Un Peuple Oublié

Chapitre 23 : Chapitre 22 _ L'étranger

2085 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 12/06/2020 18:31

Le lendemain, l'entrainement commença tôt.

Naé était allée proposer aux femmes qui le voulaient, de les entraîner, et contre ses attentes, il n'y en avait eu que 3. En comptant Eowyn.

Un bien petit groupe, mais elle espérait qu'il gonflerait très vite. Elles avaient tout à apprendre, et le début des progrès fut rapide, presque immédiat, prouvant ainsi leur motivation. Des épées en bois leur avaient été prêtées, et lorsqu'elles n'en purent plus, elles essayèrent l'arc. Elles se révélèrent meilleures tireuses que les hommes, plus précises, moins pressées.

Certains du village étaient venus assister à cela, les motivant ou non à emprunter ce chemin.


La journée se déroula sans encombre, sur un schéma intensif, jusqu'au milieu d'après midi.

Chacun fit une pause, et les quatre compagnons se retrouvèrent ensemble, pour échanger quelques anecdotes.

Assis par terre, ils faisaient le point sur ce qu'il s'était passé durant la journée.

Les progrès accomplis, et le changement de professeur pour certains, lorsqu'un cheval avança vers eux.


Son cavalier avait l'air d'un voyageur tout à fait normal, et personne ne le remarqua.

Il portait des vêtements de cuir noir, une longue cape recouvrait ses épaules et la capuche rabattue sur son visage empêchait de deviner ses traits.

Personne ne le remarqua, sauf Naé.

-Il se prit un gros coup de poing dans l'estomac et celui là! Il ne l'oubliera pas ! Non mais dis donc ! Depuis quand être petit « doit être un désavantage au combat » ? Etre un idiot, ca l'est vraiment ! S'écria le nain, suivit d'un éclat de rire gras. Naé, tu ne trouves pas ça drôle ? ... Naé ?


Celle ci avait déjà décroché. Les yeux figés sur le nouvel arrivant qui s'approchait, doucement.

Elle n'entendait plus ce qu'il se passait autours d'elle.

Le cheval continuait à s'approcher, au pas. Arrivé à quelques mètres, l'homme se laissa tomber au sol, lentement, puis s'approcha de l'elleth.

Elle sentit le poids de son regard sous la longue capuche qui cachait son identité.

A quelques pas de celle ci, l'homme tira le tissu en arrière, libérant son visage.


Les trois compagnons s'arrêtèrent de parler, et se retournèrent vers l'homme, qui semblait captiver leur amie.

Non pas un homme, un elfe.

Même sans voir la pointe de ses oreilles, c'était une certitude. Sa beauté était beaucoup trop évidente.

Il était grand, de carrure moyenne, mais qu'il était facile de deviner toute en muscles. Ses cheveux étaient longs, lui tombant jusqu'au milieu du dos. La couleur en était étrange, d'une base chocolat, des reflets rouges apparaissaient suivant la lumière.

Une prestance incroyable se dégageait de lui.

Avant même qu'il ne relève les yeux, Naé savait que ses pupilles étaient d'un vert pailleté, comme celui de son œil gauche. Son visage était particulièrement détendu, et un rictus au coin de ses lèvres trahissait son amusement.

Naé se releva d'un seul coup, et s'approcha doucement de l'elfe, les yeux écarquillés.

-Azazel ?

Sa voix n'était pas sûre, et lorsque l'intéressé acquiesça d'un signe de tête, elle s'écroula, à genoux sur le sol.

-Relève toi, Naélane répondit-il d'une voix ferme.

Elle releva la tête, et ils se fixèrent un instant, sous les yeux écarquillés de ses compagnons. Une aura malsaine sembla s'en dégager, mais elle s'effaça aussi vite qu'elle était apparue.

Elle leva une main, et caressa son visage, comme pour se prouver qu'elle ne rêvait pas.


"Naélane?" se demandèrent alors les compagnons. Il était vrai que "Naé" avait toujours parut étrange comme prénom elfique. A la fois trop court, pas assez symbolique. Legolas sourit en se rendant compte qu'il n'avait jamais pensé à un surnom. "Naélane", se répéta-t-il pour lui même, en boucle. Comme si enfin il parvenait à s'approprier une partie d'elle. Ne serait-ce que son prénom... Puis il se demanda subitement comment cet elfe sortit de nul part pouvait le connaitre, alors qu'aprés avoir passer presqu'une année ensemble, la compagnie l'ignorait. Étrangement, cela le mit en colère.


