Étrangère

Chapitre 33 : Retour

4541 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 04/08/2017 20:46

Bras croisés et épaule appuyée contre le mur de la porte, quelqu'un venait de nous interrompre. Il nous regardait impassible. Ma mère paniqua légèrement avant de retirer son pistolet de mon visage. Reprenant son sourire hypocrite, elle accueilli le nouveau venu comme si de rien n'était.


-Sam mon chéri, qu'est ce que tu..


-Arrête, la coupa t-il aussitôt en soupirant, j'ai tout entendu.


Prise au piège, elle se figea complètement. Jusqu'où avait-il entendu au juste ? Après une telle révélation, il restait incroyablement calme. Mains dans les poches, il avança nonchalant vers nous. Son regard perçant rencontra le mien. Qu'allait-il se passer à présent ? Avant qu'il ne puisse m'atteindre, elle lui barra la route de son bras. Dénuée d'émotion, elle pointa à nouveau son arme vers moi.


-Choisis toi aussi, lui indiqua t-elle sévèrement. Elle ou moi ?


Une fois de plus, cette même fin se répétait. Ce stupide choix qui me mettait toujours en jeu. Le regard de mon frère vagua plusieurs fois de ma mère à moi. J'espérais au plus profond de mon être qu'il allait enfin ouvrir les yeux. Il n'avait même plus à hésiter. Allait-il continuer à prendre le partie de notre mère et prouver une fois de plus sa loyauté ? Ou allait-il finalement décider de se rebeller contre la seule et unique personne qui jusqu'à présent représentait tout pour lui ? J'avais beau me mettre à sa place. Le problème était toujours le même. Et je restais totalement innocente.


-Quand je pense que toute ma vie j'ai blâmé le même homme, commença t-il en se déplaçant. Alors qu'en fait, le vrai responsable se tenait depuis tout ce temps juste à côté de moi.


Elle l'observa, tout comme moi, se diriger dans notre direction. J'étais à présent face au dos de ma mère. Son pistolet était maintenant pointé sur lui. Je m'imaginais déjà le pire à l'idée qu'elle puisse appuyer sur la détente. Tremblante, elle nous regarda vivement chacun notre tour. Mon frère, complètement fou et arrogant, l'incita à tirer. Il lui disait que de toute façon avec une mère comme elle, nous étions destinés à mourir de ses propres mains. Il ne se gêna pas pour lui cracher en pleine figure que si elle avait été capable de tuer son mari, elle serait capable de tuer ses enfants. Elle frôla soudainement la détente de son index. Mes battements de cœur ne faisaient qu'accélérer de secondes en secondes. Pendant un moment, un silence s'installa. Mon frère soupira avant de diriger sa main vers la poche de sa veste.


-Tu lui transmettras mes plus sincères excuses, lui pria t-il en sortant à son tour un pistolet.


Il pointa le canon contre le front de ma mère avant de l'abattre de sang froid sous mes yeux. La scène se déroula comme au ralenti. Sa cervelle explosa et son sang gicla sur les vêtements de mon frère. Son corps sans vie tomba lourdement au sol dans le plus insoutenable des silences. Tétanisée, je n'osais même plus regarder Samuel. Juste son ombre. J'observai soudainement son bras armé se déplacer vers son crâne. J'essayai de comprendre ce geste en plissant les yeux. Subitement alarmée, je relevai la tête. Le canon était contre sa tempe. Il comptait s'abandonner au même sort. Toujours attachée, je gesticulai dans tous les sens pour attirer son attention. Remarquant mes mouvements soudains, il tourna légèrement la tête.


-Oh je t'en prie, rigola t-il. Tu as toujours rêvé de me voir mort depuis notre première rencontre.


Je m'empressai de lui dire qu'il avait totalement tors. Je n'étais pas comme lui. Jusqu'à présent, je n'avais fait que m'inquiéter de son état et de ce qu'il pouvait ressentir. Il était mon frère. Pour aucune raison je souhaitais le voir se tuer devant moi. Peut être qu'il faisait ça pour m'octroyer une sorte de victoire mais je ne voyais pas les choses de cette façon. Il était le seul qui me restait. Il inspira un bon coup avant de déposer son doigt contre la détente.


-Arrête s'il te plaît, commençais-je à sangloter. On est une famille, non ?


