Le Royaume d'Orodreth

Chapitre 15

3782 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:16

CHAPITRE 15

Arrivés à Dale, le prince et la reine retrouvèrent le roi près de la sortie Est. Ce dernier fut heureux de les voir arriver. Il salua son fils et enlaça la Dame d'Orodreth.

— Vous êtes resté finalement ! constata-t-elle.

— Oui, nous n'en avons pas encore fini avec les nains. 

Mina se rappela soudainement qu'elle était encore en possession de l'Arkenstone et le sortit de sous sa cape. 

— Nous avons encore ceci.

— Espérons qu'Écu-de-chêne se montre un peu plus compréhensif maintenant. 

Avant de se rendre à la montagne, les elfes se chargèrent de débarrasser les corps. Tous mettaient la main à la pâte, alignant les victimes elfes et humaines, et entassant les cadavres d'orcs. C'est Aela qui transportait les orcs en dehors de la ville. Elle s’occupa également de récupérer ceux qui se trouvaient dans la vallée sans oublier les trolls, avant d’incendier le tout et de les transformer en cendres.

Il leur fallut de longues heures à tous pour rassembler leurs morts. Quand ils furent comptabilisés, Aela alla creuser les tombes au Nord de la ville. Avec la puissance de ses pattes, c'était simple et rapide pour elle de gratter la terre gelée. Les centaines de trous faits, les survivants purent transporter les corps.N'étant plus utile dans la ville, Aela vola jusqu'à Erebor où la compagnie de Thorin comme l'armée de Dain, s'occupaient de leurs morts. Ils étaient en train de creuser les sépultures quand elle se posa près d'eux. D'abord effrayés par la stature de l'animal, ils restèrent sur leurs gardes. Ils l'avaient tous vue se battre à leurs côtés, mais ils restaient méfiants. La dragonne s'avança aux endroits où ils avaient commencé à attaquer la terre et continua. En peu de temps, les trous furent tous creusés et les nains avaient ainsi économisé leurs forces et gagné du temps. Avant qu'elle ne retourne à Dale, Thorin, qui avait assisté à la scène, lui accorda un bref hochement de tête en guise de remerciement.

De retour au-dessus de la ville, elle atterrit au niveau du cimetière, où chaque peuple s'occupait inhumer les défunts selon leurs rites funéraires propres. Elle se rendit encore utile pour le rebouchage des tombes mais également pour trouver ou même briser des morceaux de rochers convenables pour servir de pierres tombales. Quand vint le soir, tout était terminé. Il faudrait des années avant que les stigmates de cette guerre ne disparaissent des murs mais au moins, ceux qui avaient péri pourraient reposer en paix. Même les montures du roi et de la reine avaient été enterrées dans le cimetière, du côté des elfes.Alors que tous se regroupaient sur les hauteurs de Dale, au niveau des cors d'alarme, Mina tardait près de la tombe de son cheval, agenouillée dans la terre fraîchement remuée. 

— Je suis désolée Fangorn... Jamais je n'aurais cru que nos chemins se sépareraient ainsi... J'aurais tant aimé te ramener jusqu'en Lórien… Tu semblais tellement t'y plaire... 

Elle s'arrêta pour déposer sur la pierre l'un de ses fers argentés qu'elle avait récupéré avant qu'il ne soit enseveli. 

— Tu as été un excellent compagnon... Merci pour tout... 

Sa voix était maintenant étranglée par ses sanglots et des larmes s'écrasèrent sur la pierre froide. Elle resta de longues minutes près de lui, c'était le moins qu'elle pouvait faire après tout ce qu'ils avaient vécu ensemble. Comme il fallait qu'elle rejoigne tout le monde, elle se leva et frotta ses genoux. 

— Je ne t'oublierai jamais, ajouta-t-elle avant de s'éloigner. 

Elle rejoignit le nouveau peuple de Dale et les elfes au sommet de la ville. Thranduil ne dit rien, mais il avait remarqué ses yeux brillants de larmes. Il emprisonna sa main dans la sienne et elle se blottit légèrement contre lui. C'est le seigneur Bard qui prit la parole. 

— Chers amis, ces derniers jours ont été marqués par la douleur et le chagrin. Nous avons perdu beaucoup des nôtres mais il nous reste l’espoir ! Cela prendra du temps, mais nous réussirons à reconstruire nos vies. Seigneur Thranduil, reine Mina… Nous vous remercions infiniment de l’aide que vous nous avez apportée.

