Histoire en Terre du Milieu

Ils ralentirent l’allure à plusieurs kilomètres du camp, pour éviter de se faire repérer par d’éventuelles sentinelles. Aragorn menait le groupe depuis l’entrée de la forêt, attentif à d’éventuelles traces de passage.

Secondé par Legolas, ils se débarrassèrent les quelques orques qui montaient la garde. Et lorsqu’ils furent en vue de la clairière, ils s’arrêtèrent. 

La tension n’avait cessé de monter pendant la chevauchée, tous se préparaient mentalement à ce qui allait suivre. Gimli tenait sa hache au poing, s’était le seul joyeux à l’idée de se battre, et il sautillait sur place dans l’attente des combats.

-Le camp est presque vide, dit Aragorn après être parti en éclaireur. La plupart des orques sont partis à la guerre, comme nous l’avait annoncé Matt. Mais il reste encore des orques, et suffisamment nombreux pour opposer une solide résistance.

-Attaquons-les maintenant, ma hache va les massacrer ! 

Bouillonna le nain. Aragorn le fixa, examinant cette option. Elle offrait l’avantage de la surprise et de la simplicité, mais les risques étaient trop élevés pour s’y risquer de cette façon.

-Legolas et Milva vont éliminer le maximum d’orques possibles, pendant que j’irais avec Matt et Gandalf chercher Saroumane. Il faut l’empêcher d’activer le portail. 

Il se tourna vers les hobbits : Vous restez ici pour l’instant, Gimli vous protégera.

-Je veux me battre ! Vociféra le nain.

-Vous aurez votre part de combats, mais protégez les hobbits. Tuez tous ceux qui s’approchent.

Il s’adressa ensuite aux autres :

-Avez-vous compris ?

Tous acquiescèrent.

Matt et les deux autres se faufilèrent discrètement dans le camp. Deux bruits d’armures tombant sur le sol leur apprirent que les tirs des elfes avaient commencés.

Alors qu’ils passèrent derrière une caisse à provision, un orque les aperçut.

Ils réagirent simultanément, et se ruèrent sur lui. Ils étaient conscients qu’il fallait l’éliminer au plus vite, pour éviter qu’il ne déclenche l’alerte. La lame d’Aragorn le transperça, mais le mal était déjà fait. 

Le grognement rauque qu’il fit en mourant en alerta d’autres. Obligés de combattre les adversaires qui arrivaient en nombre, le petit groupe dû reculer progressivement.

Coups après coups, Matt ôtait des vies. Son bras moulinait, projetant du sang à chaque mouvement de son arme.

Legolas surgit sur son côté, armé de sa longue épée, il virevoltait avec une agilité féline. Milva combattait un peu plus loin, elle avait troqué son épée pour deux dagues, et faisait-elle aussi des ravages dans les rangs ennemis.

Matt ne l’aurait pas avoué tout haut, mais elle était encore plus dangereuse que son frère, et encore plus douée au combat.

Elle se mouvait tellement vite qu’on ne pouvait voir qu’une trainée orange, sa longue chevelure qui flottait au vent.

Matt vit même Gimli et les hobbits, qui avaient désobéi aux ordres du rodeur pour se joindre à la bataille. Sam était probablement le plus redoutable des hobbits, maniant sa poêle avec une impressionnante dextérité.

Bien que largement supérieurs en nombre, les orques finirent par battre en retraite et le groupe put de nouveau se réunir.

-Une belle petite bataille, ils ne pouvaient plus rien faire face à ma redoutable hache ! S’exclama Gimli. 

Sa hache était effectivement dégoulinante de sang noir, et la profonde entaille sur sa joue ne semblait pas du tout le déranger.

-Ce n’était pas une bataille, maitre nain. Seulement un moyen de nous retarder, dit Gandalf. Il leva les yeux vers le ciel, ou plutôt l’épais nuage de végétation qui les surplombait. 

Il ne nous reste plus beaucoup de temps avant que la nuit tombe, le soleil est probablement en train de se coucher !

Ils suivirent le mage à travers le campement désormais vidé de ses occupants. Arrivés au lac, en vue de la stèle, ils assistèrent à l’invocation du portail.

La stèle était droite, pulsant de la même énergie rouge qui émergeait des mains de Saroumane. Ce dernier les remarqua, et érigea un profond bouclier magique. Une dizaine d’orques se dressa entre eux et leur maître, maigre protection face à ces combattants aguerris. 

Ils n’allaient les retarder pendant quelques secondes, mais cela permettrait peut-être à l’Istari de terminer l’invocation.

Gandalf lança une salve d’éclairs lumineux vers le bouclier, mais ce dernier les arrêta sans se briser.

Les autres se chargèrent des orques, tandis que l’Istari bombardait de sort le bouclier, dans l’espoir de le briser. Matt trancha un bras, remonta sa lame pour en traverser le corps.

Une lame lui arrivait dessus, il voulut la parer avec la sienne. Mais quand il essaya de la dégager du corps, elle ne bougea pas d’un pouce. L’armure semblait bloquer son arme dans le corps sans vie, le laissant démuni face à cette attaque.

