Un Peuple Oublié

Chapitre 4 : Chapitre 3 _ Le Col de Caradhras

3005 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/06/2020 15:14

Le soir suivant, après une nouvelle journée de voyage, alors que chacun sentait la fatigue, personne n'osait plus prendre la parole, de peur que cela ne lui demande trop d'effort. Il fallut attendre la fin du repas, pour qu'enfin, l'un deux ne se décide à ouvrir la bouche.

-Vous avez dû énormément voyager, Naé. Enfin, en tant que chasseuse de ...

Voyant ses compagnons lui faire les gros yeux, Frodon, qui avait prit une parole timide se tut. En regardant dans les yeux des hobbits, l'elleth crut y voir apparaître de la peur à son égard.

Sans doute aurait-il mieux fallut qu'elle ne parle pas de la façon plus que malsaine dont elle gagnait sa vie. C'est vrai que pour des petits êtres emplis de douceur et d'innocence, cela devait la faire passer pour un monstre sans morale. Mais elle ne put s'empêcher d'éclater d'un rire joyeux, qui résonna dans le camp.

-Oui, j'ai eu le temps de beaucoup voyager. Et puis quand on a pas de chez soit, on l'est un peu partout, dit-elle avec un sourire tendre.

-Vous aviez du voir Minas Tirith avant que je ne vous en parle, alors, j'imagine, reprit Boromir, alors que ses yeux s'étaient illuminés d'un lueur nouvelle.

-Effectivement, j'ai vu la cité Blanche. Et je dois avouer que peu de cités peuvent se vanter d'être aussi belle.

Elle vit qu'Aragorn l'écoutait cette fois ci lui aussi avec toute l'attention possible.

-Et la Comté ? Demande Pippin la voix pleine d'espoir.

Elle rit de nouveau devant l'innocence de ces petits bouts d'hommes. Bien sur que non. La tête d'un hobbit n'avait jamais été mise à prix. Et les quatre là étaient d'ailleurs, les premiers qu'elle rencontrait de toute sa longue existence...

-Non, j'avoue de ne pas y être encore aller. Et devant l'air déçu des hobbits, elle ajouta, mais c'est avec beaucoup de curiosité que j'irai un jour.

Gandalf fumait sa pipe, se contentant de sourire de temps en temps devant certaines réactions, des uns ou des autres.

-Racontez nous un endroit que nous ne verrons jamais, demanda Sam.

-Que vous ne verrez jamais ? Souri-t-elle. Elle réfléchit un instant. C'est plutôt difficile de vous répondre maître Gamegi. Elle hésita plusieurs seconde, avant de continuer. Je crois bien qu'il y en a un.

Chacun sembla retenir son souffle, écoutant avec curiosité.

-Les régions du Harad.

-Vous avez été si loin dans le Sud ? Demanda Aragorn, réellement surprit.

Legolas haussa alors la tête, se surprenant à vouloir écouter les histoires de l'elleth.

-J'avais du temps à tuer, lui répondit-elle avec un immense sourire. C'était il y a longtemps, lorsque tous les peuples nous détestaient encore. Sa voix se fit plus douce, plus lointaine, mais elle se reprit. C'est là bas une région désertique. Très peu de villages en dehors de quelques villes. Les gens n'y tiendraient pas. Le soleil brûle si fort, qu'il nous ronge la peau si nous ne la couvrons pas. Il n'y a pas d'herbes, pas de terre.

-Quoi ? Demanda Pippin, l'interrompant.

-Il n'y a que du sable. Partout, il recouvre le sol, et la nature n'y pousse pas.

-Cela doit être horrible ?

-Au moins il n'y a pas de Sindar, sourit-elle, jetant un regard à l'elfe qui lui offrit un levé de sourcil hautain pour toute réponse. Bien que les journées soient extrêmement chaudes, les nuits, elles, à l'inverse, sont très froides. Les hommes de là bas on appris à se battre sans cesse, dû à la rudesse de leur environnement. J'y ai vu des animaux étranges, d'énormes bêtes, à quatre pattes, hautes comme trois hommes, et lourdes comme cinquante. Leurs peaux est grise, et leurs nez est très long. Et surtout ils ont des cornes immenses, qui poussent de chaque coté de leurs bouches.

Devant l'air terrorisé des hobbits, elle fit une courte pause.

-Les Haradrims ont apprit à les dresser, et s'en serve maintenant pour la guerre.

Elle vit le regard noir que Gandalf lui lança, et douta soudain de ne pas dire une bêtise..

-Il y en a d'autre. De tout petit animaux, qui vivent enfouis dans le sable. Pas plus gros que la main, et pourtant leur piqûre est mortelle.

-Même pour vous ? Demanda Sam.