Étonné, il leva les sourcils. Mon cœur se soulagea instantanément lorsqu'il baissa son arme. Appuyant son poing contre son front, je ne savais pas trop si il rigolait ou pleurait. Peut être qu'en fait c'était un mélange des deux. Après ça, il me détacha enfin de ma chaise. À mon plus grand étonnement, il me prit dans ses bras. Me murmurant quelques excuses à l'oreille, je saisis l'occasion pour profiter de ma première étreinte avec mon frère. Le mystère qui entourait notre famille depuis si longtemps venait de s'évaporer. Il était temps pour nous de rentrer à la maison.


-J'espère que ton petit copain ne va pas me trucider, plaisanta t-il en se grattant l'arrière du crâne.


-Pourquoi ? demandais-je en sachant pertinemment qu'il parlait de Livaï. Qu'est ce que tu lui a fait ?


-Ah tu sais..


Avant qu'il ne puisse terminer sa phrase, la porte claqua brutalement. Quelqu'un venait de littéralement la défoncer. Laissant place à un homme de petite taille, je n'eus aucun mal à deviner l'auteur de cette violence. Ne faisant pas attention à moi, Livaï se dirigea directement vers Samuel. Il l'attrapa par le col avant de lui asséner un violent coup de genou dans le ventre. J'essayai de m'interposer mais il me repoussa aussitôt. À présent au sol, il frappa mon frère avec son pied plusieurs fois. J'attrapai son bras pour le faire reculer. N'étant déjà pas très contente qu'il m'ignore, je fronçai les sourcils face à lui. Les bras croisés, j'attendais impatiemment sa réponse. D'abord impassible, ses traits de visage se tirèrent subitement. Il s'abaissa pour me faire basculer sur son épaule. De nouveau semblable à un sac, il me traîna hors de la pièce. À vrai dire, ce n'était pas les retrouvailles que je m'étais imaginée.


Éloignés de notre précédent endroit, je notai que l'environnement où je m'étais faite capturer était plutôt désert. Mise à part quelques arbres, il n'y avait aucune civilisation. Plusieurs gouttes tombèrent soudainement le long de mon dos. Sentant l'eau imprégner petit à petit mon vêtement, je demandai à Livaï de me faire descendre. Un peu trop brusquement à mon goût, je regagnai des pieds le sol. Mon regard croisa inévitablement le sien. J'avais l'impression qu'il était en colère. Je n'avais aucune idée de pourquoi. Je n'avais rien fait de mal.


-Tu aurais dû insister pour rester avec moi, m'avoua t-il irrité.


De quoi parlait-il ? Je restai un instant perplexe jusqu'à comprendre qu'il faisait référence à ce moment où mon frère nous avait séparé. Il est vrai que Livaï avait insisté plusieurs fois pour venir avec nous. Et moi, j'avais tout bêtement accepté de lui faire confiance. Pourtant, ça ne voulait rien dire et ça ne prouvait rien. Décidée à me faire pardonner, j'approchai ma bouche de la sienne. Mon cœur loupa un battement lorsque son visage se recula. Tournant la tête du côté, il évita tout contact avec moi. Le connaissant, il était déjà entrain de se faire de fausses idées. Mais sur le moment, ça faisait mal de se faire rejeter.


-À ce moment là, j'ai pensé que j'étais le seul à avoir peur de ne plus te revoir..


Le tonnerre gronda. Les simples gouttes de tout à l'heure se transformèrent en averse. L'eau coulait le long de mon cou, me donnant par la même occasion quelques frissons. Serrant du poing, je rétorquai qu'il avait complètement tors. Moi aussi j'avais peur. J'avais peur en permanence de le perdre. Peut être que c'était une erreur de ma part d'avoir été trop naïve. Mais le fait de ne pas s'inquiéter autant que lui était l'idée la plus fausse qu'il ne s'était jamais faite.


-Arrêtez de croire que vous êtes le seul dans cette situation, grognais-je. Moi aussi je tiens énormément à vous !


Il me fixa pendant un long moment. Tandis que j'attendais une quelconque réponse de sa part, je commençai à trembler de froid. Contre toute attente, il attrapa mon poignet. Sans me parler ni me regarder, il me tira derrière lui vers un endroit que lui seul devait connaître.


