Shadow Of Mordor
Chapitre 9 : La chute de Minas Ithil.
Le cœur lourd, je traverse les ruines de Minas Ithil, chaque pas résonne comme un glas. L’adieu à Arachne brûle encore dans ma poitrine. Je me remémore Ratbag, tombé sous mes yeux, ma famille disparue, tous ceux que j’ai sauvés mais qui ont souffert… et ceux qui n’ont pas eu cette chance. La peur d’Idril, seule face à la perte de tout ce qui lui est cher, me saisit. La colère de Baranor gronde dans mon esprit. La douleur, la rage, le chagrin… tout s’entrelace et nourrit ma détermination. Je grimpe au sommet d’une tour et m’arrête. La vision me fige. L’armée d’Uruks s’étend devant la grande porte du château, hurlant le nom d’Ushak Mange-peur en un seul tonnerre. Les pierres vibrent sous leurs cris. Au centre, Ushak avance, massif et terrifiant, les Uruks s’écartent pour le laisser passer. Sur les remparts, nos hommes se tiennent prêts, flèches et lances levées. Je distingue Castamir, Idril et Baranor, tendus, prêts à écouter ce que le chef Uruk va dire. À mes côtés, la voix glaciale de Celebrimbor résonne :
- “La cité est perdue.” Je serre les dents.
- Tu n’es pas obligé d’être toujours aussi cruel…
Il me regarde, grave, et ses mots me frappent par leur étrangeté :
- “Je ne dis pas ça pour te blesser… Il faut affronter Ushak Mange-peur. Le tuer maintenant effraiera les autres Uruks et donnera à Baranor le temps de faire évacuer le château par la sortie secrète avant l'arrivée des Nazgûl.”
Je fronce les sourcils, surpris. Ce n’est pas dans ses habitudes. Celebrimbor ne pense jamais à autre chose que la guerre ou le Palantír. Mais je hoche la tête, silencieux. Même si je ne suis pas sûr de pouvoir vaincre cet Uruk massif et surpuissant…
- “Ce sera probablement le combat le plus difficile que nous ayons jamais mené contre un orque,” confirme Celebrimbor, et je sens déjà le poids de l’affrontement approcher.
- Hâtons-nous.
Je me faufile au plus près de l’armée. Mais je reste caché dans l’ombre, le souffle court, observant l’armée d’Ushak. Le chef suprême avance au centre, face au château, tandis que ses Uruks hurlent et ricanent.
- Abandonnez cette cité ! crie Ushak d’une voix tonitruante. Si vous êtes obéissant, peut-être que certains d’entre vous auront la chance de survivre ! Crache-t-il dans un rire guttural. Puis, je crois savoir qu’il n’y a plus de rôdeur immortel pour vous protéger ! Vous êtes finis hommes…!!!
Les rires cruels des Uruks résonnent comme un tonnerre. Les hommes sur les remparts se figent, les mains tremblantes sur les arcs. La peur leur glace le sang. Certains baissent la tête, paralysés. Ils sentent le désespoir s’insinuer. Moi, je sens la rage m’envahir. Le temps d’un battement de cœur, je jauge Ushak et son armée. Puis, en un mouvement héroïque, je bondis de l’ombre, dos à la porte du château, comme un rempart, et crie sans peur, affrontant cet Uruk massif :
- Je serai toujours là pour défendre Minas Ithil ! Pour défendre mon peuple !
Le silence tombe sur les remparts. Les hommes restent sans voix. Beaucoup me croyaient perdu, capturé par les Uruks… et me voilà, vivant, debout, défiant l’armée entière. Les Uruks reculent d’un pas, surpris. La moitié d’entre eux hésitent, mais les Capitaines restent, fiers et menaçants : Mogg, le survivant, Zumur le sorcier qui a tué Ratbag, Naskra le Véreux, et Az-Karo, l’Olog peint en rouge. Derrière eux, je distingue Azutra et Bruz. Nos regards se croisent : un échange rapide, entendu, silencieux, avant que chacun ne reprenne sa place. Ushak Mange-peur me fixe d’abord avec surprise. Puis un sourire cruel se dessine sur son visage massif :
- Ha ! Le jeu sera encore plus amusant avec toi en face, hurle-t-il, la voix vibrante d’une aura menaçante qui fait frissonner même les plus braves. Je le provoque, la voix ferme et glaciale :
- Ushak Mange-peur ! L’interpelle-je. Un duel, toi et moi. Sans ton sorcier pour te protéger. Je veux voir si tu te cachais de peur que je te tombe dessus ! Le menace-je en pointant Urfael vers lui.
