Étrangère

Chapitre 37 : Survivants

4095 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 01/06/2017 20:59

Après maintes réflexions, j'avais fait le pour et le contre dans ma tête. Sûre de moi, mon choix était fait. Mais avant que je ne puisse faire un pas vers l'élu, Armin s'interposa entre nous. Lame à la main et sourire forcé, il me regardait comme une de ces personnes qu'il comptait ensorceler. Il ne savait même pas qui j'avais choisi et pourtant il se dressait contre moi. Peut être qu'il avait deviné tout seul ? Évidemment que j'avais choisi Livaï. Nous restions alors ainsi pendant plusieurs secondes, nous fixant en silence. Les autres autour de nous restaient immobiles, la peur de nous interrompre.


-Hana, m'interpella Armin. On a besoin de personne comme Eren !


-Et t'es entrain de me dire que le Caporal Livaï, soldat le plus fort de l'humanité, ne vaut pas la vie de Eren ? demandais-je légèrement irritée.


-Mais t'en a rien à foutre qu'il soit le soldat le plus fort de l'humanité ! me hurla Mikasa en se rapprochant de nous. T'es qu'une égoïste !


-Mikasa.., l'interpella mon frère.


-Vous êtes pareils, rétorquais-je plus calmement.


Il était dur de l'admettre mais elle n'avait pas tout à fait tort. Qu'il soit le plus fort ou non, ce n'était pas ma raison. Cependant c'était le seul argument que j'avais en réserve pour les convaincre. Si je commençais à leur déballer qu'en réalité je faisais ça juste parce que j'étais bêtement tombée amoureuse de lui et que je ne voyais pas ma vie sans la sienne, j'allais paraître encore plus ridicule. Je ne savais pas pourquoi mais Mikasa cherchait mon frère du regard, comme si elle attendait un quelconque soutien. Je fus soulagée de comprendre par son silence absolu qu'il ne comptait pas s'interposer. Le blond posa alors ses doigts sur la boîte que je tenais entre les miens.


-Ne laisse pas tes sentiments personnels entraver notre chemin, me dit-il calmement en rapprochant la boîte de lui.


-Mais..


-On a besoin d'Eren, me répéta t-il en souriant. Il est plus important pour la survie de l'humanité d'avoir un allié de son ampleur..


-Livaï aussi est..


-Il nous a été d'un pilier indispensable pour arriver jusqu'ici que ce soit pour toi ou pour nous, continua t-il. Ensemble nous pourrons ne pas rendre ses efforts inutiles et enfin découvrir ce que le sous-sol d'Eren garde si profondément secret.


-Eren n'est pas obligé d'être là pour..


-Et le Caporal, Hana ? me coupa t-il une nouvelle fois. Vois-tu une quelconque raison pour laquelle il nous faudrait l'amener avec nous ? Nous sommes désolés de l'abandonner mais nous devons sauver Eren.


J'avais l'impression de boire ses paroles. Armin avait vraiment un don pour hypnotiser les gens. Leur raconter ce qu'ils voulaient bien entendre pour au final retourner la situation en sa faveur. Gagner un allié ou du temps, il arrivait toujours à obtenir ce qu'il avait en tête. Cependant, ce garçon était mon ami. Je savais comment il agissait pour embobiner qui il voulait. Désolée Armin, je ne faisais pas partis de ces gens que tu pouvais convaincre avec de simples mots.


-Tu penses que.. je n'ai pas remarqué que Jean s'est déplacé derrière moi ? lui demandais-je d'une voix monotone. Tu penses aussi peut être que.. je ne sais pas que Connie vient de recharger ses lames ? Et est ce que tu penses vraiment que je suis assez bête pour avaler tes conneries ?


