Le commencement

Chapitre 9 : Être un Blocard.

23115 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 28/06/2020 16:03

Chapitre 9 : Être un Blocard.



Après ma dispute avec Gally, j’ai eu la chance de pouvoir me reposer dans le lit confortable de l’infirmerie et de dormir tout le reste de la journée jusqu’au lendemain matin. Et puis… Grâce à ça, j’ai fait la connaissance des deux Medjacks, Clint et Jeff, tous deux chaleureux et sympathiques, apportant un peu de lumière dans ce Bloc oppressant. J'étais tellement épuisé hier que ce repos forcé m’a fait un bien fou. Mais comme toujours, toutes les bonnes choses ont une fin. Je quitte mon lit et, en me redressant, mon regard tombe sur un petit miroir posé sur l’une des armoires à pharmacie. Intrigué, je le saisis et me regarde. Mon reflet m’apparaît presque étranger. Je suis brun, les yeux marron, la peau légèrement bronzée, comme si j’avais pris le soleil avant… avant que tout bascule. Mes traits sont jeunes mais marqués par la fatigue, mes pommettes légèrement rougies. Et surtout… un énorme hématome colore ma joue gauche à cause de ce con de Gally. Je fronce les sourcils, passant ma main sur la bosse encore chaude. Mes lèvres se pincent. Je suis grand, mince mais musclé, les épaules larges… le type de corps qu’on remarque même dans le Bloc, mais aujourd’hui, je me sens faible.

  • Tu t’admires ?

La voix douce de Newt me tire de ma contemplation. Je redresse la tête et le vois, toujours cet ange blond qui dégage à la fois chaleur et autorité tranquille.

  • Newt… je… balbutie, surpris mais soulagé de le voir.
  • Ça fait bizarre de se voir, hein ? dit-il en s’approchant, son regard noisette plein de douceur et de curiosité.
  • Oui… plutôt. Je pensais que ça aurait pu me ramener des souvenirs… mais non… souffle-je, mes yeux accrochés à mon reflet abîmé.

Newt se poste à côté de moi, ses doigts fins prennent le miroir et le reposent sur l’étagère. Il tapote mon épaule avec un petit rire léger :

  • Mais ne t’inquiète pas, physiquement, tu n’es pas le plus moche ici ! Hihi !
  • Heu… merci… enfin, je crois… lui souris-je, un peu mal à l’aise mais touché par son humour.
  • Bon, prêt pour ta nouvelle journée ?
  • Ouais… mais je peux aller manger avant ? dis-je en posant mes mains sur mon ventre qui crie famine.
  • Bien sûr, je suis venu te chercher pour ça, me sourit-il amicalement.

C’est donc accompagné de Newt que je rejoins le réfectoire. On s’installe à une table, mais on est rapidement rejoints par Chuck, qui semble paniqué en voyant mon hématome.

  • Alors c’est vrai ! Tu t’es battu avec Gally !? s’exclame-t-il, les mains agitées, les yeux écarquillés.
  • Non, pas vraiment… Il m’a juste frappé, grogne-je, encore agacé par la journée précédente.

Newt intervient calmement, mais avec un ton contrarié, sa mâchoire légèrement crispée et ses yeux noisette qui cherchent à peser chaque mot :

  • D’ailleurs, j’en ai parlé à Alby…

Je l’observe, mon regard fixé sur lui, cherchant la moindre réaction qui trahirait un espoir.

  • Ah oui, et donc ? demande-je, le souffle un peu court, mes mains serrant le bord de la table.

Il détourne légèrement le regard, un pli de frustration marqué sur son front.

  • Sa réponse est que tu n’avais pas à provoquer et contredire ton Maton. Gally ne sera pas puni…

Je reste bouche bée un instant, sentant un mélange d’incrédulité et de colère me brûler la poitrine. Les mots restent coincés dans ma gorge, et je sens mon cœur battre plus vite.

  • C’est une blague ? m’exclame-je, le ton chargé de rage contenue. 
  • Non… et je ne peux rien faire pour toi, conclut-il, dépité, les épaules légèrement affaissées comme si chaque mot lui pesait.
  • Mais t’es Maton, non ? T’as rien le droit de dire ?! Je me penche un peu vers lui, cherchant un peu de soutien, mon esprit tordu par l’injustice.
  • Ma parole ne vaut pas celle d’Alby. Je ne peux pas contredire ses ordres… et ces derniers temps, ce que je lui dis ne sert plus à grand-chose. Sa voix est basse, presque un murmure, et ses yeux se perdent dans le vide, comme si le Bloc tout entier pesait sur ses épaules.
  • Pourquoi ? le questionne-je, intrigué, mes sourcils froncés.
  • Bien… c’est compliqué… répond-il enfin, la tension dans sa voix trahissant qu’il a conscience de la gravité de la situation.

Chuck intervient maladroitement, ses mains agitées et son visage rougi par l’embarras :

  • Newt, tu devrais peut-être dire à Alby ce que Gally t’a fait ? Il changerait peut-être d’avis…

Newt soupire, le coin de sa bouche se tord légèrement en un sourire dissimulateur, essayant de calmer l’enthousiasme de Chuck :

  • Non Chuck, et ne parle pas de ça, tu veux ?
  • Pardon… souffle le garçon joufflu, baissant la tête, honteux et gêné.

Je me penche alors vers Newt, déterminé, les yeux fixés sur les siens, cherchant une vérité derrière ses mots :

  • Il t’a fait quoi ?

Newt me fixe un instant, sérieux, son regard miel croisant le mien avec intensité. La tension qui émane de lui est palpable, presque douloureuse.

  • Rien qui te regarde, le nouveau, dit-il, sa voix ferme mais teintée d’inquiétude, chaque mot pesé.
  • Thomas, rectifie-je, le regard planté dans le sien.
  • Thomas ? s’étonne Chuck, la bouche entrouverte, surpris à qui je n’avais pas encore dit mon prénom.

Newt esquisse un petit sourire, taquin mais réconfortant, et pose un doigt sur ma joue pour me provoquer gentiment :

  • Ok, Tommy !
  • Tommy si tu veux, lui souris-je, profitant de ce contact pour saisir sa main et la tenir dans la mienne. 

Une chaleur douce traverse mon bras, et malgré la tension, je sens un léger apaisement m’envahir… Mais malgré ce sourire, je sens qu’un événement grave s’est produit avec Gally. Mon regard scrute chaque micro-expression de Newt, la tension dans ses épaules, le pli inquiet entre ses sourcils. Cet enfoiré est une vraie brute… mais Newt ne se laisse jamais provoquer comme je l’ai fait. Alors… qu’a-t-il bien pu lui faire ? 

  • Alors tu t’appelles Thomas !? reprend Chuck enjoué, ses yeux pétillants et ses mains qui s’agitent presque de façon théâtrale. C’est chouette comme prénom !
  • Oui, Chuck, je m’appelle Thomas, approuve-je en lâchant la main de mon ami, un léger sourire aux lèvres malgré la fatigue encore présente.
  • Et tu bosses avec moi aujourd’hui !? me questionne-t-il, tout excité, les épaules légèrement tremblantes d’impatience.
  • Non, il va bosser avec Winston aujourd’hui, lui répond Newt qui lâche ma main, toujours avec son sourire calme, mais ses yeux trahissent un léger froncement de sourcils, presque imperceptible. Je fronce les miens et réplique :
  • J’espère qu’il est plus sympa que Gally… 

Et Newt hoche la tête, cherchant à me rassurer un peu sur la journée qui m’attend : 

  • Oh oui, ne t'inquiète pas ! Winston est un garçon très gentil. C'est un ami. 

Je soupire légèrement, les souvenirs de la veille me revenant en mémoire :

  • Ok… mais j’ai des raisons de m’inquiéter, vu comment ça s’est passé hier.
  • Ne t’en fais pas, Winston est un peu comme moi, me rassure-t-il, sa voix douce cherchant à apaiser mes inquiétudes.
  • Oui, il est super sympa ! confirme Chuck, soulagé, ses mains retombant sur la table.
  • Tans mieux alors… souffle-je intérieurement, sentant un peu de tension s’échapper de mes épaules.

Mais alors que nous poursuivons notre conversation dans la bonne humeur, Alby vient se planter devant la table. Sa main s’appuie lourdement sur le bois devant moi, et il se penche légèrement, ses yeux noir corbeau plantés dans les miens, perçants et froids. Un frisson me parcourt l’échine. Je sens sa présence écrasante, son autorité qui cherche à m’intimider, mais je refuse de flancher. Mes mains se crispent sur le bord de la table, mes mâchoires se serrent. Nos regards se verrouillent. Aucun mot n’est échangé, mais un échange silencieux brûle entre nous. Dans ses yeux, je vois l’arrogance, la menace, la certitude de son pouvoir. Dans les miens, je laisse transparaître la détermination et le refus de me laisser dominer. Comme si nous signions sans le dire un pacte invisible : aujourd’hui, je ne céderai pas, et il va devoir compter avec moi. Une guerre muette s’installe entre nos âmes, une tension palpable qui semble suspendre l’air autour de nous.

  • J’espère qu’aujourd’hui on n’aura pas de problème avec toi, le nouveau, finit-il par murmurer, brisant le silence avec son ton autoritaire.

Je soutiens son regard, le cœur battant un peu plus vite, mais sans défaillir :

  • Non, dis-je tranchant.

Alby reste un instant à m’observer, jaugeant ma réponse un brin provocatrice, avant de se redresser et de tourner son attention vers Newt. Avec un sourire plus doux mais calculé, il ajoute :

  • Je viendrai bosser avec toi sur les récoltes, à toute à l’heure.

Newt hoche la tête, ne lui rendant qu’un léger sourire, tandis que le tyran s’éloigne. Mais les yeux de Newt se plissent légèrement et sa petite bouche de chat se pince. Je devine aussitôt qu’il n’est pas ravi à l’idée de bosser avec Alby aujourd’hui. Une lueur de dégoût traverse son regard, mêlée à une peur contenue qu’il tente de masquer derrière son calme.

  • Tu sembles contrarié par cette nouvelle, non…? ose-je demander, curieux de savoir ce qu’il ressent.

Newt soupire, glissant rapidement une main dans ses cheveux blonds, et détourne le regard un instant :

  • Bah, un peu… C’est compliqué entre Alby et moi en ce moment…
  • Pourquoi ? insiste-je, fronçant les sourcils.
  • Pour des raisons qui ne te concernent pas, mon cher Tommy, rpelique-t-il avec un petit sourire forcé, tentant de dissimuler son malaise. 
  • Pourquoi tu ne veux rien dire ? souffle-je, contrarié par tout ses silences.

Chuck qui était silencieux jusqu'à là intervient soudain, la bouche grande ouverte et les yeux écarquillés, dévoilant un peu des problèmes qu’il y a entre Alby et Newt :

  • Mais c’est vrai qu’Alby s’est trouvé un autre bras droit ? 

Newt esquisse un sourire fin, mais son regard reste sérieux et un peu sombre :

  • Je ne sais pas, Chuck. Mais il semble donner plus de crédit à la parole du petit nouveau, Fred, qu’à la mienne désormais.
  • Oh… donc il va prendre ta place de Maton ? poursuit Chuck, un peu inquiet, ses mains lâchant presque ses couverts.
  • Et bien je la lui laisse volontiers, ajoute Newt en croisant les bras, affichant un air détaché, mais ses yeux trahissent une légère inquiétude.
  • Quoi ?! Tu ne veux plus être Maton ?! s’étonne Chuck, la mâchoire tombante.
  • On va dire que j’en peux plus de l’être. D’ailleurs, ça m’étonne même qu’il m’ait demandé de te trouver un travail, réplique Newt en me regardant, ses yeux clairs fuyant brièvement les miens, comme s’il cherchait à cacher un poids invisible.
  • Ah oui… ? m’étonne-je.
  • Oui, je pensais qu’il demanderait justement à Fred, son nouveau second… Mais ce n’est pas plus mal que ce soit moi, car comme ça, nous avons pu faire connaissance, me sourit gentiment Newt, me procurant un léger frisson.
  • Et je suis content que ce soit toi, lui souris-je en retour, mes doigts effleurant les siens en un geste sincère.
  • Merci, dit-il en rougissant légèrement, ses yeux brillant d’une chaleur rare. Bon, allez, mange Tommy ! T’as appris beaucoup de choses ce matin.
  • Pas assez à mon goût, le contre dis-je toujours dévoré par la curiosité.
  • Ne sois pas trop gourmand, conclut-il en tirant ma joue avec douceur.

Je lui adresse un petit sourire, et pour la première fois depuis longtemps, je me sens un peu rassuré. Même si une ombre plane encore sur cette journée…

Après le repas, ma journée de travail commence. Newt m’accompagne jusqu’à la grange pour me laisser aux soins de Winston, le Maton des Trancheurs. Je l’ai déjà croisé plusieurs fois à table avec Newt, toujours sérieux mais avenant. Winston est un garçon aussi grand que moi, mince, la peau légèrement brune, avec un nez très marqué qui lui donne un air déterminé. Son sourire, franc et large, me met tout de suite à l’aise, dissipant un peu l’appréhension que j’avais en entrant dans la grange.

  • On doit découper la viande pour ce midi, puis tu iras l’apporter aux cuisines, m’indique-t-il, sa voix profonde résonnant légèrement dans le vaste espace aux poutres sombres.
  • Compris, approuve-je en serrant le couteau qu’il me tend, sentant le métal froid contre mes paumes moites.

Je m’applique à découper la viande, concentré pour ne pas me blesser. La texture sous la lame est surprenante, et je sens la tension parcourir mes bras. Chaque geste demande autant de force que de précision. Le bois de la planche grince sous mes coups précis. La lumière des lampes suspendues au plafond projette des ombres mouvantes sur les murs, accentuant l’ambiance un peu oppressante de la grange.

  • Alors, comment tu te sens ici ? me questionne Winston, ses yeux bruns cherchent les miens avec une douceur qui contraste avec la rudesse du lieu.
  • Bah… c’est difficile à dire… soupire-je, en repensant à mon altercation avec Gally, la douleur et la rage encore présentes dans ma joue gonflée.
  • J’imagine. J’ai entendu dire que Gally t’a mis une pêche ! Haha ! On fait mieux pour un premier jour ! se moque-t-il, un éclat de rire clair ponctuant ses mots.
  • Ce n’est pas drôle… grince-je des dents, mes doigts crispés sur le manche du couteau. Le souvenir de la violence de sa droite m’arrache un frisson.
  • N’empêche qu’il t’a mis K.O avec une droite ! Quel idée de se battre avec lui ! C’est comme vouloir se battre avec un ours !
  • Peu importe à quoi il ressemble, je ne me laisserai jamais traiter de la sorte, réplique-je, mes yeux se durcissant sous l’effet de la colère contenue. Ce n’est qu’un con, ce Gally… tout comme Alby. Il pense que je suis responsable, que j’ai provoqué Gally… mais ce n’est pas ma faute. C’est lui qui a cherché.
  • Je comprends… Winston perd son sourire, ajoutant d'une voix hésitante, comme s’il craignait de trop en dire. Ses yeux évitent les miens, et je devine un mélange d’agacement et de crainte dans son attitude. Alby… Il est parfois difficile à comprendre… 

Je sens que Winston se retient de dire le fond de sa pensée, peut-être par peur des conséquences. Je décide donc de changer de sujet pour alléger l’atmosphère :

  • Chuck est sympa aussi.
  • Ah ouais ? Je t’avoue que je ne lui ai jamais trop parlé. Mais le peu où j’ai eu l’occasion, il avait l’air très sympa, ajoute-t-il en haussant les épaules légèrement, un sourire timide se dessinant sur ses lèvres.
  • Oui, c’est un chouette gamin. Et Newt aussi est sympa. Heureusement qu’il est là… Hier, il m’a protégé face au taré de rouquin. Je sens un mélange de gratitude et d’admiration monter en moi rien qu’en repensant à ce moment.
  • Hé hé ! Newt, qui ne l’apprécie pas franchement ici ! me sourit Winston en baissant un peu la voix, presque comme un complice. Ses yeux brillent d’un amusement discret et complice.
  • Il est si apprécié que ça ? Demande-je au Maton.

Une pensée me traverse avant même que je puisse la retenir : Pourquoi est-il autant aimé… ? Et la réponse se glisse d’elle-même, évidente, presque douce. Je suis là depuis deux jours seulement… et pourtant je l’adore déjà. Il y a en lui quelque chose qui m’attire sans logique, une lumière tranquille, irrésistible, qui m’aimante avant même que je comprenne pourquoi. Et c’est clair que je ne suis pas le seul à le sentir… tant de regards se posent sur lui, glissent sur lui, comme s’il était un centre secret autour duquel tout le monde finit par tourner. Et ça me serre un peu, sans raison, juste là, quelque part dans la poitrine.

