Le Géant de Sucre et la Poupée de Feu

Chapitre 18 : La Violente réalité

2901 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 04/08/2018 01:39

La soirée se finit sur des notes joyeuses, et bien que Kise ne réussit pas à savoir ce qui s'était passé entre Yumi et Atsushi, le jeune homme était largement satisfait de sa soirée. Il avait réussit à réunir tout ses amis, et ça relevait du véritable exploit. Tel un cupidon, il aimait organiser ses soirées où s'exprimait la folie adolescente.

En parlant de folie adolescente, Murasakibara avait nécessité l'appel d'un chauffeur pour raccompagner le petit groupe à l'hôtel, il n'était ce soir qu'une grande masse inerte.

Le lendemain matin les élèves de Yosen reprirent la route pour le nord du pays à une heure tout aussi matinale qu'à leur arrivée. Yumi pris place à côté de la coach qui restait tout aussi silencieuse qu'elle, l'ambiance était décidément moins légère qu'au départ malgré l'écrasante victoire de l'équipe.

Atsushi restait aussi muet laissant parler Tatsuya tout seul. Il ne se sentait vraiment pas bien à cause du bus et avait un sacré mal de crâne à cause de la soirée d'hier. Il avait la désagréable impression que son cœur et son estomac se disputaient la place pour savoir qui le ferait le plus souffrir.

Arrivant en milieu d'après midi à Akita, la coach choisit de faire un petit discours à son équipe avant que chacun ne se quitte.


« Je tiens à vous féliciter, vous avez été à la hauteur. La Winter Cup n'a qu'à bien se tenir car cette année elle est pour nous. Cette victoire n'est pas une raison pour vous laisser aller néanmoins, nos adversaires ont pris en niveau d'une année à l'autre, et si nous voulons les écraser, il va falloir redoubler de travail. L’entraînement reprendra dès demain, essayez de vous reposer. »


Ce discours fut suivi d'un acquiescement général, plein de détermination et de fierté. Mais avant la fin de ce discours entraînant, Atsushi avait déjà disparu, il ne rêvait que d'une chose, aller se coucher et surtout oublier cette soirée où il savait qu'il avait blessé Yumi.

Une fois entouré de sa rassurante muraille de Légo, il s'écrasa contre son lit. Il était vraiment dans un état particulier, Tatsuya disait que cela s'appelait « la gueule de bois », très désagréable. Son mal de tête lui rappelait inlassablement la soirée.

Pas réellement conscient de l'importance même de ce qu'il avait pu dire ou faire, Atsushi se rendait quand même compte qu'il avait vécu quelque chose d'important et agréable. Il avait tant aimé parcourir son corps de poupée de ses longs doigts de géant. Tout son corps l'avait réclamée, comme la meilleure des friandises, de façon primaire, de façon vitale. Ces sensations étaient nouvelles pour lui, il n'arrivait pas bien à les accorder dans sa tête, ni à les raccorder avec sa réalité. Mais le fait étant qu'il aimerait tant, même dans son état actuel, avoir la chance à nouveau, de vivre ce genre de moments.


« Je devrais peut-être l'appeler... » Murmura le géant d'un air absent.


Du bruit provenant de l'entrée sortit le jeune homme de sa rêverie, un bruit violent. Atsushi bondit plus alerte que jamais et trouva sa grand-mère inconsciente, le téléphone à la main.


« Grand-mère ! » Éclata-t-il en prenant la vieille dame dans ses bras. « GRAND-MERE ! »


Se saisissant immédiatement du téléphone pour appeler les secours un détail arrêta son geste, la ligne était déjà occupée.


« Allo ! Madame vous m'entendez ? Allo ? »


« Allo. » Répondit Atsushi haletant. « Ma grand-mère vous parlait, qui êtes vous ? »


« Je suis vraiment désolé votre grand mère doit être sous le choc, c'est l’hôpital Sabanji, nous venons de recevoir votre grand-père aux urgences. »


La nouvelle arriva tel un tremblement de terre, soudain et effrayant. Une secousse sismique au cœur et à la réalité qui se brisait soudain. Ne réussissant pas encore à organiser les éléments, Atsushi savait qu'il devait immédiatement s'occuper de sa grand-mère.


