Soleil de Minuit [Livaï x OC]

Chapitre 16 : Souvenirs

587 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 14/08/2023 19:58

Un jour, une envie s'empara de lui, celle d’enfourcher sa monture et de longer la côte à la recherche de ce panorama qu'ils avaient contemplé ensemble.

Il était parti sur un coup de tête, avant le lever du soleil, alors que les enfants dormaient encore à poings fermés. Le corps s’était mis en action presque de sa propre volonté, cédant à un besoin irrépressible de revoir ce paysage qui avait symbolisé, pour eux, la fin de l'ère des secrets. À présent, ils avaient bel et bien émergé de la caverne et l'ombre sur le mur n'était plus qu'une illusion, engloutie par la lumière qui se déployait en maître sur tout le territoire. Elle s'étendait désormais sur les prairies verdoyantes, couronnait les sommets des arbres, et persistait jusque dans le crépuscule, habillant le ciel d'une palette de pourpres et de roses à l'heure où la lune faisait son apparition. Au lever du jour, elle perçait la nuit à l'horizon oriental, variant entre une clarté crue et une teinte dorée à mesure que la matinée avançait. Au sud, fidèle à sa nature, elle conservait son éclat vibrant, prolongeant sa présence comme pour proclamer que là-bas, au sud de toute étendue, résidait son empire incontesté.


Une fois sur place, c’était vers le sud que son regard se porta en premier, là où les rayons du soleil caressaient doucement la surface de l'eau. Une eau d'un bleu éclatant, semblable à celui des yeux de cet enfant qu’il avait sauvé de la mort, ainsi qu’à celui de ces yeux désormais fermés à jamais.


Les collines de sable blond s'étiraient telles des vagues figées, caressées par les souffles humides du vent. Et leur pâleur lui rappelait la chevelure du garçon qu’il avait choisi, mais aussi celle de cet homme qu’il avait renoncé à sauver.


Il mit pied à terre et, sous l’œil attentif des labbes planants dans le ciel, il longea avec sa monture la côte sur quelques mètres. Aucun chemin n'était tracé dans le sable, seules les empreintes qu’ils laissaient derrière eux se découpaient dans l'ombre projetée par le soleil.


Suivant cette route imaginaire, le visage tourné vers l'horizon, son regard ébahi ne pouvait plus se détacher de cette eau où le ciel se reflétait comme dans un miroir. Ce bleu fabuleux était celui qu’on appelait « azur ». Cette étendue d’eau providentielle, on l’appelait « mer ». Autant de mots nouveaux que lui avait appris l’enfant. Et autant de mots nouveaux que cet homme, qui n’était plus de ce monde, ne prononcerait jamais. Ou peut-être les avait-il prononcés un jour ? À bien y réfléchir, ce n’était peut-être pas l’enfant qui lui avait appris ces mots-là. Il ne savait plus bien.

Plongé dans ses pensées, Levi interrompit sa marche au milieu des dunes. La mer, le sable, le soleil formaient un ensemble qui unissait en lui des éclats de souvenirs d'une vie passée. Sinon, était-ce d’une vie future ?

Cela n’avait finalement pas beaucoup d’importance. Car, chaque fois que le soleil l’avait ainsi inondé de sa lumière, il avait projeté quelque part une ombre, réminiscence d’un instant de grâce. Et cette trace, bien que chimérique, demeurerait indélébile, vouée à perdurer au-delà de lui, au-delà de toutes choses.




A suivre… 

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