Romance au championnat du monde de basket

Chapitre 12 : Soirée au Recital Karaoké

6875 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 16/12/2020 20:42

           Le bar nommé Récital Karaoké, avait été construit d’un rez-de-chaussée et d’un sous-sol. La première partie présentait le bar avec quelques tables et chaises pour les non-fumeurs qui voulaient rester loin de l’ambiance karaoké et au sous-sol, la partie dansante où les gens chantaient. Idéal pour ceux qui ne voulaient pas entendre des chanteurs qui braillaient à plein poumons énormément de fausses notes.

« Woaw ! C’est super beau ! s’écria Hayama.

—  On s’installe au sous-sol pour le karaoké ! insista Kise.

—  T’inquiètes ! C’est déjà réservé ! lui dit Alicia.

—  Taiga… Tu aurais pu proposer un autre endroit quand elle a proposé de venir ici, lui dit discrètement Himuro.

—  Ouais… Mais j’avais déjà choisi l’endroit précédent, c’était donc à son tour cette fois.

—  Tu n’as jamais su lui refuser quoique ce soit hein ? le charria le brun à l’œil caché.

—  Je sais… Je suis un faible… capitula Kagami. »

           La moyenne d’âge allait de dix-huit à vingt-cinq ans environs, et tous les styles vestimentaires se mélangeaient.

« Allez venez ! ordonna encore Alicia pour les entraîner au sous-sol.

—  Mais pour qui elle se prend pour donner des ordres comme ça ! râla Aomine. C’est une vraie manie chez elle ! »

           Il pensait à tout à l’heure quand elle l’avait obligé à courir comme un damné à travers tout le gymnase pour ne pas louper la deuxième mi-temps du match de Kagami.

« Allons Aomine ! Ça change des ordres d’Akashi non ? rit alors Kise.

—  Je t’entends je te signale, fit remarquer le jeune homme aux cheveux rouges.

—  Désolé, hihi… s’excusa maladroitement le blond.

—  Cela-dit, tu n’as pas tort Aomine… Je n’aime pas qu’on me donne des ordres, énonça-t-il de sa voix pincée. Mais comme c’est une fille plutôt jolie, je ne dirais rien. Puis après-tout on ne sort pas souvent tous ensemble alors tâchons de nous amuser ! »

‘’Même si l’endroit ne me siée guerre… se dit-il à lui-même habitué à plus de luxe.’’

           Kise fut soulagé de voir qu’Akashi avait pris à la légère sa réflexion et qu’il semblait pour une fois vouloir lâcher du lest. Alicia leur présenta la tablée posée contre une banquette d’une part et de pouffes d’autre part.

« Allez mettez-vous où vous voulez ! ordonna Alicia avant d’interpeler la serveuse. Cassie ?

—  Hey ! Alicia ! Taiga ! Vous êtes arrivés ! On ne vous attendait plus ! Mais vous ne deviez pas venir avec Virginie ? s’écria l’appelée.

—  Elle est dehors avec un ami, répondit la brune tout sourire. »

           Cassandra, ou Cassie pour les intimes, était une sublime serveuse au bonnet plutôt généreux qui manqua littéralement de décrocher les yeux d’Hayama qui n’en revenait pas de voir une fille avec autant de sex-appeal. Elle avait 25 ans et Kagami et Alicia avaient appris à la connaître à force de venir ici, au Recital Karaoke. Elle était brune avec un style assez « Dark ». Ses cheveux noirs, coupés en carré plongeant, sur un visage à la peau de porcelaine, offraient un regard sombre, mais son sourire maquillé d’un joli rouge à lèvre rose fuchsia apportait une touche de légèreté.

« Eh bien ! Qui sont toutes ses personnes ? demanda-t-elle à Kagami intriguée Laisse-moi deviner, des basketteurs !

—  Ouais… Je les ai rencontré lors de mon année de lycée au japon ! répondit-il sans trop de conviction. Ils sont ici pour participer aux championnats du monde.

—  Oh ! Et bien je ne pensais pas que les japonais pouvaient être aussi beaux, lui dit-elle discrètement. Je pensais que tu étais le seul, ajouta-t-elle en en lui adressant un clin d’œil. »

           Kagami devint rouge comme une tomate comme à chaque fois qu’une fille lui faisait du gringue.

