Le chant des étincelles

Chapitre 7 : À plus.

Chapitre final

5256 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/09/2022 18:57

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Hedwig Lambert 

 

-Pour faire simple, nous sommes un groupe de pacifiste ayant pour but d'allier les peuples dans une paix parfaite. Un monde où la guerre n'aurait plus jamais lieu.  

Erna tournait autours du pot et rallongeait inutilement son discours. Elle qui était sûre à cent-pourcent de ce qu'elle faisait m'étonnait sans cesse. Elle avait l'habitude d'aller droit au but lorsqu'elle me parlait de ce qu'elle voyait ou prévoyait, mais lorsqu'il était question de convaincre les gens, elle était capable de parler inutilement, juste pour donner l'impression d'être très sérieuse.  

Voyant que la jeune femme Mahr nous faisant face commençait à s'ennuyer, je reprenais le flambeau.  

-Notre but est de marier le plus de Mahr et d'Eldien ensemble. De cette manière, les enfants découlant de ce genre de couple auraient le sang Eldien dans leurs veines.  

-Alors, au bout d'une cinquantaine d'années voire plus, la génération restante serait totalement Eldienne. Les guerres entre les peuples cesserait alors totalement.  

-Je vois...  

La jeune femme se leva de son siège et remballa ses affaires.  

-Merci pour toutes vos informations, je reviendrais une prochaine fois.  

Puis, elle disparu aussi vite qu'elle était venue. Erna soupira longuement.  

-Notre technique ne marche pas... Notre plan possède des failles !! 

Elle frappa maintes fois la table ronde.  

-Pourtant... !!! Mes visions disent vrai !! J'ai déjà vu cette conversation dans mes rêves.. ! 

Erna se leva violemment et déversa sa haine en tombant à genoux et en attaquant une nouvelle fois le sol carrelé.  

-Fais chier ! Fais CHIER !!! 

-Calme-toi, Erna... Il faut voir au delà de quelques jours ou semaines. Peut-être que ton plan marchera dans plusieurs années.  

-Mais tu ne comprends pas, Hedwig !! Notre temps est compté ! Il ne nous reste déjà plus que douze ans pour faire notre quête vers la paix ! 

-Et si c'était le plan en lui même qui était mal pensé ?! 

-Impossible, dit-elle en se relevant légèrement. Le plan est censé fonctionner dans les souvenirs.  

-Mais comment ? Il y a pas quelque chose qui change par rapport à notre méthode actuelle ?  

Elle resta silencieuse un instant. Voyant qu'elle tremblait légèrement, j'attrapais le paquet de cigarette et lui en passais une. Elle l'attrapa et l'alluma à l'aide d'un petit briquet noir. Ses tremblements se calmèrent et elle ouvrit la petite fenêtre qui donnait une magnifique vue sur la ville tombée dans la nuit.  

-Si... À vrai dire... Ce que je vois c'est... Une sorte de masse immense bouger vers une ville. Une sorte de grand rassemblement.  

-Un rassemblement ?  

Et pendant que les cendres de la cigarette d'Erna s'estompent peu à peu dans le vent, apparait au creux de mon esprit une question.  

-Erna... Pourquoi avoir totalement effacé la mémoire du groupe ?  

-Pour faire en sorte que le plan se passe comme prévu. Je ne pourrai pas garantir qu'ils nous laisseraient faire ce que l'on prépare.  

-Mais... Les intentions sont bonnes... Si tu dis qu'ils ne nous laisseraient pas faire, c'est que quelque chose de grave va arriver. 

-Non, crois moi Hedwig. Il n'arrivera rien de mal au groupe et même aux Mahr. Il n'arrivera de mal à personne ici. Nous allons juste mettre fin aux conflits qui rongent ce pays.  

**** 

Enos Boyle 

 

 

Je voyais Lyam se tuer pour se renforcer. Il faisait comme si tout allait bien de son côté, comme si son statut ne le dérangeait plus. Il s'entrainait dès que possible et s'était habitué à devoir être le plus féroce. Le voir faire le chaud avec son entrainement pas du tout adapté à lui m'énervait plus que tout.  

