Le Hobbit : A la reconquête de soi

Chapitre 1 : Prologue

2449 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 22/10/2020 18:12

Prologue


Il y a de cela soixante ans, où la paix régnait chez les peuples libres, se dressait Erébor, le plus grand royaume de la Terre du Milieu, dirigé par les Nains de la lignée de Durin. Thror, le plus grand des Seigneurs Nains, Roi sous la Montagne, régnait sur ces terres depuis bien longtemps et sans partage, et dont sa dynastie était assurée par son fils Thraïn et son petit-fils Thorïn.

La beauté d’Erébor était sans pareille et sa réputation légendaire. Or et pierres précieuses ornaient les murs de la Montagne Solitaire, entraînant les Nains à creuser toujours plus profondément. Trésors, armes et objets précieux remplissaient des salles entières. Mais un jour, tous ces joyaux n’eurent que peu de valeur aux yeux du Roi lorsque les Nains découvrirent le Cœur de la Montagne : l’Arkestone. Nommé « Joyau du Roi », Thror vit en lui le signe qu’il était Roi de droit divin, et que tous devaient l’honorer. Les richesses s’accumulaient, mais leur bonté diminua jusqu’à ce que l’alliance et l’amitié du peuple de Durin avec le roi des Elfes Thranduil cessa.

Au fil des mois, la fascination et l’obsession de Thror pour l’or empira. Une maladie de l’esprit l’envahit et devint incontrôlable.

Puis, le malheur s’installa dans le cœur des Nains et des Hommes lorsque Smaug, un cracheur de feu venu du Nord, anéantit Dale au pied de la Montagne et força les portes d’Erébor, attiré par l’or. Vaincu par cette créature de l’enfer venu des Montagnes Grises, le royaume nain était perdu car un dragon veille sur son butin jusqu’à sa mort. Nulle aide ne vint à eux ce jour-là. Ni aucun autre. Les survivants errèrent longtemps dans les Terres Sauvages jusqu’à atteindre les Montagnes Bleues où ils purent se reconstruire. Mais l’assassinat de Thror dans les mines de la Moria par Azog le Profanateur entraîna la Bataille d’Azanulbizar, opposant les Nains et les Orques aux pieds des Mines de la Moria. Désormais déchus de leur héritage, les Nains d’Erébor n’avaient pas d’autre choix que de s’isoler dans leur dernière demeure ; mais l’esprit toujours tourné vers la Montagne Solitaire.

 

 

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Il n’avait fallu que d’un simple serrement de mains pour que son destin bascule à jamais. En quelques minutes, elle n’était plus la fille cadette de l’une des nombreuses veuves du village, mais l’objet d’un contrat de vente qu’avait accepté de conclure sa mère avec un mage des plus malfamés en ces temps troublés. Alyson jouait avec sa sœur sous le vieux porche derrière la maisonnée, un lapin grisonnant dans les mains. Troué et sali, sa mère avait réussi à le rendre presque comme neuf la veille ; le jour de son anniversaire. Âgée de cinq ans, elle était la cadette de la fratrie. Ce jour-là était comme les autres. Sa sœur et ses trois frères étaient restés à la maison pendant que leur mère était partie au marché.

Lorsque cette dernière revint au foyer, elle était accompagnée d’un vieillard au visage caché par un capuchon marron. La femme lui chuchota quelque chose avant de se diriger vers Alyson, de lui prendre la main et de l’amener à l’intérieur de la maisonnée. L’homme l’observa de longues secondes tandis que la fillette tentait de comprendre ce qu’il se passait. Alors que celles-ci s’écoulaient, Alyson sentait que quelque chose n’allait pas et une boule au ventre lui donna envie de se plier en deux. L’inconnu finit par tendre la main vers sa mère ; qui la lui serra. L’homme s’empara du bras de la petite fille, décrocha une bourse de sa ceinture pour la donner à la femme qui venait de sceller le destin de sa fille. Alyson ne pu résister longtemps à la force de l’inconnu encapuchonné. En quelques secondes, elle se trouvait déjà près d’un cheval, broutant le peu d’herbe qu’il y avait. L’homme la força à monter en scelle, avant de la rejoindre et de récupérer les rennes de son destrier. Lorsqu’Alyson se retourna pour la dernière fois, elle croisa les yeux embués de larmes de sa sœur Betty, et l’incompréhension dans le regard de ses frères Jak, Thomas et Pierrot. Derrière eux, leur mère se contentait de compter le nombre de pièces d’or que lui avait donné l’inconnu. Son visage ne traduisait aucun regret. Âgée de seulement cinq ans, la fillette venait d’être vendue. 

