Étrangère

Chapitre 15 : Tensions

2813 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 24/04/2020 21:25

-Ben ?


Celui qui m'avait sauvé et grâce à qui j'étais toujours vivante aujourd'hui. Celui que je pensais mort depuis tout ce temps. Les souffrances qu'il avait pu enduré avaient hanté mes nuits. J'étais entrain de le toucher, il était vivant. Mes membres tremblèrent en frôlant sa peau.


-Qu'est-ce qu'il se passe ? m'interrogea Livaï.


Ben fronça légèrement les sourcils lorsque le caporal s'approcha de nous. Je reculai de gêne, je n'étais pas habituée à cette soudaine proximité. Ben, qui était plus grand que lui, le dévisagea. Je n'aimais pas cette atmosphère. Je décidai d'intervenir et demandai à Livaï de partir. Je pouvais comprendre dans son regard qu'il ne s'attendait pas à une telle requête. J'insistai une nouvelle fois, lui expliquant que c'était important que j'avais besoin de parler à ce garçon en privé.


-Très bien, souffla Livaï. N'oublie pas d'expliquer la situation plus tard, à moi ou à Hanji.


Sur ces paroles, il se retira. Il ne l'avait pas reconnu mais il avait certainement compris que Ben n'était pas une recrue. Je regardai le brun d'un air désolé, son regard à lui ne se détacha pas de Livaï.


-Qui est-ce ? me demanda-t-il intrigué.


-Le caporal.


-Peu importe, je t'ai enfin retrouvé ! me dit-il en m'enlaçant une seconde fois.


Hésitante, j'enroulai mes bras autour de son cou pour lui rendre son étreinte. Il m'avait tellement manqué. J'étais si soulagée de le savoir en vie. J'avais tant de questions à lui poser. Je ne savais par laquelle commencer.


-Je veux tout savoir depuis le début, lui chuchotai-je.


Je le guidai jusqu'à la cafétéria. Il commença alors à me raconter son aventure. Lorsque ces deux titans le poursuivaient, il avait trouvé refuge à l'intérieur d'un trou qu'il avait lui-même creusé auparavant. Ce trou n'étant pas très grand, il était difficile pour un titan de s'y introduire. Ils avaient tout de même essayé de l'attraper. Cependant, les titans étaient miraculeusement tombés comme des mouches. Ben avait patienté un instant avant de ressortir. Les titans étaient allongés au sol, la nuque coupée. Il n'avait pas eu le temps d'alarmer les soldats de sa présence qu'ils étaient déjà partis. Il avait survécu jusqu'à maintenant en trouvant de quoi survivre dans la forêt. À la fin de son histoire, je réalisai à quel point Ben était un garçon admirable et courageux.


Dans la soirée, je partis à la recherche de Hanji. La brune trouva in extremis une chambre pour Ben. Il était déjà assez tard alors je lui conseillai de se reposer. Maintenant que Ben nous avait trouvé, qu'adviendrait-il de lui ? Il me salua avec l'un de ses plus beaux sourires avant de s'enfermer dans sa nouvelle chambre. J'étais sur le point de rejoindre la mienne lorsque je remarquai Livaï au bout du couloir se diriger sur le toit. Je pensais que c'était peut-être l'occasion de tout lui raconter. Pour cette raison, je décidai de le suivre.


Accoudé au muret, il perdait son regard dans l'obscurité. Je m'avançai discrètement pour rejoindre ses côtés.


-Tu as dépassé ton couvre-feu.


Je levai les yeux au ciel, lassée de ses reproches. Je ne savais plus vraiment si il avait toujours envie d'en savoir plus sur la situation.


-Ce garçon est celui avec qui je vivais avant..


Je poursuivis mes explications en n'épargnant aucun détail. Même si Livaï semblait toujours m'ignorer, je savais qu'il m'écoutait. Je ne voulais plus garder aucun secret ni me sentir coupable.

Un silence s'installa. Je me creusai la tête pour trouver un quelconque sujet de conversation. Je ne pouvais pas le nier. J'aurais pu rejoindre ma chambre mais je voulais rester. J'appréciais sa présence.


-Pourquoi avez-vous décidé de m'ignorer ?


-Tu ne comprends pas, râla-t-il. Je ne te dois rien.


