Un Peuple Oublié

Chapitre 18 : Chapitre 17 _ Bien le fils de son Pére

2254 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 11/06/2020 22:05

Faisant demi tour, et galopant depuis quelques heures déjà, Gandalf décida qu'il était temps de s'arrêter dans une clairière, afin de grignoter et de se reposer un peu.

Chaque membre du petit groupe se détendait petit à petit. Après la bataille de ces derniers jours, et la mort de Saroumane, tout danger leur semblait potentiellement écarté pour le moment, bien que les derniers mots et avertissements du magicien résonnaient encore dans leurs oreilles.


Les hobbits racontèrent leur périple, et ce qu'ils avaient pu voir en compagnie de Sylvebarbe, quand en retour, Gimli leur conta la course dans laquelle ils les avaient entraîné, la bataille du gouffre, et l'arrivée héroïque de Gandalf et des rohirims qui les avait tous sauvés.

-Il y a cependant une question que nous n'avons pas réglée. J'ai eu la réponse de l'elfe, mais vous Naé, combien?

-158.

L'elfe avala son morceau de pomme de travers.

-Par Thorin, vous avez mit 10 têtes à Legolas!

-Mais je n'ai pas vomi mon propre sang.

-Cela peut encore s'arranger, grinça l'elleth, irritée par sa mauvaise foi. Qu'en est-il de vous maitre nain?

-A quelques dizaines près, marmonna-t-il dans sa barbe.

-Ce n'était qu'un échauffement. Vous avez entendu Gandalf, la guerre arrive. lui dit-elle en souriant avec beaucoup de légèreté.

Il rit de sa réponse, et s'allongea dans l'herbe verte.

Naé se dirigea un peu à l'écart, afin de surveiller l'état de guérison de sa blessure. En se déshabillant, elle put constater que la tache était à présent d'un bleu plus clair.

A croire qu'Aragorn avait eu raison de la prendre avec lui pour la laisser dormir. Mais ça, elle était bien trop têtue pour le lui avouer.


A son retour, le rôdeur prit de ses nouvelles et se montra surprit par la vitesse de la cicatrisation. Bien qu'il ait grandi parmi des elfes, il n'aurait pas pensé que chacun des clans ait des particularités physiques, morphologiques ou de tempéraments si différents.

-Les elfes blancs, comme ceux de Fondcombe que vous connaissez, peuvent bien sur être de bons guerriers, mais ils ne sont pas fait pour la guerre. Ils n'ont jamais eu l'habitude de la faire, enfait. Leurs blessures n'étaient donc pas fréquentes. La cicatrisation étant rare, ce n'est pas une propriété qu'ils ont développé, contrairement à nous. Expliqua la jeune femme. A l'inverse, nous ne sommes pas très doués pour soigner autrui, ou pour apporter la lumière dans l'esprit de quelqu'un. L'aider à prendre une décision, à se ressourcer ou à se connaitre. Ce sont des choses liées à l'esprit que nous n'avons pas prit le temps de développer, nous concentrant sur d'autres.

-C'est incroyable ! Je n'imaginais pas que vous puissiez être si différents au sein d'une même race ! S'écria Pippin

-Ben si, regarde, c'est un peu comme nous. Moi j'ai développé l'intelligence, et toi le goût de l'herbe à fumer ! Le taquina Merry

Chacun éclata de rire à sa plaisanterie. Cela faisait du bien de retrouver un peu de légèreté et de gaieté, après tout ça. Même Legolas avait sourit, et l'elleth l'avait remarqué bien malgré elle.

-T'es vraiment bête quand tu t'y mets ! Et Legolas alors, c'est un elfe blanc ?

Naé ne put s'empêcher de sourire devant la naïveté presque mignonne de Pippin.

-Vous avez l'impression qu'il ressemble à ces elfes vides et lisses de Fondcombe ? Bien sur que non il est beaucoup plus... elle n'avait pas réfléchit aux mots qui sortaient de sa bouche. Ils sortaient, c'est tout. Et devant le haussement de sourcil du nain et de l'intéressé qui semblait tout d'un coup particulièrement captivé par ce qu'elle allait dire, elle se reprit. Enfin il est beaucoup moins lisse. Non ?

Un petit brin rosé lui était malheureusement monté aux joues, et elle n'arrivait pas à le contrôler. Les hobbits et le nain se mirent à dévisager Legolas, le regard étonné, cherchant ce qu'elle avait voulu dire.

-Ben ...

Elle éclata de rire, non seulement pour cacher sa gène, mais aussi parce que le visage des hobbits commençait à prendre des expressions assez étranges. Elle suivit leurs regards et dévisagea l'elfe à son tour, pour essayer d'argumenter. Elle croisa son regard azur, qui semblait à la fois surprit et ... soulagé ?