« Eh bien Taiga ! Tu ne me présentes pas ? intervint Himuro de sa voix de velours. »

           Il enclencha immédiatement le mode charmeur : Un regard doux et bienveillant ainsi qu’un sourire en coin exprimant son assurance. Sa frange lisse qui cachait un de ses yeux, lui donnait vraiment un air mystérieux et la couleur gris clair un côté pétillant à la fois. Il portait un T-shirt moulant noir avec une tête de mort sous forme de fumée grise, rentré par le devant pour laisser apparaitre une ceinture sertie de clou plat ainsi que la boucle d’attache en argent. Son pantalon noir également avait des poches à fermeture éclair argentée elles aussi, sur des boots noirs au col retroussé. Sans oublier la chaîne identique à celle de Kagami avec son anneau gris accroché.

« Tatsuya Himuro, enchanté, dit-il plein de courtoisie.

—  Cassandra mais comme tu es un ami de Taiga tu peux m’appeler Cassie, lui dit-elle totalement sous le charme.

—  C’est un très joli prénom ! »

           Kagami n’avait jamais compris comment Himuro pouvait être aussi à l’aise avec les filles et d’une certaine manière il l’enviait pour ça. Après-tout, il avait vingt ans aujourd’hui, il n’était plus un enfant et ça lui arrivait de s’imaginer de sortir avec une fille, mais il était bien trop mal à l’aise avec ça, ce qui le rendait maladroit. Il se demanda s’il n’allait pas demander conseil à Himuro, vu qu’il était là. Comme il le considérait comme son grand frère, ça ne devrait pas paraître ridicule.

« Allez ! Je vais vous chercher les plateaux ! »

           La serveuse partit et Himuro passa son bras amicalement autour de Kagami.

« Ah ! Ça m’avait manqué les States tiens !

—  Kagami, tu crois qu’ils ont des Milkshakes ici ? retentit une voix derrière les deux pseudo frère »

           Encore une fois, Kuroko était apparu subrepticement par derrière, ce qui entraina deux sursauts nerveux de la part du roux et du brun.

« Putain ! Kuroko ! Je vais vraiment finir par avoir une attaque ! Préviens au lieu d’apparaître comme ça ! hurla Kagami.

—  Hein ? Je ne vois pas de quoi tu parles, j’étais là avant vous. Tu crois qu’ils ont des Milkshakes ici ? insista encore le petit jeune homme aux cheveux bleus.

—  Tu t’es cru où ! T’atterrit ou quoi ? On n’est pas dans un fast-food ! lui hurla dessus Kagami.

—  Et voilà ! cria une voix féminine. »

           Cassie étaient déjà revenue avec un grand plateau rempli de verres à shot, dans chaque main. Himuro vint aussitôt près d’elle pour l’aider à déposer un des plateaux sur la table. Il lui murmura quelque chose à son oreille en passant son bras autour de sa taille pour la tenir proche de lui. Le charme d’Himuro était clairement super efficace et Alicia ne pouvait s’empêcher de fixer la scène, pensive :

’Pfff… C’est vrai qu’Himuro est très beau… Puis il sait comment séduire une fille… Il a l’air d’avoir tout du petit ami idéal, enfin s’il était prêt à se caser. Car à mon avis, il pense plus à s’amuser qu’autre chose !’’

           Machinalement son regard se tourna vers Aomine assis à côté d’elle :

’Il est vraiment très beau lui aussi, mais pourquoi il tire toujours la gueule ? Quoique non, pas toujours. A bien y réfléchir, il était plutôt agréable tout à l’heure dans le gymnase. Puis je ne dois pas oublier que s’il n’était pas intervenu, ça aurait pu mal tourner avec ce Sanders. Je suis sûr qu’il a un bon fond’’

« Allez Tchin ! cria Kise. »

           Cela sortit immédiatement la jeune fille de ses pensées qui trinqua avec le groupe. Après deux shots bien corsés d’un alcool mentholé, Kise ajouta :

 « Les gars ! Un battle de karaoké !

—  Super ! Je te parie que je fais plus de points que toi ! cria le petit coéquipier blond.

—  Quoi ? Tu rêves mon petit Kotaro !

—  C’est ce qu’on va voir !

—  Attendez les gars ! les retint Kagami survolté par l’alcool qui lui était déjà monté à la tête. Moi aussi je suis un as du karaoké !

—  Quoi ? Vraiment mon petit Kagami ? s’étonna Kise.

