Un Peuple Oublié

Chapitre 3 : Chapitre 2 - Le feu et la glace

3275 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/06/2020 15:12

Les jours suivants s'écoulèrent rapidement, sur le même schéma que les précédents. Les compagnons parcouraient le plus de distance possible le jour, et se reposaient pendant une bonne partie de la nuit.

Peu de paroles étaient échangées pendant la journée, chacun économisant ses forces, mais les discutions allaient bon train dès que le groupe se reposait.


Jusqu'ici, Naé n'avait pourtant adressé mot à aucun de ses compagnons de route, si ce n'était par pure politesse. Et le contraire était également vrai.

Ce n'était pas qu'elle ne les aimait pas, mais elle n'avait simplement pas envie de tisser des liens avec des gens qu'elle allait sans aucun doute perdre bientôt. Et puis à dire vrai, elle ne savait même pas comment tisser des liens. De quoi parle-t-on avec des inconnus? Cela lui paraissait plus difficile encore que de combattre une vingtaine d'orcs.

Rester à l'écart était une façon de se protéger, bien sur, mais cela elle n'en avait même pas conscience. Néanmoins, plus les jours passaient, et plus elle commençait à s'entendre rire des plaisanteries des hobbits bien malgré elle, et elle ne put s'empêcher d'en ressentir un bien fou.

Mais, plus le temps s'écoulait, et plus elle se sentait mise à l'écart. Certes, les autres avaient déjà passé du temps ensemble avant de prendre la route, mais eux aussi étaient de races bien différentes, et pourtant, ils s'entendaient bien.

Elle avait finit par en conclure deux choses.

La première, était qu'elle était une femme, et il était vrai que dans bien des cultures, les femmes n'avaient rien à faire sur la route, mais plus elle y réfléchissait et plus cela lui semblait saugrenu qu'ils la mettent de coté simplement pour une histoire de sexe.

La seconde, beaucoup plus plausible à ses yeux, était l'autre abruti d'elfe, qui l'avait rabaissée dès le début. Sans doute avait-il dit à tout le monde de se tenir loin d'elle. Encore une chose qui la faisait le détester.

Mais ce n'était évidemment pas la bonne explication....

Elle ne s'était jamais rendu compte que les elfes étaient une race intimidante, et pas vraiment réputée pour leur jovialité. Et puis il fallait dire aussi qu'entre son armure de cuir, le fait qu'elle n'ouvre pas la bouche, et le nombre de lames qu'elle portait sur elle, les autres étaient ... Intimidés.

Le lendemain, elle s'appliqua à essayer de se montrer polie, et même gracieuse, désireuse de trouver sa place au sein de la compagnie. Elle sentit alors immédiatement un changement de la part de ses compagnons. Sauf de l'elfe évidemment, celui ci continuait à se montrer imbuvable.



Un soir, alors que chacun discutait autours du feu, ce fut Pipin qui posa la question qui les perturbait tous.

-Naé, pourquoi le seigneur Legolas vous haït-il à ce point ?

Elle le fixa, surprise qu'on lui adresse enfin la parole, et encore plus qu'on lui pose cette question, puis, par réflexe, elle chercha des yeux l'autre intéressé, mais il semblait s'être éclipsé. Elle soupira, et se sentit légèrement désemparée face à tous ces yeux braqués sur elle.

-Et bien... Mon peuple, les elfes Noirs, ont commis beaucoup d'erreurs par le passé... commença-t-elle, hésitante.

-Sauron était à l'origine un elfe Noir. Tout comme chacun des orcs. La coupa Legolas, qu'elle n'avait pas vu approcher.

Un silence pesant s'installa, puis, étonnement, ce fut Gimli qui prit la parole.

-Cela ne répond pas à la question, maître elfe. Éventuellement à pourquoi détestez vous ses ancêtres, et encore, un de ces ancêtres, qui n'est peut être même pas son ancêtre enfait, mais ...

