My Beautiful Beast (LevixEren)
Chapitre 18 : When the Teenage Beast Goes Wild (part 1)
5146 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 10/11/2016 20:48
My Beautiful Beast
Chapitre 18: When the Teenage Beast goes Wild (part 1)
Il ne lui avait fallu qu’un mois et demi avant que la routine ne fasse place à un ennui mortel.
Mikasa et Armin avaient intégré l’une des meilleures écoles qui puissent exister à Heaven en dehors du mur magnétique. Mais comme elle se trouvait dans le quartier de Yalkell, l’un des quatre quartiers les plus proches du mur, ils avaient dû accepter de s’inscrire en tant qu’élèves profitant de l’option d’internat pour éviter d’avoir un temps de trajet excédant les deux heures aller-retour. Un internat qui en temps normal leur permettait d’être proche de Stohess et du Labo et donc de rendre visite à Eren avant la fin du couvre-feu. Mais qui, maintenant qu’il habitait de nouveau à Trost, réduisait leur temps ensemble à quelques heures tous les weekends.
Du coup, une fois ses cours de rattrapage au Labo terminé, Eren rentrait à la maison. Jouait avec En. Regardait des films d’action. Et s’ennuyait ferme. En plus de se sentir angoissé (Le silence de la maison, lui donnait parfois l’impression d’être toujours dans le coma et d’avoir fantasmé son réveil).
Il avait quatorze ans. Il n’était plus un petit garçon. Il savait donc qu’il ne devait pas et ne pouvait pas compter sur Levi pour éloigner le spectre de sa solitude. Levi était extrêmement occupé en ce moment, bien qu’il ne parle jamais de son travail avec Eren, les quelques discussions qu’entretenait l’adolescent avec Hanji lui apprirent que leur Escadron devait actuellement abattre seulement à sept le travail d’une vingtaine voire d’une trentaine d’hommes. Enfin, à un peu plus si on comptait les nouvelles recrues et les assistants de divers services de la Brigade qu’ils mettaient à contribution). Résultats des courses ? C’était déjà un miracle que Levi prenne la peine de rentrer à la maison tous les soirs.
Ils se croisaient à peine ces jours-ci.
Eren avait pris l’habitude d’aller jogger très tôt le matin donc il se réveillait soit en même temps que Levi (du coup à son retour celui-ci était déjà parti en lui laissant un petit-déjeuner tout préparé sur la table), soit juste après (là encore c’était Levi qui préparait le petit déjeuner avant de s’en aller), soit bien avant (et enfin, Eren avait l’occasion de lui rendre l’appareil). Le soir, Eren ne prenait plus la peine de commencer la nuit dans sa chambre. Il venait directement s’allonger à sa place, dans le lit de Levi, où il s’endormait paisiblement avant d’y être rejoint au beau milieu de la nuit. Autrement, c’était Levi qui rentré un peu plus tôt qu’à l’accoutumé allait directement s’y effondrer avant d’y être rejoint par Eren un peu plus tard…
Ce matin-là était l’un de ceux où Eren se réveillait bien avant Levi.
D’ailleurs, l’adolescent n’avait aucun souvenir du moment où le brun l’avait rejoint. Depuis qu’ils dormaient ensemble, Levi avait décidé de porter un pyjama convenable. Un T-shirt noir et un pantalon de toile, souple et ample, de la même couleur. Leur situation était déjà assez bizarre sans qu’il n’y ajoute son grain de sel…Eren avait ouvert les yeux pour se retrouver face à son torse. Levi avait une jambe entre les siennes et sans le serrer, avait refermé ses bras autour de lui. Un peu comme si Eren était l’un de ces coussins géants qu’il voyait dans les vitrines de magasin. S’il ne s’était pas senti aussi bien, Eren aurait sans doute pensé à se venger en réveillant à son tour Levi d’un coup dans les côtes.