—  Taiga, tu es sûr de ce que tu fais ? lui dit discrètement Himuro qui connaissait son niveau désastreux en chant.

—  Bien-sûr ! Go ! Je vais vous montrer qu’il n’y a pas qu’au basket que je suis le meilleur ! 

—  Attends un peu Taiga ! »

           Alicia s’était levée tellement brusquement qu’elle avait légèrement bousculé Aomine qui voulut l’engueuler mais elle était déjà loin vers Kagami.

« Tiens ! Met mon nom sur ce papier !

—  Quoi ? Oh non ! Tu ne vas pas participer ! râla Kagami.

—  Pourquoi ça ? Tu as encore peur de perdre ?

—  Quoi ! Ok ! Amenez-vous tous c’est moi qui vais gagner ! »

           Il partit en compagnie des deux blonds comme des gros bras qui allaient chercher la bagarre pour s’inscrire au concours.

« Alors ? Comme ça tu sais chanter toi ? dit Himuro qui posa son bras autour des épaules d’Alicia.

—  Non. Mais justement, c’est ça le secret. Pas besoin de s’appliquer et de savoir chanter dans un karaoké. Puis surtout quand c’est un système de point comme ça.

—  Ah ouais ? J’ai hâte de voir ça ! se moqua Himuro. »

           Kagami ouvrit le bal avec une chanson de rap américain. Seulement, dès le premier couplet, on l’entendit crier dans le micro. Les décibels avaient failli casser l’objet en plus des oreilles de toute la salle. Encore une fois, Kuroko était apparu aux côtés du roux pour chanter à tue-tête avec lui. Les yeux ébahis, il s’attendait à n’importe qui sauf lui. Il n’eut même pas envie de l’engueuler tellement il était abasourdi. L’alcool aidant, quand la musique reprit, c’était une ambiance bon enfant qui s’annonçait entre Kise, Hayama, Kuroko et Kagami.

« Tetsu ! dit ahurit Aomine.

—  Qui l’aurait cru ! s’exclama à son tour Akashi venu s’assoir près du bronzé.

—  Il m’étonnera toujours ! Sacré Tetsu, se dit-il à lui-même d’un ton affectueux »

           Et là, contre toute attente, le bronzé éclata de rire. Kuroko était survolté, et il ne l’avait jamais vu comme ça. Se prenant pour un rappeur américain, il affichait un sourire éclatant, clairement ravi de chanter et de danser avec ses amis. Alicia assise à côté d’Aomine n’en crut pas ses yeux. C’était la première fois qu’elle le voyait rire et elle trouvait cela vraiment trop touchant. Himuro la sortit alors de son admiration soudaine pour lui parler et ainsi la monopoliser. Aomine le remarqua et s’arrêta de rire pour reprendre une contenance.

« C’est agréable de le voir s’amuser comme ça hein ? ajouta d’un ton nostalgique Akashi à Aomine.

—  Ouais, ouais… C’est plutôt cool c’est vrai, répondit simplement le bronzé d’un air détaché. »

           Cassie revint comme un cheveu sur la soupe avec deux nouveaux plateaux de shots mentholés sous le regard désabusé de ceux restés à la table.

« Offert par la maison ! s’écria la serveuse en adressant un clin d’œil à Himuro.

—  Allez les gars à la nôtre ! cria ensuite le brun qui ne perdit pas de temps pour faire un premier cul sec. »

           Alicia le suivit de bon cœur, Akashi aussi mais avec plus de classe, comme si l’alcool n’avait aucun effet sur lui mais Aomine s’en passa. Le capitaine aux cheveux rouges l’incita à suivre le rythme car il voulait que son ailier fort se lâche un peu. Il sortait rarement, or, selon lui, c’était lors de ses sorties qu’on se construisait socialement. Aomine le comprenait et savait que son capitaine avait raison. Il obéit, sentant déjà la chaleur du liquide se répandre dans son organisme.

« Bon ! Sur ce, je vous laisse ! J’ai quelqu’un à aller voir ! s’exclama Himuro qui se dirigeait déjà vers Cassie la serveuse. »

           Le DJ appela ensuite Alicia à venir chanter la chanson de son choix. En entendant son nom, la jeune fut soudain survoltée. Elle était tellement motivée, qu’on aurait dit qu’elle allait participer à un marathon. Elle se servit un nouveau verre de l’alcool mentholé qu’elle but cul-sec, se leva de son pouf à côté d’Aomine pour réajuster sa jupe et son haut puis d’un air conquérant, elle regarda le Dj au loin et cria un « J’arrive » avant de s’élancer en trombe vers le micro.

