Un Peuple Oublié

Chapitre 26 : Chapitre 25 _ L'Attente

2339 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 13/06/2020 16:00

Elle avait un goût âpre dans la bouche, et le sentiment d'avoir mal dans chacun de ses muscles.

Après avoir maudit l'elfe, Azazel, son handicap, cette quête ratée, la compagnie, sa nouvelle vie, Sauron, les orcs, Morgoth et tous les seigneurs nains de la terre du milieu, elle sentit soudain une larme ronger sa joue.

Surprise, elle s'arrêta.

La toucha, comme pour être sur qu'elle ne rêvait pas. Puis elle se maudit elle même pour tant de faiblesse.


Arrivant au château, elle demanda à ce qu'on lui prépare un bain, et alla grignoter un morceau en attendant.

Quelques minutes plus tard, elle entra dans l'eau brûlante, et toutes ses émotions négatives s'évaporèrent d'un seul coup.

Ses pensées se vidèrent, et elle eut un instant l'impression de retrouver son ancienne vie. Lorsque tout était à la fois plus simple et plus compliqué. Lorsqu'elle ne se souciait que de sa personne, et faisait ce dont elle avait envie. Lorsqu'elle arrivait à se battre si bien qu'elle avait du mal à trouver un adversaire à sa taille... Aujourd'hui même Gimli ou Aragorn pourrait bien lui mettre une raclée.

Sentant poindre la tristesse, elle se lava en silence, et profita de l'eau jusqu'à ce qu'elle tiédisse.

Se relevant, elle alla s'allonger dans son lit, et fermant les yeux, elle se perdit dans ses pensées.

Pourquoi l'elfe lui avait-il parlé de cette façon ? Avait-il été déçu ? Choqué ? Triste, ou même en colère de ce qui lui était arrivé ? Peut être lui en voulait-il d'ailleurs, lui aussi avait été blessé, et elle en était l'unique responsable. Ou peut être lui en voulait-il pour la nuit qu'ils avaient passé ? Ou sans doute pour le fait qu'elle l'ai ignoré depuis ? Ou alors il s'en voulait à lui. Il haïssait sa race depuis toujours, s'être abaissé à passer la nuit avec l'une d'entre eux lui laissait peut être un sale goût dans la bouche. Oh et puis qu'il aille au Diable, tout cela n'avait pas la moindre importance.


Elle se réveilla plusieurs heures plus tard, avec une nouvelle idée en tête. Sans perdre un instant, elle avança d'un pas sur vers le village, et trouva rapidement la maison du tanneur. Puis du tisserand, et retourna dans sa chambre.

Avec le cuir qu'elle avait acheté, elle passa l'après midi à se faire de nouveaux habits. C'était quelque chose qu'elle avait déjà fait maintes fois, et elle avait l'habitude de se confectionner elle même des tenues. Comme ses anciennes bottes, sa cape et son corset était restés indemne, elle n'eut qu'à se préparer un pantalon, une chemise et une spallière qui ne soit pas trop large.

Quand ce fut fait, elle put enfin s'habiller de manière décente, et cela lui fit déjà un bien fou. L'impression de se retrouver de nouveau.

Puis, continuant sur sa lancée, elle essaya de mettre au point un mécanisme rétractable. Cela lui demanda plus de temps, plus de concentration, et plus de jurons.


Après plusieurs heures, elle essaya de l'accrocher à son brassard et l'ajusta.

Elle y glissa ensuite sa dague, de façon à ce que d'un simple mouvement de poignet, la lame puisse sortir au dessus de sa main.

Puisque sa main ne pouvait plus tenir d'arme, elle avait fait de son arme une main.

Elle s'entraîna ensuite à faire sortir la lame, plus ou moins rapidement, se familiarisant avec cette nouvelle sensation. Un petit crochet permettait de la maintenir à l'intérieur, discrètement.

Lorsqu'elle fut à peu près satisfaite, elle se remit devant le miroir.

Elle avait déjà bien meilleure allure que le matin, et se reconnaissait un peu plus dans ce reflet. Elle toucha néanmoins ses cheveux. Cela lui prendrait du temps pour s'habituer. Elle fit courir quelques mèches blanches entre ses doigts, puis finit par sortir.


Il faisait déjà nuit lorsqu'elle rejoignit la grande salle, où elle y découvrit ses compagnons attablés avec plusieurs rohirrims.

Elle s'assit à coté du rôdeur, face à l'elfe, tout en appréciant le fait que la conversation ne s'arrête pas à son entrée.

Elle avait toujours eu horreur d'être un centre d'attention, cela la mettait toujours extrêmement mal à l'aise, mais il fallait avouer qu'après ses petites transformations physiques, les hommes avaient tendance à la dévisager.

