Kingdom Hearts III : La quête des Cœurs perdus

Chapitre 41 : Escale au Jardin Radieux - La routine

8041 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 28/03/2024 18:56

Bonjour à tous ! L'histoire commence enfin à s'accélérer pour les prochains chapitres, après une première partie j'avoue sacrément longue en expositions ! J'espère que vous aimerez la suite malgré ce développement prolongé, avec aujourd'hui une partie relativement calme avant la prochaine plus chargée en rebondissements et révélations !

Bonne lecture à vous !


Alors que Sora visitait une dernière fois la Cité du Crépuscule avant son voyage avec Riku et Kairi, le moment tant redouté arriva…

La Non-Forme se produisit et Roxas revint, rongé par le remord face aux évènements. Comment les amis de l'Élu réagiront-ils à la nouvelle ?

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 Le trio s'avança lentement dans les jardins, le pas lourd. L'adolescent s'arrêta quand il vit ce qu'il cherchait, et serra son bras avec hésitation. Derrière lui, ses amis posèrent une main sur ses épaules, navrés. Dingo ajouta même :

- On… on peut le faire pour toi, ou venir…

Mais le garçon secoua la tête, sans les regarder. Les yeux posés sur l'objet de ses craintes, il resta là à le contempler en silence, puis murmura :

- Non… Je dois le faire.

Ses compagnons comprirent, et reculèrent tristement. Le Porteur resta encore un instant immobile, semblant hésiter… puis il ferma les yeux, inspira profondément, et s'avança d'un pas résigné vers la silhouette de Kairi attendant seule.


La journée avait semblé bien trop longue à la Princesse. Elle avait essayé de s'occuper, mais même l'entraînement avait du mal à détourner son esprit de la décision… non, de l'engagement qu'elle avait pris ce matin. Et la perspective d'annoncer tout ça à Sora la préoccupait encore plus.

Peut-être devait-elle trouver quelque chose à faire avec l'adolescent en plus de lui avouer tout ça, histoire d'y aller en douceur… Mais de quoi avait-elle peur, au juste ? Qu'il la repousse, alors que c'était lui qui avait fait le premier pas ? En fait, c'était sa peur qu'il soit revenu sur ses sentiments, et lui avoue qu'après réflexion, il ne l'aimait pas ainsi…

Aie confiance… Il t'aime plus que tu ne peux l'imaginer…

Oui. Elle devait croire en Sora, et croire en elle. Tout ne serait pas parfait, mais ils feraient face ensemble. Elle le savait.

Alors qu'elle contemplait un parterre de petites fleurs violettes, le bruissement de l'herbe l'informa de l'approche de quelqu'un. Sentant un instant une présence inconnue, elle songea presque à l'ignorer… avant de jeter un coup d’œil et d'apercevoir enfin la silhouette familière de son ancien ami d'enfance.

- Sora !

La jeune fille, un sourire rayonnant (pour cacher son inquiétude) aux lèvres, s'approcha du garçon avançant timidement. Il ralentit soudain à son approche, comme reculant, mais resta immobile, gardant les yeux baissés comme n'osant pas la regarder. Tâchant d'ignorer les papillons dans son ventre, Kairi décida de commencer et prit une inspiration et son courage à deux mains :

- Je suis heureuse de te revoir, j'ai quelque chose à te dire…

- K-Kairi, murmura alors tout doucement l'adolescent, j'ai aussi quelque chose à te dire…

- D'accord, mais j'ai besoin de le dire en premier, c'est… c'est vraiment important.

- Est-ce que je peux quand même-?

- S'il te plaît, c'est à propos de nous deux, Sora, insista-t-elle gentiment en s'avançant.

Il eut soudain un mouvement de recul à son nom, et elle crut voir une ombre horrible passer sur son visage avant qu'elle ne murmure :

- N-Non, n'ai pas peur, je… Sora, je veux te dire…

- J… Kairi, il faut que…

- Il faut que je te le dise maintenant, que je…

- Je t'en prie, non ! supplia-t-il en secouant la tête. Pas…

- Mais je dois le faire ! Sora, je t-

- Kairi !

Il se dégagea alors brusquement de sa main qui voulait le retenir, effrayé ; elle eut un geste de surprise, et voulut le toucher pour le rassurer et lui dire enfin ces mots qui le combleraient de joie… quand soudain elle croisa le regard empli de douleur du jeune homme, et se figea devant ce qu'elle voyait.

Deux iris bleu comme le ciel sans nuage au-dessus d'eux.

Un silence pensant s'abattit alors qu'ils se fixaient l'un l'autre, chacun réalisant ce que leur interlocuteur avait compris. Puis Kairi lâcha la main de l'imposteur et recula lentement, dévastée. Roxas fronça doucement le regard, désolé, et fit un geste vers elle :

- Kairi, je…

- Non !

Son brusque cri de détresse le figea en plein mouvement, alors qu'elle faisait un pas en arrière comme pour s'éloigner de lui. Elle secoua la tête, incapable d'y croire, ses yeux se mouillant de larmes qu'elle refusait de lui montrer :

- J… je suis désolé…

- Non ! Non ! Ça peut pas… ça se peut pas !

- …Si je pouvais, je-

- Non ! Comment t'as pu… Comment t'as pu oser, Sora ?

Le garçon écarquilla brièvement les yeux, mais ne put que lui rendre un regard désolé alors qu'elle tremblait de tout ses membres.

- I-Il… c'était un accident-

- Non, je veux pas t'entendre ! Pourquoi t'as fait ça ?

- Kai-

- Tais-toi ! Taistoitaistoitaistoitaistoi ! cria-t-elle en secouant toujours plus fort la tête comme si ça la réveillerait.

L'adolescent détourna alors le regard et serra son bras en douleur, tandis qu'elle se tirait les cheveux en fermant ses paupières pour retenir en vain les larmes de désespoir. Puis, osant lever un œil couleur de ciel vers elle, il tendit tout doucement une main compatissante :

- …Je te demande pard-

- ARRÊTE ! VA-T-EN ! hurla la jeune fille de toute la force de ses poumons.

