Kingdom Hearts : Will of Past - Tome 1 : Vivre dans le Passé

Chapitre 10 : Monde Vide - Partie II

4248 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 17/07/2019 12:19

Chapitre 7 – Partie II :

Monde Vide :


Durant tout le trajet jusqu'à l'entrée du village, Kairi s'était contente d'arborer une mine sérieuse. Depuis le début de ce voyage, elle n'arrêtait pas de réfléchir. Cela, Lea l'avait remarqué. Il ne l'avait d'ailleurs plus jamais vu faire cette tête depuis la fin de leur entraînement. L'auburn n'arborait que très rarement une tête aussi sérieuse, aussi sombre. E le rouquin savait que lorsqu'elle réfléchissait, elle finissait vite par s'énerver. Il devait impérativement trouver un moyen de détendre l'atmosphère. Il voulait retrouver la Kairi souriante qu'il aimait tant.

« Tu fais la tête ? » demanda le rouquin sous le ton de la plaisanterie.

La jeune Porteuse de Keyblade sursauta légèrement. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il lui adresse enfin la parole. Lea n'avait pas osé ouvrir la bouche depuis qu'ils avaient commencés à entamer le sentier en direction du château.

« Je fais pas la tête. »

Le rouge s'arrêta alors puis se tourna vers la jeune fille.

« J'ai fait quelque chose de mal ? Parce que si c'est le cas, je ne vois pas vraiment quoi ! A moins que tu m'en veuilles d'avoir volé ton dessert hier soir, auquel cas je… »

Kairi se mit à rigoler faiblement, ce qui détendit légèrement le jeune homme, qui se passa une main dans les cheveux tout en soupirant. Ces petits moments de complicités lui rappelaient ceux partagés lors de leur entraînement au maniement de la Keyblade sous la tutelle de Merlin.

« Non, je te rassure, tu n'y es pour rien ! affirma l'auburn entre deux rires cristallins. Mais attends une seconde… Hier soir, ce n'était pas Sora qui…

‑ Oh ! Regarde : le château ! » coupa soudainement Lea en sentant monter le courroux de la jeune fille.

L'homme à la chevelure de feu se mit à courir à toutes enjambées en direction des remparts de la ville, voulant expressément échapper à Kairi. Cette dernière se mit à lui courir après à son tour.

« Lea ! appela-t-elle de toutes ses forces. Viens ici, il faut qu'on parle ! »

Soudain, quelque chose d'étrange et visqueux lui agrippa la cheville, la faisant tomber au sol. Kairi eut le réflexe de protéger son visage en mettant ses deux bras en avant, mais cela ne lui empêcha pas d'avoir tout de mal en tombant.

Relevant difficilement la tête, la jeune fille constata avec horreur qu'autour de sa cheville se trouvait une réminiscence des Ténèbres, identique à celle aperçue par la fenêtre de la tourelle.

« Lea ! Appela Kairi d'une voix étranglée par la peur. Viens voir ça, vite ! »

A peine avait-elle prononcé ces mots que la forme ténébreuse se transforma en brume et s'évapora dans l'air, comme si elle n'avait jamais existé. Le jeune homme arriva peu de temps après cela, n'assistant pas à l'étrange apparition.

« Qu'est-ce qui se passe ? » demanda Lea les mains sur les hanches et un sourcil levé.

Baissant les yeux, il remarqua Kairi au sol.

« T'es tombée ? » fit-il, notant enfin son ami à terre.

Courtois, le rouquin lui tendit une main rassurante pour l'aider à se remettre sur ses jambes. La meilleure amie de Sora et Riku l'accepta, un sourire crispé étirant les traits fins de son visage d'ange.

« Tu… Tu les as vues, n'est-ce pas ? Questionna Kairi en regardant droit devant elle, cherchant visiblement quelque chose.

‑ Vu quoi ?

‑ Les Ténèbres ! »

Lea secoua négativement la tête, l'air penné pour la jeune fille. Il aimerait la croire sur parole, mais depuis qu'ils étaient arrivés ici, ces soi-disant Ténèbres n'osaient se manifester uniquement en l'unique présence de la jeune fille. Peut-être était-ce dû à la puissance de son cœur lumineux de Princesse de Cœur ?