Mais comme il l’avait dit, il se sentait bien dans cette position. Et surtout, il n’avait aucune envie de mourir si jeune…
En jetant un rapide coup d’œil à l’horloge qui se trouvait au-dessus de la porte, il sut qu’il lui restait au moins dix minutes avant d’avoir à se lever alors il referma les yeux pour en profiter. Une fois les paupières closes l’obscurité parut décupler la conscience qu’il avait du corps endormi contre le sien. L’odeur de Levi lui emplit les poumons et il eut soudain l’impression qu’il faisait bien trop chaud. Sans bien comprendre ce qu’il se passait, il commença à se sentir agité, presque fébrile. Son cœur commença à battre plus vite. Après mûre réflexion peut-être que Levi avait eue raison de le frapper. Rester dans cette position alors qu’il était réveillé…c’était pire qu’embarrassant.
Eren tenta de calmer son rythme cardiaque, en vain. Alors il s’extirpa des bras de Levi et commença sa routine tout en se promettant d’éviter de se retrouver dans ce genre de situation gênante à l’avenir.
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Eren devait prendre deux bus avant de pouvoir atteindre le Labo ou rentrer chez lui.
Comme il profitait du temps de trajet pour terminer ses lectures obligatoires pour le lendemain, il ne lui paraissait jamais trop long. Et bien au contraire, Eren appréciait lorsqu’il se prolongeait parce qu’il s’agissait d’autant moins de temps passé tout seul à la maison (parfois même En préférait vagabonder que de venir s’ennuyer avec lui sur le canapé). D’habitude il avait à peine le temps de considérer sa correspondance d’un bus à l’autre comme une véritable interruption de trajet. Mais cette fois-ci, le bus censé le ramener dans le quartier de Trost allait avoir plus d’une heure de retard. Et pour la première fois depuis très longtemps, Eren se retrouva coincé à Shinganshina.
Shinganshina avait beau être le ‘quartier’ le plus étendu de la capitale, chacun de ses pôles géographique se ressemblait. Raison pour laquelle bien qu’Eren ait habité dans le Sud-Ouest de Shinganshina, il avait l’impression d’avoir déjà parcouru les rues et ruelles du pôle Est en long et en large.
Il avait décidé de profiter de ce retard inopiné pour débuter les ‘grandes explorations d’Eren Jäeger’ version 2.0.
C’était d’un pas leste et confiant, la capuche de son sweat vert remontée sur la tête, qu’il avait entrepris son voyage. Il était en train de traverser une sorte d’avenue lorsque son regard tomba, un peu par hasard, sur cette ruelle. La scène qui s’y déroulait lui rappela immédiatement des tas d’autres scènes toutes droites issues de ses souvenirs d’enfance. Le racket était monnaie courante à Shinganshina. Même si chacun des habitants étaient dans le besoin, ils trouvaient toujours quelque chose à envier à leur prochain. Enfant, Eren avait appris à détourner les yeux. Mais maintenant ? Il n’était plus aussi petit. Plus aussi faible non plus. Et il n’avait plus de compte à rendre à sa mère…
Il chercha des yeux un instant avant que son regard ne s’arrête sur une barre de fer.
Un autre souvenir refit surface. Toutes ces heures qu’il avait pu passer, alors à peine âgé de cinq ans, à balancer une barre similaire à celle-ci contre un arbre afin d’être sûr qu’il avait bien l’outil en mains et qu’il ne manquerait pas ses cibles lorsqu’il serait temps de donner une bonne leçon aux hommes qui avaient osé agressés sa mère…Maintenant lorsqu’il repensait à cette époque il se rendait compte que Carla avait préféré se sacrifier plutôt que se défendre pour éviter d’attirer l’attention des hommes qui étaient à sa recherche…après tout elle possédait sans doute la force de leur arracher la tête à mains nues…dommage que son fils n’ait pas hérité ne serait que d’une once de sa prudence.
Eren s’avança et saisit la barre de fer. C’était beaucoup plus léger qu’il ne s’en rappelait. Presque trop léger en fait. Il la balança de droite à gauche en quelques mouvements de poignet…c’était maniable. Il sourit à part lui, est-ce qu’il allait vraiment faire ça ? Après tout, on lui avait demandé de se tenir à carreaux….oui mais…ça c’était sans prendre en considération le fait qu’il désire intégrer Survey Corp. puis la Brigade d’Intervention….