Tournant le dos à celui qui habitait le corps du garçon qu'elle croyait aimer, elle se couvrit les oreilles pour ne plus entendre les mots qu'il pourrait dire, retenant les sanglots de toutes ses forces.

- …Comment t'as pu me faire ça, Sora ? Comment t'as pu faire ça maintenant ? Pourquoi t'es encore parti ? Pourquoi !

Ses cris désespérés sonnèrent dans le vide et le vent, alors qu'elle serrait maintenant les poings en contemplant de ses yeux mouillés le ciel si clair aujourd'hui, comme si par un miracle l'adolescent qu'elle avait connu en descendrait en une nuée de Lumière…

Et soudain, des bras chauds enlacèrent son corps avec tendresse.

- Kairi, je suis tellement désolé.

La Princesse se raidit presque par réflexe à ce contact, mais devint encore plus rigide en entendant la voix prononcer ces mots et son nom si tristement. Se retournant presque avec colère, elle voulut se dégager de la prise accablée :

- Roxas, je t'ai dit d-!

- Je sais parfaitement que toutes les excuses du monde ne suffiraient pas à pardonner ce que je t'ai fait, mais je te demande pardon de t'avoir quittée sans prévenir.

La jeune fille se figea à ces paroles, pour une raison qui lui échappait… Les bras autour d'elle se resserrèrent doucement, comme une étreinte aimante mais emplie d'une douleur terrible et affligée. Le front qu'elle sentait posé sur son épaule en un contact navré se leva alors doucement, tel un petit souffle rassurant dans son oreille :

- Je ne peux pas être avec toi tout de suite, et si je pouvais revenir en arrière pour éviter ça et te retrouver, je le ferai sans hésiter. Mais je veux que tu sache…

Les mains quittèrent alors sa taille et tournèrent tendrement ses épaules vers l'adolescent au regard bas, tandis qu'il inspirait doucement comme pour se donner du courage ; ou juste respirer ? Elle n'en était pas sûre.

Il leva alors la tête, son visage doux froncé d'une douleur profonde mais empreint d'un amour et détermination sincères, et ses lèvres murmurèrent résolument ces mots :

- Jamais je n'ai voulu t'abandonner, et plus jamais je ne veux te faire attendre ni te laisser derrière ; et je te jure de faire tout ce que je pourrai pour te revenir le plus tôt possible. Mais, si ce n'est pas trop te demander… Est-ce que tu peux m'attendre une toute dernière fois ? Je reviendrais très vite, je te le promets.

Ses mains se resserrèrent doucement sur les épaules de Kairi, alors qu'elle restait figée, contemplant ce regard bleu et tendre qu'elle connaissait si bien…

Puis soudain Sora cligna des yeux et fronça les sourcils, comme désorienté, puis vit ses mains posées sur la jeune fille et recula, confus, la regardant un bref instant avant d'écarquiller les yeux en comprenant :

- Qu-? Non, attends ! J…

Roxas baissa les yeux, agrippant sa poitrine en un geste désespéré mais vain, alors que la Princesse resta figée, sa main instinctivement serrée sur son pendentif, un pincement doux-amer au cœur :

- Sora…


Lea contempla le soleil couchant depuis les remparts, un étrange pincement (nostalgique, sans doute) au cœur. Kairi avait semblé bien impatiente aujourd'hui ; comme si elle attendait un évènement important qu'elle n'avait pas daigné divulguer. Elle avait aussi insisté pour bien réviser ses sorts et techniques, comme si elle avait peur d'un contrôle surprise ; mais mis à part leurs duels réguliers, Merlin et les Fées ne supervisaient pas leurs compétences ni leur faisait passer d'examens. En fait, c'était plutôt Léon (ou Squall, allez savoir comment il fallait l'appeler) et le comité qui surveillaient de près leur progression ! À croire qu'ils voulaient être sûr d'être prêt en cas d'attaque par un autre "clone de Xehanort" ! Quoique, le vieux et sa clique était pas au-dessus de ça… mais à part la brève disparition de Sora et ses amis, rien n'avait été signalé. Et encore, tout s'était passé à l'extérieur de la ville ; l'Organisation ne semblait pas oser agir plus près, à moins d'un autre "agent" infiltré sur place…

Et ça enrageait toujours Lea de savoir qu'il avait été (même involontairement) encore une fois le traître dans cette affaire.

Une goutte sucrée-salée tomba sur son doigt, lui faisant remarquer le début de flamme dans sa paume ; calmant aussitôt le feu entre ses doigts, l'apprenti se remémora ses innombrables leçons de contrôle de la magie qu'il avait toujours trouvées superflues ; mais maintenant qu'il faisait fondre son bâtonnet juste parce qu'il repensait à un truc qui l'enrageait, il comprenait leur importance… même s'il ne perdrait pas plus de glace que ça, vu combien elle était entamée.

Un bruit de pas timides l'informa de l'approche de quelqu'un ; il pensa un instant à Kairi, mais la démarche était trop lente pour que ce soit elle ; il avait même crut l'entendre s'arrêter un instant, comme faisant halte en voyant quelque chose. Alors il l'ignora, pensant que c'était un inconnu qui passait…

- …Axel ?

Jusqu'à ce qu'il reconnaisse la voix de l'adolescent à quelques mètres derrière lui.

Une fois passé la surprise d'entendre ce nom, un léger agacement le prit alors qu'il se tournait vers le garçon :

- Sora, je t'avais dit de pas m'appeler comme ça ! fit-il mi-agacé en jetant un regard au jeune homme le fixant sans bouger.

Il vit du coin de l'œil le regard bas de l'Élu s'écarquiller, et crut avoir été trop sec quand il croisa une brève seconde les yeux du garçon. Et écarquilla les siens.