Sous la pluie qui ne cessait de tomber, nous arrivions enfin près d'une écurie. Bien évidemment, elle était vide. Tout était propre. Il restait seulement quelques brins de foin qui tapissaient les box. Nous accélérions le pas pour nous couvrir. Étant mouillée jusqu'aux os, j'essorai ma chemise. Je ne remarquai pas tout de suite que Livaï était entrain de déboutonner la sienne. D'un œil curieux, je l'observai discrètement se déshabiller. Torse nu, il posa son haut sur une porte avant de se mettre assis dans un box. Gênée, je ne savais plus trop où regarder. Il me conseilla de faire de même pour avoir moins froid. Bien consciente qu'il m'avait déjà vu à moitié nue, j'hésitai un moment.


-Elle ne sert plus à rien de toute façon, m'indiqua t-il en tournant la tête.


Je baissai la tête pour regarder à travers ma chemise. Je pouvais voir tout mon sous-vêtement. Je me baladais de cette façon depuis tout à l'heure. Mes joues rosirent immédiatement en y pensant. Je me tournai timidement avant de faire glisser ma chemise et de la poser au côté de la sienne. Je croisai les bras pour cacher ma poitrine puis m'assis à l'autre bout du box. J'enroulai ensuite mes jambes autour de mes bras. Je posai mon menton sur mes genoux. Un lourd silence. Tournant la tête, je détaillai Livaï du regard. Une jambe pliée et l'autre tendu. Son bras était appuyé sur son genou. Son regard était perdu. Le mien longèrent son dos. Comment pouvait-il être aussi parfait ?


Je continuai mon chemin vers son épaule ainsi que son cou. Sur le moment, je réalisai que Livaï était vraiment beau. Quelques gouttes qui perlaient au bout de ses cheveux coulèrent le long de ses clavicules. J'avais la folle envie de lui sauter dessus et de crier au monde entier que j'étais amoureuse de lui. Lui ne m'avait jamais rien confié à ce sujet. Ce comportement me pesait. Je ne connaissais même pas ses réels sentiments. Ce soir-là, dans la chambre, il m'avait demandé si je l'aimais. Je lui avais bégayé que oui. Lorsque je lui avais inversement posé la question, sa seule réponse avait été de m'embrasser. Peut être que pour lui ça voulait dire beaucoup de choses. Pour moi, c'était insuffisant. J'avais besoin de vrai mots auxquels je pouvais me rattacher. Cette incertitude que j'avais éprouvé en présence de ma mère, j'en avais marre de me la trimballer en permanence.


-Caporal, l'interpellais-je d'une douce voix. Quels sont vos véritables sentiments ?


Il se raidit. Même si ma question était plutôt directe, j'avais besoin de l'entendre. Sa seule réponse était qu'il ne savait pas. Soudainement blasée, je devinai aisément qu'il voulait tout simplement éviter le sujet.


-Très bien. Je suppose que dorénavant je vais devoir prendre Eren plus au sérieux, soupirais-je.


-Quoi ? Pourquoi ? me demanda t-il du tac au tac. Qu'est ce qu'il a dit ?


Devant cette légère panique, je pouffai de rire. Vexé de mon petit mensonge, il tiqua avant de tourner à nouveau la tête. À vrai dire, sa récente déception à mon sujet ne l'aidait en rien à se révéler à moi. Je décidai donc de l'aider en lui proposant différents sentiments.J'avais l'impression d'avoir affaire à un enfant. Étonnement, il se prêta au jeu. Tristesse ? Joie ? Il ne réagit pas à ces mots. Colère ? Il était évident qu'il en voulait aux titans. Affection ? Hanji. Le voir s'ouvrir petit à petit me faisait bizarrement un bien fou. Je jugeai alors le moment opportun pour passer à l'étape supérieure. Peur ? Il hésita un instant pour au final ne rien me répondre. Jalousie ? Il murmura d'une voix à peine audible les noms de Ben et Eren. Ça me faisait un petit quelque chose d'entendre le nom de mon défunt ami enfance. Ayant tourné en rond assez longtemps, je finis par le sentiment le plus fort. Amour ?


-Amour ? répéta t-il sans émotion particulière. Jamais entendu parler.


Je ressentis une légère douleur dans la poitrine. Si il disait la vérité, ça voudrait dire que tout ses gestes, tout ses baisers ne signifiaient rien. Non, je ne pouvais pas y croire. Il était tout simplement encore trop énervé. Voyant certainement ma mine déboussolée, il essaya d'attirer mon attention. Les jambes toutes les deux à moitié pliées, il tapota le sol entre elles pour m'inciter à venir. Pas très enthousiaste, je me levai pour me mettre à genoux devant lui. Nos regards étaient à la même hauteur. Nous nous fixions ainsi pendant un moment. À vrai dire, j'étais un peu déçue. Ma seule envie était de partir d'ici et d'oublier cette conversation.


