De l'ombre à la lumière

Chapitre 2 : Ce qu'apportent nos choix.

4962 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 05:43

II. Ce qu’apportent nos choix.

 

Il devait être aux alentours de 13h lorsque Riko et Hyuga quittèrent le hall du centre commercial pour prendre la direction du gymnase communal. L’un comme l’autre marchaient silencieusement, leurs pensées occupées par le récent départ de Kuroko, sa lettre et la rage folle qui depuis, ne quitte plus Kagami. Il leur restait environ un mois avant la reprise des cours et quatre avant le début des qualifications pour la Winter Cup. Kuroko reviendra t-il vraiment ? Cette question flottait en permanence dans la tête de la brunette. 

Finalement, après une bonne vingtaine de minutes de marche, ils parvinrent au gymnase où le reste de l’équipe les attendait. Les salutations furent brèves et le rire qui, d’ordinaire, faisait office de fond sonore au coeur de l’assemblait, laissa place à un étrange silence. Kagami, dont on pouvait presque palper la tension et l’énervement, semblait ne pas avoir fermé l’oeil depuis une semaine…

Riko finit par ouvrir la salle et, dans un sourire se voulant rassurant mais ferme, commença les habituelles recommandations.

- Débutez l’échauffement, aujourd’hui j’ai prévu un programme spécial afin que chacun d’entre vous, comme durant .. le camp sauvage, se focalise sur sa faiblesse. Les exercices seront différents, je vous en dirais plus une fois que Kiyoshi et Izumi seront là.

A peine eut-elle finit que les deux retardataires pointèrent le bout de leur nez. Kiyoshi arborait un sourire serein, s’étirant nonchalamment avant d’attraper la coach par le bras.

- Bonjouuur Riko-chan !

- Hoy, lâche moi !

Exécutant la demande de la demoiselle, il finit par se tourner vers Kagami, dont la mine affreuse qui, d’ailleurs, se retrouvait, atténuée certes, chez les autres joueurs, lui arracha un long soupire. Comprenant de quoi il en retournait, il s’avança vers lui et, lui posant la main sur l’épaule, lui dit ce qu’au fond, il souhaitait sûrement entendre - comme sans doute le reste des personnes présentes.

- Allez Kagami-kun, ressaisis toi ! S’il nous a dit qu’il reviendra, croyons en lui. Je suis sûr qu’il a ses raisons tout comme je suis sûr qu’il tient à nous et qu’il espère qu’on s’entraîne dur ! Car c’est ce qu’il fait de son côté, tu vas quand même pas le laisser prendre de l’avance hein ? C’est notre ami et notre coéquipier, alors… Ayez foi en ses choix !

Kagami se sentit miraculeusement mieux, arborant la seconde suivante un sourire franc. Son sempai voyait certainement juste… Kuroko devait avoir des raisons, au delà du fait de devenir plus fort, pour être ainsi partit… Même si cela l’attriste et le met en colère, oui, il doit respecter son choix. Puis s’il leur a promis de revenir, il reviendra. Brandissant le poing en l’air, il beugla un espèce de cri de guerre avant de déclarer, haut et fort…

- ENTRAINONS NOUS ! Qu’il soit fier de nous, que nous soyons fiers de lui !

- YOSSHH ! s’exclamèrent les autres, en coeur.

Riko et Hyuga se jetèrent un bref regard. Eux aussi venaient de reprendre confiance.

 

 

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Une semaine avant cela…

 

Kise regarda sa montre avant de tirer une grimace, embêté. S’il ne se dépêchait pas plus que cela, il serait en retard à son train ! Saisissant sa veste au vol, il quitta sa maison en trombe. De là il courut jusqu’à l’arrêt de bus et par chance, il y en avait justement un sur le point d’arriver. 

- Je descend à l’arrêt de la gare nord.

- Bien, voici votre ticket.

- Merci !

