Étrangère

Chapitre 19 : Isabel

3381 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/05/2020 18:15


-Répète.


-Hier soir, j'ai été aux toilettes du premier étage.


-Pourquoi ne pas avoir utilisé ma salle de bains ?


-Je ne voulais pas la salir.


J'étais bien entrain d'avoir cette conversation avec Livaï. J'avais essayé de l'esquiver ce matin mais il m'avait directement demandé de l'accompagner au réfectoire. Chose qu'il ne faisait jamais. En réalité, il savait que j'avais quitté sa chambre hier soir et voulait en savoir davantage. Évidemment, étant donné la façon avec laquelle il me regardait, il savait que je mentais. J'étais consciente que je devais lui dire la vérité, son aide me serait même peut-être bénéfique. Cependant, lui ne me confiait jamais rien.


-Tu te fous de moi, conclut-il.


Livaï avait tendance à m'éloigner de ce qui ne me regardait pas. Je pouvais déjà imaginer sa réaction si je lui disais que j'essayais de résoudre le problème qui planait autour du titan femelle. Livaï, toujours tasse à la main, me scrutait tout en avalant son café. Il essayait de lire sur mon visage ce que je manigançais. Contre toute attente, il soupira puis déposa sa tasse avant de faire une supposition très étrange.


-Tu as été voir ton ami ?


Je manquai de pouffer de rire.


-N'importe quoi, me moquai-je.


-Alors dis-moi la vérité. Je commence à m'agacer.


Je perdis peu à peu mon sourire. Il ne me laisserait jamais partir si je ne lui disais pas le fond de mes pensées. Je lui avouai donc tout. Ma rencontre avec Annie, notre rendez-vous de hier soir, notre conversation. Il m'écouta attentivement sans me couper la parole. Toujours silencieux, je lui confiai ce que je pensais finalement.


-Je pense que Annie est le titan femelle.


-C'est ce que nous pensons aussi. Elle était la seule assez proche de toi pour vouloir te sauver.

J'étais soulagée de l'apprendre. Je ne pourrais jamais assez remercier Annie de m'avoir sauvé de ce titan, de m'avoir sauvé de ces hommes. Seulement, je ne pouvais pas lui pardonner tous les pauvres soldats qu'elle avait tué dans le seul et unique but de capturer Eren. Annie était une traitre. Peut-être qu'elle avait une bonne raison de nous être déloyale. Néanmoins, chacun possédait sa propre volonté. Il n'y avait pas de place dans mon cœur pour ceux qui n'étaient pas capables d'agir pour changer les choses.


-Nous devons trouver un plan pour la piéger, proposai-je tristement.


-Mais pourquoi parlez-vous de malheur de bon matin ? grogna une voix féminine.


Sous nos yeux, une femme s'étala sur la table. À plat ventre, elle posa sa tête sur ses deux mains.


-Qu'est ce que tu fiches, binoclarde ? demanda Livaï légèrement irrité.


Elle se releva sur ses genoux, toute joyeuse. Elle avait l'air impatiente de nous faire part de sa nouvelle. J'avais un mauvais pressentiment.


-Aujourd'hui, il est interdit de parler de travail ! s'exclama-t-elle en pointant son index devant elle.


J'arquai un sourcil, surprise de cette réplique de sa part. Nous faisait-elle une blague ? Hanji était une acharnée du travail et ne vivait que pour découvrir les mystères cachés derrières les titans. Livaï et moi restâmes muets, attendant la suite de son monologue.


-Car ce soir, commença-t-elle en prenant nos mains dans les siennes, nous faisons la fête !


-La fête ? demandions Livaï et moi en même temps.


En un instant, je me retrouvai dans la chambre de Christa accompagnée de toutes les autres filles. Je semblais la seule à ne pas être très enthousiaste. Même Mikasa, d'habitude impassible, souriait plus que moi. Réunies sur le lit, la blonde lança la conversation.


-Vous êtes prêtes pour ce soir les filles ? demanda joyeusement Christa.


-Oh que oui. Mon estomac n'attends que ça ! cria Sasha déterminée.


J'esquissai mon premier sourire de la soirée. Au moins, elle ne perdait pas son temps à porter de l'attention aux autres. Moi aussi, j'aimerais n'avoir que de yeux pour la nourriture.