Un silence tombe sur l’armée. Les Uruks s’interrogent. Un chef ne peut pas se montrer peureux. Pas chez eux. Il doit être fort. Plus fort que tout et tout le monde. Sinon, il n'est pas un chef. Je le sais, Ushak aussi… et c'est pour cela que mon plan fonctionne. Car Ushak éclate d’un rire caverneux, fait trembler le sol sous ses pas, acceptant le défi.
- Je ne te crains pas ! Je ne crains personne ! hurle-t-il. Et je vais te tuer rôdeur. Facilement…!
Il prend son arme, imposant et dangereux. Son aura écrasante se fait sentir : chaque mouvement, chaque souffle semble capable d’écraser la vie autour de lui. Les Uruks acclament leur chef suprême, frappant leur torse et hurlant sa puissance. Mais sur les remparts, les hommes ne se laissent pas intimider. Idril, suivie de Baranor, commence à hurler mon nom. Bientôt, la foule s’y joint, encourageant ma victoire, et un nouvel espoir éclaire la bataille.
…
Je jauge Ushak, chacun de ses pas résonne comme un glas de mort. Celebrimbor apparaît à mes côtés, sa voix glaciale me parvient :
- “Talion… regarde son armure. Ce cristal noir… c’est de la magie noire incrustée. Très dangereuse.”
Je hoche la tête, le souffle court, mais sans montrer ma peur. Ushak Mange-peur me fixe, massif et terrifiant, chaque muscle prêt à exploser de puissance. Le combat commence. Il est immense. Chaque coup qu’il porte fait trembler le sol. Tout ce que je tente semble vain. Je bloque, pare, frappe… et je sens déjà mes forces s’éroder. Ses mains me déchirent le bras, sa massue me fauche la jambe, un coup violent m’explose les côtes. Son rire résonne comme un tonnerre, cruel et triomphant. C’est un monstre fait pour la guerre… un chef orque, ultra puissant, une force destructrice incarnée. Celebrimbor tente tout à mes côtés, ses ombres frappent, distraient, esquivent, mais Ushak est redoutable. Même lui peine. Je faiblis, mes muscles brûlent, mon souffle se fait court. La douleur me submerge, mais alors mon regard se tourne vers les remparts… Idril et Baranor me regardent, leurs yeux brillent d’espoir et de courage. Leur foi en moi ranime la mienne. Je sens la colère et la détermination revenir, plus féroces que jamais…! Je rassemble chaque once de force, chaque blessure oubliée. Celebrimbor et moi unissons nos attaques. Je saute au-dessus du chef suprême, esquivant sa massue surpuissante, et frappe avec Urfael. La lame fend l’air et s’enfonce profondément dans son dos, ouvrant la moitié de sa chair. Les hommes sur les remparts hurlent mon nom, galvanisés par ce coup. Mais Ushak, furieux, pivote lentement, son regard noir brûle ma chair et mon esprit. Sa voix tonne comme un coup de tonnerre :
- Je vais t’abattre comme un chien, Talion ! hurle-t-il, chaque mot un défi, une insulte et une menace.