Elle hocha la tête positivement.

-Et même pour vous.

Sentant que ses compagnons se crispaient, elle continua avec des mots plus doux.

-Il ne pleut presque jamais. Et les grandes cités des hommes, sont souvent sculptées dans la roche, dans le sol. Là bas, le soleil est plus bas dans le ciel. Il est plus gros, et aussi plus beau. J'y ai vu ses plus beaux couchés, et de somptueux levés. Elle vit que les hobbit s'étaient allongés, et qu'ils commençaient à fermer les yeux, bercés par ses histoires. Elle continua sa description quelques minutes, puis se tut, coupée par les ronflement du nain.


Les jours qui suivirent passèrent lentement, chacun semblable au précédent.

Naé apprit à cerner un peu mieux chacun de ses compagnons, et bien qu'elle prenne quotidiennement un moment pour profiter de sa solitude, elle commençait à apprécier ce petit groupe, auquel elle se sentait finalement appartenir.

Et cela lui faisait du bien.

Le soleil allait atteindre son zénith, lorsque Gandalf leur proposa de se reposer un moment. De plus en plus fatigués, les pauses repas redonnaient le sourire aux hobbits, qui étaient d'ailleurs, constamment affamés.

Après le déjeuner, Mery insista pour pouvoir s'entraîner un peu avant de repartir. Cela les fit sourire, et Boromir et Aragorn acceptèrent de bon coeur. L'elleth s'était assise près de Gimli et Legolas, sur l'un des gros rochers qui les entouraient, Gandalf fumait sa pipe un peu plus loin.

-Alors mademoiselle, voulez vous parier ? Demanda soudain le nain, qui semblait s'ennuyer.

L'elleth écarquilla les yeux, dans le doute d'avoir mal comprit. Puis éclata de rire.

-Je ne prendrais pas trop de risque, je parierais sur Aragorn et Boromir, lui dit-elle avec un clin d'oeil.

Il la regarda comme si elle avait dit un ineptie, et Legolas ricana de façon à peine audible.

-Entre les hobbits, je voulais dire.

Elle sourit de son propre humour, puisque le nain ne l'avait pas compris et tourna la tête pour regarder les concernés.

-Sam dirent les deux elfes d'une même voix avant de se regarder plus surpris qu'autre chose.

Gimli rit.

-Bon, ben si vous êtes d'accord, c'est que ça doit être la seule réponse possible.

Même Legolas ne put s'empêcher de sourire en entendant ces mots.

Les rires et les cris des hobbits résonnaient sur toute la colline, Naé décida donc de s'éloigner un peu pour aller vérifier les alentours. Elle s'écarta du groupe en sautant de rocher en rocher, avec l'agilité propre à ceux de sa race. Lorsqu'elle fut satisfaite, et qu'elle fut certaine qu'aucun orc n'était sur leurs traces, elle decida de retourner avec les autres.

Remontant les rochers, son œil fut attiré par un nuage noir, au loin mais qui semblait se diriger vers eux. Un peu trop rapidement pour que cela soit naturel. S'élançant le plus vite possible, elle alla prévenir ses compagnons, mais en arrivant au sommet de la colline, un instant d'étonnement la fit hésiter alors qu'elle ne vit personne.

Le temps lui manquait, et comme le nuage d'oiseaux ( qu'elle voyait à présent distinctement) fonçait vers elle, elle se mit à couvert en sautant sous le rocher le plus proche. Elle avait fermé les yeux, s'attendant à heurter violemment la roche, mais elle sentit un corps mou et chaud.


Relevant la tête, elle découvrit le visage de Legolas, à quelques centimètres du sien, qui lui fit signe de ne pas faire de bruit. Elle sentit alors pour la première fois le parfum de l'elfe. A la fois doux, et musqué, comme un odeur d'arbres et de sève au printemps. Elle se sentit tout à coup incroyablement gênée, comme si découvrir son odeur empiétait sur son intimité. Comme si cela les rapprochait, et être proche de l'elfe, ça non, elle ne le voulait pas.

Elle eut une grimace en imaginant, que lui aussi, devait sentir la sienne.

Et, d'inconfort, elle ferma les yeux, priant en silence pour que ce moment s'accélère.

Lorsqu'ils entendirent les crébains faisant demi tour, il lui souffla à l'oreille ;

-Et bien, vous vous jetez sur moi à présent ?

-Je ne me souviens pas du moment où je vous ai autorisé à me faire la cour.

-La cour ? Un jour lointain viendra peut être où vous serez courtisez, alors vous comprendrez que ce n'est pas cela.

