L'automne d'une vie

Chapitre 12 : XI

2309 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/02/2017 17:25

 R@ndriachris : Merci beaucoup de commenter ! Voilà la suite, désolée d'avoir mit tant de tant à l'écrire, mais j'espère quand même que ça te plaira !


Les recrues n'applaudirent pas. Aucune exclamation de joie.


Ils faisaient un choix absolument décisif pour leur vie future. S'ils se trompaient; ils mourraient. S'ils n'étaient pas assez courageux; ils mourraient. Si ils avaient fait le bon choix; ils avaient de grandes chances de mourir.


Bref, un futur peu prometteur leur ouvrait les bras.


Mais ces recrues-là avaient choisi la voie du combat. Ils n'étaient pas tous des génies; ni des combattants hors normes.


Mais il étaient les espoirs de l'Humanité.


 


 


Haru étaient blottie dans les bras du brun. Aki décida de s'éloigner pour les laisser tranquilles. Après tout, ça faisait trois ans que les deux flirtaient, il serait peut-être temps qu'ils se mettent ensemble non ? Alors elle n'allait pas les déranger dans un moment -peut-être- décisif comme celui-là.


Elle s'assit donc sur un muret de pierre, à l'écart, et se perdit dans ses pensées. Le bataillon d'exploration. Avait-elle bien fait d'y entrer ? Ce serait sûrement sa tombe, et elle le savait. Mais elle ne voulait pas que d'autres souffrent comme elle avait souffert. Elle souhaitait empêcher à de jeunes enfants le traumatisme qu'elle vivait.


Elle soupira. Elle avait tellement mal à la tête. Le problème, c'était qu'elle devait attendre le fiacre qui allait les ramener... Dans une demi-heure. Elle avait simplement envie de s'allonger et de dormir comme une masse pendant deux jours. En espérant que quand elle se réveillerait, elle serait guérie.


Elle ramena ses genoux contre sa poitrine et déposa sa tête dessus. Il avait fallu qu'elle choppe la grippe avant la graduation, évidemment. Ça aurait pu tomber n'importe quel jour, et évidemment c'était la veille de l'entrée dans la bataillon. Elle avait une de ces chances... Et le pire, c'était qu'évidemment, elle avait réussi à tomber sur Levi et à l'encombrer plus qu'autre chose. A chaque fois qu'elle le voyait, c'était inévitable, presque comme si son destin était programmé pour, elle faisait quelque chose de maladroit qui l'exaspérait encore plus qu'il ne l'était déjà.


Tandis qu'elle était perdue dans ses pensées, une main se posa sur son épaule, la faisant sursauter. Elle eut tellement peur qu'elle ne put échapper à une chute. Son dos buta contre le mur en pierre et elle alla s'écraser dans l'herbe verte en poussant un petit cri.


-Oh, excuse-moi...


Voyant qu'elle n'avait aucune réaction et qu'elle ne se relevait pas non plus, la personne se pencha et lui demanda, d'une voix angoissée :


-Euh... Ça va ? Je t'ai fait mal ?


Aki ouvrit les yeux qu'elle avait gardés fermés jusque-là et reconnut son "agresseur".


-Oh... Excuse-moi.


Elle se redressa mais resta assise dans l'herbe, appuyée sur un coude.


-Eren... C'est ça ?


-Eren Jaëger, c'est bien ça. Tu te souviens de moi ?


-Oui. A la bibliothèque, il y a trois ans...


-C'est ça.


-Vous êtes dans le bataillon d'exploration ?


-Oui. Tu viens d'être graduée ?


Elle acquiesça.


-Alors bonne chance.


Le brun avait le regard d'un adulte, malgré ses 16 ans. Le regard de quelqu'un qui a vécu, qui a vu. Ses prunelles étaient profondément marquées par la souffrance trop présente dans sa vie quotidienne. Mais il aimait vivre et ça se voyait, rien qu'à la façon dont il parlait, avec entrain et énergie. Ses yeux étaient un paradoxe insoluble. Ils brillaient à la fois de tristesse et de joie de vivre. Cet Eren se battait, et ça se voyait.


-Oï Eren, tu fous quoi ? J'ai besoin de toi là !


Aki se crispa en reconnaissant la voix de Levi.


Le brun aux cheveux corbeaux se pencha au-dessus du mur de pierre et aperçut la recrue fraîchement graduée. Il se pinça l'arête du nez.


-Bordel gamine, tu fous quoi par terre ? Une envie soudaine de te mouiller le cul peut-être ?


Elle ne put que répondre par un faible "Excusez-moi".


