A New Dawn - A Miki pseudo-route

Chapitre 5 : Act I : IV - Painful mind, painful legs

3915 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/01/2017 01:41

Une nouvelle fois, je me réveille en sursaut. Mais pas à cause d'une douleur dans mon bras. Je fais souvent le même cauchemar, à propos de l'accident. Toujours le même. Je me vois dans la voiture, m'endormant peu à peu. Mon bras était posé sur le passage de la vitre, cette dernière étant totalement ouverte, comme à chaque fois que je m'endormais en voiture. Je n'ai aucun souvenir des instants après l'impact, et je me réveille toujours à ce moment précis, qui m'as coûté mon avant-bras. Mon rythme cardiaque a rapidement monté, bien que je tente de reprendre correctement ma respiration, maintenant assis dans mon lit, le regard dans le vague.


Je crois que cela ne me lâchera jamais. Je fais ce que je peux pour ne plus y penser, mais les cauchemars reviennent. Avec quelques interruptions, mais ils sont toujours là. Ma mère m'as déjà proposé d'en discuter avec un psychologue, mais j'ai refusé. J'ai déjà eu affaire à des psychologues par le passé, notamment durant ma scolarité, pour des visites de routine, et je ne leur fait pas confiance. Pas du tout. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est comme ça.


Retombant lourdement sur le dos, je regarde le plafond. Comme si la réponse à mes problèmes pouvait s'y trouver. Bien sûr, ce n'est pas le cas. Seul les ténèbres sont visibles, en dehors de la pâle et frêle lumière de mon réveil. 3H du matin... C'est pas possible... Quand est-ce que je vais pouvoir passer une nuit tranquille? Cela ne sert à rien que je sorte de ma chambre, tout le monde doit dormir à cette heure là. Tout le monde... Sauf moi.


«Putain... Quand est ce que tout ça va s'arrêter...» lançais-je aux ténèbres ambiants de ma chambre.


Je pense ensuite aux quatre heures de sommeil qu'il me reste avant de me lever. Quatre heures avant de me préparer pour ensuite retourner courir. M'asseyant sur le bord du lit, je me baisse ensuite pour ramasser ma bouteille d'eau. Je la cale entre mes jambes pour pouvoir retirer le bouchon d'une main. Portant le goulot à mes lèvres, je bois plusieurs grandes gorgées sans prendre de pause. Assez pour ne plus devoir me lever ensuite, je l'espère. Je la ferme et la repose ensuite contre mon lit, retournant me coucher.


Forcément, ça devait arriver... Je dois me battre pour retrouver le sommeil. Et je suis plutôt mauvais à ce jeu-là. Au lieu de rester simplement dans une position, favorisant la reprise du sommeil, je ne peut pas garder une même position plus de cinq minutes quand je n'arrive pas à dormir. Et cela a comme effet de retarder encore plus le fait que je puisse m'endormir. Mais je ne cherche pas plus loin, et décide d'attendre que le sommeil décide de revenir. Ce qui arrive quelques minutes plus tard, sentant que mes yeux se ferment d'eux mêmes.


......


Comme à son habitude, la sonnerie du réveil m'agresse. Je pensais qu'elle pourrait m'être utile, mais plus les jours passent, et plus j'ai envie de le détruire à chaque fois que je l'entends sonner. Je me réveille certes, mais je suis encore légèrement fatigué. Le fait de m'être réveillé en pleine nuit n'arrange rien d'ailleurs. Comme hier matin, je prends à nouveau des gâteaux, enfile ma tenue de sport et des baskets et je sors du dortoir.


Néanmoins, je suis surpris de voir Miki sur le chemin. J'avais en tête l'idée que je la verrais une fois sur la piste, mais il semblerait qu'elle se soit levée plus tard que hier. Chacun ses problèmes après tout. Je marche vers elle, et arrivé à sa hauteur, j'essaie d'attirer son attention. Une fois retournée, je lui fais un signe de la main et un grand sourire, qu'elle me rend ensuite.