Naé explosa de rire, trop heureuse de voir qu'elle avait quelqu'un de son coté pour une fois. Puis, se remémorant à quel point le nain aimait tout autant critiquer le prince, elle vit une occasion de s'en faire un allié;

-Sans doute parce qu'il est bien trop étroit d'esprit pour se forger une opinion par lui même. Il ne fait que réciter ce qu'on lui a apprit toute sa vie.. C'est souvent le cas d'ailleurs pour beaucoup de choses, d'ailleurs, chez les Sindars..., continua-t-elle en chuchotant à l'intention du nain.

Chacun rit, heureux de découvrir un trait piquant du caractère de l'elleth.

Voyant le regard noir de Legolas le traverser, Sam sentit bon de préciser ;

-Enfin ce n'est pas contre vous, messire Legolas, ne le prenez pas personnellement, hein. C'est juste la situation, vous savez...

Meme Aragorn ne put retenir un sourire face à la mine déconfite du jeune hobbit.

-D'ailleurs maître Nain, continua Pipin, juste assez fort que qu'il n'y est que l'intéressé qui l'entende. Excusez-moi de vous le demander mais j'ai remarqué que vous n'appréciez pas outre mesure les elfes, comme Legolas.

-Ca c'est bien vrai petit homme et si vous ...

-Alors pourquoi riez vous avec Naé ? Le coupa-t-il.

-Ahem... et bien...

Le nain se tritura nerveusement les doigts. Ce petit hobbit disait vrai après tout. Thorin et tous ses aïeux devaient se retourner dans leurs tombeaux en voyant cela. Lui, qui appréciait une elfe.

Il réfléchit un instant.

Il avait longuement entendu parler des elfes noirs, lorsqu'il était petit nain. Il adorait les histoires de leurs grandes cavernes creusées au cœur des volcans. Il s'était toujours imaginé la lave en fusion dégringolant telle des guirlandes dorée pour habiller les murs. Décidément, il avait plus de points communs avec cette soit disant elfe, qu'elle même n'en avait avec le blondinet.

Il regarda alors la jeune elleth qui lui faisait face. Il détailla pour la première fois ses longs cheveux d'un brun cuivré que le feu faisait ressortir presque rouge. Il regarda ses yeux en amandes, et leurs iris, l'un d'un bleu accueillant, et l'autre d'un vert rieur. Il étudia ensuite ses mouvements, gracieux, ainsi que sa posture, parfaite.

Et ce n'était ni la douceur, ni la gentillesse, ni l'altruisme, qui transparaissait dans son attitude, oh non, pas comme tous ces êtres complètement dénués d'intérêt qu'il avait croisé à Fondcombes.

D'elle, se dégageait plutôt de la force de caractère, de l'impulsivité, et un humour rieur, presque un poil sarcastique.

Oui, celle ci, il voulait bien l'apprécier. Et après tout, c'était déjà ce qu'il avait commencé à faire.

-Vois tu petit être, ahah comme cela fait du bien de vous appelez petit être. Ce n'est pas méchant du tout hein, c'est juste que d'habitude, c'est moi le petit être ! Alors là ! Ahah !

Il y eut un silence, comme Pippin ne semblait pas comprendre l'humour de son compagnon.

-Enfin bref, je n'aime pas les elfes. Pour sur. Mais une elfe qui déteste les elfes et que les elfes détestent, c'est plus vraiment une elfe pas vrai ?

Devant la mine déconfite du hobbit, il ajouta.

-Les amis de tes ennemis sont tes ennemis. Donc les ennemis de tes amis sont tes ennemis. Les amis de tes amis sont tes amis. Et surtout, les ennemis de tes ennemis, bien sont tes amis !




Dans les jours qui suivirent, alors qu'ils faisaient halte pour manger quelque chose, dans une clairière, en profitant pour reprendre leurs souffles, la jeune femme sentit un frisson glisser sur sa nuque. Elle se releva alors précipitamment, et son regard se posa sur Legolas, qui semblait tout aussi tendu. Aucune parole ne fut nécessaire, ils s'étaient compris.

-Levez vous ! Dit il, un danger approche.

-Sortez vos épées.