Sans même la regarder, Aragorn lui servit une grosse pinte de bière, et tous éclatèrent alors de rire pour ponctuer une histoire contée par l'un d'eux.

Naé soupira de plaisir devant ce manque d'attention, et but une grosse gorgée avant de s'intégrer dans la discussion.

Chacun des soldats semblait raconter sa première journée au sein de l'armée. Et au bout de quelques minutes, l'elleth se surprit à éclater de rire en entendant certains détails. La naïveté des hommes était quelque chose qu'elle trouvait de plus en plus attachante. Gimli finit par lui apporter une assiette de pommes de terre bouillies, et devant sa mine surprise se sentit obligé de préciser ;

-Vous devriez vous remplumer un peu.

-Mais je n'ai...

-Barf, l'appétit vient en mangeant.

Puis il replongea son regard à l'autre bout de la tablée, ne laissant pas de place à la discussion. Elle haussa les épaules, grogna pour elle même et enfourna une grosse fourchette de patate dans sa bouche.


La soirée se déroula ainsi, et lorsque chacun s'eut resservit plusieurs choppes et qu'ils eurent vidés un tonnelet, ils passèrent à un alcool beaucoup plus fort, que Naé ne connaissait pas. Il se buvait dans des tout petits verres, petites gorgées par petites gorgées. Puis, lorsque chacun eut raconté sa première journée dans les rangs, puis sa première gueule de bois, ils passèrent à leur première fois.

-Si cela vous dérange Madame, on peut changer de sujet hein

Gimli éclata de rire, tandis que l'elleth répondit ;

-Pensez-vous que je me froisserai pour si peu, rit-elle

-Pour si peu ? Vous n'avez donc jamais entendu des hommes saouls parler de leurs histoires du soir ?Reprit Eomer en accusant ses hommes avec un large sourire.

-Non, mais j'ai déjà entendu des femmes le faire. dit-elle avec un sourire en coin.

Il y eu un blanc, qui dura quelques secondes, puis tous éclatèrent de rire.

Le premier commença, et très vite la minuscule gêne qui régnait encore disparut sous les rires qui montèrent.

-Sauf que moi, je ne savais pas vraiment où ça se mettait, alors je suis resté la, et elle elle me regardait, ...

Naé sourit, cela faisait plusieurs mois qu'elle n'avait pas rit comme ça, et cela lui fit un bien fou, de respirer de nouveau quelques heures. Sans se soucier ni de ses blessures, ni de ses handicaps, ni de l'autre... Zut, elle tourna le regard vers l'elfe.


Il riait. Elle admira ses traits une fois de plus, comme si elle ne pourrait jamais s'en lasser.

Ses yeux d'ordinaire si gelés semblaient pétiller d'amusement, et une énergie incroyable émanait de son corps.

Elle se sentit une fois encore, incroyablement attirée par cet homme, et son bas ventre se réchauffa violemment.

Elle regarda ses lèvres. Finement tracées, et pourtant si douces.. L'image de leurs baisers passa devant ses yeux. Par les Valars qu'elle aimait cette bouche..

Soudain, il capta son regard, et le sourire qu'il arborait sembla se figer sur ses lèvres, tandis que l'étonnement se lut sur son visage.

C'était la première fois qu'elle s'était autorisée à le regarder depuis cette fameuse nuit, et elle se sentit soudain complètement idiote.

Elle baissa le regard, et sentit la déception se poser sur elle.

Durant les minutes qui suivirent, elle s'appliqua à ne pas le regarder, sentant le poids de ses yeux de glace la dévisager. Elle n'arrivait même plus à entendre les conversations qui s'animaient autour d'elle.

-Vous avez un problème ? Finit-elle par lui lancer, ne tenant plus, avec, comme d'habitude, une curiosité dissimilée derrière une petite provocation.

Elle avait accentué sur le "vous". Bien qu'après avoir été aussi intimes qu'ils l'avaient été cela paraissait absurde, elle ne voulait pas que tous les autres sachent à quel point ils s'étaient rapprochés... Et puis, c'est à cause de cette familiarité qu'Azazel avait deviné ce qui les liait, alors elle ne voulait prendre aucun risque.

Il parut surprit, puis se reprit bien vite.

-Je suis surpris que vous l'ayez remarqué, je croyais que je ne faisais plus parti de votre champ de vision, se moqua-t-il presque avec tendresse.

-Il aurait sans doute fallut que je sois aveugle pour ne pas voir la tronche que vous tirez.

A sa grande surprise, il éclata de rire, et cela la déconcerta.

-Je ne me pensais pas si drôle.

-L'amertume ne vous va pas.

Elle s'étonna de sa réaction. D'habitude, il lui aurait sorti une réplique bien cinglante, qui n'aurait pas laissé de place à la moindre émotion, mais là...

C'était presque de la douceur qu'elle semblait avoir perçu dans sa voix.

