Un Vide de Vérité

Chapitre 19 : La fin d'un chapitre mais...

1555 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 22/11/2020 11:09

Jordand maitrisé, la plupart des gardes s’étaient rendus d’eux même, trop heureux de quitter un poste qu’ils n’avaient aucune envie d’occuper. Le village était en effervescence dans l’aube naissante, les habitants fêtaient des retrouvailles avec des personnes qu’ils connaissaient pourtant depuis toujours mais que la tyrannie avait séparés. Les cachots furent ouverts, libérant des hommes et des femmes dont le seul tort était de ne pas soutenir Jordand. L’air bruissait d’éclat de rires et de larmes de joie, tant pis si la tempête avait causé des dégâts, le plus important était là : le tyran était déchu.


Au milieu de l’agitation générale, il y avait pourtant un petit groupe qui ne partageait pas l’allégresse. Assise sur la terre, au milieu de la poussière et des débris, Anna tenait sa sœur dans ses bras, toujours inconsciente. Metiger la rejoignit avec une plante dans les mains.


« Ne vous inquiétez pas, je pense qu’elle était affectée par le déséquilibre et que le combat l’a épuisée. Maintenant que tout est rentré dans l’ordre, je suis persuadé que tout ira bien. »


Anna acquiesça d’un léger signe de tête, l’homme posa une main sur le front de la blessée.


« La fièvre est tombée, c’est bon signe. »


Il écrasa la plante entre ses doigts, libérant une odeur forte et désagréable qu’il passa ensuite sous les narines d’Elsa. Elle fronça les sourcils d’indignation et c’est après plusieurs tentatives qu’elle finit par ouvrir un regard un peu flou. Anna esquissa un sourire tendu.


« Hé… D’habitude c’est moi qui ai du mal à me réveiller.

-Hmm… »


L’ainée grogna, elle tenta de se redresser mais Anna la maintint fermement.


« Non non, tu ne bouges pas et tu y vas doucement, ordre du… heu… Ordre de Metiger. »


L’intéressé cligna des yeux de surprise mais il était plutôt d’accord avec les paroles du 6ème esprit.


« Comment vous sentez-vous ?

-Un peu assommée, mais en dehors de ça, je me sens beaucoup mieux. »


C’était curieux alors qu’elle venait tout juste de reprendre connaissance, mais c’était vrai. Le sentiment de fébrilité qu’elle avait combattu ces derniers jours s’était évanoui.


 « Je n’ai plus froid, je ne me sens plus faible, juste fatiguée. Est-ce que cela veut dire que nous avons réussi ? »


Les souvenirs des derniers instants refaisaient surface mais le vacarme ambiant qui régnait ne l’aidait pas à se concentrer. Et l’odeur poisseuse qui l’avait réveillée envahissait toujours ses narines avec ténacité. Elsa posa son regard sur sa sœur dont elle constata les changements pour la première fois.


« Tu portes… une armure ! »


Anna luta quelques secondes mais elle laissa éclater sa joie. Elle épousseta quelques poussières imaginaires de sa nouvelle tenue et frotta son tasset pour le faire briller.


« Ouiiiii ! Et regarde ça ! »


Le carré de terre sèche et poussiéreuse qu’ils occupaient s’embellit tout à coup d’un parterre de fleurs colorés resplendissantes. Elsa profita de la distraction de sa cadette pour se redresser au moins en position assise.


« Anna ! C’est merveilleux ! »


Mais l’enthousiasme lui fit mal au crâne et elle se massa les tempes, provoquant aussitôt l’inquiétude de sa sœur. Metiger lui tapota le bras.


« Allez-y doucement pendant quelques temps, je crois que vous avez soumis votre corps à beaucoup de pression et qu’il a besoin de repos.

-Vous voulez parler du fait qu’elle a failli mourir étouffée par une main géante ? Puis que l’océan a tenté de la noyer ? Pendant que les esprits de l’eau et du feu étaient mourants. Ensuite elle a été droguée, privée de ses pouvoirs et pour finir, elle s’est battue contre un puissant sorcier. Vraiment, je ne vois pas ce que vous voulez dire. »


Elsa n’avait pas grand-chose à répondre à ça, elle eut une moue résignée. L’homme l’observa, incrédule.


« Vraiment ?

-Je crains que oui.

-Du repos, ordre de… Metiger. »


Il se releva.


« Les habitants vont probablement organiser un festin, nous allons vous préparer une chambre et vous vous reposerez avant de prendre le repas avec nous.