Étrangement, il n'avait pas ouvert la bouche. Comme s'il la laissait faire. Comme s'il était réellement curieux de sa réponse. Elle inspira un bon coup, se donnant du courage, avant de reprendre;

-Ses traits sont plus dures, plus froids aussi. Plus ... masculins... Puis, se rendant compte que tout ce qu'elle allait dire ensuite ne serait finalement que des compliments, elle abrégea, les joues de plus en plus rosies, qui commençaient même à tirer sur le rouge. Enfin bon, c'est un Sindar.

-Sindar ?

-Un elfe Sylvain.

-Ah. Et qu'est-ce qu'il fait mieux ou moins bien que vous par exemple ?

-Ce peuple a toujours vécu dans la forêt. Petit à petit, ils ont développé la faculté de communiquer avec la nature qui les entoure. Les arbres, les végétaux, certains animaux, aussi... pourvu que ceux ci soient assez vieux pour les entendre. Cela fait désormais parti d'eux. Elle réfléchit un instant. Ils sont aussi doté d'une souplesse supérieure à la notre, et ont une meilleure dextérité pour ce qui est du tir à l'arc. Et en général, ils sont plus accoutumés à la solitude, et à l'indépendance que n'importe quelle autre race.

Un silence s'en suivit, et les yeux des petits hommes passaient de l'elfe, à l'elleth, pendant plusieurs secondes.

-Vous semblez bien renseignée sur mon peuple. Dit le prince, avec un ton presque emplit de douceur.

-Plus que vous sur le mien, c'est une cer...


Elle ne put finir sa phrase car un bruit dans la forêt attira son attention.

Elle se mit debout, s'apprêtant à en faire part aux autres, lorsqu'une vingtaine d'elfes sortirent des bois, pointant des flèches dans leur direction.

Les membres de la troupe se relevèrent immédiatement, et se regroupèrent instinctivement au centre.

Quelques secondes passèrent, quand soudain, l'un d'eux mit un genoux à terre, suivit par les autres.

Chacun commençait à se demander quel était encore ce piège, quand l'un d'eux prit la parole.

-Seigneur Legolas.

Le retournement de situation arracha alors un sourire à l'elleth.

-Relevez vous. Aindeas, que faites vous aussi éloigné du royaume de mon père ?

Le dénommé s'approcha, et s'inclina en signe de respect avant de prendre la parole.

-Je ne puis parler des affaires de mon Roi, mais vous pourrez le lui demander vous même, mon Prince.

Legolas se retourna, et regarda ses compagnons. Pour la première fois, Naé crut voir de la peur dans ses yeux.

-Le père de Legolas est ici ? Demanda Merry à Gandalf, tout excité.

-Rengainez votre hâte, Meriadoc, le Roi Thranduil n'est pas notre allié. Son ton était froid, et l'elleth crut y sentir une légère appréhension, ce qui la surprit de la part du magicien.

-Mais...

-L'avenir de notre monde l'indiffère.

Ces mots la laissèrent perplexe. Elle s'attendait à ce que Legolas prenne la défense de son père, mais il se contenta de fixer le sol, en silence.

Elle se perdit dans ses pensées le temps d'une seconde lorsque tout à coup, un immense élan, blanc et majestueux sauta hors du bois et s'arrêta devant eux.

Il était incroyablement gracieux, et sur son dos se tenait un elfe d'une beauté effroyable, qui lui coupa le souffle.

Ses cheveux presque blancs lui tombaient jusqu'en bas du dos, et ses yeux étaient bien plus glacials que ceux qu'elle n'avait vu jusqu'alors.

D'un bleu si profond qu'ils en étaient presque gris. Les traits de son visage étaient à la fois très durs, et en même temps incroyablement parfaits.

Sa noblesse ainsi que son rang apparaissait comme une évidence. Il les dévisagea, un calme glacial sur le visage, puis descendit de sa monture.

N'ayant d'yeux que pour lui, Naé ne vit pas le reste de sa troupe sortir du bois, et renforcer la barrière elfique qui les entourait.


La ressemblance entre les deux était frappante, comme le père s'approcha de son fils. Ils baissèrent mutuellement la tête, de façon très solennelle, pour se saluer, en murmurant des politesses rudimentaires en elfique. Le froid qu'on pouvait sentir entre les deux n'était pas très engageant, reflétant ce que le roi pouvait inspirer jusqu'à son propre fils.

-Seigneur Thranduil, commença Gandalf, alors que chacun inclinait la tête en signe de respect.

-Mithrandir, cela faisait longtemps. Sa voix était forte et puissante, et imposait le respect.