Prise au dépourvue, elle réagit de la seule manière qui lui faisait reprendre un peu de confiance en elle, l'agressivité.

-Et vous il y a beaucoup de choses qui ne vous vont pas.

Il sourit tristement, comme déçu des paroles dures de la jeune femme.

-Ce n'est pas l'impression que vous donniez l'autre jour.

Evidemment, c'était donc là qu'il voulait en venir. Elle se sentit soudain rosir légèrement, et dut se concentrer pour continuer à respirer normalement alors qu'il la fixait avec intensité.

-C'est ce que je montre tous les autres. Se reprit-elle, le ton froid.

-Alors il serait peut être temps d’arrêter ce petit jeu ?

Elle manqua de s'étrangler, et sentit l'air lui manquer.

-Contrairement à vous, je n'ai pas la prétention de jouer.

Le bruit désagréable d'une chaise raclant le sol de pierre leur firent tourner les yeux, et elle découvrit qu'Aragorn s'était brutalement levé, et partait, passablement agacé par les échanges enfantins entre ses deux amis. Elle prit aussi conscience que les discussions s'étaient arrêtées autours d'eux, elle n'aurait su dire depuis combien de temps, et tout le monde les regardaient.

-Non bien sur, rit l'elfe de façon presque acerbe, vous êtes bien trop parfaite pour être prétentieuse. Puis ce fut son tour d'être amer, A part peut être que vous semblez brisée, mais que vous êtes bien trop têtue pour l'admettre, ou pour en parler. Un peu comme chacune de vos émotions finalement. Et c'est moi que vous dites glacial ? Vous devriez faire attention à ne pas me surpasser en la matière.

Puis il se leva, et quitta la pièce à son tour.

Elle resta une seconde immobile, essayant de comprendre ce qu'il avait voulu dire.

Elle avait depuis cette fameuse nuit essayer de l'éviter, ravalant toutes les choses qu'il lui inspiraient.

Espérant que le temps lui permettrait de reprendre leur relation là où elle s'était arrêtée. Qu'ils pourraient se haïr de nouveau, et se balancer toutes sortes d'injures à la figure comme si de rien était.

Mais après tout peut être avait-elle eu tord, une fois de plus ? Peut être que lui ne voulait pas revenir à un « comme si rien ne s'était passé ». Cela ne lui avait même pas traversé l'esprit et elle se sentit soudain vraiment idiote de ne pas avoir envisager les émotions du prince.

Gimli lui jeta un regard désolé, puis s'élança a la poursuite de Legolas.

-Bon alors on continue ? Proposa l'elleth aux hommes qui restaient.

Ceux ci resservirent une tournée, avant de continuer à raconter leur histoires et cette fois ci ils eurent envie de parler de combien les femmes pouvaient se montrer têtues quand elles le décidaient.




Legolas s'était immobilisé à quelques pas de la porte. Il fixait l'horizon depuis le parvis du château, les poings serrés, comme s'ils tentaient de calmer des sentiments muets. Gimli hésita un instant, puis s'approcha doucement de son ami.

-La nuit est froide, commença le nain.

-Ce n'est certainement pas pour le constater que vous êtes ici.

Le nain toussa d'inconfort, puis s'avança encore un peu.

-Disons que ça me semblait une bonne idée, mais maintenant que je suis là, je me dis que je serais certainement plus à ma place à l'intérieur à boire une bonne rasade de ... De je ne sais pas quoi d'ailleurs.

Ils se regardèrent, et se sourirent avec tendresse.

-Je... Enfin, je ne me permettrais pas de juger quoi que ce soit sur qui que ce soit, ça non, je suis un nain, Vous imaginez un nain qui juge ? Ahah non, certainement pas ! Je n'ai jamais entendu cela !

-Mais ... ?

-Mais il serait peut être temps d'arrêter de vous comportez de la sorte avec Naé.

Il soupira.

-Vous voudriez que je la prenne en pitié?

-Ça non ! Certainement pas ! Et j'espère que personne ne le fera jamais ! Elle est beaucoup trop forte pour qu'on éprouve un sentiment aussi fade. Il marque une pause, reprenant son souffle. Il semblait chercher ses mots, se dandinant d'un pied sur l'autre. Vous n'êtes pas d'accord ?

-Evidemment c'est très loin d'être... Puis il se reprit. Qu'essayez vous maladroitement de me faire dire ?

-Moi ? Mais rien du tout ! Pourquoi vous ... ? Oh et puis débrouillez vous ! Restez geler ici dans votre frustration tiens, si cela vous semble une bonne idée, je n'en ai rien à faire !!

Il avait crié cette dernière phrase, vexé de n'avoir pas sut trouver les mots qu'il fallait.

-Que Thorin me préserve de l'entêtement aveugle des elfes ! Je ne m'en occuperais plus ! 

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