Et quelques mois auparavant, au moment d'apprendre qui était porteur de quel titan primordial, j'avais détesté apprendre la nouvelle. Il avait hérité du Colossal, soit le plus important et probablement celui qu'il faudrait le mieux placer au niveau stratégique. Et depuis cette nouvelle, je détestais encore plus son air de garçon timide et réservé. Il faisait son sport dans son coin, lisait lors des pauses dans son coin et dormait dans son coin avec les autres enfants. Mais qu'est-ce que je détestais quand il m'encourageait lorsque je m'entrainais. Comme s'il était tellement supérieur à moi qu'il venait me donner des conseils.  

Il ne m'arrivait pas de le frapper souvent, mais parfois, lorsque les autres s'entrainaient loins, j'en profitais pour lui faire comprendre avec les poings qui était le patron. Je commençais vraiment à en avoir vraiment marre de sa tronche de petit con. Ça avait toujours été comme ça lorsque papa et maman étaient encore là, mais les circonstances avaient changées et désormais il ne comptait plus que sur le fait qu'il était le plus important du groupe.  

Et moi, qu'est-ce que j'avais eu ? Le Titan Charrette !  

Une créature avec un tronche allongée si moche que l'on aurait cru voir un pou. J'avais tellement la haine contre ce petit chieur que j'évitais de le croiser de temps à autre, préférant m'entrainer au combat rapproché seul.  

 

Jusqu'au jour où : 

-Lyam, viens... Il faut qu'on parle à propos de papa et maman.  

C'était en fin de journée, après le repas. Il s'était contenté de me suivre dehors. Là, on pouvait clairement voir les milliers d'étoiles dans le ciel. Nous étions sortis, avec autorisation des dirigeants, dans les rues de la ville nommée Nakuro. C'était une petite bourgade où se baladaient les passants typés asiatique. De toute façon, je n'avais jamais vu de mes propres yeux une ville avec autant de personnes aux yeux bridés. Et avant d'être arrivé ici clandestinement sur un bateau, je n'avais jamais vu de personne aux yeux bridés tout court.  

Mais la ville regorgeait de vie entre les petits commerces çà et là, les petites bagarres au coins du trottoir où pariaient des gens et quelques gigantesques plaques lumineuses accrochés au murs.  

Ces technologies étaient si inconnues que lors de notre première sortie avec le groupe lors d'une soirée, nous avions cru en de la magie. Mais les gardes étant en charge de notre sécurité et bien être nous avaient expliqués que ces tableaux s'appelaient "écrans" et qu'ils affichaient des milliers de "pixels" pour que l'on ait l'impression de voir une image. Je m'étais tout de suite convaincue que la différence de technologie entre nos deux pays était "extra-ordinaire". Mais il n'en était rien.  

Faire le constat de cette technologie m'avait juste renforcé dans mes pensées. Ça confirmait le fait que le peuple Eldien était en retard constant face aux Mahr. Les inégalités étaient flagrantes rien qu'avec les Azumabito.  

Marchant dans la rue, Lyam derrière moi, j'attrapais l'élastique caché dans ma poche et attachais mes cheveux à l'arrière en forme de chignon. Mon élastique noir se fondait d'ailleurs parfaitement bien avec mes cheveux bruns mouillés à certains endroits. C'était aussi la première fois que je m'affichais avec cette coupe de cheveux hors de ma chambre.  

Je tournais finalement vers la gauche et entrais dans un petit restaurant local. Lyam s'installait prêt de moi lorsque je commandais et payais deux plats exotiques à mon goût.  

-Tu t'entraines bien pour maitriser son titan ? marmonnais-je.  

Il hocha doucement la tête. Il savait qu'au camp d'entrainement, je ne pouvais que le gifler violemment mais en dehors, tout était possible. Et même s'il se transformait en titan sous des coups que je lui porterais, il ne pourrait pas provoquer le plein potentiel du Colossal.  

-Écoute... Je suis pas venu ici pour te faire la morale ou quoi que ce soit. En ce moment j'ai vraiment pas envie de parler à trop de monde mais encore plus à toi. Et j'en déduis que c'est de ma faute en vérité. 

Avoue ce genre de choses allait totalement à contre-courant avec ce que je pensais vraiment mais j'avais compris que si je ne faisais pas le premier pas vers une réconciliation, nous resterions toujours en conflit, ou du moins j'assurerais toujours ce rôle de "grand-frère" dangereux.  