D'une seconde à l'autre, je le balayai de ma vision en balançant mon poing dans sa mâchoire. Je n'avais plus aucune pitié. Essayer de m'utiliser alors que nous étions sensé être amis ? Qu'ils aillent tous brûler en enfer. Je me retournai alors furtivement vers Jean. Levant les mains devant lui, je compris par ses gestes qu'il avait finalement changé d'avis. Il lâcha un dernier regard à Mikasa avant de se retirer tout seul. J'eus à peine le temps de regarder la brune qu'elle me sauta dessus. Frôlant ma tête de sa lame, je n'avais pas d'autre choix que de me baisser en arrière. Par conséquent, je tombai sur le dos et elle se retrouva sans difficulté au dessus de moi. Elle me tenait fermement par le poignet, ce n'était pas pour autant que j'allais laisser cette boîte m'échapper des mains. La serrant fortement avec mes doigts, je n'arrivais pas à beaucoup plus. Le combat de tout à l'heure m'avait grandement affaibli. Elle me dominait totalement. Si seulement je n'étais pas toute seule.


-Connie ! l'appela Sasha en le retenant par sa veste. Arrête, Hana est quelqu'un de bien !


-C'est vrai Mikasa, qu'est ce qu'on est pour se retourner contre nos propres amis ? enchérit Jean. Baisse cette arme !


Malgré les contestations de mes alliés, Mikasa ne se démonta pas. Elle agrippa fermement la boîte avant de me demander à nouveau de la lui donner. Tandis que Connie aidait Armin à se relever, la brune demanda à mon frère de quel côté il était. Impassible, il lui répondit aucun. Les deux personnes que nous mettions en jeu avaient la même valeur pour lui. Je restais vexée à l'entente de ces mots. Il savait très bien ce que je ressentais pour Livaï. Peut être que si c'était moi qui gisait morte devant lui il aurait beaucoup plus agis ? Je me consolai alors avec le fait que sa réponse aurait bien pu être pire. Déterminée à ne pas flancher, j'essayai de me débattre pour la faire reculer en arrière. Après l'avoir poussé assez fort, je me relevai rapidement sur mes jambes. Mais avant que je ne puisse anticiper la suite, Mikasa me donna un violent coup dans les côtes. Déjà épuisée, je m'effondrai complètement en abandonner la boîte au passage. N'ayant plus aucune force, je roulai le long du toit jusqu'à rattraper in extremis le bord de mes doigts. Voyant Mikasa se déplacer vers la boîte, je me mise à paniquer.


-Non s'il te plait !


-C'est fini Hana, conclut-elle.


-Ok j'ai menti ! hurlais-je en sentant les larmes montées. Je suis égoïste car je l'aime et c'est pour cette raison que je veux le sauver ! Tu sais ce que c'est d'aimer quelqu'un, non ? Et cette personne est toujours vivante pour toi !


Tout en pleurant, je me demandai sérieusement pourquoi est ce que je lui disais tout ça. Peut être que j'essayai d'attiser sa pitié. Même si j'avais réussi à apercevoir un infime instant d'étonnement dans son regard, je doutais que ça allait réellement fonctionner. Prenant la boîte dans sa main, elle la regarda un instant. Je me mise à crier lorsqu'elle se déplaça vers Eren. Étant à bout, mes doigts tremblaient. Je serrais tant bien que mal les dents pour rester accrocher. Ne tenant le bord plus qu'avec le bout de mes doigts, je tombai quelques secondes plus tard lourdement dos contre le sol. Je ne voyais plus ce qu'il se passait. Recouvrant mes yeux humidifiés avec ma main, je continuais tout de même à crier à Mikasa de sauver Livaï. Nous avions tous des personnes qu'on souhaiterait ressusciter. Et un jour où l'autre, tous les gens auxquels on tenait devront éventuellement disparaître. Est ce que c'était réellement le moment pour moi de faire mes adieux à Livaï ? Non, c'était quelque chose que je ne pouvais simplement accepter. Ça me rendrait tellement folle de réaliser la perte de quelqu'un d'aussi cher que lui. Entendant les pas de Mikasa résonnaient sur le toit, je réalisai un geste sans vraiment savoir ce qui allait en advenir. Me mordant la main, un simple bras à moitié découvert de peau se forma à partir de mon épaule. Entre ses doigts, Mikasa semblait avoir du mal à respirer.