           Cette attitude puérile eut le mérite de faire sourire Aomine.

« J’hallucine ou elle est aussi survoltée que lorsqu’elle m’a affronté pendant l’entraînement ? dit Aomine à Akashi.

—  C’est vrai que c’est une réaction légèrement démesurée pour un simple battle de karaoké, sourit le capitaine aux cheveux rouges. Mais bon, ça montre qu’elle a un côté chalengeuse. »

           Aomine le niait, mais c’était cela qui lui avait plu chez la jeune fille, la première fois qu’il l’avait vu à l’entraînement de basket. Chaque garçon avait chanté sa chanson et obtenu leur première note : Kise avait obtenu la note de 7/10, Hayama 5/10 et Kagami 6/10. Kuroko ne s’était pas inscrit au concours, il était seulement un très bon public. Le roux s’assit à la place d’Alicia à côté d’Aomine et fit face à la piste de danse pour regarder la prestation de son amie d’enfance et lorsqu’il lut le titre de la chanson à l’écran, il devint rouge comme une tomate.

« Quelque chose ne va pas Kagami ? Demanda Akashi assit en face de lui.

—  Elle commence avec cette chanson ! Elle est sans pitié ! râla alors le roux mauvais joueur.

—  Houuuuu… Intervint Kise qui connaissait le titre. Je crois que ta copine veut se mettre le public masculin dans sa poche ! rit Kise le bras autour de ses épaules.

—  La ferme ! C’est pas ma copine ! cria le roux en se dégageant de son étreinte. Et je vous préviens le premier qui la reluque je le défonce ! »

’C’est quoi leur problème ? se dit Aomine qui se retourna aussi face à la piste de danse curieux de savoir ce qui les amenait à de tels commentaires.’’

           Il eut la réponse quand il vit Alicia imiter à la perfection la chorégraphie d’un groupe de chanteuses américaines[1] connu pour leur côté sexy, mettant ainsi une ambiance de folie dans toute la salle. Son micro à la main et ses déhanchés rythmés faisaient qu’elle n’avait rien à envier aux idoles japonaises qu’Aomine et l’ensemble des garçons de la tablée affectionnaient tant. Plus il la regardait danser et chanter, plus il avait soif alors il se servit un verre de l’alcool mentholé sous les yeux satisfait d’Akashi, qui était content qu’il se lâche un peu.

           Finalement, le bronzé agréablement surpris ne loupa aucune miette de chaque pas de danse qu’accomplissait Alicia jusqu’à ce qu’entre deux couplets, la partie qui devait être chanté par un homme, était rappé par le Dj qui animait la soirée. Alors ils commencèrent un duo complice, qui ne plaisait pas du tout à Aomine. Légèrement irrité, il se permit de dire à Kagami qui avait le nez plongé dans son verre :

« Tu ne veux pas qu’on la reluque mais se trémousser avec ce gars ça ne te dérange pas ? »

           Le roux regarda de nouveau la piste de danse mais ne fut pas plus choqué que ça, alors il répondit :

« Oh lui ? Ça va ! C’est Will ! On le connaît bien. Ça fait partie de son travail, il fait ça avec tous les participants pour animer encore plus la soirée c’est rien. »

           Aomine se contenta de faire confiance à Kagami. D’ailleurs le passage de leur duo n’était pas très long alors il put profiter pleinement du talent et de la souplesse d’Alicia encore un peu.

’Eh beh… Elle a beau me taper sur le système, elle est grave canon ! se dit-il à lui-même’’

Kagami connaissait le côté pervers d’Aomine et voyait très bien ce qu’il se passait dans sa tête en regardant Alicia, alors il lui gronda d’arrêter de la mater puis une nouvelle dispute commença. La chanson finit, Alicia revint comme une fleur et s’écria à l’attention de Kagami :

« Et bim Taïga ! 8,5/10 ! »

           Telle une gamine, Alicia lui adressa un signe de V avec ses doigts en guise de victoire. Cela arrêta immédiatement la dispute.

« Ouais ça va… On a encore quatre chansons à choisir… bouda-t-il. »

           La prestation d’Alicia lui avait tellement monté à la tête qu’elle se servit un nouveau cul sec d’alcool et demanda à Kagami de se déplacer car sa place était à côté d’Aomine qui la regardait d’un air ahurit.