-Quel est ce maléfice ? Demanda-t-elle à l'inconnu, la voix tremblante.

-Naé tu connais cet elfe ?

Legolas s'agaçait de plus en plus par la situation, et par le fait de ne pas savoir ce qu'il se passait.

-Il ... Il est mon prince, répondit-elle en faisant face à ses amis.


-Je ne suis plus ton prince. Et ce depuis longtemps.

Elle baissa la tête, comme en signe de remerciements. Les trois hommes se relevèrent, les yeux écarquillés.

-Je te pensais mort.

-Et qui m'aurait tué ? Sa voix était joueuse, presque narquoise, et elle sourit face à cette arrogance.

-Ça ne doit pas être les prétendants qui manquent à l'appel, répondit-elle dans un sourire.

-Apparemment tu n'en fais toujours pas parti.

Chacune de ses phrases se terminaient par un sourire en coin, ou un regard malicieux. Pourtant très heureuse, Naé eut le sentiment qu'elle ne le reconnaissait plus, et l'ombre d'un instant, il lui fit peur.

-Heureusement, sinon tu serais déjà mort.

Il éclata d'un rire cristallin,

-Tu m'as souvent manqué, tu sais, continua-t-il en lui caressant la joue.

Ils avaient été amants pendant longtemps, elle avait toujours aimé le coté rebelle et impertinent du prince, sa beauté indéniable, et leurs nuits avaient toujours été fougueuses et agréables. Mais aujourd'hui, le contact de sa peau lui arracha un frisson.

-Il fallait venir me chercher.

Elle faisait toujours en sorte de répondre avec un grand sourire, et des gestes gracieux pour ne pas le froisser. Elle savait à quel point il détestait ça...

-Tu étais plutôt du genre difficile à trouver... Jusqu'à aujourd'hui.

-C'est surement pour cela que je suis toujours en vie.

Encore une fois, il éclata de rire, et ses yeux se mirent à pétiller.

-Et tu serais encore moins facile à tuer en étant à mes cotés.

Elle ravala sa salive, et jeta un regard à ses compagnons. Personne ne savait quoi dire, et elle vit Legolas serrer le poings, de colère ou de malaise, elle ne sut le dire.

-Je vous laisse prendre le relais Messieurs, leur dit-elle gentiment.

Puis elle prit Azazel par le bras et ils s'éloignèrent ensemble.


Lorsqu'ils furent assez loin de toutes oreilles indiscrètes, ils s'assirent dans l'herbe, côte à côte.

-Que fais-tu ici ? Commença-t-elle, avec tendresse.

Il la fixa alors avec intensité, et cela lui réchauffa le cœur, lui rappelant un temps où sa vie était bien différente.

-Je suis venu pour toi, lui dit-il avec un large sourire.

Elle rit, sachant pertinemment que ce n'était pas vrai.

-Pourquoi maintenant alors ? Cela fait plusieurs siècles, Azazel...

Le sourire de l'homme s'effaça d'un seul coup.

-J'ai été, ... occupé.

-A quoi donc ?

-Et puis tu n'étais pas évidente à trouver. Bien que je ne l'espérais pas, je commençais à te croire morte.

Leur discussion était légère, comme chacun semblait heureux de revoir l'autre, leurs sourires s'affichaient de bonne grâce.

-Et comment as-tu appris où je me trouvais ?

Il rit à cette question.

-Les hommes parlent beaucoup, tu sais. J'ai entendu parler d'une elfe, qui se serait battue vaillamment l'hors de la bataille du gouffre de Helm. Qu'elle avait deux lames, et s'en servait mieux que personne pour démembrer ses ennemis. J'ai entendu qu'elle était terriblement belle, bien qu'elle ait sale caractère. Tu commences à avoir ta réputation, tu sais. Se battant aux cotés des Rohirrims, j'espérais bien te trouver ici. J'ai douté que ce soit toi, bien sur, celle que je connaissais méprisait les Hommes, j'avais du mal à imaginer que tu te sois battue pour eux. A moins qu'ils t'aient payé ?

Elle eut un sourire triste, presque nostalgique en entendant ces mots.

-Beaucoup de choses ont changé, tu sais. Ma vision du monde, a elle aussi, évoluée. Nous devrions tous nous battre à leurs cotés.

Le prince noir éclata de rire.

-Les hommes sont faibles, Naé, pas moins maintenant qu'ils ne l'étaient autrefois.

-Ils ne demandent qu'à devenir fort.