-S'il te plait ! l'interpellais-je. Écoute moi !


Mes efforts s'écroulèrent lorsque mon bras se découpa en deux. Pas assez solide, Armin s'étant relevé n'avait pas eu de mal à le trancher. Atterrissant soigneusement, Mikasa se dirigea sans plus tardé vers Eren. C'était vraiment fini. Soudain, j'entendis une voix. À peine audible, elle lui marmonnait quelques mots. Qui était entrain de parler ? La brune grogna alors à cette personne de se taire. Je ne savais pas qui avait ouvert la bouche mais après ça, Mikasa demanda aux autres de s'éloigner pour qu'Eren puisse dévorer Bertholdt. Mon frère s'élança vers moi. Tandis qu'il m'aidait à me relever, je gesticulai dans tous les sens. Je savais très bien qu'il voulait me forcer, me forcer à quitter Livaï. Me posant sur son dos, je vis le cadavre de mon Caporal toujours le toit lorsque Samuel s'envola par dessus. Ça ne servait à rien mais tout en m'éloignant je tendais ma main vers lui. Peut être qu'avec un miracle il saisirait cette main pour me rejoindre. M'emmenant quelques toits plus loin, Samuel me chuchota quelques excuses qui me passèrent sur le moment par dessus la tête. Immobile, je regardais la scène se dérouler sous mes yeux. Mikasa s'agenouillant près d'Eren, le corps de Livaï à l'opposé qui devait certainement être entrain de rendre l'âme. Quand la brune prit le bras de son ami, je me retournai de peur contre mon frère. Le visage enfouit dans son vêtement, je continuais à verser les larmes que tout mon corps me permettait. Je repensais à mes souvenirs avec Livaï, notre premier baiser puis les quelques déclarations qu'il m'avait faîte. "On est tous l'esclave de quelque chose" disait ma mère. Qu'est ce que j'avais répondu à ce moment là ? Ah oui, rester envie. J'étais entrain de me rendre compte que ma réelle obsession c'était de garder Livaï en vie. Et lui, quelle était la sienne au final ?


-Hana je suis vraiment désolé, s'excusa Jean tristement.


Tandis que je continuais à me morfondre contre mon frère, une énorme explosion surgit derrière moi. Certainement Eren qui venait de se transformer. Je sentis alors la main de mon frère me caresser la tête tendrement. Ce qui me choqua le plus c'est qu'il était entrain de ricaner. Perplexe, je relevai la tête vers lui en fronçant les sourcils. Il regardait droit devant lui, un chaleureux sourire était suspendu à ses lèvres. Prenant mon courage à deux mains, je me retournai au ralentis. Écarquillant les yeux, je pouvais admirer de loin un titan entrain de dévorer Bertholdt. Seulement ce n'était pas le titan d'Eren. Il avait les cheveux noirs et la même coupe que Livaï. Tandis que j'étais toujours subjuguée par ce spectacle, Mikasa vint se déposer à nos côtés en portant Eren dans ses bras.


-Pourquoi est ce que tu.., commença Armin sous le choc.


-Je suis fière de toi, la félicita mon frère en lui caressant la tête.


Elle lui sourit avant de me regarder impassible. Elle prit d'abord le temps de répondre à Armin toujours béat avant de déposer le brun au sol. Elle expliqua qu'au moment de piquer Eren, il s'était mit à parler dans son sommeil. D'abord de moi puis de Livaï, il l'avait supplié de le sauver à sa place. Une énorme peine me submergea lorsque j'entendis ces mots. Moi qui avait sans pitié mis la mort de mon ami sur la sélecte, lui avait agréablement accepté de mourir. M'agenouillant auprès de lui, je scrutai chaque passerelle de son visage. Une de mes larmes vint se mélanger aux siennes. Pourquoi est ce qu'il pleurait ? Bêtement, j'étais entrain de réaliser que je ne le verrai plus jamais me sourire.


-Repose en paix, lui chuchotais-je en posant mes lèvres sur son front, Eren.