Quel genre de futur flic il faisait s’il n’était même pas fichu de porter secours à son prochain ?
Alors qu’il approchait de la ruelle, son arme en mains, Eren se souvint des dernières batailles qu’il avait livrées. Elles s’étaient toutes solder par de cuisantes défaites. A l’époque sa mère faisait tout ce qui était en son pouvoir pour endormir la ‘bête’ et lui permettre d’avoir une enfance normale. Depuis qu’Eren s’était mis en tête d’exterminer les Titans et de leur faire payer pour la mort de sa mère, la ‘bête’ avait semblé s’endormir d’elle-même. Comme si elle rassemblait ses forces pour les moments qui importaient vraiment. Il y avait quelques temps, Eren s’était coupé en cuisinant, il lui avait fallu deux jours avant que la blessure ne disparaisse…il ne pouvait plus compter sur son habilité à guérir plus vite que la moyenne…qu’en était-il du reste ? Il n’était même pas sûr que son corps puisse suivre. Avait-il déjà récupéré l’énergie perdue pendant son jogging du matin ? Dans le pire des cas de figure, ses jambes cessaient de fonctionner en plein combat….
En dépit de toutes ses questions, il continuait d’avancer résolument vers la ruelle.
Il n’était sûr de rien mais il continuait de se sentir incroyablement excité à l’idée de se battre à nouveau. Sa mère avait voulu le protéger et lui donner une vie normale en endormant la ‘bête’. Mais peut-être qu’elle s’était trompée de cible. Peut-être que le vrai problème n’était pas qu’Eren dispose de ce pouvoir mais plutôt Eren lui-même. Pour lui, la violence était instinctive. Presque intrinsèque. Il avait assez grandi pour ne plus la provoquer mais…était-il capable de résister à son appel ?
Quand Eren pénétra dans la ruelle et que ses yeux se posèrent sur la victime, repliée sur elle-même alors que ses assaillants la martelaient de coups de pieds, il vit rouge.
Cela faisait des années qu’il n’avait pas eu cette sensation. Le sang dans ses veines coulait si vite qu’il lui semblait le sentir traverser chacun de ses muscles. La chaleur lui monta à la tête alors que sa vision se teintait d’un voile carmin. Il pouvait entendre les battements du cœur des agresseurs, sentir leur odeur, les distinguer les uns des autres…Ils étaient trois. L’un d’entre eux frappait tandis qu’un second harcelait leur victime d’ordre : « Donne ton portefeuille et ton portable du con ! Tu veux finir à l’hosto ? » Et que le troisième agresseur faisait le guet.
Lorsque son regard croisa celui d’Eren, il était trop tard.
L’adolescent leur avait fondu dessus comme un oiseau de chasse sur sa proie. D’un swing parfait il frappa en pleine tête celui qui martelait la victime de coups de pied. L’homme s’effondra brusquement, inconscient. D’ordinaire, Eren se serait sûrement un peu acharné sur lui, histoire d’être certain qu’il ne se relève pas. Mais actuellement, son esprit était plus calme qu’il ne l’avait jamais été. Son corps était comme une machine parfaitement huilée, efficace et puissante. Il était étrange de se rendre compte que la rage qu’il ressentait dans chacun de ses muscles était totalement sous contrôle.
