Un Peuple Oublié

Chapitre 19 : Chapitre 18 _ Ce qu'il dégage est ... Tellement puissant.

2904 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 12/06/2020 10:49

Les elfes les entraînèrent dans la forêt, tandis que le roi et son fils s'écartèrent du groupe. Les elfes les escortèrent, durant plusieurs minutes, avant qu'ils n'arrivent à une autre clairière, cachée au cœur de la forêt. Une grande tente royale avait été dressée au centre, et quelques unes, plus petites l'entourait. Il était facile d'imaginer donc que la plupart préféraient dormir à la belle étoile, ou ne pas dormir du tout.

Le petit groupe fût installé à même le sol, et on leur présenta des fruits, que seuls les hobbits acceptèrent, puis chacun retourna vaquer à ses occupations, laissant les compagnons de route entre eux.


-Je n'aurais jamais imaginé le père de Legolas comme ça, commença Pippin.

-Aussi désagréable et imbu de sa personne vous voulez dire ! Rectifia Eomer, toujours en rage.

-Bien qu'il ne soit pas très prompt aux alliances et à ce qu'il se passe hors de ses terres, c'est un bon roi, le défendit Gandalf

-Un bon roi connaît la définition du mot respect ! S'emporta Theoden.

Son éclat de voix attira l'attention de quelques elfes autours d'eux.

-Gardez vous de critiquer un roi au milieu de son peuple, vous vivrez plus longtemps.

-Surtout si celui ci a une ouï elfique, n'est-ce pas ? Ria Pippin, apparemment plus fier de sa blague que de l'avoir comprise.

-Vous êtes bien silencieuse, Naé.

Gandalf la sortit de ses pensées.

-C'est que je n'ai rien à lui reprocher.

Le magicien sourit, tendrement.

-Il vous impressionne, n'est-ce pas ?

-De façon incroyable.

Il rit, tandis que les autres se regardèrent en se demandant si ce n'était pas une blague.

-Ce qu'il dégage est... tellement puissant.

-Il semble étonnement apprécier votre nature en tout cas, souligna le nain en allumant sa pipe. Enfin je ne dis pas ça de manière péjorative hein Naé, simplement tous les elfes qu'on a croisés jusque là semblaient plutôt remontés...

Elle sourit tristement.

-Rien d'étonnant à cela, mon ami, répondit le magicien.

Surprise, Naé s'empressa de relever ces mots.

-Pourquoi dites vous cela ?

Gandalf ouvrit la bouche, mais la referma bien vite.

-Le seigneur Thranduil désire vous voir, Madame.

Un elfe s'était approché silencieusement, transmettant le message qu'on lui avait confié. Naé écarquilla les yeux de surprise, puis se leva pour suivre l'homme qui la guidait.

Devant la tante royale, elle prit une grande inspiration, tentant de calmer les battements de son coeur.

Que pouvait donc bien lui vouloir ce roi si particulier.

Il n'avait rien à avoir, avec le seigneur Elrond, ni même dame Galadriel, bien sur, ni même ... Avec personne. Evidemment, les autres le détestaient. Il semblait totalement imbu de lui même, encore pire que son rejeton, se dit-elle. Mais il exerçait sur elle une fascination et une attirance particulière. Elle avait du mal à l'imaginer en père. Et elle devait bien avouer, qu'elle n'avait pas imaginer le père de l'autre abruti comme cela. Pas aussi froid. Tout à l'heure, elle avait eu l'impression qu'il pourrait la geler sur place, rien qu'en la regardant. Alors en lui parlant.. Brrr. Elle frissonna, serra les poings, et pénétra dans la tente. .


Il se tenait en face d'elle, et de nouveau, elle fut incapable d'en détacher les yeux ne serait-ce que pour observer les éléments qui l'entouraient.

-Laisse nous.

Sa voix était sèche, et elle ne comprit pas tout de suite que c'était à son propre fils qu'il s'adressait.

Legolas inclina la tête, en mettant une main sur son cœur, puis la laissa aller vers son père, signe de respect, avant de se diriger vers la sortie.

En passant à coté d'elle, il plongea son regard dans les yeux de Naé, et elle ne sut quel sentiment y lire... cela semblait ressembler à des excuses, mais elle n'en fut pas sur.

Le Roi se tourna vers elle, et fixa cet échange avec intensité, ne semblant pas vouloir prendre la parole, il but une gorgée de ce qui devait être du vin attendant que son fils ne daigne enfin sortir. Lorsqu'enfin ils furent seul, rien ne se passa.