Ushak entre en rage. Son hurlement fend l’air, un rugissement de bête blessée et furieuse. Il fonce sur moi avec une vitesse que je n’aurais jamais cru possible pour un monstre de sa taille. Sa massue s’abat, mais il change de geste, me frappant directement au torse. Le choc m’arrache un cri. je sens mes côtes se fendre sous sa force titanesque. Il cherche à enchaîner, mais j’esquive de justesse, glissant à l’ombre de ses mouvements. Sa rage, cependant, le rend moins précis. Profitant de l’ouverture, je frappe. La lame fend l’air et s’enfonce dans sa cuisse, puis tranche un bras. L’Uruk hurle de douleur, encore plus furieux, et s’arrête net. Il frappe le sol du pied avec une telle violence que la pierre vibre sous lui.
- Je vais te tuer ! Te tuer ! Te tuer !!!! hurle-t-il, chaque mot un tonnerre. Toi et tous tes chiens de Gondorien !
Puis, d’un geste furieux, il frappe le cristal noir incrusté dans son torse. Le cristal éclate dans un fracas de pierre et de magie. Une lumière noire et menaçante se répand instantanément sur son corps. Un tremblement de terre secoue la vallée. Je recule instinctivement, bouche bée. Sous mes yeux, Ushak se transforme. Ses muscles explosent, grossissent, sa carrure devient monstrueuse. Même son crâne semble s’agrandir, ses traits se durcissent, sa force et sa résistance décuplées. Son aura devient une tempête de menace pure. L’armée d’Uruks recule instinctivement, même les Capitaines hésitent. Les hommes sur les remparts restent figés, sans voix, impuissants face à ce spectacle. Je reste pétrifié, incapable de bouger un instant. Celebrimbor apparaît à mes côtés, sa voix glaciale me parvient comme un avertissement :
- “Talion… c’est la magie de Sauron lui-même. Cette transformation… chaque coup qu’il portera sera fatal. Une seule erreur, et c’est fini pour toi.”
Ushak fonce sur moi. La terre tremble sous ses pas, ses muscles titanesques propulsant chaque mouvement avec une force inhumaine. J’esquive, encore et encore, glissant, rebondissant sur la pierre. Rien n’arrête cette machine de guerre. Il ne me laisse aucune ouverture. Dans un grondement bestial, il me balance au sol. Je roule juste à temps, sa masse s’abat à côté de ma tête avec un fracas assourdissant. Le combat fait rage, chaque souffle, chaque mouvement devient un duel entre vie et mort. Autour, tout est silencieux. Les hommes et les Uruks retiennent leur souffle. Soudain, tout semble perdu. Ushak s’apprête à m’écraser sous sa puissance. Je sens mes forces faiblir… mais je refuse de tomber. Je me concentre. Celebrimbor à mes côtés, l’Anneau scintillant d’une lueur bleutée, unissant nos forces. Alors qu’Ushak est presque au-dessus de moi, je bondis et tranche sa tête d’un coup net. Urfael, renforcé par la puissance de l’Anneau, s’enfonce profondément. Je saisis la tête de l’Uruk mort. Un silence de plomb tombe sur la vallée. L’armée d’Uruks, les hommes, tous regardent, stupéfaits.
En signe de victoire, je lève le bras, montrant la tête décapitée à l’armée ennemie. Celebrimbor apparaît alors, surbrillance spectral au-dessus de moi, sa voix résonnant dans l’air :
- “Voyez… la lumière vaincra toujours l’ombre ! Tremblez car je suis le seigneur de la lumière !”
La moitié de l’armée d’Uruks recule, paniquée. Mais d’autres restent, sous l’autorité de leurs Capitaines : Zumur le sorcier, Naskra le Véreux, Mogg le survivant et Az-Karo l’Olog. Mais soudain, de l’ombre, nos alliés apparaissent : Azutra et Bruz…! Azutra surgit et, d’un geste précis, poignarde puis décapite le sorcier Zumur. Bruz, avec sa masse, frappe Az-Karo, le tuant net d'un coup traître. Les Uruks fidèles à nos alliés attaquent leurs anciens compagnons. La panique éclate dans les rangs ennemis. Les Uruks restants s’enfuient, y compris Mogg et Naskra. Je hurle aux hommes :
- C’est le moment ! Envoyez les cavaliers !