Il fit encore un pas en avant, esquivant avec habilité la main tendue du troisième assaillant qui avait tenté de l’agripper. Une fois entré dans son espace vitale, Eren lui enfonça le bout de la barre de fer en plein ventre et poussa de toutes ses forces. Il entendit l’homme pousser un cri de douleur étouffé qui montrait qu’il venait sans doute d’expulser tout l’air contenu dans ses poumons. Le dos du troisième racketteur vint cogner contre le mur de la ruelle et sa tête suivit le mouvement dans un bruit sourd. Eren ne perdit pas une seconde et se retourna pour faire face au dernier agresseur encore debout. L’homme hébété n’avait pas bougé de sa place. Eren fit tourner la barre de fer dans les airs et se contenta de fixer son opposant pendant quelques secondes. L’homme paraissait pétrifié. Eren s’empêcha de sourire (apparemment, son regard avait toujours le même effet…) L’adolescent s’avança avec nonchalance : « Si tu ne fuis pas, j’en conclus que ça veut dire que tu veux te battre ? » Le regard du racketteur passa de son premier complice au second, tous deux inconscients.
Il déglutit : « T’es quoi toi au juste ? Une espèce de justicier ? » Eren se stoppa. Un justicier ? Enfant, il avait aimé croire qu’il était du côté des héros. Mais ça c’était jusqu’à ce qu’Armin lui fasse comprendre qu’il agissait exactement comme les brutes qu’il aimait tant massacrer. La seule différence c’était qu’Eren ne les frappait pas parce qu’il voulait se montrer plus fort qu’eux. Il le faisait parce qu’il aimait le challenge et qu’il estimait que s’il pouvait se défouler tout en aidant son prochain…Eren soupira. Non, il n’était plus un enfant et il savait parfaitement que l’héroïsme n’avait rien à voir là-dedans. Alors il répondit : « Non…je suis juste une ‘bête’ bien dressée qui préfère encore taper sur les forts que sur les faibles…alors ? Tu veux te battre ? » L’homme secoua la tête de droite à gauche. Eren fronça les sourcils : « Je ne te laisserais pas t’enfuir, je sais que tu recommenceras demain si je le fais…. Je suis sûre de courir plus vite que toi….est-ce que tu accepterais de te rendre à la Garnison ? » L’homme parut hésiter un long moment puis sans crier gare, il partit en courant.
Le sang d’Eren ne fit qu’un tour. La chasse l’excitait apparemment encore plus que le combat.
Il hurla à l’intention de la victime : « Mourir pour un portable et quelques billets, c’est stupide, la prochaine fois cède leur sans broncher et va voir les flics ! » Puis il quitta la ruelle en courant. Il fut étonné de constater qu’il était capable de suivre l’homme à la trace, comme un chien de chasse. L’odeur de sa transpiration lui indiquait la route à suivre aussi sûrement qu’un signal lumineux. Ils eurent à peine de temps de traverser un bloc d’immeubles qu’Eren lui bondissait dessus (le racketteur tomba en avant, l’adolescent sur le dos). Il lui asséna un grand coup de barre à l’arrière du crâne. L’homme perdit connaissance. Eren, le cœur battant murmura : « Je t’avais bien dit que je courrais plus vite que toi… » Il se redressa, sortit son portable, composa le numéro qui lui permettait d’appeler en masqué et appela la police pour leur signaler à position des trois agresseurs.
Lorsqu’il rentra ce soir-là, quelques heures à peine avant que Levi ne rentre lui-même, il était sainement fatigué et parfaitement serein. Vu comme s’était passé son premier jour d’exploration, il se promit de recommencer dès le lendemain.
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Eren continua de jouer le justicier pendant près de deux mois et demi, sans rencontrer la moindre difficulté.
Bien entendu, il avait dû troquer sa barre de fer contre une arme bien plus pratique, une matraque rétractable dernière cri, achetée dans un coin louche de Shinganshina. Elle au moins, il pouvait la ranger dans son sac à dos, aux côtés de son fameux sweat vert. Depuis peu Eren avait commencé à s’inspirer de scènes d’action qu’il voyait dans les films pour améliorer son répertoire d’attaques et ses mouvements de défense. A chaque fois qu’il arrivait à reproduire une technique, il était en extase. Son combat contre le crime l’avait réconcilié avec son corps.
Ces jours-ci Eren ne tombait plus sur autant d’agressions au cours de ses balades. Il aimait constater les changements du quartier. Il se sentait fier à chaque fois qu’il voyait que la police faisait bien mieux son travail qu’avant.
