Te repousser pour mieux t'aimer

Chapitre 2 : Chapitre 1 : Changement drastique

1945 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 04/11/2020 19:41

Chapitre 1

Changement drastique


Je m'appelle Enora, j'ai dix-neuf ans et je suis toujours au lycée.


J'avoue qu'il n'y a pas de quoi s'en vanter mais, ce n'est pas de ma faute si je ne suis pas faite pour les études. Étudier des dates et des formules jusqu'à onze heures du soir, très peu pour moi. Je préfère passer du temps avec mes amis. 

Et puis surtout, je suis bien plus attirée par le monde artistique comme la danse, le chant et, chose plutôt bizarre d'après mes parents, les sports de combat. J'adore le corps à corps.


J'ai une vie assez agréable, c'est vrai. Mes parents sont géniaux je sais c'est rare d'entendre ça , mes amis aussi et mon copain est incroyable. J'ai eu une enfance et une adolescence faciles. Je ne connais pas le malheur de la perte d'un proche, les amitiés ou les cœurs brisés. Les seules larmes que j'ai versées sont celles de mes caprices d'enfant. J'ai été gâtée par la vie sans jamais la remercier, ne me souciant que de mes proches et moi. Tant qu'ils sont là, les autres n'ont aucune d'importance, c'est comme s'ils n'existaient pas.


— Tu as bientôt fini Eno ? m'appelle ma mère.


— Oui j'arrive, je réponds en me regardant une dernière fois dans la glace.


Mes cheveux blonds sont trop nombreux et trop indomptables pour moi, même si mon petit-copain, Julian, me dit que ça me donne un air de rebelle craquant. Mes yeux bleu-vert m'énervent sans qu'il n'y ait de raison valable. Je suis assez petite, atteignant difficilement un mètre cinquante-cinq. Je n'ai donc pas été gâtée de ce côté-là non plus. Pourtant Julian aime ça, il dit que ça me donne un côté fragile et vulnérable, qu'on a envie de me protéger. Moi ça me donne surtout envie de mettre des talons pour m'agrandir un maximum mais bon, question de point de vue après tout.


Pour résumer, je ne suis pas un canon de beauté, je suis normale. Mais j'en suis contente, même si ça ne m'empêche pas de râler sur ma taille, mes cheveux ou mes yeux. Mes amis et ma famille m'aiment comme je suis alors peu importe ce que les autres en pensent.


Je sors de ma chambre et descends. J'embrasse mon père et ma mère avec enthousiasme et m'assieds pour déjeuner.


— Alors, commence mon père. Ce sont les derniers examens aujourd'hui, tu penses que tu vas t'en sortir ?


— Oui, je le sens bien cette année, je fais avec un grand sourire. Il le faut si je veux intégrer cette école de danse ! J'en rêve depuis tellement longtemps.


— Oui mais, faut-il encore que tu passes, se moque ma mère.


Je lui lance une mie de pain en riant. Rien ne peut me mettre de mauvaise humeur aujourd'hui. J'ai réussi tous les examens que j'ai passés jusqu'à présent. C'est la dernière ligne droite et je sens que je vais réussir, j'ai bien révisé — je me suis d'ailleurs étonnée — et j'ai même refait des exercices. Je me relève et pars en saluant mes parents qui sourient devant mon excitation. Je prends ma voiture et file au lycée, la musique à fond, chantant. Je me gare et je suis à peine sortie que mes amis arrivent pour me saluer.


Il y a Sarah, elle est adorable, toujours souriante et la joie de vivre éclaire son visage enfantin. Elle me serre dans ses bras comme si on ne s'était pas vues depuis des années. 


Il y a Antonio, un garçon marrant et un peu bizarre qui croit au surnaturel — genre les sorcières, les fantômes —, et qui me dit toujours que j'ai une aura plus puissante que celle des autres. Je n'ai jamais vraiment compris mais, il est vraiment gentil. On est amis depuis qu'il a remis à sa place cette garce de Setters qui m'avait collé un chewing-gum dans les cheveux en primaire. 


Et il y a Évangeline. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'elle est superficielle mais, elle sait qu'elle est belle et s'en sert souvent pour arriver à ses fins. Outre ce détail, il s'agit de la personne la plus gentille et généreuse que je connaisse.

Et derrière, il y a Julian. Mon premier amour. Je ne sais pas ce que je ferais sans lui, sans sa présence et son soutien dans tout ce que j'entreprends. Je sais cependant que peu de nos proches croient en la solidité de notre couple. D'après Antonio, mon aura et la sienne ne sont pas compatibles, j'ai besoin d'une relation plus forte, plus passionnelle, moins plate. Mais moi, elle me suffit amplement.


Il s'approche et m'enlace en m'embrassant sur le front. Je souris bien que surprise par cet accueil bien plus distant que d'habitude. 


— Allez, on a des examens à terminer, s'exclame Sarah en souriant.


On passe les épreuves et je pense bien m'en sortir. Une fois fini, il est convenu que nous allions tous prendre un verre pour fêter la fin des examens. Nous y retournerons sans doute à l'annonce des résultats. J'espère que cette année, ce sera pour fêter et non se consoler...


Je m'apprête à suivre mes amis à l'intérieur quand un Julian très nerveux me retient.


— Il faut qu'on parle, soupire-t-il.


Je n'aime pas cette phrase, ce n'est jamais bon. Mais j'acquiesce tout de même et le suis sur le banc. Il regarde droit devant lui, semblant chercher ses mots et moi, j'attends alors qu'une voix au fond de moi me dit que je connais la fin de l'histoire.