Les deux amis restèrent un moment figés, l'un hésitant, l'autre bouche bée. Puis Lea reprit ses esprits, sembla réfléchir un instant, puis regarda le paysage, embarrassé. Roxas ne dit rien, se contentant de baisser la tête en triturant sa veste ; lui-même ne savait pas trop où commencer. S'il avait eu assez de courage pour retourner voir son meilleur ami juste après son retour, il n'avait cependant pas trouvé les mots pour lui parler.

L'adulte se gratta la tête, gêné, baissa le bras avant de s'arrêter à mi-chemin, et de tapoter maladroitement la place sur le muret à côté de lui. L'adolescent eut un hoquet de surprise à cette invitation, et s'avança lentement, avant de grimper timidement sur le mur.

Un moment passa ainsi en silence, alors que tout deux fixaient obstinément le soleil couché devant eux. Puis le jeune homme se décida :

- Roxas-

- Axel-

Les deux amis s'arrêtèrent aussitôt en s'entendant appeler l'autre, et détournèrent mutuellement le regard. Mais Lea inspira profondément, prêt à reprendre son courage à deux mains :

- Roxas, je voulais te d-

- Je m'excuse de m'être disputé avec toi et de t'avoir blessé, et de t'avoir frappé quand Xehanort te possédais. Je te demande pardon, Axel.

L'adulte écarquilla les yeux, les tournant vers l'adolescent qui avait osé lever les siens vers lui un bref instant et fixait à nouveau le vide, triturant ses doigts. Le regard de l'apprenti se fronça alors qu'il le reportait vers l'horizon, songeur.

- …Je pense que c'est plutôt à moi de m'excuser pour ça, et… peut-être aussi pour tout le reste, murmura-t-il sombrement.

- Axel…

- Je sais qu'on s'est disputés et que tu t'en veux de m'avoir attaqué, reprit l'adulte en se tournant légèrement vers lui, mais perso tu te défendais plus qu'autre chose. Et moi… je vais pas mentir en disant que j'étais pas là tout du long, mais… J'aurais pas dû laisser le vieux prendre totalement le contrôle. Et j'aurais dû être honnête avec toi depuis le début ; je veux dire depuis qu… quand on était dans l'Organisation. Je vous ai caché des choses, et ça les a plus fichues en l'air que ça les a arrangées… Je suis désolé, Roxas.

L'adolescent resta un moment sans voix, fixant l'apprenti qui baissait les yeux de remords, et détourna le regard. Puis lentement, il se mit à trembler, le visage bas et se mordant la lèvre comme pour retenir quelque chose. Lea remarqua son changement et se tourna vers lui, intrigué et surtout concerné :

- Roxas, qu'est-ce qu…?

- Axel, je sais pas pourquoi mais y'a quelque chose que je dois faire, là maintenant, murmura alors le garçon d'un ton fébrile.

Son ami fronça légèrement les sourcils, mais acquiesça, plus inquiet pour lui qu'autre chose. Roxas inspira alors profondément, comme pour essayer de respirer, et d'un geste se tourna vers lui et se colla contre son flanc, ses mains agrippant comme désespérés son manteau noir. Lea écarquilla les yeux, un bras en l'air, surpris par ce soudain contact ; puis, maladroitement, il tapota lentement le dos du garçon contre lui :

- H-Hé, tout va bien Rox', je vais pas m'en aller… pleure pas ?

- Je suis vraiment désolé, murmura alors l'adolescent d'une voix brisée. Je t'ai dit des choses horribles et j'ai même pas eu le courage de venir te voir pour m'excuser après, je suis tellement désolé…

L'adulte arrêta ses gentilles tapes, et fixa le garçon au visage enfoui dans son manteau comme n'osant même plus le regarder en face. Puis, posant une main sur le dos du plus jeune, il soupira doucement :

- …Eh. C'est moi qui démarré la dispute en te grondant pour avoir préféré aider ton pote au lieu d'aller protéger quelqu'un qui en avait pas besoin ; c'est pas ta faute. Puis même si c'est le cas, on est responsable tout les deux.

- Mais si Xehanort t'as… c'est ma faute si-

- Hé, fit alors Lea en le prenant par l'épaule pour le regarder, écoute-moi bien Rox' : t'as fait des erreurs, j'en ai faites aussi. Mais c'est en aucun cas ta faute si ce vieillard a pris le contrôle à ce moment-là. Il l'aurait fait de toute façon, à n'importe quel moment ; et c'est plutôt moi le responsable pour pas avoir empêché tout ça, même juste un tout petit peu plus. L'important, c'est qu'il est parti et que tout le monde va bien, toi et moi y compris : c'est bon, c'est retenu ?

L'adulte tapota sa tempe d'un sourire assuré, fixant sans faillir l'adolescent dans les yeux. Le garçon, regard humide et écarquillé, resta un instant figé ; puis un timide sourire s'étira sur ses traits différents, et il hocha la tête, imitant le geste de son aîné :

- Bien retenu.

Le jeune homme se décolla de son camarade, lequel donna une bonne tape ferme et amicale sur son épaule. Les deux amis contemplèrent ensemble le ciel orangé, un silence réconfortant les entourant. Puis, timidement, Roxas baissa la tête, et se laissa tomber doucement contre Axel, le faisant se tourner vers lui avec un sourcil levé ; l'adolescent se tritura distraitement les doigts, songeur, alors que l'adulte restait immobile, quelque peu maladroit :

- …C'est pas pour déranger, mais les contacts physiques ça doit pas trop être mon truc…

- …Désolé. C'est juste… je suis plus rassuré comme ça, murmura doucement le garçon en observant le ciel s'assombrir lentement. Je me sens… vivant.

