Romance au championnat du monde de basket

Chapitre 14 : Une chère connaissance

3729 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 16/12/2020 21:11

Il était 15h pile quand Akashi arriva devant le Fox Plaza. Ce gratte-ciel de 150m de haut, comportait 35 étages et avait un style post-moderne[1]. Il était très connu pour être le siège du 20th Century Fox, un studio de film renommé de Los Angeles.

           Mr Fujikawa, un célèbre promoteur immobilier japonais, habitait au 34ème étage, là où le président des Etats-Unis, Ronald Reagan avait lui-même séjourné. C’était avec lui que voulait s’associer Mr Akashi car il avait pas mal d’idées de rénovation concernant le gymnase Staples Center, dont Mr Fujikawa était propriétaire.

           Devant l’énorme gratte-ciel, Akashi paraissait bien petit et fut tout de même impressionné par cette bâtisse tellement différente de celles de son pays. Habillé d’un costume italien de couleur violine, il avait opté pour une chemise rouge et une cravate rayée dans les tons violines et rouges, pour faire ressortir l’accessoire. Sa veste de costume fermée, il avait glissé un mouchoir en soi rouge aussi qui formait un liserée propre au-dessus de la couture de sa poche. Il avait également choisi de porter un chapeau borsalino assorti à la couleur de son costume afin de mettre en valeur ses cheveux et ses yeux de couleur rouge flamboyants. C’était clair qu’Akashi en plus d’être un très beau jeune homme, était très classe.

           Il rentra dans le building pour annoncer sa présence. La dame de l’accueil resta bouche bée devant autant de prestance pour un si jeune homme. Elle était pourtant plus âgée, la trentaine tout au plus, mais voilà, Akashi savait inspirer le respect de partout où il allait, et dégageait une aura plutôt oppressante. Mais dès qu’il ouvrit la bouche, il parla d’une façon tellement courtoise avec un timbre de voix pincé mais pleine de charme, que la dame de l’accueil reprit une contenance pour annoncer son arrivée à son patron. Elle lui donna l’autorisation de rejoindre l’ascenseur, puis de se rendre au 34ème étage.

           En sortant de l’élévateur, une seule grande porte se trouvait sur sa droite, il s’y rendit et sonna. Une autre dame, très âgées cette fois, probablement l’intendante, l’accueillit.

« Bonjour, madame, dit Akashi en enlevant son chapeau tout en inclinant sa tête.

—  Bonjour Mr Akashi. Entrez ! Je vous en prie. »

           L’appartement était gigantesque. La salle de séjour était illuminée par de grandes baies vitrées qui offraient un beau panorama sur la ville de Los Angeles. Akashi pouvait même voir l’océan au loin, mieux valait ne pas avoir le mal de mer. Il s’assit sur le grand canapé en velours en face d’une table basse élégante et qui faisait office de mini-bar. L’intendante lui proposa alors de boire quelque chose et il choisit un thé. Clairement dans son élément, il prit facilement ses aises en s’adossant au canapé, ses bras le long du dossier et ses jambes croisées, puis il attendit toujours en contemplant les lieux, jusqu’à ce que ces yeux bloquent sur une table de Shogi. Akashi adorait ce jeu et n’avait encore jamais perdu. D’ailleurs, en plus de son talent pour le basket, il aspirait à devenir joueur professionnel de Shogi. Voir ce jeu le projeta mentalement dans son pays natal.

           Après une dizaine de minutes, à imaginer une partie dans sa tête, le temps de déguster sa boisson, Mr Fujikawa apparut en face de lui. Il se leva avec classe et s’inclina face à son interlocuteur qui fit de même. C’était un homme imposant tant par sa carrure que par sa prestance. Les cheveux grisonnants gominés en arrière et un bouc taillé à la perfection, quelques rides d’expressions bienveillantes campaient sur le coin de ses yeux et de sa bouche. Un air angélique qui ne pouvait qu’inspirer confiance.

« Alors, comme ça Tanaka a envoyé son fils à sa place. J’espère qu’il n’est pas souffrant ? lui demanda-t-il sincèrement inquiet.

—  Non, ne vous inquiétez pas. Je viens passer quelques temps ici à Los Angeles, alors disons qu’il a décidé de joindre l’utile à l’agréable. Mais sauf votre respect, comment savez-vous que je suis son fils ?

—  Votre père ne vous a pas dit ? Je connaissais très bien votre maman, et vous êtes son portrait craché, lui dit-il avec beaucoup de respect. »

           Effectivement, son père avait omis ce détail. De toute façon, depuis que sa mère était morte, son père avait tout fait pour oublier tout ce qui avait un rapport avec elle. Il lui en voulait d’ailleurs beaucoup pour cela. La réflexion sur sa ressemblance avec sa mère le toucha, mais il resta impassible.