«Salut Eikichi. T'as eu du mal ce matin aussi, n'est ce pas?» me dit-elle, un sourire narquois aux lèvres.


«Je doute que ce soit pour la même raison que toi, mais ouais.» Ma réponse est amicale, bien qu'un peu taquine.


«Ce matin, tu cours avec moi et Emi. Sache le, tu ne la rattrapera pas.» me lance Miki, me tirant la langue par la même occasion.


«Rattraper Emi n'est pas faisable, certes, mais te rattraper toi... Si.» lui répondis-je, ajoutant un soupçon de provocation dans ma réponse.


Miki ne prends même pas la peine de me répondre, se contentant juste de me donner un coup de coude. Il ne nous faut pas longtemps pour atteindre la piste, et je remarque qu'Emi est déjà là. Mais à quelle heure elle se lève sérieusement? Me lever à 7h pour les cours me donne envie d'assassiner mon réveil, alors si je devais me lever encore plus tôt... Je ne pense pas que j'y arriverais. Cependant la course est un réconfort. Me lever tôt juste pour courir, je crois que c'est quelque chose que j'apprécierais toute ma vie. Du moins, je l'espère.


Emi court vers nous et sautille sur place. Comme si elle était sur le point de nous demander de courir immédiatement. Mais ce n'était pas le cas apparemment. Elle est simplement contente de nous voir. Néanmoins, je ne perds pas de temps et commence directement à m'échauffer, et à m'étirer. Rejoint ensuite par Miki, et enfin par Emi, qui semble ne pas apprécier du tout ce genre de pratiques, mais qui le fait quand même par obligation. Ça me fait quelque peu sourire. C'est la première fois depuis hier que je ne la vois pas sourire.


Nous nous dirigeons ensuite vers la piste sans perdre de temps. Un rapide décompte de dix secondes est ensuite entamé. Quatre tours. Rien de plus, rien de moins. La même distance qu'hier. Emi est plus rapide à la détente et s'élance juste avant moi et Miki. Et elle impose son rythme dès le départ. Rapide. Très rapide. Je vais vraiment avoir du mal à le suivre, donc je décide de ralentir afin de me mettre à mon propre rythme. Miki me dépasse cependant.


Au troisième virage, je passe à nouveau devant, et finit le premier tour en étant deuxième. Emi a une très bonne avance, qu'elle conserve avec une telle aisance que s'en devient désarmant. Au milieu du second tour, je suis toujours deuxième, mais Miki est sur mes talons. Ne plus réfléchir. Juste continuer d'avancer. Foulée après foulée. Mes jambes, elles, commencent rapidement à me faire comprendre que je n'ai toujours pas repris mon ancien niveau. Mais je renie la douleur, la poussant en dehors de mon esprit.


«Ne flanche pas, pas maintenant. Putain, pas maintenant.» me répétais-je à moi même, me forçant à continuer.


Comme nous ne pouvons pas rattraper Emi, Miki et moi commençons rapidement un chassé croisé. Parfois, elle est devant. D'autres fois, elle est derrière. Et ce jusqu'au milieu du troisième tour. La sueur coule le long de mon visage, alors que mon rythme cardiaque s'emballe. Ma respiration devient difficile, mes jambes sont en feu, mais je dois continuer. Je ne peux pas m'arrêter. Je perdrais la face si cela devait arriver. En entamant le quatrième tour, je ralentis mon rythme, conscient que je ne pourrais pas le tenir jusqu'à la fin.


Mais mes efforts pour rester devant Miki paient. De peu. Elle court vraiment très bien. Emi également. Elles m'impressionnent, et je dois avouer que je dois faire de constants efforts pour rester devant Miki. Efforts que ne semblent plus supporter mes jambes. J'ai également l'impression que mon cœur va sortir de ma poitrine si cette course dure trop longtemps. Emi a fini sa course depuis quelques temps déjà, et j'arrive second. Je fais quelques pas pour tenter de reprendre ma respiration, avant de tomber à genoux. Emi se précipite ensuite vers moi après avoir pousser un petit couinement horrifié.


