Un Peuple Oublié

Chapitre 2 : Chapitre 1 _ La rencontre

2948 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 11/06/2020 15:37

6 jours.

Cela faisait 6 jours.

6 jours à passer seule dans une forêt qui ne lui était pas franchement accueillante, à attendre le retour d'un magicien trop têtu.

Elle connaissait Gandalf depuis l'enfance, et cela commençait à remonter...

Il avait connu sa mère avant elle, l'avait aidé alors que personne ne le voulait, et toutes deux lui devaient la vie.

Il n'était pas toujours présent bien sur, mais chaque fois qu'elle en avait eut besoin, il s'était montré. Elle était là aujourd'hui pour lui prouver que le contraire était également vrai, et s’exempter de la dette qu'elle lui avait toujours due. Comme une épée de Damoclès qui trottait au dessus de sa tête depuis bien trop longtemps, elle avait sauté sur l'occasion de s'en défaire...


Puis, ce n'est pas comme si elle avait un tas d'autre chose à faire, enfait, ni un tas d'autres amis à voir, puisqu'elle n'en avait pas. Que ce vieux ronchon à la barbe grise, qu'elle avait toujours connu.

Ce n'était pas qu'ils étaient proches et aimaient bavarder au clair de lune, non, c'était comme la promesse silencieuse d'une personne sur qui elle pourrait toujours compter.

Alors aujourd'hui, elle était là à son tour. Sans poser de question, elle avait répondu à son appel. Et voila qu'elle attendait en ronchonnant seule, depuis déjà 6 jours de trop.

Elle avait retrouvé le magicien aux abords de la forêt qui bordait Fondcombe. Il lui avait alors expliqué la situation, le retour de l'anneau, et le fait de devoir le détruire, dans les flammes de la montagne du destin. Il comptait sur elle pour accompagner celui qui serait désigné pour le porter et le défendre au péril de sa vie. Il savait que c'était une lourde responsabilité, mais après l'avoir déjà vu au combat, elle était, d'après lui, la personne la plus qualifiée pour cette quête.

Ils étaient alors allés à Fondcombe, de nuit selon le souhait de Gandalf afin qu'aucun des elfes Celestes qui y vivaient ne puissent s'offusquer de sa présence. Elle n'était pas la bienvenue, et en avait parfaitement conscience. Elrond lui même, avait eu du mal à contenir son dégoût en la voyant.

Parmi tous les peuples de cette terre, il n'y avait que les Hommes, les seuls à avoir oublié, qui leur faisaient bon accueil. Ils ne faisaient même plus la différence entre un Celeste et un Sindar, de toute façon, alors une elfe Noire...

Après une discussion interminable et pour le moins animée, tous les trois étaient parvenus à négocier sa place, auprès de celui qui irait porter l'anneau en Mordor, à la condition que Gandalf reste nuit et jour à leurs cotés, "au cas ou".

Les motivations de la jeune elfe avaient d'abord paru bien suspectes au seigneur des lieux, mais après avoir expliqué ses raisons, en long et en large, argumentant, il avait fini par respecter son choix. Cependant, se doutant que les autres elfes ne seraient pas aussi conciliants, il leur avait semblé préférable qu'elle aille attendre l'arrivée de Gandalf et du porteur de l'anneau quand celui ci serait désigné, au-delà des frontières de la cité.

Cela faisait donc 6 jours qu'elle attendait patiemment, et ce n'était pas vraiment sa qualité principale. Elle avait néanmoins toute confiance en son magicien, et si les choses ne s'étaient pas déroulées comme prévu, il aurait fait en sorte de la tenir informée. Elle passait donc le temps comme elle le pouvait, explorant les recoins de la forêt, chassant, s'entraînant à l'arc, visitant les alentours, sans cesse à l'affût du moindre bruit qui lui annoncerait l'approche du porteur de l'anneau.

Elle avait toujours le besoin de bouger, de se battre, se dépenser, elle ne supportait pas l'immobilité. Et encore moins de demeurer dans l'attente, sa curiosité et son impulsivité naturelle la mettait d'une humeur de ouargue depuis plusieurs jours.



A l'aube du septième jour, alors qu'elle était entrain d'affûter ses lames, assise sur une souche, dans l'espoir de s'en servir sous peu, un frisson lui parcourut l'échine. A peine eut-elle le temps de relever la tête, qu'elle sentit le froid de l'acier contre son cou.