-Je suis clairement mal placé avec mon Titan Charrette pour parler de ton rôle. À vrai dire, je l'ai vraiment mal pris d'avoir un titan inférieur au tiens. Je pense quand même que... J'aurais mérité un meilleur titan mais si le destin t'as choisi... C'est peut-être pour une bonne raison.  

 

Et c'est avec ce bol de nouilles que j'avalais le bouillon et toute la haine qui s'échappait de mon corps.  

 

 

**** 

 

1182 

Charlie Hanson 

 

 

-L'entrainement se passe bien, Kate ?  

La femme se tenant devant moi avait des allures de petites fille se donnant des airs de bonhomme, mais c'était cet aspect enfantin refoulé qui m'avait fait tomber sous ses charmes. Des altères dans les mains, Kate se tourna vers moi. Nous étions seuls dans la salle d'entrainement, les autres étaient partis aux côtés de soldats Azumabito afin d'effectuer des test de transformation. C'était grâce à ce genre d'essais que l'on voyait l'évolution de la maitrise entre les différents détenteurs. Étonnement, Kate n'avait pas eu besoin de réellement s'entrainer à former un titan complet. Le sien était déjà parfaitement complet à sa première transformation, elle avait même réussi à se contrôler. Son entrainement était alors porté essentiellement sur le style de combat technique qu'elle devait mettre en place lors d'affrontement. Il m'arrivait d'ailleurs de me battre contre elle, lorsque je réussissais à garder ma forme de Cuirassé assez longtemps.  

-Plutôt bien, oui, dit-elle en relâchant les altères.  

Elle alla chercher sa gourde et bus quelques gorgées. Puis, comme à son habitude, elle fit disparaitre la sueur sur on front d'un seul coup de serviette.  

-Tu n'es pas en tenue de sport... Tu n'as pas travaillé aujourd'hui ? demanda-t-elle.  

-Non, répondis-je les mains dans les poches.  

J'arborais sur mon corps un habit traditionnel Azumabito appelé Kimono. Il était parsemé çà et là de quelques écriture ancestrales formés par d'imposants traits blanc. Son ensemble était noir.  

-Je suis un peu fatigué depuis ce matin et j'ai de la fièvre. Le médecin m'a dis que j'avais sûrement attrapé quelque chose l'autre jour. Une petite maladie pas bien grave.  

-Dommage. J'aurais voulu vérifier comment tu te débrouilles en combat rapproché.  

Je ricanais légèrement. Mon rire était grave, bien plus grave qu'avant, sûrement dû à ma gorge complètement rouillée par la fatigue.  

-C'est vrais qu'il ne faut pas s'entrainer que sur des punching-ball. Parfois, un vrai duel s'impose.  

Je quittais mes sandales en bois, que je laissais sur le bord du tatami, et me rapprochais de Kate. Elle se mit en position, leva les poings pour les accorder au niveau de ses joues et sautilla légèrement sur les côtés.  

-Tu sera gentille avec moi ? lui demandais-je en me posant en face d'elle.  

-J'essayerais, mais si tu ne bouges pas assez vite, c'en sera fini de toi ! 

Elle afficha un léger sourire mesquin et se mit à courir à toute vitesse en ma direction. Sans attendre, elle ramena son poing droit vers ma joue, prête à m'affubler d'une droite bien collée. Voyant les dégâts venir, j'esquivais au dernier moment l'attaque et reculais de quelques pas. À peine me redressais-je que je la voyais encore se tenir devant moi, répétant inlassablement les petits bondissements.  

-Petite peste... 

-Fais gaffe, ce genre de jurons pourrait bien être fatal, marmonna-t-elle.  

Et sans que je ne la vois arriver, elle effectua un ruée vers l'avant, me mis en position de victime et m'affala au sol. Je n'avais ni eu le temps de la voir, ni eu le temps de rappliquer.  

-Wow...! T'es sacrément fortiche... 

-T'as vu ça ? Et encore, tu m'as pas vu en début de journée après un café bien chaud.  

Elle relâcha mon avant bras bloqué entre ses mains et me libéra. Je pus me lever et secouer légèrement mes épaules pour y faire partir la légère couche de poussière.  

-Bon... J'arrête là pour aujourd'hui, s'exclama-t-elle.  

-Ouais, moi aussi j'ai eu ma dose...  

Ça la fit  doucement pouffer de rire. Un rire innocent et mignon.  