-Bruni et Nokk. »


L’inquiétude pour les deux esprits n’avait pas lâché Elsa. Du reste, elle se demandait comment se portait Courant d’air après la tempête de tout à l’heure. Le sorcier lui sourit.


« Ils vont bien, faites-moi confiance.

-Nous vous faisons confiance. »


Anna lui sourit en retour, elle caressa la joue de sa sœur ainée.


« Viens, nous avons bien mérité un peu de repos et de toute façon, je ne te laisserai pas reprendre la route dans cet état de fatigue. Tu dois prendre soin de toi aussi.

-D’accord.

-Oh… Wow !

-Qu’est-ce qu’il y a ?

-C’est la deuxième fois que tu m’écoutes quand j’essaie de prendre soin de toi. Metiger, la terre est-elle supérieure à la glace ? »


Quand il croisa les regards des deux sœurs, l’homme jugea plus prudent de ne pas répondre.


« Donc… la chambre ! Venez ! »


Anna aida Elsa à se remettre sur pieds, elle lui prit la main et emboita le pas à Metiger. Cette fois-ci, les habitants ne craignaient plus de venir les saluer et beaucoup les remercièrent avec effusion. Le sentiment d’avoir été utile était plaisant. Les fenêtres et les portes closent ne l’étaient plus, les habitants accrochaient du linge coloré sur les rebords et les façades. Leur hôte expliqua que c’était leur manière de célébrer et de décorer les habitations. Ils rentrèrent dans une demeure plus spacieuse que celle de Jordand, l’endroit était propre, chaleureux, il y avait une agréable odeur de fleurs et de fruits. L’homme ouvrit une porte qui donna sur une petite chambre toute simple. Les premiers rayons du soleil baignaient la pièce dans la luminosité matinale, il y avait quelque chose d’étrange à dormir maintenant mais les deux sœurs avaient besoin d’un peu de temps. Metiger leur sourit.


« Je vous fais ramener vos affaires.

-Et les carnets de notre mère, Jordand était en train de les lire lorsque nous nous sommes échappés.

-Entendu. »


Il salua les deux femmes et ferma la porte derrière lui. Elles restèrent silencieuses un moment, appréciant le calme de l’instant après tout ce qu’elles venaient de traverser. Elsa observa sa sœur avec tendresse.


« Tu es magnifique.

-Hem, merci. Je ne m’attendais pas à tout ça.

-C’est-à-dire ?

-Tout. »


Anna joua avec l’un des brassards, elle réajusta sa ceinture et vérifia son pantalon. Tout était nouveau et elle avait encore du mal à s’habituer à une tenue aussi guerrière. Elle ne s’était jamais imaginée avec une épée à la main tant son univers était normalement fait de princes et de bals. Mais ces dernières années, la vie s’était chargée de lui montrer qu’il y avait en réalité bien plus que ça. Alors après tout, pourquoi une épée à sa ceinture. Elle se frotta la joue, laissant les souvenirs faire surface.


« Les sensations, cette espèce de… d’explosion comme si quelque chose en moi était…

-libéré, délivré ? »


Anna lui tira la langue malicieusement.


« Mais en fait oui, c’est exactement ça.

-Je sais.

-Tu m’aideras ?

-A quel sujet ?

-Maitriser mes pouvoirs. Faire pousser des fleurs c’est bien, mais je dois pouvoir faire mieux que ça. »


Elsa rit doucement, elle s’installa sur la couche, bientôt rejointe par Anna qui se blottit contre elle.


« Bien sûr que oui. Tu te sens bien ?

-Je ne me suis jamais sentie aussi bien. »


Elle déposa un baiser sur le front de sa cadette. Anna se mit à chanter, doucement, la berceuse qu’elle venait d’apprendre. Elsa ferma les yeux.


« Ca ressemble à la mélodie de maman mais les paroles sont différentes.

-C’est celle que ma mère me chantait, ça doit être un autre couplet.

-A quoi ressemblait-elle ?

-Quand tu seras reposée, peut être que nous pourrons retourner à Eohialan et que je pourrais te présenter mes parents.

-J’aimerai beaucoup. »


Anna passa son petit doigt sur l’arête du nez d’Elsa qui se laissa faire avec un sourire parce qu’elle savait exactement ce que sa sœur était en train de faire. Elle sombra dans un sommeil paisible et débarrassé de tout cauchemar cette fois-ci.

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