Elle entendit ces dernières paroles alors qu'elle se remettait debout, et comme elle ne trouva rien à répondre, elle fit mine de ne pas avoir entendu. C'était devenu, au fil des jours, un rituel, comme un combat d'orgueil, et chacun avait commencé à trouver cela amusant, outre leurs compagnons bien sur, que cela commençait à exaspérer.

-Des espions de Sarouman, le passage par le Sud est surveillé. Il faut passer par le col de Caradhras.

Les mots de Gandalf leur firent à tous froid dans le dos.

-Le col ? Répéta Naé

-Nous partirons à l'aube, profitez d'une dernière nuit de sommeil, affrontez la montagne ne sera pas chose facile. Vous aussi Naé, tachez de dormir cette nuit.

Elle baissa la tête pour montrer son accord.


A l'heure du repas, Mery la questionna ;

-Naé, vous avez l'air inquiète, est-ce que tout va bien ?

-Je .. Oui, c'est simplement la perspective du froid que j'appréhende.

-Comme nous tous, dit Gimli, l'air penseur.

-Pas exactement. La légende dit que les elfes noirs sont nés de la lave d'un volcan. Nous sommes et ressentons la chaleur des flammes. Notre température corporelle est plus élevée que la moyenne, ainsi que notre tempérament plus ardent. Le froid à donc un effet dévastateur sur ceux de mon peuple.

-Ne soyez pas inquiète Naé, nous vous porterons s'il le faut.

Les remarques de Boromir étaient tantôt emplies de tendresse, tantôt froides et mesquines. Elle n'arrivait pas à le cerner, à comprendre laquelle de ces deux personnalités était vraiment la sienne. Mais elle comprenait bien que ces longues journées à marcher avec des gens que l'ont a pas vraiment l'air d'apprécier le rendait quelques fois maussade.

Elle répondit à son sourire avec sincérité.

-Etes vous mariée, Naé ?

Elle manqua de s'étouffer à la question impromptue de Pippin.

-Croyez vous que je serai ici avec vous si tel était le cas ? Dit-elle avec douceur. Non, et puis j'aime beaucoup trop ma liberté.

-Votre liberté ? Mais l'amour n'est pas une prison ! Rétorqua Sam

-A mon sens, çà en à tout l'air !

-L'air ? N'êtes vous jamais tombée amoureuse ? Reprit-il avec des yeux écarquillés par la surprise.

-L'amour est différent, pour nous les elfes. De la même façon que nous vivons, nous aimons d'un amour éternel. L'âme sœur, qui est une légende chez les hommes, est pour nous une réalité. Nous n'aimons véritablement qu'une seule fois. Cela vous paraît triste maître Gamegi ? Mais notre don d'immortalité nous permet d'attendre, qu'enfin notre «Alaar» nous soit dévoilé.

-Mais c'est horrible de vivre dans l'attente d'une seule personne, plutôt que de passer son temps à aimer les uns et les autres pour ce qu'ils sont. Cela vous confine dans l'attente d'un idéal qui peut être n'arrivera jamais !

-Je n'ai pas la prétention de discerner ce qui est le mieux du moins bien. Les choses pour nous sont ainsi, voilà tout.

-Il en est de même pour vous, seigneur Legolas ?

-Oui. Même si c'est très rare, il est des points sur lesquels tous les elfes sont semblables.

Il la regarda en disant cela, et pour la première fois, elle ne vit aucune rancune à son égard. Troublée, elle s'empressa de détourner les yeux.

-Et vous maitre Gamegi, y a-t-il une jeune et jolie hobbit qui vous attends dans la Comté ?

Celui ci eut soudain un air triste, et un voile passa devant ses yeux.

-Non. Mais je sais que je voudrais épouser en rentrant, declara-t-il retrouvant le sourire.



Cette nuit là, l'elleth dormit longtemps, afin de se préparer au froid qu'ils allaient devoir affronter. Le lendemain et le jour suivant, ils marchèrent presque sans s’arrêter. Le froid se faisait de plus en plus ressentir, et la neige s'épaississait sous leurs pieds. En tant qu'elfes, grâce à leur légèreté naturelle, Legolas et Naé marchaient dessus, contrairement à leurs compagnons, qui en avaient pour le moment jusqu'au dessus des genoux. L'elleth n'avait plus prononcer un mot, depuis plusieurs heures, tout comme les hobbits, qui avaient l'air d'en souffrir également. Le froid la brisait. Les jours passaient, tandis qu'il s'engouffrait sous ses vêtements, et jusque sous sa peau.

Sa température avait chuté. Ses os étaient gelés. Ses doigts devenaient bleus, si bien qu'elle eut peur de les perdre plus d'une fois. Malgré tout, elle n'avait pas la force de se plaindre. Ses sens étaient brouillés, son ouïe n'arrivait plus à discerner autre chose que l'écho du vent glacé, et ses yeux à demi fermés ne voyaient que l'endroit où elle devait poser son pied pour avancer.