-Sasha ! s'indigna Christa. Tu ne veux pas plutôt te faire jolie ? Il n'y a pas un garçon qui te plait ?


Sasha sembla réfléchir un instant. Elle faisait tapoter le bout de son doigt contre ses lèvres tout en faisant de drôles de bruits avec sa gorge. Son cerveau sembla s'illuminer subitement.


-Est-ce que la viande de sanglier est considérée comme un garçon ?


Les filles soupirèrent simultanément de désespoir puis finirent par rire de la situation. J'appris par la suite que Sasha et Connie étaient très proches. Il était vrai que je les avais déjà vu un paquet de fois ensemble. Cependant, je n'étais même pas sûre s'ils savaient réellement ce qu'était l'amour. Loin d'être indifférente, lorsque Ymir commença à parler du garçon, Sasha se cacha sous le lit. Ses réactions démesurées me rappelaient souvent Hanji.


-Et toi Mikasa ? Eren, hein ? attaqua une nouvelle fois Christa.


-N..non je euh..


J'observai Mikasa, gênée. D'habitude insouciante et dénuée d'émotion, elle paraissait à cet instant aussi fragile qu'une enfant. Mikasa ressentait une forte affection pour Eren. Mais qu'en était-il de lui ? Je n'avais jamais vu aucun signe qui aurait pu montrer sa réciprocité.


-Je ne lui dirais sûrement jamais, finit-elle par nous avouer en baissant la tête. Tant que je peux rester à ses côtés, je suis heureuse.


Sa mine triste installa un silence.


-Tu ne dois pas abandonner tu sais. Moi je me bats tous les jours pour que Christa finisse par m'épouser ! essaya de la rassurer Ymir.


Ymir essaya d'enlacer la blonde, déclenchant un ricanement de Mikasa.


-Hana, commença la blonde avec un sourire en coin.


J'avalai de travers. Est-ce que j'étais indiscrète à ce point ? Avais-je l'air de donner beaucoup d'importance à Livaï ? Je n'étais pas vraiment très à l'aise, je ne me confiais pratiquement jamais.


-Tu es proche de ce garçon non ? Ben, c'est ça ?


Je ne m'attendais pas à entendre ce prénom. J'étais plutôt soulagée et décidai de saisir cette occasion pour éviter d'autres questions. Je leur expliquai alors nous nous connaissions depuis longtemps. Parler de lui me rappelait bizarrement toutes ses mauvaises actions. Ces pensées me faisaient mal au cœur. Ben n'avait jamais agi de cette manière auparavant.


-Je suis sûre qu'il t'aime.


Je regardai Mikasa, muette. Je rétorquai immédiatement que ce n'était pas le cas. Un lien très fort nous reliait, mais ce n'était pas de l'amour. Seulement, plus j'y pensais et moins je croyais en mes propres paroles. Je me remémorai sa provocation envers Livaï. Il avait voulu l'intimider, lui montrer que nous étions proches. Je me remémorai sa déclaration. Il m'avait demandé ce que je ressentais pour lui. Je n'avais pas su lui répondre correctement. Avec sa main sur ma joue, il m'aurait certainement embrassé si ce titan n'était pas apparu. Si je n'avais pas fini entre ses murs, à cette heure-ci, nous serions certainement ensembles. Je me sentis soudainement nostalgique.


-Vous êtes vraiment stupides, pesta Sasha. Ce n'est pas son véritable amour !


Elle se leva puis me pointa du doigt. Sa phrase sonnait comme une accusation. Les filles me regardèrent avec insistance, impatientes d'en savoir plus. Cependant, j'étouffai rapidement l'affaire. Je leur expliquai que Sasha divaguait complétement.


Plus tard dans la soirée, j'enfilai enfin ma tenue. Une jupe avec une chemise blanche. Je n'avais pas l'habitude de porter ce type de vêtements. Quant à ma coiffure, je ressemblai mes cheveux en un chignon contracté, laissant quelques mèches se balader de part et d'autres de mon visage. Mes yeux étaient légèrement maquillés, c'était la première fois que je m'apprêtais autant. Si Livaï était présent, il dirait que j'essayais de me faire passer pour une femme alors qu'en réalité je n'étais qu'une gamine ennuyeuse et stupide.