L'apprenti eut un hoquet de surprise, puis fit un petit sourire complice :

- …Ouais. Je vois très bien de quoi tu parles, mon pote…

Un nouveau silence vint, seulement interrompu par les bruits de la ville. Lea baissa les yeux vers son bâtonnet entièrement fondu, ne pouvant retenir un petit rire :

- Si j'avais su, j'aurai pris deux autres glaces aujourd'hui.

- Pourquoi, tu pensais en manger deux pour toi tout seul ?

- Mais non, deux pour vous gros malin ! ricana l'apprenti en donnant un coup de coude à son camarade.

Roxas se redressa soudain, les sourcils froncés ; l'adulte crut que c'était parce qu'il l'avait poussé, quand il murmura lentement :

- …Deux glaces pour nous ?

- Ben oui ! Tu sais pas compter ? fit-il en haussant un sourcil.

- …Qui est ce nous ?

- Bah toi et-

Les mots se bloquèrent dans la gorge de Lea en réalisant la même chose que l'adolescent. Pour qui aurait-il acheté ces glaces ? Pourquoi deux, vu qu'ils n'étaient que deux ?

- …ben Kairi, je suppose, marmonna l'adulte en baissant la tête.

Il vit clairement le garçon se mordre la lèvre, comme grimaçant devant l'éventualité d'être avec la jeune fille ; mais l'instant d'après le visage pensif de Roxas redevint neutre, alors qu'il fixait le vide, muet.

- …Ouais… ça doit être ça…

Axel ne répondit rien, mais regarda les restes du crépuscule disparaître d'un air songeur, ne pouvant s'empêcher de ressentir une nostalgie évidente mais étrangement pénible en ces quelques instants, en plus d'une bizarre impression de manque malgré la présence de son meilleur ami à ses côtés.


La nouvelle du retour de Roxas s'était vite répandue au QG. Entre ceux inquiétés par la nouvelle "disparition" de Sora et ceux qui semblaient accepter l'annonce sans mot dire, l'ambiance fut particulière ce soir-là.

Même l'adolescent avait compris leurs réactions, et n'avait pas tenté de s'immiscer plus que ça. Il était juste rentré au QG avec Axel, après avoir regardé la nuit recouvrir le ciel, et n'avait presque pas bougé du canapé malgré l'accueil plus chaleureux qu'avait voulu lui offrir Aerith, Donald et Dingo. Léon l'avait quant à lui brièvement dévisagé de son éternel regard distant, sans rien dire, et le garçon n'avait pu s'empêcher de ressentir un frisson incompréhensible en remarquant son bras en écharpe. Mais l'épéiste n'avait fait aucune remarque.

Riku aussi n'avait fait aucune remarque à l'arrivée du jeune homme, mais son regard avait parlé, ne témoignant d'aucun reproche. Peut-être juste… du regret. Pourquoi, l'adolescent ne le savait pas.

Tout les autres s'étaient montrés, sinon surpris, concernés par son état (et non celui de Sora, étonnamment). Seuls les trois chasseuses et un homme inconnu semblaient ignorer toute cette histoire d'échange. Ce dernier, un grand blond en noir et aux mèches en pétard attira l'attention du garçon, à cause de l'énorme cicatrice à son bras qui l'avait fait pâlir sans qu'il ne sache pourquoi. Pendant un bref instant, leurs regards bleus s'étaient croisés, et Roxas avait cru qu'il percerait à jour sa couverture comme l'avait fait Léon ; mais l'homme passa simplement son chemin, le laissant perplexe.

Sora le connaissait, l'adolescent le sentait ; mais il ne se rappelait pas son identité. Enfin, s'il était au comité, il devait être digne de confiance.

Roxas resta en retrait toute la soirée, se contentant de regarder tout le monde aller se coucher sans même aller manger ; il n'avait pas faim, de toute façon. Puis, dans le silence de la nuit, il s'était dirigé sans conviction vers les chambres, laissant ses pas le guider vers celle qui avait accueilli Sora à peine quelques heures plus tôt.

En ouvrant la porte, il remarqua immédiatement le bazar à demi entassé dans un coin avec quelques emballages. La chambré était simple, avec une étagère contre le mur de gauche et un lit sous la fenêtre ; et pourtant, une certaine atmosphère se dégageait des lieux. Peut-être était-ce à cause de la pile couronnée d'une guitare, ou des draps à demi défaits éclairés par les rayons de lune ; mais Roxas avait une curieuse impression, une impression de…

De pénétrer dans un endroit sans permission.

L'adolescent resta sur le pas de la porte, comme n'osant pas entrer. Certes, il ne pensait pas que Sora lui en voudrait de dormir dans sa chambre, mais malgré tout… Roxas ne se sentait pas en droit d'être ici. Pas "ici" en tant qu'hôte empruntant le corps de Sora, mais plutôt ici, en tant qu'hôte empruntant une chambre qu'on ne lui avait pas donnée.

Prise d'insomnie, Aerith se levait pour une promenade nocturne quand elle crut apercevoir un bref instant une silhouette sombre aux mèches teintées de blond à la lueur lunaire, debout dans le couloir. Puis un nuage masqua l'astre, plongeant l'endroit dans l'obscurité ; quand la lumière blafarde revint, la silhouette avait disparue.

Le lendemain matin, Donald et Dingo passèrent machinalement devant la chambre de Sora pour le rév-Ah non, réveiller Roxas, ou au moins voir comment il allait. Mais la porte était grande ouverte. Et la pièce était vide.

Retenant leur panique, les adultes fouillèrent le QG à la recherche de leur protégé ; mais un bref examen de toutes les salles communes prouva qu'il n'était pas là. Gardant difficilement leur calme, le trio réfléchit : où était-il ? Venait-il de partir, ou avait-il été emmené… non, il fallait s'assurer qu'il ne soit pas juste ailleurs ; mais où, où aurait-il pu aller, où sur ce Monde Roxas pouvait-il vouloir être ?

Et la réponse leur sauta aux yeux.