Jetant un rapide coup d’oeil aux places disponibles, il sursauta à la vue d’une silhouette familière et… effrayante. Au fond, à la banquette, Akashi était assis, regardant au travers de la vitre, sans intérêt certain, les rues et passants défiler. Le blond hésita un court instant et finit par le rejoindre, le saluant d’un sourire éclatant.

- Akachichiiiii ! Cela fait un bail, je suis content de te voir ! Je peux m’asseoir ? demanda t-il, alors déjà assit à ses côtés

Le concerné tourna légèrement la tête en sa direction, affichant une mine mi-effrayante, mi-joviale, mi-mesquine. Ah, il n’avait pas changé…

- Bonjour Ryouta.

- Où te rends tu ainsi ? Si ce n’est pas trop indiscret.

- A la gare.

- Ooooh moi aussi !

Akachi esquissa un bref sourire, traduisant sans doute le fait que, partager son trajet avec son ami, ne lui plaisait pas des masses. Il n’avait pas réellement envie de converser. Kise dût s'en rendre compte mais ne s’arrêta pas pour autant.

- Tu as un train à prendre ?

- Non, je dois chercher un membre de mon équipe, il revient de Kyoto.

- Ah.. J’ai une séance photo dans un village pas loin, ça m’embête un peu de prendre le train maintenant alors que je pourrais m’entraîner…

Les lèvres d’Akashi s’étirèrent, son regard devint plus lumineux.

- Mh, vous vous entraînez pour la Winter Cup ?

- Oui ! Toi aussi non ?

- Oui. A la place de ton capitaine je ne t’aurais pas laissé ce temps libre d’ailleurs.

Kise déglutit, un peu coupable.

- C’est sûr..

Leur conversation s’acheva dès l’arrivée du bus en gare mais il ne se séparèrent pas pour autant. Le hall n’était pas très vivant pour une fin d’après-midi. Peu de trains étaient attendus.

Kise suivit son ancien capitaine jusqu’au quai où il devait attendre son joueur, après tout, il avait encore une demie heure à tuer ! Lui qui pensait être en retard… Buvant bruyamment fabrique de jus de fruit fraîchement achetée, il dévisagea discrètement le rouge. Il était toujours aussi intimidant et effrayant.

- Ryouta, ne bois pas si bruyamment !

- Haa.. pardon.

Tous deux se dirigèrent vers un banc non loin lorsqu’ils se stoppèrent net, la surprise imprimée au visage. Un garçon aux cheveux bleus y était assis, un sac de voyage à ses pieds.

- Kuro…kochi ?

L’interpelé leva les yeux vers ses ex coéquipiers, également surprit de les voir, avant de baisser à nouveau la tête.

- Bonjour Akashi-san, bonjour Kise-kun.

Une étrange atmosphère flottait dans l’air. Akashi, pressentant que quelque chose clochait, prit place aux côtés du jeune homme, un air amusé et curieux peint sur le visage. Il ne l’avait pas vu depuis presque six mois et ressentait, bizarrement, toujours ce même désir de le brutaliser, de le pousser dans ses retranchements, de le voir l’implorer du regard.

- Tetsuya, tu m’as l’air bien triste.

Le bleu n’osait pas le regarder, il ne pouvait tout simplement pas maintenir son regard ni même lui parler sans que sa voix ne trahisse le malêtre qu’il ressentait en sa présence. Cela a toujours été ainsi… Il est le seul à lire en lui comme dans un livre ouvert, à percer son âme et cela le terrifie. Il le terrifie.

Fort heureusement Kise reprit la parole, le soulageant d’une réponse à donner.

- Tu fais quoi ici Kurokochi ? Tu n’es pas censé être au camp sauvage avec ton équipe ? Midorimachi m’a dit qu’il devait le partager avec vous. D’ailleurs ça l’énerve beaucoup je crois, ah ah ah !

Kuroko esquissa un bref sourire, se forçant à faire disparaître l’image de ses amis, souriants et enjoués, qu’il avait quitté dans la matiné.

- C’était notre dernier jour et j’ai des choses à faire.

- Ah je vois…

Kuroko sentait le regard d’Akashi sur lui. Il se pinça les lèvres avant de saisir son bagage. Le train venait d’arriver, par chance.