L'instant s'étira, commençant à devenir pesant, avant qu'elle ne comprenne.

Trop impressionnée pour être naturelle, elle se renferma dans le seul sentiment qui lui donnait un semblant de confiance en elle. L'agressivité.

-Vous attendez un signe de respect ? Une révérence peut être ? Dit-elle de façon sèche.

A sa grande surprise, un sourire en coin se dessina sur le visage de son interlocuteur.

-Vous le sauriez si vous aviez été convenablement élevée.

-Je comprends mieux d'où Legolas tient son sarcasme.

Le Roi s'approcha d'elle en une seconde, rapprochant son visage du sien, les traits tirés par la colère.

-Ma patience a des limites, ne vous avisez plus jamais de critiquer mon fils.

Elle baissa instinctivement les yeux, et se mordit la langue pour ne pas riposter. Il fallait voir le positif, cela n'était rien d'autre qu'une preuve d'amour à sa manière à lui. Le roi s'éloigna, lui servit un verre, et le lui tendit, sans lui demander son avis.

Fixant ses yeux, elle le prit et le but d'un cul sec, puis reposa le verre sur la table avant de prendre un air agacé.

Elle aussi, sa patience avait des limites.

-Votre vin est tout juste passable, si c'est pour le goutter que vous m'avez convoqué permettez moi de repartir.

Elle inclina la tête, et commença à s'en aller.

-Vous tourneriez le dos à un roi ?

Elle s'arrêta.

-Je tournerai le dos à n'importe quel homme qui penserait pouvoir contrôler mes pas.

Un éclat de rire s'éleva dans son dos, et elle se retourna de surprise.

-Venez près de moi, dit-il en reprenant son masque de marbre.

Il lui tendit la main, et elle ne put la refuser, se sentant irrésistiblement attirée vers cet être. Elle s'attendit à un choc au contact de sa peau, comme cela avait été le cas avec son fils, mais rien ne se passa. Pas le moindre frisson, pas le moindre battement de cœur, rien. Sa peau était froide, presque glacée, contrastant avec la chaleur de sa propre paume.

-Que fait une elfe noire dans un cirque comme celui ci ? Commença-t-il, en la faisant s'asseoir sur l'un des sièges qui meublaient le fond, rompant ainsi le contact de leurs peaux.

Elle ignora royalement sa question.

-Vous semblez en savoir beaucoup sur mon peuple.

Il ne put retenir un léger sourire en coin.

-Assez pour avoir conscience de votre valeur.

-Comme vous semblez nous accorder un intérêt tout particulier, je suis désolée de vous apprendre que je ne sais pas où se trouve ce qu'il reste des miens. Elle fit une pause, surprise de lire la déception sur le visage de son interlocuteur. -Pourquoi cela vous intéresse ?

Il plongea ses yeux dans les siens, et se mordit la lèvre inférieure, ne laissant néanmoins pas deviner de quelle émotion cela venait. Il se releva brusquement et lui tourna le dos, se resservant à boire.

-Peut être aurions nous mutuellement quelque chose à nous offrir.

Elle se tut, prenant le temps de sous peser chacun des mots qui venaient d'être prononcés.

-Votre talent de la mort nous serait bien plus précieux qu'à ces... autres, continua-t-il avec un dégoût soudain en finissant sa phrase.

Elle prit quelques instants avant de répondre,

-Et qu'auriez vous donc à m'offrir ?

-Un peuple, répondit-il en se tournant vers elle.

Elle rit de façon ironique.

-Vous semblez être le seul ici à supporter la présence de quelqu'un de ma race. Qu'est-ce qui vous fait croire qu'ils m'accepteraient ?

-C'est à une reine d'accepter ses sujets, non l'inverse.

Le cœur de Naé manqua un battement, et elle le fixa, attendant le moment où il se mettrait à rire de sa propre blague. Mais il ne le fit pas.

-Je ...

Elle fixa les yeux clairs de l'elfe. Elle crut un instant y voir son propre fils, tant leur ressemblance était frappante.

Il était magnifique, c'était indéniable, mais quelque chose en lui lui faisait peur, et malgré la fascination qu'il exerçait sur elle, quelque chose au fond de ses tripes, quelque chose d'inexplicable, l'empêchait d'accepter. Elle se releva.

-Je n'accepterai jamais pour peuple ceux là même qui m'ont haï et rabaissée, et jamais dans mon lit un être de glace qui ne manque pas de faire remarquer sa supériorité aux autres.

