My Beautiful Beast (LevixEren)

My Beautiful Beast

Chapitre 19: When the Teenage Beast goes Wild (part 2)

Le quartier Général de la Garnison de l’Ouest de Shinganshina n’était jamais calme. Mais il avait rarement été aussi agité.

La nouvelle selon laquelle le chef Hannes avait réussi à capturer un suspect correspondant au signalement de Green Hoodie avait fait le tour de tous les services. Et on se pressait pour essayer d’apercevoir le criminel. En vain. Hannes s’était enfermé avec lui dans une salle d’interrogatoire aussitôt arrivé sur place et ça faisait au moins une heure qu’il n’en était pas sorti…

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Hannes était épuisé. Et dépité. Et un peu désemparé aussi…qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir faire de ce gosse ?

En réalité à part l’avoir vu courir, une arme à la main, il n’avait rien à retenir contre lui…oh bien sûr il y avait bien entendu la matraque qu’ils avaient retrouvé dans son sac à dos et qui correspondait parfaitement à l’arme dont on soupçonnait Green Hoodie de se servir mais…il avait l’air tellement… : « Vous savez, vous ne ressemblez pas du tout à un flic… » Hannes soupira : « Oui. Je le sais. On me le dit souvent…Ecoute petit, ça fait une heure que je te cuisine et tu ne veux toujours pas me dire quel rapport tu as avec le voleur d’épicerie ?

- Mais je vous l’ai déjà dit. J’ai essayé de l’arrêter mais il s’est enfuit.

- Et pourquoi est-ce que tu tentais de l’arrêter ?!

- Ca aussi je vous l’ai déjà dit. Je suis Green Hoodie. » Hannes perdit patience et frappa du poing contre la table : « Bon écoute, ça suffit maintenant ! Est-ce que tu sais quel genre d’accusations pèse sur Green Hoodie ?! » L’adolescent n’avait même pas cillé : « Non…

- Agressions ! Possession illégale d’une arme de catégorie 2…il en a pour des mois de taule ! » L’adolescent soupira : « Ouais…j’m’en doutais… » Absolument rien ne paraissait pouvoir l’ébranler. Comme il n’avait toujours pas fait appel à un avocat ou même émis la moindre volonté de voir ses parents, Hannes voulait réussir à lui faire cracher le morceau avant d’avoir à batailler contre le système.

Peut-être qu’il savait quelque chose sur le véritable Green Hoodie ? Ou alors qu’il faisait partie d’un groupe ? Si Hannes réussissait à découvrir l’existence d’un nouveau gang…

L’adolescent parut perdre patience : « Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là mais…je dois rentrer à la maison où on va s’inquiéter pour moi…

- Il fallait y penser avant de jouer au cavalier solitaire avec une arme à feu non chargée au beau milieu de ma ville ! Donne-moi tes coordonnées qu’on prévienne tes parents !

- Bonne idée. Je m’appelle Eren Ackermann et vous pourrez trouver le numéro de mon tuteur dans mon téléphone portable, si vous voulez bien que je vous le déverrouille... » Hannes marqua une pause avant de s’écrier : « Pardon ?

- Je m’appelle Eren Ackermann et…

- Ackermann comme….

-… comme pour le Caporal Levi Ackermann de la Brigade des Ailes de la Liberté, oui… » Gros silence. Hannes frappa à nouveau sur la table, Eren ne cilla toujours pas : « Tu te fous de ma gueule gamin ?! Tu veux que j’appelle le vrai Caporal pour voir ce qu’il fera d’une petite frappe dans ton genre ?! » L’adolescent roula des yeux puis acquiesça : « Oui, appelez-le. Je commence à avoir faim… » Comme pour appuyer ses dire, son estomac gargouilla. Hannes, halluciné, se redressa, marcha jusqu’à la porte, l’ouvrit et s’écria : « Qu’on m’apporte son téléphone portable ! » Ils attendirent quelques minutes.

Eren continuait de l’observer avec décontraction. Hannes le couvrait de son regard le plus menaçant.