-Tu compte aller te coucher maintenant ?  

-Peut-être bien, répondis-je. Je vais quand même passer un petit appel au groupe avant d'aller dormir.  

Kate n'ajouta aucune parole et se contenta de remballer ses petites affaires sportives. Pour ma part, je me dirigeais vers la salon dans lequel se tenait une immense table pour tous nous accueillir, du moins quand on mangeait tous ensemble, ainsi qu'un écran diffusant les chaines principales et quelque meubles pour ranger toutes sortes d'habits.  

L'appel fut court. J'entendais brièvement ce que disait Kei. Je crus comprendre qu'il avait réussi à contrôler son Titan Marteau d'arme, quand bien même il n'était pas tout à fait au point et reprenait le dessus par certains moments.  

Lyam, quant à lui, avait plus ou moins réussi à matérialiser la totalité de son Colossal. C'était sûrement celui qui s'entrainait le plus, et pour cause. Même si les résultats qu'il montraient était vraiment en retard par rapport aux autre détenteurs, il avait acquis une détermination et un apprentissage de soi-même plus que stupéfiant. Du haut de ses treize années, Lyam était clairement le plus courageux des détenteurs du groupe.  

La maitrise de sa forme titan viendrait par la suite, accompagné de sa capacité d'explosion nucléaire, mais pour l'instant il était déjà remarquable de voir à quel point ses efforts étaient en train de payer.  

J'en appris aussi un peu plus sur son grand frère, Enos. De son côté, il semblait commencer à maitriser à merveille sa forme titanesque et s'entrainait à porter des charges lourdes telles que des armements ou même toute sorte de troupe. Je le voyais de moins en moins ces derniers jours. Même s'il revenait de mission d'entrainement vers les fins d'après-midi, il préférait se terrer dans sa chambre ou voguer à des sorties nocturnes avec son petit frère. Et les rares occasions où nous le voyions au diner du soir, il se contentait de rester silencieux et de manger. J'en déduisais alors qu'il passait dans sa période de "crise d'adolescence". Mais moins il était là, plus j'avais l'impression d'avoir affaire à fantôme, une âme se cachant du reste du monde pour ne pas risquer de faire des rencontres gênantes.  

Au moins, sans lui à la plupart des discussions, tout ne tournait pas au vinaigre. C'était aussi pour cette raison qu'il s'abstenait de venir nous voir, peut-être qu'il se considérait comme mauvais, ou nocif.  

Lewis, mon petit frangin adoré, continuait de mordre toute sorte de proies. Son Mâchoire devenait de plus en plus intéressant au fur et à mesure des missions d'après les constats des soldats. Les observations étaient formelles, Lewis maitrisait comme personne d'autre le Mâchoire. Il était si performant que parfois, les gardes lui demandaient de ramener toute sorte de bête sauvage. Ils le lâchaient alors quelques minutes. Puis, il revenait, la gueule pleine de viande d'une créature prête à être cuite et dégustée. 

-Sacré gamin... 

Enfin, Rudolf se mettait à devenir totalement invisible. Lui qui avait hérité du Titan Bestial s'était vu affublé une forme de caméléon. Au début, nous pensions que cette forme du Bestial ne pouvait être qu'inutile, surtout en vue des archives qui nous restaient des précédents détenteurs du Bestial. Mais la réalité s'était avéré tout autre. En effet, quelques jours de cela, Rudolf s'était totalement volatilisé du groupe. Il faisait matin lorsque nous nous en étions rendu-compte. Le Kruger à la barbe noir s'était échappé du complexe militaire en pleine nuit et s'était transformé en Bestial. Puis, il avait usé de sa capacité de discrétion et avait marché dans sa forme titanesque jusqu'à une vallée lointaine. Nous l'avions finalement retrouvé en fin de journée, alors que le ciel se couchait, totalement nu et fatigué par la course qu'il avait mené.  

La première réaction d'Enos fut de l'engueuler, naturellement. La tension avait vite été désamorcée et Rudolf nous avait expliqué les raisons de sa fuite. Il l'avait effectué dans l'espoir que ce pouvoir qu'il pensait avoir développé marche. En se baladant sous cette forme et avec le pouvoir activé dans des champs où labouraient certains autochtones, il s'était rendu-compte qu'aucun d'eux ne prêtait attention à sa présence. Il était alors réellement capable de se camoufler en fonction du point de vue de celui qui le regardait. De plus, la forme de ses pattes lui permettait d'être totalement silencieux.  

