Un Peuple Oublié

Chapitre 17 : Chapitre 16 _ Le Magicien

2491 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 11/06/2020 21:34

Naé se réveilla dans son lit, vêtue des mêmes vêtements.

Elle n'avait aucune idée du temps qu'elle avait passé à dormir, mais un fourmillement dans la mâchoire lui rappela comment elle s'était endormie.

Elle serra le poing tandis que le visage du prince passa devant ses yeux. Par les Valars, comment ce minable petit prétentieux stupide prince des abrutis avait osé la toucher? Elle jura en elfique, et quand elle essaya de se relever brutalement pour aller lui abîmer un peu le visage, une douleur au ventre la recoucha bien vite. Relevant sa chemise, elle inspecta sa peau.

La tâche d'un noir charbon de la veille, avait laissé place à un bleu foncé pas vraiment joli, mais cela montrait néanmoins que la guérison était en cours. Elle se redressa alors doucement, et, lentement, elle se mit debout.

Son ventre lui faisait mal, bien sur, mais ce n'était plus la douleur abominable qu'elle avait pu ressentir. Sa tête lui tournait, et un goût de sang lui envahit la bouche.

Elle aurait dû rester couchée, bien sûr. Sans doute se serrait-elle rendormie, et avec plaisir. Mais elle en était incapable.

Elle ne supporterait pas de rester à l'écart, peu importe combien elle devrait en souffrir.

Et puis étrangement, sa rancœur contre le blondinet semblait lui donner des élans meurtriers, et une raison de plus de se lever.

Elle retrouva sur le sol des vêtements pliés avec soin, et elle devina là les bonnes intentions d'Eowyn.

Elle enleva donc la chemise froissée et tachée de sang qu'elle portait, ainsi que son pantalon et ses bottes. Un grand miroir lui faisait face, et elle s'en approcha, afin d'y redécouvrir son corps nu.

Elle avait perdu du poids depuis son départ de Fondcombe. Ses jambes s'étaient affinées et musclées, ses hanches étaient toujours bien marquées, mais les poignées d'amour qui les recouvraient légèrement autrefois avaient presque entièrement disparu. Sous la blessure de son ventre, se dessinaient ses muscles abdominaux, ainsi que le "v" de ses obliques. Ses seins étaient durs, et semblaient se maintenir encore mieux qu'auparavant. La cicatrice sur sa hanche avait maintenant presque entièrement disparu, mais elle en découvrit de nouvelles, sur ses bras et son torse.

Elle qui s'était toujours trouvée appétissante, elle ne devait l'être à présent seulement pour quelqu'un qui meurt de faim.

Elle déplia ensuite les vêtements qui lui avaient été offerts, et enfila le pantalon d'un cuir épais. Elle lassa le corset en grognant de douleur, enfila la tunique légère qui y était assortie, puis remit sa cape, pour recouvrir le tout. Une fois qu'elle fut satisfaite de la liberté gestuelle que lui laissait cet accoutrement, elle se rendit dans la grande salle du trône.


Des bribes de conversations lui parvinrent à travers la porte, et elle comprit tout de suite la nature du débat qui y faisait rage. Lorsqu'elle entra, chacun des visages présents se tourna vers elle, et un silence plana.

Voyant Legolas, elle s'approcha de lui, et lui envoya une bonne droite dans la mâchoire, de toutes ses forces. L'impact lui fit mal à elle même, alors qu'il dut reculer d'un mètre pour encaisser. Elle s'attendait à ce qu'il riposte, mais il n'en fit rien, bien que le teint rosé que prenaient ses joues témoignait de la rage qu'il contenait.

-Ne vous arrêtez pas pour moi, dit-elle simplement au reste de la salle.

Gandalf soupira et leva les yeux au ciel.

-Vous m'avez l'air remise.

-Et je l'aurais été plus tôt, sans l'intervention inappropriée et agressive d'un elfe stupide et colériq...