Il la fixait, intensément, immobile, surprit de sa réponse.

Elle s'attendait à ce qu'il s'énerve, lui hurle dessus qu'elle n'était pas en position de refuser quoi que ce soit, mais il resta assis, le visage neutre.

-Je n'ai jamais parlé de lit, se contenta-t-il de répondre avec un sourire carnassier sur le visage. Devant son air dépité, il ajouta.

-Vous êtes jeune, sans doute trop pour comprendre le caractère unique de mon offre. Peut être même pensez vous en recevoir une meilleure un jour ? Mais vous vous trompez, belle enfant. A moins que vous ne croisiez votre Alaar sur cette terre avant qu'il ne rejoigne les terres immortelles... Puisque vous, n'y avez plus droit n'est-ce pas ? Jamais vous ne ressentirez l'Appel de la mer. Je ne saurais dire si c'est une bénédiction ou une malédiction, d'ailleurs, mais c'est ainsi. Puis il marqua une pause, arrivé au bout de son élan. -En ces temps de troubles, mon peuple a besoin de guerriers, de meneurs.

-Alors c'est à votre fils qu'il faut faire une offre. Il est plus capable que moi.

-Mon fils me rejoindra, qu'il le veuille ou non. Reprit-il le ton froid. Si c'est à ses cotés que vous voulez être, vous devriez acceptez mon offre avant que votre impertinence ne m'ennuie.

-Non, ce n'est pas... Vous vous trompez...

-Peu m'importe votre relation, elle prendra fin lorsque Legolas reprendra conscience de sa place à mes cotés. Ou quand il ressentira l'Appel. Dans tous les cas je vous prierais de taire chaque sentiment que vous nourrissez à son égard, car vous ne pourrez jamais lui apporter ce qu'il mérite.

Blessée, profondément par ce que le Roi venait de dire, et bien qu'elle n'en comprenait pas la raison, elle vit passer quelque chose dans son regard. Quelque chose qui lui expliqua alors ce qu'elle faisait réellement là.

Thranduil avait peur d'elle.

Non pas de sa nature ou de sa personne.

Peur de la relation qu'elle pourrait avoir avec son fils.

Et elle comprit que sa soit disant généreuse proposition n'était en réalité qu'une farce pour évitez à tous liens de se créer entre eux.

Elle dut alors se retenir d'éclater de rire.

Qu'est-ce qui avait bien pu faire penser à Thranduil que ... ? C'était absurde et infondé !

Et pourtant, elle ne put s'empêcher de se sentir brisée par les mots qu'il avait prononcé.

Elle se sentit devenir pâle. Bien trop pâle pour quelqu'un de son peuple, d'ailleurs. Doucement, elle se retourna, et se dirigea vers la sortie, la gorge bien trop nouée pour savoir que répondre.

Tout d'un coup, elle s'arrêta, et au point où elle en était, elle s'autorisa à poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis plusieurs mois.

-Sa mère... C'était une elfe noire. N'est-ce pas ?

Le roi s'arrêta dans son geste comme il sembla soudain assaillit par de vieux démons, et son regard se voila. Il ne répondit pas et son silence parla pour lui.



Elle rejoignit les autres, à vive allure.

-Alors ? Ça à été long, qu'est-ce qu'il voulait ?

Elle ne put s'empêcher de jeter un regard à Gandalf, qui lui semblait l'avoir deviné, et fronça les sourcils.

-Rien d'important. Nous devrions partir avant que sa majesté ne nous l'autorise plus.

Ils se mirent presque aussitôt en route, retrouvant leurs chevaux respectifs. Gandalf menait la marche, faisant de temps en temps ralentir GrisPoil, dont le galop était bien plus rapide que celui des autres. 



Le soir venu, ils établirent un camp, et l'elfe partit monter la garde. Lorsque chacun fut endormi, Naé s'approcha du magicien, et s'assit à ses cotés près du feu. Aucun mot ne fut prononcé pendant plusieurs minutes, puis l'elleth rompit le silence.

-Vous le saviez, n'est-ce pas ?

Il toussota la fumée de sa pipe, et la regarda l'air surprit.

-Que sa mère était de ma nature.

-Oh oui. Il prit une bouffée de tabac avant de continuer.