           Toute guillerette, une fois assise elle plongea son regard dans celui du bronzé.

« Et toi alors tu viens pas danser ? lui demanda-t-elle simplement.

—  Quoi ! Même pas en rêve ! se renfrogna-t-il.

—  Tu sais pas danser c’est ça ?

—  Quoi ? Mais c’est quoi ces questions ! râla-t-il en détournant la tête. »

’Eh bien ! Pas facile à dérider celui-lui, pensa Alicia qui était soudain d’humeur joueuse. Mais je crois qu’il n’y qu’un seul moyen pour attirer son attention.’’

« On se fait un petit challenge ? proposa la brune en passant du coq à l’âne.

—  Quoi ? dit Aomine étonné.

—  Celui qui rentre le plus de boules en une minute a gagné. »

           Elle vida le pot qui contenait des stylos et des feuilles sur la table, puis l’installa à une dizaine de centimètres d’eux.

’Elle se fout de moi ? C’est ridicule comme jeu ! se dit-il. Quoique, si ça peut permettre de lui montrer qui est le plus fort…’’

« Et le gagnant remporte quoi ? demanda Aomine.

—  Je sais pas on verra quand j’aurais gagné ! dit catégorique Alicia. »

           Devant sa mine assurée, il accepta finalement. Ravie, la jeune fille sortit son téléphone pour mettre le minuteur mais elle bloqua un instant sur son écran. Dubitative, elle se demanda qui avait bien pu essayer de l’appeler plus de vingt fois, sans laisser de messages et en numéro masqué.

« Bon alors ? Qu’est-ce que t’attends ? lui dit brusquement Aomine.

—  Hey ça va ! Ne sois pas si pressée de perdre !

—  Moi perdre ? Contre toi ? Laisse-moi rire ! Tu n’as déjà pas gagné sur le terrain !

—  Ça ? Ça n’est que partie remise ! »

           Enervée, elle ne pensa plus aux appels. Tous les deux remontés à bloc bien décidés chacun à gagner, ils commencèrent leur jeu. Aomine avait gagné avec une facilité déconcertante. En plus de bien viser, il avait été plus rapide à plier ses papiers en boule alors qu’Alicia avait fait preuve de beaucoup moins de dextérité. Trente-cinq boules de papiers contre vingt-cinq pour la jeune fille. Dégoûtée, elle demanda au bronzé ce qu’il voulait comme récompense et il lui répondit satisfait :

« Je ne sais pas encore. Je te le ferais savoir au moment venu.

—  Parce que tu crois qu’on va se revoir après ce soir ? lui dit-elle même si elle connaissait la réponse.

—  Tu as une revanche à prendre non ? Puis on ne sait pas de quoi demain est fait !

—  Sera ! reprit-elle brusquement pour l’embêter.

—  Quoi sera ? grimaça Aomine.

—  De quoi demain SERA fait ! Apparemment il n’y a pas qu’en anglais que tu as des lacunes ! »

           Elle se leva tellement vite pour s’éclipser aux toilettes, qu’il n’eut pas le temps de répondre. Frustré, il s’énerva alors mentalement :

’Je rêve où elle a insinué que j’étais idiot ? Ça fait quand même deux fois ce soir ! Et ce sourire c’était quoi ? Elle me narguait c’est sûr ! Elle se prend pour qui putain ! Mais…’’

           Il jeta un regard ahurit à ses jambes :

’C’est que ça m’excite en plus ! Oh et puis merde !’’

           Après avoir hésité quelques secondes, il décida d’arrêter de réfléchir. Il se leva et se dirigea lui aussi en direction des toilettes. Et ce fut au moment où Alicia refermait la porte une fois sortie qu’ils se croisèrent. Le regard furieux du bronzé la figea sur place. Elle eut immédiatement envie de s’excuser, car elle pensait qu’elle était peut-être allée trop loin et qu’il n’avait vraiment pas apprécier sa réflexion mais avant qu’elle n’ait eu le temps d’ouvrir la bouche, Aomine s’était déjà jeté sur ses lèvres en enlaçant fermement de ses mains son visage, pour l’embrasser fougueusement. Elle aurait voulu le repousser, mais le temps de comprendre ce qu’il était en train de se passer, elle se laissa aller et accompagna aussi son baiser.