Je baissai la tête, déçue. Il avait certainement raison. Il était un supérieur, j'étais une simple recrue. Une amitié n'était pas possible entre nous. Livaï paraissait inaccessible et c'était ce qui me donnait envie de le connaître. J'avais été stupide de croire que c'était si facile de le voir s'ouvrir. Je soupirai légèrement, pensant que c'était peine perdue.


-Pour moi tu n'es que..


-De la nourriture pour titan, soupirai-je insolente.


Ennuyée, je commençai à faire demi-tour.


-Mais il faut croire que tu es un peu plus coriace que les autres.


Je me stoppai net avant de le regarder au dessus de mon épaule. Un fin sourire se dessina sur mes lèvres. Je lui souhaitai de passer une bonne nuit puis quittai le toit.


Le lendemain, je me réveillai tôt. Je devais rejoindre Hanji dans le bureau de Erwin. Il voulait certainement en apprendre plus sur mon pouvoir de titan. J'étais extrêmement nerveuse. Je devais parler d'un sujet que je ne maitrisais pas. En ouvrant la porte de ma chambre, plusieurs personnes me sautèrent dessus. Maladroitement, je tombai en arrière. Je clignai des yeux, plusieurs têtes apparurent au dessus de la mienne.


-Hana tu es vivante ! s'exclama Armin en sanglotant.


-Alors tu es un titan comme moi ? cria Eren. Trop cool !


-J'ai cru que je n'allais jamais plus pouvoir piquer ton repas Hana ! pleura à moitié Sasha.


Ma seule réaction était de pouffer de rire. Ils m'aidèrent tous les trois à me relever. Je remarquai derrière eux Mikasa et Jean. La brune m'adressa quelques mots tandis que Jean se contenta de me tapoter dans le dos. Je n'avais cependant pas prévu qu'ils étaient déjà tous au courant de la nouvelle.


À table, le sujet de conversation tourna principalement autour de moi. Eren était soulagé de ne plus être seul. J'avais peur de subir les mêmes tests que lui. J'espérais simplement avoir son soutien. Christa, Ymir et Connie nous rejoignirent quelques minutes plus tard. La petite blonde m'enlaça tout en sanglotant. Son amie à ses côtés me regarda d'un mauvais œil. Elle passa son pouce sous sa gorge, bougeant ses lèvres pour me dire que j'étais morte. Je ricanai légèrement. J'étais tellement contente de tous les retrouver.


Cette bonne humeur me faisaient le plus grand des biens. Tout le monde autour de cette table avaient l'air contents d'être réunis. Quelques personnes manquaient malheureusement à l'appel, comme Marco et Annie. Je notai simplement que Armin était plutôt silencieux. Il s'amusait sans vraiment le faire.


Ben entra soudainement dans la salle. Je me levai joyeusement, lui faisant signe de nous rejoindre. Il avait l'air perdu de voir toutes ces personnes autour de moi. Je me positionnai à côté de lui pour le présenter au groupe.


Ils me regardèrent tous étonnés. J'étais contente de voir qu'ils étaient tous enchantés de le rencontrer. Quelques minutes plus tard, Ben me demanda de le suivre. Je nettoyai rapidement mes couverts avant de le suivre dans le couloir. Son visage m'inquiétait.


-Qu'est-ce qui se passe ? le questionnai-je nerveuse.


-Est-ce que tu es réellement un titan ?


Mon cœur loupa un battement. Je ne m'attendais pas à cette question. Je hochai timidement la tête, j'avais peur de sa réaction. Irrité, il tourna quelques secondes en rond.


-Je n'étais pas au courant, me défendis-je. Je ne te l'aurais jamais caché si je l'avais su plus tôt.


À plus grand étonnement, il soupira puis se calma. Il me confia que je n'étais pas différente. Titan ou humaine, il disait que je faisais toujours partie de sa famille. J'étais vraiment touchée par ses mots. Malheureusement, au milieu de notre conversation, un des soldats lui informa qu'il devait tout de suite rejoindre un supérieur. À mon tour appelée par Hanji, je me dirigeai vers le bureau de Erwin.


Le major me posa principalement des questions sur mes connaissances. Je répétais toujours que je n'étais au courant de rien. Je précisai seulement que les souvenirs de mon père avaient peut-être un rapport. Le blond ordonna alors à Hanji de m'entraîner dès demain. J'étais nerveuse mais je demandai à Erwin si Eren pouvait m'accompagner ainsi que Livaï.