Comme une fine ombre qui filait au vent, Rudolf avait réussi à maitriser sa capacité exemplaire.  

Je les avais brièvement salué et souhaité une bonne nuit avant qu'ils ne raccrochent. Je n'avais pas eu de nouvelles de ce qu'ils allaient devenir mais il était probable qu'ils continuent de camper là où ils étaient installés pendant quelques jours.  

 

J'avais alors replacé le téléphone fixe là où je l'avais pris et m'étais dirigé vers la douche. L'eau froide coulait agréablement sur ma peau et les quelques huiles essentielles aux parfums savoureux se mêlaient ainsi aux gouttes. Elles laissaient sur mon corps une agréable odeur de fleur des prés.  

Et, sentant l'appel du lit devenir de plus en plus fort, je m'étais ravisé vers ma chambre et m'étais posé sur les draps. La petite veilleuse de mon lit était allumé et éclairait alors les pages jaunies du livre que je lisais. N'étant pas spécialement renseigné sur l'histoire en général, je m'étais mis à lire un ouvrage sur le règne des différents rois Mahr. Ces livres étaient plutôt rares et étaient souvent convoités mais la bibliothèque du complexe était remplie de plein de genre de livre. Mais la plupart parlaient d'histoire du monde ou de géo-politique.  

Terminant le chapitre, je refermais le petit livre et le posais sur ma table de chevet. J'appuyais ensuite sur un petit interrupteur situé à ma gauche et plongeais la chambre dans le noir. Là, allongé dans ma couette, je réfléchissais à ce qu'il se passait. Je repensais à cette petite maison sur la colline, à cet arbre que Kei m'avait décrit et que j'imaginais immense et rempli de toutes sortes de branches. Je repensais à Shiganshina. À la statue brisée sur le sol, à la petite fontaine qui ne crachait plus d'eau. Au petit chien aux poils dorés de Kei. À sa mère qui m'avait une fois invité à manger de la salade accompagné de Lewis. À ces balades aux grés du vent et du blé. Aux regroupements que faisaient Lewis, Kei et Lyam de temps à autres.  

Je repensais à ce petit uniforme que l'on m'avait offert en rentrant dans ma troupe de Serviteur. Il était simplement composé d'une veste beige et d'un pantalon qui finissait bien souvent tacheté par la boue. Notre rôle, dans la troupe, était de faire le lien entre les villages par des chemins spécifiques indiqués sur la terre. Nous voguions alors vers différents points d'eau, bien souvent des puits, afin d'apporter de l'eau à Shiganshina et ainsi de pouvoir rationner le village en nourriture. C'était d'ailleurs dans cette troupe que se trouvait une petite fille qui m'avait fortement tapé à l'œil dès le premier jour. Je n'avais pas même conscience de son nom ou même de sa famille que j'étais déjà totalement tombé raide dingue d'elle. J'avais ensuite appris à faire connaissance avec cette dernière. Et elle n'était autre que Kate Aleit, la fille d'un père et d'une mère totalement rongés par le manque d'argent. À vrai dire, Kate s'était au départ montré plutôt froide et distante, mais au fur et à mesure des expéditions, son caractère s'était adoucie, et j'avais finalement réussi à sortir avec elle.  

Je me souviendrais toute ma vie de cette sortie par ailleurs. J'avais préparé quelques petites fleurs pour l'occasion. Nous étions censé nous retrouver au coin d'un arbre, au coucher du soleil. Je devais avoir entre onze et douze ans et ce scénario totalement cliché me semblait réaliste et absolument merveilleux.  

Seulement, la préparation ne s'était pas passée comme prévue et le petit bouquet, ainsi que l'intégralité de mon corps, s'était retrouvé aspergé par une boue à l'odeur écœurante. En courant avec beaucoup de précipitation vers le chemin me menant à l'arbre, j'avais omis de penser aux quelques flaques d'eau s'éparpillant à quelques endroits du village. Mon pied s'était accroché à une racine et m'avait fait chuter lamentablement dans l'une d'elles. Honteux, je m'étais empressé d'aller dans le bain chez moi. Je m'étais changé en vitesse et étais reparti vers l'arbre. Mais il était trop tard, le soleil s'était couché et Kate n'était plus là. Cette nuit là, je m'étais mis à pleurer, regrettant mes actes et une stupidité qui m'envahissait complètement. J'avais été le pire de tous les abrutis.  