-Sans cela, jamais vous n'auriez accepté de vous reposer, et vous ne tiendriez même plus debout à l'heure où nous parlons.

-Alors vous cautionnez son geste?

-Dans tous les cas il me semble que vous venez de régler la question.

Vexée, elle eut envie de protester mais n'en fit rien, ce n'était ni le lieu ni le moment, se contentant seulement du regard glacial que lui jeta l'elfe, et qui lui arracha un sourire. Chaque fois qu'elle avait l'impression que leur relation s'améliorait, il faisait en sorte de la détériorer de plus bel.

Elle se sentit alors honteuse, de ce qu'elle avait ressenti à ses cotés la veille, et baissa la tête, tentant d'oublier la boule chaude d'énergie qui ronronnait dans ses entrailles.

-Reprenons.

La voix de Theoden était forte et déterminée, et il semblait lui aussi bien remit des blessures qui lui avaient été infligées.

-Après ce massacre, vous voudriez que je demande à mes hommes survivants d'aller mourir au pied de l'Isengard?

-La tour de Saroumane s'est vidée. Sa fierté est telle, qu'il voulait nous montrer toute sa puissance. Il doit y avoir plus de rats que d'uruks, à présent.

-Il était sur de gagner, pourquoi aurait-il fait autrement?

-Aragorn a raison, nous nous devons d'arrêter le magicien avant qu'il ne veuille se venger.

-Se venger?

-Ne sous estimez pas votre ennemi Roi Theoden, vous avez remporté une bataille, mais la guerre reste encore à venir. Nous ne pouvons laisser le temps à Saroumane de se reconstruire. Parce que soyez sur qu'il le fera.

-Nous n'avons qu'à y aller nous même.

Tous le monde se tourna vers Naé.

-Si comme vous le dîtes il n'y à plus d'armée, envoyez nous. Aragorn, Gimli, moi et éventuellement l'elfe. Nous vous ramènerons le magicien afin que vous puissiez le juger selon vos lois.

Gandalf lui sourit, et s'apprêta à protester, mais Aragorn la soutint

-Naé a raison. Chacun de nous a prouvé sa valeur au combat, et alors qu'une armée attirerait l'attention, nous passerons inaperçus.

Theoden capta le regard de son neveu, puis assura d'une voix forte;

-Nous venons avec vous. Je ne vous laisserais pas terminer nos batailles à notre place.

Gandalf sourit,

-Et je vous guiderai, cela va sans dire.

-Alors qu'attendons nous? cria le nain qui avait semblait-il retrouvé sa voix et sa vitalité. Chacun se mit à sortir de la pièce, lorsque le magicien s'approcha de l'elleth.

-Naé, l'Isengard est à plus d'un jour de cheval, est-ce bien prudent de perdre vos forces si nous sommes déjà nombreux? Je sais ce que vous allez dire, aussi je vous demanderai simplement de ne pas voyager seule.

Elle s'apprêtait à le contredire avec tout l'aplomb dont elle était capable, quand le rôdeur lui mit une main sur l'épaule. Sans doute avait-il deviné ce qu'elle allait dire, puisqu'il enchaîna;

-Chevauchez avec moi, cela vous permettra de vous reposez si vous en ressentez le besoin, et dans le cas contraire, vous nous prouverez que nous avions tord.

Il lui souriait avec tendresse et elle ne sut quoi dire. Il savait manier les mots avec délicatesse et ... Après tout que risquait-elle?


Moins d'une heure plus tard, le petit groupe était lancé au galop sur les plaines du Rohan. Theoden avait donné des instructions, et Eowyn s'occuperait de guider le peuple en son absence, afin de le ramener à Médusel.

Naé était montée devant le rôdeur, qui avait glissé ses bras contre elle pour tenir les rennes, et la libérer ainsi de toute responsabilité.

La proximité de l'homme l'avait au début mit mal a l'aise, elle qui n'y était pas habituée. Elle sentait la chaleur de son corps contre son dos, et son souffle caresser sa nuque.