  • Oh oui. Il est vraiment sympa. Tous les blocards l’apprécient. Et ceux qui ne l’aiment pas, ça se compte sur les doigts d’une main. Sa voix devient plus basse, comme s’il voulait que personne d’autre n’entende cette confidence.
  • Ah… et qui ne l’aime pas ? demande-je, intrigué. Je fronce les sourcils, incapable de comprendre qu’on puisse ne pas apprécier Newt…
  • J’en dis pas plus, le nouveau. Mais s’il y a un gars dont tu dois rester proche, c’est bien lui… me souffle-t-il discrètement, ses yeux cherchant les miens pour s’assurer que j’ai bien compris.
  • Ok… j’en prends note… murmure-je, ma voix se faisant plus sérieuse, sentant que Winston essaie de me prévenir sans trop parler.
  • Oui, puis tu sais que Newt est le deuxième blocard à être arrivé ici ? Ajoute-t-il comme content de le dévoiler des secrets. 
  • Comment ça ? m’étonne-je, curieux, mes doigts se crispant légèrement sur le couteau.
  • Bah, tu sais qu’un mec arrive chaque mois ?
  • Ouais ? Le regarde-je avec attention. 
  • Quand tu remontes cinq ans en arrière, c’est Newt qui venait d’arriver au Bloc ! m’explique Winston, un sourire nostalgique traversant son visage buriné.
  • Sérieux… ? Il est là depuis si longtemps alors… ? Je détourne légèrement le regard, imaginant l’enfermement, la fatigue, le poids des années.

Je fronce les sourcils, incapable d’imaginer Newt enfermé ici pendant cinq ans. La fatigue, les sacrifices… Je comprends mieux maintenant le discours qu’il tenait au petit déjeuner…

  • Et ouais, moi ça fera bientôt quatre ans… Soupire Winston comme résigné. 
  • C’est énorme… souffle-je, triste pour lui. 
  • Et ouais le nouveau… Continue-t-il à couper la viande. 

Mon regard se perd sur les poutres sombres du plafond, réfléchissant à tout ce que Newt a pu vivre… Cinq ans… Cinq ans dans cet endroit, à survivre, à tenir les autres debout. Je n’arrive même pas à imaginer ce que ça lui a arraché. Il a cette fragilité silencieuse dans les yeux, comme une fissure qu’il cache, qu’il tient serrée contre lui… Mais en même temps, il y a une force incroyable dans sa manière de marcher, de parler, de sourire comme si rien ne pouvait vraiment l’abattre. Une force qui me touche. Une fragilité que j’ai envie de protéger. Je ne devrais pas ressentir ça… pas aussi vite… mais c’est là, ça brûle doucement, inexplicablement…  Et puis une question me traverse soudain : Qui était le premier ? Le tout premier à être envoyé ici…? Je m’en doute déjà. Alby… sûrement Alby… mais je demande pour en avoir le coeur net : 

  • Le premier c’était Alby ? 
  • Ouais, me confirme Winston. Il hoche lentement la tête, comme pour appuyer la véracité de ses mots.
  • En tout cas, je comprends mieux pourquoi Newt en a marre d’être Maton, lâche-je, le regard sombre, imaginant le poids de la responsabilité sur ses épaules.

Winston, surpris, lâche soudainement son couteau comme si j’avais prononcé un blasphème. Il me fixe, muet, ses yeux trahissant un mélange d’inquiétude et de peur.

  • Un problème ? m’étonne-je, un peu inquiet.
  • Il… il t’a dit ça ? marmonne-t-il, la voix tremblante, presque honteuse.
  • Oui… ce matin même, confirme-je timidement, craignant d’avoir dit une bêtise. Mon cœur bat un peu plus vite à l’idée d’avoir trop parlé.
  • Je vois… Dégluti Winston. Ça fait peur qu’il dise ça… Newt est l’un des piliers de notre communauté… Mais je comprends un peu… Il est vraiment épuisé en ce moment. Et Alby, de qui il était si proche avant, ne fait que lui mentir et l’éloigne petit à petit de tout ce qui touche au pouvoir. 
  • Pourquoi fait-il ça et de quels mensonges tu parles ? demande-je, curieux, incapable de contenir mon besoin de comprendre.
  • Oh merde… Dit soudain Winston, la voix basse, presque effrayée, son visage se crispant. J’aurais pas dû dire ça…

Je le regarde, sentant que derrière son sourire amical, se cache la peur que la vérité éclate. Et moi… je commence à comprendre que le Bloc est plus compliqué que je ne l’imaginais, que chaque sourire peut cacher un danger, et que Newt, malgré son calme et sa gentillesse, porte un poids invisible sur ses épaules, un poids que je n’ai pas encore les mots pour alléger. Winston ne voulant pas en dire plus, s’éloigne avec la carcasse dans les bras, les épaules légèrement voûtées, comme s’il portait bien plus que ce simple poids. Je devine à la tension de sa nuque qu’il regrette déjà d’avoir parlé… peut‑être même craint‑il que ses mots lui reviennent en plein visage…

Moi, au contraire, mon esprit bourdonne. Je veux comprendre ce qu’Alby cache. Quelque chose cloche chez lui… Son comportement avec moi, la peur qu’il inspire aux autres… Je suis là depuis deux jours et pourtant j’ai déjà l’impression d’être au milieu d’un réseau invisible de tensions. Ça promet…

Winston revient finalement, essuyant ses mains sur son tablier souillé, et m’indique d’un geste de le suivre. Son enthousiasme contraste brutalement avec l’ambiance lourde de tout à l’heure. Je m’exécute et le suis jusqu’à un autre bâtiment de la grange. En entrant, nous tombons sur un grand gars blond, tout en longueur, presque un peu trop maigre, mais l’air radieusement gentil. Dès qu’il me voit, il m’adresse un immense sourire qui illumine sa figure anguleuse.

  • Thomas, je te présente Steve ! annonce Winston, fier comme s’il me présentait un ami de toujours. Le blond s’avance tout de suite, main tendue : 
  • Ravi de te rencontrer, Thomas ! 

Je serre sa main, surpris par la chaleur de son contact.

  • Ravi aussi, répondis-je, essayant de lui rendre son enthousiasme. Winston hoche la tête, satisfait. 
  • Tu vas rester avec Steve et t’occuper des lapins, m’explique-t-il avant de se tourner vers son collègue. Je compte sur toi pour montrer au nouveau comment on s’en occupe.
  • Compris, approuve Steve avec un salut presque militaire.

Winston tapote mon épaule en passant, un geste léger mais réconfortant, puis il disparaît, me laissant seul avec le blond aux yeux bleus pétillants. Steve me détaille un instant, ses mains glissées dans les poches, puis : 

  • Pas trop stressé, Thomas ? demande-t-il avec ce même sourire sympathique qui semble être collé à son visage.
  • Non, ça va. Tout le monde est sympa chez les Trancheurs, dis-je, sincère, même si les images de lapins morts tournent déjà dans ma tête. Il rit doucement. 
  • Hé hé, évidemment ! On est le meilleur groupe ! fanfaronne-t-il, fier. Bon, assez bavardé, Frypan prépare un ragoût de lapin ce soir, donc il faut qu’on en tue dix et qu’on les prépare. Je déglutis d’inquiétude. 
  • Heu… d’accord… souffle-je, incapable de masquer ma grimace.
  • On prend les plus gros dans le clapier. Et surtout, fais attention à ne pas abîmer la peau qu’on donne aux Bâtisseurs, explique-t-il en se dirigeant vers l’enclos. Je retiens ma respiration.
  • Ok… Et comment on procède pour… ?
  • Regarde, dit-il.

D’un geste sûr, Steve attrape un lapin par la peau du cou. La petite bête se débat un instant, ses yeux noirs agrandis par la peur. Je me fige...

  • Il ne faut surtout pas les faire souffrir. Alors, pour les tuer, tu leur craques la nuque d’un coup sec, comme ça ils ne sentent rien… Je vais te montrer.

Avant que je puisse réagir, il soulève son genou et abat le cou du lapin contre celui-ci d’un geste brutal mais précis. Le craquement est net. Le corps retombe, inerte… Je blêmis.

  • Mais c’est horrible ! m’exclame-je, la voix étranglée.

Steve hausse les épaules, comme si tout cela n’était qu’une formalité quotidienne : 

  • Bah, t’es bien content de manger le soir. Pour survivre, on n’a pas le choix, m’explique-t-il simplement.

Je sais qu’il a raison… mais tout en moi se rétracte. Mes doigts tremblent encore en imaginant devoir faire pareil…

  • Je… je ne pourrais pas faire une autre tâche ? demande-je, mal à l’aise, cherchant presque désespérément un échappatoire.

Il m’observe, un peu surpris, puis acquiesce avec une indulgence amusée : 

  • Humm… bon. Si tu veux, tu peux aller donner des carottes et de la salade aux lapereaux.

J’avoue que je souffle de soulagement, le cœur presque léger d’un coup : 

  • Ah ouais ! Je préfère ça ! dis-je, presque trop vite. Steve rit doucement.
  • Ok ! Dans ce cas, tu prends les bacs bleus et tu remplis les gamelles des petits !
  • Merci, murmure-je, vraiment soulagé de ne pas avoir à tuer quoi que ce soit.

Je m’éloigne alors de Steve qui attrape déjà un autre lapin. Les gestes sont mécaniques, habitués, terriblement efficaces. Les craquements répétés me serrent la gorge… Même si je comprends qu’on doit manger, je n’ai pas… je n’ai vraiment pas la force de tuer ces petites bêtes… Je m’occupe donc des lapereaux, ces minuscules créatures aux yeux doux qui viennent renifler mes doigts avant de dévorer les carottes. Leur innocence apaise quelque chose en moi.  Et alors que je les observe, une pensée lourde me traverse, presque douloureuse : Comment Newt peut-il supporter tout ça depuis cinq ans… ? Moi, je ne tiendrais jamais aussi longtemps. Rien que l’idée me serre la gorge. C’est peut-être pour ça que ce désir d’être Coureur me brûle autant, comme un feu qui cherche une issue. Je veux sortir d’ici. Je veux comprendre. Je veux respirer autre chose que ces murs… 



La journée s’écoule lentement, le soleil filtrant par les petites fenêtres de la grange et enfin, l’heure de la pause arrive. Je respire un grand coup, appréciant cette parenthèse, et j’en profite pour discuter davantage avec mon nouvel ami, Steve, le tueur de lapins. Son visage s’éclaire d’un sourire chaleureux, ses yeux clairs pétillent d’un amusement tranquille.

  • Alors, que penses-tu de ta première journée avec nous ? me demande-t-il, ses mains posées sur ses hanches, dégageant une attitude à la fois détendue et fière.

Je réfléchis un instant, mon regard suivant les rayons de lumière qui tombent sur le sol poussiéreux.

  • Franchement… Je ne suis pas fan de tuer des animaux ou de les découper… Mais, j’aime beaucoup l’ambiance ici, lui dis-je avec un petit sourire.

Il éclate de rire, le son franc et un peu grave, qui résonne contre les murs de bois.

  • Ha ha ! Ouais, ce n’est pas donné à tout le monde d’être sadique comme moi ! plaisante-t-il, tapotant mon épaule avec force.

Je fronce les sourcils, moitié impressionné, moitié incrédule.

  • Ouais… J’sais pas comment tu fais.

Il hausse les épaules, comme si c’était une évidence.

  • Pas le choix. Faut bien que quelqu’un le fasse. Mais pour en revenir à ce que tu as dit, c’est vrai qu’on s’entend tous bien ici. Winston est un Maton super cool en plus ! Je hoche la tête, pensif, repensant à ma journée.
  • J’avoue… Contrairement aux abrutis de Bâtisseurs… grogne-je entre mes dents.

Il éclate de nouveau de rire, secouant la tête avec amusement.

  • Ha ha ! Tu sais que tu as tellement bien fait de l’envoyer chier ce connard de Gally ! Je le regarde, surpris.
  • Ah ? Pourquoi ? Tu l’aimes pas toi non plus ? le questionne-je, intrigué, mon front se plissant légèrement.
  • Non, c’est un salaud, ce mec. Il a fait chier Tony quand il venait d’arriver au Bloc, répond-il avec un mélange de sérieux et de dédain.
  • C’est qui Tony ? Le regarde-je curieux.  Steve sourit et me tend la main pour m’entrainer avec lui.
  • Viens, je vais te présenter, dit-il en quittant sa chaise avec agilité.

Je le suis, mes pas résonnant sur le sol de bois. Nous arrivons au poulailler, et là, je le vois. Tony. Mince, le visage doux, presque fragile par rapport à Steve. Ses yeux noisette me fixent un instant, curieux. Je n’ai pas le temps d’analyser plus, qu’une scène… troublante… se déroule devant moi… Steve et Tony s’embrassent longuement. Mon souffle se coupe, mes yeux s’écarquillent. La surprise me fige, incapable de bouger. Steve rompt le baiser et en souriant, pose sa main délicatement sur la taille de Tony :

  • Voilà, je te présente Tony ! Et ce dernier me regarde, sourire franc aux lèvres.
  • Bonjour, le nouveau. 

Troublé par la scène, je bafouille, surpris et mal à l’aise…

  • Heu… Je… Je…

Steve intervient, joyeux, comme s’il voulait me rassurer :

  • C’est Thomas ! Tu sais, c’est celui qui a frappé Gally !

Tony éclate de rire doucement, son visage s’illuminant :

  • Ooooh ! Alors ravie de te rencontrer !
  • Heu… ravie également, dis-je, un peu gêné, en détournant légèrement le regard. En réalité, c’est Gally qui m’a frappé, je précise maladroitement. Mais Steve rit de plus belle :
  • Ouais ouais pareil ! Ha ha ! Je les observe, un peu fascinés et encore interloqués.
  • Mais heu… vous êtes… ensembles ? murmure-je, intrigué.

Tony me lance un regard à la fois interrogatif et légèrement agressif :

  • Oui. Ça te pose un problème, le nouveau ?

Je lève les mains rapidement, le cœur battant un peu trop vite, essayant de dissiper le malentendu :

  • Ah non non ! Aucun problème… dis-je, un peu paniqué. Ça m’a juste surpris… Avoue je maladroitement 

Tony fronce les sourcils, mais sa curiosité semble dominer :

  • Ça te gêne car on est deux mecs ? Demande-t-il avec un sourire taquin. 

Immédiatement je secoue la tête, un petit rire nerveux m'échappent :

  • Non, ça ne me gêne pas, juste que… bah… je ne pensais pas qu’il y avait ce genre de relation au Bloc… Hé hé… 

Je passe une main dans mes cheveux, un peu paumé. Parce que maintenant, c’est clair. Y a du sexe ici. Entre blocards. Entre hommes. Et ça me percute avec une force étrange, comme un courant électrique qui me grimpe le long de la colonne… Avant de voir ça je n'y avais pas vraiment songé…  Je pensais naïvement que tout le monde souffrait en silence, que le manque restait enfoui et qu'on serrait les dents. Mais non. Ils trouvent du réconfort. Du plaisir. De la chaleur humaine. Et ce simple constat fait vibrer quelque chose en moi que je préfère ne pas examiner de trop près. Steve, pour détendre l’atmosphère, me tapote l’épaule :

  • Tu sais Thomas, quand ça fait trois ans que t’as la main dans le slibard, t’es bien content de te trouver un Tony ! Ha ha ! 

Mais Tony, légèrement vexé, frappe gentiment son copain à l’épaule. 

  • Arrête de dire des bêtises, rougit-il gêné face à moi.
  • Aie ! Pourquoi tu me tapes ? C’est pourtant vrai ! souffle Steve en le prenant dans ses bras. 

Mais le petit Tony se libère rapidement, l’air un brin agacé : 

  • Lâche-moi idiot, je retourne travailler !

Je souris, sincèrement touché par la complicité du couple :

  • Vous êtes mignons, dis-je, les yeux légèrement brillants.

Steve me rend mon sourire, un peu gêné mais heureux :

  • Merci, Thomas. Allez viens, on retourne bosser aussi !