 

Repensant ainsi à plusieurs autres profonds souvenirs, je me retournais dans ma couette.  

Soudain, apparu au fin fond de la pièce une petite lumière suivie d'une fine ombre. Je reconnaissais aisément sa forme. Cette dernière vint s'installer dans mon lit et se colla à mon dos tel une ventouse.  

-Tu ne dors pas, hein ? susurra-t-elle.  

Je faisais alors mine de dormir, non pas que je ne souhaitais pas la voire, mais une puissante fatigue imprégnait désormais mon corps et je savais que si le moindre mot sortait de ma bouche, il me serait impossible de revenir à cet état entre le monde réel et celui des rêves.  

-Je reconnais ta respiration, Charlie. Tu es éveillé. 

Dans un léger soupire, j'essayais de montrer mon mécontentement. Mais Kate ne sembla pas y prêter attention. Elle attrapa finalement ma joue et la tripota entre ses doigts. Forcé de faire quelque chose, j'ouvrais finalement les yeux lentement et découvrais son doux visage essoré par le sport.  

-Eh bah voilà... Tu vois quand tu veux.  

-J'essayais de dormir, Kate.  

-Roooh... Monsieur est ronchon en plus.  

Elle sembla exaspérée l'espace d'un instant.  

-Hé, t'allais quand même pas te coucher sans me dire bonne nuit, hein ?  

-J'étais bien parti pour quand même.  

-Ouais bah moi je veux pas que ça se passe comme ça.  

Elle se décolla de moi et croisa les bras avant de poser son dos contre le matelas. Dans cette position, elle observa longuement le plafond.  

-Dis... Tu sais ce qu'il va vraiment se passer quand les autres arriveront complètement à se contrôler en forme titanesque ?  

-Je sais pas vraiment. J'imagine que l'on va suivre le protocole et aller directement sur le champ de bataille, aux côtés des forces Eldiennes.  

Elle sembla serrer les dents.  

-Qu'est-ce qui t'arrive ?  

-C'est... L'idée de me battre sur un champ de bataille qui m'effraye.  

-Oh... Je comprend. Seulement tu maitrises déjà magnifiquement bien ton titan et ensemble, nous formerons un parfait duo, j'en suis sûr.  

Elle se calma et attrapa doucement ma main droite. Son pouls se fit plus intense et rapide. Je ne savais pas vraiment ce que cela signifiait. Puis, d'une voix tremblante, elle demanda : 

-Dis... Tu... Tu serais prêt à le faire maintenant...?  

Un profond silence s'installa. Ce n'était pas le genre de question qu'elle avait l'habitude de poser, quand bien même c'était elle qui avait fait le premier pas vers cette proposition. J'avais toujours été réticent devant ses offres, tout simplement parce que je sentais que le moment n'était pas venu mais désormais j'avais vingt-et un ans. En deux ans à vivre avec elle, dans ce complexe, j'avais appris à un peu plus la comprendre, mais surtout à plus comprendre ce que je désirais et ce que mon corps réclamait. Et autant je n'avais aucune intention de me lancer dans ce genre de chose deux ans auparavant, autant cette année là, j'avais assez eu le temps de réfléchir à propos de notre vie de couple. Quand bien même nous sortions ensemble depuis plusieurs années, à aucun moment je ne m'étais vraiment intéressé à ma sexualité en général. Et d'ailleurs je ne savais même pas que cette partie de notre relation intéressait un temps soit peu Kate. J'avais réellement cette image naïve qu'elle dégageait dans la vie de tous les jours. Alors voir que c'était cette jeune fille pleine de joie de vie qui me proposait de faire ce genre de choses m'avait, en premier lieu, étonné au plus haut point.  

Alors peut-être était-ce aussi l'entrainement et la recherche constante de récompense engrangé par le sport qui l'avait désormais poussée à poser cette question si brusquement, mais cette fois si, je me sentais plus prêt que jamais. Alors, peu sûr de ma réponse et toujours légèrement timide lorsqu'il fallait parler de ce genre de choses, je répondais : 

-Euh... Je pense, oui.  