 

 

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Dans un trou vivait un Hobbit. Il n’était en aucun cas sale et sombre, mais au contraire chaleureux et confortable ; le genre de demeure qu’on ne trouvait plus que rarement en Terre du Milieu. La nourriture y était abondante et jamais rien d’inattendu ne venait troubler la tranquillité de la Comté.

C’était un soir comme tant d’autres. La nuit était tombée et la douce odeur de nourriture flottait dans toute la maison. Habillé en tenue de nuit, Bilbo Sacquet, un Hobbit de bonne famille et de réputation irréprochable, s’apprêtait à dîner lorsque la cloche sonna à l’entrée. D’abord surpris, il se leva et ouvrit la porte d’entrée pour faire face à un Nain, reconnaissable à sa petite taille, similaire à celle des Hobbits, à sa barbe imposante et à sa longue chevelure.

- Dwalïn, pour vous servir, se présenta ce dernier en s’inclinant.

Bilbo le regarda, la bouche ouverte, avant de fermer son peignoir et de se présenter.

- Nous connaissons-nous ? Ajouta le Hobbit.

- Non, lâcha l’inconnu en entrant sans y être invité. Où est-ce petit gars? Ici ?

- Quoi ici ?

Le Nain enleva sa cape et la balança vers son hôte. Ce dernier la rattrapa de justesse, perdu par la tournure que prenait sa soirée qui s’annonçait pourtant si tranquille quelques minutes plus tôt.

- Le souper. Il a dit qu’il y aurait beaucoup à manger.

Bilbo fronça les sourcils, cherchant qui pouvait bien avoir dit une chose pareille à ce Nain si grossier. Comme tout Hobbit qui se respecte, Bilbo suivit son invité surprise jusqu’à la cuisine et n’osa prononcer aucun mot lorsque le Nain enfila la nourriture dans son assiette encore chaude. Alors que l’invité barbu demandait, ou plutôt exigeait, un morceau de pain, le semi-homme inspira avant de lui avouer de la façon la plus polie possible qu’il n’attendait aucune visite. Pourtant, la cloche sonna une nouvelle fois.

- C’est la porte, commenta le Nain, la barbe salie par des miettes de pain.

Bilbo soupira et alla ouvrir la porte d’entrée pour faire face, à sa grande surprise, à un second Nain aux cheveux et à la barbe blanches, habillé d’un petit manteau rouge.

- Balïn, pour vous servir.

- Bonsoir..., lâcha le Hobbit, la mine déconfite.

- Oui, il fait bon, répondit le nouveau venu. Mais il risque de pleuvoir. Suis-je en retard ?

- En retard pour quoi au juste ?

Le vieux Nain entra dans la demeure et tourna la tête vers la salle à manger, un large sourire sur ses lèvres, quasiment cachées sous sa longue barbe, lorsqu’il aperçut Dwalïn, une décoration dans les mains. Les deux Nains se saluèrent tandis qu’à l’arrière, toujours à l’entrée, Bilbo regardait à l’extérieur pour vérifier la présence d’autres invités non désirables.

- Excusez-moi, mais je crains que vous ne vous trompiez d’adresse, intervint le Hobbit.

Dwalïn et son compagnon n’y prêtèrent pas attention et se dirigèrent vers le garde manger de la maison sans l’autorisation du semi-homme. Alors qu’ils fouillaient les étagères, débattant sur le mystérieux fromage qu’avait trouvé Balïn, Bilbo continuait à parler dans le vide, se balançant d’un pied à l’autre, regardant ses encombrants invités jeter la nourriture par-dessus leurs épaules.

- Sans vouloir être rustre, je dis ce que je pense, continua le Hobbit en levant les mains, mais je suis navré.

Les deux Nains se tournèrent vers lui, les mains pleines de fruits et légumes et se turent de longues secondes.

- Excuses acceptées, déclara Balïn avec un sourire après que le semi-homme se soit raclé la gorge.

Bilbo fronça les sourcils avant de poser de nouveau son regard vers l’entrée, d’où venait de sonner la clochette. Pour la troisième fois de la soirée, il alla ouvrir la porte pour découvrir non pas un, mais deux Nains.

- Fili, se présenta le blond.

- Et Kili, ajouta le brun. Pour vous servir, ajoutèrent-ils en cœur, s’inclinant face à leur hôte. Monsieur Soquette je suppose.

- N’entrez pas, ce n’est pas ici !

Le sourire des deux Nains s’effacèrent et Kili força le Hobbit à laisser la porte ouverte.

- C’est annulé ? S’inquiéta ce dernier.

- Nous n’avons pas été prévenu, ajouta Fili.

Bilbo fit la grimace, exténué par cette mascarade plus que grossière, ne souhaitant qu’une seule chose : se débarrasser de ces Nains encombrants. 