-Bref Eren, ramène tes fesses on a besoin de ta force de Titan là.


Le mot titan passa dans l'esprit d'Aki, sans qu'elle s'en rende vraiment compte.


-TITAN ?!


Elle avait instinctivement sauté en arrière et regardait le châtain avec des yeux emplis de fureur.


-Bah quoi tu savais pas ? Eren est...


-Caporal ! Attendez, je vais lui expliquer proprement...


Eren se tourna vers la blonde et leva les mains dans un geste d'apaisement.


-Ne t'inquiète pas, je ne te ferai aucun mal. Ce n'est pas quelque chose que j'ai choisi, de toute façon. Je suis comme toi... juste avec quelques gênes de Titan en plus. Mais je suis du côté de l'Humanité ! Je me sers de mes facultés uniquement pour aider les humains.


Aki, par réflexe, dirigea son regard vers son supérieur, demandant une confirmation.


-Ouais tu peux le croire. Parfois il est bien inutile mais son pouvoir de Titan sert bien. D'ailleurs c'est la seule raison qui justifie sa présence dans le bataillon. Sinon je l'aurais viré depuis longtemps.


Les deux avaient l'air de bien se connaître. Aki se surpris à ressentir un sentiment de haine vers Eren -mais pourquoi ?


-Bon allez les gamins bougez vos culs et venez nous aider à virer cette estrade inutile. Au lieu de vous amuser dans l'herbe.


Sans leur laisser leur mot à dire, il s'éloigna. Les deux plus jeunes lui emboitèrent le pas, Eren ayant aidé la petite blonde à se relever.


-Bon, Eren, tu portes ça, et Aki, tu vas m'aider à démonter ça.


Il savait que la blonde ne lui serait pas d'une grande utilité pour porter quelque chose. Mais elle était plutôt habile de ses mains et saurait l’aider dans sa tâche.


 


-A demain Akiiiiii !!


Hanji sauta dans les bras de la blonde qui la repoussa, évidemment. Aki ne supportait toujours pas le contact et Hanji n’avait toujours pas compris qu’elle détestait qu’on la touche.


-A demain, Hanji.


Les recrues devaient retourner chercher leur affaires à l’endroit qui les avaient accueillis pendant 3 ans, puis y rester pour la nuit et ensuite rejoindre leurs corps d’armée respectifs et y rester jusqu’à ce qu’ils ne soient plus d’aucune utilité ou leur mort. A la perspective de quitter le grand bâtiment blanc, qui avait un côté rassurant pour elle, Aki avait presque envie de ne pas partir. Elle s’était construite là-bas, elle avait appris à vivre, à aimer, à réfléchir par elle-même… C’était comme une maison. A l’exception qu’elle n’y trouvait aucun membre de sa famille de sang, c’était un lieu chaleureux et accueillant où elle aimait rester. Particulièrement la bibliothèque, qui regorgeait de livres plus passionnants les uns que les autres.


Elle s’assit à côté de son frère et sa sœur de cœur, qui discutaient activement, tout sourire. Eux ne semblait pas si touchés que ça par le fait de changer de lieu de vie. Après tout, Aki savait bien qu’elle s’attachait trop rapidement. Elle avait tendance à vouloir rester comme elle était, et n’appréciait pas vraiment le changement.


Elle savait qu’il y avait tout de même un côté positif : elle pourrait voir Levi chaque jour. Peut-être même l’aider dans son travail –qu’elle savait très dur, grâce aux immenses cernes du brun (bien qu’elles ne soient certainement pas dues seulement à de la paperasse).


Elle se perdit rapidement dans la contemplation du paysage qui défilait. Aki était une personne qui se plongeait très souvent dans sa bulle, allant parfois jusqu’à perdre le fil des conversations ou même oublier l’existence de ses proches.


-Aki ?


Elle sursauta en entendant le grand brun l’appeler.


-Oui ?


-Tu pensais à quoi pour être aussi absorbée ?... Quoique ça ne change pas trop de d’habitude, ajouta-t-il avec un sourire narquois.


-Je ne pensais pas à quelque chose en particulier, mon esprit a un peu dérivé sans que je m’en rende compte. Tu voulais me demander quelque chose ?


-Contente d’être entrée dans le bataillon ?


-Oui.


-Quel enthousiasme !


-Et vous ?


-Bah la pauvre petite Haru a pleuré-


La « Pauvre petite » en question le frappa sur le haut du crâne.


-Aïe !


-Ne l’écoute pas, Aki, il dit n’importe quoi.