-Livaï ? demanda-t-il en arqua un sourcil.


Ma demande paraissait visiblement étrange à ses yeux. J'avais simplement envie d'être entourée, d'être rassurée. Je baissai la tête en attente d'une réponse. Je n'avais même pas demandé la permission à Livaï, il était peut-être contre lui aussi. Erwin se tourna vers lui afin de connaître son avis. Le caporal haussa simplement les épaules. Après réflexion, Erwin accepta. Il m'informa par ailleurs que Ben suivra le même entraînement qu'une simple recrue et devra choisir sa branche militaire.


J'avais vu la journée dérouler à l'intérieur de ce bureau. Le soleil était entrain de se coucher lorsque j'en sortis. Toutes ces questions m'avaient fatigué. Je décidai de rejoindre ma chambre sans manger. Tandis que je montais les escaliers, je remarquai un attroupement dans le couloir. La porte de ma chambre était grande ouverte. Le mot traître était tracé sur celle-ci avec un feutre noir.


Les battements à l'intérieur de ma poitrine accélérèrent. Je posai ma main contre ma bouche entrouverte lorsque j'observai le carnage à l'intérieur de la pièce. Des gribouillis longeaient les murs, m'insultant à chaque fois de traitre, d'ennemie ou d'étrangère. La chaise de mon bureau était cassée. Mes rideaux et mes coussins déchirés, mon matelas troué. La salle de bains était inondée d'eau. Le miroir à mes pieds était en miettes. J'essayai de prendre sur moi et d'agir indifféremment. Seulement, des larmes commencèrent à perler aux coins de mes yeux. Face à moi, ma cape verte du bataillon d'exploration complètement déchirée et accrochée au mur.


En entendant des pas venir dans ma direction, j'essuyai rapidement mes joues. J'aperçus le reflet de Livaï dans le miroir. Il était aussi abasourdi que moi. Il réalisa rapidement que j'étais entrain de pleurer.


-Ce n'est que des conneries, essaya-t-il de me rassurer. Sortons.


Je l'écoutai attentivement tandis que j'essuyais toujours mes larmes. Des dizaines de personnes étaient devant ma porte, dont quelques-uns de mes amis. Ils me regardaient tous tristement. Je n'étais pas faible. Je baissai la tête pour éviter de montrer mes yeux bouffis.


Je suivis Livaï à l'écart de la foule. Il m'expliqua que l'opinion des soldats commençaient à changer. Avoir un titan a l'intérieur de nos murs était déjà inquiétant alors un deuxième était hors de question. Ils disaient que le bataillon d'exploration faisait délibérément entrer nos ennemis. De plus, ils avaient entendu parler de moi. J'avais été recueilli à l'extérieur et je n'étais pas vraiment la bienvenue.

Livaï ordonna à tous les soldats de dégager. Le spectacle était terminé. Ne voulant avoir affaire à lui, ils s'exécutèrent aussitôt. La seule personne qui venait tout de même dans ma direction était Ben.


-Hana qu'est-ce que tu..


Il s'arrêta en plein de milieu de sa phrase, ses yeux se déplacèrent de moi à Livaï.


-Que vas-tu faire pour ta chambre ? me demanda-t-il. Tu as un endroit pour dormir ?


Je haussai les épaules, ne voulant pas me montrer impolie. Livaï m'expliqua qu'il comptait se renseigner pour une nouvelle chambre avant de nous tourner le dos et partir.


-Je peux te prêter la mienne, me proposa Ben.


-Non, le rassurai-je. Tu as besoin de te reposer plus que moi.


-Tu es sûre ?


-Oui, dis-je tristement. Écoute, je ferai mieux de le rejoindre. Je n'ai pas envie qu'il s'en occupe tout seul. Ce n'est pas à lui de le faire.


Toujours inquiet, Ben hocha la tête. Je me forçai à afficher un sourire puis partis retrouver Livaï. Lorsque celui-ci me repéra, il souffla d'un air nonchalant. Il n'avait clairement pas envie de perdre son temps. Gêné, je lui expliquai que je trouverai un moyen de me débrouiller. Livaï agita sa main, signe que je devais me taire. Faisant la moue dans mon coin, je patientai à ses côtés. J'espérais réellement que cette histoire allait s'arranger.


-Excusez-moi caporal, l'appela un soldat. Toutes les chambres sont prises.