- Rien n’est annulé.

Grossière erreur. Kili entra alors dans la maison, suivit de Fili, un large sourire sur les lèvres. Le blond se débarrassa de ses armes pour les donner au semi-homme, l’avertissant de faire attention de ne pas se couper avec. Quant au brun, il se contentait de visiter la petite demeure, complimentant la décoration et s’essuyant ses bottes pleines de boue, au grand damne de leur hôte, sur le coffre de mariage de sa mère. Non sans surprise, les deux premiers Nains vinrent chercher les nouveaux venus, oubliant le semi-homme, les regardant faire comme chez eux et ne sachant pas comment se débarrasser de ces invités grossiers et barbus.

- Débarrassons pour qu’on tienne tous, proposa Balïn dans la salle à manger.

- Tous ? S’insurgea le Hobbit. Mais combien êtes-vous donc ?

Seule la clochette à l’entrée lui répondit. Désormais à bout de nerfs, Bilbo haussa la voix, déclarant haut et fort qu’il n’y avait personne, balança les armes de Fili sur le banc près de la salle à manger et se dirigea vers l’entrée d’un pas furax.

- Allez importunez quelqu’un d’autre ! Il y a déjà trop de Nains dans ma salle à manger ! Si c’est une mauvaise blague, elle est de très mauvais goût !

Lorsqu’il ouvrit la porte, ce ne fut pas un, ni deux Nains face à lui, mais bien neuf Nains qui tombèrent à ses pieds, laissant échapper des cris de frustration d’être ainsi poussés. Bouche bée, le Hobbit observa l’attroupement devant lui, ne sachant désormais plus quoi faire lorqu’il reconnut derrière eux le magicien qu’il n’était pas prêt d’oublier.

- Gandalf, soupira le Hobbit.

 

Après un dîner des plus copieux et joyeux pour les Nains et le magicien et des plus désastreux pour le Hobbit, des coups à la porte calmèrent l’atmosphère festive. Après un dernier regard sur Gandalf, Bilbo se dirigea vers l’entrée pour découvrir un Nain au seuil de sa maison.

- Gandalf. Vous disiez que l’endroit serait facile à trouver. Je me suis perdu deux fois. Je n’aurai jamais trouvé sans la marque sur la porte, dit-il lorsqu’il aperçut le magicien derrière le Hobbit,

Le nouveau venu entra et enleva sa cape, qu’il donna à Kili juste derrière lui.

- Une marque ? Intervint Bilbo, les mains sur les hanches. Il n’y a pas de marque, j’ai repeint la porte la semaine dernière.

- Il y a en effet une marque. Je l’ai fait moi-même lors de ma dernière visite, avoua le magicien en fermant la porte.

Tandis que le Hobbit ouvrait la bouche pour répliquer, le Nain sourit devant l’entêtement du semi-homme. 

- Bilbo, je vous présente Thorïn Ecu-de-Chêne, le chef de cette compagnie, déclara le vieil homme.

Ce dernier jaugea leur hôte de la tête aux pieds, les bras croisés contre son torse. Face à ce Nain qui dégageait une véritable prestance, le semi-homme se sentit soudain ridicule et finit par baisser les yeux.

- Alors, c’est le Hobbit. Dites-moi Monsieur Sacquet, que préférez-vous pour vous battre ? La hache ou l’épée ? Quelle arme choisissez-vous ?

Thorïn le contourna pour continuer à jauger leur hôte, bien qu’il ait déjà une idée sur l’individu que le vieux magicien avait choisi.

- Et bien, je me débrouille pas mal aux fléchettes si vous voulez tout savoir, répondit le semi-homme, même si je ne vois pas en quoi c’est important.

Un sourire au coin des lèvres, le nain pencha la tête de côté.

- C’est bien ce que je pensais. Il ressemble plus à un épicier qu’à un cambrioleur.

Derrière lui, la compagnie rigola avant de suivre leur chef dans la salle à manger. Interloqué, Bilbo regarda le magicien pour comprendre ce qu’il venait de se passer, mais le vieillard se contenta de soupirer avant de rejoindre les Nains.

Bien vite, le Hobbit comprit la raison pour laquelle ces treize Nains étaient venus chez lui en pleine nuit. En quête pour reconquérir la Montagne Solitaire, prise d’assaut par Smaug le terrible, Thorïn, en tant qu’héritier légitime du trône de Durin, cherchait un cambrioleur qui lui permettrait de rallier les seigneurs nains autour de lui. Ainsi, Bilbo avait été choisi par Gandalf pour être le quatorzième membre de la compagnie. D’abord réticent, le Hobbit avait finalement signé le contrat pour aider les Nains à reconquérir Erébor. 

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