Te repousser pour mieux t'aimer

Chapitre 23 : Chapitre 22 : Sentiments avoués

3538 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 17/02/2021 00:15

Chapitre 22 :

Sentiments avoués.


Vous êtes-vous déjà réveillé avec l'impression bizarre que vous avez fait une connerie la vieille ? Oui ? Et bien dans ce cas, vous comprendrez sûrement mon état d'esprit actuel.


La lumière du jour empire encore mon mal de tête et je pousse un gémissement plaintif en plongeant ma tête dans mon oreiller. Mais il faut croire que ce n'est pas permis.


— Certainement pas Enora ! gronde la voix de Tristan.


— Te plaît, encore cinq minutes, je supplie en levant des yeux implorants vers lui.


— Tu ne m'auras pas, réplique-t-il en plissant des yeux.


Mais je sais que mes yeux larmoyants font déjà un peu effet alors j'attaque. Je lui prends le bras et l'oblige à se recoucher, m'installant sur son torse et plongeant mon visage dans son cou.


— Que fais-tu ? demande-t-il, sceptique.


— Câlin, je marmonne.


— Je ne fais pas de… câlin, réplique-t-il en prononçant le dernier mot comme une maladie contagieuse.


— Je ne le dirai à personne, alors maintenant tais-toi et serre-moi dans tes bras, j'ordonne en fermant les yeux.


Il soupire lourdement mais s'exécute, à ma grande satisfaction. Je soupire de bien-être en inspirant son odeur, frottant mon nez dans son cou comme un petit chaton.


— Tu as mal à la tête ? souffle-t-il.


— Oui, je réponds d'une petite voix.


— L'air frais te fera du bien, suggère-t-il


— Hum, je grommelle en me relevant avant de me détourner de lui. Je dois avoir une tête à faire peur, je soupire.


— Je ne trouve pas, sourit-il en me tournant vers lui.


Je lui souris en retour, sachant très bien qu'il ment mais touchée qu'il le fasse. Il a peut-être plus de tact que je ne le pensais finalement.


Tout ça parce qu'il flatte ton égo ?


Toujours vivante toi ?


Oui, pourquoi ? Je t'ai manqué ?


Pas le moins du monde. Je me disais simplement que tu avais été particulièrement silencieuse, un vrai repos.


Que voulais-tu que je te dise ? Que tu es complètement malade d'être partie avec les chevaliers ? Que ton plan était une forme de suicide organisé ?


Recommence à te taire !


Je deviens vraiment folle, il n'y a pas de doute là-dessus. Je me lève sur cette bonne pensée et m'habille. Nous sortons ensuite ensemble, Tristan me tirant à moitié alors que je ronchonne – il aurait pu me laisser la journée au lit pour une fois et il aurait pu rester avec moi, je nous aurais occupés, il n'aurait même pas vu le temps passer ! Et je ne parlais pas nécessairement d'une séance de câlins approfondis… Quoique.


Il me conduit chez Vanora et je me demande pendant un instant pourquoi il m'accompagne jusque-là. Mais il entre avec moi et j'ai la surprise de voir que tous les chevaliers sont présents. Quand ils se rendent compte de notre présence, tous les regards se portent sur moi. Une fille avec un égo surdimensionné pourrait croire que c'est parce que sa beauté est tellement incroyable qu'on ne voit qu'elle… Mais moi, je suis réaliste et une question que j'aurais dû me poser depuis le réveil me tombe dessus.


— Oh non, qu'est-ce que j'ai fait ? je geins en grimaçant sous leur regard goguenard.


— Je trouvais ça étrange que tu ne poses pas la question plus tôt, fait remarquer Tristan.


— De quoi te souviens-tu exactement ? demande Arthur.


— J'étais à la taverne, je récite en faisant fonctionner ma mémoire – déjà qu'elle défaille en temps normal. Bors m'a servi un verre… ou deux… ou plus. Quand j'ai senti que je commençais à être éméchée, j'ai pris un dernier verre mais… Il ne se vidait pas, je termine alors qu'un mal de tête me vrille le crane après toutes ses réflexions.


— Il ne se vidait pas ? demande Lancelot, perplexe.


J'avoue que pour le coup, je ne comprends pas plus que lui. Un verre se vide quand tu le bois, question de logique. C'est à ce moment que je vois Bors qui semble étrangement mal à l'aise et évite mon regard.