Pénétrant dans le hagard à Gummi, il remarquèrent aussitôt un vaisseau rouge et or suspect, à cause de la rampe toujours sortie. Le duo s'échangea un regard soulagé, mais pas rassuré ; pas tant qu'ils ne l'avaient pas retrouvé. Entrant dans leur engin, ils virent tout de suite le plafond du salon, passé du mode "transparent" au mode "stellaire" vu le faux firmament étoilé qu'ils y voyaient projeté. Et étant donné que les seules personnes connaissant cette commande étaient eux et lui…

Sa porte était entrouverte, comme ils s'y attendaient. Dingo hésita à frapper, mais décida de pousser le battant, juste pour s'assurer qu'il était bien là.

L'adolescent était assis à la fenêtre, les genoux repliés et la tête posée contre le verre, ses yeux célestes contemplant la myriade de fausses étoiles simulée derrière la vitre. Il était là, songeur, son reflet imparfait se réfléchissant sur la paroi comme le fixant en retour.

Les trois adultes soupirèrent doucement, enfin rassurés, et préférèrent laisser leur protégé tranquille ; mais alors qu'ils refermaient doucement la porte, l'appel s'éleva faiblement :

- Les gars…

Le trio s'arrêta, se retournant vers l'adolescent qui avait parlé de sa voix si timide, semblant contempler son propre reflet. Un court silence s'installa, avant qu'il ne murmure :

- …J'ai pas vraiment de souvenir de tout ce qu'il s'est passé pendant que Sor… pendant que j'étais pas là, mais…

Il baissa alors la tête, et ses camarades le virent déglutir ; puis il continua, presque tremblant :

- …J'ai ces sensations… d'une chaleur contre moi, et de bras qui m'entourent comme pour me protéger, et… des voix qui me parlent doucement. Je sais pas ce qu'elle disent, mais c'est rassurant, et… J'ai ce sentiment qu… Qu'on s'occupe de moi, et que tout ira bien. Que je suis en sécurité, malgré le danger.

Donald, Dingo et Jiminy mirent quelques secondes pour rassembler les pièces du puzzle, et écarquillèrent les yeux avant qu'ils ne s'embrument sous l'émotion. Roxas releva alors un peu la tête vers leur image dans la vitre, et se retourna doucement, ses propres iris couleur du ciel eux aussi mouillés tandis qu'il fixait ses amis avec timidité et une profonde reconnaissance :

- …Merci à vous tous…


Roxas avait passé sa première journée au Gummi. Il mourrait d'envie de retrouver Axel, surtout après ce qu'il s'était passé ; mais il ne pouvait pas non plus être avec Kairi, et les deux apprentis faisaient leur entraînement ensemble. Ça briserait leur accord, déjà qu'il sentait l'avoir brisé la veille en se présentant à elle sous les traits de Sora (non pas qu'il l'avait fait exprès pour cette partie-là).

Alors il était resté ici, à farfouiller un peu dans les livres hologrammes et bouquins trouvés à travers leurs vadrouilles dans les Mondes. Sa tête le tirailla un moment quand l'écho d'un souvenir le fit se voir (non, voir Sora) s'emmitouflant dans une couverture au salon, une tasse brûlante et un pot glacé à la main pour regarder les images illusoires d'un vaisseau volant ; mais la migraine disparut rapidement, lui laissant juste une impression familière au cœur.

Il eut bientôt fait le tour de leur bibliothèque qui se résumait à trois pauvres étagères, dont une supportant en tout et pour tout un vase et des photos de Donald et Dingo. Il songea à aller voir chez Sora, mais se retint ; ça serait mal élevé, surtout après être revenu comme ça. Et il n'allait pas entrer chez ses camarades sans permission.

C'est en passant devant sa porte qu'il se rappela ; depuis qu'il avait vraiment sa chambre ici, il n'avait pas changé grand-chose. Il ne s'y était alors pas tout à fait senti à l'aise, et il se sentait encore coupable d'être revenu maintenant, mais…

Ça ne voulait pas dire qu'il n'avait pas sa place ici, au Gummi.

Pénétrant dans sa pièce, l'adolescent jeta un regard circulaire : son lit était toujours contre le mur, le bureau sous la fenêtre projetant des étoiles, et le coffre au pied de l'armoire dans le mur de gauche. À part ça, la pièce faisait sacrément vide.

Pas pour longtemps.

Quand Donald, Dingo et Jiminy repassèrent pour voir comment allait Roxas, ils le virent assis contre son lit, écouteurs sur les oreilles et en pleine lecture de son carnet rouge, quelques feuilles gribouillées traînant à ses pieds. L'adolescent leva brièvement la tête, croisa le regard de ses amis et replongea dans ses notes, avant de relever brusquement les yeux et cacher maladroitement son carnet en réalisant leur présence :

- S-Salut les gars… fit-il en retirant son casque.

- Oh pardon, on voulait pas déranger, s'excusa le chevalier en faisant mine de repartir.

- Non, ça va… euh question, comment vous faites pour les meubles du Gummi ? Ma chambre fait un peu vide et…

- Oh, on peut demander à Cid ! répondit le chien. Si t'as trouvé quelque chose ici on peut aussi l'installer, mais sinon c'est lui qui s'en charge… Sora aussi pourra aider, il est très doué pour ça !

La mention de son double fit un peu retomber le visage du garçon, et le chevalier réalisa sa maladresse :

- Oh, pardon je… Roxas, on t'en veut pas du tout, on sait bien que tu… que vous l'avez pas fait exprès. On est surtout soulagés que vous ayez rien.

L'adolescent hocha distraitement la tête, pensif, avant de la relever vers eux :

- Euh, vous vouliez me parler…?

- Et ben… hésita Donald en se grattant la tête. Vu qu'on en parle, Maître Yen Sid va sûrement te demander si t'as enfin une explication pour Sora et toi, tout ça…

Le visage du jeune homme se fronça quelque peu, avant qu'il ne croise les bras en baissant les yeux :

- Je me souviens de rien d'important, juste… peu après mon départ et avant mon retour, et à peine entre les deux. C'est tout, pas de quoi faire revenir Sora plus vite… À moins de forcer une Non-F-

- Surtout pas !