—  Enfin, si votre père n’est pas souffrant, ça me rassure. Mais êtes-vous au courant de toute l’affaire ?

—  Bien entendu.

—  Parfait ! Venez dans mon bureau je vous prie nous y serons plus à l’aise pour discuter. »

           Akashi s’assit au bureau de Mr Fujikawa, et fut tout de suite attiré par la photo d’une petite fille aux cheveux rouges, aussi flamboyant que les siens. Soudain, plusieurs souvenirs d’enfance lui revinrent en mémoire :

 

           C’était un jour de printemps. Lui âgé de 6 ans et une fille de 4 ans, jouaient ensemble au bord d’une rivière tandis que leurs mamans papotaient et buvaient le thé. Tous les deux avec des cheveux rouges, le garçon avait les yeux de la même couleur, tandis que la fille avait les yeux arc-en-ciel.

« Sei-Kun ! criait la petite fille après le petit garçon.

—  Tu ne m’attraperas pas ! répondait ce dernier avec un sourire éclatant.

—  Tu vas voir ! Je vais t’avoir… Aïe ! »

           La petite fille tomba et s’égratigna le genou. Sans pour autant hurler elle se mit à sangloter. Le petit garçon vint alors près d’elle, calme et rassurant, et sortit son mouchoir en tissu qu’il alla mouiller à la rivière avant de l’attacher au tour du genou de la petite fille.

« Voilà c’est fini Dia-Chan. »

           La petite fille serra alors le garçon dans ses bras, soulagé de retrouver le sourire chez son amie.

           Dans le deuxième souvenir qui suivit, Akashi avait 7 ans. C’était peu de temps avant la mort de sa mère. La même jeune fille, âgé alors de 5 ans, lui criait dessus car il avait gagné au jeu des chevaux. Les deux enfants se disputèrent un cours moment, jusqu’à ce qu’Akashi lui dise :

« Dia-Chan, tu as perdu cette fois-ci, mais peut-être que la prochaine fois tu gagneras ?

—  Hmmm… geignit la petite fille aux yeux arc-en-ciel. D’accord Sei-Kun ! »

           Puis une nouvelle fois, la fillette se jeta dans ses bras pour le serrer contre elle.

           La voix de Mr Fujikawa sortit soudain Akashi de ses pensées :

« Tu dois sûrement te rappeler de ma fille, Diana ?

—  Bien sûr, répondit-il avec assurance malgré son désarroi.

—  Comme toi elle a bien grandi. Elle étudie pour devenir médecin plus tard et a 18 ans maintenant.

—  C’est un très beau métier, se contenta-t-il de répondre quelque peu chamboulé par les souvenirs de sa mère. »

           L’entretien des propositions et directives à suivre pour la bonne marche du partenariat commença. Mr Fujikawa était non seulement impressionné par l’assurance que dégageait ce petit bout d’homme mais aussi par la connaissance qu’il avait du sujet. Quand il l’écoutait parler, il avait la même façon intelligente de s’exprimer que sa défunte mère, sa ressemblance avec elle pour un fils était très troublante pour le patriarche qui avait aimé cette femme en secret il y a de ça très longtemps.

           Au bout d’une demi-heure, l’affaire était conclue. Akashi quitta alors la pièce, différents documents sous la main, accompagnée de l’intendante quand en regardant en direction de la table de Shogi, il y vit une jeune fille assise qui débutait une partie seule. Pour lui il n’y avait aucun doute, cette fille aux cheveux aussi rouges que les siens ne pouvait être que Diana. Quand elle leva la tête, il reconnut ses beaux yeux arc-en-ciel qu’il aimait tant regarder quand il était petit.

           Postée derrière la table de Shogi, la fille avait levé les yeux pour saluer le client avec qui son père avait rendez-vous. Quand elle croisa son regard flamboyant, le sien s’écarquilla d’émotion. Elle murmura doucement son prénom, et se leva de sa chaise pour se diriger vers lui. La bienséance japonaise dans les familles riches, voulait qu’on se salue d’un simple signe de tête dès passé l’âge de 16 ans, alors respectueux l’un et l’autre de leur valeur, c’est ce qu’ils firent, mais l’émotion dans leurs yeux valaient toutes les accolades du monde. Akashi finit par ouvrir la bouche :

« Bonjour Diana, comment vas-tu ? Ça fait un bail hein ?

—  Sei-Kun… répondit-elle pensive avant de reprendre. Oui ça fait un bail. »

’Son sourire est toujours aussi beau, pensa le jeune homme.’’

« Je vois que tu aimes toujours jouer au Shogi, lui dit-il d’un sourire bienveillant.

—  Oui. Depuis que tu m’as appris à y jouer je m’entraîne sans relâche pour espérer te battre un jour ! Et je ne pensais pas te revoir un jour ici à Los Angeles.