Les elfes saluèrent humblement l'homme, avec une main sur le cœur. Le discours terminé, Bard fut longuement acclamé et applaudi avant qu’il ne se place en tête de son peuple avec ses enfants. C'est un autre homme qui s'approcha des cors de Dale. Il prit une profonde inspiration avant d’y souffler. Il y avait tant d'années que ces instruments n'avaient pas servi que le son fut précédé par de gros nuages de poussière. Les elfes se joignirent à la mélodie avec plusieurs de leurs cornes de guerre. Ceci terminé, Aela prit le relais en poussant un puissant et long hurlement. Alors qu'aucun ne s'y attendait, Erebor leur répondit en jouant de ses trompes. Le soleil déclinait et ne tarda pas à se cacher derrière la montagne. Chacun retourna à ses occupations, les hommes évaluant déjà les travaux à prévoir pour la rénovation de la ville, cela donnait à Mina un avant-goût de ce qui l'attendait à Orodreth.

A la nuit tombée, de nombreux flambeaux illuminaient Dale. La reine était en grande discussion avec les deux filles de Bard. Elle leur apprenait le nom des principales étoiles et constellations luisant sur le velours noir de la voûte céleste. Au niveau de la tente elfique dont la toile était trouée en de nombreux endroits, Thranduil la regardait avec mélancolie et son fils vint se poster à côté de lui.

— Elle va bientôt partir, n'est-ce pas ? 

— Oui... répondit le roi dans un murmure. 

— Que comptez-vous faire ? 

— Que veux-tu dire ? 

— Vous pourriez vous unir. Notre royaume et celui d'Orodreth seraient renforcés  à jamais par cette alliance, nous n’en serions que plus puissants. 

— Tu réfléchis déjà comme un roi... remarqua Thranduil. 

L'idée d'épouser Mina ne lui déplaisait pas, mais ayant chacun leur royaume, ils ne pourraient pas vivre ensemble chaque jour. 

— Orodreth n'est qu'à trois jours de cheval d'ici, et à peine une heure à dos de dragon, ajouta le prince. 

— Je ne veux pas que tu penses que j'oublie ta mère. 

— Ça n'a rien à voir. Mère et Mina sont deux personnes différentes. Je sais que vous ne l'oublierez pas, mais vous avez droit au bonheur. 

— Tout comme toi...

Le prince resta surpris de cette déclaration, il attendait une explication. 

— Je t'ai vu avec Tauriel après la cérémonie, commença le roi. 

— Père, je comptais...

Il cessa aussitôt de parler quand son père le stoppa d'un geste. 

— Je voudrais que tu oublies ce que je t'ai dis... Si tu es heureux avec elle, c'est le principal… Tu as ma bénédiction, termina le roi. 

Son fils resta extrêmement stupéfait et ne put réprimer un sourire. 

— Tu devrais aller la retrouver. Il acquiesça.

Cette nouvelle allait réjouir Tauriel qui s'inquiétait tant de leur avenir ensemble. Avant d'aller la retrouver, le prince s'adressa de nouveau à son père. 

— Promettez-moi de pensez à ce que je vous ai dit.Le roi acquiesça puis le prince partit. Bard vint récupérer ses filles, il se faisait tard et pour elles, il était l'heure d'aller dormir. Mina leur souhaita de passer une bonne nuit puis elle fut rejointe par son dragon. 

— J'ai survolé le périmètre, tout est calme. 

— Bien, merci Aela. Tu peux te reposer, tu en as beaucoup fait aujourd'hui. 

L'animal hocha la tête et alla s'installer sur la place. L'elfe la regarda faire, elle gratta d'abord le sol de ses puissantes griffes avant de chauffer l’endroit avec du feu. Lorsque la pierre prit une teinte brune, la dragonne se coucha, couvrant tout son corps de ses ailes. La neige recommençait à tomber, il n’aurait pas été  étonnant que le lendemain toute la région fut recouverte d'une belle couche blanche. Ce soir, les gardes pourraient faire ce qu'ils souhaitaient et la plupart discutaient avec les anciens habitants de Lacville.Elle alla trouver refuge sous la tente où Thranduil constatait les dégâts. Les orcs n'avaient pas épargné grand-chose, même le mât central avait été tailladé et ne tenait que par miracle. Le roi ramassa une bouteille dont le fond était brisé. 

— Nous n'avons plus de vin, annonça-t-il. 

Cette remarque fit doucement sourire la reine : c'était tellement dérisoire ! Chacun s'était délesté du poids de son armure et de ses armes. Maintenant qu'ils étaient tranquilles, la fatigue commençait à se faire sentir, même pour eux. Le roi avait préparé un lit de fortune réalisé avec des coussins étalés sur le sol. Ensemble, ils s’y installèrent et se blottirent l’un contre l’autre pour dormir.