Roxas se figea au cri des adultes, alors que Donald serrait les poings très forts, tremblant :

- C'était déjà assez grave avant tout ce bazar avec vos échanges, alors on va pas en rajouter avec une influence des Ténèbres ou je sais quoi !

Le garçon resta muet, puis rebaissa la tête en frottant son bras :

- Désolé…

Un court silence s'installa, avant que ses camarades ne décident de le laisser tranquille et quittèrent la pièce en lui demandant s'il avait besoin de quelque chose. L'adolescent réfléchit une seconde, puis secoua la tête, tandis que ses amis refermaient lentement la porte derrière eux…

- …Attendez !

Les adultes se figèrent en plein mouvement, et jetèrent un regard par l'ouverture :

- Hé, faudrait savoir !

L'intéressé ignora la remarque du canard et croisa les bras en se frottant la nuque, comme incertain ; puis après avoir froncé les sourcils, il passa la main sous les coussins et en extirpa son carnet, le contempla un instant, puis leva les yeux vers ses amis, semblant en conflit :

- …Peu après mon premier échange avec Sora, j'ai eu ces… rêves, et c'était tellement étrange qu… Ça fait un moment que je me demande s'il y a pas un sens derrière tout ça et…

Il inspira alors profondément, et leur tendit le carnet sans les regarder :

- Vous devriez y jeter un œil.

- Qu-? Mais, Roxas-! C'est ton journal intime !

- On va pas regarder là dedans, ça se fait pas ! protesta Dingo.

- Je vous y autorise, c'est pas comme si vous fouiniez sans demander, insista l'adolescent. Et… si ça gêne lisez juste les pages de droite, c'est le moins personnel, ajouta-t-il en rougissant quelque peu.

Le trio s'échangea un regard incertain, puis Donald prit délicatement le carnet et l'ouvrit au hasard. Les adultes se penchèrent sur son contenu, parcourant rapidement quelques pages, avant d'échanger un nouveau regard circonspect :

- Oui je sais, marmonna l'adolescent, c'est idiot ce que j'ai marqué…

- Euh, en fait… Comment tu fais pour te lire ?

Roxas ouvrit de grands yeux à cette réponse, tandis que le canard continuait de tourner les pages en fronçant les sourcils :

- Bon dieu, quelle écriture affreuse ! commenta Jiminy dévasté.

- C'est vrai que c'est dur à… Oh, mais tu dessines bien par contre ! remarqua Dingo avec un sourire. On reconnaît tout les Sans-cœurs de l'Olympe !

- Oui c'est sympa m-Attends, c'est pas cette grosse araignée qui l'avait attrapé ? La Tar… tentuf… Uic… euz-Oh j'y comprends rien !

- Hein ? Comment ça, vous savez pas lire ?

- Euh… Sans vouloir te vexer, je crois que c'est plutôt toi qui sait pas exactement bien écrire, murmura le chien.

- Quoi ? Mais qu'est-ce que v-?

- Pour l'amour du ciel ! s'écria soudain le criquet avec fureur. Comment cela se fait-il que je trouve autant de fautes que de trous dans un veston mité ?

- Euh, j…

- C'est décidé ! fit alors le chroniqueur en sautant directement aux pieds du garçon. Dès aujourd'hui, je vais t'enseigner l'art de la calligraphie, mon garçon !

- Mais je…

- Allons, en avant ! Nous avons beaucoup de travail devant nous ! conclut-il en se retournant vers la porte, parapluie en main tel un sergent d'armée.

Roxas resta un instant figé, tandis que l'insecte se dirigeait au salon avant de lui crier fermement de venir pour sa leçon, et leva des yeux abasourdis vers les adultes amusé ou circonspect.

- C'est vrai que Jiminy a toujours été à cheval sur l'écriture, remarqua gentiment le chevalier.

- Ouais, et je pense que tu devrais le rejoindre vite avant qu'il ne s'énerve, conseilla le canard à son protégé. Il prend ses leçons très à cœur.

- Mais… attendez, vous allez quand même pas me-

- Te faire la classe ? Et pourquoi pas ? On a fait pareil avec Sora je te signale ! Organisation ou pas Organisation on va pas laisser un adolescent vadrouiller sans éducation !

Le garçon ouvrit des yeux encore plus effarés, ahuri par cette situation ; et fronça soudain les sourcils en baissant la tête. Ses camarades se demandaient s'il était vraiment aussi gêné par leur comportement quand ils l'entendirent murmurer :

- …Ça veut dire que vous m'aiderez pas pour ces rêves… ?

Le duo écarquilla les yeux, puis Dingo posa une main sur son épaule :

- Mais non, bien sûr qu'on va t'aider ! On a juste besoin que tu nous éclaires un peu sur ta "mystérieuse" écriture, d'accord ?

Donald lui fit un clin d’œil, et Roxas leva un instant la tête sans rien dire, avant de sourire timidement, reprenant son précieux carnet avec lui.

Et ainsi débuta la toute première leçon du Simili de Sora, par un cours de calligraphie qui s'acheva quand l'adolescent en eut marre d'écrire l'alphabet en cursif et script. Et dû recopier cinquante fois en punition la phrase "Je ne dois pas insulter les belles écritures" quand il insista pour dire que ça servait à rien.


Les premiers jours se déroulèrent… étrangement tranquillement.

Roxas passa la plupart de son temps au Gummi, autant incertain de vouloir s'immiscer dans la routine du comité qu'accaparé par ses leçons avec Donald, Dingo et Jiminy ; car oui, le trio avait décidé de lui donner une "véritable éducation" maintenant qu'il était là. Le chevalier avait ressorti des cahiers d'exercices à moitié remplis par l'écriture brouillonne mais lisible de l'Élu, et laissé l'adolescent répondre aux questions pour voir ce qu'il savait déjà faire ; et il s'avéra qu'il savait déjà faire… la base.