-Arrête, grogna t-il en passant sa main dans mes cheveux. Tu sais bien que je n'ai pas l'habitude. Et puis je suis toujours en colère !


Je baissai timidement la tête. Ce n'était pourtant pas si compliqué de dire quelques mots. J'avais envie de le lui crier au visage. Malheureusement, je savais que ça n'allait qu'aggraver la situation. Faisant toujours la moue, je lui demandai tout de même si nous étions en couple. En guise de réponse, il plaqua ses lèvres contre les miennes. Nous nous bécotions tendrement. Faisant discrètement glisser ses mains de mes épaules jusqu'au creux de mon dos, notre baiser devint plus passionnel. Un instant plus tard, nous reprenions notre souffle. Sans me laisser le temps de m'échapper, sa langue titilla l'ouverture de ma bouche. Je lui acceptai volontiers l'accès. Tandis qu'il m'embrassait langoureusement, je plaçai mes doigts sur son torse avant de les faire glisser jusqu'à ses abdominaux. À la hauteur de son pantalon, j'hésitai avant de continuer. Ça ne dura pas longtemps. Puisque quelques secondes plus tard, je commençai déjà à le déboutonner. Livaï attrapa soudainement mon poignet. Sa tête était à présent dans mon cou. Il avait cessé de m'embrasser.


-Tu devrais arrêter si tu n'es pas sûre, me murmura t-il.


Mon corps me tentait de continuer, mon cerveau me disait de tout arrêter. Il m'avait chuchoté cette phrase d'une voix tellement irrésistible que je ne savais plus quoi faire. Après maintes réflexions, je décidai tout de même de retirer mes mains. Il était vrai que ce n'était ni le moment ni l'endroit. Je rêvais mieux que de perdre la chose la plus précieuse d'une femme dans un lieu aussi anodin qu'un box d'écurie. Je râlai mentalement. Il ne faisait que de me rejeter aujourd'hui.


Gênée, je lui tournai le dos. Enroulant ses bras autour de mon ventre, il m'incita à m'adosser contre son torse. Je profitai silencieusement de ce moment. Ses bras recouvraient les miens. Je les déplaçai lentement devant mon visage pour observer ses mains. Il avait vraiment des mains d'homme. Je m'amusai alors à passer mes doigts entres les siens. Livaï ne manqua pas de me faire remarquer que je ressemblais à une gamine. En guise de punition, je lui mordis gentiment la main. Il ricana de mes bêtises. Repensant aux événements de tout à l'heure, je lui demandai comment mon frère avait pu se débarrasser de lui.


-Tu vas te foutre de moi, grogna t-il.


Je lui promis en ricanant que je ne me moquerai pas. Il m'expliqua alors que pour l'amadouer, Sam l'avait éloigné pour discuter à mon sujet. Le faisant croire qu'il voulait tergiverser sur notre relation, Livaï avait amèrement accepté. Je devais avouer que entendre cette nouvelle sortir de sa bouche me faisait très plaisir. Il m'affirma ensuite qu'au début, ils avaient réellement parlé de moi. Mon frère lui avait avoué qu'il n'acceptait pas forcément qu'un homme de son âge s'intéresse à sa sœur. Il avait aussi bien évidemment insulté Livaï de pervers puis de détraqué sexuel. J'avais beau essayé de me retenir, je pouffai complètement de rire.


-Tu m'avais promis, râla t-il en me tirant l'oreille. Étant donné que c'était un membre de ta famille, je me suis dis que je me devais de l'écouter..


Je le trouvai incroyablement mignon. Cependant, au chemin du retour, des hommes s'étaient jetés sur Livaï. Mon frère ayant bien choisi son endroit, les hommes avaient saisi l'occasion pour enfermer Livaï dans un bâtiment. Sans grande surprise, il avait fini par détruire la porte. Hanji, quant à elle, avait été maîtriser par un tas d'autres soldats qui avaient profité de l'absence de Livaï pour l'encercler. Il devait sacrément être dans les nuages pour se faire berner ainsi. Enfin, le principal c'était que nous étions réunis, sains et saufs. Pour combien de temps encore ? Ça c'était une autre histoire.