«Eikichi? Ça va?» me demande-t-elle, complètement paniquée.


«ça va. J'ai juste mal aux jambes. Ce n'est rien.» lui répondis-je, tentant en vain de la rassurer.


«Tu veux aller voir l'infirmier? Je t'y emmène?» me lance Emi, toujours aussi paniquée.


«ça va Emi. Ça va. Ne t'en fais pas.» lui dis-je, d'un ton très calme, posant ma main sur son épaule.


Je m'assis dans l'herbe, avant de tomber lourdement sur le dos, m'étendant de tout mon long. Je reprends peu à peu ma respiration, et Emi semble se calmer légèrement. Mais elle reste très pâle. Toujours inquiète. Miki a l'air perdue, ne sachant pas quoi dire. Je me sens quelque peu honteux à vrai dire. Je ne voulais pas que ça arrive, du moins pas en présence d'Emi et Miki. Mais je ne peux pas contrôler ça, je dois faire avec.


Enfin, je respire normalement. La brûlure dans mes jambes ne semble cependant pas vouloir s'arrêter. C'est supportable maintenant, mais elle était assez puissante pour me faire tomber. Je n'aurais vraiment pas du autant forcer. J'ai vraiment envie de gifler pour avoir été aussi stupide. Et je ne supporte pas qu'on soit trop inquiet pour moi. L'image d'Emi m'aidant hier soir durant le repas me revient à l'esprit. Pourquoi faut-il que mon esprit m'assaille de ce genre de pensées quand ce n'est pas le moment?


Je soupire. Le vent qui se lève est le bienvenu. A entendre le silence qui règne, j'ai l'impression que nous pouvons rester ici toute la journée. Sauf qu'il va falloir retourner en cours. Je m'assois, en tailleur, sentant mes muscles me tirailler alors que je m'installe. Je ne sais pas comment je vais faire pour aller en classe, mais j'irais. Miki semble néanmoins compatir en me voyant grimacer à cause de mes jambes.


«Hey mec, ça va? Tu va pouvoir te traîner jusqu'en classe?» me demande Miki, visiblement concernée par mon état.


«T'inquiète. J'vais prendre le temps mais ça ira. On file se doucher ou on attends encore un peu?» lui dis-je, avec un vague sourire qui je l'espère est rassurant.


«Allons nous doucher. Ça te fera du bien déjà.» lance Emi, avec son ton joyeux habituel.


Je me lève difficilement et commence à marcher lentement en leur compagnie jusqu'aux dortoirs. Elles me laissent devant l'entrée du mien, et je monte les escaliers pour arriver au premier étage. Arrivé dans ma chambre, je défais mes chaussures de sport, prends mon uniforme et une serviette et me dirige ensuite vers la douche.


Je passe cependant beaucoup plus de temps que d'habitude sous la douche. Notamment pour essayer de détendre mes muscles. L'eau chaude ne semble pas faire immédiatement. Je frémis à l'avance de passer à l'eau froide. Même en plein été, je ne supporte pas de me doucher à l'eau froide. Et je ne sais absolument pas pourquoi. Toujours est-il qu'il m'est impossible de rester sous une douche froide.


Je me change vite fait, retourne à ma chambre pour jeter mes vêtements de sport sur mon lit, prends mes affaires de cours et me dirige ensuite vers le bâtiment principal. En marchant plus lentement que d'habitude il est vrai. Monter les trois étages pour aller en classe est pire que je l'aurais imaginé. Tout le monde me dépasse, évidemment, sauf une personne. Comment s'appelle-elle déjà?... Ah oui, Hanako. Merci Miki... Merci de m'en avoir informé.