- Au revoir Kise-kun ! Au revoir Akashi-san..

Sans attendre de réponse, il gravit les marches menant jusqu’au train et disparut dans un des wagons. Kise resta perplexe. Il ne pouvait s’empêcher de trouver le comportement de son ami étrange. Il n’avait pas eu la même expression que de coutume.. On aurait dit qu’il était comme perdu, absent.

Son regard se leva sur le panneau d’affichage tandis que le train filait déjà au loin. Ses yeux s’écarquillèrent.

- Qu’est ce que..

Akashi le toisa, indifférent.

- Qu’y a t-il ?

Son regard ambre trahissait son état perturbé. 

- Ryouta ?! Réponds moi je te prie.

- Le train..

Akashi haussa un sourcil.

- Le train que Kurokochi a prit.. Il a pour destination Kyu…shu..

Le rouge jeta un oeil au panneau d’affichage avant de se relever, visiblement tout aussi perturbé que son conjoint. C’est alors qu’ils entendirent un cri au loin et qu’ils distinguèrent finalement un géant au cheveux rouges courant en leur direction. Il s’agissait de Kagami. Ni une ni deux, il percuta le blond de plein fouet ce qui lui arracha un grognement nonchalant.

- Kise ?! 

- Kagamichi, fais attention merde !

Sans prêter attention à sa victime, il dévisagea son accompagnant aux cheveux rouges avant de froncer les sourcils. C’était lui le fameux capitaine de la Génération des miracles alors.. Sa réputation était justifiée car il dégageait vraiment une aura effrayante. Cependant il n’avait pas le temps de le défier ou quoi que ce soit. Arrivait-il trop tard ?

- Chercherais-tu Tetsuya ? s’enquit Akashi, retrouvant son air cynique et amusé. Il est partit il y a cinq minutes hélas.

- Tssk..

Kise dévisagea alors Kagami. Il était à un stade de colère plutôt horrifiant. Quelque chose clochait donc bel et bien.

- Quelque que chose ne va pas Kagamichi ?

- Kuroko nous a quitté.

- HEIN ?

- Dans la lettre qu'il nous a laissé, il se disait être un poids pour nous. Il veut s’entraîner de son côté et revenir une fois qu’il sera, fermant les yeux, … digne d’être à nos côtés. Sérieux.. Quel idiot !

- Mais...

- J’aurais dû le remarquer.. depuis notre défaite contre Tôhô, il se comportait bizarrement. Il serra les dents. C’est de ma faute !

- Mais c’est… impossible..

Un silence emplit de surprise et de consternation prit place entre les trois individus. Le blond, subitement muet, pencha la tête de côté jusqu’à ce qu’Akashi finisse par lever les yeux aux ciels, étirant plus largement son sourire.

- Haa.… Un poids… Intéressant…

Cela ne manqua pas d’agacer Kagami qui se fit violence pour ne pas lui en coller une. Au lieu de cela il tourna les talons et s’en retourna d’où il était venu, sans au revoir, les poings serrés dans ses poches.

Kise sortit de sa stupeur et se tourna vers son ami, dans l’attente d’une explication, comme s’il eut été un Dieu au courant de tout.

- Akashichi, dis, tu le crois ça ? Kuroko ne laisserait jamais tomber son équipe pour s'entrapiner dans son coin... Ce n'est pas son genre...

Ses yeux se posèrent une seconde fois sur le panneau d’affichage.

- Et … surtout pas pour retourner chez son père.. Je ne peux pas y croire..

Le rouge haussa les épaules, plongé dans ses pensées.

- Je suppose qu’il a ses raisons. Cependant, marquant un temps de pause, je ne serais pas surpris que Tetsuya ait eut une conversation avec Daiki après le match et qu’il en  a résulté son changement soudain. 

- Aominechi ?! Tu crois que… 

- Je ne crois pas, je suppose.

- Mh… Si c’est le cas, si c’est par ce qu’il lui a dit d’horribles choses que Kurokochi est partit chez son père… Je le buterais.