           Aomine avait carrément disjoncter et laissait clairement parler cette pulsion sexuelle qui l’avait soudainement envahi. La seule chose dont il était conscient pendant qu’il l’embrassait, c’était qu’Alicia ne le repoussait pas, alors il continua son baiser langoureux, déplaça ses mains sur ses épaules et plaqua la jeune fille contre une des parois du couloir ainsi il eut l’impression de fondre son corps dans le sien, en espérant que ce simple geste lui permette de soulager un tant soit peu son érection déjà bien vive, mais c’était comme être coincé dans un cercle vicieux.

           En effet, plus il se collait à elle, plus sa virilité frottait contre ses hanches et plus il avait envie de tout enlever pour la posséder entièrement, ici et maintenant. Ses mains devenaient baladeuses tandis que la jeune fille, avait les siennes posées derrière sa tête. Ainsi le baiser était plus intense. Alicia était totalement soumise aux moindres gestes du bronzé qui commençait maintenant à dévorer son lobe d’oreille, son cou puis la base de sa poitrine entraînant en elle une multitude de bouffées de chaleurs exquises. C’était tellement bon et agréable qu’elle ne pouvait plus réfléchir non plus, les baisers d’Aomine étaient bestiales et tendres à la fois, chaque palpation de ses mains assurées déclenchait de délicieuses intonations de voix qui encourageait le bronzé à aller plus loin. L’alcool aidant, un tourbillon infernal mais exquis les avait happés tous les deux pour les entraîner au plus profond de son abysse, qui n’était que plaisir et sensualité, jusqu’à ce qu’une voix dépourvue de toute intonation les stoppe net.

« Excusez-moi, mais j’aimerais passer. »

           Aomine se figea et s’écarta d’Alicia laissant soudain un grand vide. Il pesta ensuite contre Kuroko.

« Putain ! Tetsu ! Tu le fais exprès ou quoi ?

—  Mais non ! J’étais aux toilettes, il fallait bien que je sorte puis ça commençait à devenir gênant, répondit le petit jeune homme d’un ton neutre.

—  Comment tu fais pour être aussi déroutant, je te jure ! Bin vas-y passe ! lui ordonna-t-il ensuite en lui laissant l’espace nécessaire. »

           Le jeune homme passa l’air toujours impassible. Cependant, avant de disparaitre complètement de leur champ de vision, il s’adressa à Aomine :

« Ne t’inquiète pas, je n’en parlerais pas. »

           Puis il s’éclipsa le plus naturellement du monde, laissant le couple complètement pantois. Alicia essayait de se donner une contenance convenable tout en retrouvant doucement ses esprits. Aomine de son côté, qui lui tournait le dos, respira un grand coup avant de lui faire face. Sa pulsion s’était totalement évanouit et il ne savait plus quoi dire ou faire. Agacé, il finit tout de même par articuler quelque chose :

« Chui désolé, je ne sais pas ce qu’il m’a pris… Tu m’as trop énervé voilà ! »

           Il savait qu’il aurait pu choisir une phrase moins puérile, mais il était trop mal à l’aise, alors la seule solution qu’il avait trouvé était de fuir. Il se dirigea donc vers la sortie. Alicia ne savait plus où se mettre, et s’en voulait de ne pas l’avoir remis à sa place ou simplement repoussé. Elle n’aimait pas être à la merci de qui que ce soit et surtout pas d’un garçon comme lui. Il dégageait déjà tellement d’assurance, qu’il n’avait pas besoin de savoir à quel point il pouvait lui faire tourner la tête.

           Elle alla se passer un coup d’eau sur le visage avant de rejoindre les autres quand à l’intersection qui menait à la salle de chant, elle croisa Virginie et Kiyoshi.

« Ah bin vous êtes là ! dit Alicia en affichant un sourire que son amie avait tout de suite décelé de faux.

—  Teppei, tu peux les rejoindre sans moi ? J’ai un truc à demander à Alicia. »

           La brune ne manqua pas, le petit geste de la rousse sur le bras du japonais ainsi que l’énonciation de son prénom.

« Ah ? Je vois que ça avance bien avec ton géant aux grandes mains ! la charia-t-elle gentiment. Tu l’appelles par son prénom !

—  Oui, il m’a expliqué que Kiyoshi c’était trop informel pour lui. On a discuté de tellement de chose ! Je crois que je suis bien mordue, lui répondit-elle ravie.