La pluie cessa finalement. Nous rentrions rapidement à la base. La mort de ma mère laissait un goût amer pour certaines personnes de la police militaire. Pour ma part, j'y restais pratiquement indifférente. Le rôle de mon frère faisait cependant encore polémique. Erwin avait décidé d'établir une réunion pour savoir si oui ou non il allait devenir l'un des nôtres. Tout ce que j'en savais était que Livaï avait été pour. Par ailleurs, nous avions désormais le plein pouvoir sur le reste de la police militaire. Et ainsi, la vie à l'intérieur des murs reprenait petit à petit son quotidien de tous les jours.


Le soir même, moi et tous mes camarades étions réunis au dîner. Il était évidemment que notre sujet de conversation tourna autour de notre prochaine mission. La préparation de la voie d'accès à Shiganshina progressait plus que rapidement. Eren était silencieux, faisant infiniment tourner sa clé autour de son cou. Plus je réfléchissais et plus je me posais des questions. Quel trésor pouvait bien renfermer ce mystérieux sous-sol ? Si j'y étais autant intéressée, c'était parce que des informations sur mon père se trouvaient peut être là-bas.


-Vous pensez que le flacon sera attribué à qui ? demanda Armin en buvant dans son verre.


-À la personne qui a le plus de chance de s'en sortir, supposa Eren. C'est-à-dire le Caporal Livaï.


J'étais du même avis. Il était impossible de prédire dans quelles circonstances nous serons amenés à utiliser cette seringue. Livaï était la personne la mieux placée pour avoir son entière responsabilité. Et puis, j'étais persuadée qu'il ferait le bon choix. Un garçon, que je connaissais pas, s'exclama à son tour. Il était apparemment très excité par les nouvelles inventions d'Hanji. Je ne connaissais pas ce garçon, je n'avais jamais vu sa tête. Il devait nous avoir rejoins récemment.


-Tu noteras qu'il n'y aucun soldat du même enthousiasme, grogna Jean un peu sèchement.


-Bah alors, Jean ? l'interpella un garçon derrière lui. On ne vaut rien parce qu'on vient des brigades spéciales, c'est ça ?


-Qu'est ce que vous venez foutre dans le bataillon sérieusement ? leur demanda Jean en levant les yeux.


En réalité, c'était notre bataillon qui avait fais une campagne de recrutement. La reconquête du mur Maria était proche. Il était évident que nous avions besoin de nouveaux soldats dans nos rangs, prêts à mourir. Je n'étais pas du genre à prendre la grosse tête mais ce type, je n'aimais pas sa façon de parler. Il prenait les choses beaucoup trop à la rigolade.


-À vous entendre, on croirait que vous avez tout vu et tout vécu, continua l'autre garçon à plaisanter.


-On en a déjà certainement vu plus que vous, rétorquais-je légèrement irritée.


Il tourna sa tête vers moi, me fixant pendant plusieurs secondes. Il était entrain de réfléchir. Soudain, il ouvrit la bouche en me pointant du doigt. Sans mâcher ses mots, il avoua me reconnaître. J'étais la petite trainée qui se tapait le Caporal et qui en profitait pour le mettre dans sa poche. Je restai d'abord bouche bée. Je ne m'attendais pas à ce qu'il m'insulte aussi facilement. Eren et Jean me défendirent immédiatement. Avais-je réellement cette image ? J'observai alors uns à uns mes camarades autour de la table. Ils baissaient tous la tête.


-Pardon, se plaignit quelqu'un en posant sa main sur l'épaule du garçon. T'es sur mon chemin.


D'un simple geste, il appuya sur un de ces points faibles. Le garçon tomba lourdement au sol, criant par la même occasion de douleur. Le regard froid, le nouveau venu lui donna intentionnellement un coup de pied en passant au dessus de lui. Le voir tout nouvellement habillé et me défendre m'arracha un sourire. Il fallait croire que les réactions abusives c'était de famille.


-Samuel ? l'appelais-je étonnée.


Le garçon qu'il avait laissé derrière lui se releva pour partir honteux de la salle. Mon frère ne tarda pas à m'expliquer qu'il venait à peine de sortir d'une réunion. Erwin lui avait annoncé qu'il faisait officiellement partie du bataillon d'exploration. Remarquant les regards perdus des autres, il en profita pour correctement se présenter. Son changement de comportement me rendait incroyablement fière. Il serra la main à tout le monde. Je notai simplement qu'il avait envoyé un léger sourire à Eren. Et que pour une raison complètement inconnue, Mikasa avait été gênée de lui serrer la main. 


-Allez je vous laisse, nous indiqua soudainement Connie. Je me lève tôt demain, j'ai prévu d'aller faire un tour dans mon village.