—  Madame, intervint l’intendante. Voulez-vous que je vous installe de quoi prendre un thé ou un café ?

—  Eh bien, peut-être que Sei-Kun a des choses à faire, je ne sais pas ?

—  J’ai encore un peu de temps. Si tu es d’accord j’aimerais jouer au Shogi avec toi. Et si ça ne vous dérange pas bien-sûr madame, ajouta-t-il à l’intention de la gouvernante.

—  Bien sûr que non Mr Akashi, je suis là pour servir Mademoiselle. Je vous apporte un plateau.

—  Merci Martha, dit la jeune fille. Et je serais ravi de jouer avec toi Sei-Kun. »

           Tous les deux se dirigèrent vers la table de jeu. Pendant ce petit laps de temps, Akashi en retrait se permit discrètement de regarder sous toutes ses coutures, son amie d’enfance qui avait bien grandit depuis. Il put ainsi contempler de dos sa silhouette élancée, vêtue d’une jolie petite robe turquoise. Une fois installés en face sur la table de Shogi, il en profita cette fois pour contempler chaque trait de son visage et constata que Diana était tout simplement sublime.

           Sa bouille enfantine avait laissé place à un joli minois de jeune fille. Ses cheveux mi-longs de couleur rouge était lissé à la perfection et encadrait avec grâce un visage au petit nez retroussé et aux yeux en forme d’amande parfaite. Sans compter, la parure de bijoux qu’elle portait. Elle l’avait sélectionnés et disposés avec soin sur ses oreilles et son cou, lui apportant un style impérial qui faisait chavirer le cœur du jeune capitaine aux cheveux rouges. Et la cerise sur le gâteau, c’était la poitrine généreuse de cette dernière qui marqua immédiatement son esprit. Mais Akashi cachait très bien son jeu, et même s’il était clairement ébloui par la beauté de Diana, il continuait de garder une attitude naturelle.

« Je t’en prie, tu peux commencer, dit gentiment le jeune homme. »

           Durant la partie, entre deux mouvements de pions, les deux amis d’enfances se remémoraient les quatre cents coups qu’ils faisaient ensemble étant enfant. En fait, c’était principalement Diana la casse-cou et Akashi quant à lui la suivait dans ses bêtises pour la protéger si besoin. Le sujet concernant la mort de la mère d’Akashi ne fut pas mentionné. Les deux amis préféraient parler de ce qui leur étaient arrivés depuis leur séparation, causé par le déménagement de Mr Fujikawa, ici, aux Etats-Unis. Tous les faits et gestes de Diana étaient méticuleusement analysé par Akashi. Ainsi, c’était comme s’il lisait en elle comme dans un livre ouvert, et tout ça en jouant brillamment au Shogi. Il comprit alors quel genre de fille elle était devenue, et que son caractère bien trempé et son dynamisme étaient restés intacte.

« Tu ne te débrouilles pas trop mal dis-donc, dit affectueusement Akashi.

—  Eh oui Sei-Kun ! Je t’ai dis que je m’étais beaucoup entraîné.

—  Hmmm… Je vois que tu utilises enfin ma stratégie que tu trouvais trop… Méchante ? C’était comme ça que tu l’appelais si je me souviens bien ?

—  Oui et aujourd’hui je la qualifierais plutôt de… Subtile…

—  C’est exactement ça. Il faut toujours avoir des coups d’avance.

—  Alors ? Qu’est-ce que tu viens faire à Los Angeles ? demanda Diana sans quitter le jeu des yeux.

—  Je participe au championnat du monde de basket.

—  Félicitations. Mais tu ne voulais pas devenir champion du monde de Shogi ?

—  L’un n’empêche pas l’autre. Echec et mat ! finit-il par énoncer avec respect.

—  Quoi ? C’est impossible ! »

           Elle regardait en long et en large la table de jeu, en espérant qu’il se trompe et qu’elle pouvait encore jouer un coup, mais non. Akashi avait bel et bien gagné la partie. Il regarda ensuite sa montre.

« Excuse-moi, mais je dois y aller… Mon coach et mon équipe m’attendent pour visionner un des matchs du championnat ce soir.

—  Oh ? Déjà… dit Diana déçue. »

           Akashi remarqua qu’elle avait quand même conservé sa bouille enfantine.

« Je ne connais pas en avance mon emploi du temps, mais on s’échange nos numéros de téléphone si tu veux ? J’aimerais beaucoup te revoir… Tu pourrais venir voir un de mes matchs ?

—  Ça sera avec plaisir Sei-Kun ! son sourire angélique fit sauter un battement à son cœur.

—  Parfait ! Tiens. »

           Il sortit son portable pour enregistrer le numéro de Diana. Il lui fit alors une sonnerie afin que le sien s’affiche en retour.