Lentement, levant les mains en signe de soumission, elle se releva, pour faire face à son agresseur. Se maudissant de n'avoir rien entendu, elle réfléchit rapidement. Son agresseur avait échappé à son ouïe pourtant elfique et cela signifiait que ce ne pouvait être .... Qu'un elfe.

Il la toisait, et elle vit de la surprise passer dans ses yeux quand il la découvrit. Il était légèrement plus grand, quelques centimètres à peine, svelte, évidemment, comme tous ceux de sa race. Sa longue chevelure d'un blond blanc était ordonnée, et agrémentée d'une tresse de chaque coté de son crane, signe distinctif qu'il était un guerrier. Ses yeux étaient d'un bleu profond.

Aucun doute qu'il s'agissait là d'un Sindar.

Elle ne prit pas le temps de se demander ce qu'il faisait là, remarquant qu'il la jugeait de son coté, elle ne put s'empêcher de le trouver magnifique. Evidemment, c'était un elfe. Mais sa beauté n'était pas habituelle, elle était froide, glaciale, et lui donnait un air sauvage, et qui en même temps imposait le respect.

- Que fait une elfe seule au-delà des frontières de son peuple ? 

Il avait dit ces mots sur un ton hivernal, presque accusateur, en parfait accord avec le froid et la méfiance qu'il dégageait.

Se sentant agressée, elle attaqua à son tour, afin de lui faire ravaler son air hautain.

- Mon peuple n'a pas de frontière.

-Vous voilà enfin !

Elle se retourna rapidement, soulagée de voir Gandalf apparaître dans son champ de vision, ainsi que d'autres spectateurs, qu'elle n'avait jamais vu.

-Gandalf ! Commença-t-elle avec un sourire doux dans sa direction. Je vous serais reconnaissante de rappeler votre chien de garde, avant qu'il n'essaie de me mordre.

A sa grande surprise, un rire grave s'éleva alors du groupe, et elle ne mit pas longtemps à comprendre qu'il venait du nain.

-Je vois que vous avez déjà fait la connaissance de Legolas, fils de Thranduil, prince de la forêt Noire. Et qui devrait d'ailleurs baisser son arme. Dit le magicien avec un ton plein de sous entendus et de reproches.

Elle regarda alors son agresseur, et vit que sa bouche était tordue dans une expression de colère, ce qui lui arracha un sourire de provocation.

- Naé, laissez moi vous présentez les membres de cette communauté.

-Communauté ?

-Il semblerait que cette cause tienne à cœur à plus de gens que je ne pouvais l'espérer. Voici donc Frodon Sacquet, porteur de l'anneau ainsi que Sam Gamegi, son garde du corps.

-Son jardinier ! Reprit Sam, fièrement

-Nous avons également Peregrin Touque, et son cousin, Meriadoc Brandebouc, tous les quatre jeunes et courageux hobbits, originaires de la Comté, d'où ils n'étaient d'ailleurs, jamais partis.

Chacun d'entre eux la regardait fixement, et avait baissé la tête pour la saluer lorsque Gandalf prononçait leurs noms.

-Voici Boromir, fils de Denethor, l'intendant du Gondor.

-Madame, la salua-t-il en baissant la tête.

-Gimli, fils de Gloin. Et Aragorn, fils d'Arathorn.

Gandalf avait marqué un arrêt, comme s'il hésitait à continuer et à dévoiler le vrai rôle du rôdeur, mais avant qu'il ne puisse décider, il fut couper par l'elfe.

-Et à qui avons nous l'honneur?

-Cher membre de cette compagnie, je vous présente l'esprit féminin qu'il nous manquait, Naé. Venue autrefois des monts Brumeux.

Il avait prononcé ces paroles avec un calme qu'il voulait rassurant, mais elle devina qu'il redoutait la réaction de ses protégés, plus particulièrement de l'elfe.

-Des monts Brumeux ? C'est une plaisanterie Gandalf ?

-Pourquoi dites vous cela ? Boromir semblait réellement surprit de sa réaction.

-Une elfe Noire n'a pas sa place parmi nous. Parmi aucun autre peuple d'ailleurs.

Son ton était haineux, catégorique, et il avait presque craché ces derniers mots. Le méprit qu'elle lut dans son regard lui fit l'effet d'un coup de poing, bien qu'elle y était pourtant habituée depuis longtemps.

-Bien que je ne cautionne pas votre réaction, Legolas, je m'y attendais. Mais je ne vous permets pas de remettre en doute mes décisions. Les motivations de Naé sont aussi louables que les vôtres. L'assentiment du seigneur Elrond a également été donné. Et puis ce n'est pas au prince de Mirkwood, que je vais apprendre la valeur d'un elfe Noire durant une bataille, hum ?