On lui apporta enfin le portable en question. Il le saisit et referma la porte avant que l’agent ne jette un coup d’œil curieux dans la salle d’interrogatoire. Puis il revint s’asseoir face à Eren et le lui tendit. L’adolescent ne se fit pas prier et déverrouilla l’écran avant de fouiller dans le répertoire. Il s’arrêta sur le contact dénommé Levi et tendit le cellulaire en direction d’Hannes. Circonspect le chef de Garnison saisit l’appareil. La blague allait très loin…est-ce que le môme avait prévu le coup à l’avance ? Il appuya sur la touche appel, incertain de ce qu’il allait trouver à l’autre bout du fil. Il n’attendit que deux sonneries avant qu’on ne décroche : « Allô ? Gamin ? T’as intérêt à ce que soit urgent… » Hannes sentit tout son sang lui refluer du visage. Lorsqu’il releva les yeux pour de nouveau faire face à Eren, celui-ci souriait.

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Hannes avait décidé, au vue des récentes révélations, de ne pas poursuivre l’affaire du Green Hoodie (adolescent ou non, quelqu’un qui portait le nom d’Ackermann pouvait parfaitement être capable de tabasser des voyous armé d’une vulgaire matraque). La Brigade d’Intervention était le service le plus effrayant de tout le territoire, il n’avait aucune envie de s’attirer les foudres de leur légendaire chef d’Escadron en molestant son petit frère ( ?!?!). Il avait donc choisi d’attendre l’arrivée du Caporal en compagnie d’Eren, dans son bureau, après avoir fait emmené de quoi le restaurer (un cookie extra-large et un chocolat chaud).

L’adolescent avait passé au peigne fin chaque détail de la pièce avant d’accepter de s’asseoir pour lui faire face et commencer à dévorer son goûter.

Hannes ne pouvait s’empêcher de le scruter à la recherche du moindre détail capable de prouver que ce gosse et le Caporal pouvaient avoir le moindre lien de parenté. Eren avait une chevelure brun chocolat, douce et lumineuse. Levi les cheveux noir corbeau et soyeux. L’un avait de grands yeux, l’autre des paupières tombantes. Le premier avait la peau halée, le second était aussi blanc qu’une avalanche de neige. Elancé, petit. Souriant, effrayant. Adolescent, adulte….c’était à s’en arracher les cheveux. Absolument rien à part leur nom de famille ne semblait les relier.

Hannes grogna : « J’avais cru comprendre que le Caporal avait une copine mais…un petit frère…

- Une petite copine ? Vous voulez parler de  Jenny ?

- Qui ? Je pensais qu’elle s’appelait Angel…

- Angel ? C’est moi… » Hannes ouvrit de grands yeux : « Quoi ?

- C’est le surnom que m’a donné Hanji, elle trouve que j’ai les yeux d’un ange. Même si au fond, elle n’a jamais vu d’ange de sa vie…

- C’est…c’est avec toi qu’il avait rendez-vous ?!

-…euh… » Avant qu’ils ne parviennent à éclaircir l’éventuel malentendu qui venait de prendre place, Levi ouvrit la porte d’un geste si brusque que tous les tableaux de la pièce tremblèrent dangereusement. Ses yeux lançaient des éclairs lorsqu’il fondit sur Eren. En un tour de main il lui avait saisi les deux oreilles et les avait tirées vertement vers le haut. Eren poussa un cri de douleur en se redressant pour atténuer la douleur…Derrière lui, la légendaire Hanji Zoé, très visiblement pliée de rire. Levi grogna : « Mais qu’est-ce qu’il peut bien se passer dans ta tête sale mioche timbré ?! » Eren était trop occupé à survivre pour lui répondre, alors Levi s’adressa à Hannes : « La prochaine fois, n’hésites pas à l’enfermer dans une cave ou autre. Une nuit à l’ombre lui remettra peut-être du plomb dans la cervelle !! »

Hanji s’essuya une larme : « Il a quand même osé s’attaquer à la Garnison tout seul avec une arme non chargée Levi…je pense que tes menaces ne l’effraieront pas comme ça… » Levi l’ignora : « Qu’est-ce qu’il a fait ?... » Hannes se sentit frissonner des pieds à la tête. Etait-il plus judicieux de dire la vérité ou de mentir ? Sous le regard perçant de Levi il prit la seule décision que lui autorisait son cerveau, il dit la vérité : « On nous a signalé un vol dans une épicerie. Et votre frère…enfin…il a dû partir à la poursuite du suspect…mais ils se sont perdus de vue et nous avons privilégié la poursuite de Green Hoodie parce qu’il était armé… » Levi fronça dangereusement les sourcils : « Green Hoodie ? C’est quoi ça ?! » Hannes échangea un coup d’œil avec Eren. L’adolescent grimaçait, tentant encore de trouver la bonne hauteur où placer son corps pour que Levi ne puisse pas lui arracher les deux oreilles. Hannes baissa les yeux : « Il s’agit apparemment du surnom que lui ont trouvé les habitants du pôle Est, Caporal.