Les portes s’ouvrent. L’armée de Gondorien à cheval jaillit, poursuivant les Uruks fuyant, la queue entre les jambes. Moi, je prends le sifflet que Lithariel m’a confié et appelle Kara, le Caragor blanc et féroce. La bête arrive, bondissant avec puissance. Je grimpe sur son dos, lance spectacle en main. Mes yeux se fixent sur un objectif : la traque. Un nom résonne dans mon esprit… Mogg…
Je traque ce maudit Uruk à travers les rues en ruine, mais le traître disparaît dans les recoins sombres de la cité. Ma colère gronde, mais je recentre mon attention sur les autres Uruks qui résistent encore. Une bonne moitié de leur armée est éliminée sous nos coups, tandis que nos hommes reprennent sans mal la ville supérieure. L’air est encore lourd de fumée et de poussière, mais la peur a changé de camp. Après deux heures à nettoyer la ville, nos forces se regroupent et retournent vers le château. À mesure que nous approchons, un tonnerre d’applaudissements éclate. Les civils, exténués mais vivants, nous accueillent comme des héros. Je descends du Caragor, l’air dur et fermé, mes blessures et la fatigue pesant sur mes épaules. Idril, Baranor, Alec, tous courent vers moi, le souffle court, les yeux brillants.
- Talion ! s’écrie Idril. Tu es là ! Se jette-t-elle dans mes bras, m'enlaçant avec force.
- Nous avons repris la ville grâce à vous ! ajoute Baranor, le visage rouge de l’effort.
Castamir s’avance, les bras ouverts, un faux mélange de soulagement et de fierté sur le visage.
- Talion… vous êtes revenu pour nous tous.
Autour de nous, les civils acclament mon nom, scandent ma victoire. Chaque cri résonne dans mon cœur comme un rappel brutal : la guerre n’est pas terminée, mais pour l’instant, nous avons gagné une bataille… Ce qui nous laisse juste le temps de fuir. Je repousse doucement Idril, mais elle saisit mon visage, les yeux brillants de larmes.
- J’ai eu si peur…
Baranor fulmine à côté, les mâchoires crispées, partagé entre soulagement et jalousie. Je sens la tension monter, mais je reste calme. Je repousse doucement les mains d’Idril :
- Idril, nous n’avons pas de temps à perdre.
Elle semble ne pas comprendre, ses yeux cherchant une réponse que je n’ai pas le temps de lui donner. Castamir intervient, le ton plus léger :
- Un répit… grâce à lui, nous avons un répit. Je serre les dents, la colère montant :
- Ce répit ? C’est l’occasion parfaite pour fuir et abandonner la cité ! Castamir me regarde, amusé :
- Stupide. Nous avons le dessus sur les Orques. Nous tiendrons. Je sens ma patience se rompre. Ma voix s’élève :
- À quelques mètres de Minas Ithil un ravin géant renferme encore une armée d’Uruk, prête à fondre sur nous ! Nous n’avons aucune chance ! Et les Nazgûl… ils arrivent ! Quand ils seront là, les Orques n’auront plus peur ! Cette fois, la guerre sera inévitable ! Castamir ricane :
- Nous tiendrons. Je ne crains pas les Nazgûl.
Je l’attrape par le col, le secoue presque, le souffle court, les yeux flamboyants :
- Enfoirés ! Tu condamnes ta cité avec tes décisions à la con… !! Tu dis ne pas craindre les Nazgûl simplement car tu les attends… c'est toi le traître !
Idril recule, choquée, répétant d’une voix tremblante :
- Un traître ?
La foule reste sous le choc. Castamir me regarde en silence, sévère, démasqué, mais il est trop tard… Un hurlement glacé déchire l’air. Les Nazgûl arrivent, à vive allure sur leurs Draks noirs. Derrière eux, les tambours de l’armée Uruk résonnent de nouveau, leurs hurlements sinistres emplissant la vallée. La panique se propage instantanément. Les civils hurlent, les soldats paniquent. Castamir prend la fuite vers le château, suivi par Idril qui tente de le retenir… Tout le monde s'agite et commence à courir dans tous les sens… Je hurle alors des ordres, prenant la tête de la cité.