— Eno, j'ai choisi l'université où j'irais étudier l'année prochaine, dit-il.


— Et ? je lui demande sans comprendre où il veut en venir.


— Yale, soupire-t-il.


— Si loin, je m'exclame. Mais on s'était dit que...


— Je sais mais Yale, insiste-t-il. Je ne peux pas refuser ça, tu comprends ? Honnêtement, j'ai envoyé ma candidature pour satisfaire mes parents. Je ne pensais vraiment pas être retenu.


— Oui évidemment, je fais alors que mon esprit s'est mis en mode pause. Et nous ? je demande finalement.


Il détourne le regard, un air triste apparaît sur son doux visage. Moi, j'ai arrêté d'essayer de comprendre la situation. Mon cerveau me toise de la vitrine du verre et soulève un verre dans ma direction à la santé de ma naïveté.


— Je crois que... ce ne serait pas une mauvaise chose de faire une pause, annonce Julian.


— Je vois, je fais en voulant me lever.


— Enora s'il te plait, essaye de comprendre.


— Ce que je comprends c'est que tu baisses les bras avant même d'essayer, je rétorque calmement — ce qui est bizarre quand on me connaît. À moins que... ce ne soit qu'un prétexte ?


— Toi et moi, hésite-t-il. Ce n'est pas de l'amour à proprement parler, c'est surtout une grande affection et je crois que j'attends... plus.


— Je ne te suffis plus, je réalise avec la sensation de me prendre une baffe.


Il soupire et baisse la tête. J'ai la réponse à ma question. Je sens ma gorge se serrer et les larmes monter. Alors, par fierté, je tourne les talons et m'en vais, pour ne pas qu'il voie qu'il m'a fait mal.


 Je rentre à la maison, complètement vidée. À l'intérieur, je ne réponds pas à mes parents et monte directement dans ma chambre. Je me couche sur mon lit et respire calmement pour contrôler la fureur qui monte en moi. Je ne dois pas laisser la colère prendre le dessus, je risquerais de mettre le feu à la maison.


Seul Antonio est au courant de ce qui arrive lorsque je suis dépassée par mes émotions. Des phénomènes inexplicables, comme un feu qui se déclenche, un robinet qui éclate, une fenêtre qui se brise... ce genre de choses. Et parfois, il ne se passe rien. Le néant. Ce qui est assez frustrant. 


Ma mère entre dans ma chambre, inquiète.


— Quelque chose ne va pas ? Si ce sont les examens, tu sais comme tu as réussi les autres, tu auras juste des examens de rattrapage...


— C'est fini avec Julian, je la coupe.


— Ho, je vois, soupire-t-elle en venant s'installer sur le lit. Que s'est-il passé ?


— Il dit... Il dit qu'il part à Yale et que c'est mieux d'arrêter parce que lui et moi, ce n'est pas de l'amour, je débite d'un ton morne et peu convaincu.


— Et est-ce que ça l'était ? me demande-t-elle.


— Je n'en sais rien, lui et moi c'était une évidence. On a commencé à sortir ensemble dès qu'on a voulu expérimenter ce qu'était l'amour... Je ne sais plus vraiment. Peut-être qu'il a raison. Peut-être que c'est si difficile de dire au revoir parce que c'est mon ami et que j'ai beaucoup d'affection pour lui. Peut-être que je ne l'aime pas comme ça. Que c'était juste... facile ? Et, je suppose que j'ai aussi un peu peur d'être seule, je n'ai jamais été célibataire, je termine en soupirant.


— Tu es jeune, me rassure ma mère. Tu as le temps de trouver la personne avec qui tu partageras ta vie. Si ce n'est pas lui, ce sera un autre... ou une autre, fait-elle avec un sourire malicieux.


— J'adorerais voir votre tête à papa et toi si c'était une, je pouffe.


Elle rit en secouant la tête, me tapote la tête et sort de ma chambre en me disant de me reposer. C'est ce que je fais, je ne descends même pas manger, prends ma douche mets ma nuisette Hello Kitty — un vrai suicide social si quelqu'un me voit avec — et me couche en mettant les écouteurs de mon iPod dans mes oreilles. Je m'endors rapidement vers un sommeil sans rêves et je me félicite de ne pas avoir repensé à cette journée. Et d'avoir réussi à esquiver les appels répétitifs de mes amis.


***


J'ouvre difficilement les yeux mais, une fois ouverts, je les arrondis en me disant que finalement, je rêve. Je suis en pleine forêt et en plein délire aussi apparemment. Je me relève et me rends compte que je suis toujours en nuisette Hello Kitty. 

Mais qu'est-ce que je fais ici ? Je n'ai jamais vu un endroit pareil chez moi. Et je ne rêve jamais d'endroits que je ne connais pas. Et comme je déteste les forêts — trop de bestioles et d'araignées pour moi — je ne vois pas pourquoi je rêve de ça. À moins que ce ne soit un cauchemar.


Comme pour me donner raisons, des bruits de... sabots se font entendre et des hommes habillés bizarrement et couverts de saletés s'arrêtent devant moi. Le regard qu'ils posent sur moi ne me dit rien qui vaille. Je me pince discrètement pour me réveiller mais, je suis toujours là et je commence à paniquer. L'un d'eux descend et m'agrippe le bras pour me ramener contre lui alors que je m'éloigne et m'apprête à courir — stupide puisqu'ils sont à cheval.


— Regardez ce qu'on a là, raille celui-ci.


— On va enfin pouvoir s'amuser, rit un autre.


Je me débats et ils doivent en avoir marre puisque, tout à coup, je ressens une douleur à la tête et tout devient noir.

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