« Si vous êtes de l’hôpital envoyez vite un médecin ma grand-mère vient de tomber, elle ne me répond plus... A l'aide... »


« Nous arrivons tout de suite je vous envoie une ambulance. »


Atsushi serra fort la femme qui l'avait élevée dans ses bras, elle qui lui avait donné l'amour et la protection d'une mère. Et son grand-père dont il ignorait toujours tout de l'état.


« C'est pas possible... »


Étouffé par les événements, recroquevillé tel un enfant apeuré, il se mit à suffoquer. Il ne savait absolument pas comment gérer la situation, ses pensées lui échappait. Il caressait inlassablement les cheveux de sa fragile parente, avec douceur, du bout des doigts comme si il risquait de la briser.

Une fois que les secours furent arrivés, tout alla très vite, les médecins prirent la vieille femme en charge. Permettant au jeune homme de monter dans l'ambulance, Atsushi se retrouva vite seul dans une salle d'attente remplie d'inconnus.


« Monsieur Murasakibara ? » Demanda une infirmière en s'approchant du jeune homme.


« Madame. » Répondit-il en se levant promptement. « Comment vont mes grands-parents ? »


« Il y a eu un braquage dans une épicerie un peu plus tôt dans la journée et votre grand-père a été passé à tabac. Plusieurs hématomes inquiétants à la tête sont à constater et de violents coups à l'abdomènes ont provoqué une hémorragie interne, il est encore en salle d'opération. Je suis désolé. »


Atsushi réalisait peu à peu ce qu'il se produisait, c'est avec peur qu'il continua à interroger l'infirmière :


« Et ma grand-mère ? »


« J'ai constaté dans son dossier médical qu'elle a un cœur très fragile. Une telle nouvelle l'a forcément secouée. Nous ne pouvons pas encore nous prononcer sur son état mais nous allons faire notre possible. »


Cette phrase acheva Atsushi qui se rassit, assommé. Comment la réalité pouvait-elle être aussi cruelle ? La vie lui avait déjà pris ses parents encore enfant, et désormais elle s'attaquait à ses bienfaiteurs... Ces pauvres gens qui ne faisaient que le bien autours d'eux, se retrouvaient soudain écrasés par le destin.


« Jeune homme... » S'adressa l'infirmière d'un air bienveillant, lui posant une main sur l'épaule. « Vous devriez appeler vos parents. »


L'air désarmé d'Atsushi servit de réponse à l'infirmière.


« Vous ne devriez pas rester seul, les nouvelles pourraient mettre du temps à arriver. Nous allons faire notre possible pour aider vos grand-parents. »


Murasakibara se saisit de son téléphone portable, il avait plusieurs messages:

« From : Tatsuya,

T'es partis avant la fin du discours ? T'as tant mal à la tête que ça haha. Essaye de te reposer ! :) Et peut-être que tu finiras par me raconter la soirée d'hier ! :P »


« From : Yumi-chan,

Salut Atushi... J'ai pas envie qu'on reste en froid enfin je veux dire que tu ne m'as pas blessée hier. J'étais juste un peu secouée. On se voit lundi ! Fais attention à ta blessure :) »


« From : Yumi-chan,

Ah... Et pour ce que je t'ai dis je sais pas si tu t'en souviens... Enfin j'ai trop peur de te le répéter en face... Je t'aime. J'attendrai que tu comprenne, j'aimerai juste avoir une réponse un jour ! Mais pendant ce temps je serais là pour toi ! »


Atsushi appuya machinalement sur la touche d'appel, c'était à sa poupée à qui il voulait parler.

Yumi, allongée dans son lit, pensive sursauta quand son téléphone sonna. Son cœur fit un bon quand elle vit le nom du géant s'afficher.


« A... Allo ! »


« Yumi-chan... » Murmura-t-il d'un air vide.


« Atsushi ça va ? »


« Je sais pas Yumi-chan, je suis à l'hôpital. »


« Quoi ! Mais qu'est-ce qui t'es arrivé ? »


« C'est pas moi. Ce sont mes grand-parents. » D'une voix brisée.


Atsushi s'apprêtait à poursuivre mais fut coupé par la poupée de feu.