Akashi leva les yeux vers son conjoint. Il était sérieux. Bien moins chevaleresque que lui, il se contenta d’hausser une seconde fois les épaules, l’air agacé. La décision de Tetsuya d’ainsi quitter son équipe pour devenir plus fort le rendait plus curieux qu’autre chose.  Qu’Aomine soit impliqué ou non, ce n’était pas son problème. Il n’avait plus eut à faire à lui depuis leur départ du collège et cela ne lui posa jamais de soucis, au contraire. A dire vrai, Akashi a toujours vu en Aomine une gêne. Une gêne entre lui et son jouet préféré…

Cependant, il ne pouvait se voiler la face. Que Tetsuya ait laissé son équipe, cela l’amuse. Qu’il l’ait laissé pour retrouver son père, cela… l’inquiète.

 

 

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Tetsuya sortit du train le coeur lourd et l’estomac noué. Cela devait faire quatre ans qu’il n’était pas revenu dans sa ville natale et il n’y serait pas revenu si les choses avaient été différentes.

Basculant son bagage sur son dos, il zieuta à droite, à gauche, jusqu’à voir un taxi libre non loin. Il s’engouffra dans le véhicule le plus rapidement possible avant de se caler plus confortablement contre la portière droite. Le trajet jusqu’à chez lui est d’une vingtaine de minutes.

Fixant son reflet dans la vitre, il se mit à songer à des milliers de choses. Son départ d’abord. Et si l’équipe ne lui pardonnait pas, et si elle ne l’autoriserait plus à revenir ? Et Kagami, il devait le haïr à présent. Une larme coula le long de sa joue. Comme il aurait aimé rester à leurs côtés. Un soupire s’échappa de ses lèvres.

Il repensa alors à Aomine, à ses mots. Son estomac se noua un peu plus. Il reverra son équipe, oui, lorsqu’il sera fort et capable d’aider les autres. Lorsqu’il sera capable d’aider ceux qui l’ont aidé au collège… Si Tetsuya s’acharne tant à vouloir ranimer la flamme dans le coeur de ses anciens camarades, c’est bien par ce qu’il le leur doit.

Avant de les rencontrer, il n’existait pas, il n’était rien. Avant de les rencontrer, il ne savait pas ce que voulaient dire les verbe aimer, sourire, apprécier, jouer, rire… Ils les lui ont apprit, jour après jour. Et aujourd’hui, c’est eux qui ont besoin de les réapprendre. 

Le visage d’Akashi lui apparut alors. Il se pinça les lèvres. Il est le seul qui ne changea pas depuis le collège, le seul que Tetsuya ne comprend pas. 

Le taxi finit par arriver à bon port. Le garçon reprit ses esprits et la réalité le frappa de plein fouet. Il distingua le portail de sa maison. Son coeur se mit à battre de plus en plus fort.

- Tenez, voilà l’argent. Au revoir et merci.

- Merci p’tit gars, au revoir !

Il suivit du regard la voiture s’en aller jusqu’à ce qu’elle disparaisse au carrefour plus haut. Inspirant profondément, il s’engagea dans l’allée menant à sa maison. Ouvrant le portail, dont il se souvenait qu’il n’était jamais fermé, il s’arrêta devant la porte.

 

Sa main s’arrêta à quelques centimètres de la sonnette. La nausée le prit. Il ferma les yeux et finit par appuyer.

Le bruit clair traversa la villa toute entière et la porte s’ouvrit sur une jeune femme vêtue d’un habit de domestique. A la vue garçon, elle ne put retenir un petit cri d’étonnement avant d’adopter un regard choqué et… déconcerté. 

- Jeune maître Kuroko.. ? Que… Vous êtes revenu ? Pourquoi ?

- Bonjour Sayuri-chan. Oui. Pourrais-je entrer ?

La jeune femme resta un instant encore bouche bée avant de se ressaisir et de s’incliner respectueusement.