Au même moment, Hanji et Erwin arrivèrent sur le lieu de la scène. Leur expliquant la situation du début à la fin, ils ne tardèrent pas à arborer la même expression que nous. Un énorme bruit nous fit revenir à la réalité, le titan de Livaï venait de s'écrouler. Ne réfléchissant pas à deux fois, je me précipitai vers son corps qui était entrain de s'extirper de sa peau. Je crus renaître de mes cendres lorsque je touchais de mes propres mains son visage si pâle. Il respirait, il était vivant.


Lorsqu'il reprit connaissance un peu plus tard, j'étais toujours entrain d'attendre patiemment au dessus de lui. Même lorsque nous l'avions déplacé jusqu'au haut des murs, je ne l'avais pas quitté des yeux. Reprenant soudainement une grande inspiration, il ouvrit les yeux. Comme soulagée, j'encadrai automatiquement son visage de mes mains. Il semblait encore un peu à l'ouest mais j'étais tellement contente de le revoir. Mon cœur s'accéléra lorsque son regard croisa enfin le mien. Sa première réaction fut de râler, râler de me voir encore pleurer. Je lâchai un petit rictus avant de promptement plaquer mes lèvres contre les siennes. Il répondit à mon baiser comme s'il ne m'avait pas embrassé depuis des années. Reprenant mon souffle quelques secondes, je revins immédiatement goûter à ses lèvres. Je n'en avais plus rien à faire qu'il avait pu me blesser. Il m'avait tellement manqué.


-Laisse moi respirer quand même, me murmura t-il en plaisantant.


Je pouffai légèrement de rire avant de l'aider à se relever. Le serrant fort dans mes bras, il entoura ma taille des siens tout en posant sa tête au creux de mon cou. Même si elle n'était que très courte, j'avais l'impression que nous n'avions pas eu cette proximité depuis des siècles. Je ne voulais plus jamais être séparé de lui.


-Je suis désolé de tout ce que j'ai dit, s'excusa t-il tout en gardant sa tête au même endroit. Je ne le pensais pas, j'étais juste.. jaloux de ta relation avec Eren.


Ça faisait du bien de l'entendre se l'avouer à voix haute. Après ça, il me demanda comment la situation s'était terminé de notre côté sans se douter de quoi que ce soit. C'est là que je réalisai que j'allais devoir tout lui dire. Il ne se souvenait de rien. Hésitante, je commençai par lui raconter que lui et Eren s'étaient évanouis pratiquement au même moment. Avec aucun moyen de les faire reprendre conscience, nous avions du faire un choix. Attentif, je lui expliquai ensuite les différents que j'avais eu avec les autres quant à celui qu'il fallait sauver. Finalement je lui avouai qu'il avait été choisi, que je l'avais choisi surtout. Il resta silencieux à me regarder sévèrement, comme si il essayait de me dire que j'avais fait un mauvais choix.


-Je suppose que personne n'était avec toi, me dit-il en croisant les bras.


-Mon frère t'a aidé à reprendre ta respiration. Jean n'a pas agi aux ordres de Armin et Sasha a empêché Connie de m'attaquer, lui dictais-je en baissant les yeux. Puis Mikasa t'a injecté le sérum.

-Attend, me coupa t-il sèchement. T'es entrain de me dire que maintenant je suis un putain de titan ?


Son visage était tiré par la colère. Essayant tant bien que mal de me justifier, je lui expliquai que c'était ça où il mourrait. Peu convaincu, il continua à râler et à me dire qu'il y avait sans doute une autre solution. Mon cœur loupa un battement quand il m'avoua préférer être mort plutôt qu'être un titan. Comment pouvait-il dire ça ? Tout en regardant ailleurs, il me chuchota que si je ne l'avais pas choisi je n'aurai pas perdu un ami tel que Eren. Je fronçai immédiatement les sourcils, il recommençait encore avec ça. Déterminée à lui faire enfin ouvrir les yeux, j'avançai à grand pas dans sa direction. Encadrant son visage de mes mains, je lui déballai tout ce que j'avais sur le cœur.