-Est-ce que vous avez essayé de parler à Hanji ?


-Elle est introuvable.


Livaï pesta, ce qui effraya le soldat. D'un geste de la tête, il me demanda de le suivre. J'acceptai sans dire un mot. Nous étions entrain de faire le chemin inverse, je ne comprenais pas vraiment. Ce n'était seulement qu'une fois devant sa porte que je réalisai dans quelle chambre j'allais passer la nuit.


-Non, dis-je en bougeant la tête. Je ne peux pas accepter.


-Tu préfères dormir dans le couloir ?


Je hochai positivement la tête. Je préférais clairement cette option. Je me sentais tellement embarrassée de le déranger autant. Néanmoins, il me poussa à l'intérieur. Sa chambre était impeccablement propre. L'odeur qui imprégnait ses murs était vraiment agréable.


-Où allez-vous dormir ? demandai-je timidement.


-Je trouverai un moyen, grogna-t-il. Tu n'as qu'à dormir sur le canapé.


Dormir dans son lit ne m'avait même pas effleuré l'esprit une seule seconde. J'étais déjà assez reconnaissante de son geste, même si je devinai facilement que ce canapé n'était pas très confortable.


-Et que cette pièce reste propre, cracha-t-il. Je ne veux pas me retrouver à nettoyer tes saletés.


Je levai les yeux au ciel, prenant sa remarque comme une insulte. Livaï se déplaça jusqu'à son lit avant de s'asseoir dessus. Je restai debout au beau milieu de la pièce, comme une idiote. J'étais vraiment troublée. Il me fallait une excuse au plus vite.


-Je n'ai pas mes affaires, dis-je timidement. Je vais les chercher.


Je m'éclipsai rapidement de la chambre pour rejoindre la mienne. Parmi les décombres, je ne retrouvai que des vêtements troués ou déchirés. Je n'avais même pas d'habit convenable pour passer la nuit. Je décidai, malgré tout, de retourner dans ma salle de bains. Revoir ma cape complétement détruite me brisa le cœur. Je n'étais pas une étrangère, je n'étais pas une intruse. Je faisais partie du bataillon d'exploration et j'avais mérité ma place. Jamais je ne pourrais trahir les miens.


Les mains vides, je regagnai la chambre de Livaï. Il était à présent à son bureau entrain de lire de la paperasse. Ma venue ne le perturba pas puisqu'il ne m'adressa même pas un regard. Je n'arrivais pas à supporter ce silence. Pourquoi avais-je accepté de rester ? Au bout de quelques minutes, il me remarqua. Il se leva puis se dirigea vers son armoire. Il me jeta un de ses vêtement au visage.


-Fais-moi penser de laver ce pull deux fois, me lança-t-il sèchement.


Je fronçai les sourcils, me battant intérieurement pour ne pas lui répondre. Je le remerciai tout de même avant de m'enfermer dans la salle de bain. J'entendis la porte se fermer. Livaï venait de partir. Je restai un moment sous la douche, assez longtemps pour me poser tout un tas de questions. Au fur et à mesure, ma peau commençait à tirailler et je décidai de sortir.


Je me séchai rapidement puis enfilai ce que Livaï m'avait donné. Je m'allongeai sur le canapé. Je grimaçai en sentant à quel le point il n'était pas agréable. Je n'avais même pas de couverture pour couvrir mes jambes. Je n'avais pas non plus envie de fouiller une chambre qui ne m'était pas la mienne.


J'essayai de trouver le sommeil pendant de longues heures. J'avais froid, ma tête était remplie de pensées. Livaï n'était toujours pas revenu. Je me tournai et retournai, encore et encore. Je n'étais pas à l'aise, j'avais peur. J'étais seule, dans le noir. Peut-être que ces mêmes personnes qui avaient saccagé ma chambre allaient revenir. Les battements à l'intérieur de ma poitrine commencèrent à s'affoler.

Au même moment, j'entendis la porte se déverrouiller. Je plissai légèrement les yeux puis reconnus la silhouette de Livaï. J'étais tellement soulagée. Il se déplaça quelques minutes dans la pièce. Soudain, quelque chose de doux se posa sur moi. Une nouvelle chaleur imprégna ma peau. Quelques minutes plus tard, je m'endormis avec ce bête sourire sur les lèvres.


[Chapitre relu et corrigé]

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