— Bors !? je m'exclame avant de grimacer sous la douleur en me traitant d'idiote.


— Oui, fait-il en me faisant un grand sourire innocent – mon sourire innocent.


— J'ai inventé ce sourire angélique Bors, je rétorque en plissant des yeux. Tu étais bien à côté de moi hier soir ?


— Pourquoi est-ce que c'est toujours moi le coupable quand il s'agit de boire ? se renfrogne-t-il.


On lui lance un regard éloquent et il se renfrogne. Renfrognement qui se transforme en grimace quand Vanora intervient pour la première fois.


— Est-ce que j'ai bien compris ? Tu as soûlé Enora ?


Elle lui lance un sale regard alors qu'il bafouille lamentablement une excuse que je ne comprends pas.


— On en reparlera ce soir, le prévient-elle alors que je fais un sourire sadique à un Bors grimaçant – il en sait plus que nous quant aux punitions de sa femme.


— Mais, sinon vous n'avez pas répondu, je reprends.


— Et bien, tu as été quelque peu agitée, tente Arthur alors que j'entends Lancelot essayer d'étouffer un rire – je sens que ça va faire mal.


Évidemment, la réaction de Lancelot me fait paniquer, alors des souvenirs pas très glorieux d’une autre époque remontent à la surface, bien que flous. Alors évidemment…


— Est-ce que je suis montée sur une table ? je demande avec anxiété.


— Non, réponds Gauvain avec lenteur en me regardant bizarrement.


— J'ai gardé tous mes vêtement en public ? je reprends.


— Malheureusement, rigole Lancelot. Aïe.


Je reste figée un moment, tout comme la plupart des chevaliers. On pourrait croire que c'est Vanora qui vient de balancer une claque à l'arrière de la tête de Lancelot. Ou moi. Ou Bors. Ou Dagonet. Ou… Ben en fait, n'importe lequel d'entre nous SAUF celui qui l'a fait. C'est-à-dire Tristan. Comprenez notre surprise, notre ébahissement, notre…


Oui, bon, on a compris l'essentiel, je crois.


Tout ça pour dire que la scène nous laisse tous sur le cul – pour être polie. Tristan ne nous prête pas attention, semblant vouloir assassiner son compagnon du regard alors que ce dernier grommelle comme un enfant privé de dessert. Gauvain se reprend le premier et me fixe en fronçant les sourcils avant de dire :


— Tu as chanté par contre.


— Ah, je laisse échapper alors que je blanchis légèrement.


— Oui, une histoire d'escargot qui ne voulait pas montrer ses cornes et que tu allais le dire à ton… papa, sourit-il narquois.


— Non, elle demandait à l'escargot de lui montrer ses cornes en le menaçant de prévenir son père s'il ne le faisait pas, le reprend Galahad avec sérieux. Et elle a pris Arthur pour le père en question.


— C'est pareil.


— Pas vraiment.


— D'accord, je souffle avec lenteur alors que Gauvain et Galahad partent dans un débat pour savoir qui a raison. Quoi d'autre ?


— Une chanson adressée à Bors, rit Gauvain en se retournant vers moi alors que celui-ci grimace. Tu l'as appelé Bouba mon petit ourson.


— Je vois. C'est… Tout ?


Ils se regardent tous l'un l'autre avant de me fixer et de dire en même temps :


— Oui.


Pourquoi j'ai l'impression qu'il me cache quelque chose ? Bah, ce n'est pas important de toute façon s'ils ne me le disent pas. Et non humiliant pour moi, sinon, ils se seraient fait un plaisir de me le dire. Pourtant il semble me souvenir vaguement de Blondie… Comment je sais qu'elle s'appelle Félicie ? Ou alors j'ai inventé ? Et pourquoi le nom de Gertrude me trotte en tête ? Et pourquoi celle-ci me fait autant souffrir ? Je jure que Bors va me le payer.


La journée reprend alors le même rythme habituel. Moi avec Vanora et les enfants pendant que les chevaliers s'occupent à Dieu sait quoi. Je fais plus ample connaissance avec le petit numéro onze et tombe sous le charme. Il est tout simplement adorable même si ma préférence va toujours au numéro dix qui a repris sa place dans mes bras. Un retour à la normale en quelque sorte, même si je préférerais que ce retour se fasse à la maison…


Point de vue Eric.