- Pourquoi est-ce que les habitants du pôle Est lui ont trouvé un surnom ?

- Il tabass…mettait hors d’état de nuire les agresseurs, racketteurs et autres racailles de la cité avant d’appeler la Garnison pour qu’on récupère leurs corps inconscients…il s’est fait sa petite réputation dans le coin… » Hanji trépigna sur place et couina : « Angel ! Trop la classe ! » Levi grinça des dents : « Hanji, la ferme. Il me faut toute ma concentration pour ne pas lui arracher la tête… » Le Caporal lâcha les oreilles de l’adolescent et d’une pression sur l’épaule le força à se rasseoir sur son siège : « Morveux, six ans dans le coma et tu me sors toujours le même genre de connerie ?! 

- Je ne vois pas trop ce que le coma a à voir là-dedans… » Voir quelqu’un répondre au Caporal alors qu’il avait clairement l’aura d’un homme prêt à vous égorger, c’était aussi impressionnant que de voir une gazelle chargée tête la première pour défendre sa vie face à un lion affamé…Ils se toisèrent un moment puis Levi gronda : « Hanji, emmène le en voiture, tout de suite ! » Hanji acquiesça, Eren se redressa et lui emboita le pas sans regarder en arrière. Un lourd silence suivit leur départ et pendant un instant Hannes crut voir défiler toute sa vie devant ses yeux…

Enfin Levi demanda : « Est-ce que ce sera consigné sur son casier judiciaire ? » Hannes marqua une pause : « Non. Personne ne me croirait de toute façon…

- Je suis sûre qu’il existe des preuves qui …

- Nop. Aucune preuve. Rien du tout. » Nouveau silence. Hannes se permit d’ajouter : « Il suffit de me promettre que Green Hoodie ne remettra plus les pieds dans le coin…ou ailleurs… » Levi haussa les sourcils et c’est d’une voix glaciale qu’il répondit : « Crois-moi, l’ivrogne. Green Hoodie ne mettra plus jamais les pieds nulle part… »

Leur retour en voiture s’était effectué dans le plus grand des silences. La tension était telle que même Hanji s’était retenue d’ajouter le moindre commentaire.

Lorsqu’ils se garèrent Eren n’attendit pas une minute pour descendre et foncer se réfugier à l’intérieur de la maison. Levi lui emboîta le pas, bien décidé à en découdre. Mais à peine avait-il mis un pied dans le hall qu’Eren était déjà en train de monter les marches quatre à quatre : « Morveux ! Tu crois t’en sortir en fuyant ? Je vais te… » Hanji lui posa une main sur l’épaule et agita la tête de droite à gauche : « Calme-toi Levi, je pense qu’il a compris sa leçon…

- Il t’a eu l’air de quelqu’un qui regrettait ses actes ? Je n’arrive pas à croire qu’il ait fait ça ! » Hanji ricana : « C’est ton ‘petit frère’ Levi. Un Ackermann. Il ne serait pas à la hauteur s’il n’avait pas quelques petits démêlés avec la justice…

- Je suis son tuteur, binoclarde. Et ce n’est qu’un Ackermann d’adoption. De plus je te signale que Mikasa n’a jamais eu le moindre démêlé avec la justice ! S’il ne veut pas se comporter comme il le faut, alors c’est à moi de l’y forcer… » Hanji haussa les épaules : « Tout ce que je voulais dire, moi, c’est qu’Eren est en plein dans l’âge ingrat. Son instinct de rébellion est plus fort aujourd’hui qu’il ne l’a jamais été alors peut-être que tu devrais…

- Hanji, ce gosse saignait des adultes à coup de barre de fer à l’âge de cinq ans. C’est un obsédé de la baston et il a plus ou moins participé au meurtre des deux hommes qui ont tué la mère de Mikasa…je pense sincèrement que son petit livret perso est assez rempli. » Hanji ne trouva rien à répondre.

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Deux mois s’étaient écoulés depuis qu’Eren s’était laissé arrêter par Hannes pour permettre à Taylor d’échapper à la prison.