-Et c'est toi qui va leur apprendre ? En mettant des épées dans les mains de leurs femmes ? Je t'en prie, tu n'es pas devenue naïve à ce point. Leur nature les rend faible, voilà tout. Un dragon aurait beau essayer à apprendre à un chat à être comme lui, cela ne marcherait pas. 

Elle sourit, avec douceur.

-Non, mais il en ressortirait peut être un tigre. Et un tigre, ça sait se défendre.

-Mais les tigres, ça n'existent pas. Je veux que tu partes avec moi.

Elle ne put retenir un éclat de rire.

-Pour t'aider dans une mission ? Quelle est ta cible, cette fois ?

Un sourire amusé étira ses lèvres.

-Tu as raison, j'en ai une. Mais tu pourras repartir à mes cotés dés que j'aurai sa tête.

-Tu n'aurais pas envie de te battre pour une vraie cause ?

Il éclata de rire. Elle avait toujours adoré son coté piquant et rieur, et fut surprise de le retrouver comme elle l'avait quitté.

-Crois moi, c'est déjà le cas. Doublement apparemment, puisqu'il y a toi.

Elle se sentit sincèrement heureuse, de retrouver l'être qui fut si cher à son cœur. Elle avait partagé plusieurs siècles de sa vie avec cet elfe, et bien qu'elle n'en fut jamais tombée amoureuse, elle avait beaucoup d'estime et de tendresse pour lui.

-Et qu'est-ce que nous ferions ensemble ?

-Je n'ai pas le souvenir que nous nous ennuyions, la taquina-t-il. Je me souviens de certaines nuits plutôt agréables.

-C'était il y a bien longtemps, tu as sans doute perdu de ta fougue depuis...

Il afficha un sourire carnassier,

-Tu veux parier ?

Elle éclata de rire, leur complicité revint petit à petit. Bien qu'elle ne répondait pas vraiment à sa demande, elle aimait jouer. Leur relation avait toujours été basée là dessus, d'ailleurs. Le jeu. Et cela avait très bien fonctionné jusqu'à maintenant.

-Pourquoi as tu disparu ?

Il écarquilla les yeux, et son sourire se brisa.

-Certaines choses ne sont pas bonnes à dire, d'autres ne le sont pas à entendre.

Elle fronça les sourcils. Sans doute ne saurait-elle jamais, après tout.

Ils avaient toujours été ensemble. Depuis leur plus tendre enfance.

Il avait été tout pour elle, son amant, son frère, son ami, son protecteur, son prince, évidemment, puis son enseignant, la seule personne qui avait de l'importance à ses yeux.

Et un jour, elle l'avait perdu.

Cela lui avait fait si mal, que depuis, elle avait toujours été seule. Et voilà qu'il revenait.

C'était à la fois très étrange, et inespéré.

Il ressemblait à un fauve. Depuis toujours. Sur de lui, arrogant, légèrement manipulateur de temps à autre pour arriver à ses fins. Excessivement beau, drôle, et très protecteur envers elle. Il ne se satisfaisait jamais de ce qu'il avait. Il voulait toujours plus. Courageux, téméraire, impulsif, et borné. Oh oui borné. Elle sourit pour elle même en le revoyant faire des crises lorsqu'il mettait du temps à obtenir ce qu'il voulait avoir. Mais surtout, il ne s’arrêtait jamais avant d'avoir ce qu'il voulait. Jamais. Et aujourd'hui il était là.

Comme elle n'avait rien répondu, il enchaîna,

-Et toi ? Que fais-tu avec ces... autres ? Je croyais que tu aimais ta liberté.

N'aimant pas du tout le ton qu'il avait employé pour parler de ses amis, elle décida de ne pas trop en dire. Après tout, elle avait beau l'avoir connu il y a longtemps, elle ne savait plus quel genre de personne il était.

-Je rembourse une vieille dette.

Il eut un sourire malicieux.

-Je t'ai cherché, tu sais, continua-t-elle. Longtemps.

Il lui présenta sa main, et elle y glissa la sienne.

Sa peau était froide. Anormalement pour quelqu'un de leur race. Mais elle ne dit rien, se contentant d'apprécier de retrouver cette vieille amitié.

Ils continuèrent à parler ainsi, quelques heures. Se racontant des futilités, ou se remémorant des souvenirs agréables qu'ils avaient partagé.


Lorsqu'ils furent éloignés, les trois compagnons reprirent l'entrainement avec les Hommes.

Legolas lançait de temps en temps des regards en arrière, chose que Gimli ne manqua pas de remarquer.


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