C'était déjà un très bon début.

Les adultes firent de leur mieux pour lui apprendre ce que les enfants de son âge (enfin, de l'âge de Sora) savaient ; leur protégé se montra très appliqué et plus attentif que son "double", quoique souvent frustré devant un problème irrésolu ou une ligne à copier qu'il n'arrivait pas à imiter. Il progressa assez rapidement pour un débutant, bien que son écriture maladroite fasse toujours enrager le chroniqueur un peu trop tatillon sur les bords.

Le reste du temps, l'adolescent l'utilisait pour s'entraîner seul dans leur salle d'exercices ou ranger sa chambre nouvellement aménagée. Cid avait été bien sympa de donner un coup de main, mais s'était montré assez déçu quand le garçon n'avait pas réussi à comprendre le fonctionnement des vaisseaux Gummi. Enfin bon, Roxas avait maintenant une chambre bien à lui ; un lit contre le mur gauche avec un coffre au pied, un bureau devant la fenêtre, une bibliothèque à gauche du placard et un large entassement de coussins tout le long du mur opposé, idéal pour s'allonger et ne rien faire. Il n'y avait pas beaucoup de décoration ou de bouquin sur les étagères, mais ça viendrait. En attendant, le garçon se sentait déjà un peu chez lui, malgré l'absence de coucher de soleil à la fenêtre et de clocher tintant régulièrement dans le lointain.

La Cité du Crépuscule manquait à Roxas… mais les fins d'après-midi qu'il passait avec Axel lui semblaient en tout point pareilles à celles qu'ils avaient vécues tous ensemble.

Le lendemain de son retour, l'adolescent était retourné à l'endroit où il avait trouvé son meilleur ami la veille, un peu machinalement. Le rouquin était là, attendant à la même place ; et au bruit de ses pas s'était retourné vers lui, dévoilant deux glaces bleues dans sa main. Le garçon avait souri et pris place à côté de son camarade, croquant dans le bâtonnet sucré-salé avec bonheur.

Roxas et Axel se retrouvaient ainsi tout les jours, à discuter de leur journée ou tout simplement à contempler le coucher de soleil. L'apprenti s'offusquait des cours que lui donnaient Donald et Dingo, arguant qu'il aurait tout le temps de se casser la tête au lycée une fois le compte de Xehanort réglé, et le garçon s'étonnait que lui et Kairi ne puissent pas faire autre chose que leur entraînement pour aider les Gardiens. Lea ne pouvait qu'être d'accord sur ce point, les missions lui manquant un peu malgré le danger inhérent.

Il vint un soir où, alors qu'il allait retrouver son meilleur ami aux remparts, le Porteur remarqua la présence de Kairi avec le rouquin et se cacha aussitôt dans l'ombre d'une ruelle. Elle ne voudrait pas le voir, et pourquoi en serait-il autrement ? Après tout, il avait bien volé la place de Sora le soir même où la Princesse voulait lui parler, sans compter ce qu'il lui avait fait le jour où Xehanort les avait tous attaqués. Il n'avait pas sa place près d'elle.

Et pourtant, alors qu'il les voyait s'éloigner vers les remparts, il ne put s'empêcher de ressentir une envie profonde de venir avec elle et Axel regarder le coucher de soleil tout les trois, comme… avant ?

Quelle idée stupide.

Ce fut également le même soir, ou plutôt jour, qu’une intrigante scène eut lieu au laboratoire du Jardin Radieux : Zexion avait demandé au jeune homme de venir effectuer un examen, l'errance dans l'Entremonde ayant pu accélérer son retour d'autant plus que les deux incidents n'étaient espacés que de quelques jours. Le scientifique avait demandé à l'adolescent s'il avait un quelconque souvenir des évènements, notamment ceux entourant leur dernier échange ou même de ce qu'avait vécu Sora ces dernières semaines. Roxas refusa d'entrer dans les détails ; mais il avait effectivement des souvenirs de quelques instants. C'était presque rien, surtout des impressions et des images floues mêlées de sons beaucoup trop instables pour vraiment les comprendre. Il avait beau y réfléchir aussi objectivement que possible, il ne voyait rien qui aiderait à comprendre ce qui leur arrivait à tout les deux.

Zexion, plongé devant l'écran dans sa pose du penseur, comparait ses réponses avec des données pré-enregistrées depuis un moment ; sans qu'il ne sache vraiment pourquoi, l'adolescent eut comme un pressentiment, alors que le scientifique se tournait vers lui :

- Hmm… Je ne vois rien de plus qui permette de savoir précisément la nature de vos échanges à l’heure actuelle ; mais je peux toutefois affirmer que rien ne paraît anormal suite à ton dernier "retour", Roxas.

Cette nouvelle fit soupirer de soulagement Donald et Dingo venus accompagner leur protégé, bien que ce dernier garda son regard rivé sur l’ordinateur, pensif. Tandis que l’ancien Numéro VI leur donnait congé, les lèvres du jeune homme articulèrent, presque malgré lui :

- Il reste des données de la Cité virtuelle ?

Un silence rencontra ses paroles. Puis le scientifique, visiblement sortit de ses pensées suite à cette demande surprise, fronça doucement les sourcils en posant la main sur le clavier :

- Oui, mais assez peu par rapport à la quantité initiale…

Le garçon sentit ses poings se serrer en même temps que son cœur, alors que Zexion pianotait quelques instructions :

- Ton ami Pence et moi sommes toujours en train de décrypter le programme de transfert qu’il avait conservé avant destruction, mais nous avons recueilli peu de données pour l’instant, ajouta-t-il tandis que des dossiers s’affichaient à l’écran. Néanmoins, nous avons eu plus de résultats avec notre récente tentative de décryptage interne avec Tron, bien que nous ayons dû arrêter prématurément pour ne pas risquer de l’endommager.