Au petit matin, les seigneurs quittèrent la tente pour découvrir Dale encore endormi. Comme prévu, le sol était tapissé de neige, de même que le dragon mais cela ne semblait pas le gêner dans son sommeil.La ville s'éveilla en quelques heures. Rapidement, le doux manteau neigeux fut prit d'assaut par des enfants qui se livraient à de furieuses batailles de boules de neige. Leurs rires emplissaient la cité, ce qui donnait du baume au cœur à tout le monde.

Aux environs de midi, le seigneur Bard vint rejoindre les elfes. Le roi et la reine étaient en train de discuter sur une petite place, face à un groupe d'enfants joueurs. 

— Écu-de-chêne nous accorde nos droits sur les richesses de la montagne, annonça-t-il. 

— Même en ce qui nous concerne ? demanda Mina. 

— Oui, il n'attend que notre venue.

C’était Gandalf qui était vite venu avertir l’homme avant de s’en retourner vers la montagne. Deux chevaux furent prêtés aux elfes puis les seigneurs partirent immédiatement pour Erebor.

 

La dragonne n'étant jamais loin, elle se posa devant l’entrée du royaume nain bien avant l'arrivée des elfes et de l’homme. Gandalf était là, avec Bilbon, à les attendre patiemment. Le hobbit piétinait et se frottait les mains en soufflant dessus pour se réchauffer comme il pouvait. Aela prit l’initiative d’allumer un feu autour duquel le magicien et le semi-homme prirent plaisir à se réchauffer. Les visiteurs se présentèrent enfin et Thorin les rejoignit. Les salutations furent froides, la tension était palpable entre les quatre seigneurs. D'un geste, le roi sous la montagne les invita à le suivre. La dragonne patienta à l’extérieur, ne laissant passer que sa tête à l'entrée.  Ce fut dans un silence de mort qu'ils suivirent le roi nain jusqu'à une salle surplombant les tas de pièces d'or. Les seigneurs savaient la montagne emplie de richesses, mais ils n'en imaginaient pas tant. Tous regardaient l'or s'étendre à perte de vue. 

— Oui ça surprend la première fois, se moqua gentiment Bilbon.  

C'était aimable de la part du Hobbit de vouloir détendre l'atmosphère, mais les visiteurs restaient crispés. Ils ne se sentiraient mieux qu’une fois qu’ils auraient obtenus ce qu'ils étaient venus chercher. 

— C'est ici... annonça Thorin en désignant une table. 

Sur le meuble était posé une bourse et deux coffrets. Balin était chargé de la répartition des biens sous le regard bienveillant de son roi. Il prit d'abord la bourse et s'avança vers Bard. Cette bourse était sa part pour ses enfants et lui, mais le nain s’empressa de préciser que chaque habitant n’aurait qu’à se présenter pour recevoir la sienne.La distribution se poursuivit, il prit le coffret le plus petit puis s'approcha de Thranduil. Il ouvrit la boîte de bois et les joyaux tant convoités par l'elfe se reflétèrent dans ses yeux. Ils étaient aussi brillants et éclatants que dans son souvenir. Par leur restitution, les nains espéraient que l’animosité régnant entre leurs royaumes ne serait plus qu’un lointain souvenir. L’elfe y consentit en inclinant légèrement la tête tout en regardant le roi nain. Les rancunes étaient oubliées, mais il y aurait toujours certains désaccords entre eux, en raison de leurs caractères difficilement compatibles. 

Vint le tour de Mina. Quand Balin posa les mains sur le gros coffre lui étant destiné, Thorin le stoppa violemment en abatant une main dessus. Aussitôt, le nain aux cheveux blancs s’écarta et se tourna vers les elfes. Les seigneurs avaient été surpris de cette réaction  et tous lançaient des regards remplis d'incompréhension et de questions au roi des lieux. De même pour Gandalf et Bilbon qui craignaient que le nain ne fasse une bêtise.

— Thorin, que faites-vous? intervint Gandalf.

— Je vous prie de sortir, je souhaiterais m'entretenir seul avec la reine Mina, demanda Thorin en ignorant la question du magicien. 

Tous quittèrent la pièce, même Balin qui échangea un regard confus avec la femme elfe. Thorin ferma la lourde porte en bois et revint se placer près du coffre qu’il ouvrit. A l’intérieur se trouvaient trois œufs, soigneusement calés dans de la paille. Mina s'approcha et laissa ses doigts parcourir les épaisses coquilles. Deux d'entre eux étaient gris foncé aux reflets argentés, le troisième était un œuf d'or, la même sorte d’œuf d’où était sortit Smaug. Et sa naissance était loin d'être une bonne chose. 