Il n'y avait que le froid. Elle en sentait l'odeur, en avalait le goût lorsqu'elle ouvrait la bouche. Elle devait se réchauffer où elle allait se perdre elle même. Prenant une grande inspiration, elle essaya de penser à la chaleur de l'étreinte du soleil, au sentiment de bien être de le sentir caresser sa peau. Ses pensées se troublaient, et elle s'y perdit complètement. Sentir la brûlure du feu contre son visage, contre sa nuque, puis descendre le long de ses seins. Elle se remémora alors la dernière fois qu'elle s'était donnée à un homme. Non, cela ne suffirait pas à la réchauffer.

Il lui fallait quelque chose de nouveau, un fantasme assez puissant pour... Un regard d'un bleu glacial se faufila dans son esprit. NON !

Pas lui ! Qu'est-ce qu'il lui prenait ? Secouant la tête, elle ouvrit grand les yeux. Le froid semblait d'un coup moins prenant face aux papillonnements de son ventre. Ah c'est comme ca ? Parfait. L'elfe marchait devant elle. Sa démarche était sure, masculine, il semblait insensible au vent qui leur balayait le visage. Elle pouvait voir ses épaules se dessiner sous sa cape, et se surprit à désirer son étreinte.

-J'entends une voix sinistre dans les airs. Cria-t-il en se retournant

-C'est Saroumane ! Comprit Gandalf, aussitôt

-Il essaie de déclencher une avalanche ! Il faut faire demi tour ! Cria Aragorn, un hobbit sous chaque bras, il semblait tenir le coup difficilement.

A peine eut-il dit ces mots qu'un énorme bloc de glace se détacha de la paroi, et tous furent engloutis.


Lorsqu'enfin Naé ouvrit les yeux, le paysage autour d'elle avait totalement changé. Plus la moindre trace de neige, plus de vent glacial. Elle était allongée sur l'herbe, qui lui parut étonnement confortable, au vu de ces derniers jours. Elle se redressa, et grimaça tant sa tête sa tête lui faisait mal. Tournant les yeux, elle vit Gandalf lui sourire.

-Vous avez perdu connaissance pendant l'avalanche, le froid a dû vous faire perdre la tête. Je suis désolé, belle enfant, j'aurai dû prendre conscience de votre état.

-Où sommes nous ?

-Le porteur de l'anneau a jugé qu'il serait préférable de passer par les mines de la Moria. Vous n'étiez pas la seule à être transit de froid. Nous sommes donc descendus de la montagne, et Boromir vous a porté sur son dos, jusqu'à maintenant.

-Je vous promets de ne plus être un fardeau, dit-elle, honteuse.

-Allons, nous savions tous qu'il y avait des risques, et pourtant nous voilà. Cela aurait pu arriver à n'importe lequel d'entre nous. Vous êtes loin de ce que j'appellerai un poids mort.

Il lui sourit avec tendresse, et elle se dirigea vers Boromir.

-Boromir, je ... Enfin, ... Merci.

-Ne nous devons nous pas de veiller les uns sur les autres ? Et puis bien que Legolas en ait émis l'idée, nous n'allions pas vous laisser vous décomposer dans la neige !

En entendant ces paroles qui se voulaient réconfortantes, elle hésita.

Les contacts physiques n'étaient pas du tout dans ses habitudes, et elle les ressentait généralement comme quelque chose d'extrêmement désagréable. Comme ces personnes qui s'approchent trop près de vous pour vous parler, et dont vous pouvez sentir leurs souffles sur votre peau. Comme une intrusion infecte à son espace vitale, Naé avait toujours eut horreur de la proximité, et une petite tape amicale sur son épaule fut tout ce qu'elle réussit à lui donner pour le remercier.

En se retournant, elle vit que l'elfe les regardait. Les pensées primaires qu'elle avait eu à son égard lui revinrent tout d'un coup en mémoire, et elle detourna rapidement les yeux, se demandant comment elle en était arrivé à ça. Ses joues rosirent légèrement, et elle se mordit la lèvre pour ravaler sa honte, et la colère qu'elle éprouvait à présent contre elle même.

Aragorn vint alors la voir, et en lui posant une main sur l'épaule, il murmura ;

-Je suis content de vous revoir sur pied.

Elle lui répondit par un sourire

-Boromir commençait à perdre le rythme, la charia-t-il avec un clin d'oeil

Elle laissa échapper un rire, comprenant qu'il s'était réellement inquiété pour elle.

Ils se remirent en route, le chemin était encore long jusqu'aux mines. 


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