Pourtant, Hanako marche plus lentement que moi. Je ne crois pas qu'elle fasse de sport, donc la raison doit être plus personnelle. Je la laisse arriver jusqu'à mon niveau, parlant lentement pour ne pas l'effrayer, car elle monte les escaliers en regardant ses pieds, et ne semble pas m'avoir remarqué pour le moment.


«Salut Hanako. Bien dormi cette nuit?» Mon ton est extrêmement calme et amical. Je prends inconsciemment des pincettes avec elle, son attitude m'indiquant de ne pas la brusquer.


Pourtant, elle sursaute en m'entendant. Elle cache une partie de son visage avec sa main, baissant légèrement les yeux. Hanako me fait de la peine. J'ai déjà vu beaucoup de personnes timides, mais elle les surpasse tous. Mais je souris quand ses yeux croisent les miens, durant cette très courte seconde. Toutefois, elle me répond, d'une voix très basse, presque inaudible.


«O..Oui. Et.. Et t..oi?» me répond-elle, dans un murmure.


Elle fait beaucoup d'efforts pour parler au lieu de fuir à toutes jambes. Cela me fait sourire. Si elle m'a répondu, c'est peut être qu'elle sentait qu'elle n'avait rien à craindre de moi. Ou un coup de chance. Je n'en ai aucune idée.

«Plutôt mal, mais ça va.» lui dis-je, en souriant.


Le silence est total lorsque nous arrivons vers la classe. Tout le monde est apparemment déjà rentré. Hanako reste à l'écart de la porte, me laissant entrer en premier, avant de me suivre, se faisant toute petite. Mutou pousse un léger soupir d'exaspération en me voyant entrer, mais ne fais aucune remarque en voyant ma camarade retardataire. Un sourire mal dissimulé en la voyant, et il nous demande d'aller nous asseoir. Je me dirige lentement vers Miki, tandis qu'Hanako va rapidement s'asseoir pour ne pas attirer l'attention sur elle. Le cours commence ainsi, dans un calme qui me fait beaucoup de bien.


......


En plein milieu du cours, Miki semble ne plus être attentive. Il faut dire que je la sentais concernée par mon état après la course. De temps en temps, elle me jette de rapides coups d'œil, voulant dire quelque chose, mais ne trouvant pas les mots. Elle se sent peut être responsable de mon état, mais je veux la rassurer. J'attends qu'elle jette à nouveau un coup d'œil à mon égard pour lui parler, toujours en veillant à chuchoter.


«Miki, relax. Ça va, t'en fais pas. J'ai pas couru depuis deux mois, c'est normal, je crois.» lui dis-je, tentant de la rassurer.


«Je sais, mais... C'était pas avisé de ta part Eikichi.» me répond Miki, tentant de se justifier.


«T'en fais pas va. Je veux retourner à mon meilleur niveau, cela se fera dans la douleur, mais j'y arriverais.» Ma détermination est clairement lisible sur mon visage à ce moment là.


«Bon état d'esprit. Si tu a besoin d'aide et de conseils, je suis là, tu sais.» me lance Miki, un pouce en l'air à ma destination.


Le reste du cours se passe sans accroc. Mutou nous donne ensuite une liste de devoirs à faire, et s'en va. Nous attendons le cours suivant, mais je vois Hanako fuir à toutes jambes la classe. Miki et moi ouvrons grand nos yeux de surprise. Elle ne s'attendait pas à ça visiblement. Elle me regarde ensuite, toujours assez étonnée par la scène.


«Je ne comprends pas. On ne faisais pas de travail de groupe, personne ne lui parlait, je comprends vraiment pas pourquoi elle est partie.» me dit-elle, jetant des coups d'œil dans la classe.


«ça arrive souvent qu'Hanako fuit la classe ainsi?» lui demandais-je, légèrement curieux.