- Soldats ! Protégez les civils et la grande porte ! Tout le monde doit évacuer immédiatement ! Je me tourne vers Baranor, le regard dur : Mène nos hommes, Baranor. Protégez les civils et repoussez-les autant que possible.
Il hoche la tête, le visage marqué par la colère et la détermination. Nous nous tournons tous deux vers la grande porte… et soudain, un fracas assourdissant retentit. La porte explose en morceaux. Un Nazgûl, chevauchant un Drak noir, l’a pulvérisée d’un seul coup. Les civils à proximité n’ont que le temps de fuir avant qu’une armée d’Uruks déferle dans le château qui s’embrase sous les flammes des Draks... Cette fois, ils ne reculent plus. La rage pure brûle dans leurs yeux. Ils n’ont plus peur de rien. Baranor et moi nous jetons dans le combat, frappant, bloquant, chargeant… comme des bêtes. Nos armes frappent avec force, mais les Uruks gagnent du terrain. La fumée, les cris, le fracas des corps… tout semble tourner contre nous. Alors Celebrimbor apparaît à mes côtés, sa voix glaciale.
- “Talion… les Nazgûl ont rejoint le château… Tu dois prendre le Palantir avant eux ! ”
Mon regard se tourne aussitôt vers le château. Mais je songe immédiatement à Idril qui se trouve là-bas, et non le Palantir. La peur me serre la poitrine… Je dois vite intervenir avant qu'elle ne perde la vie !
- Baranor ! Me tourne-je vers mon ami. Fuis avec les hommes qui restent ! Protégez ceux que vous pouvez ! La cité est perdue.
Il me regarde, hésitant, mais je hoche la tête avec force. Il comprend. Sans perdre une seconde, je fonce vers le château, mon esprit focalisé sur Castamir et Idril. Je ne reculerai pas. Peu importe la mort, peu importe le chaos… Je dois les retrouver.
…
Autour de moi, Minas Ithil n’est plus qu’un enfer. Les flammes dévorent les bâtiments, des cris déchirent l’air et le métal se mêle à la terreur. Partout, les corps des hommes et des civils jonchent le sol, certains brûlés, d’autres massacrés. La poussière et la fumée rendent l’air irrespirable. L’odeur de la mort et de la fumée m’aveugle presque. Et pourtant… je cours. Je fonce vers le château. Je franchis la grande porte éventrée, glissant sur les débris et les corps. La grande salle est immense, ses murs noircis par la fumée et la magie noire. Là, au centre, le trône de pierre semble absorber toute lumière… et devant lui, Castamir est à genoux, le visage blême et suppliant. Le roi sorcier d’Angmar se tient là, terrifiant, imposant. Sa silhouette est drapée de noir, un spectre animé par la puissance de l’ombre. Son armure d’acier noir reflète la lueur des flammes. Une aura de mort pure irradie de lui, gelant le cœur de quiconque ose le regarder. Castamir tend le Palantír, la voix tremblante, mais déterminée :
- Prenez-le… respectez votre promesse… protégez ma fille… protégez Idril, et la cité sera vôtre… Idril hurle, horrifiée :
- Père ! Non !
Le roi sorcier prend le Palantír avec une lenteur cérémoniale, le poids de son pouvoir écrasant chaque recoin de la pièce. D’un ton froid et dédaigneux il lance :
- Idiot.
Et d’un seul coup, sa masse s’abat. La violence du choc propulse Castamir à l’autre bout de la salle. Son corps heurte le sol dans un craquement sinistre. Le silence qui suit est terrifiant... Idril court jusqu'à son père, hurle, pleure, ses mains agrippe le corps sans vie de Castamir, tâchant ses mains de sang, incapable de se relever... Je me précipite vers elle. La soulève, la redresse de force et la pousse vers une sortie :
- Fuis ! ordonné-je, la voix déchirante. Vite !