Bien que sa relation avec Levi ait été tendue pendant plus d’une semaine (il était venu le chercher à la fin des cours de rattrapage et l’avait posé directement à la maison avant de repartir pendant toute cette période) les choses avaient fini par se tasser. Eren avait promis de ne plus enfiler son sweat ou même chercher à s’attirer des ennuis. A partir de cet instant, Levi avait décidé de lui refaire confiance et de le laisser rentrer seul à nouveau. Et même si Eren n’avait aucune intention de se montrer indigne de cette confiance, il était hors de question qu’il retourne broyer du noir dans leur grande maison vide.

D’autant plus qu’il s’était fait sa propre théorie à propos des cauchemars qui pourrissaient toutes ses nuits depuis qu’il était revenu habiter à Trost. C’était cet endroit, cette chambre au bout du couloir, qui lui pesait sur la conscience. Elle lui rappelait la mort de sa mère et les derniers souvenirs qu’il en avait.

Alors Eren avait commencé à rendre visite à Hannes.

Il ne savait pas ce qui lui avait vraiment plu dans le personnage. Le fait qu’il n’ait absolument pas la tête de l’emploi ? Ou alors le fait qu’il soit complètement inconscient de ses forces et ses faiblesses ? Hannes était un chef aimé et à l’écoute. Eren n’avait eu qu’à squatter son bureau pour s’en rendre compte, tout le monde s’en remettait à lui au moindre souci et même lorsqu’il ne s’agissait pas de son domaine d’expertise il se pliait quand même en quatre pour régler la question.

Hannes était un homme généreux. Il s’occupait du ravitaillement du centre d’aide et pouvait passer des heures à faire le service ou parler aux personnes qui osaient venir en bénéficier. Eren adorait le suivre partout et même si sa présence avait commencé par le rendre nerveux, l’homme avait semblé finir par l’accepter comme il acceptait absolument tout le reste. Les hommes du quartier général de la Garnison Est finirent d’ailleurs tous par accepter la présence de l’adolescent, le fameux Ackermann junior, aux côtés de leur supérieur, comme s’il avait toujours fait partie de l’équipe.  

Si bien qu’Eren avait fini par partir en patrouille avec leur chef sans que personne n’en soit choqué.

Une fois dans la voiture, l’adolescent cessait d’observer pour devenir un véritable moulin à parole. Il lui posait des questions sur leurs rondes, leurs horaires, leurs techniques d’interventions, leur plus grosses affaires en cours, celles qui avaient propulsé Hannes au rang de chef de la Garnison de l’Est de Shinganshina… : « Je pense qu’Erwin m’a donné cette responsabilité parce que j’étais le moins pire du lot…je n’ai absolument rien d’un héros…

-…Tu es un héros Hannes. Tu es juste trop bête pour t’en rendre compte. » L’homme grogna : « Ton nom de famille ne te donne pas le droit de me manquer de respect ! » Eren avait haussé les épaules : « Je ne te manque pas de respect, je ne fais que dire la vérité…tu sais ce qu’il te manque ? » Hannes s’était garé un peu plus bas que l’angle de la rue, dans une position qui lui permettait d’observer le magasin qu’il ciblait, sans être vu. Ils se trouvaient dans une voiture banalisée. Eren avait répété : « Est-ce que tu sais ce qu’il te manque ?

- Je ne suis pas sûre de vouloir entendre l’avis d’un ado de quatorze ans qui tabassait des criminels avec une matraque… » Eren avait grogné : « Tu as accepté de couvrir l’affaire juste pour faire plaisir à Levi… » Il avait claqué de la langue : « Avec un dossier pareil, intégrer Survey Corp. n’aurait plus été un rêve pour moi… » Hannes avait haussé un sourcil : « Pardon ? Tu as fait tout ça parce que tu voulais devenir un E.C ? Mais t’es complètement fou mon pauvre garçon…tous les E.C ne finissent pas à Survey Corp. ! Seul le Commandant Erwin Smith peut décider d’admettre un E.C à l’académie…et ça fait des années qu’il n’en a pas repéré un seul capable d’attirer son attention …

- Je ne veux pas être méchant mais je suis certain que j’aurais pu continuer encore longtemps mon job de Green Hoodie si je l’avais voulu… au bout de quelques mois, ma réputation l’aurait forcée à me considérer comme une potentiel recrue…» Hannes lui avait asséné une tape à l’arrière du crâne : « Sale petit morveux ! T’es en train d’insinuer que tu as fait exprès de te faire attraper ? » Eren l’avait ignoré, les yeux braqués sur le magasin : « Dis…qu’est-ce qu’on fait là ? » Hannes avait soupiré : « On est juste là pour surveiller cette boutique. Récemment, un criminel s’est mis en tête de braquer absolument tous les magasins liés à cette enseigne de distribution…on pense qu’il s’agit d’une vendetta. Comme un ancien employé qui se serait senti lésé ou un concurrent qui aurait payé quelqu’un pour faire le sale boulot…

- Et il ne reste que cette boutique sur la liste ?