-Du fait de la divergence de nos préoccupations sans doute.

Le Roi sourit de façon ironique et la jeune femme crut un instant qu'il allait l'étrangler, quand il posa son regard sur elle.

Un frisson la parcourut et tous ses poils se redressèrent, lorsqu'elle sentit ses yeux de glace la transpercer.

-Père, laissez moi vous présenter Aragorn, fils d'Arathorn.

Le roi tourna la tête pour regarder l'intéressé, et finit à la place de son fils ;

-Le descendant d'Isildur.

Chacun inclina la tête.

-Et voici Théoden, roi du Rohan,

Mais son père se dirigeait vers l'elleth sans même prêter attention à ses mots. Il la dévisageait de haut en bas, et la lueur dans ses yeux bleus la mit mal à l'aise.

-Ainsi qu'Eomer, ...

-Et vous, qui êtes vous ? Le coupa-t-il en s'adressant à elle.

Cela était la preuve même de son indifférence envers les autres peuples, et elle vit le poing de Legolas se serrer à en faire pâlir ses jointures.

-Naé

Il se pencha vers elle, et leurs visages se touchaient presque, tandis qu'elle sentit son regard sonder son âme. Il semblait à la fois curieux, et en colère de la voir ici, "un étrange mélange, pour quelqu'un qui ne me connait pas" se dit-elle. Les instants semblaient s'étirer, et plus ils s'étiraient, plus elle était mal à l'aise.

Ce qu'il dégageait était tellement... Fort. Puissant. La carrure parfaite, le menton droit, la mâchoire carrée, il avait comme une aura autour de lui. Quelque chose qui fascinait l'elleth autant que ca la dérangeait. Une noblesse qui transparaissait dans tout. Dans sa gestuelle, parfaite, dans sa façon de marcher, souple et sure, dans le manque d'expressions de son visage. Ce masque froid, tellement impassible qu'elle douta une seconde qu'il ne soit qu'une statue. Jusque dans sa respiration, forte et régulière. Et devant tout cela, elle se rendit compte que plus elle perdait ses moyens, plus il semblait en gagner.

-Les elfes Noires se font rare.

Elle fut surprise qu'il ait deviné sa nature d'un simple regard.

-Et pourtant me voilà.

Il eut un air amusé, et se retourna vers son fils.

Par les Valars qu'ils se ressemblaient. Leurs beautés étaient à la fois si proches, et pourtant si différentes. Elle qui avait toujours vu Legolas comme un glaçon, aux cotés de son père, il ne lui inspirait plus qu'un petit flocon de neige.

-Tu ne m'avais pas dit qu'une rareté t'accompagnait. Cela m'aurait sans doute aidé à comprendre ton intérêt ridicule pour cette quête suicidaire.

Le visage de son fils se ferma, et Gandalf crut bon de changer de sujet.

-Que vient faire le Roi de la Forêt Noire en Isengard ?

-J'ai à traiter avec le magicien blanc d'affaires qui ne concernent que nous.

-Vous pouvez repartir, glissa Naé, agacée, sur le ton le plus froid qu'il lui était possible. Il est mort.

Il se retourna vers elle, plus surprit par le son de sa voix que par la nouvelle qu'elle venait de lui apprendre, qui ne le toucha, d'ailleurs, absolument pas.

-Bien, dans ce cas vous partiez ?

N'importe qui aurait demandé comment, ou pourquoi, ou par qui est-ce arrivé. Mais Thranduil était loin d'être n'importe qui, et chacun ici commençait à le comprendre.

-Nous retournons à Medusel, fêter la victoire des hommes au gouffre de Helm, répondit fièrement Théoden, irrité d'être évincé comme un moins que rien.

-Victoire que vous devez au seigneur Elrond.

Il ne s'était même pas retourner pour regarder son interlocuteur, il avait prononcé ces mots doucement, et calmement, comme s'il s'agissait là d'une évidence que même un enfant aurait comprit.

-Les hommes se sont battus vaillamment et avec courage père, vous ne pouvez dire cela, s'emporta Legolas.

Le Roi tourna la tête, regardant son fils.

-A quoi sert le courage quand on ne sait pas se battre ?

-Et à quoi sert de savoir se battre si l'on reste caché ?

Naé regretta aussitôt ses mots, et le regard glaçant du prince à son égard ne fit que renforcer son malaise.

-Je me posais justement la question au sujet de votre peuple, mais vous voilà.

La voix de Thranduil était calme et posée, et elle vit dans ses yeux glacés une lueur amusée.

-Venez vous restaurer à notre campement, que je profite de la présence de mon fils, avant que vous ne me l'enleviez à nouveau.

-Merci de votre générosité, se contenta de dire Aragorn.


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