«Hanako est quelqu'un qui a l'esprit troublé. Et vu qu'elle est extrêmement timide, ça n'arrange rien. Mais d'habitude, elle ne fuit que quand on fait des travaux de groupe.» me répond Miki, quelque peu perplexe face à la situation.


Nous n'en parlons plus, et le professeur entre dans la classe, marquant le début du cours. Miki voit mes notes prises et se moque gentiment de mon écriture, avant de poser sa main sur mon épaule. Je n'aime pas tellement l'anglais, mais j'écoute... Plus ou moins. Ma prononciation est normale, mais j'ai beaucoup de mal à l'écrire. Mes notes s'en ressentent d'ailleurs. Mais je ne me plains pas, ma moyenne était plus que correcte, il n'y a aucune raison que cela change.


Je me dis qu'à la pause déjeuner, j'irais à la bibliothèque. Je dois aller en repérage pour mes futurs emprunts. Il faudra aussi que je pense à rendre sous peu les livres que j'ai emprunté. Je lis assez vite, mais je ne compte pas rendre un seul livre en retard. Les minutes passent lentement, trop lentement. A la fin du cours, je suis un des premiers à sortir. Je me dirige donc vers la bibliothèque.


On a beau être en Avril, il fait vraiment bon en ce moment. J'espère que ça continuera comme ça. J'irais flâner dans le parc un de ces jours. Le chemin vers la bibliothèque n'est pas très long, mais je prends mon temps. Je sais que je ne serai pas en retard, normalement, aux cours de l'après-midi. Sauf si je suis distrais par quelque chose. En entrant, je remarque qu'il n'y a presque personne. J'aime le silence qui règne généralement dans ce genre de lieux. Même si au loin peuvent être entendus les échos de discussions animées dans les jardins de l'école, filtrant par les fenêtres entrouvertes.


Je cherche quelques titres qui me sont inconnus dans les allées, m'arrêtant lorsque l'un d'entre eux me plaît, et je lis le résumé au dos. Ce n'est certes pas une très bonne façon de lire un livre, mais cela ne m'as jamais déçu pour le moment. De plus, je ne suis pas fan des méthodes conventionnelles. Je ne les emprunte pas, n'ayant pas fini les miens pour le moment, mais je note ces titres dans un coin de ma tête, espérant y repenser quand le moment sera venu.


Je parcours d'autres allées, dans le même espoir d'y repérer de bons livres. Mais cette fois-ci je ne trouve pas mon bonheur. Cependant, en levant la tête des allées, je vois un visage familier à moitié dissimulé derrière un livre. Hanako est seule, en train de lire, toutefois, elle semble sur ses gardes. Je m'approche lentement d'elle, pour lui laisser le temps de s'adapter à ma présence, pour ne pas l'effrayer. J'ai déjà parlé à des personnes très timides, et je n'ai jamais eu de problèmes avec eux. Peut-être que ma méthode marchera avec elle, mais je n'en sais rien.


Je me baisse, posant un genou à terre, grimaçant quand la douleur parcourra ma jambe. Mais ainsi, je suis à son niveau, logiquement elle ne devrait pas se sentir effrayée. Je parle avec un ton très calme et amical.


«Hanako? Tu va bien? Qu'est ce qui t'es arrivé?» lui dis-je, avec un ton très doux.


Comme je devais m'y attendre, elle ne dit rien pendant quelques instants. Elle semble surprise que je sois là pour lui demander une chose pareille. Je suis vraiment le seul à lui demander ça? Cependant, elle ne fuit pas, mais elle n'est clairement pas tranquille. Je m'en veux un peu de la déranger, mais je suis d'un naturel inquiet pour les gens qui fuient de classe ainsi. Alors si je peux lui apporter du réconfort, aussi maigre soit-il, pourquoi pas?