- Non…c’est…

- Tu l’as choisie par instinct ?

-…Pas vraiment…c’est juste que j’aie eu l’impression qu’il y avait une sorte de schéma…alors…

- Pourquoi tu n’as pas mis plus d’homme sur le coup ?

- Eren, je ne peux pas me permettre de mobiliser mes hommes à chaque fois que j’ai un pressentiment !

- Tu vois, c’est ce qu’il te manque.

- Quoi ?

- Des couilles. » Hannes avait entrouvert la bouche, sourcils froncés, puis Eren lui avait pointé la boutique du doigt : « Quel est le mode opératoire ?

- Eh bien…c’est un fantôme. A chaque fois c’est la même chose, il endort absolument tout le monde après l’horaire de fermeture et vole tout ce qu’il y a dans la caisse. Puis il disparait…on a cherché parmi les derniers clients et épluché les enregistrements des caméras de surveillance mais…rien d’anormal…sauf peut-être la présence…

-…d’une camionnette de dératisation bleue avec un logo rouge dessus ? » Hannes s’était penché vers l’avant, observant la camionnette de dératisation qui venait de faire son apparition au coin de la rue. Le véhicule s’était garé non loin du magasin mais sans aller jusqu’au parking. Eren s’était mis à sautiller sur place : « Va leur demander les papiers du véhicule ! Regarde, il est tout seul ! Un dératiseur seul dans une camionnette ? Si ce n’est pas suspect ça !

- Eren…je ne peux pas…

- Hannes, il entre dans la boutique…par l’arrière ! » Le chef avait juré entre ses dents : « Merde, je demande du renfort ! » Eren avait levé les yeux au ciel avant de descendre de la voiture banalisée et de trotter vers la camionnette d’un pas leste. La radio d’Hannes avait répondu alors qu’il suivait le déplacement d’Eren des yeux : « Ici le central, j’écoute, quelle est votre urgence ? » Sous son regard ébahi l’adolescent avait enlevé sa veste avant de l’enrouler autour de son poing et de briser la vitre de la camionnette. Hannes avait juré à nouveau : « Et merde ! Envoyez des unités au bloc B659 à la supérette de l’angle ! » Puis il était descendu de voiture.

Le bruit de verre brisé avait attiré l’homme vêtu d’une combinaison de dératisation qui était revenu dans la rue. Alors sans réfléchir Hannes l’avait appréhendé en le plaquant au sol. Sous le feu de l’action le suspect avait laissé tomber la mallette qu’il tenait d’une main. Il s’était ensuite avéré qu’il l’utilisait pour transporter le produit extrêmement volatile qu’il brisait dans les conduits d’aération. Il s’agissait en effet d’un ancien patron renvoyé pour avoir trafiqué les comptes de sa supérette. Il savait donc comment désactiver le système de sécurité et en modifier les images.

Ça avait été la première affaire qu’Hannes résolvait seul sous une impulsion d’Eren. En deux mois, bien d’autres avaient suivies. Si bien que le taux d’arrestation du chef n’avait jamais été aussi haut. Et qu’il avait fini par avoir des cheveux blancs. Jusqu’au jour où il en était venu à supplier Eren de lui laisser un peu de répit…

Raison pour laquelle il se retrouvait à nouveau à déambuler dans les rues du quartier Est de Shinganshina, les mains dans les poches, non loin de la cité.

Il n’avait aucune intention de jouer à nouveau Green Hoodie mais aucune envie de rentrer à la maison pour se retrouver seul…alors…il errait sans but précis. Il passait devant un terrain de basket quand il entendit : « Hey ! Toi ! » Il tourna la tête sur sa gauche, plus ou moins préparé à devoir en découdre pour tomber sur le visage ahuris de Taylor : « Green Hoodie ! Je savais que j’avais déjà vu cette démarche quelque part ! »

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Cela faisait une éternité qu’Eren n’avait pas trouvé le basket aussi amusant.