La Garnison était un service bien plus efficace que la police de son enfance. Il y avait des patrouilles maintenant et la population semblait plus sereine lorsqu’elle traversait les rues. Ce n’était pas comme dans le temps, quand Eren et sa mère marchaient les yeux vissés au sol pour éviter de croiser le mauvais regard au mauvais moment. Ou qu’ils longeaient les murs. Bien que la vue d’une voiture de police rende les citoyens nerveux, c’était une bonne nervosité, de celle qui vous mettait en alerte sans vous terrifier. Ils se méfiaient de la police par habitude mais ils se sentaient paradoxalement bien plus protégés qu’avant. Et si Eren en était si fier, c’était probablement parce qu’il connaissait personnellement Erwin Smith et qu’il ne pouvait s’empêcher d’y voir un signe de son génie.
Eren allait tourner à l’angle d’une rue lorsqu’il aperçut un jeune homme vêtu d’un épais manteau noir, sa capuche grise de sweat sur la tête. Il était en train de subtiliser de la nourriture sur un étalage de supérette.
Eren détestait avoir affaire à ce genre de petits larcins. Ça lui retournait l’estomac de penser qu’il allait punir quelqu’un qui ne bravait la loi que par pure nécessité. Pendant un moment, sa mère et lui avaient eu si faim qu’ils avaient envisagé de voler, eux aussi. Lorsque la famine vous tord les boyaux, il faut une volonté surhumaine pour résister à la tentation. Pourtant, Eren ne pouvait se permettre de détourner les yeux, juste parce que ça l’arrangeait. Il avait même l’impression d’entendre la voix d’Armin lui disant : « Tu ne peux pas décider des lois que tu observes et de celles que tu ignores. Si tu veux vraiment que les choses changent alors va au fond des choses, fait modifier les lois qui te dérangent, trouve une échappatoire pour ne plus avoir à les braver. C’est sur le respect des règles que se fondent toute civilisation. » Aux yeux d’Eren il n’existait pas plus sage qu’Armin.
Eren enfila son sweat, remonta sa capuche et sans perdre une minute se précipita sur le voleur. Les policiers augmentaient la fréquence de leur ronde à chaque fois qu’il leur livrait une racaille, bientôt il ne pourrait même plus se permettre d’agir aussi librement en pleine rue… Le voleur l’aperçut et jura : « Merde ! Green Hoodie ! » Avant de détaler comme un lapin. La première fois qu’Eren avait entendu le surnom qu’on lui avait donné dans le coin, il avait été très surpris. Est-ce que ses actes avaient vraiment autant d’impact sur la zone ? Comme il retournait rarement aux endroits où il avait effectué une capture, il avait bien du mal à se rendre compte des conséquences de ses actes…
Cette course-poursuite fut l’une des plus longues de sa courte carrière de justicier en herbe. Le voleur paraissait connaitre les blocs du quartier comme sa poche et si Eren n’avait pas déjà capté son odeur, il l’aurait déjà perdu depuis longtemps dans les dédales de la cité. Ils finirent leur circuit dans une impasse, essoufflés. Lorsque le voleur fit enfin volteface, Eren se rendit compte qu’il s’agissait d’un adolescent. Il était blond et avait des tâches de rousseurs. Il était difficile de dire s’il était plus jeune ou plus vieux que lui…Le blond fourra la main à l’intérieur de son épais manteau et en sortit une arme à feu d’un geste assuré avant de la pointer sur Eren.
Eren attendit en vain de se sentir menacé. Il avait survécu au plus terrible des ‘accidents’ de voiture, de quoi pouvait-il encore avoir peur ? Même si on lui tirait dessus, la ‘bête’ allait sûrement trouver un moyen de les garder en vie tous les deux…et puis même avant ça, il n’avait jamais eu un instinct de survie très développé. Eren n’avait pas peur. Raison pour laquelle il remarqua que l’arme qu’on braquait sur lui avait encore un cran de sécurité. Il se retint de sourire, se remémorant sur le coup le soir où il avait rencontré Levi. Il espérait avoir l’air aussi terrifiant et cool que l’avait été son tuteur alors qu’il s’avançait sans ciller vers l’arme. Il eut la certitude que le voleur n’avait jamais eu à se servir de son revolver lorsque celui-ci se mit à reculer, la main tremblante.