Je tape dans sa main et le suis, léger, presque flottant. La chaleur du soleil, l’odeur de paille fraîche et la vue des petits lapereaux me rassurent. Les garçons sont sympas, le Maton aussi… Et surtout, j’ai découvert une autre facette du Bloc. Un couple ici. Ça me fait sourire. Je me surprends à réfléchir, pensif : certains sont là depuis cinq ans… Les pulsions, les besoins, les émotions finissent toujours par ressortir, même ici finalement, entre quatre murs de métal. Alors… est-ce que mes nouveaux amis entretiennent ce genre de relation avec d’autres Blocards… ? Un frisson de curiosité me traverse. Et malgré moi, mon esprit glisse vers Newt… Est-ce que lui aussi… ? Est-ce qu’il a déjà connu ce genre de chaleur discrète, clandestine, dans un coin du Bloc ? Est-ce qu’il laisse quelqu’un l’approcher ainsi, lui qui semble pourtant si doux, si loin de ça, si fragile ? L’idée me trouble, un mélange d’intrigue, de jalousie sourde, et d’une sensation que je n’arrive pas encore à nommer… mais… J’aimerais savoir plus… 

Et soudain, sans prévenir, une pensée traverse mon esprit comme un éclair : l’image rapide, irréelle, de mon corps glissant contre le sien, de souffles échangés, de ses mains cherchant ma chaleur... Pas de dégoût. Rien de rebutant. Bien au contraire… une chaleur diffuse, presque brûlante, qui me surprend. Et cette silhouette, dans ma tête… elle n’est même pas vague. C’est lui. Newt… Sa nuque pâle, ses doigts fins, ce regard qui semble toujours porter quelque chose de trop lourd. Mon ventre se serre, mon cœur s’emballe, et je chasse aussitôt l’idée, rouge de l’avoir imaginée, incapable de comprendre pourquoi elle m’a semblé si… naturelle, juste, comme une évidence. Comme si une porte que je ne connaissais pas venait de s’entrouvrir en moi. Je déglutis. Je me reconcentre. Je marche. Mais l’image persiste, au fond, douce et dangereuse comme un secret… Je me remets au travail, le cœur plus léger, oui… Mais l’esprit déjà en alerte, accroché à la moindre pensée qui pourrait me rapprocher de lui..



La nuit tombe sur le Bloc, étirant sur les murs de bois des ombres longues et silencieuses. Je suis épuisé, la journée avec les Trancheurs m’a lessivé. L’odeur métallique du sang, la poussière, la paille… tout colle à ma peau comme une seconde couche dont je veux me débarrasser. Je pousse la porte des douches, la vapeur m’enveloppe aussitôt. Je me glisse sous l’eau, les muscles douloureux se relâchent un peu. Je ferme les yeux. Et forcément… mes pensées reviennent vers Steve et Tony. Un couple. Ici. Au milieu de ce monde brisé. Ça continue de me troubler, de me tourner dans la tête comme un caillou dans une godasse.

Je me savonne les bras, le torse, les mains tremblantes d’une fatigue étrange. Pas seulement physique. J’ai compris, maintenant. Que des histoires d’amour, mais surtout des histoires de corps, se tissent dans les recoins du Bloc… Discrètes, cachées, mais réelles. Vivantes et humaines. Et je rumine. Est-ce que moi aussi… je pourrais faire ça ? Avec un homme ? L’idée me traverse, brutale, inattendue. Je grimace aussitôt, dégoûté par certaines images de moi avec : Alby, sévère et intransigeant ; Chuck, encore un gamin ; ou encore Gally… merde, Gally…!  Avec son regard dur et sa rage permanente. L’idée me donne envie de reculer comme si l’eau devenait glacé. Même avec un Blocard lambda… je n’y arriverai pas. Ça sonne faux. Très peu pour moi…

Mais… quand mon esprit glisse malgré moi vers Newt, c’est différent. Instinctivement, mon ventre se tend. Un frisson salue ma colonne. Mon souffle change… Et il y a… plus bas… une pulsation sourde, chaude, embarrassante… Pourquoi ? Pourquoi Newt me fait cet effet-là ? Depuis le premier regard, j’ai senti quelque chose chez lui, une attirance inexplicable, douce et familière, comme si nos chemins s’étaient déjà croisés quelque part… avant. Comme si cette amitié née trop vite avait toujours été là, tapie dans un coin de ma mémoire. Mais si Newt est ici depuis cinq ans… alors ça remonte à loin. Trop loin pour que ça ait du sens. Ce que je ressens pour lui est inexplicable… Je suis perdu… 

Mais mon esprit continue à imaginer… Mon cœur cogne contre ma cage thoracique. Et l’image surgit, vive, dangereuse : moi, le plaquant dans l’herbe fraîche, son souffle contre mon cou, son corps sous mes mains… Je soulève ses hanches, j’écarte ses jambes longues, douces, me glissent entre elles, et…  Je me vois me pencher vers lui, l’emporter dans quelque chose que je ne comprends pas encore mais qui brûle déjà…

Je rouvre les yeux d’un coup, haletant. Honteux… Putain… c’est quoi mon problème ? Imaginer ça avec un garçon que je ne connais pas vraiment… Je chasse l’image. Je chasse son visage. Je veux reprendre le contrôle… Alors je coupe l’eau, vivement, comme pour m’arracher à un rêve interdit. Je me sèche en vitesse, le cœur encore troublé, puis j’enfile les vêtements que Chuck m’a donnés : un t-shirt bleu un peu trop large et un pantalon beige qui gratte aux coutures.

  • Merci pour les fringues, je lance à Chuck, encore sous sa douche.
  • Pas d’souci ! crie-t-il par-dessus le bruit de l’eau.

Je sors, l’air nocturne me gifle doucement. La fraîcheur apaise ma peau… mais pas mes pensées. Je marche vers le dortoir, les planches craquent sous mes pas. Et sans même vraiment le vouloir… Mon regard cherche Newt. Comme si mon corps connaissait déjà la route vers lui… 

J’approche du dortoir, encore un peu secoué par mes propres pensées et c’est là que je le vois. Il est assis près du feu, juste devant l’ouverture béante du dortoir, là où l’air du soir glisse librement entre les planches. Il est avec l’Asiatique que j’ai aperçu plus tôt, Minho, le Maton des Coureurs. Ils sont visiblement proches, penchés l’un vers l’autre, et Newt laisse échapper un petit rire étouffé, léger, presque rare. Minho sourit aussi, un vrai sourire, large, lumineux, qui tranche avec sa froideur habituelle. C’est la première fois que je le vois sourire. Et ça… ça me frappe. Mes pas ralentissent. Mon cœur aussi. Ou non, au contraire, il cogne, brutal, contre mes côtes. Pourquoi… pourquoi ça me fait ça ?

Je reste planté là quelques secondes, invisible dans l’ombre, à observer cette scène qui ne me concerne pas. Minho se penche un peu, Newt lui répond, un éclat passe dans leurs yeux, quelque chose de complice, d’ancien, de vécu… Je ne comprends pas ce que je ressens, un tiraillement, une crispation dans ma poitrine. Une jalousie sourde, absurde, qui me serre la gorge. Je n’ai aucun droit là-dessus. Rien. Je viens d’arriver, je ne suis personne. Et pourtant… voir Newt sourire pour quelqu’un d’autre, surtout pour lui, me tord quelque chose au fond du ventre. C’est ridicule. C’est intrusif. C’est insensé…

Je détourne le regard, agacé par moi-même, par mes pensées qui débordent, par cette chaleur jalouse qui grimpe le long de ma nuque sans prévenir. Je passe devant eux sans un mot, sans oser croiser leurs yeux, feignant l’indifférence. Je sens pourtant ma peau devenir encore plus chaude lorsque je devine le rire de Newt derrière moi, comme une caresse que je ne devrais pas ressentir. Je rejoins mon lit, celui posé au sol, un peu à l’écart. Je m’assois lourdement, mes coudes sur mes genoux. La nuit tombe autour de moi, et je me glisse sous la couverture rugueuse. Il faut que j’arrête de penser à tout ça. À lui. À eux. À ce que ça réveille en moi…

Je ferme les yeux, tentant d’aplatir les émotions qui cognent encore sous ma peau, comme si le sommeil pouvait effacer les images qui s’accrochent. Je respire. J’essaie d’oublier. J’essaie… mais rien ne s’éteint vraiment. Et lentement, la fatigue finit par l’emporter, même si mon cœur, lui, continue de battre un peu trop fort pour une raison que je refuse encore de regarder en face.






Le lendemain.


À peine levé et mon petit-déjeuner englouti, je sens encore la fatigue tirail­ler mes muscles. Pas celle d’une mauvaise nuit… plutôt celle d’une nuit passée à lutter contre moi-même. J’ai songé à Newt. Beaucoup trop. Son visage me revient encore par flashs, son sourire doux, ses yeux couleur miel, la chaleur discrète de sa voix. Et cette envie qui me brûle, tenace, indécente… l’envie… de lui faire l’amour… Je me répète que je déconne, que ce n’est pas normal. Je ne le connais pas. Pas vraiment... Même si chaque fibre de mon corps crie le contraire. Alors, je me recadre mentalement, encore et encore : Stop. Concentre-toi. Tu veux être Coureur. Tu n’es pas venu ici pour perdre la tête pour un blond… Mais voilà qu’il s’approche déjà, léger et sûr, comme si ma nuit agitée l’avait convoquée. Il vient me rejoindre pour me donner mon poste du jour. La cuisine. Avec le Maton, Toby alias Frypan. Un type sympa, chaleureux, presque réconfortant. Ça devrait m’aider à garder les idées droites.

  • Tommy, je te confie à Fry ! me dit gentiment Newt, un léger sourire accroché à ses lèvres.

Et ce sourire accroche mon souffle. Mon cœur tape trop fort, trop vite. Arrête, sérieux… arrête de le regarder comme ça… Mais mes yeux glissent malgré moi sur son visage, sur la courbe de sa bouche qui sourit comme si ma présence lui plaisait, sur ses doigts souples qui pendent le long de sa hanche. Je me sens stupide, vulnérable… et incroyablement vivant… Mais je me reconcentre et je tends la main vers Fry.

  • Salut Fry, dis-je poliment. 
  • Ravi de voir que tu vas bosser avec nous aujourd’hui, le nouveau ! lance Frypan, large sourire et poignée de main ferme. Sa force me surprend. Son assurance aussi.

Je tente de rester normal, de me concentrer sur lui, sur Fry, sur ce qui est réel, simple, présent.

  • Appelle-moi Thomas, dis-je, même si je sens la rougeur grimper à mes joues comme si elle refusait de coopérer.
  • Ok ! approuve le grand black, sourire en coin, mélange étrange de malice… et peut-être d’autre chose. D’un intérêt que je n’arrive pas à définir.

Newt, toujours à côté, trop près, pose délicatement sa main sur mon bras. Et sa chaleur me traverse instantanément… Ma respiration se coupe. Putain… calme-toi…

  • Je te laisse dans les mains expertes de Fry, mais essaie de ne pas empoisonner les plats Tommy ! plaisante-t-il, son regard espiègle accroché au mien.

Et moi, je suis figé. Percé… Je pourrais me noyer dans ce regard-là… Quelque chose en moi vibre, brûle, refuse de s’éteindre.

  • T’inquiète… hé hé… soufflé-je, embarrassé, un rire maladroit qui me trahit complètement.
  • À plus tard, vous deux ! nous salue le blond en s’éloignant.

Je le regarde partir. Je ne peux pas faire autrement. Ma poitrine se serre à chaque pas qu’il fait… 

  • Oui… à plus ! dis-je, la voix un peu trop douce, un peu trop… quelque chose.

Une fois Newt disparu, je respire enfin. Comme si je sortais d’un champ gravitationnel intense. Je me retourne vers Frypan. Il me regarde avec un petit sourire au coin des lèvres. Un sourire qui en dit long. Beaucoup trop long…

  • Heu… un problème ? demande-je, sur mes gardes, le ventre un peu noué.
  • Non non… riiiiennn, s’amuse-t-il, étirant ses lèvres comme s’il savait déjà tout ce que je tente désespérément de cacher. 

Mon cœur se serre. Oh non… A-t-il compris…? Si oui, j'ai honte…

  • Bah… quoi ? insiste-je, fronçant les sourcils, prêt à affronter la tempête.
  • Juste que… Newt et toi, vous semblez plutôt proches, nooonn ? dit-il d’un ton sournois, ses yeux pétillant d’une provocation assumée.

Mes joues flambent d’un coup. Je détourne les yeux, vexé par la précision avec laquelle il vise juste.

  • Pas spécialement… rougisse-je. On se connaît depuis trois jours… Puis pourquoi tu dis ça…?

Je sens la chaleur grimper dans mon cou. Mon esprit rejoue la scène précédente, la main de Newt sur mon bras, son sourire… Ok, vu de l’extérieur, ça a l’air… Non…Non…! Concentration. Respire… Ça n'a l'air de rien car c'est rien ! 

  • Bah, Newt te donne déjà des petits surnoms tout en te caressant le bras. Sans parler de la façon dont tu le mates ! insiste Fry, accentuant chaque mot avec un sourire narquois.
  • Je ne le mate pas… ! m’exclame-je trop vite, trop fort.

Évidemment que si, je le fais. Et ça me rend encore plus rouge… Je sens mon cœur battre dans mes tempes. Arrête d’être si transparent, putain…

  • Ouais ouais ! À d’autres ! Et si ça continue, tu vas faire des jaloux… ! ajoute Fry, toujours amusé, mais… il y a une ombre. Une pointe de frustration légère, cachée dans sa voix. Presque imperceptible.

Comme si cette situation le piquait un peu plus qu’il le laisse croire. Je relève les yeux, intriguée...

  • Ah ouais ? Comme toi ? réplique-je, pour voir, juste pour le tester.
  • Un peu… hé hé… avoue-t-il avec un sourire forcé. Enfin, je ne suis pas le seul ! dit-il en levant les yeux au ciel comme si le sujet lui échappait. Et cette petite phrase me frappe…
  • Le seul de quoi ? demande-je, fronçant les sourcils. 

Je sens déjà l’inquiétude poindre. Le seul à… quoi ? À vouloir Newt ? À le regarder comme moi je le regarde ? L’idée me noue une sensation étrange au fond du ventre… Même si ce n'est pas si surprenant…

  • Bah, à vouloir le pécho ! répond Fry en posant sa main sur mon épaule, le regard brillant d’une insolence assumée. Je cligne des yeux, un peu surpris par ses propos…
  • Pécho… ? Tu veux dire… quoi par là ? demande-je, la gêne se mêlant à la curiosité. Veut-il… lui aussi… lui faire l’amour ?  
  • Putain, mais tu sors d’où le nouveau ?! Haha ! Tu connais pas ce mot ?! éclate-t-il de rire, secouant la tête.

Je balbutie, loin de trouver quoi répondre. Je crois qu'au fond j'ai très bien compris… mais cela est si gênant… Il parle de Newt comme si… Comme si c'était une proie, une biche au milieu de chasseurs. 

  • Bah… c’est-à-dire… souffle-je, les mots coincés dans ma gorge.
  • Bon, laisse tomber, ricane-t-il, je t’expliquerai quand t’auras fait connaissance avec ta libido ! plaisante-t-il avant de me donner une tape dans le dos.
  • Très drôle… grogne-je, sans réussir à effacer complètement ma gêne.

Un sourire me vient malgré moi. Ma libido… si seulement il savait. J’en ai fait connaissance hier, oui. Bien malgré moi. Depuis que j’ai compris que certains garçons ici, comme Steve, Tony… et sûrement d’autres, couchent ensemble. Et depuis, mon imagination me flingue la tête… Cette idée s’est incrustée dans mon esprit comme une braise ardente : Et si… et si moi aussi… avec Newt… ? Et ça me brûle. Ça me hante… Une pensée obsédante et complètement déraisonnable qui pulse au fond de moi chaque fois que je croise son regard ou que son sourire effleure ma peau. Je secoue la tête intérieurement, presque furieux contre moi-même. Arrête, Tommy. Putain, arrête…! Newt est gentil. Il t’a accueilli. Il t’a parlé. Il t’a mis à l’aise… Et toi, tu te fais déjà des films. Tu as cette sensation étrange de le connaître… mais tu ne le connais pas, bordel ! Alors cette fameuse libido, tu vas la ranger dans un coin et fermer la porte à double tour. Tu n’es pas là pour ça. Tu dois te reprendre. Maintenant.

  • Plus sérieusement, tu vas me couper tous ces légumes et tu me préviens quand t’as fini ! reprend-il, redevenant Maton, même si son regard amusé trahit qu’il n’a pas dit son dernier mot.
  • Compris, approuve-je en saisissant le couteau, prêt à commencer.