La dernière fois, il avait sept ans. Eld, Gunther et Oluo avaient accepté de faire une partie avec Levi et lui, dans leur jardin (là où Levi lui avait appris les bases du jeu). C’était la seule et unique fois où Eren avait eu la chance d’y jouer par équipe. Bien qu’il ait eu un peu de mal à s’habituer aux règles plus lascives et violentes du street-basket, ainsi qu’à la dynamique du jeu collectif, il avait fini par retomber amoureux de ce sport. A la fin de leur énième partie, il s’était laissé tomber au sol, ravi d’avoir trouvé une façon saine et mature de dépenser son trop plein d’énergie. C’était d’autant plus satisfaisant quand ce n’était pas ses jambes, prises d’une soudaine faiblesse, qui l’empêchait d’aller au bout de ses ambitions.

Il était fatigué et fier de l’être.

Taylor lui tendit une bouteille d’eau. Eren accepta avec plaisir, s’en aspergea un peu le visage avant de laisser le liquide lui couler dans le gosier. Le blond s’installa à même le sol, à ses côtés : « T’es plutôt bon pour un bourge ! Je n’avais jamais vu quelqu’un sauter aussi haut… » Eren lui cogna l’épaule de la sienne : « Je ne suis pas un bourge. Mais merci pour le compliment… 

- Tu parles comme un bourge, tu t’habilles comme un bourge, je suis sûre que tu vis dans une maison de bourge…

- …C’est mon tuteur qui préfère m’acheter des vêtements de qualités plutôt que d’avoir à en racheter tout le temps… » Taylor lui lança un drôle de regard : « Un tuteur ? Où sont tes parents ? » Eren marqua une pause : « Ma mère est morte il y a six ans... » Il avait toujours l’impression de raconter l’histoire de quelqu’un d’autre lorsqu’il prononçait ces mots. Il n’aimait pas la lueur de compassion qui illuminait le regard de ceux à qui il faisait cet aveu…il n’avait pas l’impression qu’on doive le plaindre. Après tout il savait qu’il allait le faire payer très cher à ceux qui l’avaient séparé de sa mère...

Eren ajouta : « …et je n’ai pas la moindre idée de ce que peut faire mon père actuellement. Mais ça va…mon tuteur est cool. On est bien…ouais, on va bien… » Eren marqua une nouvelle pause. Taylor visiblement mal à l’aise se racla la gorge et décida de changer de sujet : « ...Hum, à propos des flics et des centres d’aide…t’avais pas tort. Ce ne sont pas tous des trous du cul… » Eren lui répondit, l’un de ses sourires les plus désarmant flottant sur les lèvres : « Tu vois ! Je te l’avais bien dit ! Et au moins comme ça, tu ne risques plus de laisser ton petit frère tout seul…Vous ne devez pas voir ce quartier comme quelque chose que vous subissez. Je veux dire, c’est vrai que vous êtes pauvres, que vous avez à peine de quoi vous caler l’estomac…mais au fond, cet endroit c’est votre maison, non ? Et une maison, c’est un endroit à nous, qu’on doit protéger… » Eren ne s’était pas rendu compte qu’ils avaient une audience.

Les amis de Taylor s’étaient rapprochés dans l’idée d’en apprendre plus sur l’étrange garçon qui avait aidé l’un des leurs.

L’un d’entre eux répliqua : « C’est bien facile de dire ça mais on n’est que des gosses, ce n’est pas comme on pouvait changer quelque chose à ce quartier de merde ! » Plusieurs d’entre eux acquiescèrent. Eren se redressa et leur fit face : « Des gosses ? Vous êtes déjà des citoyens de Shinganshina, c’est vous qui faites la pluie et le beau temps pour tous les habitants du pôle Est ! Ensemble, vous pouvez faire en sorte que cet endroit devienne le genre d’endroit où vous n’aurez plus peur pour la sécurité de votre mère, votre père, vos sœurs et vos frères…est-ce vraiment si mal de vouloir habiter un endroit où vous n’avez pas à trembler à chaque coin de rue ? » Ils avaient tous l’air plus ou moins touché par son discours. Au moins, ils réfléchissaient à la question…

Taylor lui tapota l’épaule : « Ne vous laissez pas embobiné, avant la fin de la journée, il vous aura tous transformé en nouvelles recrues pour la Garnison ! » Eren rit de bon cœur : « Le chef Hannes en charge de votre pôle est un chic type ! » Taylor avait l’air estomaqué : « Tu es devenu pote avec le chef Hannes ?! Maintenant que j’y pense, où est-ce que t’étais passé pendant tout ce temps ? T’as fait de la taule ? » Eren prit un air mystérieux : « Non c’est… » Il s’arrêta net.