Néanmoins, elle baisse légèrement son livre, très peu toutefois, pour cacher une grande partie de son visage. Hanako semble très légèrement se calmer, en gardant tout de même un état d'anxiété apparent. Elle a l'air de chercher ses mots, avant de me répondre.


«Tout... va bien... Je vais... b-bien, vraiment.» me répond-elle, sans grande conviction.


Je n'insiste pas, mais elle a l'air de vouloir dire quelque chose d'autre. Elle marque une pause, sûrement pour se souvenir de quelque chose ou pour savoir quoi dire. Je lui laisse le temps, et elle romps le silence quelques temps après.


«Ei...Eikichi, c'est ça?» me demande Hanako, avec un ton extrêmement timide.


«Ouais. Je ne vais pas te déranger plus longtemps d'accord? Si tu va bien c'est l'essentiel.»


Je sais que ce n'est pas le cas, mais je ne veux pas la forcer à parler. Je sais très bien que ça ne servirait à rien. Par contre, je suis heureux qu'elle se souvienne de mon prénom. C'était donc ce qu'elle cherchait. Je lui sourit gentiment et elle semble se calmer encore un peu plus. Est-ce que les autres élèves la persécutent? Elle semble avoir vraiment peur des autres, cette option est peut être envisageable, mais j'espère vraiment pour elle que ce n'est pas le cas.


«Mais... Mais tu... ne me dérange... p-pas.» me lance Hanako, presque dans un murmure.


Je remarque à quel point c'est dur pour elle de formuler ses phrases. Je n'insiste pas, après tout, si elle voulait me parler, je le verrais. Mais elle ne me rejette pas. Je souris une nouvelle fois avant de me relever, pour la laisser reprendre sa lecture, ce qu'elle semble faire, me jetant un regard de temps en temps avant de vite reprendre son livre, quand mes yeux croisent les siens.


Je pars aussi lentement que je suis arrivé, sortant de la bibliothèque peu de temps après. Les cours de l'après-midi seront longs je pense, car ils ne figurent pas parmi mes préférés. Je n'envisage cependant pas de les sécher. Je prends mon temps pour vagabonder dans les couloirs en attendant la sonnerie de reprise des cours. La douleur dans mes jambes a été assez vive pendant que je parlais avec Hanako mais j'ai serré les dents. C'est ironique. J'ai encore mes jambes, je peux marcher et courir, et il faut que je fasse en sorte de me faire mal pendant une course.


Néanmoins, je savoure le fait d'avoir encore mes jambes. Certains étudiants n'ont plus cette chance. Je suis comme eux cependant, il me manque quelque chose. Sinon, je ne serais pas ici. Je prends doucement conscience que je suis l'un d'entre eux, et que cette école est en train de devenir chez moi. Si c'est comme ça que l'adaptation suit son cours, alors je ne m'en plains pas. J'apprivoise doucement ce nouvel environnement. Même si parfois beaucoup de choses me semblent bizarres. Mais ici, c'est... normal. Nous sommes normaux. Diminués pour la plupart, mais normaux. Je ne dois pas prendre mon handicap comme une fatalité, je le sais, mais parfois, je pense à mon ancienne vie. Et elle me manque un peu...


La sonnerie me surprends. Je retourne vers ma salle de classe pour les cours de l'après-midi. J'espère que ma course de demain sera moins pénible pour mes jambes. Courir est un plaisir, c'est vrai, et je n'aimerais pas que cela devienne une torture. Je me rappelle que courir me faisais mal aux jambes les premiers jours, mais la douleur a disparu ensuite. Je sais que ça sera pareil, mais ça va prendre du temps. Et je compte prendre mon temps. Et peut-être qu'un jour je serais un bon membre du club d'athlétisme. Je l'espère en tout cas. Courir avec Miki est assez bien, cela offre un challenge de taille. Le challenge est une grande source de plaisir pour moi, et je ne compte pas laisser tomber. Ce mot ne fais pas parti de mon vocabulaire.


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