Je souffle un coup, me dirige vers la table, prends un couteau. Concentre-toi, Thomas. Newt, Fry, la libido, les regards… tout ça, tu le ranges quelque part dans un coin. Tu veux être Coureur. Un point c’est tout…

Je commence à découper les légumes avec concentration, essayant de ne pas m’égratigner, tandis que Fry s’occupe de préparer la viande pour le repas du midi. Je remarque combien il bouge avec aisance et précision, un mélange de force et de souplesse dans ses gestes, une maîtrise naturelle du mouvement.  L’humour en cuisine est constant, lourd de sous-entendus et de blagues grivoises. Ça fuse de partout, ça rebondit, ça ricoche contre les murs comme si tout le monde ici avait décidé de compenser la fatigue en parlant de cul dès qu’ils ouvrent la bouche. Ça me fait sourire malgré moi, et rougir à intervalles réguliers. Fry, lui, mène la danse. L’air de rien, tout en découpant un oignon avec une précision presque poétique, il lance :

  • Hé Thomas, tu savais que Newt adore venir ici juste pour me voir transpirer ? Ça lui fait quelque chose, j’te jure. Il résiste pas à mon charme naturel ! Il ponctue sa phrase d’un clin d’œil exagéré.

Un rire général éclate autour de nous. Je sens ma gorge se serrer, très gêné par cette remarque… Bien que je la sache fausse…

  • Hééé Fry, arrête, Newt va t’envoyer au gnouf à force de faire des blagues à son sujet ! rigole un cuistot au fond.
  • Pff, il m’enverra nulle part, répond Fry avec un sourire carnassier. Dès qu’il me voit découper un légume, il fond. Je suis son péché mignon !

Un autre cuistot passe derrière lui, lui tapote l’épaule avec un sourire complice :

  • Peut-être qu’il t’enverra coucher dans son lit ! 

Fry éclate d’un rire grave, satisfait, presque trop fier, bombant le torse comme un guerrier : 

  • Ah mais j’serais carrément pas contre, moi. Newt… c’est de la très, très bonne bouffe. Du genre que t’as envie de dévorer lentement, en prenant ton temps.

Ses mots claquent dans l’air comme une étincelle… et, sans prévenir, quelque chose dérape dans ma tête. Dévorer Newt lentement… L’image s’impose, douce, brûlante. Je l’imagine sous mes mains, sa nuque offerte, sa peau pâle qui frissonne. Mes lèvres glissant le long de son cou, y laissant un souffle, une chaleur. Puis plus bas… son torse mince, ses tétons que j’imagine roses, sensibles, réagissant au moindre contact sous ma bouche… Un vertige plaisant… Une chaleur fulgurante qui remonte dans ma gorge. Putain… mais qu’est-ce que je suis en train de penser ? Je ravale ma salive, brutalement ramené à moi-même. Mes joues brûlent, sans que je puisse rien y faire. Je détourne le regard, passe une main nerveuse dans mes cheveux, comme si je pouvais effacer cette vision aussi vite qu’elle est venue. Fais pas ça, Thomas. Pas ici. Pas maintenant. Mais… c'est difficile de penser à autre chose quand je suis entouré de garçon qui n’ont que le mot sexe à la bouche… 

  • Ouais bah faudrait pas que ça vienne aux oreilles de Minho ce que tu dis là ! lance ensuite un cuistot, hilare.

Mais Fry éclate d’un petit rire moqueur, secouant la tête, tout de même un peu nerveux…

  • Minho ? Tsss, je le crains pas, lui. Il fait son malin parce qu’il est plus mignon que moi, ce p’tit coureur. Mais il raconte n’importe quoi, comme d’hab ! Moi j’sais ce qu’aime notre blondinet !

Il appuie son sourire d’un clin d’œil, mi-taquin, mi-jaloux, une nuance légère, un éclair dans son regard que je capte trop bien, puis ajoute d’un ton amusé :

  • Newt, il aime les mecs… euh… comment dire… efficaces. Il roule des épaules avec une assurance un peu forcée. 

Comme s' il parlait de lui comme un homme efficace dans tous les domaines dont un en particulier… 

  • Ouais, efficaces comme Minho ! réplique un Blocard.
  • Dur de rivaliser avec le Maton des coureurs, même pour le Maton des cuistots ! lance un autre.

Un bref silence suit leurs rires. Fry lève les yeux au ciel, souffle bruyamment, un mélange agacé et résigné sur les traits.

  • Ouais bah… le Maton des coureurs, il a qu’à courir. Moi, j’suis dans la cuisine. Et devinez qui vient grignoter ici tous les jours, hein ? Il pointe son couteau vers lui avec un faux air fier, mais son sourire tremble un peu. Newt, il m’aime bien. Peut-être… pas autant que certains, mais… il m’aime bien. Et c’est déjà bien plus que vous autre ! 

Il ricane pour cacher le pincement dans sa voix, secoue la tête et retourne à sa planche en marmonnant quelques mots incompréhensibles, mais je perçois parfaitement l’ombre de jalousie qu’il tente d’enterrer sous l’humour. Une jalousie légère… mais bien réelle. Et ça me frappe : Fry n’est pas le seul. Ici, beaucoup tournent autour de Newt, certains ouvertement, d’autres en silence. Comme s’il attirait tout, les regards, les envies, les frustrations. Et moi, au milieu de tout ça… Je fais quoi ? Pourquoi est-ce que ça me serre la poitrine de voir Fry espérer quelque chose de lui ? Et Minho. Le Maton des coureurs. Son nom résonne immédiatement dans ma tête…  Plus fort que les rires, plus fort que les couteaux qui claquent sur les planches. Parce que je les ai déjà vus tous les deux. Souvent ensemble. Toujours proches… Leurs épaules qui se frôlent… Leurs regards qui se cherchent. Leurs sourires, teintés de cette familiarité… cette intimité discrète, presque invisible pour ceux qui ne savent pas regarder. Ils sont amis… oui. Mais peut-être plus ? Et cette question me traverse comme une lame fine. Brûlante. Inattendue. Et ce Minho a cette manière de se tenir près de lui, de le protéger, de le surveiller presque… Et Newt répond avec cette douceur particulière qui me brûle rien qu’à y penser. Putain… est-ce que Newt… et Minho… ? Je secoue légèrement la tête, comme pour chasser l’image de Newt contre Minho, trop près, leurs corps collés, leurs lèvres peut-être scellé… Un pincement brutal me serre le ventre. Je reprends mon couteau, mais mon esprit s’égare encore :  Ami ou plus ? Pourquoi ça me touche autant ? Je souffle, les doigts crispés sur le manche du couteau. Non… arrête, Thomas. Je dois pas commencer à croire tout ce que j’entends ici, ce ne sont que des blagues de Blocards en manque, des ragots lancés pour rire, pour combler le vide. Rien de sérieux. Rien de vrai. Et je décide de ne pas croire à cette histoire entre Newt et Minho… même si une part de moi continue de se tordre.

Fry, lui, reprend la parole, un petit sourire malicieux aux lèvres, l’air prêt à lâcher une bêtise à mon sujet… Je sens un frisson me parcourir, un mélange d’appréhension et de curiosité. Son regard, vif et perçant, s’attarde un instant trop longtemps sur moi, laissant deviner une étincelle de quelque chose de plus brûlant, quelque chose qu’il masque derrière son humour. Puis, pour détourner l’attention de ses camarades et masquer ce désir ardent qu’il nourrit pour Newt, il lance sa remarque avec un éclat de rire sonore, jouant de sa taquinerie pour faire rire tout le monde autour de nous.

  • Et toi, Thomas… continue-t-il en s’approchant légèrement, une louche à la main. Fais gaffe. Si tu continues à regarder Newt comme t’a l’heure, il va finir par croire qu’il t’intéresse !

Il mime un battement de cils ridicule et bien-sûr les gars explosent de rire. Je lève les yeux au ciel, mais je sens mes joues me trahir.

  • Comme si le nouveau pouvait prétendre à quelque chose avec Newt ! ricane l’un des cuistots, sa voix tranchante et moqueuse résonnant dans la cuisine.
  • Je ne le regarde pas comme ça…! marmonne-je, sentant une chaleur désagréable monter dans ma nuque.

Et pourtant… il n’a pas tort. Je le regarde comme ça. Souvent. Trop. Et quand Fry laisse entendre qu’il plaît à Newt… je sens une pointe. Un petit truc acide. De la jalousie… Ce qui est ridicule. Totalement ridicule. Arrête Thomas… tu te fais des films. T’es là depuis trois jours, merde… Fry rit encore, visiblement ravi de ma réaction.

  • Oh allez, t’en fais pas ! dit-il avant de me donner un petit coup d’épaule. On se chamaille et on rigole, mais j’adore ce petit blondinet. 

Un silence d’une demi-seconde. Puis il ajoute, faussement nonchalant :

  • Peut-être même un peu trop ! Haha !
  • T’as entendu ça ? Fry veut emballer le blond ! Lance son second, Dall, qui lui tapote l'épaule amicalement. 
  • Ouais bah qu’il fasse la queue comme tout le monde, rigole un autre. 

Ce qui sous-entend bien sûr qu'il n'est pas le seul à courtiser Newt…  Fry redresse la tête, fier.

  • Hé ! Je suis déjà en haut de la liste. Les autres n’ont qu’à rêver alors que moi j’suis à deux doigts de toucher au but ! 

À deux doigts de toucher au but ? Mon cerveau s’emballe. Qu’est-ce que ça signifie exactement ? Que Fry est à ce point proche de Newt ? Que bientôt… Ils coucheront ensemble ? Je sens un pincement aigu dans ma poitrine. La jalousie me ronge sans que je puisse la refouler. Putain… Je ne devrais pas me sentir comme ça. Ce n’est pas mon Newt, pas encore. Mais pourquoi ça me brûle autant de l’entendre dire ? Un des cuistots, occupé à éplucher des carottes, lève à peine les yeux mais lance d’une voix grave et rêveuse :

  • Moi j’en rêve, en tout cas.

Un nouvel éclat de rire traverse la salle.  Et moi… je reste figé, un peu crispé. Une chaleur désagréable grimpe dans ma gorge. Newt, proie de toutes ces libido débordantes… Désiré, fantasmé, convoité comme si c’était normal. Et tout ça me déplaît profondément, sans que je sache encore comment l’admettre. Je souris, mais j’ai le ventre qui se tord légèrement. Pourquoi ça me pique comme ça ? Pourquoi j’ai envie que Fry arrête tout de suite de parler de Newt avec cette lueur dans les yeux ? Je tente de me reconcentrer sur mes légumes, mais mes mains tremblent un peu. Putain… j’suis jaloux. Cette réalisation me frappe comme une claque. Et pourtant, impossible de la nier. Les blagues continuent autour de moi, fluides, bruyantes, joyeuses. Mais à chaque fois que Fry laisse entendre qu’il est attiré par Newt, qu’il a peut-être déjà tenté quelque chose, qu’il pense pouvoir lui plaire… je sens un fil invisible se tendre dans ma poitrine. Un fil qui me surprend par sa violence. Et au milieu du vacarme, une seule pensée tourne en boucle : Pourquoi ça me touche autant ? Pourquoi lui, putain ?



À l'heure du midi, on sert tous les Blocards un à un, puis après le service, on s'attaque au nettoyage et au rangement avant de commencer à préparer le repas du soir… Finalement, ce n'est pas de tout repos, le boulot de cuistot. Je passe deux heures à faire la plonge… un travail répétitif, glacial, et absolument pas passionnant. L’eau chaude me brûle légèrement les mains, la vaisselle glisse parfois et le bruit constant de l’eau qui coule résonne dans mes oreilles. Le soir venu, ma mission est encore une fois de découper des légumes pour le repas, et cette fois je travaille en compagnie d’un Blocard nommé Jessy. Cependant, il n’est pas très bavard, pas un mot ne sort de sa bouche depuis que nous sommes seuls. Son regard reste concentré sur sa tâche, et je sens une légère tension entre nous, comme s’il évaluait mes gestes. 

Alors qu’il s’éloigne pour aller chercher des condiments, Newt vient à ma rencontre. Je le sens avant même qu’il n’ouvre la bouche, sa présence apporte immédiatement une chaleur douce dans l’air autour de moi. Son parfum subtil flotte, mêlé à l’odeur des légumes et du pain chaud, et m’enveloppe d’une sensation de calme et de tension à la fois. Il tire doucement sur ma joue avec un sourire lumineux.

  • Félicitations, je vois que personne n’est mort empoisonné ce midi !
  • Aïe… hé hé ! souffle-je amusé, saisissant sa main pour qu’il cesse de m’embêter. Je lui adresse un sourire, mes yeux brillants : Je suis plutôt bon cuistot, d’après Fry. 

Je me fige un instant en pensant aux blagues de Fry et des autres cuistots aujourd’hui, leurs remarques grivoises et leurs éclats de rire. En cuisine, Newt ne se rend pas compte… mais il est une proie. Tous les regards étaient posés sur lui, sur son corps, sa façon de bouger, sur la douceur qu’il dégage. Et moi… moi qui ai ri, qui ai participé, qui ai laissé mes pensées dériver vers lui de façon… obscène, je me sens soudainement honteux. Newt s’accroupit légèrement pour que nos visages soient presque à la même hauteur, ses yeux noisette brillants d’une malice que je ne peux ignorer.

  • Ta première journée en cuisine se passe bien ? me demande-t-il, intrigué, sa voix douce faisant vibrer quelque chose dans ma poitrine.
  • Ça va… mais ce n’est pas ce que je veux faire, lui répondis-je, le regardant droit dans les yeux. Mes mots sont fermes, mais mon cœur bat plus vite, un mélange de nervosité et d’excitation.

Mais je détourne un instant les yeux, soutenant difficilement son regard envoûtant. Je me sens honteux de mes pensées. Putain, Thomas… t’as vraiment imaginé des trucs à propos de lui aujourd’hui. Il est si gentil, si innocent… et toi tu t’es laissé emporter par ton imagination. Stop. Respire. Concentre-toi sur la réalité. Il me sourit, légèrement amusé, et passe une main dans ses cheveux blonds, un geste si naturel qu’il m’obsède déjà.

  • Je vois… mais pour le moment, tu vas encore devoir attendre. Demain, je viendrai te réveiller pour huit heures. Tu passeras la journée avec moi. J’espère que tu aimes te salir ! Dit-il en tirant de nouveau sur ma joue.

Je ne peux m’empêcher de rire, attrapant ses mains pour qu’il arrête de me taquiner, tout en me relevant aussi.

  • Hé hé… arrête ! Ris-je, un peu étourdi par sa proximité. Et puis t’inquiète pas pour ça, je n’ai pas peur d’être sale !

Newt rit doucement, ses yeux pétillants et sa voix tendre font vibrer quelque chose au fond de moi, un mélange de désir confus et d’admiration qui me surprend lui-même.

  • Cool alors ! On se revoit plus tard, Tommy. conclut-il, m’adressant un petit clin d’œil qui fait battre mon cœur plus vite.
  • Ok… à plus tard, approuve-je joyeusement, me surprenant moi-même à sourire comme un idiot.

Je lâche ses mains et le regarde s’éloigner. Chaque pas qu’il fait semble laisser derrière lui une trace de chaleur, et je me surprends à le suivre du regard bien plus longtemps que nécessaire. Comme l’a dit Fry plusieurs fois aujourd’hui, Newt dégage quelque chose de spécial. Une sorte de magnétisme silencieux, mais puissant… Et moi… j’ai participé à ces blagues, j’ai ri avec eux, j’ai laissé mon esprit dériver vers lui… Je me sens mal à l’aise, coupable. Newt ne mérite pas ça. Il est si doux, si gentil… et tous ces regards, toutes ces remarques, moi y compris… je ne devrais pas. Il mérite qu’on le respecte. Même si… putain… je ne peux pas empêcher mon cœur et mon imagination de réagir… Et je crois que plus les jours passent, plus j’ai envie de le connaître davantage. Il est différent de tous les autres… il y a quelque chose de vraiment attirant chez lui… quelque chose que je ne peux pas expliquer, un mélange de douceur, de force tranquille et d’attention pour les autres. Son visage, presque enfantin mais plein d’intelligence, ses cheveux dorés qui captent la lumière, son corps mince et délicat… et ses petites fesses, oui… Je n'arrive pas à détacher mes yeux de cette partie de lui…  Mon esprit s’emballe et mon cœur s’accélère.  Mais je secoue légèrement la tête, essayant de chasser ces pensées, mais je sais déjà que c’est inutile. Une partie de moi veut le regarder encore, le toucher encore… et je ne comprends pas encore tout ce que cela signifie…

Et soudain, alors que je suis plongé dans mes pensées, je sens une main se glisser sur mes fesses…! Mon cœur s’emballe et la surprise me fait sursauter. Je pousse brutalement celle-ci et me retourne pour découvrir Jessy qui me regarde avec un sourire narquois, ses yeux pétillant d’un amusement malsain.

