L'elfe Noire et la Communauté de l'Anneau

Chapitre 14 : L'entrée de la Moria

1166 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 24/05/2019 19:22

La Communauté fit donc une pause au pied du lac, alors que Gandalf cherchait le mot de passe permettant d’ouvrir la montagne. Eliana avait déjà entendu parler de cette porte moitié naine, moitié elfique, faite quand les deux races vivaient encore en paix. Mais ses yeux d’immortelle ne l’avaient encore jamais vu. Au fond d’elle, elle ressentait une certaine excitation. Elle allait découvrir le royaume qui avait commercé avec ses ancêtres ! Sa fébrilité n’échappa pas à Legolas, mais il se contenta de la regarder de son regard bleuté insondable. Juste derrière lui, Aragorn et Sam disaient au revoir à Bill, le Rôdeur assurant à son compagnon que le petit poney saurait retrouver la route de Fondcombe sans danger. L’héritier d’Isildur se tourna ensuite vers la princesse, la tirant de sa contemplation.


« Eliana ? Ne serait-il pas temps de dire au revoir à votre cheval ?

-Les adieux ne sont jamais d’actualité avec Shaylan. Mon cheval est un descendant des Mearas, il n’a pas besoin de moi pour savoir quoi faire. Seul lui peut décider du chemin qu’il va suivre. Mais s’il choisit de partir et de contourner la Moria, soyez sûr qu’il nous retrouvera à l’extérieur. Si nous nous en sortons indemnes… »


Cette dernière phrase, prononcée en elfique afin de réduire le champ des personnes pouvant la comprendre, rendit Aragorn et Legolas encore plus graves qu’ils ne l’étaient déjà. Depuis la menace du magicien blanc, les deux amis avaient remarqué que la jeune princesse était beaucoup plus renfermée. Elle paraissait moins sereine, malgré la promesse qu’ils lui avaient faite de la protéger des dangers qu’elle encourrait. Plus d’une fois, Legolas l’avait surpris en train de serrer contre son cœur le pendentif qui ne quittait jamais son cou. Malgré leur proximité naissante, il n’avait pas encore trouvé le courage de lui demander ce que le symbole porté par la chaîne signifiait.


Il fallut plusieurs bonnes minutes et l’intervention de Frodon pour que la porte de la Moria se dévoile à leurs yeux. Mais alors qu’ils allaient y pénétrer, l’elfe brune remarqua que la surface de l’eau ondulait. Pourtant, aucun vent, aucune brise, ne venait toucher le liquide. Elle serra la main sur la garde de son poignard avant de suivre ses compagnons.


La Moria était sombre. Trop sombre. Aucune torche n’était allumée pour accompagner les visiteurs jusqu’aux salles principales. Aucuns gardes ne venaient les accueillir. Dans cette pénombre menaçante, Eliana sentait le danger. Un danger venu d’ailleurs. D’un monde ancien, oublié. Les mines de la Moria semblaient connaître des heures bien noires. Distraitement, la princesse entendit Gimli vanter les mérites d’un banquet. Elle venait de distinguer quelque chose. Legolas, qui était à ses côtés, se tendit imperceptiblement lorsqu’il suivit son regard. Un corps était étendu, une flèche fichée dans la poitrine.


« Ce n’est pas une mine… C’est un tombeau. »


La voix de Boromir résuma parfaitement ce que pensaient les deux elfes. Alors que Gimli se perdait dans un long cri déchirant, Eliana sentit soudain le danger approcher. Elle eut à peine le temps de se retourner pour voir un tentacule emporter Frodon. Aussitôt, Aragorn et Boromir se jetèrent dans le lac afin de trancher tout ce qui se trouvait à leur portée et de libérer leur camarade. La princesse, imitant Legolas, tira des flèches de son carquois et visa le monstre, cherchant à atteindre les points vitaux qui le ferait lâcher sa proie. Une fois que cela fut fait, les deux elfes se chargèrent de couvrir les arrières de leurs compagnons.


Malheureusement, le monstre fut plus rapide que ce qu’ils croyaient. Alors que deux de ses tentacules commençaient à provoquer un éboulement de la porte, un troisième attrapa soudainement la jambe droite de la princesse des Nimrôls. Le bruit de sa chute alerta Legolas et Aragorn. La voyant en mauvaise posture, le prince de la Forêt Noire tenta de se précipiter vers elle, son poignard à la main, sans se soucier des pierres qui risquaient de le toucher à tout moment.


« Non Prince Legolas ! »


Le cri d’Eliana fit se retourner le reste de la Communauté alors que la jeune elfe se sentait inexorablement entrainée vers l’étendue d’eau. Son exclamation n’avait pas infléchi la détermination de son compagnon à venir la sauver, malgré Boromir qui tentait laborieusement de le retenir. Malgré les pierres qui lui labouraient les côtes et la force du monstre, la jeune femme tenta de résister le plus possible pour avoir le temps de leur crier.


« Ne vous occupez pas de moi. Continuez à travers la Moria. Vous devez détruire l’anneau quoi qu’il puisse arriver ! »


Les pierres avaient maintenant presque rebouchées l’entrée de la mine. Mais la princesse voyait toujours les visages défaits du reste de la Communauté, et plus particulièrement d’Aragorn et Legolas. Difficilement, sans se préoccuper de la douleur, elle tenta de leur sourire une dernière fois.


« Continuez votre quête, mes amis. Vous avez juré à Frodon de l’accompagner. Ne déviez pas de ce chemin pour moi. Ma route va sûrement s’arrêter ici. Mais peut-être est-ce mieux ainsi. Mourir au fond d’un lac est encore préférable au sort que Saroumane me réservait. »


La dernière chose que vit Eliana fut les beaux yeux du prince elfique, qui semblaient luire de désespoir. Quand la dernière pierre fut tombée, elle cessa de résister. La force du monstre était phénoménale et la douleur qu’elle ressentait au niveau des côtes et du bassin, sûrement dû aux pierres coupantes qui se trouvaient sur la berge et qui entaillaient son corps, l’affaiblissait de plus en plus. Elle savait pertinemment que désormais, elle ne pouvait plus lutter.


Alors, elle laissa le monstre l’entraîner dans les profondeurs du lac. Quand ses yeux rencontrèrent pour la dernière fois un élément à la surface, ils se posèrent sur le défilé par lequel ils étaient arrivés. Un léger sourire flotta sur ses lèvres alors qu’elle fermait les yeux et qu’elle coulait doucement, entrainée par le poids de la bête. Elle allait mourir, certes. Mais elle mourrait chez elle, sur la terre de ses ancêtres.


La dernière chose dont elle se souvint avant de sombrer fut un regard insondable aux couleurs de l’océan.


Quelque part tout au sud de la Terre du Milieu, un cri déchirant s'éleva.

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