L’éclairage du terrain venait de s’allumer au-dessus de leurs têtes.

Eren jura : « Merde ! Quelle heure il est ? » L’un des amis de Taylor regarda sa montre : « Hmmm déjà 21h….tu veux manger avec nous Green Hoodie ? » Eren s’était précipité vers son sac à dos : « Euh…non, je ferais mieux de rentrer ! Ou on risque de me scalper…. » Il s’apprêtait à quitter le terrain lorsque trois voitures noir, s’arrêtèrent devant le terrain de basket. Le cœur d’Eren manqua un battement lorsque Levi descendit de la première. Ses lunettes de soleil futuriste posé sur le nez, il croisa les bras sur son torse et Eren crut voir une veine de colère lui tressauter sur le front, même à cette distance…

Eren fronça les sourcils, comment est-ce que Levi avait fait pour le retrouver ? Eld, Oluo, Gunther et Petra descendirent de voiture à leur tour. Ils portaient tous l’uniforme et leurs lunettes. Ils se dégageaient d’eux, pour qui ne les connaissaient pas comme Eren, une certaine aura menaçante.

Levi fit signe à Eren d’approcher.

Et immédiatement, Taylor et ses amis se rassemblèrent autour de lui. Eren surpris lança un regard interloqué à Taylor qui lui répondit : « Tu viens de le dire Green Hoodie, c’est à nous de rendre notre quartier plus sûr non ? » Eren ne put s’empêcher de sourire : « C’est…super courageux. Mais si à l’avenir des gars aussi craignos débarquent dans le coin, prévenez la police et fuyez… rendre le quartier plus sûr c’est super cool. C’est un travail de tous les jours…mais arrêter les types louches comme eux…ce n’est pas vraiment votre boulot…

-…Tu dis ça mais t’es quand même le type qui tabassait des criminels dans la rue… » Eren grimaça : « Oui bon…je suis un mauvais exemple ? » Taylor glissa le regard en direction de l’Escadron et demanda, nerveux : « Qu’est-ce qu’ils te veulent ? T’as des problèmes avec la mafia ?! » Eren explosa de rire : « Non ! C’est…-il parut chercher ses mots-…ma famille. » Il n’avait pu en trouver de plus juste. Taylor sembla tomber des nuées : « Quoi ? T’es mafieux et tu rêves de devenir flic ?

- Non…ce ne sont pas des mafieux…écoutez les gars, je reviendrais sûrement jouer avec vous très bientôt. C’était super ! Mais je dois y aller… Soyez sage ? » Il s’éloigna, les saluant d’un vague geste de la main.

Ce ne fut que lorsqu’il fut arrivé devant les intrus et qu’ils commencèrent à discuter ensemble, que l’un des amis de Taylor s’écria : « Hey…vous n’avez pas l’impression de le connaitre ce type ?

- Quoi, lequel ?

- Celui à qui parle Green Hoodie… » Ils marquèrent une pause puis un membre du groupe souffla : « C’est le Caporal Levi Ackermann… » Leur ami grimpa dans la voiture du Caporal et ils s’éloignèrent. Tandis que leur groupe restait sous le choc.

Mais d’où est-ce que sortait Green Hoodie ?!

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Il suffit qu’Eren s’éloigne de ses nouveaux amis pour que toute la colère qu’il contenait à peine lui jaillisse hors de la poitrine. Il n’y avait pas trente-six mille solutions, si Levi était là, c’était qu’il l’avait fait suivre.

Quand il arriva à leur hauteur, les yeux d’Eren lançaient des éclairs. Et la posture de Levi indiquait clairement qu’il était extrêmement en colère lui aussi. Eren croisa les bras à son tour : « Comment tu as su où me trouver ? » Levi répondit d’une voix sèche : « Monte. Tout de suite. » Eren tremblait de rage. Il pouvait sentir les regards de Taylor et ses amis lui peser sur la nuque. Les regards des amis de Levi tenter de lui percer le crâne…il était en colère, embarrassé, furieux…comment est-ce que Levi avait pu lui faire ça ? C’était la première fois de sa vie qu’on tentait de le chaperonner, de restreindre sa liberté. Qu’on le considérait comme un enfant…voire pire. Comme un prisonnier. Il prit sur lui. Ce n’était ni l’endroit, ni le moment. Il devait prouver qu’il était digne.

Il monta en voiture.