Enora. Ce nom est la première chose qui me vient à l'esprit quand je me réveille. J'ai parfois l'impression de ne penser qu'à elle. Sa douceur, sa beauté, son rire et surtout ses yeux. Ses yeux si expressifs à la couleur indéfinissable dans lesquels demeurent tant d'amour… Pour un autre. Elle ne m'aime pas, je le sais, pourtant, je l'aime au point de pouvoir mourir pour elle. Elle ne le sait pas mais, avant de la rencontrer, j'étais encore perdu dans le deuil. Celle que je devais épouser était morte de maladie et si je n'en étais pas vraiment amoureux, elle était une amie. Sa mort a été un choc. Quand vous prévoyez un avenir avec quelqu'un mais que cette personne disparaît, que vous reste-t-il ? J'avais déjà perdu ma famille et il a fallu que je perde aussi ma seule amie.


Et puis, Enora est arrivée. Une fille étrange qui n'hésite pas à dire ce qu'elle pense et ce peu importe les conséquences. Je l'ai remarquée dès son arrivée mais, elle était trop bien entourée pour que je ne puisse l'approcher. Et même si elle ne l'avait pas été, je ne pense pas que je l'aurais fait. J'ai été… Subjugué, paralysé devant elle. Elle n'est pourtant pas la fille la plus jolie que j'aie pu rencontrer mais il se dégageait d'elle une chose qui faisait qu'on ne pouvait que la remarquer. Un éblouissement.


Quand je l'ai entendue chanter, seule contre cette arbre, je n'ai tout d'abord rien dit, paralysé de nouveau. Et puis, finalement, j'ai trouvé le courage de l'aborder. Je la dérangeais, je l'ai vu mais ça m'amusait. Je n'avais plus été amusé par quoi que ce soit depuis la mort de mon amie et, voilà qu'elle arrive et réussit à me faire sourire sans que je ne connaisse son nom.


J'ai aimé la mettre en colère. Voir le rougissement s'étendre sur ses joues délicates, ses yeux s'obscurcir et s'emplir d'éclairs, voir son sourire vainqueur quand elle m'a battu à mon propre jeu, la voir s'offusquer comme une enfant face à mes blagues. Et j'ai aimé la voir s'amuser en embêtant le chevalier, me faisant participer, la voir s'amuser comme une enfant, si proche de moi mais pourtant inaccessible. Elle a fait battre mon cœur pour la première fois, j'ai recherché sa présence sans même m'en rendre compte au début. Elle me manquait dès qu'elle se trouvait loin et son image quittait de plus en plus difficilement mes pensées. Je tendais l'oreille dès que j'entendais prononcer son nom et me rendais à la taverne plus souvent que de coutume juste pour la voir.


Plus le temps passait, plus je découvrais à quel point elle était étonnante et plus ma tendresse pour elle prenait de l'ampleur jusqu'à se transformer en amour. Je la voyais, la vois toujours, si proche du chevalier Tristan et la douleur qui m'a serré le cœur en les voyant a été ma révélation autant que ma condamnation. Je l'aimais mais elle appartenait déjà à un autre.


Je me suis tout d'abord fustigé de ne pas m'être rendu compte de mes sentiments plus tôt, de ne pas avoir saisi ma chance avant lui mais, à force de réflexion, j'ai compris. J'ai compris qu'elle lui appartient depuis longtemps, même avant d'arriver au mur peut-être. Dès le début, j'ai vu son regard le détailler tout autant qu'il le faisait sans qu'elle ne le voie. J'ai vu la douleur dans ses beaux yeux quand il laissait une autre l'approcher et j'ai vu la jalousie dévastatrice de celui-ci lorsqu'elle se trouvait près de moi. Mais j'ai voulu ne rien voir, j'ai voulu ne pas intercepter toutes ces choses pour garder l'illusion que, peut-être, je pourrais avoir ma chance de la faire m'aimer comme je l'aime.


Illusion, c'est le mot. Elle ne veut pas de mon amour, elle m'a presque supplié de lui dire que je ne l'aimais pas. Mon amour la ferait souffrir et j'en souffre encore plus. La voir avec lui, les voir se sourire, se toucher me lacère le cœur, mais que faire ? Elle l'aime et en semble heureuse et c'est comme ça que je souhaite la voir peu importe avec qui, finalement.