-Oui je suis triste d'avoir perdu Eren ! lui criais-je à la figure. Mais si je l'ai laissé mourir, c'était pour vous sauver vous ! Et pourquoi j'ai fait ça ? Parce que je vous aime plus que n'importe qui ! Eren va me manquer, tout autant que Ben m'a manqué ! Alors arrêtez de faire le gamin pour une fois et accepter mes décisions !


D'abord étonné, il me regarda avec de petits yeux. Un fin sourire se dessina ensuite sur ses lèvres. D'un geste lent, il posa ses doigts sur ma joue. Est ce qu'il allait encore une fois m'embrasser ? Je m'ôtai vite l'idée de la tête quand je le sentis la pincer.


-Je rêve où tu viens de m'insulter de gamin, gamine ? grogna t-il en me tirant la joue. Dois-je te rappeler que c'est moi qui commande ici ?


-Certainement pas ! rétorquais-je en lui tirant l'oreille.


Tandis nous nous disputions gentiment, un fumigène éclata à proximité de nous dans le ciel. Armin venait de le tirer. Le fixant dubitative, il me tourna immédiatement le dos. Je crois que ça allait être plus compliqué que prévu de renouer les liens avec lui. Et pour l'instant, je n'en avais pas vraiment envie. Quand je pense que c'était la première personne que j'ai rencontré, ça me faisait vraiment de la peine.


Tous réunis sur le mur, nous supposions que nous étions les seuls survivants au vu des nombreuses heures de recherche inutile. Hanji ne manqua pas de faire remarquer à la plus part des autres qu'ils avaient délibérément voulu désobéir à la priorité de l'humanité. J'étais à la fois d'accord et en désaccord, j'espérais juste que leur sanction ne serait pas trop sévère. Déplaçant mon regard vers Armin et Mikasa, ils fixaient le sol. Ne pas les avoir accompagnés de Eren me peinait profondément. J'essayai immédiatement de chasser ses pensées de ma tête, voulant éviter de retomber dans mon précèdent chagrin.


-Livaï, l'interpella Hanji. Déjà que tu étais entre autre un être exceptionnel, maintenant tu es doté du pouvoir des titans.


-Merci de me le rappeler, cracha t-il à basse voix.


-Bon, vu que tout le monde à l'air d'aller mieux on va passer à la suite, nous précisa t-elle. Mikasa, tu as bien prit la clé autour du cou d'Eren ?


Elle hocha brièvement la tête. Sans plus attendre, la brune nous guida jusqu'à leur maison d'enfance. L'observer face à leur demeure maintenant à moitié détruite me fendait le cœur. Mais encore plus de savoir que nous allions y entrer sans même la présence d'Eren. À la fois tristes et pressés de découvrir cette fameuse cave, nous nous dépêchions pour enlever tous les morceaux de bois qui nous barraient la route. Une fois le passage libre, nous arrivions enfin à ouvrir la porte de ce mystérieux endroit. Sur nos gardes, nous descendions ses marches qui n'en finissaient plus. La seconde porte que nous rencontrions, Livaï la défonça. La clé ne rentrait pas à l'intérieur. Un bureau, des étagères, des feuilles et un tas de paperasse. Un endroit plutôt normal si on se contentait de l'observer.


-Cet endroit est trop ordinaire, fit remarquer Hanji.


-Du coup trop suspect, enchérit Livaï. Mettez-vous à fouiller.