  • C’est quoi ton souci ?! m’exclame-je, la voix secouée par la colère et le dégoût, mes poings crispés
  • Bah quoi, Tommy… ? J’ai bien vu ton regard… Dit-il en tendant la main vers ma joue, que je repousse d’un geste brusque.
  • Quel regard ?!
  • T’as envie… je me trompe…? Hihi… rit-il sournoisement, comme s’il prenait plaisir à me provoquer.
  • Envie ? m’étonne-je, le visage brûlant, la colère et l’incrédulité se mêlant à un malaise physique que je ne comprends pas totalement.
  • Roh… ne fais pas ton gamin, Tommy…
  • M’appelle pas comme ça…! m’agace-je, les dents serrées, incapable de cacher ma tension.
  • Ah ouais ? Et pourquoi…? Il n’y a que ta petite chérie qui a le droit de t’appeler "Tommy", Tommy ? Me provoque-t-il, avançant d’un pas menaçant.
  • Ce… ce n’est pas ma chérie ! bafouille-je, un mélange de gêne et de colère me faisant rougir.
  • Ben voyons…! rétorque-t-il en souriant, s’approchant encore plus. Il n'aura pas fallu longtemps pour que Newt te mette dans son pieu, trois jours… Hein le nouveau ? Mais j'ai mieux à proposer…! 

Je sens mon estomac se nouer, une colère sourde et instinctive monte en moi :

  • J'en veux pas de ta proposition et je ne veux pas que tu m’appelles comme ça, car on ne se connaît pas ! argumente-je, tentant de garder ma voix calme malgré ma colère. 

Il se rapproche encore, sa main descend directement vers mon entre-jambe…! Je le repousse violemment en arrière, mon cœur battant la chamade.

  • T’es malade !? m’exclame-je, furieux, ma gorge serrée.
  • Eh bien, t’es plutôt bien bâti…! C’est appétissant…! glousse-t-il, son sourire tordu, comme s’il trouvait cela amusant.
  • Ne me touche plus jamais ! m'énerve-je, serrant les poings, mes doigts tremblants d’une colère incontrôlable.

Je sens la nausée me monter et une peur sourde : C’est quoi son problème à ce type ?! Il est complètement malade de me toucher comme ça ! S’il recommence, je ne suis pas sûr de pouvoir me retenir de le frapper…

  • Ok ok, j’ai compris… reprend-il, levant les mains. Mais tu devrais oublier avec Newt, tu ne l’auras jamais.
  • Je ne le veux pas…! réplique-je, hors de moi, mes joues en feu et mon cœur battant à tout rompre.
  • Ouais, ouais… c’est ce qu’ils disent tous au début, et après ils finissent par venir me voir…
  • Jamais je viendrais te voir ! Tu me dégoûtes !
  • Bien sûr… Ils m’ont tous dit ça aussi, mais même Alby n’a pas su résister…
  • Je ne suis pas Alby ! grogne-je, serrant les dents.
  • Non, c’est vrai… Tu as l’air bien mieux bâti qu’Alby, on dirait… Hihi ! glousse-t-il bêtement. Bon, je te laisse, Tommy…!
  • …!

Jessy saisit le plat de légumes découpés et part rejoindre Frypan, son sourire satisfait toujours accroché au visage. Moi, je reste complètement estomaqué par son comportement…! Ce type est vraiment un pervers ! Faut qu’il se fasse soigner, car là, c’est grave…! 

Cette fin de journée m’a épuisé et saoulé. Maintenant, je sais qu’il faut absolument que j’évite ce malade de Jessy… Moi qui pensais que tout le monde était cool en cuisine, je me suis trompé.  Agacé et pour ne plus penser à cette mésaventure, je me plonge dans mon travail. Après le dîner, je m’occupe de nettoyer la vaisselle, l’eau chaude me réchauffant les mains fatiguées et mon esprit vagabond vers le labyrinthe et ses mystères… 

Une fois ma dure journée de labeur terminée, je rejoins les dortoirs et découvre Chuck assis sur son lit en train de discuter avec Newt, qui, lui, est installé sur le mien. Ils semblent bien rire ensemble, et je ne peux m’empêcher de sourire légèrement. Le simple fait de les voir me réchauffe le cœur, mais je sens aussi cette sensation sourde me piquer : Newt… je veux comprendre pourquoi il me touche autant dans mes pensées… pourquoi je ressens ce que je ressens…

  • De quoi vous riez ? demande-je en les interrompant, le souffle encore un peu lourd de ma journée et l’esprit fatigué.
  • De toi, si tu veux tout savoir, me répond Newt avec un grand sourire malicieux, ses yeux noisette pétillant de malice.
  • Ah ouais ? Vachement sympa… souffle-je en venant m’asseoir à côté du blondinet, un mélange de gêne et d’amusement au creux de moi.
  • T’inquiète, on disait juste que tu ressemblais à une patate avec ton visage gonflé ! Ha ha ! se moque gentiment Chuck en riant, sa voix résonnant dans le dortoir.
  • Merci… merci… souffle-je, incapable de retenir un petit sourire malgré moi. Je sens mes joues s’échauffer légèrement.
  • Oooh… tu es susceptible, mon petit Tommy ? demande Newt en tirant doucement sur ma joue, son geste tendre et léger contrastant avec la fatigue qui m’accable.
  • Non, c’est bon, répondis-je, un sourire amusé aux lèvres. Je saisis sa main pour qu’il arrête de me tirer la joue, mais la garde précieusement dans la mienne. Me délectant de sa peau douce, de ses doigts fin… En fait, je suis vraiment crevé ce soir… souffle-je, laissant mes yeux se fermer un instant.
  • Qui a dit que c’était facile les cuisines ? me répond Newt avec un petit sourire en coin, retirant sa main, malheureusement pour moi, et s’appuyant contre le mur, détendu, comme si la fatigue glissait sur lui.
  • Pas moi… murmure-je en m’allongeant, épuisé, mon corps lourd s’enfonçant dans le matelas, chaque muscle vibrant encore de cette journée brûlante.
  • Je suis lessivé aussi ce soir ! soupire Chuck, se laissant tomber sur son lit avec un bruit mat, les draps frémissant sous son poids.
  • J’ai compris ! Je vous laisse vous reposer, reprend Newt en se redressant, sa silhouette élancée se découpant dans la lumière tamisée du dortoir. Ses cheveux blonds accrochent l’éclat orangé, comme un halo fragile autour de lui. À demain, les gars.
  • À demain, dis-t-on en chœur tandis que j’observe Newt s’éloigner, ses épaules fines oscillant légèrement… jusqu’à ce que sa silhouette disparaisse derrière les ombres.

Un silence retombe. L’air sent la paille chaude, la sueur, et un reste de soupe de midi. Chuck s’étire en grognant et s’installe à califourchon sur son matelas, puis, sans prévenir, il commence à raconter sa journée de labeur. En détail. Dans des longueurs infinies. Seulement moi… je ne suis plus là. Je revis chaque geste en cuisine… Chaque regard de Newt. Chaque sourire qu’il m’a offert… sans s’en rendre compte. Et ça me retourne. Sérieusement… Mais je songe aussi à toutes ses blagues, à Fry qui semble vraiment en pincer pour lui… Ça me serre l’estomac. Enfin, pas seulement Fry. Mais une bonne partie des Blocards de la cuisine. Bon, ok… il est gentil. Doux. Attentionné. Vraiment mignon… Mais quand même… Il est beaucoup désiré… Il y a un loup…? C'est pas possible autrement. 

  • Thomas ? Eh, Thomas ! Je sursaute un peu.  Chuck me fixe, les yeux ronds. Comment ça s’est passé, ta journée en cuisine ?

Je me gratte la nuque, un peu embarrassé. 

  • Super. Franchement. Mais… un peu… Salace… Avoue-je gêné. Évidemment, il éclate de rire.
  • Ah ouais, ça c’est les gars de la cuisine ! Ils n’arrêtent jamais ! Surtout Fry !
  • Ouais, confirme-je en souriant malgré moi. Mais… ce qui m’a surpris, c’est que les blagues de Fry… et des autres… tournent beaucoup autour de Newt… Souffle-je encore… contrarié…

Chuck lève les sourcils, comme si c’était la chose la plus évidente du monde.

  • En même temps, il est super mignon. Et gentil, en plus ! 

Je sens un petit feu rouge me monter sous la peau. Je hoche la tête, troublé. 

  • C’est vrai qu’il est mignon mais… quand même… On dirait une gazelle au milieu de lions… Fronce-je les sourcils tandis que Chuck explose de rire. 
  • Et de hyènes !
  • Ha ha ! Et qui est la hyène ? Je ris avec lui, secoué par son énergie.
  • Gally, par-dit ! me lance Chuck avant de replonger dans son oreiller, hilare.

C’est là qu’un poids s’abat soudain sur mon matelas. Je relève la tête : Dall, le second de Fry, avec qui j’ai bossé aujourd’hui, vient de s’asseoir sans gêne, son genou cognant presque le mien. Il a ce sourire insolent, un peu carnassier, celui qu’il arbore quand il raconte des ragots en coupant des oignons trop vite. Il passe un bras autour de mes épaules, comme si on était potes depuis dix ans.

  • Si la Gazelle est autant désirée, dit-il d’une voix basse et moqueuse, c’est bien de sa faute !

Je me tourne vers lui, les yeux écarquillés.

  • Ah bon ? Pourquoi ?

Dans ma tête, c’est un nœud. De sa faute ? Newt ? Impossible. Newt n’est pas… comme ça. Pas quelqu’un qui séduit volontairement. Il dégage quelque chose, oui, quelque chose de fragile… de lumineux… d’inévitable, mais jamais de calculé. Je n’arrive même pas à imaginer qu’il puisse provoquer tout ça exprès. Et pourtant… La façon dont Dall sourit… On dirait qu’il sait quelque chose que moi, je ne sais pas.

  • Pourquoi tu dis ça ? s’étonne aussi Chuck, intrigué.
  • C’est à cause d’un soir, il y a deux ans ! se lance Dall, tout content d’avoir un public aussi attentif. À l’époque, Clint et Jeff organisaient des soirées théâtre, histoire de passer le temps.

Chuck et moi échangeons un regard stupéfait. Des soirées théâtre ? Personne ne m’a jamais parlé de ça… Et j'ignorais que dans une telle situation on pouvait s’amuser à ça, mais remarque… Pour certains ici ça fait cinq ans…

  • Sérieux ? Mais trop bien ! s’enthousiasme Chuck en bondissant, les yeux brillant comme un gosse à qui on vient de promettre un festin.
  • Ouais, c’était la bonne époque ! reprend Dall, nostalgique. On s’organisait des jeux, des trucs en groupe les soirs. Mais bref, pour en revenir à Newt. Il reprend une respiration, dramatique. À la demande de Clint et Jeff, leur acteur principal étant malade, ils ont demandé à Newt de le remplacer. Sauf que Newt devait jouer le rôle… d’une nana !

Je sens la chaleur me grimper au visage. Une fille ? Newt… en fille ? Je visualise sans le vouloir et ça m’assomme… Ses épaules fines glissées sous du tissu coupé, sa taille mince ceinturée, ses cheveux blonds sous une perruque qui tombe peut-être jusqu’à ses reins…  Ses yeux doux, soulignés d’un trait sombre… Je n’aurais jamais dû imaginer ça… Et pourtant, c’est comme si mon esprit s’y vautre…

  • Vraiment ?! ricane Chuck en portant une main devant sa bouche pour étouffer son rire.
  • Ouais vraiment ! Ils l’ont habillé comme une fille, découpant des fringues pour en faire une robe. Ils l’ont maquillé, mis une perruque blonde… et hop ! Il est sorti devant nous comme ça. Et je peux te dire qu’il était très attirant… ricane lourdement Dall, les joues rosies par le souvenir.

Son rire… Sa façon de dire “très attirant”... Ça m’irrite, ça me pique, ça me brûle. Je ne sais même pas pourquoi. Comme si ce souvenir ne devrait appartenir à personne d’autre qu’à moi. Cette pensée me trouble encore plus… Je rougis, malgré moi, mais une pointe d’agacement serre mes traits. Je n’aime pas du tout le regard que Dall met sur Newt. Pas du tout…

  • Du coup, depuis, vu que dans l’esprit de tout le monde il est ce qui se rapproche le plus d’une fille, bah… il est très chassé par les lions ! reprend Dall en m’adressant un clin d’œil lourd, reprenant ma métaphore.

Je sens mon cœur battre un peu trop vite. Newt… chassé. Désiré. Observé. Fantasmé même ? L’idée me retourne, comme si une jalousie sourde, brute, inattendue remontait depuis un endroit de moi que je ne connaissais pas. Une gazelle au milieu des lions, oui. Mais moi ? Je commence à me demander dans quelle catégorie je tombe. Et surtout… Pourquoi j’ai soudain envie de protéger la gazelle de toutes ces dents qui glissent trop près d’elle ?

  • Je vois, murmure-je. Je comprends mieux pourquoi il y avait autant de blagues à son sujet…

Dall ricane, content de lui, les yeux plissés par un amusement presque malicieux.

  • Newt, c’est clairement le plus mignon des Blocards. Mais bon… il est inapprochable pour un blocard lambda.

Je relève la tête vers lui, le ventre soudain serré.

  • Pourquoi ? demande-je, un peu trop vite. Dall éclate de rire.
  • Bah déjà, t’as Fry dessus ! C’est mon Maton, donc je vais pas aller lui mettre des battons dans les roues !

Chuck intervient en faisant la moue :

  • Gally aussi…

Son regard s’assombrit un instant, comme s’il se souvenait de quelque chose de désagréable.

  • Ouais, Gally… et surtout Alby, ajoute Dall, sans même réaliser l’impact que ses mots ont sur moi.

Je reste un moment figé, les pensées emmêlées. Gally. Alby. Tous les deux… intéressés par Newt ? C'est évident bien que l'idée me serre la poitrine… C’est ridicule… mais ça m’agace. Ça m’agace vraiment… 

  • Juste parce qu’une fois il a joué une fille dans une pièce de théâtre… il est à ce point-là… chassé ? demande-je, la voix un peu sèche, presque agressive malgré moi.

Dall hausse les épaules, comme si c’était la chose la plus normale du monde.

  • Ça joue, ouais. Mais pas que. Newt, c’est… un blocard sympa, toujours impartial. Il nous défend face à Alby, il gueule quand y’a des injustices, et il est toujours de bonne humeur pour remonter les autres. Il marque une pause et reprend, plus sérieux : C’est un pilier ici. Et les piliers, ça attire. Puis il me donne une tape sur l’épaule en se relevant. En tout cas, moi, ça m’attire.

Son sourire lourd me suit comme une ombre alors qu’il retourne vers son lit. Je reste immobile, les pensées ravagées, étouffantes. Un pilier. Tout le monde l’aime. Tout le monde le veut. Et moi… je suis juste quelqu’un de plus dans cette masse de regards tournés vers lui. Je me laisse tomber dans mon lit, les yeux fixés sur le plafond, la respiration courte. Et malgré moi… je le revois. Newt, maquillé, en robe improvisée, une perruque blonde effleurant sa nuque. Ses yeux noisette soulignés, son sourire timide… La finesse de ses bras, la douceur de ses traits… Je n’aurais pas dû m’imaginer ça. Maintenant, ça brûle sous mes paupières… Chuck me dévisage, intrigué.

  • En tout cas, moi… si j’étais grand, je crois que je craquerais aussi pour Newt ! dit-il avec un naturel désarmant. Je souris faiblement.
  • Je te comprends…

Chuck fronce les sourcils, se redresse sur ses coudes et me fixe soudain avec un sérieux inhabituel.

  • Et toi, Thomas ? Tu craques pour Newt ?

Je sens mon cœur bondir contre ma cage thoracique. Une chaleur brutale remonte dans mes joues.

  • Hein ? Euh… non… non, pas craquer… bafouille-je, incapable de soutenir son regard. Je déglutis, la voix étranglée. Je… je l’apprécie beaucoup, c’est tout.

Et pourtant, même en disant ça… Je sens que je mens. Pas à Chuck. À moi-même… 

Chuck me fixe encore un instant, puis son visage s’illumine d’un petit sourire malicieux… mais étrangement sincère.

  • Moi je trouve que vous feriez un beau couple, lâche-t-il avec une simplicité désarmante, comme s’il venait juste de commenter la météo.

Je reste figé. Mon cœur rate un battement. Un couple. Newt… et moi… ? La pensée me traverse comme un éclair trop chaud, trop intime, trop réel. Elle me coupe la respiration… Chuck, lui, n’a pas conscience du chaos qu’il vient de déclencher. Il se contente de tirer sa couverture, de se rouler dedans comme un enfant fatigué, et ferme les yeux avec un bâillement tranquille.

  • Bonne nuit, Thomas… murmure-t-il.
  • Bonne nuit… souffle-je, la voix étranglée.