Mais plus le temps passe, plus le besoin de le lui dire se fait sentir. Je sais que je n'ai aucune chance et je sais que cela risquerait de détruire notre amitié mais, je ne peux continuer à garder ça pour moi. Il faut qu'elle sache même si la situation restera inchangée. Il faut que je lui dise que je l'aime, que je pose ne serait-ce qu'une fois mes lèvres sur les siennes.


Deux mains se posent sur mes yeux et son odeur enivre déjà mes sens alors que sa douce voix parvient à mes oreilles.


— Devine qui c'est.


— Une jeune fille qui risque d'avoir des ennuis à se coller comme ça à un homme, je la taquine.


J'entends son rire alors que ses mains se retirent et que son corps s'éloigne. Cette distance est douloureuse et je combats la force qui me pousse à la plaquer contre moi encore une fois. Je me tourne vers elle, ses grands yeux me fixent, rieurs et je lui souris.


— Je suis content de te voir entière, j'avoue.


— Je suis revenue hier mais je ne t'ai pas vu, confie-t-elle. Comment ça se fait ?


Que lui dire ? Que j'ai dû attendre avant de la voir parce que si je l'avais vue aussitôt son retour annoncé, je n'aurais pu contrôler mon soulagement et l'aurait prise dans mes bras avant de l'embrasser ? Je ne le peux alors, je dis simplement :


— Je n'ai pas eu le temps de passer à la taverne. Alors, tout s'est bien passé ?


— Oui, acquiesce-t-elle mais, son regard s'assombrit un peu. Je t'assure, reprend-t-elle en me souriant, voyant mon hésitation. Tout s'est bien passé.


— C'est tout ce qui compte, j'approuve. Où sont les autres chevaliers ?


Ils ne la quittent que rarement, il y en a toujours un avec elle ou la femme du plus costaud. Mais, elle sait que je demande surtout où est le Chevalier Tristan.


— Ils ne devraient plus tarder, réplique-t-elle en haussant les épaules.


Ça aussi me fait souffrir. Elle fait semblant de ne porter qu'un moindre intérêt au chevalier, haussant les épaules avec désinvolture mais, j'ai remarqué son regard se portant à l'entrée, guettant son arrivée comme l'on guette l'autre moitié de soi pour aller s'y raccorder, la séparation étant trop douloureuse.


— Bon, je vais travailler, s'écrie-t-elle avec enthousiasme, me posant un baiser sur la joue avant de s'en aller.


Ce simple contact me fait frémir et fait battre mon cœur plus fort. Se rend-t-elle compte d'à quel point ses gestes sont inconvenants ? Sûrement pas. Et elle est tellement adorable que personne ne peut lui en vouloir, moi encore moins que les autres. Elle est d'un naturel tendre et n'hésite pas à démontrer sa tendresse aux bénéficiaires. Je devrais en être heureux car, elle éprouve sans nul doute de la tendresse pour moi mais, ne m'aime pas comme moi je l'aime.


Je secoue la tête. Être son ami, devrait être bien assez mais… Je dois lui dire. Il faut qu'elle sache, je ne comprends pas ce besoin inutile mais, même si je sais que ça ne changera rien, je dois lui dire.


Les chevaliers arrivent et la lueur revient dans les yeux d'Enora quand elle voit l'homme qu'elle aime. Il lui sourit discrètement. Il l'aime aussi malgré ce qu'elle semble croire. Ça se voit, se sent. Et c'est d'autant plus douloureux. Je me raccroche au fait qu'elle est heureuse et que c'est ainsi que ça doit être mais… C'est dur.


— Tu n'arriveras pas à les séparer.


Je me tourne vers la voix. Il s'agit de Félicie, la jeune femme qu'Enora appelle « Blondie ». Elle me regarde avec compassion, regardant un instant le chevalier.


— Ils reviendront toujours l'un vers l'autre, continue-t-elle.


— Je sais, je confie.


— Et si tu continues de la regarder de cette manière, Tristan risque de vraiment perdre patience, ajoute-t-elle en me souriant.


Nous nous comprenons tous les deux, vivons la même situation. Il nous arrive de discuter, de temps à autre, c'est une fille bien. Elle me jauge un instant avant de froncer les sourcils et de soupirer.


— Tu vas lui dire ? demande-t-elle.


— Oui, je réponds avec détermination.


— Tu sais que cela ne changera rien, n'est-ce pas ?


— Oui.


— Alors pourquoi ?


— Je le dois.