« Je te promets qu'elles étaient là, Lea ! Elles se sont accrochées à ma cheville, et…

‑ T'en fais pas, je te crois » affirma-t-il en posant une main rassurante sur son épaule.

Kairi lui adressa un sourire timide. Ses deux amis la croyaient sur parole, bien qu'ils n'aient aucune preuve de ce qu'elle avançait. Le pouvoir de l'amitié, quelle chose fascinante !

« Bon, je te propose un truc, annonça soudainement le meilleur ami de Roxas et Xion en lançant son regard vers la ville. Si tu veux, dès qu'on arrive, on fait comme Ven un peu plus tôt. On se sépare.

‑ On se sépare ? répéta l'auburn en levant haut les sourcils, très surprise par cette soudaine proposition.

‑ Ouaip. Moi je vais au château, et toi tu vas en ville » poursuivit-t-il.

Kairi croisa ses bras sur sa poitrine, une moue adorable sur le visage.

« Pourquoi ce ne serait pas moi qui irait au château ?!

‑ Parce que je l'ai décidé » répliqua immédiatement l'homme à la chevelure de feu, un rictus sadique sur le coin des lèvres.

Lea se remit ensuite en route, laissant sa jeune amie en pleine réflexion. L'adolescente leva finalement les yeux au ciel, un timide sourire amusé naissant sur ses fines lèvres. Impossible de lui faire changer d'avis on dirait.

Une fois arrivés en ville, Kairi ne perdit pas de temps. Elle s'éclipsa à la première occasion venue. Au plus vite leur enquête dans ce monde sera terminée, au mieux elle se portera.

La jeune fille tourna au hasard dans une ruelle. Celle-ci lui parut plutôt sombre, la seule source de lumière provenant d'un lampadaire au loin, à l'extrême opposé de sa position actuelle.

L'auburn respira un bon coup. Elle devait trouver le courage d'affronter seule cette rue déserte qui ne lui inspirait pas vraiment confiance. Puis Kairi commença ses recherches. Elle cherchait un peu partout, ne sachant pas réellement l'objet de ses investigations. Au sol, en l'air, sur les murs, derrière les quelques caisses et tonneaux qui traînaient par-ci par-là. Mais elle ne trouvait rien qui ne lui semblait intéressant. Mais d'abord, qu'était-elle censée trouver au juste ? Des empruntes, des bouts de tissus ou n'importe quoi qui montrerait le passage d'un individu suspect ? Honnêtement, si Kairi trouvait le moindre indice sur la présence récente d'un être humain, comment pourrait-elle affirmer qu'il s'agirait là du fauteur de trouble qu'ils tentaient de trouver désespérément et non pas des habitants ? Autant dire qu'ils cherchaient une aiguille dans une botte de foin.

Kairi reposa un peu violemment le couvercle d'un des tonneaux qu'elle venait d'ouvrir pour y regarder à l'intérieur. Elle commençait vraiment à en avoir plus qu'assez de chercher pour ne rien trouver. Et elle n'était qu'à la première ruelle de cette immense ville médiévale…

Son acte de violence créa alors du mouvement dans une des caisses derrière elle. Légèrement sur ses gardes, l'adolescente fit apparaître dans sa main Appel du Destin et s'approcha lentement. Peut-être s'agissait-il une fois de plus de ces réminiscences des Ténèbres qui s'amusaient à la suivre depuis leur arrivée au Palais des Rêves.

Serrant un peu plus le pommeau de sa Keyblade, Kairi donna un violent coup sur les caisses, les brisant par la même occasion. Tout à coup, une petite boule de poil blanche apparu sous les débris, lui sautant au visage. Surprise, la jeune fille en perdit l'équilibre et tomba sur son derrière. Reprenant petit à petit ses esprits, la jeune fille constata que cette petite bestiole semblait totalement inoffensive. Réalisant qu'il ne s'agissait que d'un animal, la meilleure amie de Sora et Riku le prit dans ses bras comme un bébé.

« Qu'est-ce que tu fais ici petit chat ? » demanda-t-elle en lui caressant doucement le ventre tout en lui souriant bêtement.

L'un des plus gros points faibles de Kairi étaient les animaux. Dès qu'elle en voyait un, elle ne pouvait pas s'empêcher de le toucher et de lui parler comme s'il s'agissait d'un ami. C'était également pour cette raison qu'elle appréciait beaucoup la présence de Donald et Dingo lorsqu'ils venaient rendre visite à Sora de temps en temps.

