, avoue-t-elle.
— Et il a répondu ?
— Il m’a dit que ses yeux voyaient trop et que ça lui permettait de filtrer un peu, pour calmer ça... Et aussi que, comme ils sont trop beaux, personne n’écouterait en cours sans ses lunettes.
Rin roule des yeux.
— Ah... Évidemment... Une dose de pas sérieux...
Aya rit doucement.
— C’est sa marque de fabrique... D’ailleurs, il me doit un petit déjeuner.
— Ah bon ? Répond Rin intrigée
— Oui... On a fait un deal. Progresser tous les deux. Lui, plus de sérieux en mission... Moi, progresser avec Cindy. Et si jamais il me sauve la vie, je lui dois un bubble tea. Mais s’il met ma vie en danger... il me doit un petit déj !
Rin lève un sourcil, amusée.
— Ah... Mais tu penses qu’il savait que la mission était une classe S ?
Aya soupire.
— Je sais pas... Sûrement, oui... Je lui demanderai.
Rin s’étire, son sac sur l’épaule.
— Bon ! Tu me tiens au courant ? Je vais aller au lit, chère voisine !
Aya rit doucement.
— Promis ! Bonne nuit, Rin.
Rin fait un petit signe de la main avant de disparaître du réfectoire à son tour. Aya la regarde partir en souriant, puis serre son livre contre elle.
La cour l’attend dehors, baignée d’un dernier reflet orange. L’air y est plus frais, la nuit s’installe. Elle inspire longuement, comme si elle cherchait à rattraper le jour avant qu’il s’efface.