Je me tourne sur le côté, le matelas froid sous ma joue. Mais impossible de fermer l’œil. Les phrases de Dall tournent encore dans ma tête… celles de Chuck aussi… Et au milieu, comme un fil lumineux que je n’arrive pas à couper, le visage de Newt. Un beau couple… Je sens mon ventre se nouer, ma respiration s’attendrir. Impossible de dormir. Impossible d’arrêter d’y penser. Je ferme les yeux, complètement vidé, mais mes pensées ne cessent de tourner. Rapidement, je suis dérangé par les ronflements puissants de Chuck… Il a beau être jeune, il ronfle plus fort que certains autres Blocards. Mon esprit, malgré la fatigue, se met à ruminer. Et puis… une envie pressante me tire brusquement du lit. Je grogne, m’extirpant de mes couvertures et me dirige vers les sanitaires.

Une fois soulagé, je sors des toilettes et remarque au loin Newt, adossé contre le mur du dortoir, les bras croisés, son visage sérieux, concentré. Il semble immobile, mais quelque chose dans sa posture trahit une tension subtile. Devant lui, le chef des Coureurs, Minho, à le bras tendu près du visage de Newt et se penche légèrement vers lui, sa présence imposante occupant l’espace autour du blondinet. Le regard de Minho est fixe, déterminé, presque provocateur. Chaque mouvement, chaque inclinaison de son corps semble peser sur Newt, et mon cœur se serre. Je frissonne malgré moi : instinctivement, je ressens que ce n’est pas anodin. Minho l’embête, non, il le teste, il le pousse, mais il y a quelque chose de plus dans son attitude, un mélange de familiarité, de défi et d’exigence qui fait frémir mon estomac. Newt, lui, ne recule pas, mais je perçois dans son expression une légère crispation, une gêne subtile que seuls ceux qui le connaissent bien pourraient remarquer. Je m’approche doucement, chaque pas silencieux sur le sol froid résonnant à peine. Mon cœur tambourine, un mélange de nervosité et de jalousie. Je ne peux pas rester spectateur. Minho dépasse les limites à mes yeux, et je sens l’urgence de protéger Newt, de l’interrompre avant que quelque chose n’aille trop loin.

  • Newt, ça va… ? demande-je, la voix calme mais ferme, tandis que mes yeux passent du visage fermé de Minho à celui de Newt, cherchant à lire ses émotions, à comprendre ce qui se joue exactement.

Je retiens ma respiration, prêt à intervenir, le corps tendu comme si chaque seconde pouvait faire basculer la situation.  Les deux Matons me regardent, surpris, et Newt s’avance rapidement pour se placer entre l’asiatique et moi, ses yeux noisette fixant les miens avec une inquiétude contenue.

  • Tommy ? Qu’est-ce que tu fais là ? me demande-t-il, le visage crispé comme si j’interrompais une discussion sérieuse.

Je sens mon cœur s’emballer, un mélange d’adrénaline et d’inquiétude.

  • Bah… je suis allé aux toilettes… Puis je t’ai vu ici… Il n’y a pas de problème ? demande-je en  jetant un coup d’œil à l’asiatique.

Newt souffle, mal à l’aise, les sourcils froncés :

  • Non… non… Tout va bien. 

Je remarque l’asiatique froncer les sourcils, les mâchoires serrées, ses poings se crispent sur ses hanches.

  • C’est quoi son problème à ce tocard ?! grogne-t-il, visiblement en colère, avançant d’un pas lourd vers moi.

Mon instinct se tend. Je sens mon corps se raidir, prêt à reculer, à me défendre si nécessaire. Une pointe de peur monte dans ma poitrine.

  • T’inquiète, Minho, dit Newt, posant fermement sa main sur le torse du coureur pour l’empêcher d’avancer davantage. Tommy, on parlera demain, d’accord ?

Je hoche la tête, encore un peu crispé, mes yeux passant de l’un à l’autre.

  • T’es sûr… ? murmure-je, la voix légèrement tremblante malgré moi.
  • Oui, ça va, je te dis…! répond-il avec fermeté, ses yeux rencontrant les miens, me donnant un peu de courage.

Je souffle un peu, sentant la tension redescendre légèrement, et tente de me détendre.

  • Bon… ok. Je te laisse alors. Bonne nuit, dis-je, essayant de retrouver un ton calme.
  • Ouais, casse-toi la grosse tâche ! me lance le fameux Minho, sa voix emplie de rage et de mépris, alors qu’il recule enfin sous l’influence de Newt.
  • Viens par là, idiot, souffle Newt, entraînant l’asiatique avec lui, ses mouvements fermes mais précis, comme pour apaiser la situation.

Je les regarde s’éloigner, le cœur encore battant, une boule d’inquiétude nouée dans mon estomac. J’espère vraiment que Newt n’a pas de problème avec lui… Mais ce coureur a vraiment l’air dangereux, son regard me glace le sang… Putain… À ce rythme-là, je n’irai jamais dans le labyrinthe… Ça me désespère… Et maintenant, je m’inquiète pour Newt… Je sens mon cœur se serrer à cette idée, une colère et une peur confondues. Quelle soirée de merde… Je reste là, immobile, fixant la silhouette de Newt s’éloigner, ressentant une étrange tension entre l’inquiétude et le désir de le protéger…


Le lendemain…


Je sens quelque chose me chatouiller le nez… ça me tire de mon sommeil comme une secousse légère mais insistante. Les paupières à moitié closes, je distingue la silhouette de Newt au-dessus de moi, ses doigts fins faisant glisser une plume sur mon visage. L’air du dortoir est frais, et l’odeur de la paille mêlée à celle des Blocards encore endormis me chatouille les narines.

  • Newt… ? souffle-je, en frottant mon nez, ma voix rauque trahissant ma fatigue.
  • Enfin ! Tu as déjà oublié que je devais te réveiller à huit heures ? Dit-il avec un sourire espiègle, ses yeux noisette brillant d’une malice qui me fait presque oublier la somnolence.

Je soupire, complètement engourdi, mes muscles endoloris par une nuit trop courte. Mais mon cerveau rattrape rapidement les événements de la veille, et la peur que j’ai eue face à Minho me revient en plein cœur. Mon sang se met à battre plus vite. Je bondis hors du lit, mes draps tombant en désordre, et attrapent ses mains dans les miennes. La chaleur de sa peau contre la mienne me fait frissonner, tandis qu'il me regarde surpris. 

  • Newt, tu vas bien… ?! mon souffle s’accélère, un mélange de soulagement et d’adrénaline.
  • Bien-sûr, idiot… Dit-il en retirant ses mains pour me donner une petite tape sur la joue.
  • Aïe ! Pourquoi tu me tapes ? Dis-je moitié irritée, sentant la chaleur me monter aux joues.
  • À cause d’hier soir, gronde-t-il, ses yeux se plissant légèrement, trahissant sa contrariété.
  • Pourquoi ? Je m'inquiétais pour toi, j'ai pas le droit ? demande-je, sentant une boule d’inquiétude se former dans mon estomac.

Il souffle, visiblement contrarié, et se lève, ses mouvements fluides trahissant son calme naturel. Je le suis du regard, mes yeux captant chaque détail : la lumière du matin qui joue dans ses cheveux dorés, la courbe de sa mâchoire, l’élégance simple de sa posture.

  • Si mais c'est ça le problème… souffle-t-il en s’éloignant vers le réfectoire, sa voix douce mais ferme qui résonne dans mon esprit.

Je me précipite derrière lui, mon cœur battant, le souffle court, mes pensées tourbillonnant : Pourquoi cela l'agace t-il autant  ? En quoi c'est un problème que je m'inquiète pour lui ? 

  • Désolé d’avoir voulu m’assurer que tout allait bien pour toi... Quand je suis passé et que je t’ai vu avec lui penché sur toi… J’ai cru qu'il te faisait chier ! Ce n’est pas de ma faute… ma voix tremble légèrement, mais je tente de rester ferme.
  • Moi, je sais… mais lui, ça l’a rendu fou de rage. Tu comprends ? m’explique-t-il en s’arrêtant pour me fixer. Son regard noisette sur moi, sérieux et dur… Un frisson étrange parcourt mon dos… Je n’aime pas qu’il me regarde ainsi…
  • À ce point ? m’étonne-je, sentant mes muscles se tendre.
  • Oui… tu ne le connais pas… Il n'a vraiment pas aimé ton intervention… Et j'étais justement en train de lui parler de toi. Je lui demandais de te prendre comme coureur, mais le fait que tu penses qu'il était en train de m'agresser l'a vraiment refroidi… reprend-il son chemin, visiblement contrarié.

Putain de merde… Mon cœur se serre. J’ai peut-être raté une occasion hier. Minho pourrait refuser de me prendre maintenant… Mais immédiatement, une autre pensée me traverse : Non. Peu importe. Je ne regrette pas d’être intervenu pour protéger Newt. Si c’était à refaire, je le referais sans hésiter. Même si ça complique tout avec Minho… même si je me brûle les ailes.

  • Attends ! m’exclame-je en attrapant son bras pour le forcer à se tourner vers moi. Mon cœur bat à tout rompre, mes mains légèrement moites. Je ne regrette pas d'être intervenu hier soir. Si c’était à refaire, je le referais… pour m’assurer que tu es en sécurité.

Newt cligne des yeux, surpris, et un léger rouge colore ses joues. Je remarque ce détail et mon souffle se coupe un instant. Lentement, je glisse ma main jusqu’à la sienne, sentant sa peau douce contre mes doigts, et un frisson involontaire me parcourt.

  • Mais… dis-moi comment je peux me faire pardonner ? Je veux vraiment devenir coureur ! ajoute-je, ma voix trahissant une urgence sincère.
  • Tommy, laisse-moi faire, je parlerai à Minho. Je vais le convaincre de te prendre comme coureur, dit-il enserrant ma main. Ses doigts effleurent ma peau et provoquent un nouveau frisson que je peine à contrôler, me laissant à la fois troublé et incroyablement vivant.

Mais avant que je ne puisse répondre, un choc brutal me projette en arrière. Alby me bouscule et m’attrape par le col de mon t-shirt. Mon estomac se noue, mon souffle s’arrête, la colère et la peur se mêlant dans un mélange brûlant… Je ne comprends pas ce qu'il se passe. Ce qu'il me veut…?

  • Tu lui veux quoi à Newt ?! hurle-t-il, ses yeux noirs flamboyant de colère.
  • Quoi… ? bredouille-je, les mains crispées sur ses bras, le cœur battant à tout rompre.
  • Pourquoi tu l’attrapes violemment par le bras !? Qu’est-ce que tu lui veux ?! Pour qui tu te prends le nouveau ?! s’énerve-t-il pour rien… 
  • C’est bon, Alby ! Newt le repousse, se glissant entre nous avec une assurance qui me fait frissonner.

Je sens mon rythme cardiaque ralentir légèrement, mais mes muscles restent tendus, prêts à réagir. Je me relève derrière Newt qui fait face à Alby. Je sens sa force et sa présence qui me rassurent malgré la tension qui monte face à Alby… Car évidemment, je rentre dans une colère noire… Pour qui il se prend ? C’est pas comme si je l’avais malmené… ! J’ai juste attrapé son bras, l’arrêtant gentiment pour lui parler… ! Encore un Blocard jaloux et taré qui fantasme sur Newt, pensant qu’il lui appartient…

  • Je voulais juste lui parler, mais en quoi ça te regarde, toi ?! réplique-je, refusant de me laisser intimider, avançant d’un pas vers lui.
  • Je suis le Maton ici, je te rappelle, rétorque-t-il, le visage sombre et menaçant.
  • On discutait juste ! Je n’étais pas en train de l’agresser ! grogne-je, frustré, sentant la colère me brûler la poitrine.

Et puis, tout à coup, une pensée me frappe, plus calme mais lourde de compréhension : Putain… Je comprends mieux Minho, hier soir. La rage, la colère qu'on ressent quand on est accusé à tort… Je dois vraiment m’excuser auprès de lui. Il n’a fait que réagir pour se protéger d’accusation stupide, comme moi à cet instant. Et moi, je l’ai presque pris pour un ennemi… Je respire profondément, le cœur encore battant, et me jure de trouver un moyen de me racheter auprès de Minho, parce que je sais maintenant à quel point sa colère pouvait être sincère.

  • Ne t’avise plus de violenter des Blocards, ou je t’assure que tu vas le regretter, me menace-t-il, le doigt pointé sur moi.
  • Je ne violente personne ! m’exclame-je, mes poings serrés, le cœur battant dans ma poitrine, refusant de céder.
  • Je sais tout pour Jessy et maintenant je te surprends à attraper Newt violemment ! C’est la dernière fois, compris ?
  • Mais… quoi ? souffle-je, complètement dépassé. De quoi tu parles… ?!
  • Ne fais pas l’ignorant, le nouveau… gronde-t-il, avant de se tourner vers Newt. Puis, d’un ton plus calme : Newt, si jamais le nouveau t’embête, tu m’en parles, d’accord ?
  • Tommy ne m’embête pas ! s’énerve soudain Newt, chose inattendue.

Je sens une chaleur douce envahir ma poitrine. Il me protège… Il hausse le ton pour moi... Même si Alby est en colère, Newt se tient droit, les yeux clairs, son visage exprimant à la fois la contrariété et l’inquiétude.

  • Et puis, ça me fait doucement rire que tu veuilles punir Tommy parce qu’il m’attrape par le bras sans mauvaise intention, alors que tu n’as même pas puni Gally pour ce qu’il a fait ! continue-t-il, sa voix oscillant entre amusement et indignation. 
  • Tu connais Gally… Et puis c’est le nouveau qui l’a provoqué, se défend Alby surpris par le ton de Newt. 
  • Et c’est une raison franchement ?! s’époumone Newt, attirant les regards curieux des autres Blocards. Combien de temps tu vas fermer les yeux sur les actes de tes potes ? Hein ?! Le Alby que j’ai connu n’aurait jamais accepté ça…!
  • Pourquoi tu le prends comme ça !? Je voulais juste t’aider !! réplique Alby, la voix tendue.
  • Et bien abstiens-toi de le faire désormais…! conclut Newt furieux, son souffle court, les poings serrés.

Il m’attrape ensuite par le bras et me tire avec lui dans un coin plus tranquille. Son contact me fait frissonner, et je sens mon cœur battre à tout rompre. L’air est frais ici, chargé de l’odeur du matin et d’une pointe de poussière. Je ne peux m’empêcher d’admirer sa silhouette, la tension dans ses épaules, la lumière du soleil qui joue dans ses cheveux dorés. Et une fois seul, loin de tout, il se tourne vers moi et m’interroge sans attendre. Sa voix, un mélange d’inquiétude et de colère : 

  • Qu’est-ce que tu as fait à Jessy ? 
  • Mais rien ! me défend-je, le cœur battant, une chaleur étrange envahissant mon visage. C’est lui ! Ce type a dit que…!

Je m’arrête, incapable de lui dire toute la vérité, trop embarrassé. Mes joues brûlent rien qu’en y pensant.

  • Il t’a dit ? me demande-t-il, impatient, les bras croisés.
  • Enfin… il m’a tripoté et m’a fait des avances. Je l’ai évidemment repoussé ! m’exclame-je, dégoûté et furieux.
  • Quel con celui-là… marmonne-t-il, contrarié, les mâchoires serrées.
  • Tu me crois alors ? Espère-je. 
  • Bien sûr. Jessy est une vipère. Il m’a blessé et a aussi menti à mon sujet, alors ne t’inquiète pas… Je sais à qui on a affaire.
  • Il t’a blessé ? m’étonne-je, mes yeux s'écarquillent.
  • Oui, poussé pour être exact. Sauf qu’en tombant, je me suis blessé, m’explique-t-il, le regard sombre et la mâchoire crispée.
  • En effet c'est un connard… 
  • Tu l’as dit… confirme-t-il, un peu dépité. Bon, allez viens Tommy, on va déjeuner… dit-il tout triste. 
  • Je te suis, lui emboîte-je le pas. 

Alors que je marche derrière lui, mon esprit est en ébullition. Il faut vraiment que je me méfie de Jessy maintenant… ce type est imprévisible, manipulateur, et dangereux. Et Alby… lui aussi… sa jalousie et son autorité peuvent tout compliquer. Rien de tout ça ne présage quelque chose de bon. Un mélange d’inquiétude et de détermination me serre la poitrine. Il faut que je devienne coureur au plus vite, que je trouve un peu de liberté, un moyen de respirer loin de ce foutu Bloc. Mais heureusement, Newt est là… Sa présence me rassure, me donne un point d’ancrage, un refuge au milieu de tout ce chaos. Je pense aussi à Chuck, à Fry, à Winston… tous ces gens qui sont gentils, loyaux et sincères. Ce sont eux mes alliés. Il faudra absolument que je reste proche d’eux, apprendre à compter sur eux. Avec eux, peut-être que je pourrai survivre ici… et protéger ceux qui comptent vraiment.