« Je te souhaites de passer une belle soirée, Dia-Chan, dit-il affectueusement en se courbant pour prendre congé de la belle »

           Pendant qu’il descendait les 34 étages par l’ascenseur, Diana ne quittait plus ses pensées et beaucoup de souvenir heureux lui venaient en tête. Une fois dehors de l’immense building, il appela un taxi mais il aperçut une jeune fille en pleure, la tête enfouie dans ses mains et les coudes posés sur ses jambes. Assise sur un banc devant un bâtiment bancaire, il pensa la reconnaître alors il s’approcha de cette fille. Une fois à sa hauteur il n’y avait plus aucun doute :

« Alicia ? demanda-t-il. »

           La jeune fille sursauta au son de cette voix familière et s’essuya très vite les joues pleines de larmes. Surprise de voir qui était son interlocuteur, elle se reprit pour lui répondre simplement :

« Tiens ? Bonjour…

—  Ça ne va pas ?

—  Euh… Un petit coup de blues c’est rien. »

           Akashi détecta tout de suite que ça n’était pas que ça. Au premier abord elle était triste c’était évident tout le monde pouvait le voir, sauf que si on approfondissait l’analyse de son comportement, sa transpiration et sa respiration plus rapide ressemblaient clairement plus à de l’anxiété qu’à un simple « coup de blues ». De nature avenant malgré son apparente froideur, il se permit de s’assoir à côté d’elle après avoir eu son accord.

« Je ne veux pas paraître indiscret, mais tu as l’air d’avoir bien plus qu’un coup de blues. »

           Alicia ne répondait pas. C’était vrai qu’elle avait accepté qu’il s’assoit, mais c’était surtout parce qu’elle ne voulait pas être désobligeante. Voyant qu’elle ne répondait pas, Akashi insista :

« Est-ce que je peux aider ? »

           En fait Alicia ne savait pas quoi répondre, parce que si elle ouvrait la bouche pour raconter quoique ce soit, elle savait qu’elle partirait en crise d’angoisse et elle ne voulait pas qu’Akashi assiste à cela.

« Ecoute, je ne te force pas à me parler. Par contre, j’insiste soit pour te raccompagner chez toi soit pour que tu appelles un ami qui vienne te tenir compagnie. »

‘’Rho ! Mais de quoi il se mêle ! pensa Alicia agacée.’’

« Désolé si je me mêle de quelque chose qui ne me regarde pas, mais je n’aurais pas l’esprit tranquille si je te laisse seule ici comme ça, répondit-il catégorique comme s’il avait lu dans ses pensées.

—  Ok, répondit-elle encore plus agacée par tant de clairvoyance. Alors ramène-moi chez moi., dis-je sèchement.

—  Parfait ! »

           Satisfait, il appela alors un taxi. En l’attendant, Alicia restait silencieuse bien décidée à ne dire à personne ce qu’il se passait. Elle avait été mise dans un pétrin malgré elle et pour n’impliquer personne elle devait s’en dépatouiller seule. Alors tout le long du chemin dans le taxi, elle se contentait de regarder par la fenêtre de la voiture, le cerveau en ébullition.

’Hm…, réfléchit Akashi. Elle n’est pas du tout ouverte à la discussion, elle a le regard vague et en même temps elle n’arrête pas de se triturer les mains. Sa respiration est de temps en temps saccadée et rapide, quelque chose lui fait peur c’est évident. Mais quoi ?’’

« Je le vois que tu as peur, lui dit-il simplement.

—  Pardon ? dit Alicia qui sortit soudainement de ses pensées.

—  Je le vois bien que quelque chose te fait peur. »

’Comment il sait ça ? C’est carrément déconcertant. Je n’ai qu’à lui dire que ça ira car quelqu’un m’attend chez moi’’

« Je pense que personne ne t’attend chez toi, tu vas te retrouver seule, tu ne veux pas appeler quelqu’un ?

—  Ça ira ! dit sèchement la jeune fille. Pardon, je ne devrais pas te parler comme ça alors que tu cherches juste à m’aider, reprit-elle. Je rencontre un problème c’est vrai mais c’est sans gravité. Je suis de nature à m’inquiéter pour rien c’est tout, d’accord ?

—  Hm… Très bien. »

           Akashi avait compris que ça ne servait à rien de chercher plus loin. Il avait bien cerné Alicia et elle était têtue, alors il savait qu’elle ne dirait rien de plus. Le taxi s’arrêta enfin devant l’immeuble où habitait la jeune fille. Elle était prête à s’enfuir à toute jambes, mais elle remercia quand même Akashi avant de descendre se réfugier chez elle. Le capitaine aux cheveux rouges rentra ensuite à l’hôtel rejoindre son coach et son équipe pour regarder le match.

Laisser un commentaire ?