— Je les ai trouvé après la bataille, dans la salle des joyaux, commença-t-il. 

— Je pensais sincèrement que vous les auriez détruits, avoua-t-elle. 

— Si je les avais découverts avant le combat, c'est sûrement ce que j'aurais fais. 

— Qu'est-ce qui vous a fait changer d'avis?  

— Votre dragonne. J'ai pris conscience en la voyant que les dragons n’étaient pas tous les mêmes. La loyauté dont a fait preuve cet animal à votre égard est remarquable et j'ai découvert qu'elle n'était pas une menace. Élevés par ses soins, ces futurs dragons seront tout autant dociles qu'elle. Voilà pourquoi je vous les restitue.

— Merci pour votre confiance, Thorin. 

Il attrapa un sac en cuir qu'il remplit de paille puis le présenta ouvert devant l'elfe pour qu'elle y dépose les œufs. Elle y plaça les deux gris puis enfouit correctement dans la paille l'œuf doré avant de rabattre la porte du coffre. 

— Que faites-vous ? interrogea-t-il étonné.

— Smaug est né d'un œuf similaire à celui-ci. Je n'ai pas l'intention de tuer à nouveau un de mes dragons. Pour éviter que cela ne se reproduise, je veux que vous le gardiez. 

— Le garder ou le détruire ? 

— Faites ce qui vous semble le mieux.

Thorin acquiesça et noua le sac qu’il confia à l’elfe. En échange, elle sortit l'Arkenstone de sous sa cape et lui restitua.L'elfe et le nain s'inclinèrent, puis il rangea soigneusement sa pierre avant d'ouvrir la porte. Ensemble, ils rejoignirent la sortie où Bard et Thranduil les attendaient avec Aela, Bilbon, Balin et Gandalf. Ayant tous ce qu'ils souhaitaient, ils se mirent en selle. Les trois seigneurs et le dragon remercièrent les nains et tous se saluèrent respectueusement. 

De retour à Dale, avec le sac d’œufs en main, Mina alla à la rencontre d’Aela.

— Va récupérer les œufs que tu avais sauvés avant que je ne te trouve, nous partirons à ton retour. 

La dragonne regarda automatiquement en direction de la tente et la reine suivit son regard. 

— Il faut que je lui parle... déclara-t-elle le cœur lourd. 

— Je suis désolée ma reine, je sais que vous tenez à lui. 

— Merci Aela mais ne t'inquiète pas, ce ne sera pas un adieu, seulement un au revoir. 

L'animal acquiesça puis s'envola pour la forêt.

Mina inspira profondément puis s'avança vers le chapiteau. Thranduil communiquait ses ordres à Legolas et Tauriel, il était temps pour les elfes de Mirkwood de regagner leur royaume. Lorsque le couple quitta la tente, Mina s’y engagea.

— Thranduil... appela-t-elle doucement en entrant.

Il se retourna et en la découvrant avec le sac en main et une expression de profonde tristesse masquant son visage, il comprit que le moment tant redouté était venu. 

— Si vous le souhaitez, vous pouvez rester vivre avec moi. 

Elle fit glisser une main sur son torse et joua avec le revers de sa tunique, la proposition était tentante. 

— Merci mais je veux essayer de rebâtir mon royaume.

Il s'attendait à cette réponse alors il l'attira en douceur contre lui pour qu'elle se blottisse dans ses bras. Ils ignoraient quand ils allaient se revoir, donc ils profitaient longuement de leur tendre étreinte. Ce sont les bruits des battements d'ailes d'Aela qui les ramena à la réalité. Elle enfila son armure et prit ses armes avant de se rendre sur la place où l’attendait sa dragonne. A ses pattes, étaient déposés les œufs qu'elle avait récupérés à Orodreth. L’elfe les plaça avec les autres dans le sac qu’elle lui confia. Tous dirent longuement au revoir à la reine et son dragon. Thranduil fut le dernier à la saluer.

— Faites attention à vous. 

— C'est promis. 

— Je veillerai sur elle, seigneur, ajouta Aela. 

Il hocha la tête et prit une main de Mina pour y déposer un chaste baiser.  

— Thranduil, je pense que nous n'avons plus besoin de nous cacher... dit-elle doucement. 

Comprenant le message, le roi la rapprocha de lui et ils échangèrent un long et langoureux baiser. Lorsqu'ils se séparèrent, la reine lui donna un dernier petit baiser sur une joue avant de prendre place sur sa bête. Après un dernier échange de regards et un dernier salut général, Aela s'envola en direction de la Lothlórien. 

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