Et, bien que son contact était moins agréable que celui de l'elfe, (les Valars seuls savent pour quelle raison d'ailleurs) elle avait fini par trouver dans sa présence quelque chose d'incroyablement rassurant, et elle finit par se perdre elle même dans ses pensées, jusqu'à s'endormir complètement, sans y prendre garde, portée par le silence et le rythme régulier du cheval.

-Naé. Naé.

La voix d'Aragorn la tira de son sommeil. Le paysage avait changé, et elle ne mit pas longtemps à comprendre qu'ils s'étaient bien enfoncés dans la forêt de Fangorn. Son cavalier sourit devant son air endormi.

-Promis, je n'en dirais pas un mot aux autres, lui dit-il en chuchotant.

-Il vaudrait mieux pour vous, grinça-t-elle en souriant.

Ils avançaient rapidement, du fait de leur petit nombre. Gandalf était en tête, silencieux, comme à son habitude, il semblait préoccupé.

Le nain lui paraissait bien mal à l'aise, au milieu de tous ces arbres, cramponné derrière un elfe taciturne et froid. Alors qu'ils approchaient de l'orée du bois, un bruit d'eau parvint à leurs oreilles. La forêt semblait beaucoup plus calme que la dernière fois que le petit groupe l'avaient traversé, bien que certains oiseaux semblaient s'être remit à chanter. Ce n'était pas un calme oppressant, au contraire, c'était un calme naturel et apaisant.

Cela surprit les deux elfes, car ils pouvaient sentir que plus ils approchaient d'Isengard, plus ce calme était agréable. En sortant du couvert du bois, un drôle de spectacle s'offrit à eux.

Le barrage avait dû sauter, puisque l'eau recouvrait le sol, emprisonnant la tour, qui dépassait au centre de cet étang, et cela redonnait à l'endroit la beauté naturelle qui lui avait été enlevé. Des ents s'animaient un peu partout, autours d'eux, et il semblait évident qu'ils étaient la cause de ce changement.


A quelques pas du groupe, chacun sourit en apercevant Merry et Pippin, vautrés sur un rocher, fumant leurs pipes. Après la peur qu'ils avaient eu pour eux, l'elleth se réjouit de les retrouver bien en vie, entier et souriant. Lorsqu'ils les virent enfin, leurs visages s'éclairèrent, et ils crièrent de joie.

-Messeigneurs, bienvenue en Isengard!

-Oh jeunes coquins ! Une belle chasse dans laquelle vous nous avez entraînés, et on vous retrouve... à festoyer et... et fumer !

-Nous sommes assis, sur le champs de la victoire, et nous savourons quelques réconforts bien gagnés. Le porc salé est particulièrement savoureux.

-Le porc salé? s'étonna Gimli, d'un ton mi enervé mi emerveillé.

Gandalf leva les yeux au ciel.

-Ah, les hobbits..

-Nous sommes sous les ordres de Sylvebarbe, qui vient tout juste de reprendre les rennes de l'Isengard.

Un ent qui avait l'air particulièrement grand et vieux s'approcha d'eux, provoquant des vagues à chacun de ses pas.

-Jeune maitre Gandalf, je me réjouis de votre venu. Le bois, et l'eau, les troncs et la pierre, Je peux en venir à bout mais il y a un magicien à mater ici, enfermé dans sa tour.

Ils s'approchèrent alors un peu de la grande Tour, lorsqu'Aragorn perdit patience.

-Montrez vous!

-Prudence, même vaincu, Saroumane reste dangereux.

-Alors réglons lui son compte et qu'on en finisse! Gimli commençait lui aussi à perdre patience, face à la tension qui s'emparait du groupe.

-Non, il nous le faut vivant, il faut qu'il parle.


Au sommet de la tour Noire, un mouvement attira leur attention. Le maître des lieux dans sa robe blanche, nous toisait, attendant le début des négociations.