Le chaton se mit alors à ronronner puis à se blottir contre elle. Il semblait content de la voir. Depuis combien de temps ce petit animal n'avait pas vu d'être humain pour demander autant de caresses ? Sans doute plusieurs jours…



Lea leva les yeux au ciel. La Lune était déjà bien haute et bien ronde, ce qui indiquait qu'ils devaient être au beau milieu de la nuit. Cette voûte étoilée lui arracha un long et profond bâillement, lui rappelant qu'il avait besoin d'un petit peu de sommeil. Le petit groupe de Porteurs de Keyblades avaient quittés la Contrée du Départ depuis quelques heures, mais la fatigue se faisait déjà ressentir. Le rouquin se promit de dormir un peu une fois de retour au Vaisseau Gummi.

L'homme au regard émeraude passa sur la place centrale pour se rendre plus rapidement au château. Il s'agissait là d'un grand espace où reposait en son centre une grande fontaine dont les jets d'eau éclaboussaient sur un périmètre d'une dizaine de centimètre le contour de l'édifice. Une dizaine de lampadaires éclairait la place, tous disposés en cercle, de sorte à délimiter l'espace. Ce lieu aurait pu facilement être apaisant si une atmosphère sinistre n'y régnait pas. Cet endroit ressemblait plus à une ville fantôme qu'autre chose. Aucun son ne parvenait aux oreilles mis à part l'eau s'écoulant de la fontaine et les bruits de pas du rouquin. Étant la place centrale, elle était censée être le lieu le plus bruyant et animé de toute la ville. Même en pleine nuit. Il y avait toujours quelqu'un pour traîner dehors, et ce peu importait l'heure. Mais ce calme inhabituel rendait la place de la fontaine bien plus qu'effrayante.

Derrière la fontaine se trouvait une grande avenue menant directement aux grilles du château. Encore une fois éclairée d'innombrables lampadaires. Au moins, cette ville ne manquait pas de lumières !

Lea emprunta donc ce chemin, puisque c'était le seul moyen pour lui d'aller inspecter sa zone. Normalement, une fois aux portes de fer, le rouquin aurait dû tomber sur des gardes l'empêchant d'aller plus loin. Des sentinelles stoppant toute entrée non autorisée au palais, en somme. Sauf qu'il n'y avait personne, comme il s'y attendait bien. Mais bon, l'ancien membre de l'Organisation XIII voyait le bon côté des choses : il pouvait aller et venir aussi bon qu'il le lui semblait.

Derrière les grilles se trouvait un long et large chemin aux pavés marrons. Il y avait tout autour de la verdure qui semblait entretenue, bien avant la disparition de tous les habitants de ce monde. Il l'avait deviné grâce aux nombreux arbustes de formes différents, les cœurs revenants très souvent. Lea ne prêta cependant pas trop attention au paysage et continua son chemin jusqu'à arriver aux grandes portes en bois parfaitement polies des murailles entourant la demeure royale. Le rouquin les ouvrit en grand, sans se soucier des conséquences de son acte, et pénétra dans la grande cour. Au centre se trouvait un grand bassin entouré de multiples buissons et arbustes de tailles et feuillages différents. Puis, en face, au loin, il y avait de grands escaliers menant cette fois-ci enfin au château.

Une fois la porte à double battant ouverte, Lea entra pour de bon dans le palais. Il fut accueilli par un long couloir surmonté d'un tapis rouge. Le jeune homme bomba le torse. Il se sentait comme s'il était un invité de marque. Cette idée lui plut énormément, d'ailleurs ! Une fois la porte d'en face atteinte, l'ancien Axel se retrouva de nouveau nez-à-nez avec un escalier de marbre. Décidément, tout se ressemblait, dans ce monde ! Des escaliers, des portes, du marbre… Lea se dit qu'il finirait par devenir fou s'il devait rester dans ce décor éternellement !

Puis le rouquin se souvint que Terra et Aqua lui avaient déjà parlé de cet endroit. Et s'il s'en rappelait bien, l'ancien numéro VIII savait où il devait se rendre : à la salle de bal. Commencer ses recherches là-bas serait une excellente idée.

Tout à coup, un long frisson parcouru le long de sa colonne vertébrale. Lea sentit en même temps comme une sorte de regard fixé sur lui.