Je n'ai pas d'explication précise, je sais juste qu'il faut que je le fasse. Je ne peux pas continuer à mentir. Je me lève alors avec empressement, ça doit être fait.


— Ce n'est pas une bonne idée de le faire maintenant, panique Félicie. Tristan est là, il va se douter de quelque chose !


— Je vais nous éloigner, je réponds simplement.


Je m'avance vers Enora alors qu'elle remet un plateau en soupirant, parlant avec Vanora. Elle me sent arriver et se tourne vers moi.


— Tu as besoin de quelque chose ? demande-t-elle gentiment.


— Est-ce que je pourrais te parler un instant ?


— Maintenant ? Je travaille Eric.


— Vas-y, intervient Vanora. Je peux rester seule un instant.


Enora regarde Vanora puis finalement acquiesce. Nous passons près de la table des chevaliers et je sens le regard meurtrier du chevalier Tristan mais, je ne m'en soucie guère, je prépare intérieurement ce que je vais lui dire et me prépare également à sa réaction qui tourne autour du rejet évidemment. Elle me suit alors que je nous éloigne et je la sens nerveuse.


— Que se passe-t-il ? demande-t-elle quand je m'arrête.


— J'avais besoin de te parler, je confie.


— Je t'écoute.


— Tu aimes le chevalier Tristan, n'est-ce pas ?


— Et bien…, bredouille-t-elle, prise au dépourvu. Oui, évidemment. Pourquoi ?


— Que ressens-tu pour moi ? je souffle en la regardant dans les yeux.


Ses yeux s'écarquillent sous le choc alors qu'elle cherche une raison à ma question et je résiste de toutes mes forces pour ne pas poser mes lèvres sur les siennes. Ce qui m’éviterait un discours quelconque.


— Tu es mon ami, répond-t-elle. Mais pour… Eric, proteste-t-elle en me regardant, commençant à comprendre.


Je m'approche, prenant son visage entre mes mains. Elle ferme les yeux en secouant la tête.


— Il faut que je te le dise…


— Ne fais pas ça, supplie-t-elle.


— J'espère que tu pourras me pardonner…


— Il n'y a rien à pardonner parce qu'il n'y a rien à dire, s'emporte-t-elle en essayant de se dégager.


— Enora…


— Eric je t'en prie tais-toi, s'écrie-t-elle.


— Je t'aime.


— Tu ne peux pas dire ça ! Arrête…


Je la coupe en posant enfin mes lèvres sur les siennes avec une infinie tendresse pour la seule et unique fois. Mon cœur vole en éclat, c'est comme une libération de la sentir si près de moi, dans mes bras. Comme si la douleur causée par cet amour à sens unique disparaissait. Mais cela ne peut durer alors je la relâche et m'écarte. Elle s'est figée, prenant enfin toute la mesure de mes paroles. Ses yeux grands ouverts s'emplissent de larmes alors qu'elle me fixe. Des larmes qui ne couleront jamais, du moins pas devant moi car, il n'est pas dans sa nature de se laisser aller aux larmes devant les autres.

Un fracas retentissant la sort de sa torpeur et nous nous tournons vers le bruit.


Pov Enora.


Je me sens perdue, il n'a pas pu faire ça. Dites-moi que ce n'est pas réel, il ne peut pas m'aimer. Julian ne m'aimait pas pourquoi lui m'aimerait ?


Julian et Eric sont deux personnes différentes. Ce n'est pas parce que l'un ne t'aimait pas qu'il en sera de même pour lui.


Oui, je le sais, maintenant je le sais. Je me suis voilé la face mais, comment aurais-je pu le deviner ? Il est mon ami. Il ne devrait pas m'aimer. Dès l'instant où il a ouvert la bouche, j'ai su que quelque chose n'allait pas. Puis, ces questions sur mes sentiments ont amené l'évidence mais, je n'ai pas voulu entendre, pas voulu savoir jusqu'à ce que ses lèvres atterrissent sur les miennes. Je ne peux plus nier, cette fois il l'a dit, l'a montré. Il m'aime et… Moi non, pas comme ça.


Je n'arrive pas à réagir, à donner un sens à mes pensées, à ce qui vient de se passer. Il ne s'est pas écoulé cinq secondes quand un fracas retentissant me sort de ma torpeur et nous nous tournons vers le bruit.


Oh non !


***

Merci à BakApple pour sa correction.

Laisser un commentaire ?