Dès qu’il fut assez proche, Eren lui saisit le poignet et le désarma sans grande difficulté. L’adolescent grogna : « T’es vraiment un malade ! Comment t’as su qu’il n’était pas chargé ? » Eren haussa un sourcil : « Il ne l’était pas ? » Le blond lui jeta un regard troublé : « Tu ne savais pas ? Tu te crois à l’épreuve des balles ?! » Eren sourit malgré lui : « Non…tu avais encore le cran de sécurité… » L’adolescent poussa un grand soupire : « Je suppose que c’est le moment où tu me tabasses avant de me livrer aux flics… » Eren soupira à son tour : « Si tu ne veux pas avoir de problèmes alors ne vole pas… » Le blond lui vrilla du regard : « Tu adores jouer le super justicier pas vrai ? Maintenant que je te regarde de face, t’as pas l’air plus vieux que moi ! Tu portes un sweat de marque…t’es quoi ? Un bourge en quête de frissons ? Tu crois que ça me plait de voler ?! Il faut bien qu’on mange non ?! » Eren continuait de l’immobiliser en lui maintenant un bras tordu dans le dos : « On ? »
L’adolescent parut soulager du fait qu’il s’intéresse à son histoire : « J’ai un petit frère…nos parents sont constamment en train de bosser à l’intérieur du mur et leurs salaires nous permet à peine de payer le loyer…
- …ce n’est pas une excuse. Tu t’es gouré, je ne suis pas un bourge. J’ai été comme toi. Voire pire, clandestin, mère célibataire, pôle Ouest de Shinganshina…mais ma mère n’a jamais rien volé pour me remplir l’estomac. » Le blond renifla de dédain. Eren continua : « Est-ce que tu ne ferais pas mieux de penser à ce qu’il arrivera à ton petit frère si jamais tu étais chopé par la police ? Moi, je peux te dire que le pire, c’est d’attendre tout seul, à la maison, que quelqu’un rentre. D’espérer qu’on ne va pas être abandonné…» L’adolescent cessa de jouer les rebelles et il déglutit. Eren s’écria : « …Surtout qu’il existe maintenant des centres d’aide, qui distribuent de la nourriture gratuitement à côté des postes de police…. » Le blond le regarda comme s’il venait de lui annoncer qu’il existait une licorne magique capable d’éradiquer le mal sur Mare avant de répliquer : « Tous les flics sont des trous du cul. » Eren explosa de rire.
Après s’être légèrement calmé, sous le regard inquiet de son prisonnier, il demanda: « Comment tu t’appelles ? » Pris au dépourvu le blond répondit : « Taylor…
- Taylor…je pensais la même chose que toi avant…pas besoin de leur faire confiance à tous, il te suffit de trouver un seul super flic pour changer d’avis…quoiqu’il en soit, tu ne penses pas que ton petit frère mérite que quelqu’un soit là pour lui ? » L’adolescent s’apprêtait à lui répondre lorsqu’ils entendirent les sirènes de police. Taylor jura : « Merde ! L’épicier a dû les prévenir ! » Eren s’exclama admiratif : « Ils sont plutôt rapides ! Et efficaces ! » Taylor commença à se débattre pour tenter de se relever ; « Espèce de taré ! Tu penses que c’est le moment de les admirer ?! Ils vont me coffrer ! » Eren fronça les sourcils : « Hum…je pense que moi aussi ils vont me coffrer…
- Quoi ? Mais, tu les aides non ?