—  En tout cas, c’est le signe que tu lui plais ça c’est sûr ! Je suis contente pour toi. »

           Alicia trouvait ça trop mignon et encore une fois, comme si elle n’était plus maîtresse de ses sentiments, elle pensa à Aomine. Son air devint alors légèrement morose.

« Bon et toi ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Tu m’as l’air toute chamboulée ?

—  Quoi ? Mais non ça va ! Rien de bien grave ! Allez ! Allons s’amuser on s’est quasiment pas vu de la soirée ! Ca te dit un petit duo ? »

           Alicia décida de laisser ses états d’âme au placard et entraîna son amie. Virginie quant à elle, savait que si quelque chose tracassait sa copine et qu’elle ne voulait pas en parler sur le moment, il ne fallait pas la brusquer. Elle en parlera quand elle le voudra.

           Une fois arrivées en salle, tout le groupe s’affairer sur la piste de danse, au son d’une musique du nom de Despacito[2], les filles ne se firent pas prier pour rejoindre cette joyeuse troupe. Kiyoshi avec son sourire béat s’improvisait danseur latino avec un déhanché qui laissait beaucoup à désirer. Kagami tentait des pas de danses de style hip-hop qui ne collait pas du tout avec la musique tandis que Kise et Hayama s’étaient lancé dans une battle ridicule. Akashi quant à lui, avait trouvé une cavalière à qui il enseignait des vrais pas de danse latino. Il offrait ainsi une danse digne de cette émission de télé appelé « Danse avec les stars ». Les filles les rejoignirent pour profiter de ce qu’il restait de la soirée et décidèrent d’ajouter une nouvelle chanson au concours auquel participait Alicia.

***

           Aomine était sorti prendre l’air. Pensif, il était adossé contre le mur en pierre de la bâtisse, sa jambe fléchis contre le mur et la tête qui fixait le ciel.

‘’Pfff… Pourquoi il faut toujours que j’agisse comme un connard ? En même temps, qu’est-ce que j’aurais dû faire ? C’est la première fois que je fonce tête baissée pour embrasser une fille. D’habitude ce sont elles qui me supplient presque pour obtenir mes faveurs, et j’aime ça. Alors que là, j’avais l’impression que c’était moi qui étais à sa merci. Ça m’énerve !’’

« Ça va ? »

           C’était Kuroko qui une nouvelle fois était arrivé sans qu’Aomine le voit. Ce dernier était tellement tracassé, qu’il n’avait même pas sursauter. Kuroko était vraiment la seule personne avec qui il n’arrivait pas à être dur et avec qui il s’autorisait à être vulnérable. Il l’estimait beaucoup ce petit jeune homme aux cheveux bleu clair alors il décida de mettre de côté son humeur morose :

« Ouais…

—  Tu n’en as pourtant pas l’air. C’est cette fille je suppose.

—  Pff… On ne peut vraiment rien te cacher Tetsu… répondit-il ironique.

—  Tu parles. C’était pas difficile à deviner.

—  Attends Tetsu, tu rougis ?

—  Quoi ?

—  Si, si tu rougis ! Est-ce que par hasard, avoir insisté à une telle scène t’aurait un peu émoustillé ! commença à se moquer Aomine.

—  Ne change pas de sujet, insista Kuroko qui gardait son sérieux. Si elle te plait, pourquoi tu ne lui dis pas simplement ? »

           Aomine se mit alors à rire devant tant de naïveté avant de souffler :

« Ahhhh… Tout paraît toujours si simple avec toi Tetsu… Mais ça n’est pas comme ça que ça marche ! Il faut que ça vienne d’elle ! Si je lui plais, c’est à elle de me le montrer ! C’est fini le temps où les hommes faisaient le premier pas ! conclut-il l’air conquérant. Puis je ne sais même pas ce qu’il m’a pris de l’embrasser de toute façon.

—  C’est vraiment stupide ce que tu dis, répondit simplement Kuroko.

—  Quoi ? Tu me traites de stupide c’est ça ! s’emporta soudain Aomine.

—  Exactement. Il n’y a pas de règle pour ça. Si la fille est aussi têtue que toi, tu n’es pas prêt à te trouver une petite copine.

—  Tsss… De toute façon je n’en veux pas de petite copine ! Pourquoi je me prends la tête ? Je vais me jeter tête baisser dans le championnat, on va s’entraîner sans relâche et puis ça me passera !