Sur ses gardes, le Porteur de Keyblade invoqua son arme mythique, lame collée contre son omoplate, sa position défensive habituelle. Le rouquin balaya la salle d'un regard perçant, presque inquisiteur, à la recherche de la chose qui lui procurait de drôle d'effet désagréable. L'unique chose que ses iris rencontrèrent ne fut que du vide.

Soupirant, Lea dématérialisa sa Keyblade. Les mains sur les hanches, il lança tout de même un dernier regard autour de lui. Rien.



Ventus n'avait jamais vu l'extérieur de la maison qu'occupait Cendrillon à l'époque de son premier voyage. Mais une chose était sûre cependant : elle ne pouvait pas ressembler pas à ça, même si dix ans séparaient ses deux aventures. La demeure semblait aujourd'hui abandonnée. Les vitres étaient recouvertes d'une épaisse couche de poussière et de toiles d'araignées. L'une d'elle, étonnamment grosse et poilue, reposait tranquillement, sereine, sur sa toile qu'elle avait dû tisser elle-même au préalable. La nature avait également repris ses droits, barrant la seule entrée de ronces et de plantes grimpantes. Quelques tiges de plantes zébraient les fenêtres, par endroits.

« Depuis le départ de Cendrillon, cette maison est tombée à l'abandon » informa Jaq.

La souris lui expliqua ensuite tout ce qu'il s'était passé au bal. Sur comment Cendrillon s'y était rendue finalement, comment elle avait perdu sa pantoufle de verre offerte par sa Marraine la Bonne Fée, et comment le prince l'avait retrouvée grâce à celle-ci. Il expliqua enfin comment la propriétaire des lieux, Lady Trémaine et ses abominables filles, avaient fini consumées par leur propre jalousie. Tuées par un Nescient né de leurs émotions négatives.

Ven eut un petit pincement au cœur. La robe de bal qu'il avait mis autant de temps à réaliser ne lui avait finalement pas servie. C'était bien dommage. Il la trouvait jolie, pourtant. Pour la première robe qu'il avait lui-même cousus, il était largement fier du résultat ! Dommage que ces harpies l'eussent totalement détruite !

La question maintenant était : comment entrer ? Des ronces barraient l'unique entrée et il n'y avait pas d'autres issues possibles par lesquels s'infiltrer. S'il était un peu plus petit, de la taille d'une souris comme autrefois, il aurait pu facilement se faufiler entre les ronces et passer sous la porte. Mais là… Il pouvait toujours passer par une des fenêtres, mais c'était plutôt risqué non ? Rien qu'en la cassant avec son poing, le blond n'en sortirait pas indemne. Mais bon, il s'agissait là de son unique moyen d'entrer. Alors autant le tenter.

D'un coup de poing, le sosie de Roxas brisa la vitre la plus proche de la porte d'entrée. Des bouts de verres restèrent incrustés dans sa peau, créant des entailles d'où s'échappaient quelques filets de sang. Il répéta cette action plusieurs fois jusqu'à créer une ouverture assez grande pour qu'il puisse s'y faufiler sans risquer de se faire gravement mal. Il réussit tout de même à entrer, mais il se coupa pour cela un bout de la joue et des bras.

Une fois à l'intérieur, le jeune garçon examina plus attentivement la pièce dans laquelle il se trouvait. Il s'agissait du hall d'entrée. Les meubles demeuraient tous recouverts d'une bonne couche de poussière. Le sol était sale, et des tâches marrons jonchaient les carreaux, par endroits. Sur le plafond trônaient de multiples toiles d'araignées accompagnées de leurs créatrices. Enfin, dans les angles, de la moisissure avait élu domicile. Il était d'ailleurs un peu difficile de voir où mettre les pieds, la seule source de lumière étant les rayons que renvoyaient la pleine lune.

Soudain, la main droite de Ventus commença à lui renvoyer quelques picotements. Baissant les yeux vers celle-ci, il sembla enfin remarquer le sang qui s'écoulait des entailles provoquées par les coups donnés à la fenêtre. Il l'agrippa de son autre main puis serra les dents. La douleur lui était inconfortable.

« Tu ne sais pas où je pourrais trouver quelques bandages ? » demanda le blond à son ami.