Legolas ne répondit pas, mais tous le monde vit qu'il fulminait. Ses yeux tout à l'heure si clairs étaient devenus orageux, et sans un mot, il s'éloigna, la main toujours posée sur le manche de son poignard. Voyant que les regards étaient braqués sur elle, Naé s'avança donc en direction du premier semi homme qui lui avait été présenté.

-Je sais que mes ancêtres ont commit des erreurs, et que pour cela, ils méritent la colère de chacun, mais y comprit la mienne. Je ne peux être jugée aujourd'hui en fonction de leurs actes jadis. Elle surprit Aragorn entrain de la fixer intensément, et vit dans ses yeux qu'il comprenait. Et si, Frodon Sacquet, vous êtes à présent l'espoir d'une quelconque rédemption, je vous offre ma vie.

Elle s'était mise à genoux et avait prononcé ses paroles de façon solennelle, preuve de son engagement, et fut surprise de sentir une petite main lui soulever le menton.

-Merci, lui répondit-il, simplement d'un ton empli de douceur. Il lui adressa un sourire sincère, qu'elle lui rendit en se relevant.

-Bien, maintenant que la question est réglée, peut être pouvons nous nous remettre en route ! Dit Gandalf, heureux de voir que l'intégration de sa protégée était une réussite auprès de tous. De presque tous ...



La journée passa rapidement, ils marchaient à un rythme soutenu, dont personne ne se plaignait. La bonne humeur les accompagnait, chacun étant heureux de participer à cette quête, qui semblait à tous si importante, si ce n'est Legolas, qui n'avait pas dit mot de la journée. Ils faisaient quelques fois de courtes pauses, afin que les hobbits reprennent leurs souffles. Ils étaient moins endurant que les autres, mais cela n'avait rien d'étonnant. Ce n'étaient ni des guerriers, ni des aventuriers.

Naé restait en retrait, comme à son habitude silencieuse, elle avait passé du temps à étudier chacun de ses compagnons en détail, essayant d'en apprendre plus sur eux dans leurs attitudes ou leurs paroles. Après tout ils se connaissaient tous depuis quelques jours déjà et elle arrivait comme une fleur au milieu de cela. Son but n'était pas de s'intégrer à cette troupe non. Si personne ne lui parlait cela lui irait très bien, elle était là pour se battre et puis c'est tout. Ça lui allait d'ailleurs plutôt pas mal, après tout, d'avoir un but. Mais elle ne put s'empêcher de se forger un avis sur chacun d'entre eux.


Merry et Pipin étaient de bons vivants, toujours prêt à faire une blague, et toujours la faim au ventre. Ils lui faisaient penser à deux enfants, aveugles à tous dangers. Ils parlaient beaucoup, et étaient sans doute les moins endurants. Elle voyait la fatigue qui s'installait à chacun de leurs pas, mais malgré tout, ils ne se plaignaient pas.

Frodon était plus distant, plus solitaire, sans doute les forces de l'anneau jouaient un rôle sur ses pensées, mais il semblait apte à y résister. Du moins pour le moment.

Sam était très protecteur avec lui, lui demandant régulièrement comment il allait, semblant attentif à la sûreté de ses pas. Comment un jardinier pouvait-il en arriver là? Cette pensée lui arracha un sourire en coin.

Gimli, était le portrait typique du nain. Rire tonitruant et blagues loufoques, il semblait détester l'elfe blondinet, et rien que pour cela, elle l'appréciait déjà.

Boromir, quant à lui, était un bel homme et facile à lire. Le genre de soldat qui ne se plaignait pas, qui suivait les autres sans discuter, sans doute prêt à se sacrifier, laissant parler ses émotions. Le bon capitaine, admirablement dévoué envers son peuple.

Aragorn, était plus mystérieux. Très discret et difficile à cerner. Sa beauté était profonde. Il n'ouvrait pas souvent la bouche, mais souriait de bon cœur lorsque les circonstances s'y prêtaient. Se dégageait de lui quelque chose de lourd, comme s'il imposait le respect à ceux qui l'entouraient.

Legolas n'avait pas été très présent de la journée. Il partait la plupart du temps seul, en éclaireur, vérifier les environs, tandis qu'elle même s'était placée à l'arrière du convoi, fermant la marche.


Ce n'est que lorsque le Soleil commença à disparaître que Gandalf leur fit signe de s'arrêter.