Ils se disposèrent alors rapidement en cercle autours des hobbits. Naé se retrouva entre Legolas et Boromir, et son arc déjà en main, elle encocha une flèche, attendant de voir l'ennemi arriver. Tout se passa alors très vite.

Un ouargue sortit de l'ombre des arbres, et sa flèche se retrouva directement plantée dans l'œil de l'orc qui le montait. Il tomba au sol, et d'autres se montrèrent. Une dizaine de créatures s'élancèrent vers eux. Elle vit du coin de l'œil Legolas décocher ses flèches, qui faisaient mouche à chaque fois, alors qu'elle dégaina ses deux épées légères.

Se jetant à terre pour éviter le ouargue qui se jetait sur elle, elle lui planta ses lames dans le ventre, et se releva aussitôt pour accueillir le suivant. Ses épées sifflaient, et elle entendit Gimli hurler son cri de guerre, comme le bruit du métal qui s'entrechoquait. Elle n'avait pas peur. Aucune adrénaline, tuer faisait parti de son quotidien depuis des centaines d'années, et elle savait que quelques ouargues ne suffiraient pas à la déstabiliser. Elle décapita un orc, trancha la patte de son loup, et continua dans sa danse meurtrière.

Du coin de l'œil, elle vit que l'elfe semblait aussi calme qu'elle. Boromir en revanche, était seul contre trois orcs, et elle sentit qu'il ne tiendrait pas longtemps. Anticipant la lame qui se rapprochait dangereusement de son torse, elle bondit pour l'intercepter.

L'homme recula d'un pas, et elle prit sa place en décapitant les monstres d'un seul coup violent. Quelques instants plus tard, tous les ennemis étaient à terre, et personne n'avait été blessé. Aragorn acheva le dernier de leurs adversaires, tandis que chacun reprenait son souffle.

La voix de Gimli mit fin au silence.

-Si une dizaine de chiens pensent pouvoir venir à bout de cette communauté, et bien ils doivent s'en mordre les doigts de là où ils sont maintenant ! Puis il éclata d'un rire grave.

-Naé, dit Boromir en s'approchant d'elle, je vous dois la vie.

-Vous ne me devez rien du tout, répondit-elle d'une voix douce, mais qu'on pouvait deviner emplie de lassitude.

-Je veux apprendre à me battre ! La voix de Sam était calme, comme résolue.

-Et cela me semble plus qu'utile, dit Aragorn, avec un sourire doux, lui mettant une main sur l'épaule.

Le temps que tous se remettent de ses émotions, ils reprirent la route. Il fallait mettre le plus de distance possible entre eux et ce décor sanglant.

Naé était couverte de sang d'orc, et de mauvaise humeur. La puanteur du liquide noirâtre n'arrangeait rien, et elle se sentait plutôt nostalgique. Ce combat avait bouleversé ses pensées.

Avant de rejoindre ce groupe, elle passait sa vie sur les routes, alors courir toute la journée ne la dérangeait pas, et elle adorait la sensation que lui procurait un combat.

Non, il y avait autre chose. En entendant la forte respiration de Gimli dans son dos, elle en prit soudainement conscience. Sa solitude lui manquait. Elle n'avait jamais eu qu'à faire les choses à son rythme, prendre ses décisions, à mener ses batailles. Jamais elle n'avait eu à prendre soin de quelqu'un d'autre, ou s'adapter à autrui. Ici, elle avait des personnes à défendre, et la moindre inattention pouvait leur coûter la vie. Ils étaient sous sa responsabilité, et cela lui faisait peur.


-J'entends un cours d'eau en contrebat, peut être pourrions nous faire une halte ?

Après plusieurs heures de marche, la voix de Legolas sortit l'elleth de ses pensées, et chacun regarda Gandalf, les yeux pleins d'espoirs.

-Certains ont grand besoin de se laver si nous devons continuer à les supporter. continua-t-il en lançant un regard taquin à la jeune femme.

Gandalf répondit avant qu'elle n'eut le temps de riposter.

-Vous avez raison.

Chacun se détendit alors brusquement, laissant échapper des sourires ravis, et ils pressèrent le pas en suivant Legolas, jusqu'à apercevoir le lit de la rivière.

