Dieu, ne me prenez pas ce pêcheur

14 juin 850, en route vers Trost.

Ça y est ... je me suis préparée à ce jour depuis longtemps ... Et le voila enfin.

J'étais entrain de déjeuner quand tout est arrivé.

Mon grand-père me demande de déjeuner avec lui, quand il reçoit du monde ; des nobles et hauts-gradés le plus souvent. Il se fait vieux et perd un peu la mémoire. Du coup je l'aide à se rappeler des noms de chaque invité, car avec son grade, il ne peut pas se permettre de perdre la face.

Tout se passait bien, et j'étais assise entre deux "charmants" jeunes hommes (je me demande qui a bien pu faire le plan de table ... merci maman). Ils essayaient tous les deux de vanter leurs mérites. L'un mettait en avant ses capacités intellectuelles et l'autre ses talents au tennis. Je faisais semblant de m'intéresser à tout ce qu'ils racontaient (bien que la plupart du temps, ça semblait faux, contradictoire ou à la limite de la folie). Mais en réalité mon seul but et leur seul point commun, c'était l'argent. Fils d'un monarque ou fils d'un riche marchand, ils avaient tous les deux l'argent dont il me fallait pour financer tous mes projets. Finalement, c'est le bon compromis entre mon grand-père et moi.

Quelques minutes avant la nouvelle, Serge me racontait ses exploits en chimie: "Vois-tu la science, c'est une vrai passion pour moi, et ceci, depuis ma plus tendre enfance. Je me souviens qu'un jour, j'avais réussi à réaliser une expérience chimique sans même savoir ce que j'utilisais. J'avais tout fais instinctivement, ce doit être quelque chose d'inné chez moi !"

Que répondre à ça ? Enfait c'est très simple. Lui sourire, passer la main dans les cheveux, faire en sorte d'avoir le cou dégagé, pencher la tête, lui effleurer doucement son avant-bras et rire discrètement ... Et c'est dans la poche. La vérité ne surgie que dans le regard. Et on sait qu'un homme accroche grâce à ça: quand il jette un coup d'œil sur ma main touchant son avant-bras, puis quand il pose son regard sur mon cou et enfin quand il voit mon sourire. N'importe quel homme après ça fini par croire que toutes les femmes sont attirées par lui et ça l'attire de plus en plus vers les femmes. Dans toutes les techniques de séductions, ce sont les femmes qui mènent la danse.

La différence entre le charme et la séduction, est que le charme c'est une aura spéciale et inexplicable dégagée naturellement, tandis que la séduction est un acte volontaire qui permet d'avoir quelque chose en retour. Et ce "quelque chose", c'est son argent.

Et c'est seulement après avoir observer et constater tout ceci, que la conversation peut reprendre toujours sur un jeu de séduction:

"C’est quoi tous ces bouquins ?

_ Oh ça ... J'ai pris quelque livre au cas où je m'ennuierai cette après-midi.

_ Et que lis-tu en ce moment ?

_ Un livre sur les mathématiques appliquées, j'en suis au chapitre des probabilités.

_ Tu es douée en maths ?

_ Pourquoi cette question ? Je ne devrais pas ?

_ C'est surprenant venant d'une aussi jolie femme. D'habitude ce sont les hommes qui continuent leurs études.

_ En fait, mon père est professeur de mathématiques à l'académie et il accepte que j'assiste à ces cours. Ce n'est pas toujours simple de les suivre mais j'adore y aller.

_ Quelle chance ils ont !

_ De qui parles-tu ?

_ Des hommes dans le même amphithéâtre que toi.

_ Pourquoi ? Es-tu jaloux ?

_ Haha, non je t'admire c'est tout. Tu dois les rendre nerveux, non ?

_ ... Et toi ? Je te rends nerveux ?"

Tout est dans l'intonation. Ne jamais dire les choses trop brutalement ou trop fortes. Mais garder une voix naturelle avec une touche de sensualité. Et aucun homme ne résiste: "ça se pourrait bien ..."

Alors que j'étais plongée dans mon personnage de séductrice, un soldat de la garnison est entré brusquement dans la salle et a interrompu le repas:

"Général Zackley, nous avons un problème ! Le titan colossal a détruit le mur Rose et le district de Trost est envahi."

Un brouhaha s'est abattu dans la pièce jusqu'à ce que mon grand-père se soit levé pour calmer tout le monde:

"Messieurs, nous n'avons pas le temps de céder à la panique, nous devons nous préoccuper d'abord de tous les habitants.

_ Enfin c'est ridicule mon Général, ils n'y aura pas suffisamment de place à l'intérieur du mur Sina pour accueillir tout le monde !

_ Il a raison mon Général, en outre les titans ne vont pas mettre plus d'un jour pour envahir toutes les villes environnantes.

_ Si je peux me permettre mon Général, le titan cuirassé n'est pas encore apparu, la porte intérieur est toujours là et l'évacuation des habitants s'est très bien déroulée. De plus, le commandant Pixis a été prévenu et il en route en ce moment même vers Trost.

_ Très bien, vous avez fait du très bon boulot soldat.

_ Merci mon Général. Cependant, le bataillon d'exploration étant parti ce matin même en expédition, manque à l'appel.

_ Il est vrai que cela ne nous aidera pas beaucoup. Toutefois, j'ai confiance en Erwin Smith, il devinera qu'il se passe quelque chose d'anormal à l'extérieur et il rentrera très vite. Allez dire à votre supérieur que nous envoyons des renforts immédiatement et qu'il est nécessaire que les ingénieurs trouvent une solution pour reboucher la brèche dans le mur.

_ Bien mon Général."

Je n'arrivais pas à y croire sur le moment. Je n'avais pas envie d'y croire enfait. Puis j'ai repensé à ce que ce soldat avait dit: "le titan cuirassé n'est pas encore apparu". S'il ne s'est pas encore montré c'est surement parce qu'il doit y avoir trop de titans dans les environs et qu'il risquerait de vite se faire écraser s'il se changeait devant eux.

Pendant qu'ils étaient tous entrain de débattre sur la survie de l'humanité et les bons choix à prendre, je me suis levée d'un coup et je suis sortie en claquant la porte. Il m’a semblé avoir entendu mon grand-père crier mon nom. Mais je suis partie sans me retournée et je suis montée dans la première voiture en direction du district.

Le seul à pouvoir reboucher la brèche c'est toi, Eren. S'il vous plait Seigneur, veillez sur lui.