- Pardonnez-moi. Entrez, je vais vous annoncer à votre père…

- J’aimerais que tu annonces ma venue à Adam-sempai d’abord, s’il te plaît.

- Ha ? Oui, bien sûr.

Tetsuya s’avança un peu plus dans le hall tandis que son ancienne gouvernante disparaissant dans une autre pièce. La décoration avait légèrement changé mais le sentiment qu’il ressentait alors était le même qu’il a toujours ressentit en ces lieux : un malaise profond.

Il déposa son sac de voyage à terre, soupirant longuement avant de percevoir le clappement de semelles vernies contre le marbre. Le seul point positif à être revenu, c’était bien le fait de pouvoir le revoir.

- Bonjour, Adam-sempai, je suis heureux de vous voir.

L’homme apparut plus clairement suivit de la domestique. Vêtu d’un élégant costume gris sombre, les cheveux coiffés en arrière. toujours si élégant… Il avait tout de même prit un léger coup de vieux. Il s’arrêta, sous le choc, avant de se précipiter vers lui, le saisissant aux épaules.

Tetsuya ! Les larmes lui montèrent aux yeux. Pourquoi ?! Pourquoi es-tu revenu ? Il ne fallait pas ! Tetsuya, pourquoi ?!

Le garçon lui adressa un sourire tendre, plongeant son regard azur dans le sien, inquiet.

- J’ai besoin de vous sempai. Il n y a que vous qui puissiez m’aider.

- Qu’y a t-il ?

- Je vais vous l’expliquer, mais avant cela, il se tourna vers la jeune femme, Sayuri, annonce moi à mon père s'il te plaît.

La jeune femme courba l’échine avant de disparaître une nouvelle fois. Adam toisa le garçon, son inquiétude ne disparaissant pas.

- Sempai, j’ai besoin que vous m’entrainiez au basket.

L’homme ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortit. Il se pencha pour distinguer plus précisément le visage de son jeune ami. Il ne plaisantait pas.

- Tetsuya… Es-tu réellement revenu pour cela ? Sérieusement ?

- Oui, mes motivations sont sincères, j’ai vraiment besoin de devenir plus fort au basket et vous êtes le seul à pouvoir m’aider.

Adam croisa les bras, perplexe, avant de soupirer. Ce devait être très important ou très grave pour qu’il se soit décidé à venir lui demander de l’aide tout en sachant qu’il devrait affronter son père.

- Je t’aiderais bien sûr, mais j’attends de meilleures explications !

Le garçon mima un oui d’un geste de la tête, étirant son sourire plus largement. 

- Enfin… Il faut d’abord que tu persuades ton père… Et je doute qu’il acc..

- Je sais.

Sur ces derniers mots, Sayuri revint, indiquant qu’il pouvait la suivre jusqu’au bureau. Sa nausée réapparut subitement et il sentit ses jambes trembler légèrement. Adam passa alors une main dans ses cheveux, prenant place à sa suite.

 

 

L’odeur du cigare chaud se faufila dans ses narines lorsqu’il entra dans la pièce bordée d’étagères remplies de livres. Elle était exactement telle que dans ses souvenirs. Peu éclairée, tapissée de tableaux aux couleurs chaudes dont les couleurs rappelaient celles de l’immense tapis recouvrant le parquet vernis.

Il distingua alors son père, entouré de deux de ses hommes, assis dans son fauteuil de cuir, le cigare en main. Son coeur loupa un battement. Leur regards se rencontrèrent… 

- Bonjour Tetsuya, cela faisait longtemps, dit-il calmement.

- Bonjour Père.

D’un geste, il intima à ses hommes et à la domestique de sortir, permettant à Adam de rester.

- Que me vaut ton retour à la maison ? T’aurais-je manqué ? Il esquissa un sourire narquois. Je ne pense pas.

L’interrogé déglutit, ne quittant pas les prunelles de son père.

- Je souhaiterais que vous me laissiez m’entraîner au basket avec Adam-sempai les quatre prochains mois. 

L’homme écrasa son cigare avant d’éclater d’un rire amer. Kuroko sentit son sang se glacer.