« Dis moi à quel hôpital tu es j'arrive tout de suite ! »


Yumi enfila vite son manteau et sauta sur son vélo. En dix minutes à peine elle avait réussit à s'y rendre, c'est haletante qu'elle arriva à l'accueil des urgences.


« Excusez moi est-ce que vous auriez vu un jeune homme très grand ! »


L'agent d’accueil lui pointa le siège d'Atsushi qu'elle n'avait pas vu dans la panique. Elle se précipita vers lui et le prit dans ses bras, le sortant de sa torpeur.


« Raconte moi tout ce qui s'est passé. »


C'est d'un air triste et un peu vide que le jeune homme tenta de regrouper ses pensées pour reconstituer un récit. Tout était allé si vite...


« Ça va aller... Tes grand-parents sont des battants j'en suis sûre. »


Yumi resta ensuite silencieuse, ne cherchant pas à faire parler le géant qui ne lâchait pas sa main. Au bout d'un moment, Atsushi finit par s'assoupir sur sa frêle épaule. Il se réveilla immédiatement quand une infirmière commença à s'approcher, en sursaut.


« Calme toi Atsushi je suis là. »


C'est avec déception qu'il vit l'infirmière continuer son chemin vers quelqu'un d'autre.


« Je vais devenir fou... » Lâche-t-il en se prenant le visage dans les mains.


Cette image brisait le cœur de la jeune fille, mais elle se devait de rester forte si elle voulait l'aider. Elle se leva et fit ce qui lui semblait le plus utile et le plus réconfortant au moment présent, elle se dirigea vers le distributeur automatique et en fit tomber un pack de bonbons et une barre chocolatée.


« Tiens ça te fera du bien ! »


C'est sans son entrain habituel qu'il attaqua les bonbons, mais il retrouvait déjà quelques couleurs.


« Merci Yumi-chan... Tu sais j'ai essayé de réfléchir un peu... »


Atsushi fut coupé par une infirmière qui s'avançait vers les deux jeunes gens.


« Mr Murasakibara ? »


« Oui c'est moi ! » S'exclama-t-il en se levant promptement.


« J'ai de bonnes nouvelles à vous annoncer, nous avons réussis à stabiliser votre grand-père, il aura besoin d'un grand repos et d'une hospitalisation prolongée, mais nous sommes optimistes quant à l'amélioration de son état. »


« Et ma grand-mère ? »


« Ne vous inquiétez pas, ses jours ne sont pas en danger, elle aussi aura besoin de beaucoup de repos. Si vous voulez bien me suivre je vais vous conduire à eux. »


Yumi fit signe de la tête à Atsushi pour lui signifier qu'elle lui laissait ce moment de recueillement en famille. Elle se rassit, soulagée que la situation n'ai pas virée au cauchemar.

Soudain, un vacarme sans précédent vint perturber le calme glaciale des urgences de l’hôpital Sabanji.


« Où est ma sœur ! »


« Qu'est-il arrivé à notre fille ! »


Des voix plus que familière à Yumi, qui commençait à se douter de l'énorme mal entendu qui venait de se produire. Peu avant d'entrer dans l'hôpital Yumi avait brièvement eu son frère au téléphone lui disant qu'elle allait aux urgences, mais elle n'en avait pas évoqué la raison... Puis interrompue par un brancard, elle avait ensuite éteins son téléphone.


« Papa, maman, je suis là. »


« Ma petite Yumi ! » S'exclama un homme en costard en se jetant sur Yumi.


Les parents de Yumi et Yoshi ne pouvaient décidément pas renier leurs enfants, leur mère avait une chevelure flamboyante couleur chocolat et leur père des yeux d'un vert émeraude.


« Papa lâche-moi ! »


« Mais Yumi qu'est-ce qui s'est passé ? » Demanda sa mère qui ne comprenait plus rien.