Pendant tout le repas en tête-à-tête avec Newt, je sens le poids du regard d’Alby sur moi depuis l’autre table. Mon estomac se noue, mais je me surprends à voler des coups d’œil à Newt, à suivre ses gestes, à admirer la manière dont il parle, comment ses mains bougent légèrement quand il rit. Mon cœur bat trop vite, et je me demande combien de temps je pourrais encore résister à cette étrange attraction…

  • Alors, Tommy, tu tiens le coup avec tout ce chaos au Bloc ? me demande Newt, avec un petit sourire qui dissimule son inquiétude. Je rougis légèrement, mais je tente de répondre avec sérieux :
  • J’essaie de m’adapter, disons. Mais parfois, c’est… compliqué, surtout avec certains gars… Je ne sais pas trop comment gérer, lance-je un regard vers Alby et Gally qui mangent eux aussi en tête à tête. 

Il penche la tête, ses yeux noisette me scrutant avec une intensité douce mais troublante. Je détourne le regard, incapable de soutenir cet échange aussi intense et je sens mes joues chauffer…

  • Tu sais, Tommy… me dit-il doucement cherchant à me rassurer, me soutenir, m’épauler,, tu peux me faire confiance. On est amis désormais. Et Minho… il m’écoute. Je vais le convaincre, tu verras. 

Cette phrase me fait respirer un peu mieux, un poids se lève de mes épaules. Je souris sincèrement, et un mélange de gratitude et d’admiration me traverse. 

  • Merci… Newt… vraiment. Merci pour tout. Ça compte beaucoup pour moi, murmure-je, incapable de le dire assez fort.

Il me dévore des yeux, je sens son regard me parcourir, et je détourne rapidement le mien, le cœur battant, nerveux. Pourtant, je me surprends à sourire, heureux de se rapprochement avec le blond :

  • Mais, comment vas-tu le convaincre ? Il a l'air assez... fermé comme type… L’interroge-je. 

Il ricane, un rire doux qui me fait oublier un instant Alby et Jessy, tout le monde… Il pose sa joue contre sa main et répond : 

  • Ne t’en fais pas… Tu poses des questions intelligentes et tu écoutes, ça m’aide à te défendre. Minho apprécie ce genre de comportement. 
  • Je vois, lui souris-je. Sentant un espoir naissant dans ma poitrine. 

Je frôle sa main par réflexe en ramassant mon verre, et il sourit encore plus, ses yeux brillants. Je me sens ridicule mais heureux de l'avoir effleuré…

  • Tu sais… c’est agréable, ces moments… juste toi et moi, à parler… ça change de tout le reste… C'est reposant, me confie-je à lui. 

Il hoche la tête, son sourire tendre et la chaleur dans ses yeux me traversent comme un rayon de soleil.

  • Oui… et je suis content que tu sois là, Tommy. Même au milieu du Bloc, on peut se protéger un peu l’un l’autre.
  • Bien sûr, pose-je ma main sur la sienne comme une promesse. 

Il me sourit tendrement et je sens mes épaules se détendre. Pour un instant, il n’y a que nous deux, à se chamailler, se taquiner, se sourire. Les regards lourds du maton, Alby ou même Gally n’existent plus. Je profite de cette complicité, de cette amitié naissante, et je me sens vivant pour la première fois depuis longtemps dans ce foutu Bloc…



Une fois notre petit-déjeuner terminé, j’accompagne Newt jusqu’au jardin. La lumière du matin fait briller ses cheveux blonds et je ne peux pas m’empêcher de le dévorer du regard, encore une fois fasciné par la douceur de ses traits, le léger pli de son sourire, la façon dont ses yeux noisette pétillent d’une malice tranquille. On arrive devant Zart et les autres Scarleurs. Zart attire immédiatement mon attention : grand, blond, visage rond, yeux bleu clair pétillants, un ventre qui dépasse légèrement de son t-shirt, mais avec une gentillesse et une chaleur dans le regard qui le rendent très accueillant. Il me serre la main avec un sourire franc et sincère. Le reste du groupe est aussi sympathique, riant facilement et me faisant sentir intégré, mais je reste rivé sur Newt. Mon esprit refuse presque de se détourner, chaque geste, chaque sourire qu’il lance me captive.

  • Alors, comment trouves-tu le jardin ? me demande Newt, un léger sourire en coin, ses yeux brillants de curiosité.
  • C’est super. Sincèrement, réponds-je, incapable de masquer mon admiration. Je me sens bien quand je suis avec toi, et… enfin… c’est agréable d’avoir quelqu’un à qui parler ici, ajoute-je dans un souffle, les joues qui chauffent malgré moi.
  • Et c’est agréable de t’avoir là, bien que tu lambines un peu ! me taquine-t-il en m’envoyant un petit bout d’herbe.
  • Hey, j’te permets pas, proteste-je en lui renvoyant une poignée d’herbes mêlées. 

Mais dans le lot, une petite marguerite se détache et vient se perdre dans ses cheveux. Le contraste est presque magique. Je m’arrête un instant, frappé par la douceur de l’image. Je m’approche, lentement, comme si un geste trop brusque pouvait briser l’instant.

  • Attends… tu as une fleur dans les cheveux, murmure-je.
  • Par ta faute, sourit-il, faussement outré mais les yeux rieurs, tandis que mes doigts frôlent ses mèches blondes pour saisir la marguerite.

Son souffle effleure ma peau, à quelques centimètres du mien. Je sens la chaleur de son corps, presque imperceptible, mais suffisante pour faire trembler quelque chose en moi. Je garde la fleur entre mes doigts, la pétale fragile éclairée par le soleil filtrant à travers les arbres. Puis mon regard remonte, attiré par le sien… ce sourire léger, presque timide, qui me donne l’impression que le monde autour s’efface doucement. J’adore le voir me sourire ainsi… Et même si le métier de Scarleur n’a rien d’excitant, tirer les mauvaises herbes, vérifier les plants, se casser le dos au soleil, sa présence transforme tout. Avec lui, la terre semble moins lourde, l’air moins oppressant, le silence moins cruel. C’est surprenant, même déroutant, de se sentir aussi… vivant, ici. Dans cet endroit où tout devrait être étouffant, sans souvenirs, sans passé, enfermés comme des rats dans une cage géante, il parvient à rendre chaque minute un peu plus douce, un peu plus respirable. Comme si, simplement en existant près de moi, il réécrivait cet enfer en quelque chose de presque supportable.

La journée défile, et ensemble on discute de tout et de rien, on rigole, on se taquine. Mon cœur se sent léger, et chaque éclat de rire partagé avec lui renforce ce lien naissant. Mais dès que je tente d’aborder des sujets plus sérieux, Alby, Gally, les tensions… Newt se ferme légèrement, ses épaules se raidissent, son regard devient plus distant. Je fronce les sourcils, cherchant à comprendre. Qu’est-ce qui le ronge ? Qu’est-ce qui le fait se protéger comme ça ? Je veux l’aider, mais je ne sais pas comment. Je me dis qu’il faudra attendre encore un peu, gagner sa confiance, avant qu’il ne se livre vraiment.

À la pause déjeuner, on se dirige vers le réfectoire, étouffant sous la chaleur, impatients de profiter de l’ombre. Dès qu’on entre, l’odeur du ragoût de Frypan flotte dans l’air, un mélange de légumes, d’épices et de quelque chose d’indéfinissable, mais franchement appétissant quand on a travaillé toute la matinée. Chuck nous fait de grands signes depuis une table, tout content de nous voir arriver, déjà en train d’engloutir la moitié de son assiette.

  • Hé ! Venez là ! J’vous ai gardé des places ! s’exclame-t-il, fier comme s’il avait accompli un exploit.

On s’assoit à côté de lui, et à peine avons-nous touché nos cuillères qu’il commence à raconter sa matinée, les yeux brillants.

  • Vous savez pas ce qu’il m’est arrivé ! Ce matin, alors que je faisais le ménage dans la cuisine, j’ai aidé Frypan à couper les patates, et il m’a dit que j’étais « presque utile ». C’est un compliment, ça, non ? Et puis j’ai failli faire tomber le bac à eau dans les escaliers, mais je l’ai rattrapé de justesse comme un héros !

Il gesticule tellement qu’il manque de renverser son ragoût. Newt sourit, amusé, hochant doucement la tête. Moi, je ne peux pas m’empêcher de rire. Il parle avec une telle énergie, comme si chaque seconde de sa vie était une aventure incroyable. Et bizarrement, ça me fait du bien. Son enthousiasme, sa naïveté, sa façon de rendre tout plus léger… ça m’accroche au cœur.

  • Un jour, Thomas, je serai Coureur ! J’te jure ! Je courrai plus vite que Minho ! déclare-t-il, plein de fierté. Je lui ébouriffe les cheveux, un sourire involontaire aux lèvres.
  • On en reparlera quand t’arrêteras de te prendre les pieds dans les escaliers ! Le taquine-je. 

Il éclate de rire, pas vexé du tout. Et je sens, sans pouvoir l’expliquer, une vraie complicité naître entre nous. Comme s’il devenait peu à peu un petit frère un peu bruyant, un peu maladroit… mais profondément attachant. Newt observe la scène avec ce sourire tendre qui me réchauffe toujours la poitrine, comme s’il voyait là quelque chose de précieux, et qu’il en était heureux, lui aussi. Après cette parenthèse joyeuse partagée avec Chuck et Newt, nous quittons le réfectoire pour replonger sous le soleil brûlant du Bloc.

Et dans l’après-midi, un petit incident va me rapprocher encore plus de Newt. Alors qu’il transporte une corbeille de légumes, il trébuche sur une corde laissée sur le sol et tombe en avant. Instinctivement, je tente de le retenir, mais le poids de la corbeille et le sien nous entraînent tous les deux au sol. Les légumes roulent autour de nous, éclatant sur l’herbe. Je reste un instant immobile, posé sur lui, incapable de détourner les yeux. Mon corps réagit malgré moi, un frisson me parcourt et je me force à contrôler l’élan de désir brûlant qui menace de me submerger. Newt est étendu sous moi, ses cheveux blonds tombant sur son front, sa bouche fine et douce légèrement entrouverte, son corps mince et fragile, presque parfait, presque irréel… Je sens mes joues rougir violemment.

  • Aïe… Mince… Pardon, Tommy… souffle-t-il en tentant de se redresser.
  • T’inquiète… dis-je, me relevant doucement, le dos légèrement endolori.
  • Aïe…! fit-il en s’asseyant, posant ses mains sur sa cheville, visiblement douloureuse. 

Et immédiatement l’inquiétude me serre la poitrine. Aurais-je pu lui faire mal en lui tombant dessus…? 

  • Ça va ?! m’agenouille-je près de lui, ma voix trahit ma préoccupation. Tu as mal ?
  • Oui… une vieille blessure… murmure-t-il en grimaçant, serrant sa main sur sa cheville. 
  • Laisse-moi voir. dis-je en saisissant délicatement sa cheville, retirant sa main de force. Il marmonne, un peu gêné :
  • Non… Ça va, Tommy…

Mais je ne lui laisse pas le choix et observe attentivement. La peau est fine et pâle, presque translucide, et une longue cicatrice traverse son mollet jusqu’au pied, irrégulière mais impressionnante. Mes doigts glissent délicatement le long de cette ancienne blessure, et je rougis en me perdant un instant dans cette intimité involontaire.

  • Tu t’es fait ça comment ? souffle-je, fasciné par le contraste de sa fragilité et de sa force.

Newt détourne les yeux, mais je vois son petit menton trembler légèrement… Il refuse de répondre. Au lieu de se reposer, il tente de se lever, et je le vois chanceler.

  • Désolé… Je ne voulais pas être intrusif… M’excuse-je immédiatement. 
  • T’en fais pas, murmure-t-il, une petite moue se dessinant sur son visage. 

Mais à peine pose-t-il le pied au sol qu’il s’effondre de nouveau, un petit gémissement de douleur s’échappant de lui. Sans réfléchir, je le prends dans mes bras et le transporte jusqu’à un petit tronc d’arbre, à l’ombre, près de l’étang. Son corps contre le mien est léger comme une plume, et je sens chaque frisson qu’il ne peut réprimer.

  • Ça va Tommy… Pas besoin d’en faire autant… murmure-t-il, les joues rouges comme des braises.
  • Assieds-toi là. Lui ordonne-je doucement. Je reviens dans une seconde.

Je retire mon t-shirt, la chaleur muscle le geste, et l’air frais contre ma peau me fait frissonner. Ma peau mate boit la lumière du soleil, révélant les contours de mon torse : des pectoraux bien marqués, des muscles dessinés par les journées de travail, et un léger duvet de poils noirs qui suit la ligne de mon sternum. Je sens le regard de Newt se poser furtivement sur moi, comme un souffle, avant qu’il ne détourne les yeux. Je trempe mon t-shirt dans l’eau fraîche de l’étang, le tissu s’alourdissant entre mes doigts, puis je reviens vers lui. Je m’accroupis, le cœur battant un peu trop vite, et applique doucement le tissu humide sur sa cheville. Il sursaute à peine au contact glacé, puis un soupir de soulagement traverse ses lèvres, fragile, presque intime dans l’air brûlant autour de nous.

  • Ça va aller mieux avec le froid. lui dis-je en regardant son visage crispé, touché par la douleur.
  • T’en fais trop, Tommy… souffle-t-il, toujours gêné.
  • Mais non, souris-je, c’est normal de s’occuper d’un ami quand il est blessé, non ?
  • Je ne suis pas à l’agonie non plus. J’ai l’habitude que cette vieille cicatrice me fasse mal.
  • Habitude ou pas, repose-toi un instant, répondis-je avec un brin d’autorité.

Newt semble touché, les yeux brillants d’une émotion sincère. Je le regarde, et pour un instant, tout le reste disparaît : le Bloc, les regards curieux, les tensions. Même si nous nous connaissons à peine, je sais que lui et Chuck sont désormais mes vrais amis, et que je serai là pour lui comme il est là pour moi.

Je pose mon regard sur sa jambe et… je dois bien avouer que ses jambes sont aussi fines et délicates que celles d’une femme. La peau blanche, presque translucide, semble fragile sous mes yeux. Contrairement à moi, il n’a quasiment aucun poil, juste un léger duvet blond qui souligne sa finesse. Mon esprit commence à s’égarer, mais je reviens vite à la réalité et fixe cette cicatrice impressionnante. Pour en avoir une comme ça, il a dû vivre quelque chose de vraiment terrible…

  • Maintenant que j’ai fait l’effort de te porter, j’ai le droit à une réponse pour ça ? dis-je en relevant les yeux vers lui, essayant de garder un ton léger.
  • C’est une histoire compliquée… murmure-t-il, la voix à peine audible.
  • Je pense que toutes les histoires ici sont compliquées, réplique-je pour l’encourager à se confier.

Il hésite, mordillant sa lèvre, puis se lance :

  • Si tu veux vraiment savoir… je me suis fait ça dans le labyrinthe.
  • Un Griffeur ?! m’exclame-je, les yeux grands ouverts.
  • Non… dit Newt, détournant le regard. 

Mais je peux voir clairement la douleur dans ses yeux. Sa peine illumine ses traits si enfantins, si fragiles… Je sens mon cœur se serrer.

  • Newt… Souffle-je doucement, tendant la main pour attraper son menton et tourner son visage vers moi. Tu n’es pas obligé de m’en parler si tu n’en as pas envie.

Il inspire profondément et laisse tomber la bombe :

  • En fait, Tommy… au bout d’un an et demi enfermé ici… j’étais à bout de nerfs… et… j’ai voulu en finir… bêtement. Je suis parti dans le labyrinthe un matin, j’ai grimpé à un mur recouvert de lierre… et j’ai sauté dans le vide… M’avoue-t-il le ton lourd. 

Je reste bouche bée, incapable de parler. Lui… Newt… si jovial, si souriant… capable de vouloir en finir ? Mon cœur se serre, je me sens impuissant. Il devait souffrir tellement pour en arriver là…

  • Mais… comme tu peux le voir, je me suis loupé, reprend-il, les yeux humides, et je garde des séquelles de ma bêtise. Parfois, quand je force trop, j’ai mal.
  • Je vois… souffle-je, les yeux rivés sur lui, fasciné par sa fragilité et sa force en même temps.
  • Désolé de t’embêter avec mes histoires… murmure-t-il, gêné.
  • Ne dis pas n’importe quoi, réplique-je en serrant sa main dans la mienne. Tu ne m’embêtes pas du tout. Je suis touché que tu te sois confié à moi. Et puis… je suis même content que tu te sois loupé dans le labyrinthe. Sinon, je n’aurais jamais eu la chance de te rencontrer. Je lui souris doucement.
  • Tommy… souffle-t-il, les joues roses, le regard fuyant mais lumineux… Merci…
  • De rien… Serre-je sa main dans la mienne avant de lui demander : Ça va mieux ta cheville ? repris-je en retirant mon t-shirt.
  • Un peu, je pense, répond-il en posant son pied à terre avec délicatesse. 
  • Ouf alors ! Je suis rassuré ! dis-je en me redressant.
  • Pardon… à cause de moi ton t-shirt est trempé… grimace-t-il mal à l’aise. 
  • Arrête de t’en faire. Avec le soleil, il va sécher rapidement, souligne-je d’un ton désinvolte. 
  • C’est vrai, dit-il en tendant les mains vers moi. Tu m’aides à me lever ?
  • Bien sûr ! 

