Le Hobbit : A la reconquête de soi

Chapitre 2 : Une rencontre bien singulière

1820 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 22/10/2020 18:15

« Telle est la nature du Mal. Dans l’immense ignorance du monde, il couve et se répand. Une ombre qui grandit dans la nuit. Malfaisance aux aguets, aussi noire que le voile de la nuit qui tombe. Ainsi en a-t-il toujours été. Ainsi en sera-t-il toujours. Avec le temps, toutes les abominations surgissent », Thranduil, Le Hobbit : La désolation de Smaug.

 

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Les branches craquaient sous leurs pas. Le vent fouettait leur visage. L’odeur des fleurs titillaient leurs narines. Mais les hurlements des Ouargues résonnaient à leurs oreilles. Partout autour d’eux, les Orques semblaient être à leur portée tandis qu’ils couraient sans s’arrêter. Ils suivaient le vieux magicien, leur intimant encore une fois d’accélérer le pas. A l’arrière, le Nain roux et joufflu Bombur se retourna, la bouche ouverte et les yeux exorbités en entendant le hurlement hargneux d’une bête féroce approcher. Thorïn lui attrapa la barbe pour l’obliger de reprendre sa course. La troupe continuait à courir, à bout de souffle, cherchant à échapper aux Ouargues, mais également à la créature que leur Maître cambrioleur avait vu plus tôt dans la journée : un ours brun gigantesque, surplombant la forêt où se trouvait le petit groupe et surveillant les Orques à leur poursuite.

Bientôt, ils sortirent de la forêt et virent une maisonnée. Le magicien la leur désigna et leur somma d’ouvrir la porte. A peine l’avaient-ils refermée que l’ours géant fonçait sur eux, prêt à les réduire en charpie. Certains Nains poussèrent la porte pour empêcher la bête d’entrer, ses cris bestiaux résonnant au delà de la clairière ; tandis que d’autres compagnons prenaient leurs armes pour se défendre d’une éventuelle attaque.

- Quelle est cette créature ?

- Notre hôte, répondit le magicien au chapeau pointu, l’air grave.

Les compagnons se regardèrent, certains surpris, d’autres inquiets.

- C’est un changeur de peau. Parfois, c’est un ours redoutable, d’autres fois un homme grand et fort. Si le premier ne peut entendre raison, le second peut être résonné, ajouta-t-il en regardant la petite troupe face à lui. En attendant, reposez-vous. Nous sommes en sécurité ici.

- Magnifique, commenta le Hobbit. Y-a-t-il autre chose que l’on doit savoir sur lui ?

Le reste de la troupe se tourna vers Gandalf. Celui-ci les observa un par un avant d’enlever son chapeau.

- Béorn n’aime pas beaucoup les Nains. Mais si nous voulons son aide, car nous en avons besoin, nous devrons nous montrer courtois. C’est pourquoi vous me laisserez lui parler demain matin.

Les commentaires fusèrent dans toute la maison, dans laquelle toute sorte de bêtes volaient autour d’eux. Bilbo les observait, les yeux pétillants de voir des abeilles aussi grosses que ses poings. Thorïn ordonna à Bofur de prendre le premier tour de garde lorsque l’obscurité enveloppa la maison. Chacun d’eux eurent du mal à trouver le sommeil cette nuit-là.

 

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Thorïn Ecu-de-Chêne soupira et se leva. A quelques mètres de lui, il entendait certains de ses compagnons ronfler. Il rejoignit Gandalf, assit non loin d’une fenêtre, sa pipe à la bouche. Le magicien expira un rond de fumée, qui s’évapora lorsque le nain le rejoignit, le regard rivé sur l’extérieur.

- Pourquoi avons-nous besoin de ce changeur de peau ? Demanda-t-il après de longues secondes.

- La carte de Thror comporte des inscriptions que peu de personnes savent lire en Terre du Milieu. Il se trouve que je connais quelqu’un capable de les déchiffrer.

Thorïn serra les dents et lança un regard de biais vers le magicien.

- Ne me dites pas que vous nous emmenez chez les Elfes ? Grogna-t-il.

- Non, ricana son ami. Nous perdrions trop de temps à voyager jusqu’à Fondcombe. Mais je connais quelqu’un non loin d’ici qui pourrait nous aider.

Les muscles du Nain se relâchèrent. Ne pas aller chez les Elfes était pour lui une excellente nouvelle. Après ce que le grand roi Thranduil avait fait subir à son peuple lors de l’attaque de Smaug, une haine viscérale envers ce peuple naquît en lui. Alors qu’il implorait leur aide, cet Elfe aux oreilles pointues ne s’était contentait que de les laisser à leur sort.

- Cette personne vivait jadis chez Radagast. Mais cela fait des années que je ne l’ai pas vue, et j’imagine qu’il ne l’héberge plus depuis longtemps. Béorn saura nous dire où elle se trouve, poursuivit Gandalf.

- Qui est cette personne ? Pourquoi tant de mystères ?

Le magicien expira une nouvelle fois un rond de fumée, mais beaucoup plus grand cette fois-ci. Les traits tirés par la fatigue, ce dernier observa la compagnie avant de se pencher vers Ecu-de-Chêne.

- Seuls Béorn, Radagast et moi connaissons son existence. Et il est dans notre intérêt que notre rencontre avec elle ne s’ébruite pas.

- Pourquoi ?