-Je propose que nous faisions preuve de galanterie, au moins pour cette fois, laissant Naé nous rejoindre de ce coté quand elle aura fini.


Tous obtempérèrent sans discuter, la laissant enfin seule avec elle même, pour la première fois depuis des jours. Dès qu'ils eurent disparu de son champ de vision, elle ôta sa cape, détacha la longue tresse que formaient ses cheveux, puis commença à se dévêtir entièrement. Tous ses vêtements furent rapidement éparpillés sur le sol, et elle s'engouffra dans l'eau clair. Très fraîche, mais supportable, cela réveilla ses muscles engourdis. Profitant de ce moment de répit, elle plongea la tête sous l'eau, encore, et encore, et cela lui fit un bien fou. Consciente que tous les autres attendaient patiemment leurs tours, elle entreprit de se laver. Lorsqu'enfin elle se trouva assez propre, elle fit de même avec ses vêtements. Puis, elle les remit encore trempés, avant de rejoindre les autres.


Elle fut surprise de voir qu'Aragorn et Boromir avaient commencé leurs leçons d'escrime, face à des hobbits particulièrement motivés. Gimli et Legolas les regardaient de loin, en souriant, n'hésitant pas à se moquer gentiment d'eux lorsqu'ils tombaient à terre. La voyant arriver, Pippin écarquilla les yeux.

-Vous êtes encore plus belle les cheveux détachés !

Elle lui adressa un sourire de remerciement. Il était vrai que les attacher était beaucoup plus pratique pour bouger, ou pour combattre, elle avait donc pris l'habitude de les nouer en une grande tresse collée, depuis le sommet de son crâne et ne les détachait que rarement. Aragorn profita de cet instant d'inattention pour donner une leçon au jeune Pippin. Il se jeta sur lui, et le plaqua au sol, sous le rire de Gimli.

En tournant la tête, Naé surprit le regard de Legolas, qui détourna rapidement les yeux. Par petit groupe, chacun alla se laver, et cette fois ci ce fut elle qui s'occupa de la chasse.


Lorsqu'elle revint, avec deux faisans et un lapin, elle passa à coté de Legolas, qui était le plus éloigné du camp, occupé à regarder les étoiles.

- Et bien, vos ablutions ne vous auront pas rendu jovial. J'en serais presque déçue. Lui souffla-t-elle sans un regard en passant à coté de lui.

-C'est parce que la compagnie des étoiles est infiniment meilleure que la votre.

Elle fulmina. Pour qui se prenait-il, cet abruti prétentieux ? Leurs rapports, qui avaient déjà très mal commencés ne faisaient que de se détériorer d'avantage. Elle en était venue à le haïr, de faire toujours comme si rien ne pouvait l'atteindre. Son tempérament glacial était contraire à celui de la jeune femme, et elle doutait qu'ils arriveraient un jour à s'entendre, même s'ils le voulaient.


Le souper se passa dans la bonne humeur, tandis que Pippin n'arrêtait pas de poser des questions, à chacun de ses compagnons.

-Naé, que faisiez vous avant de nous rejoindre ? Avez vous un foyer, ou une famille qui vous attend quelque part ?

Sa question était pleine d'innocence, et cela la fit sourire.

-Mon peuple a été condamné à l'errance il y a bien longtemps.

-Non sans faute.

Elle fit comme si elle n'avait pas entendu la voix de Legolas.

-Et je me suis séparée des miens presque aussitôt.

-Alors de quoi viviez vous ?

Elle sourit en voyant Merry lui faire les gros yeux, comme s'il avait commit une faute grave.

-J'étais chasseuse de tête.

-Chasseuse de tête ? Dirent en chœur Pippin et Merry

-Mercenaire.

-Autant dire assassin. La coupa Legolas d'une voix dure. Pourquoi cela ne me surprend il pas ?

Elle leva les yeux au ciel.

-Et qu'aurait donc fait le prince de la forêt Noire s'il s'était retrouvé sans nom ni maison ?