Je saisis ses mains et, par un petit mouvement brusque, je le tire vers moi. Il atterrit contre mon torse nu. Mon souffle se coupe un instant. Sa proximité me trouble, son odeur douce, ses cheveux blonds qui effleurent mon cou… Je dois me contrôler pour ne pas céder à ce désir brûlant. Il finit par se reculer légèrement et m’adresser un sourire timide.

  • Merci pour tout ça… Tommy.
  • De rien… dis-je, lâchant ses mains, le cœur battant.
  • On y retourne ? dit-il en marchant doucement pour ménager sa cheville.
  • Tu ne vas pas te reposer ? m’étonne-je.
  • Non, ça va mieux grâce à toi, me rassure-t-il en se penchant pour ramasser la corbeille que nous avions fait tomber plus tôt.
  • Ok, mais laisse-moi faire alors ! dis-je en prenant la corbeille à sa place.
  • Tu es trop gentil, Tommy, dit-il enfin avec un large sourire, ses yeux brillant d’une douceur qui me fait fondre.

La journée se poursuit ainsi, et je m’assure qu’il ménage sa cheville autant que possible. Chaque rire, chaque sourire qu’il m’offre est une victoire silencieuse pour moi, une bulle de chaleur dans ce Bloc parfois cruel.

Le soir venu, je le regarde rejoindre sa chambre de Maton pour se reposer. Moi, je m’allonge sur mon matelas, à côté de Chuck qui dort déjà profondément. Et moi, je reste là, le cœur lourd et léger à la fois, repensant à chaque moment passé avec Newt. Sa fragilité, sa beauté, sa douceur… tout en lui me trouble et m’obsède. Je ferme les yeux et je me surprends à sourire, déjà impatient de le retrouver demain, de continuer à découvrir ses secrets et à partager ces instants uniques.



Nouvelle journée, nouveau travail… et cette fois, je suis avec Chuck. J’avoue que Torcheur est sûrement le métier qui me tente le moins : nettoyer la merde des autres, ramasser le fumier, transporter le fumier, laver le linge des Blocards… Bref, un festival d’odeurs et de tâches ingrates. Rien de glorieux. Heureusement, Chuck est là. Avec lui, même la pire corvée devient un peu plus légère. Il a ce don incroyable pour transformer la moindre catastrophe en éclat de rire.

  • Regarde, Thomas ! On dirait presque une montagne ! s’exclame-t-il en montrant un tas de fumier deux fois plus grand que lui.
  • Pas vraiment non, souris-je en lui donnant une petite tape. C’est toi qui t’en occupes en tout cas.
  • Quoi ? Mais c’est injuste ! proteste-t-il, outré… avant de glisser exprès dans la terre mouillée et de m’éclabousser jusqu’aux genoux.

Je grogne, mais il éclate de rire, et forcément… je finis par rire aussi. Plus tard, alors qu’on transporte des sacs jusqu’à l’abri de stockage, Chuck me donne un coup de coude, les yeux brillants d’une idée dangereuse.

  • Hé… Tu penses qu’on peut faire une blague à Gally, qu’il marche dans du fumier frais… sans qu’il s’en rende compte, juste en sortant de sa douche ! Ça serait tellement drôle ! Je lève un sourcil.
  • Chuck… tu veux qu’on meure jeunes ?
  • Juste un petit truc ! Promis on se fait pas attraper !

Et contre toute logique, je le suis… On attend que Gally sorte de la douche. Chuck étale discrètement une fine traînée de fumier sombre sur une planche, à la sortie de la cabine… Et quand Gally sort, nu pied, furieux contre quelque chose comme d’habitude, Chuck chuchote :

  • Trois… deux… un…

Gally marche dessus. Un son humide “sploutch” résonne. et le rouquin s’arrête net, se penche, et fronce les sourcils.

  • Putain ! C’est quoi ce bordel ?! Qui a foutu ça ici ?!

Je retiens mon souffle en voyant son pied plein de merde... Chuck se mord l’intérieur de la joue à s’en faire saigner. Et miracle : Gally, dégoûté, essuie son pied contre une plante et repart en marmonnant. Dès qu’il disparaît au coin du mur, Chuck explose de rire, plié en deux. Je le suis aussitôt, incapable de m’arrêter.

  • Chuck… si on se fait griller un jour…!
  • J’assumerai, répond-il en gonflant la poitrine. Et je dirai que c’est toi l’idée.
  • Hé !
  • Bah quoi ? Tu fais plus sérieux que moi, ça passera mieux !

Je lui ébouriffe les cheveux, un sourire que je ne peux pas retenir accroché aux lèvres. Et malgré la puanteur, la fatigue, la chaleur… Je me rends compte que ces moments-là, avec lui, ont quelque chose de précieux. Une légèreté qui me manque. Une fraternité inattendue, sincère. Comme si Chuck devenait mon petit frère dans cet enfer, et que je ne sais même plus comment j’ai fait pour survivre sans lui avant. Chuck éclate de rire en essuyant ses mains pleines de boue.

  • En tout cas c’est vraiment bien fait pour Gally ! dit-il, tout content.
  • Tu le déteste, toi aussi ? l’interroge-je le ton plus sérieux. 

Il baisse un instant les yeux, sérieux pour la première fois depuis ce matin.

  • Ouais… un peu. C’est à cause de ce qu’il a fait à Newt. 

Je fronce les sourcils, sautant sur l’occasion pour tenter de savoir… 

  • Qu’est-ce qu’il lui a fait ?

Chuck secoue la tête. 

  • Je peux pas te dire… j’ai promis à Newt de rien dire. Mais crois-moi, c’est assez grave pour qu’il soit banni du Bloc.

Je cligne des yeux, surpris et un peu inquiet.

  • Banni ? On peut… être banni du Bloc ? Dans le labyrinthe ?

Chuck hoche la tête, sérieux.

  • Oui. Si quelqu’un commet un crime grave… il peut être banni. Et il ne revient jamais.

Je reste silencieux un instant, le goût amer de cette idée dans la gorge. Puis je regarde Chuck.

  • Et tu sais… qu’est-ce qu’on considère comme un crime grave ?

Il hausse les épaules avec un petit sourire énigmatique.

  • Suffisamment pour que personne ne veuille jamais te revoir ici… Et crois-moi, ce que Gally a fait à Newt, c’est… assez.

Je serre les poings, un mélange de colère et de protecteur qui monte en moi.  Chuck, lui, me regarde et sourit doucement :

  • T’inquiète pas, Thomas. On est là pour veiller sur ceux qu’on aime.

Je fronce les sourcils et souffle, inquiet :

  • J’aimerais bien savoir ce qu’il a fait à Newt… Je m’inquiète pour lui. 

Chuck secoue la tête et hausse les épaules, un petit sourire désolé aux lèvres.

  • Désolé, Thomas… Je ne peux pas en parler. Tu devrais demander à Newt lui-même.
  •  J’ai essayé… mais il refuse de me dire quoi que ce soit, répondis-je frustré. 

Mes pensées s’emballent malgré tout. Qu’est-ce qu’a bien pu faire Gally pour que Chuck parle de bannissement ? Ça doit être horrible… quelque chose de tellement grave qu’aucun autre Blocard ne pourrait le tolérer. Mon cœur se serre rien qu’à imaginer Newt, blessé, peut-être humilié, face à lui. Une colère sourde monte en moi. Encore une raison de plus de le haïr, de le détester profondément. Comment quelqu’un peut-il être aussi cruel ? 

Chuck tapote doucement mon épaule, comme pour me ramener à l’instant présent, et un petit sourire complice aux lèvres :

  • En tout cas… Gally méritait bien de marcher dans de la merde !

Je ne peux pas m’empêcher de sourire, malgré l’inquiétude qui serre ma poitrine. La farce est ridicule, mais j’adore cette légèreté que Chuck apporte même dans ce Bloc où tout semble lourd et pesant.

  • Allez, viens, ajoute-t-il en se levant. Fini de parler, on retourne travailler.

Il m’entraîne derrière lui, ses rires légers me donnant un peu de chaleur dans cette journée écrasée par le soleil et le travail. Et, une fois encore, je sens cette complicité fraternelle s’installer entre nous. Un petit frère dans ce chaos… quelqu’un sur qui je peux compter.

Le soir, je pars prendre une bonne douche, amplement méritée après cette dure journée de labeur. Il n’y a pas grand monde à cette heure, alors j’en profite pour rester un peu sous l’eau, laissant l’eau fraîche glisser sur ma peau chaude et mes muscles endoloris. Soudain, des gémissements provenant de la cabine voisine me tirent brutalement de mes songes. Un couple fait l’amour… Le son est clair et dérangeant, et je me sens profondément gêné. Mais mes pensées ne peuvent pas s’empêcher de vagabonder, et mon esprit se perd dans des images interdites… Je me surprends à imaginer Newt contre moi, dans cette même douche, nos corps s’entrelaçant avec une sauvagerie retenue par ma raison. Je rougis rien qu’à cette idée, un frisson étrange me parcourant le dos. Mais je ne dois pas y songer. C’est mal… Aussi, je termine ma douche rapidement, le cœur battant, et me retourne pour saisir ma serviette… mais elle n’est plus là. Ni mes vêtements. Quelqu’un est venu me les piquer ! Je reste un instant figé, totalement nu, le sang me montant au visage. L’idée de déranger le couple à côté me bloque. Je n’ai pas le choix : il faut que je retourne au dortoir comme ça…

Je me penche sur la pointe des pieds, avance le plus discrètement possible, sentant chaque battement de mon cœur résonner dans le silence, imaginant que le voleur éclate de rire quelque part. Presque arrivé à mon lit, je croise deux Blocards qui se dirigent vers moi. Sans réfléchir, je bondis dans la chambre d’un maton pour me cacher derrière une porte. J’attends, retenant ma respiration… mais une voix familière me fait sursauter :

  • Je crois que t’as perdu quelque chose, Tommy…
  • N… Newt ! 

Mon cœur rate un battement. Je me retourne brusquement, cachant immédiatement mon intimité avec mes mains, rouge de gêne. Il est là, assis tranquillement sur son lit, un livre à la main, me détaillant des pieds à la tête avec un sourire amusé. Ses yeux pétillent et je sens une chaleur familière m’envahir, malgré mon embarras.

  • On peut savoir ce que tu fais ? Hihi ! me demande-t-il en commençant à rire, moqueur.
  • Te moque pas ! réplique-je, un peu vexé, mais incapable de détacher mes yeux des siens.

Il me tend sa couverture, me jetant un regard malicieux.

  • Pourquoi tu es tout nu sérieux ?
  • On m’a volé mes fringues pendant que je prenais ma douche ! souffle-je, les joues en feu.

Newt éclate de rire, son corps tremblant légèrement, et je ne peux m’empêcher d’être un peu charmé par cette légèreté qui contraste avec ma gêne :

  • Ha ha !! Mais c’est trop drôle !
  • Te moque pas…! réplique-je en m’asseyant à côté de lui, incapable de rester distant malgré tout.
  • Haha…! Je ne peux pas faire autrement… Hihi ! dit-il, se tordant de rire.

Je me surprends à sourire malgré moi, son rire étant contagieux. J’ai du mal à ne pas me laisser emporter par la complicité de ce moment, malgré la honte de ma nudité. Doucement, je le tire par le bras pour le ramener face à moi :

  • T’as fini de te moquer ?
  • Hi hi ! Non…! Il n’y a qu’à toi que des trucs comme ça arrivent ! poursuit-il, amusé.
  • Ouais, bah j’espère que celui qui m’a piqué mes fringues rigole autant que toi.
  • Hi hi ! Oui, ça c’est très probable…! rigole-t-il encore.

Newt ne s’arrête pas de rire et je sens une chaleur étrange m’envahir, un mélange de gêne et d’attirance. Pour me venger de son rire, j’appuie doucement sur sa taille pour le chatouiller.

  • Arrête de te moquer ou je serais obligé de me venger ! le menace-je gentiment.
  • Hihihii… J’peux pas…! souffle-t-il en se tortillant de rire.
  • Tu l’auras voulu ! Hé hé !

Je m’attaque à sa taille à deux mains, continuant de le chatouiller. Nous chahutons quelques secondes, nos rires résonnant dans la chambre, jusqu’à ce que je plaque ses poignets contre le matelas, m’immobilisant au-dessus de lui. Je plonge mon regard dans le sien et mon cœur s’emballe. À cet instant précis, je sens une vague de bien-être et de désir m’envahir, un mélange de gêne et d’envie que je ne peux contrôler. Mon visage rougit, et mon entrejambe me brûle. Je reste bloqué à l’admirer, scrutant chaque détail de son visage enfantin, ses lèvres délicates qui s’étirent en un sourire espiègle. Une irrésistible envie de les goûter me traverse, mais Newt me ramène à la réalité :

  • Tommy, tu rêves ?
  • Oh… pardon ! Je me recule brusquement, bondissant du lit. Je vais chercher mes fringues… dis-je, mal à l’aise.
  • Tu me rapportes ma couverture quand tu auras retrouvé ton voleur ? me demande-t-il avec un petit sourire malicieux.
  • Ouais, t’inquiète et merci…!

Je quitte sa chambre, le cœur encore chamboulé par mes émotions, par cette envie soudaine et intense de l’embrasser, de le sentir près de moi… Je me sens complètement marteau… Heureusement que j’avais la couverture pour cacher cette envie honteuse… 

Arrivé enfin à mon lit, je découvre mes vêtements étalés dessus, et Chuck, mort de rire à côté.

  • Alors c’est toi qui m’as piqué mes fringues ?! m’exclame-je, pointant du doigt le petit farceur.
  • Oui !! Hahaha ! Il s’écroule de rire sur son lit, les larmes aux yeux.
  • C’est pas drôle ! Pourquoi t’as fait ça ?!
  • Je voulais te faire une blague ! C’était trop marrant de te voir courir tout nu dans le Bloc ! J’oublierai jamais ça Thomas !! Haha !
  • Ouais, vachement marrant ! Ne recommence plus jamais ! souffle-je en récupérant mes vêtements.
  • Rah la la ! Merci Thomas, tu m’as fait trop rire ! dit-il en essuyant ses yeux encore humides.
  • À mes dépens… 

Mais je ne peux m’empêcher de lui adresser un petit sourire. Malgré tout, cette petite farce m’a permis de profiter d’un moment de complicité avec Newt, de sentir ce lien naissant, tendre et troublant à la fois, et de mesurer combien sa présence me réchauffe malgré l’air lourd et poussiéreux du Bloc. Chuck, avec sa malice et son rire contagieux, m’offre une légèreté rare dans cet enfer quotidien, comme un petit frère que je protège et que j’ai appris à aimer presque aussitôt. Après quelques jours au Bloc, je commence enfin à comprendre son fonctionnement… les règles implicites, les tensions entre les garçons, et surtout ce que signifie être un Blocard. Chaque tâche, chaque interaction, chaque rire partagé devient une leçon. Mais surtout, je sais que je dois continuer à faire mes preuves, montrer que je suis capable de devenir Coureur, de survivre dans ce chaos, de me battre pour ceux qui me sont chers. Alors que je me glisse enfin dans mon lit, mon corps épuisé par la journée et mes muscles encore endoloris, je sens un calme apaisant m’envahir. Mon esprit est tranquille, débarrassé du tumulte du jour, et pourtant mes pensées restent éveillées, focalisées sur Newt, sur Chuck, sur ce qui nous attend demain. Je serre doucement la couverture contre moi, un sentiment de sécurité fragile mais réel, et je me promets intérieurement de tout faire pour les protéger, les soutenir et les aider autant que possible. Tout en fermant les yeux, je me sens déterminé, résolu : je sortirai d’ici. Je ferai tout pour trouver une issue, pour survivre, pour protéger ceux que j’aime, et pour mériter ma place en tant que Coureur. Lentement, mes paupières se ferment, et pour la première fois depuis longtemps, je m’endors avec l’esprit apaisé, mais le cœur battant d’une détermination nouvelle et farouche.





A suivre...!


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