La petite souris réfléchit un instant avant de lui dire qu'il trouverait peut-être quelque chose d'intéressant dans l'ancienne chambre de Cendrillon. Si Ven s'en souvenait bien, elle se trouvait dans le grenier, et donc à l'étage le plus élevé du manoir. Lâchant un micro-soupir, l'adolescent prit son courage à deux mains et commença lentement à gravir les escaliers de marbre.

Une fois tout en haut, c'est à dire un quart d'heure plus tard car grimper dans le grenier pouvait être long, Ventus trouva la porte de la chambre fermée.

« Mince ! Comment tu vas faire Ven-Ven ? questionna Jaq.

‑ T'en fais pas, j'ai ce qu'il faut » sourit le meilleur ami de Terra et Aqua.

Il relâcha sa main droite puis fit apparaître dans sa main gauche sa Keyblade. Ce n'était pas la main avec laquelle elle avait l'habitude de tenir Brise Légère, mais il devait sans contentait pour le moment. Il leva ensuite sa Keyblade au niveau de la serrure puis une forte lumière jaillie. Un bruit de porte qui se déverrouille se fit entendre avant que cette dernière ne s'ouvre d'elle-même. Le blond dématérialisa son arme et stoppa de nouveau la coulée du sang s'échappant de sa main droite grâce à son autre main. Le jeune garçon entra ensuite dans la pièce. Elle se trouvait exactement dans le même état que toutes les autres : délaissée.

« Où est-ce que je dois chercher ?

‑ Dans le tiroir du miroir là-bas. »

Le regard de Ven se dirigea vers un vieux meuble décrépit surmonté d'un vieux miroir sale, endommagé et brisé. Plus personne ne semblait l'avoir utilisé depuis des dizaines d'année voire plus. L'adolescent ouvrit le seul tiroir présent et y découvrit plusieurs bouts de tissus de tailles et de couleurs différents. Sans doute devaient appartenir à Cendrillon par le passé. Il savait son amie folle de couture.

Il prit le tissu le plus long qu'il put trouver, qui était de couleur vert. Ventus alla ensuite s'asseoir sur le lit lui aussi recouvert de poussière puis commença à retirer les bouts de verres encore incrustés dans sa peau. Il se retenait de lâcher un petit cri à chaque morceau enlevé, grimaçant face à la douleur. Une fois cela fait, il enroula tout autour de sa paume le bout de tissu. Il pouvait maintenant réellement commencer à chercher sérieusement.



Cela faisait environ plus d'une heure que Kairi tournait en rond dans la ville du Château. Elle se demandait sérieusement ce que cela signifiait de trouver des "indices". Rien ne lui semblait suspect dans cette ville, mis à part ce calme plus qu'inquiétant. A chaque fois qu'un chat ou autre animal traversait les rues ou faisait tomber une caisse, la jeune fille sursautait de surprise. L'auburn avait d'ailleurs sortit sa Keyblade, au cas où le danger ferait surface. Mais rien, à son plus grand bonheur à ce niveau-là, ne semblait vouloir se montrer.

A bout de nerf, l'adolescente se rendit sur la place centrale, là où se trouvait la fontaine. Elle s'assit sur le pavé, adossée contre l'édifice dont l'eau ne s'écoulait plus, puis prit son visage entre ses mains. Kairi en avait plus que marre d'être seule, dans ce monde d'ordinaire si joyeux d'après ce que lui avait raconté Aqua. La bleue lui avait également raconté ses mésaventures, ici-même. Être prise pour une princesse et devoir essayer une pantoufle de verre n'arrivait certainement pas à tout le monde ! La jeune fille soupira. Elle aussi aurait adoré partir à l'aventure avec Sora et Riku. Mais ils lui avaient formellement interdit, soi-disant car c'était « trop dangereux pour une jeune princesse comme elle » et qu'elle risquait ainsi de « se mettre en danger à la moindre occasion ». A sa connaissance, elle n'était pas un aussi gros boulet que ça ! L'auburn ne voyait pas en quoi voyager de monde en monde était dangereux. Pour le coup, elle trouvait cela plutôt ennuyant, pour l'instant. Mais combien de temps cela allait-il durer ?