Sur ses ordres, je me mise à scruter un peu partout autour de moi. Son père et le miens se connaissaient, j'osais espérer pouvoir trouver quelques traces de lui ici. J'avais beau ouvrir des tiroirs et regarder en dessous des meubles, je ne trouvais rien. Tandis que Mikasa était alarmée de quelque chose près du bureau, je continuai à chercher de mon côté. À présent réunis autour d'un livre, il n'y avait plus que moi qui restait à l'écart. Lorsque j'entendis que ce bouquin concernait le père d'Eren, ça me donna encore plus la niaque d'en savoir plus sur le miens. Passant devant une armoire remplit de livres, je regardai un à un leur titres. Pour la plus part sur la médecine, je m'arrêtai sur un cahier noir qui me paraissait un peu plus fin que les autres. Curieuse, je le sortis avant de le poser sur le meuble à côté. Sur la première page y était inscrit le mot "Répertoire". Je supposai que c'était les coordonnés de personnes qu'il connaissait. Comme prévu, dans les "A" se situait plusieurs noms qui m'étaient complètement inconnus. Mais alors est ce que toutes les personnes qu'il connaissait étaient inscrites là dedans ? Réalisant soudainement quelque chose, je tournai rapidement les pages vers celles des "M". Longeant lentement chaque nom avec mon doigt, je tombai enfin sur celui que je recherchais : Melvin Aguria. J'arrachai le bout de page contenant son nom avant de me diriger en courant vers les escaliers sans prévenir qui que ce soit. J'entendis plusieurs personnes crier mon nom mais je ne me retournai pas. Sans savoir jusqu'où ce simple papier allait m'amener, je courrai à travers Shiganshina à la recherche du passé de mon père.


Ça devait maintenant faire pratiquement une heure que je vagabondais à travers ses maisons plus détériorées les unes que les autres. J'avais réussi à retrouver quelques morceaux de panneaux pour me guider mais rien de très précis qui puisse m'indiquer précisément où mon père avait pu se cacher. Lorsque j'avais regardé la note, j'étais déçue de voir qu'il n'y avait rien d'écrit. Seulement un dessin à peine visible, un arbre. Est que c'était une adresse qui contenait le mot "arbre" ? Est ce que c'était une sorte de blague ? Est ce que j'étais entrain de perdre mon temps ? Pour l'instant, je n'avais croisé aucun arbre, seulement des ruines. Lorsque j'aperçus enfin un bout de terre, je commençai à me rattacher à un petit espoir. Mon père se cachait, il ne voulait pas qu'on le trouve. Hésitante, je m'avançai lentement vers cet arbre planté au milieu de nul part. Plutôt ordinaire, je fis d'abord plusieurs tours autour de celui-ci. Je remarquai que de la terre avait été mise à l'intérieur du tronc. En la touchant avec mes doigts, j'étais plus que sûre que ça ne venait pas du sol. Après avoir creusé jusqu'à m'en abîmer les doigts, je finis par gratter quelque chose de dur. C'était une trappe assez large pour laisser une personne y pénétrer. Regardant vers la direction où mes camarades étaient, j'avais un peu peur. Est ce que j'allais au moins pouvoir ressortir de ce trou ? Prise d'un élan de courage, je fermai les yeux en prenant une grande inspiration avant d'ouvrir cette trappe et de m'y glisser.


Je retombai lourdement sur mes jambes, atterrissant ensuite sur les fesses. Tandis que je me relevais maladroitement, je notai que cet endroit était pratiquement vide. Un matelas au sol avec un oreiller plus que sale, c'était tout ce qu'il y avait. Déçue, je me laissai tomber dessus. Tout ça pour ça ? Qu'est ce que je comptais trouver moi aussi, un trésor ? Lorsque ma main se posa sur l'oreiller, je sentis quelque de bizarre, quelque chose de dur. Curieuse, je regardai à l'intérieur. Un livre ? À en juger par le manque de titre, je dirais que c'était autre chose. J'écarquillai des yeux lorsque mon regard plongea dans la première page de ce mystérieux bouquin. C'était plus précis qu'une peinture, mon père et ma mère souriaient sur cette image si minutieuse dessinée. Ils avaient l'air tellement heureux. Tournant la seconde page, je restai sous le choc. Noir sur blanc mon père avait écrit " Je fais partie de ceux à l'extérieur des murs". C'était tout, il n'y avait inscrit que ces mots sur cette page. Est ce qu'il essayait de me faire croire que nous n'étions pas les seuls ? Rapidement, je me mise à lire les page suivantes.


Jour 1 : Je suis bien arrivé à ce village. Mon but étant d'observer de près ce que ces gens fabriquent derrière les murs, c'est avec grande détermination que je commence la mission de NOTRE humanité.

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