« Je suis vraiment désolé de vous avoir inquiété tout les trois, je venais soutenir un ami dont les proches ont été amené ici en urgence. J'étais tellement inquiète que je n'ai pas bien expliqué la situation à Yoshi. »


« On a eu peur Yumi ! » S'écria Yoshi, marquant un temps d'arrêt il poursuivit d'un air plus grave. « Ce sont les grands-parents de Murasakibara-senpai ? »


« Oui. » Lâcha-t-elle sans détour. « Mais les médecins ont l'air plutôt optimistes ! »



L'ensemble de la famille Arata attendu que Atsushi ai finit de visiter ses grand-parents, Yumi pensa ironiquement que les temps avaient bien changés. D'une adolescence son son père ne se libérait même pas pour les anniversaires, ils étaient devenu une famille unis. Mieux vaut tard que jamais... Monsieur Arata avait conscience d'avoir été un bien piètre père, mais il avait finit par réaliser, à un âge où l'on commence à perdre de plus en plus de proches de la maladie, que l'argent ne s'emporte décidément pas dans la tombe. Que la vie a pour valeur celle qu'on veut bien s'offrir.

Atsushi, un peu sonné, finit par traverser à nouveau les portes automatiques de la salle d'attente des urgences, c'est avec surprise qu'il y découvrit la famille de la jeune fille.


« B… Bonjour. » Bredouilla-t-il poliment.


« Est-ce que tes grands-parents vont bien? » Répondit rapidement Yumi paniquée à l'idée d'entendre une mauvaise nouvelle.  


« Ça va, ils vont avoir besoin de pas mal de repos… Merci Yumi-chan. »


Ce léger sourire affectueux que lui décrocha le jeune homme fit bondir le cœur de Yumi dans sa poitrine. Dans ce moment de tristesse et de stress, elle savait la valeur ce sourire.

A quelques pas de là, les parents de Yumi et particulièrement son père, observaient la scène. Pour qui se prenait ce géant ? Ce n'était pas parce qu’il faisait deux mètres qu'il allait lui laisser lui prendre sa petite princesse.


« Je sais à quoi tu penses Kogane. » Lança sa femme amusée. « Laisses Yumi tranquille tu sais bien qu'elle déteste qu'on s'occupe de ses affaires. »


« P'pa, m'man on peut inviter Murasakibara-senpai à a maison ce soir ? Sinon il sera tout seul ! »


Yumi se retourna promptement en fusillant son frère du regard, décidément il ne perdait pas le nord. Elle se radoucis, un peu coupable, en songeant que cette soirée pourrait lui changer les idées.


« C'est gentil mais je voudrais pas déranger. » Assura Atsushi un peu gêner. Il n'avait pas l'habitude de ce climat familiale pour le mois dynamique.


Nagisa Arata sourit devant tant de politesse, ces enfants étaient tellement plus volcaniques que le jeune homme qu'elle avait déjà cerné comme étant timide et renfermé. Elle répondit donc avec douceur :


« Tu ne nous déranges absolument pas, nous sommes enchantés de faire ta connaissances Yoshizuki nous a beaucoup parlé de toi. »


« Yoshi… Zuki ? »


« Ah oui… Atsushi désolé nous n'utilisons pas nos prénoms complets en général. » S'excusa Yumi. « Ça nous as déjà attiré quelques problèmes qu'on fasse le lien avec notre père. »


En effet, Kogane Arata était la tête du célèbre groupe « Arata Corps » leader en matière de jouets pour enfants. Il était un homme d'affaire très influent à la tête d'un business très florissant. Il avait par le passé consacré tout son temps à son entreprise, mettant largement sa famille à l'abris du besoin, mais en négligeant leur affection. Ironiquement, il était un empereur du jouet, mais n'avait pas vu ses enfants grandir. Son nom et sa richesse avaient même déjà attiré des problèmes à ses enfants, isolement et aux persécution à cause de sa fortune. Les enfants pouvaient être très cruels entre eux. Yumi et Yoshi avaient donc grandit en essayant de cacher leur véritables identité, car en un coup d’œil sur internet, on pouvait facilement trouver qui était leur père. Eux ne souhaitaient qu'une vie simple et remplie de sport, loin du faste et des manières de la bourgeoisie.


Atsushi, déjà peu enclin à comprendre habituellement les manières sociales des gens autour de lui, ne voyait pas vraiment où Yumi voulait en venir, pour lui elle était Yumi, un point c'est tout. Il acquiesça donc simplement d'un signe de tête.

« Bon puisque tout est entendu. » S’exclama la mère de Yumi. « Rentrons à la maison. Tu ne pourras rien faire de plus pour tes grands-parents ici et demain il y a cours les enfants. »



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