-Je ne dis pas n’importe quoi ! Ne va pas me dire que tu n’as pas pleuré comme une madeleine alors que tu l’as fait !


Il fit un grand sourire à la blonde.


-Et puis il n’y a pas de quoi avoir honte ! Tu n’étais pas la seule !


-Tu sais Haru, c’était quand même un grand choix qu’on faisait. On a énormément de chances, beaucoup plus que dans les autres corps d’armées, de mourir au combat. Tu le sais, Yuki le sait, je le sais, tout le monde le sais. Alors c’est normal que tu pleures en te disant qu’on va peut-être tous mourir dès la première sortie de l’enceinte des murs. Oh, et puis, pourquoi tu n’en aurais pas le droit ? Rien ne t’interdit de pleurer.


Les deux restèrent bouche bée. C’était dingue comme cette fille était mature. Malgré son jeune âge, elle comprenait beaucoup de choses que même certains adultes étaient incapables d’assimiler correctement. Elle pensait d’une manière méthodique et logique et oubliait très souvent d’inclure ses sentiments, à l’inverse exact de n’importe quelle personne de son âge.


-Oh, p’tite Aki…


La blonde ébouriffa les cheveux de la jeune fille aux yeux bleus.


-Qu’est-ce que je t’aime, toi.


 


En pliant ses vêtements, la blonde s’aperçut que son collier manquait. Elle le portait d’habitude toujours autour du cou. Elle commença à paniquer : pas question qu’elle perde ce collier-là. Elle récapitula sa journée : le matin, elle l’avait attaché autour de son cou après s’être douchée. Elle n’y avait, ensuite, pas touché. Etait-il tombé à la cérémonie d’entrée ? Ou à l’annonce des dix premiers ? Dans les deux cas, elle avait très peu de chances de le retrouver. Et elle tenait à ce collier comme à la prunelle de ses yeux.


Elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Ce collier avait une valeur sentimentale inimaginable à ses yeux. Elle ne s’imaginait pas sans lui. Elle s’obligea à sécher ses débuts de larmes et décida de finir son sac avant de partir à la recherche de son collier.


Elle continua donc à plier ses vêtements, comme sa mère le lui avait appris. « Si tu fais de l’ordre dans tes affaires, tu fais de l’ordre dans ta vie », disait-elle.


Quand elle eut fini, elle parcouru tous les couloirs, sans aucune exception, et demanda à chaque personne qu’elle croisait si elle n’avait pas aperçu son collier. Aucun d’eux ne fut capable de lui donner une réponse. Elle dut se perdre au moins 20 fois, mais n’avait toujours pas retrouvé son si précieux objet.


Après avoir vérifié qu’elle avait bien cherché dans chaque recoin du grand bâtiment, elle dut se résoudre à abandonner. Son collier n’allait pas surgir comme ça et elle le savait. Il ne restait que deux seul endroit où il pouvait être : les calèches , celle qu’elle avait prise avec Levi à l’aller et celle du retour, et le lieu où la cérémonie de graduation avait eu lieu. Malheureusement pour elle, elle n’avait la possibilité de chercher à aucun des trois endroits. S’il était tombé dans un des deux fiacres, ses chances de le retrouver étaient de zéro. Néant total et complet. En revanche, il lui restait peut-être une infime chance de le récupérer si elle l’avait perdu durant la cérémonie. Elle pria de toutes ses forces. Elle tenait tant à ce bijou, qu’elle n’avait jamais imaginé le perdre un jour. Elle en prenait tellement soin.


Incapable de s’en empêcher, elle laissa ses larmes couler et s’assit par terre, à bout de force. Ses sanglots devaient s’entendre à 20 kilomètres à la ronde tant ils étaient forts. Heureusement que toutes les recrues étaient dehors, trop occupées à fêter leur graduation pour s’occuper de l’absence d’une de leurs camarades.


La pensée que Levi la trouverait absolument lamentable si il la voyait comme ça traversa son esprit et repartit aussi vite qu’elle était venue.


Au bout d’au moins une demi-heure passée à pleurer, les larmes de la petite blonde finirent par se tarir. Elle resta là, à renifler, avec un mal de tête encore plus horrible que les précédents jours.


Après avoir réussi à se calmer, elle regarda par la fenêtre la plus proche et remarqua que la nuit était déjà tombée. Les premières étoiles commençaient à apparaître dans le ciel nocturne, et la teinte de ce ciel s’assombrissait à mesure que les minutes défilaient.


Une étoile filante passa furtivement dans le ciel étoilé. Elle formula un vœu, en priant de toutes ses forces pour qu’il se réalise.

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