Mais à partir du moment où ils arrivèrent dans leur garage…

Eren sortit du véhicule et claqua la portière bien plus fort que nécessaire. Il avait fait de son mieux pour se contenir mais là, plus rien ne le retiendrait : « Tu m’as mis un putain de mouchard Levi ?! C’est ça ? Tu m’as mis une puce comme on le ferait pour un chien perdu ?! » Levi descendit à son tour de voiture mais il referma sa portière avec soin : « Je suis responsable de toi, je te traite comme je le veux. Surtout si j’estime que c’est nécessaire. » Eren désigna d’un doigt tremblant la présence de Petra, Oluo, Gunther et Eld : « Ils étaient indispensables, eux ?! Qu’est-ce que tu croyais que j’étais en train de mener une foutue guerre ?!

- Eren. Baisse d’un ton. » Eren tremblait de rage : « Je croyais que tu me faisais confiance…

- Qu’est-ce que t’as fait depuis que t’es réveillé pour me prouver que je pouvais te faire confiance ? » Eren parut estomaqué : « Je te l’ai promis ! J’ai promis que je ne m’attirerais pas d’ennuis !

- Et j’étais censé te croire sur parole ?

- Ce n’est pas une raison pour me coller un mouchard ! Ma mère ne m’a jamais fait surveiller ! Elle me faisait confiance !

- Et tu crois qu’elle avait raison de le faire ? Est-ce que je dois te rappeler dans quelles circonstances on s’est rencontré ?

- Je…je ne suis plus un enfant ! Et même à l’époque je comprenais lorsqu’on me disait que…tu n’avais pas le droit…j’étais… » Eren sentit les larmes lui monter aux yeux, ce qui l’énerva encore plus.

Pourquoi fallait-il que ses conduits lacrymaux le trahissent maintenant ?

Eren prit de grandes inspirations puis il releva les yeux vers Levi : « Pour qui est-ce que t’avais peur ? Qui est-ce que tu tentais de protéger là, moi ? Ou les autres ? » Un silence. Levi répondit : « T’es une foutue bombe à retardement. Tu ne sais pas te contrôler, pire tu n’essaies même pas. Je suis responsable de toi. Est-ce que t’as au moins conscience des dégâts que tu pourrais causer ? C’est la réalité ici, morveux. Il serait temps que tu te réveilles. » A peine eut-il finit de prononcer ces mots qu’il regretta la plupart d’entre eux.

Pour la première fois depuis qu’il le connaissait, Levi put lire de la douleur dans le regard étincelant d’Eren.

Son cœur se comprima et il serra les poings. Levi savait qu’il n’avait pas tort. S’il était aussi dur c’était pour qu’Eren prenne conscience des dangers qu’il encourrait. Même Erwin ne savait pas ce que préparaient les Titans. Sauf que ceux-ci avaient des chances, s’ils apprenaient l’existence d’Eren, de vouloir lui faire subir le même sort que Carla…Mais Eren était tout sauf prudent. Il fonçait tête baissée dans les pires situations, risquait de révéler sa nature au monde de la pire manière possible. Il se mettait en danger. Et il mettait aussi en danger l’Escadron de Levi, qui n’hésiterait pas à se mettre en première ligne pour le protéger…

Le vert d’eau scintillant des pupilles qui le fixaient, à la recherche d’une émotion, d’une réaction, qu’elles ne trouvèrent pas, se ternit.

Eren baissa la tête, comme vaincu. « Tu as raison. Je ne suis pas humain après tout. Je sais que je représente une menace pour les autres…je sais que tu es responsable de moi…j’espérais juste que tu aurais confiance en moi…j’espérais que tu aurais autant confiance en moi que j’ai confiance en toi. Comme ma mère le faisait…comme tu avais l’air de… » Il ne trouva pas comment exprimer ce qu’il ressentait vraiment. Il savait que Levi ne le considérait pas comme ‘un bon garçon’. Il ne l’avait jamais fait. Mais ça n’avait aucune importance avant. Parce qu’Eren avait l’impression que Levi l’acceptait pour ce qu’il était. C’était peut-être même mieux que ce qu’avait à lui offrir sa mère.

Eren se dirigea d’un pas traînant vers la maison. Il s’y engouffra sans un regard en arrière.

Sous les regards désemparés de son équipe, Levi balança un violent coup de pieds dans la roue de sa voiture avant de jurer. S’il y avait eu un autre moyen de faire, une méthode magique qui lui aurait permis de régler les choses sans en venir là, alors Levi aurait voulu la connaître. Mais ce n’était pas le cas.