-Je ... J'étais jeune, du moins plus jeune, mais comment oublier. Le roi Thranduil était à l'époque bien différent de ce qu'il est aujourd'hui. Incapable d'apprécier la même femme plus d'une nuit, au grand damne de son père d'ailleurs. A bien y réfléchir je crois qu'il faisait tout ce qui ne se faisait pas, et ne faisait pas tout ce qui se faisait. Il sourit pour lui même, les yeux nostalgique. L'amour, le mariage, tout cela ne l’intéressait pas. Il voulait se battre, donner à son cher père, Oropher, une raison d'être fier de lui. Il était doué, pour cela. Presque autant que son fils maintenant. Je ne le connaissais pas à cette époque, mais il est même allé jusqu'au Nord, affronter les grands Serpents qui y semaient la mort.

-Il a combattu les Dragons? Demanda l'elleth les yeux brillants d'admiration.

-Oh oui.. Rien ne lui faisait peur. Mais Ancalagon lui a laissé un souvenir cuisant. L'ont raconte qu'il à faillit devenir fou de douleur. Pendant plus d'une centaine d'années, il est resté enfermé au palais, Apprenant à se remettre du feu du dragon... Puis un jour, il ressortit, changé. Pas physiquement, non, il s'appliquait trop à le cacher, mais dans son être. Il était devenu froid. Glacial. Mais tout reprit son cours.

Toutes les jeunes elleths, (admirant son courage évidemment) étaient passées devant lui. Toutes celles de la forêt Noire s'y sont gelées les doigts. Ainsi que celles d'Imladris. Puis celles de Lothlorien. Il restait toujours aussi froid, et insensible. Je me souviens des crises de colère d'Oropher, qui commençait à craindre pour sa descendance.

Il rit.

Et ce jeune Thranduil, qui lui disait qu'il se moquait de leurs éducations, qu'elles sachent chanter, qu'elles soient fines ou élégantes, ou qu'elles sachent broder... Il voulait une épouse qui le comprendrait. Qui aimerait vivre. Et qui l'aimerait lui... Il vous aurait plu alors, j'en suis sur.

Puis un jour il l'a vit. Au milieu d'un champ de bataille, couverte de sang et de boue. Il en tomba amoureux au premier regard. Evranï. Le parfait mélange de beauté et de caractère. Ce n'était pourtant ni une reine, ni une princesse. Une simple petite elfe Noire, comme vous.

Le mariage avait fait scandale à l'époque. Si vous avez l'impression que le monde vous déteste aujourd'hui imaginez il y a 3000 ans. Mais elle était son Alaar, et il était le sien. On ne conteste pas ces choses là. Ils vécurent heureux d'ailleurs. En bon souverains, aimés de leur peuple, ils étaient un modèle. Puis, la guerre contre Sauron s'est étendue jusqu'à eux.

Il était très impliqué, à l'époque, dans tout ce qui concernait cette terre, aussi était-il parti avec son armée, preter main forte au seigneur Elrond, faisant promettre à son épouse de veiller sur leur très jeune fils en son absence.

Mais ce qu'il restait des elfes noires menaient un combat sur un autre front, et loyale envers les siens, elle abandonna sa promesse, répondant à ce que votre race nomme 'l'appel du sang'.

Il poussa un soupir, et le silence qui se fit ensuite sembla durer une éternité.

-Elle est morte, là bas, à Gundabad. Comme les trois quart de votre peuple.

Quand Thranduil est rentré, il est devenu fou de rage et de chagrin. S'enfermant dans son royaume, il décida de ne plus se mêler du monde au-delà de ses frontières.

Sans réellement lui expliquer la mort de sa mère, tout ce que le roi dit à son fils, c'était que celle ci était morte à cause des elfes noirs.

Naé plongea son regard dans les braises, qui rougissaient sous les mots du magicien.

Une brindille craqua derrière elle, et sans même se retourner, elle sut que le prince avait lui aussi entendu l'histoire.

-Pourquoi élever son propre fils dans la haine du peuple de sa mère ? Cela n'a pas de sens.

-Peut être pour le protéger, l'empêcher de fréquenter des êtres sans paroles, qui préfèrent la guerre à leurs enfants. Ce n'est pas ce que je pense, bien sur, mais c'est sans doute l'idée qu'a du se faire Thranduil. La demande qu'il vous a faite, d'ailleurs, était sans doute destinée à vous éloignez de son fils. Ou à l'éloigner de vous, peut être, n'est-ce pas?

-Je...

-J'ai arrêté d'essayer de comprendre le seigneur Thranduil il y a bien longtemps, Naé... Mais qui sait ce que je serais devenu si j'avais dû traverser la moitié des épreuves qu'il a affronté...


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