Les hobbits s'écroulèrent littéralement sur le sol, trop heureux d'enfin pouvoir faire une pause.

Leurs petites jambes étaient bien engourdies, et Merry ne put retenir une grimace en pensant aux courbatures qui l'attendaient le lendemain.

Néanmoins, chacun s'était fait une fierté à ne pas se plaindre, ne pas réclamer de pause, ou quelque chose à grignoter.

Boromir s'était chargé d'emporter des vivres avant de partir, et ce soir là, ils n'eurent donc pas besoin d'aller chasser.

Le silence régnait sur la compagnie, les plus bavards étant trop fatigués pour avoir envie de converser, ils mangèrent sans dire un mot. Un feu fut préparé pour les réchauffer, et lorsque Naé se proposa pour monter la garde, les hobbits protestèrent.

-Les elfes dorment très peu, vous savez. Leur apprit le magicien.

-Un autre don fait à notre peuple pour pouvoir admirer plus longtemps la lumière des étoiles., renchérit-elle.

Ils sombrèrent alors vite dans le sommeil, suivit de près par Gimli.

Elle resta près d'eux une bonne partie de la nuit, les détaillant à la lumière du feu, puis, lorsque celui ci fut éteint, elle admira les étoiles et l'immensité du ciel qui s'étendait devant elle.

Elle profita du silence, le savourant après toutes ces heures passées avec les autres.

Elle n'avait pas l'habitude d'appartenir à un groupe, et elle avait tout de suite su qu'elle mettrait un moment avant de s'y faire, ou même d'apprécier cela.

Et ce soir, elle profita de ces quelques heures où elle pouvait retrouver cette solitude qu'elle aimait tant. Quoi que vu les ronflements du nain, solitude était certainement un mot un peu fort...



La journée du lendemain se déroula de façon similaire, le plus souvent en silence, comme chacun se fatiguait plus vite, n'ayant pas encore vraiment prit le rythme. Il n'y eut qu'une très courte pause, si bien qu'a l'heure où le soleil se coucha, Pippin s'étendit immédiatement sur le sol, en massant ses mollets meurtris.

Aragorn et Legolas allèrent chasser, tandis que les autres préparèrent alors le campement, allumant un feu, en attendant leur retour, qui ne fut pas très long. Legolas jeta alors le chevreuil aux pieds de l'elleth, sans la moindre délicatesse.

-Vous sentez vous capable de le préparer ou êtes-vous trop fatiguée ? Lui demanda-t-il avec l'air le plus hautain qu'il lui était possible d'avoir.

-Pas assez pour m'empêcher de botter un petit cul princier s'il continue à être désagréable répondit-elle avec un grand sourire.

Sans bien sur se donner la peine de répondre, il s'éloigna d'un pas rapide .

Gimli, qui était à coté et qui était le seul à avoir entendu leur échange, se mit à rire bruyamment.

-Décidément, je crois que je t'aime bien fillette !

-Cette fillette pourrait être la grand-mère de votre propre mère, mon cher Gimli ! Ria Gandalf qui se rapprochait d'eux.

-Cela n'est pas très flatteur comme point de vu mon ami ! Lui répondit-elle faussement offensée en écorchant la bête.

Le dîner se passa dans la bonne humeur, alors que Boromir leur parla de sa cité, celle qui lui manquait tant et qu'il lui tardait déjà de retrouver. Minas Tirith leur sembla alors bien majestueuse, et chacun eut hâte de la découvrir autrement qu'a travers ses paroles.

-Sculptée sur le flanc de la montagne, chacune des pierres qui la construit à été tellement travaillée et polie, qu'elles en ressortent blanche. Et lorsqu'on s'approche, au loin, ce n'est qu'un petit point blanc de lumière qu'on aperçoit, et qui redonne du courage aux voyageurs. Depuis le haut de la cité, si le temps est clair, on peut contempler les champs du Pelenor, et même Osgiliath, au loin contre le fleuve.

Sous ses douces descriptions, chacun ne tarda pas à trouver le sommeil, si ce n'est les deux elfes, qui jusqu'ici ne s'étaient adressés ni mot ni regard.


Ce fut le prince qui perdit patience le premier, il se leva et commença à s'éloigner.

-Ainsi vous ne me faites pas l'illustre honneur de votre compagnie ? Lui demanda-t-elle, ironique.

-Je crains malheureusement que cela ne me demande trop d'efforts. Lui répondit-il, sans même prendre la peine de se retourner. Elle n'eut pas le temps de répondre qu'il s'était déjà éloigné. 


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