- Je ne sais pas trop…c’est vrai que du coup ils savent où chercher les nids d’agression et les zones d’insécurité mais…tabasser des gens en pleine rue ce n’est pas vraiment légal tu sais…la présomption d’innocence, le fait qu’il faille un insigne pour avoir le droit de procéder à une arrestation et…
- La ferme ! T’es sérieux là ?! Ils vont nous foutre en taule ! » Eren soupira tout en libérant Taylor : « Bah, dans mon cas je savais bien que ça devait arriver un jour… » Il marcha jusqu’au revolver qu’il avait laissé tomber au sol et le ramassa tranquillement sous le regard ahuri du voleur : « Qu’est-ce que tu fabriques ?!
- Est-ce que tu arriveras à leur échapper si je te fournis une diversion ?
- Euh…je crois que oui…
- Bien. Alors vas-y. Mais promets-moi de ne plus voler…
- T’es taré ! Tirons-nous d’ici ! Ce flingue est vide !
- Oui, mais ça, ils ne le savent pas. Règle numéro un, toujours poursuivre en priorité le suspect le plus dangereux.
- Mais comment tu sais tout ça ?!
- Oh… » Eren était en train de quitter l’impasse, réajustant sa capuche sur le haut de sa tête : « …c’est parce que j’ai bien l’intention de devenir flic… » Puis sans regarder en arrière, il se dirigea vers les sirènes de police.
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Hannes était le genre de chef qui ne supportait pas de rester enfermé dans son bureau à traiter de la paperasse. Pour qu’il se sente bien, il lui fallait sortir patrouiller avec ses hommes au moins trois à quatre fois par semaine. Manque de peau, c’était pile pendant un de ses jours de patrouilles qu’il était tombé sur Green Hoodie.
Green Hoodie était l’un des sujets les plus chauds et les plus épineux du quartier général de la Garnison Est de Shinganshina.
Certains hommes le détestaient, parce qu’à leurs yeux il s’agissait d’une sorte de gigolo ultra-violent et suicidaire qui s’en prenait à toutes les petites frappes du coin en les tabassant sans vergogne avant d’appeler la police comme s’ils n’étaient que de vulgaires livreurs pour qu’ils les trainent jusqu’à leurs cellules. Mais comme le justicier en vert avait effectivement réussi à mettre la main sur plusieurs récidivistes en fuite, d’autres flics arguaient qu’au moins grâce à lui on leur facilitait un peu la tâche et qu’il valait mieux que le quartier soit plus sûr, non ? L’un dans l’autre, Hannes n’avait pas envie de se prononcer sur la question. De toutes les façons, il savait qu’il serait dans l’obligation d’arrêter ce type dès qu’ils parviendraient à lui mettre la main dessus…
Il ne s’attendait juste pas à être celui qui réussirait à le coincer dans une impasse. Et pas aussi vite.
La silhouette leva les mains en l’air et fit glisser son arme dans sa direction sans opposer la moindre résistance. Hannes était épuisé (ce petit salaud courrait avec la légèreté du vent et la rapidité de l’éclair), il tenait Green Hoodie en joug quand bien même celui-ci n’avait pas l’air de vouloir s’enfuir : « Je connais par cœur mon quartier petite frappe ! Tu pensais t’échapper aussi facilement ? Fini maintenant de jouer le justicier à deux balles. Retire très lentement ton capuchon… » Sans émettre la moindre protestation, une main vint doucement saisir les rebords de la large capuche de son sweat.
Hannes le trouvait plutôt petit et svelte. Comment un type de cette corpulence avait pu envoyer au tapis autant de voyous ? Seul ? Il s’était plutôt attendu à rencontrer une sorte de monstre musclé et bourré aux stéroïdes…Il faillit lâcher son arme lorsqu’il découvrit le visage du criminel. Des traits fins où persistaient encore quelques rondeurs enfantines. Une peau halée. De grands yeux d’un vert si époustouflant qu’il en devenait effrayant. Ce Green Hoodie n’était qu’un adolescent. Un adolescent qui lui servit un sourire éclatant : « Vous êtes plutôt rapide pour un vieux ! »
Hannes sentit directement qu’il allait détester les prochaines vingt quatre heures….