- Vous avez pu trouver de nouvelles données ? s’écria Donald pendant que ses camarades relevaient soudain la tête vers le scientifique.

- Effectivement, mais hélas aucune ayant de lien direct avec Sora ou toi, Roxas. Cependant… nous avons beaucoup de recherches concernant les forces qui gouvernent notre univers ainsi que sur les cœurs, et il se peut qu'elles nous permettent de résoudre votre situation, fit Ienzo en fixant l’adolescent de son unique œil visible.

La nouvelle sonna comme un étrange coup au cœur de Roxas ; la tristesse de savoir la quasi-totalité des données de la Cité perdues pour de bon se mêlait à l’espoir de trouver enfin une solution, une réponse à ces troublants échanges entre lui et Sora. Sans pouvoir l'empêcher, l'adolescent baissa la tête, ses poings auparavant serrés s'étant finalement relâchés comme n'ayant même plus la force de la rage. Devant sa gestuelle, le scientifique leva une main pour parler ; quand soudain un grand bruit fit bondir le trio. Tourné vers l'origine de l'explosion, Roxas entendit Zexion soupirer quelque chose avant que Vexen n'apparaissent en provenance du bureau, sa blouse blanche toute tachée de noir.

- Ienzo, j'ai besoin d'accéder à mes notes, dit-il sans même prêter attention au trio éberlué.

- Re-bonjour Even, fit l'adulte d'un ton mielleux, ne t'avais-je pas demandé de faire tes expériences dans ton laboratoire et non à côté de l'enceinte de l'ordinateur ? Et, toutes mes excuses, mais nous sommes justement occupé avec celui-ci, je te suggère d'enregistrer ta tentative de fusion d'un éclat ardent avec un éclat grondant un peu plus tard.

Le scientifique sembla enfin remarquer la présence du garçon et ses compagnons, tout deux serrés autour de lui dans une posture protectrice, et finit par faire demi-tour en bougonnant quelque chose avec "néophyte" dedans pendant que Donald et Dingo consentaient enfin à lâcher les épaules de leur protégé.

- …Qu'est-ce qu'il fabrique ? Des explosifs ? osa demander le canard.

- De la Synthèse, répondit simplement Zexion en se pinçant l'arrête du nez, consterné.

Le trio comprit qu'il valait mieux ne pas insister et reprirent rapidement le chemin du retour ; mais Roxas ne put s'empêcher de jeter un œil curieux à Vexen, s'affairant encore autour d'une marmite cramée.

- Roxas ! Tu viens ?

Sursautant à l’appel du magicien, le jeune homme emboîta enfin le pas de ses compagnons. Mais tandis qu’ils parcouraient les couloirs, guidés par Lexaeus les ayant attendus près des bureaux, le duo remarqua que le garçon traînait le pas, les yeux rivés au sol dans une profonde réflexion ; Dingo allait lui demander ce qui le tracassait quand l’adolescent releva soudainement la tête, l’air décidé :

- Rentrez sans moi, j’ai un truc à vérifier au labo.

Et sans plus attendre ses camarades, il tourna les talons et disparut dans les couloirs souterrains. Aeleus fit comprendre d’un hochement de tête qu’il s’occuperait de guider le jeune homme à la sortie avant de partir à sa suite, laissant les deux adultes regagner la ville seuls.

Dingo eut du mal à calmer Donald, agacé par la soudaine impulsion de Roxas, et encore plus lorsque les heures passèrent sans que leur protégé ne réapparaisse. Le magicien commençait à se demander s’il ne le faisait pas exprès pour échapper à ses leçon quotidiennes quand le jeune homme rentra enfin.

Couvert de suie des pieds à la tête. Et s’enferma aussitôt dans sa chambre, sans même expliquer quoi que ce soit excepté un lacunaire "Ça vous regarde pas", au grand dam de ses camarades inquiets (et pour certain exaspéré) envers lui.

Les journées se passèrent ainsi tranquillement, rythmées par les cours au vaisseau et les découvertes au Jardin Radieux… jusqu'à ce qu'arrive un évènement étrange, près d'une semaine après le retour de Roxas.


Le double de Sora bidouillait le Gummobile de son être d'origine avec difficultés, assisté par ses amis ; Cid et Ienzo lui avaient bien expliqué comment ça marchait, mais qu'est-ce que c'était compliqué ! Il avait bien quelques réflexes venant de Sora qui avait manifestement un peu plus d'expérience, mais tout le reste était dur à suivre. Et même Lea semblait plus à l'aise que lui avec ce machin, comment ils faisaient ?

L'adolescent martela encore plusieurs boutons en essayant de retirer la "caméra intérieure" de l'appareil photo, en ayant assez de voir les figures de ses amis et celle de Sora imitant ses grimaces de frustration ; quand soudain, Léon dont l'épaule était enfin guérie entra dans la salle commune et se tourna immédiatement vers lui :

- Roxas. Viens.

- …Pourquoi ? demanda l'adolescent sans quitter sa place, méfiant.

L'adulte le regarda un bref instant, ses yeux bleus acérés le dévisageant froidement ; puis déclara :

- Tu dois venir. Il se passe quelque chose à la forteresse.

Quelque chose qui concerne Sora.

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Quel évènement s'est-il bien passé pour que Roxas doivent se rendre à la forteresse ? Et en quoi cela concerne-t-il Sora ?

Axel des feuilles plein les mains : Qui veut parier un bingo sur ce qu'il s'y passe ?

Riku : …Axel, t'as rempli toutes les cases avec "Rien du tout".

Kairi : Ah non, y'en a juste une qui dit "Quelque chose qui n'a rien à voir avec l'intrigue principale" !

Squall-Léon, regardant l'apprenti se faire poursuivre par des grues en papier subitement apparues comme par magie : …J'en connais un qui a trop joué avec le feu…

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