Kairi sentit soudain quelque chose se frotter contre sa cuisse. Elle baissa les yeux et reconnu le petit chaton qu'elle avait aidé un peu plus tôt. La jeune fille sourit à sa vue et prit la petite bête dans ses bras. Elle lui caressa doucement le ventre tout en rigolant faiblement, ne voulant pas trop se faire entendre si Ven ou Lea décidait de revenir à elle pile à ce moment-là. Tout à coup, le chat se mit à grogner et à faire le gros dos. Le poil hérissé, il sauta à terre et regarda en direction du château. Fronçant les sourcils, la jeune fille regarda derrière elle. Peut-être était-ce son imagination mais il lui semblait voir quelqu'un s'avancer vers elle. L'adolescente prit Appel du Destin qu'elle avait laissé à terre un peu plus tôt puis se releva, faisant face à l'inconnu. Kairi plissa un peu les yeux. Était-ce encore une fois son imagination ou il portait lui aussi une Keyblade ? L'auburn s'avança, curieuse, pour voir de qui il s'agissait.

Voyant qu'elle approchait de plus en plus, l'inconnu se figea. L'auburn, quant à elle, s'arrêta à une dizaine de mètres de lui. Elle l'examina attentivement. Un masque noir empêchait de voir son visage, il portait une drôle de tenue noire et rouge collant à sa peau, faisant ressortir les muscles de ses bras et de son torse. Sa Keyblade, elle, ne lui rappelait en rien celles qu'elle avait déjà vues. Celle-ci était de même couleur que les vêtements étranges de son propriétaire.

« Qui es-tu ? se risqua Kairi, fronçant les sourcils et serrant un peu plus Appel du Destin.

‑ La ferme, répondit-il sèchement, sans réel entrain dans le son de sa voix. C'est moi qui pose les questions ici. »

L'auburn se figea sous l'effroi. Cette voix… C'était la sienne. Mais, il n'était pas dans ce monde et ne manipulait pas cette Keyblade. Alors, comment se pouvait-il que… ?

Sans crier gare, l'étrange garçon s'élança vers elle à la vitesse de la lumière et lui donna un bon coup de pied dans les côtes. La jeune fille se plia sous la douleur, tombant au sol quelques mètres plus loin. Elle cracha également un peu de sang. La force alors laquelle il l'avait propulsée au sol avec une force incroyable.

D'un revers de main, l'adolescente essuya le sang qui lui restait sous la bouche. Ce type n'était en aucun cas commode. Elle voulut ensuite attraper sa Keyblade qui avait volé au loin mais un pied lui écrasa sa main droite. Au-dessus d'elle, l'inconnu l'empoigna par le cou et la souleva au-dessus du sol. Kairi pouvait à peine respirer. Ses pieds se baladaient dans le vide, cherchant en vain les pavés de la ville.

« Maintenant parle : qui es-tu ? demanda tout aussi calmement l'étrange garçon.

‑ Non… Toi qui es… tu ?! tenta-t-elle d'articuler alors que le souffle commençait de plus en plus à lui manquer. Pourquoi… tu as… la même voix… que lui ?!

‑ J'ai dit : c'est moi qui pose les questions ! »

Sans gêne, il la jeta au sol comme une vulgaire serpillière. L'inconnu se dirigea ensuite vers la Keyblade de la jeune fille. Il la prit dans sa main gantée et l'examina de haut en bas, avant de reprendre :

« Ah. Je vois. La petite fille des Jardins Radieux. J'aurais dû te tuer il y a longtemps. »

Kairi tenta de se relever du mieux qu'elle le put. Comment savait-il ? Et que voulait-il dire par « J'aurais dû te tuer il y a longtemps » ? L'avait-elle déjà rencontré par le passé ? Si c'était le cas, il devait sans doute s'agir d'un des nombreux souvenirs que son cœur avait dû effacer.

Dans un mouvement sec, il envoya Appel du Destin vers sa propriétaire puis se cala en position d'attaque, le bras gauche légèrement en avant et le bras droit en l'air. Cette position rappelait fortement celle de Riku.

« Je vais réparer cette stupide erreur, dit-il. Mais avant, voyons comment tu te débrouilles avec cette Keyblade dont tu n'es pas digne. »

L'auburn serra les dents. Comment osait-il lui dire ça ?! C'était lui qui n'en était pas digne ! Une Keyblade ne devait pas être utilisée pour persécuter les gens !

La jeune fille attrapa son arme à deux mains, optant pour une position offensive à son tour, et s'élança vers son adversaire.

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