- Vous le verrez par vous-même Thorïn. Je ne peux en dire plus pour le moment.

- Je vois, soupira le Nain.

Les deux hommes reposèrent leur regard sur l’extérieur pour surveiller les alentours alors que Bofur avait finit par s’endormir durant son tour de garde. Mais ce qu’ils ne savaient pas, c’est que la bête veillait sur sa maison.

 

 

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La troupe s’était agglutinée à l’entrée de la maison, pendant que Bofur observait par la fenêtre la large silhouette du changeur de peau, tenant une immense hache à la main pour couper du bois. Gandalf ordonna aux Nains de rester discrets et intima Bilbo à sortir avec lui à la rencontre de Béorn.

- Vous ne sortez pas avant que je vous en donne le signal, fit Gandalf pour bien se faire comprendre.

- D’accord, on attend le signal, répéta Bofur, toujours à la fenêtre.

- Pas de gestes brusques ou de bruit. Ni de cris. Et ne l’envahissez pas. Vous ne sortez que deux par deux.

Le magicien s’apprêtait à sortir avec Bilbo lorsqu’il posa son regard sur le Nain le plus gros de la compagnie.

- Bombur, vous comptez pour deux. Alors vous sortirez seul.

Mâchouillant une carotte, ce dernier hocha la tête, la mine renfrognée.

- N’oubliez pas. Attendez le signal.

Les Nains hochèrent la tête, commentant les consignes du magiciens. Gandalf poussa le Hobbit à l’extérieur de la maison.

- C’est quoi le signal ? S’alarma Bofur.

Le brouahah des Nains se tut et tous se regardèrent tandis que le magicien était déjà sorti.

Une fois dehors, Bilbo découvrit un homme d’une taille impressionnante, à la musculation marquée et à la pilosité voyante. A ses côtés, Gandalf se dirigea vers leur hôte, les traits du visage trahissant sa nervosité de faire face à ce genre d’individu.

- Bonjour, fit-il.

Le Hobbit se cacha derrière son ami tandis que le changeur de peau continuait à couper du bois. Il se retourna lorsque le magicien le salua une nouvelle fois, mettant bien en évidence sa longue hache. Bilbo déglutit et resta caché.

- Qui êtes-vous ? Demanda Béorn en jaugeant le vieillard.

- Je suis Gandalf. Gandalf le Gris.

- Je n’ai jamais entendu parler de vous.

- Je suis un magicien. Peut-être connaissez-vous mon confrère, Radagast le Brun. Il réside à la lisière Sud de la Forêt Noire.

- Qu’est-ce que vous voulez ? Poursuivit le géant, une once d’impatience dans la voix.

- Seulement vous remercier de votre hospitalité. Vous avez dû voir que l’on a trouvé refuge dans votre demeure hier soir.

Sans s’en rendre compte, Gandalf laissa apparaître Bilbo, tétanisé lorsque leur hôte leva son arme, prêt à lui fracasser le crâne.

- C’est Bilbo Sacquet, de la Comté. C’est un Hobbit de bonne famille et à la réputation irréprochable.

- Un semi-homme et un magicien, résuma Béorn. Que faites-vous dans le coin ?

- Il se trouve que nous avons passé un mauvais quart d’heure avec les Gobelins dans les montagnes.

- Il faut être stupide pour s’approcher d’eux, commenta l’homme, toujours sa hache à la main.

- Vous avez parfaitement raison, répondit Gandalf, illustrant ses propos d’un geste de la main.

Son sourire amical disparut lorsqu’il entendit des pas sur le seuil de la maison derrière lui. Il se retourna pour découvrir Dwalïn et Balïn se présenter et s’incliner devant leur hôte, qui leva sa hache et montra ses dents.

- Et... Et je dois vous avouez que quelques-uns dans notre groupe sont des Nains, expliqua Gandalf, rentrant la tête entre ses épaules pour tenter d’apaiser la colère de Béorn.

- Parce que pour vous deux, c’est quelques-uns ?

Le magicien plissa les yeux et compta sur ses doigts, d’un air maladroit, le nombre de compagnons qui attendaient encore dans la maison.

- Ils sont sans doute plus que deux, conclut Gandalf.

Oïn et Gloïn sortirent à leur tour de la maison sous la frustration du magicien, le regard apeuré du Hobbit et les grognements du géant.

- Voici d’autres membres de notre joyeuse troupe, bégaya le vieillard.

- Six, et vous appelez ça une troupe ?

Le magicien se força à rigoler pour tenter de détendre l’atmosphère. Mais Ori et Dori rejoignirent leur quatre compagnons et s’inclinèrent.

- A votre service, déclara Dori, l’air timide.

- Je ne veux pas de vos services !

- Et c’est tout à fait compréhensible, intervint Gandalf.

A ses côtés, Bilbo cherchait à se faire plus petit qu’il ne l’était déjà. Béorn leva sa hache lorsque Fili et Kili sortirent de la maison. Alors que le magicien tenta de se justifier, le reste de la compagnie sortit de la demeure de leur hôte, se bousculant les uns les autres et rouspétant pour ne pas tomber. Le géant les observa, le regard traduisant une réelle colère d’être pris pour un idiot.

- Il y a tout le monde ? Demanda-t-il après un long silence.

Pour toute réponse, Thorïn rejoignit ses douze compagnons, la tête haute et croisa le regard du géant.

- Oui, il y a tout le monde, répondit Gandalf d’un ton las.

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