Bien sur, elle avait vu les gestes de recul de la part de ses compagnons à cette déclaration. Mais après tout, elle n'avait jamais ressentie de la honte vis à vis de ce qu'elle était ou de ce qu'elle faisait. Il n'y avait qu'elle que cela concernait, et les seuls à pouvoir la juger, étaient les visages qui la hantaient parfois au détour de cauchemars. Alors entendre ce petit prince de bonne famille à qui l'on avait toujours tout donné la juger, l’énervait passablement.

-Certainement pas cela. Je ne suis ni assez cupide ni assez malsain pour m'y abaisser.

Il la toisait de l'autre coté du feu, le regard méfiant, s'appliquant à garder un ton absolument inexpressif comme pour l'agacer d'avantage.

-En effet, vous auriez sans doute préféré vendre votre corps maigrichon. Vous me pardonnerez, mais ce n'est pas mon truc.

Les Sindars n'étaient pas réputés pour être particulièrement prudes, mais elle sentait bien à la froideur de son interlocuteur que ce n'était pas là un terrain sur lequel il aimait aller, alors elle s'y engouffra. Histoire de le déstabiliser.

Elle lui avait ri au visage, voyant bien qu'il commençait à perdre son calme habituel. Cela ne rendait les choses que plus excitantes.

-Qui voudrait du votre, de toute façon ? Il n'y a qu'a ces chiens d'orcs que vous puissiez plaire.

-Evidemment, il est connu de tous que vous préférez la compagnie des hommes. Avez-vous déjà seulement essayer de ramener une femme dans votre lit ?

Cette fois ci, elle vit à la lueur de ses yeux qu'elle était allée trop loin. Il se jeta sur elle et elle eut à peine le temps d'attraper le poignard sur sa cuisse qu'elle se retrouva plaquée contre un arbre, écrasée par son torse et la morsure du métal froid sur sa gorge. Elle sentit alors une brusque chaleur l'envahir.

Elle ne l'aurait jamais cru capable de ça. Lui qui paraissait toujours égal, inexpressif, comme si tout lui coulait dessus sans jamais l'atteindre, c'était un coté de sa personne qu'elle n'avait envisagé. Et qu'elle se surprit à apprécier.

Ils se regardèrent alors, sans ciller, et elle se perdit dans le bleu de ses yeux. En cet instant, elle le trouva beau à en mourir. Les traits de son visage étaient parfaits, et elle se sentit irrésistiblement attirée par sa peau.

Il avait quelque chose de plus que tous les autres elfes qu'il lui avait été donné de voir. Elle ne savait pas quoi, et ne pas savoir quoi, faisait qu'elle le haïssait plus encore. 

-Cessez vos enfantillages !

La voix de Gandalf était puissante, ne leur donnant pas le choix.

-Laissez moi vous rassurer, j'adore les femmes, et elles me le rendent bien.

Il souriait de façon presque provocante, et avait chuchoté ces mots pour qu'elle soit la seule à les entendre. Puis il baissa sa lame, se décolla d'elle, et partit rapidement à l'autre bout du camp. Fier de lui. Ce n'était pas vraiment son genre, d'ailleurs. Ni les provocations puériles, ni d'oser parler si ouvertement d'un terrain si glissant. Mais il avait joué au même jeu qu'elle, en suivant ses règles, et c'est comme cela qu'il avait gagné cette manche.

Immobile, et comme choquée par son sous entendu, Naé rassemblait difficilement ses pensées. Il semblerait que cet elfe ne ressemble en fin de compte pas à l'image qu'elle s'était faite de lui. Et une petite voix au fond d'elle jubilait.

Elle se tourna vers Gandalf, cherchant quels mots elle pourrait employer pour expliquer un acte dont elle n'était absolument pas désolée.

-Il m'a provoqué.

Elle s'attendait à ce que Gandalf hurle, lui fasse regretter ses mots, ou ne serait-ce qu'une leçon de moral comme il en a le secret, mais à son plus grand étonnement, il sourit.

-Le feu et la glace. Ce n'est jamais facile de mélanger les deux...


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