Lorsque j'entrai dans la salle de réception, je tombai nez à nez avec plusieurs personnes entrain de s'amuser. Certains buvaient, criaient ou faisaient des jeux. Dans un coin, d'autres jouaient de la musique et dansaient. Cette vue m'arracha un sourire. Soudain, j'entendis un sifflement. Tournant la tête, je vis les garçons à une des tables. Ils nous incitèrent immédiatement à les rejoindre.


-Qui aurait cru que tu pouvais finalement ressembler à quelque chose Hana, se moqua Jean.


J'étais de bonne humeur ce soir, alors je rigolai à sa blague. Après quelques minutes de discussion, je décidai d'aller me servir un verre. Je ne me levai finalement pas, remarquant Livaï et son escouade se dirigeaient aussi vers les boissons. Il portait une chemise blanche légèrement entrouverte, laissant paraître le début de son torse. Petra était à ses côtés, très joliment habillée. Je pensai pendant un instant qu'elle avait de la chance. Alors que moi, qui était en face de moi ? Jean.


-Va le saluer, me chuchota Mikasa.


Je la regardai, impassible et muette. Timidement, je me dirigeai vers le comptoir. En marchant, je touchai nerveusement ma coiffure. J'étais très mal à l'aise, alors que mon intention était seulement de le saluer. Soudainement prise de panique, je pivotai sur moi-même pour faire demi-tour. Seulement, je rencontrai le regard effrayant de Mikasa. Elle ne me laissait visiblement pas l'embarras du choix. J'avançai tant bien que mal dans la direction de Livaï. Il ne m'avait toujours pas remarqué. J'en profitai pour prendre un verre. Nous étions l'un à côté de l'autre mais étant de dos pour parler avec sa coéquipière, il ne pouvait pas me voir.


-Bonsoir, le saluai-je en raclant ma gorge.


Il tourna lentement sa tête vers moi. Me faisant à présent face, il haussa un sourcil. Je rougis, grattant l'arrière de ma nuque. Il ne m'avait toujours pas répondu, j'étais gênée. Face à son silence, je remplis mon verre. Je devais trouver quelque chose pour détendre l'atmosphère. Face à lui, je séparai nos fronts respectifs avec ma main. Il était vrai qu'avec ses chaussures, nous faisions presque la même taille.


-Gamine, hein ? dis-je avant de me retirer.


Je rejoignis mon groupe, légèrement honteuse de ma blague. J'entendis Hanji rigoler à l'autre bout de la pièce. À mon retour à la table, Mikasa ne manqua pas de me féliciter.


-Tu aurais dû voir sa tête ! rigola-t-elle.


La soirée se déroula ensuite agréablement bien. Nous passions le plus clair de notre temps à rigoler et à se raconter des anecdotes. Sasha avait eu la brillante idée d'aller danser. Pratiquement tout le monde l'avait accompagné. Pour ma part je restai assise, en vérité je ne savais pas danser.


-Tu penses qu'un titan sait danser ? me demanda Eren.


-Aucune idée ! plaisantai-je. Et j'aurais peur de voir ça.


-Je serai curieux de voir tes talents, me répondit-il en tendant sa main.


Souriante, j'avançai ma main vers la sienne. Seulement, je me stoppai à quelques centimètres de celle-ci. Je repensai à la déclaration de Mikasa. Certainement sous l'effet de l'alcool, Jean avait osé l'inviter sur la piste de danse. Elle avait accepté, mais j'étais sûre que de me voir proche d'Eren devait la déranger. Je posai alors mon regard sur elle, celle-ci m'adressa immédiatement un sourire. Était-elle entrain de me dire que je pouvais accepter ?


-Moi aussi ! acquiesçai-je finalement.


Il attrapa ma main puis m'entraina au milieu de la foule. La musique avait un bon rythme. Eren bougeait dans tous les sens, se fichant du regard des autres. Gênée, je commençai à me dandiner à mon tour. Il se moqua aussitôt de moi, je lui tirai la langue en guide de réponse. Il attrapa soudainement mon bras avant de me faire tourner énergiquement. Par déséquilibre, je me rattrapai en posant mes mains sur ses épaules. À ce geste, un joyeux sourire se dessina sur ses lèvres.


