Jean x Reader

Je longe lentement la trajectoire du mur en observant les arbres au loin éclairés par le soleil. Aucun titan à l’horizon; c’est plutôt une bonne nouvelle. L’atmosphère est silencieuse, la petite brise qui passe fait danser les mèches de mes longs cheveux noirs et ondulés. Cela fait plus d’un quart d’heure que j’attends Sasha… je suis sûre qu’elle est encore en train de se goinfrer pendant que je tourne en rond ici. À peine ai-je eu le temps d’y penser qu’elle arrive déjà vers moi en courant; je l’aperçois au loin, avant de croiser les bras en espérant qu’elle remarque que je l’ai attendue.

Lorsqu’elle arrive à mes pieds, elle se courbe, les mains sur les genoux, la tête baissée, toute essoufflée.

« -T’en as mis du temps! Tu sais que ça fait quinze minutes que je t’attends là?!»

Elle relève les yeux et me lance un regard de psychopathe; le genre de regard que l’on fait lorsqu’on a faim et que cette faim est sur le point d’être comblée. Je crois que j’ai compris,

«-Oh non ne me dis pas que t’as encore volé de la bouffe? je ris à un tel point que mes mots sont presque incompréhensibles.

-T’a deviné!»

Elle sort de sa veste deux grosses pommes de terre chaudes pendant que je ris aux éclats et j’essaye de cacher la nourriture de la vue de quiconque. C’est alors qu’elle me tend une des deux pommes de terre. Je la prend, puis la remercie et on rigole toutes les deux en chœur en prenant une grosse bouchée de cette savoureuse patate chaude. On s’assoit elle et moi au bord du mur, appréciant le vent et la belle vue. Quelle folle cette petite Sasha! Pensais-je, mais je l’aime beaucoup, c’est une très bonne amie.

Mon humeur changea en quelques secondes lorsque j’y pense… C’est un erreur que je fais là, dans le monde où l’on vit, il ne faut pas s’attacher aux gens car à l’instant où ils s’en iront, seul la douleur ronge notre âme et nous laisse sans vie. C’est une phrase que je me répète souvent, mais au fond, c’est plus fort que moi, je m’attache facilement et je n’y peut rien… Si je perdais Sasha, je serais vraiment triste, et j’en suis sûre à 100% Pourquoi je m’attache si rapidement…

«-Anna? Ça va?La patate est mauvaise?

-Oh… euh… Je reprends soudainement mes esprits Ça… ça va.. je… Je regarde la moitié de pomme de terre dans mes mains Tiens, finis-là…Je n’ai plus faim...

Je lui tends le morceau de nourriture, et je souris en la regardant prendre la patate dans ses mains et savourer son goûter.

Quelques secondes après m’être difficilement mise debout, je remercie Sasha et m’éloigne peu à peu, puis après avoir observé les alentours, je m’envole à l’aide de mon équipement tridimensionnel.

J’arpente à travers les maisons et soudainement, une autre personne fonce dans la direction opposée à la mienne. En moins d’une fraction de seconde, je n’ai malheureusement pas pu éviter la personne avec qui je suis brutalement entrée en collision avant de m’écrouler sur le sol en sa compagnie.

Une douleur terrible comme « un marteau qui cogne » se fait ressentir dans mon crâne. Au fait, j’ai cogné qui ? Je relève le haut du corps et appuie la paume de ma main sur mon front en fermant les yeux dans l’espoir de calmer les violents coups de marteaux qui semblent perdre peu à peu en intensité, puis j’ouvre doucement les yeux. Les petits bruits autour de moi me laissent deviner que la personne à côté s’est relevée. À peine l’ai-je constaté, qu’une main apparaît dans mon champ de vision accompagné de quelques mots :

« -Ça va ? Je ne t’ai pas fait trop mal ? »

Je lève la tête. C’est un jeune homme aux yeux bruns et aux cheveux de la même couleur. Il doit avoir 17 ans… Je ne sais pas… Je place ma main dans la sienne avant qu’il me tire vers lui pour m’aider à me relever.

« -Ça va, merci. Ouah… il est plutôt gentil… »

Une fois debout, essuyant la saleté sur mes vêtements, je prends le temps de l’observer pour mieux l’analyser. Il est assez grand (plus que moi en tout cas, je dirais qu’il mesure entre 1 mètre 70 et 1 mètre 80) et il porte l’uniforme du bataillon d’exploration. C’est drôle,je ne me souviens pas vraiment de lui mais je crois que je l’ai déjà entendu son prénom quelque part.

« -Tu fais partie du Bataillon d’exploration à ce que je vois… Me dit-il.

-Oui… toi aussi apparemment.

-Tu t’appelles Anna, non ? Anna Dinkel, c’est ça ?

-Ah t...tu connais mon nom ? je rougis un peu (il connaît mon prénom ! Ça veut dire qu’il se souvient de moi ! Que je suis dans sa tête ! Ok… calme-toi… J’ai un prénom facile à retenir en même temps…t’emballe, pas… ) Toi c’est… heu…

-Jean Kirschtein »

Il me tend la main en me souriant, je fais de même et on se serre la main, d’un air ravi.

« -J’allais me balader sur le mur… Tu m’accompagne ?

-Heu… en fait j’y reviens

-Ah… une autre fois peut-être ?

-Oui d’accord.

-Bye ! »

Il me lance un clin d’œil puis disparaît, tout comme moi à peine deux secondes plus tard.