À son départ, Sasha demanda s'il était réellement impossible de ramener la mère de Connie à son état normal. J'en doutais fortement. À moins de découvrir le mécanisme. La possibilité que les titans seraient en réalité des êtres humains restait plus que plausible. Est ce qu'au final les titans ne seraient pas simplement des humains coincés en plein cauchemar ?


-Il faudrait plutôt se creuser la cervelle au sujet de ce type qui est apparu dans ton rêve, râla Jean en s'adressant à Eren.


Je n'étais pas au courant de cette histoire. Face à mon incompréhension, Jean m'expliqua brièvement qu'un homme, qu'Eren pensait avoir déjà vu, s'était manifesté dans un de ces rêves. Ce même homme avait rencontré son père. D'après lui, c'était un soldat du bataillon. Eren marmonna dans son coin que cette rencontre n'était pas le fruit de son imagination. Je me rappelai alors soudainement de cet homme dans mes souvenirs. Étant donné les grandes similitudes entre Eren et moi, était-il possible que nous parlions du même ?


-Tu devrais te cogner la tête pour te remettre les idées en place, proposa Sasha.


Eren lui murmura que ça pourrait être une solution. Je l'observai un instant rêvasser du coin de l’œil. Subitement, il tapa sa main contre la table. C'était décidé. Dès demain il irait rendre visite à Keith Jardiz, notre sergent instructeur. J'essayai mentalement de comparer leur visages avec celui de mes souvenirs. J'arrivais très difficilement à leur trouver des points communs.


Une fois le repas terminé, nous nous séparions chacun de notre côté. J'en profitai pour attraper mon frère et de lui demander des nouvelles. À l'air du vent, nous discutions à l'extérieur de tout et n'importe quoi. Comment trouvait-il les lieux ? Quelles étaient ses premières impressions sur mes amis ? J'essayai aussi discrètement de lui soutirer des informations sur Mikasa. À priori, il la trouvait simplement mignonne. Notre petite conversation ne dura pas très longtemps. Avant de partir, nous nous enlacions à nouveau. J'étais vraiment contente de l'avoir comme frère.


Je montai les escaliers en direction des chambres. Je repensai soudainement à Livaï. Depuis notre retour, je ne l'avais pas croisé une seule fois. Je savais juste qu'il était partis discuter avec Hanji. En tout cas, j'avais hâte de retrouver ma chambre. Cette série d'épreuves m'avait épuisée. Avant que je ne puisse toucher la poignée de ma porte, celle de Livaï s'enclencha. Passant sa tête dans l'ouverture, il me regarda un peu méchamment.


-Tu étais où ? me demanda t-il sèchement. Il fait déjà nuit dehors.


Je suppose que Livaï avait sa propre façon de dire qu'il était inquiet. Je me retins de rire, lui expliquant simplement que j'étais avec mon frère. Ma réponse jugée satisfaisante, il se retira sans broncher. Je remarquai cependant un petit détail. Il n'avait pas refermé sa porte. Hésitante, je m'aventurai dans sa chambre. Ma présence était apparemment attendue. Il patientait calmement appuyé contre son bureau. Je refermai timidement la porte avant de m'avancer dans sa direction. Je restai plusieurs secondes immobile devant lui.


-J'ai réfléchi à quelque chose, commença t-il en se relevant, je pense qu'on ferait mieux de se séparer.


Mes yeux s'écarquillèrent. Mon cœur loupa un battement. J'en oubliais même de respirer. Il était clairement entrain de me dire qu'il voulait me quitter. Je n'étais absolument pas prête. Je l'aimais beaucoup trop. C'était la panique totale dans ma tête. Je restai cependant perplexe face à son sourire moqueur. Du même air, il se rapprocha de moi.


-Je plaisante, me murmura t-il à quelques centimètres de ma bouche, jamais je ne te laisserai..



Il essaya alors de m'embrasser. Toujours en colère de sa mauvaise blague, je tournai la tête. Ses lèvres touchèrent alors ma joue puis descendirent délicatement vers mon cou. Je regardais du côté tout en rougissant. C'était indéniable. Je ne pouvais pas lui résister. Il arrêta ses baisers pour me regarder intensément dans les yeux. Comment étais-je sensé repousser cet homme qui faisait tant chavirer mon cœur ? Regagnant rapidement un sourire, je l'embrassai tendrement. Nous étions enfin réunis, ensembles. Ça faisait du bien d'être de retour à la maison.


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