Je regardai mes autres compagnons, ils s'amusaient. Sasha et Connie dansaient tout en mangeant. Christa et Ymir gesticulaient ensemble. Armin avait retrouvé Mikasa, au plus grand désespoir de Jean. Cherchant soudainement Livaï du regard, je l'aperçus adossé contre un mur, verre à la main. Son regard se déplaça sur moi, il me fixait froidement. Il n'avait certainement pas digéré ma blague de tout à l'heure. Je décidai de l'ignorer et de continuer à m'amuser avec Eren. Livaï n'avait qu'à se décoincer un peu et venir avec nous. Je remarquai néanmoins du coin de l'œil que Petra lui proposa de danser. Il refusa d'une seconde à l'autre.


-Qu'est-ce que tu regardes depuis tout à l'heure ? me demanda Eren en arquant un sourcil.


Son regard longea le mien.


-Toi aussi tu aimerais voir ce que donne le caporal entrain de danser ? pouffa-t-il de rire.


Je rigolai à mon tour. Soudain, une personne arriva dans mon champ de vision. Ben venait de rentrer dans la pièce. Malgré la déception de son comportement, je m'excusai auprès de Eren puis me dirigeai vers lui. J'avais besoin d'explications. Ne voulant pas me donner en spectacle, j'attrapai Ben par le bras pour aller ailleurs.


Une fois sur le toit du bâtiment, je lâchai son poignet. Il était habillé normalement ce qui me laissait croire qu'il n'était pas au courant qu'une fête se préparait dans la salle.


-Hana..


-Explique-moi, lui ordonnai-je, tout.


Étonné, il me fixa un instant puis commença à prendre la parole.


-J'aimerais tout d'abord m'excuser auprès de toi.


Je croisai les bras, acceptant tout de même ses excuses. Ben n'était pas n'importe qui pour moi. Seulement, mon pardon ne pouvait pas tout arranger. J'avais encore un tas de choses à lui dire, à lui reprocher. Sans vraiment mesurer l'ampleur de mes mots, je déballai tout ce que j'avais sur le cœur.


-Maintenant explique-moi ton comportement, grognai-je. Pourquoi il a fallu que tu te dresse contre lui ? Si tu ne l'avais pas cherché, je n'aurais pas découvert aussi brusquement ce que j'étais réellement. Maintenant, la plus part des gens sont au courant et me regardent de haut !


Il resta silencieux, immobile. Arborant soudainement un sourire, il se tourna vers moi.


-Hana, je t'aime.


J'écarquillai automatiquement les yeux. Il n'avait pas entendu ce que je venais de lui dire ? Ce n'était pas le moment de dire des sottises juste pour changer de sujet.


-Tu te rappelles quand j'ai dit que j'aurais aimé venir à l'intérieur des murs pour fonder une famille avec toi ? Lorsque je suis arrivé ici, j'ai vu dans ton regard que je n'étais plus le même.


Plus il se confessait et plus je perdais pied. Tout se mélangeait dans ma tête, je ne savais plus quoi penser. Ben avait l'air si sérieux. Je trouvais ses actions soudainement plus justifiées. S'il m'avait déclaré ses sentiments bien avant, j'aurais sans doute accepter d'être avec lui. Seulement il était trop tard. Je ne pouvais plus le faire à présent.


-Ben..


-Tu es amoureuse de quelqu'un d'autre ?


Je lui répondis immédiatement que ce n'était pas le cas.


-J'aimerais passer à autre chose, dit-il en baissant la tête, soit franche avec moi s'il te plait.


Il me faisait vraiment de la peine. Je ne voulais pas lui dire que son plus grand souhait ne se réaliserait sûrement jamais. Je ne voulais pas lui avouer que la personne qui comptait le plus pour moi maintenant n'était plus lui. Ben sera toujours dans mon cœur mais plus à la première place. Baissant la tête, je pris mon courage à deux mains avant de m'élancer.


-Je suis désolé Ben, je ne partage pas tes sentiments.