—  Ok. Si tu veux.

—  Tu es vraiment déroutant Tetsu ! »

           Affectueusement, Aomine passa son bras sur les épaules du petit joueur de basket et le taquina en ébouriffant ses cheveux avant de rejoindre les autres.

           La soirée se finit sur une victoire écrasante d’Alicia au karaoké. Avec Aomine ils ne s’étaient plus calculés de la soirée. Il était donc 2h du matin quand le groupe un peu éméché, sortit du bar.

 « Alica ! Je veux ma revanche compris ! s’exclama trop jovial Kise en passant son bras sur ses épaules.

—  Ça va la colle pas comme ça ! intervint Kagami survolté lui aussi.

—  Je crois qu’on a tous un peu trop bu, rit négligemment la brune.

—  Ne vous inquiétez pas les gars, intervint Akashi, le taxi ne va pas tarder à arriver, dit-il tel un preux chevalier.

—  Woaw ! Akashi tu es aussi efficace que sur un terrain de basket ! cris Hayama à ses oreilles en tapant un peu trop énergiquement dans son dos. »

           Les yeux du capitaine aux cheveux rouges s’écarquillèrent subitement de surprise. Tous ses coéquipiers se turent, attendant une réaction explosive de ce dernier. Ce n’était pas une façon de faire avec Akashi à qui on devait le respect sous toutes ses formes. Alors après avoir retenu leur souffle quelques instants, Hayama le premier, le capitaine se mit finalement à sourire. La soirée se finit donc sur bonne note.

« Kagami ? dit ensuite Akashi qui tendit sa main pour serrer celle du roux. Merci beaucoup pour cette soirée.

—  Mouais… De rien… C’était plutôt sympa, répondit-il gêné en se grattant l’arrière de la tête.

—  Les gars je vous laisse hein ! On se revoit demain ! lança Himuro qui partait avec la serveuse Cassandra pendu à son bras.

—  Le coach risque de ne pas apprécier, dit Akashi.

—  Oh ! On ne dira rien n’est-ce pas ? Intervint Kise.

—  On verra, dit le capitaine toujours énigmatique. Sois revenu avant midi je te prie ! cria-t-il ensuite à l’attention d’Himuro. »

           Le brun à l’œil caché leva le pouce en l’air tout en continuant sa route. Pendant que le groupe se disait au revoir, Alicia ne pouvait s’empêcher de chercher du regard Aomine, mais il était tellement têtu qu’il faisait vraiment tout pour l’éviter. Cela la rendit un peu triste sur le coup. Kiyoshi et Virginie quant à eux, s’étaient un petit peu isolé du groupe.

« Bon et bien j’ai passé une excellente soirée ! commença Kiyoshi.

—  Moi aussi ! Tu ne peux pas savoir comme ça m’a fait du bien ! s’exclama la rousse souriante.

—  Tu es d’accord pour qu’on se revoie ? Je t’inviterais au restaurant cette fois !

—  Si tu veux, ça sera avec plaisir. »

           Kiyoshi prit la veste que la rousse tenait sous son bras pour lui passer autour des épaules. Et affectueusement il lui susurra à son oreille :

« Couvres-toi, je ne voudrais pas que tu attrapes froid. »

           Puis il colla un simple baiser sur une de ses joues qui fit mentalement décoller Virginie du sol jusqu’à ce que Kagami vint à lui pour lui dire que le groupe l’attendait.

« Tiens ? C’est toi qui la raccompagnes ? demanda Kiyoshi.

—  Oui pourquoi ?

—  Oh non rien ! Je sais qu’elle est entre de bonnes mains.

—  Mais oui t’inquiètes !

—  Allez à plus ! »

           Figeant son regard bienveillant et souriant dans l’esprit de Virginie, il s’éloigna pour rejoindre les autres.

« Tu vois Aomine, dit doucement Kuroko, tu devrais prendre exemple sur notre Senpai.

—  Oh la ferme Tetsu… »

           Alicia et Aomine partirent donc chacun de leur côté totalement dépité, car chacun s’en voulait de ne pas avoir pris leur courage à deux mains pour se dire clairement les choses.

 

[1]    The Pussycat Dolls ft Snoop Dogg “Buttons”, 2006

[2]    Luis Fonsi “Despacito”, 2019

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