Derrière moi, l’ombre se déploie. Le roi sorcier avance, chaque pas un coup de tonnerre. Son aura de mort semble absorber la lumière autour de lui, étouffant tout espoir. À ses côtés, les autres Nazgûl apparaissent, surgissant de l’ombre comme des spectres de cauchemar. Leurs robes flottent sans vent, et leurs épées, luisantes d’une magie noire, semblent aspirer la vie elle-même. Mon souffle se bloque un instant. La peur me traverse comme un éclair… et pourtant, je ne peux reculer. Je sens le poids de la mort imminente, mais mon cœur bat pour le Gondor, pour chaque vie encore présente dans cette cité en ruines. Je me tiens face aux Nazgûl, le cœur battant à tout rompre. Leur présence seule tort l’air autour de moi, étouffant la lumière, écrasant l’espoir. Ils attaquent, surgissant de l’ombre avec une rapidité surnaturelle. Leurs lames de Morgul frappent ma chair, tranchent, brûlent, plus douloureuses les unes que les autres. Chaque coup me fait hurler de douleur, chaque entaille semble empoisonner mes veines d’une froideur mortelle. Celebrimbor apparaît à mes côtés, la voix glaciale :
- “Talion… fuis !”
Je secoue la tête, serrant les dents. Impossible. Il n’y a aucune ouverture. Leurs mouvements sont trop rapides, trop précis. Je ne peux que tenir ma position, bloquer, parer, tenter de survivre. Un Nazgûl me pousse, m’accule contre le mur de pierre, me forçant à m’agenouiller. L’ombre se referme sur moi, un poids écrasant. Je sens le souffle glacial des spectres sur ma nuque, la promesse de mort dans leurs yeux invisibles. Leurs voix se mêlent, un murmure terrifiant et pourtant clair dans mon esprit :
- Talion… bientôt, tu seras des nôtres…
- Bientôt… tu rejoindras l’ombre…
La peur me traverse comme un éclair, glaciale et paralysante. Le sol semble disparaître sous mes genoux. Chaque fibre de mon corps hurle de se battre, mais je sens l’étau de l’inéluctable néant se refermer sur moi. Le roi sorcier d’Angmar avance, chaque pas fait trembler le sol, sa présence tort l’air autour de moi. Terrifiant, imposant, il s’arrête juste devant moi. Son aura de mal absolu me serre la poitrine. Lentement, il tend sa main vers mon visage, et je sens sa volonté noire s’infiltrer dans mon esprit. Un hurlement de douleur m’échappe. Ma chair brûle, mon âme vacille. Celebrimbor, à genoux à mes côtés, saisit ma main, sa voix glaciale et ferme :
- “Tiens bon, Talion ! Ne laisse pas l’ombre te prendre !” Je serre les dents, mais mes pensées s’égarent :
- Il est trop fort… je… je cède…
- “Non ! résiste !” me crie Celebrimbor, ses yeux flamboyants d’une lumière spectrale.
Mon visage pâlit. L’ombre me tend ses griffes, prête à m’engloutir. Je sens mon esprit flancher, glisser vers une noirceur sans retour…
Seulement soudain, une lumière éclatante déchire la salle. Pure, aveuglante, elle repousse les Nazgûl à quelques mètres. Le roi sorcier recule, furieux et surpris. Et elle apparaît : Eltariel. Sa présence irradie puissance et grâce, sa lame scintille d’une lueur divine. D’un mouvement rapide, précis, elle frappe. La lame traverse mon corps, brisant mon cœur. La douleur est fulgurante, et je tombe à genoux, le souffle coupé. Ma vision se brouille, mais je comprends. C’est grâce à ça que Celebrimbor pourra me réanimer… loin de cette cité dévastée. Loin des Nazgûl. Mes dernières pensées se bousculent, brèves et précises. Ratbag… mort. Idril… en sécurité ? Baranor… toujours debout ? Arachne… mon cœur se serre… La chute de Minas Ithil… tout ce sang, tout ce chaos. Et puis, lentement, je m’éteins. Mon corps s’effondre sur le sol, mais mon esprit sait que ce n’est qu’un passage. Que bientôt, je reviendrai.
A suivre,