Un sourire triste s'afficha sur ses lèvres. Une larme coula le long de sa joue, réduisant mon cœur en miettes. Il tendit alors ses bras vers moi. Je m'empressai de le rejoindre, le serrant fort contre moi. Je l'enlaçai pendant plusieurs minutes. Ben sanglotait toujours au creux de mon cou.


-Hana je ne sais pas ce qui va se passer mais sache que je serai toujours présent si tu as besoin de moi.


J'étais heureuse d'entendre ces mots. Je caressai son dos du plat de ma main ainsi que l'arrière de sa tête. Ben restera pour toujours et à jamais la personne à qui je devais le plus ma vie.

Je rejoignis à nouveau la grande salle. Je retrouvai mes amis à moitié alcoolisés, rigolant pour des choses qu'ils ne comprenaient même plus. Près du comptoir, je me servis un verre puis deux et trois. J'avais besoin de penser à autre chose. J'étais avachie toute seule à une table. Ma soirée avait été un désastre.


-Je me suis préparée pour rien, murmurai-je à moi-même.


Livaï m'avait dévisagé toute la soirée. J'avais sûrement blessé Mikasa puis abandonné Eren pour finalement éconduire Ben. Ma tête tournait, il était mieux pour moi de retourner dans ma chambre. D'un pas empressé, je me levai. Je partis en saluant le reste de mes amis avant de sortir de la salle.


Je vagabondai dans les couloirs sans réellement savoir si je prenais le bon chemin. Je passai deux fois au même endroit sans m'en rendre compte. Lorsque je reconnus les escaliers près des chambres, je criai victoire. Seulement, une personne avec une bouteille entre les jambes était assise sur l'une des marches. En me rapprochant, je notai que cette personne était l'homme qui m'avait complètement ignoré ce soir. Irritée, je passai à côté de lui sans lui adresser la parole. Cependant, toujours désorientée, je loupai une marche. Un bras m'attrapa par la taille. Livaï s'était relevé.


-Fais attention, se plaignit-il.


Je devinai à sa voix qu'il avait bu. Pourquoi attendait-il seul sur ces escaliers ? Il monta aussitôt les marches. Remarquant que je ne le suivais pas, il se retourna vers moi.


-Qu'est-ce que tu fiches Isabel ? Pourquoi t'es toujours aussi lente ? s'impatienta-t-il.


J'arquai un sourcil, surprise d'entendre un prénom qui n'était pas le mien. Je lui répondis qu'il ne s'adressait pas à la bonne personne. Il grogna immédiatement que je devais me dépêcher de le suivre et qu'il ne voulait pas s'énerver aussi tard. Déstabilisée, je m'empressai de le rejoindre.


Les quelques mètres que je parcourrai avec lui étaient silencieux. Cependant, je ne pouvais m'empêcher d'être curieuse. Qui était Isabel ? J'avais envie de lui demander. J'avais seulement peur de le brusquer, il n'était définitivement pas maître de lui-même.


-Vous n'en avez pas marre de me gronder ? dis-je innocente.


-Depuis quand tu me vouvoies ? pesta-t-il. Et je suis obligé. Je dois te surveiller pour éviter les répercussions de tes bêtises.


J'avais l'impression de l'entendre me parler sans pour autant être réellement la personne à qui il s'adressait. Je ne pipai mot, je continuai seulement à le suivre. Une fois devant ma porte, je lui souhaitai de passer une bonne nuit. Je rentrai dans ma chambre, attendant qu'il fasse de même. Seulement, il resta planté devant moi. Perdue, je lui demandai ce qu'il voulait.


-Fais plus attention à toi, tu veux ? me dit-il d'une voix étrangement douce. Je ne serai pas toujours présent pour te protéger.


Il leva sa main pour la poser sur ma tête. Il ébouriffa mes cheveux un instant puis se retira dans sa chambre. Totalement tétanisée, je repensai à ce qu'il venait de se passer. Je fermai rapidement la porte de ma chambre, me laissant tomber contre celle-ci. Mon visage était tellement rouge, mon cœur battait tellement fort. J'avais l'impression d'avoir rêvé. Au fond de moi, je me répétais que j'étais bien contente d'être en pleine réalité.


[Chapitre relu et corrigé]

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