-Oh... Super.  

Elle se gratta légèrement le crâne quelques secondes et expliqua : 

-C'est ma première fois... J'imagine que pour toi aussi, non ?  

J'hochais simplement la tête. La terreur me traversait la colone vertébrale et j'eus, l'espace d'un instant, quelques frissons sur le bord de la peau. Mais au final, il ne pouvait rien m'arriver de véritablement mauvais. Alors je me contentais de voir se que Kate faisait, restant un peu dans mon côté du lit.  

-Bon et bien... 

Elle prit finalement les devants.  

 

Ensemble, nous avions passé la première véritable nuit différente des autres. Jamais je n'avais pensé ressentir ce genre de sensations. Mais surtout, je n'avais pas une seconde pensée que Kate s'y connaissait autant dans ce domaine. Pour ma part, je me contentais vraiment d'acquiescer et de reproduire ce qu'elle me demandait de faire. Mais au bout d'un certain moment, j'avais plus ou moins compris la manière dont tout cela fonctionnait. Alors nous nous étions laissé nous évader à nos plaisirs, découvrant au passage une bien étrange facette des relations humaines.  

 

 

 

 

 

 

 

Sortant de la douche, la chair de poule habituelle se faisant ressentir, je frottais la petite serviette noir contre ma peau. De la vapeur s'échappait de mon corps. Elle n'était pas semblable à celle qui sortait après une transformation en titan. Celle de la douche était bien plus douce et agréable que celle du corps brulant qui m'emprisonnait. 

Je crus entendre quelques secondes la radio dans la salle principale. Je m'arrêtais machinalement de faire du bruit. La radio était éteinte, les seuls murmures que j'entendais provenaient des enfants qui discutaient dans leurs chambres.  

Ce jours-ci, tous les "adultes" avaient été emmené en terrain. Ils ne m'avaient pas emmené car me jugeaient "trop jeune". Alors que du haut de mes dix-sept ans, j'étais clairement à la hauteur de voir d'atroces choses. Et puis, pris par la haine, je m'étais énervé contre les soldats et leurs politique d'âge que je jugeais totalement absurde. Nous étions des armes, des pièce stratégiques monstrueuses ayant pour but d'exterminer le plus de gens possible et on nous refusait de nous montrer certaines choses sous-prétexte que la guerre serait bien trop violente ?  

Mais ça n'avait pas de sens puisque notre but premier était de faire couler le plus de sang que possible.  

Reposant la serviette et m'habillant, j'examinais la tête dans les nuages la douche. Elle était plutôt spacieuse et offrait un grand espace intérieur. Sûrement pour... J'en savais trop rien.  

 

 



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C'est ici que se termine le périple de l'équipe aux titans primordiaux. L'histoire devait tenir une bonne dizaine de chapitre en plus lorsqu'elle a été imaginée mais au fur et à mesure d'écrire, je me suis rendu compte à quelle point elle allait devenir compliquée à mettre en place de manière logique et en respectant le travail original d'Hajime Isayama. Ça faisait plusieurs mois que j'avais arrêté d'écrire cette histoire car bien trop ambitieuse à mes yeux, quand bien même je suis content de ce que j'ai accompli avec les chapitres publiés sur cette plateforme. Au final, je tourne la page et passe à d'autres horizons encore inexplorés. Désormais l'idée d'une suite à SNK me parait complètement saugrenue et inutile. Quand bien même nous regorgions d'idée pour mettre en place l'univers de LCDE, les ambitions étaient, très sincèrement, démesurées même si nous voyions autrefois à travers cette histoire un simple fantasme qui, au mieux, saurait divertir les plus curieux.

Alors merci à vous, qui nous avez suivi à travers cette histoire à sept chapitres. Même si cette histoire est inachevée, j'espère qu'elle vous aura au moins occupée et au mieux diverti l'espace d'une petite heure de lecture. Merci à vous qui avec fait preuve de curiosité en ouvrant le premier chapitre. Merci aussi d'avoir téléchargé les chapitres pour les lires je ne sais où. C'est drôle, le simple fait de voir le chiffre affichant les vues grossir petit à petit m'a poussé à avancer dans ce projet (et d'en d'autres).

Et au delà de ça, j'aimerais vous souhaiter tout le meilleur du monde.


Sur ce,

À une prochaine fois !!



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