-Vous avez mené bien des guerres et tué nombre d'hommes, roi Theoden. Et vous avez tout de même fait la paix ensuite. Ne pouvons nous tenir conseil comme nous l'avons fait jadis, mon vieil ami? Ne pouvons nous faire la paix vous et moi?

En entendant cela, le poing d'Eomer se serra si fort, qu'il en eu mal a la main. Etait-il donc si éloigné de toute civilisation pour imaginer un seul instant qu'ils puissent faire la paix? Qui était donc cet abruti ridicule nappé d'un blanc crasseux? On le décrivait toujours comme un sage, aux pouvoirs incroyables, et voilà qu'en le voyant enfin il en eut pitié.

-Nous ferons la paix. Oui nous ferons la paix, lorsque vous répondrez de l'embrasement de l'Ouestfolde et des enfants qui gisent sans vie. Nous ferons la paix lorsque les vies des soldats, dont les corps furent dépecés devant les portes de Fort le Cor alors qu'ils étaient morts, seront vengés ! Lorsque vous pendrez un gibet pour le plaisir de vos propres corbeaux. Là nous serons en paix !

-Des gibets et des corbeaux ! Vieux radoteurs. Que voulez-vous, Gandalf Le Gris ? Laissez-moi deviner. La clef d'Orthanc, ou peut-être même les clefs de Barad-Dûr avec les couronnes des Sept Rois et les baguettes des Cinq Magiciens ?

-Votre traîtrise a déjà coûté de nombreuses vies et des milliers sont encore en péril, mais vous pouvez les sauver Saroumane. Car vous étiez dans les secrets de l'ennemi.

-Alors vous êtes venus quérir des informations. J'en ai pour vous. Quelque choses gronde en Terre du Milieu, quelque chose que vous avez omis de voir. Mais le Grand Œil l'a vu, lui ! Même maintenant il met à profit cet avantage, il attaquera très bientôt, vous allez tous mourir. Mais vous le savez, n'est-ce pas Gandalf ? Vous ne pouvez croire que ce rôdeur pourra un jour s'asseoir sur le trône du Gondor ? Cet éxilé, sorti de l'ombre ne sera jamais couronné Roi. Gandalf n'hésite pas à sacrifier tout ceux qui lui sont proches, ceux à qui il manifeste de l'amour. Dites-moi, quel mot de réconfort avez-vous susuré au semi-homme avant de l'envoyer à sa perte ? Le chemin sur lequel vous l'avez jeté ne peut le conduire qu'à la mort.

La tension était palpable autours d'eux, avec ses paroles répugnantes, ce serpent était entrain de les déstabiliser.

-J'en ai assez entendu. Tuez-le. Transpercez-le d'une flèche.

-Non ! Descendez Saroumane et votre vie sera épargnée !

-Gardez votre pitié et votre clémence, je n'en ai nul besoin

A ces mots, Gandalf brisa le bâton de son vieil ami, le privant ainsi de pouvoir. Une forme noire se dessina derrière le traître, et tous reconnurent Grima.

-Grima ! Rejoignez-nous. Libérez-vous de lui !

La pitié dont il faisait preuve surprit l'elleth, mais après tout ce n'était pas elle que ce manipulateur avait endormi pour régner à sa place.

-Libre ? Il ne sera plus jamais libre ! A terre, Chien!

A ces mots pleins de haine, Grima se jeta sur le magicien, et tous deux tombèrent de la tour. Saroumane dégringola jusqu'à leurs pieds et s'empala sur son propre moulin. Une mort aussi cruelle qu'il avait pu l'être. C'était de toute façon la seule issue possible. Pippin descendit soudain de cheval, et s'approcha de quelque chose qui brillait dans l'eau. L'elleth ne l'avait pas repéré avant, et n'en n'ayant jamais vu, elle eut du mal à reconnaître l'objet. Il sortit le Palantir de l'eau, et s'attarda à regarder dedans, avant que Gandalf ne le reprenne.

-Peregrin Touque ! Donnez cela, mon garçon. Dépêchez-vous !

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