- Eh bien, eh bien. Si sérieux pour quelque chose de si ridicule. Tetsuya, je me demande parfois si tu es réellement mon fils. 

- S’il vous plaît père, c’est important, continua t-il d’un ton plus confiant. Je suis faible et je ne veux pas être un handicap pour mon équipe. Plus que cela… Je dois à tous prix gagner la Winter Cup. Adam-sempai est le seul à pouvoir me rendre plus fort. S’il vous plaît.

Le quinquagénaire ferma les yeux, son sourire s’amenuisant légèrement. Il ne pouvait croire que son fils puisse être à ce point sérieux à propose d’un simple jeu. Cela l’amusait tout en l’agaçant. Il s’avança alors en sa direction avant de poser une main sur son épaule. 

- Je t’y autorise. Seulement, j’ai quelques conditions. 

Tetsuya baissa les yeux, pressentant que les conditions en question ne seraient pas agréables. Inspirant profondément, il poursuivit d’une voix terne.

- Celles que vous voudrez père.

- Je ne te transfèrerais pas dans le lycée de la ville, tu devras suivre les cours ici. Aussi, je fixerais moi même les horaires de ton entraînement. A l’issue des quatre mois, tu pourras retourner au près de ton équipe. Que tu gagnes ou perdes la Winter Cup m’est égale mais je veux qu’après celle-ci, tu reviennes vivre ici.

Tetsuya sentit ses yeux s’humidifier, ses dents se serrer.

- Tu intègreras l’équipe de basket locale et tu participeras à deux matchs par mois ce qui t’en feras huit au total. Si tu perds un match… Je choisirais une sanction adéquate. Une lueur de sadisme fila dans ses yeux.

Adam observa le garçon du coin de l’oeil, se demandant encore intérieurement quelle folie l’avait amener à revenir.

- Est-ce clair Tetsuya ?

- Oui père, je ne vous désobéirais pas.

Après quoi, il quitta la pièce, le laissant lui et son ancien tuteur pour regagner sa chambre au deuxième étage. Les deux hommes s’observèrent un moment.

 

- Yamamoto-san… Ne soyez pas trop dur avec lui, je vous en prie.

- Adam, tu l’as toujours trop couvé, c’est de ta faute s’il est si frêle. Il est mon seul hériter et je l’aurais, un jour ou l’autre, rappelé à mes côtés. 

- Il n’a pas envie de devenir un Yakuza, pourquoi tenez-vous tant à ce qu’il le soit… Ce n’est qu’un gosse, il a le droit de s’amuser, de vivre une vie de lycéen normal.

- Il a assez eu de bon temps. Enfin, il m’étonnera toujours. Désirer à ce point devenir plus fort, pour un simple jeu… C’est amusant.

Adam poussa un soupire exacerbé, désespéré par le comportement de son chef. Il n’est définitivement pas fait pour être père. Il ne fit jamais rien pour aider son fils, ne lui donna pas même l’once d’une preuve d’amour ou quelque chose pouvant y ressembler. C’était, selon lui, « contraire aux principes d’un yakuza ». Quand certains parents emmenaient leurs enfants au Zoo ou à la patinoire, Yamamoto enseignait à Tetsuya l’art de manier le sabre ou de tirer à bout portant. Adam eut peur, pendant longtemps, que le garçon finisse par prendre goût à cet environnement mafieux. Fort heureusement ce ne fut jamais le cas… Au lieu de cela, il se replia sur lui même ce qui désola fortement notre homme. Enfin, jusqu’à ce qu’il le vit partir pour de nouveaux jours, plus heureux et vivants, au près de son oncle. Dans les lettres qu’il reçut de sa part, les premiers mois, il découvrait avec émerveillement que son protégé se faisait des amis, prenait goût à la vie, jouait au basket, sortait le week-end.

 

Adam salua son chef avant de quitter le bureau, refermant la porte derrière lui pour finir par s’y adosser. Il contempla le plafond.

- Est ce vraiment un bon choix Tetsu.. d’être revenu..

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