Il n’avait plus le temps de tenter de l’esquiver, seulement celui de lever les bras devant son visage, faible protection face à une lame chargée de transpercer sa chair.

Mais alors que la lame allait le transpercer, une lame s’interposa et bloqua le coup. Milva avait bondit, et sa dague avait arrêté la lame de justesse, tandis que la seconde ôtait la vie de celui qui avait porté l’attaque.

Un flot de sang coula sur Matt, encore surpris d’être toujours en vie. Il remercia Milva rapidement avant de repartir tuer les quelques orques encore en vie. 

Tuer les derniers orques leur prit quelques secondes et ils se mirent en ligne face à Saroumane.

Ce dernier continuait son incantation, toujours protégé derrière son bouclier magique. Gandalf avait beau lancer de multiples boules de feu, rien ne semblait entamer cette solide protection.

Un éclair fusa sur la stèle, et l’impact les fit tous tomber. Seuls les deux Istari, grâce à leur magie, restèrent debout. La pierre se mit à étinceler, avant de prendre une couleur dorée. Elle prenait lentement l’apparence d’une arche.

Aucun ne bougeait, tous pétrifiés devant ce spectacle fascinant. 

Un raclement de voix les fit tous sursauter, un groupe d’orques les regardait, mené par un personnage tout de noir vêtu.

-Je pensais t’avoir tué, rodeur, fit la Main Noire, le dernier mot sonnait comme une insulte dans sa bouche. Cela ne changera rien, je vais m’occuper une nouvelle fois de toi. Et je m’assurerai personnellement de ta mort.

Nous avons peut-être perdu au gouffre de l’Helm à cause de ces maudits elfes, mais cela ne se reproduira pas ici.

Sur ces mots, il tira son arme de son fourreau tout en faisant un pas vers Aragorn, tandis que les orques avançaient vers les autres.

Lorsque Matt voulut seconder Aragorn, ce dernier lui assura d’une voix vide de peur, seulement animée par la colère :

-Je m’occupe de lui, va fermer le portail !

Laissant ce dernier charger son adversaire, il se fraya un chemin parmi les orques qui attaquaient ses amis.

Arrivé proche du portail, il chercha quelque chose pour l’arrêter, un bouton ou quelque chose du même genre.

Mais son regard fut happé par le portail. Comme un miroir, il aperçut le reflet de la clairière où ils étaient, mais une seconde image se superposait à cette dernière :

Une rue, des maisons, et surtout des dizaines de personnes qui l’observaient. Des policiers s’efforçaient de ramener au calme, mais tous voulaient contempler l’étrange miroir apparut mystérieusement.

Des visages se déformèrent, la peur emplissait leurs visages, d’autres le pointaient du doigt et certains semblaient lui crier quelque chose.

Il comprit immédiatement, et l’éclat métallique qui brilla dans le miroir confirmait cela. D’un bond, il roula sur le côté, et la lame qui lui était destiné toucha le portail. 

La Main Noire, après avoir assommé Aragorn pour le tuer plus tard, avait tenté de le tuer également. Mais il n’était cette fois pas sorti indemne du combat face au rodeur : Il boitait, son visage était balafré et son ventre était percé d’une profonde plaie.

Son épée, au contact du portail, resta bloquée. Il ne put la libérer, comme emprisonnée dans du roc.

Lâchant son épée, il dégaina ses deux poignards et l’attaqua. Matt qui venait tout juste de se relever et qui peinait à parer les coups. Les poignards bougeaient tellement vite, et les attaques étaient simultanées. 

Milva apparut à ses côtés, les orques étaient beaucoup moins nombreux maintenant, et leurs compagnons pouvaient se débrouiller sans elle pour en venir à bout.

Ensemble, ils repoussèrent la Main Noire. Milva lui planta un poignard dans l’épaule, mais n’eut le temps de l’enlever. 

La Main Noire lui attrapa le bras, et la désarma en un clin d’œil. 

Matt voulut l’aider, mais la Main Noire posa son poignard sur le cou de l’elfe. Une goutte de sang perla.

-Lâche ton arme petit, où ton amie ne survivra pas ! Menaça-t-il, avant d’appuyer un peu plus sur la lame. Un filet de sang s’écoulait lentement du cou de Milva. 

La main de Matt s’ouvrit immédiatement à la vue du sang, et son épée tomba au sol.

La Main Noire recula lentement vers le portail, avant de le traverser, sous le regard impuissant de Matt.

Il resta quelques instants immobiles, ne sachant que faire, quand le cri de Gandalf le sortit de sa torpeur :

-Passe le portail ! Je m’occupe de Saroumane !

Gandalf était blessé, mais tenait maintenant Saroumane à distance, qui peinait face aux assauts répétés que le Blanc lui infligeait.

Matt réagit enfin, et courut vers le portail, sans même reprendre son arme.

Il ne voyait plus rien, éblouit par une lumière omniprésente. Il sentait qu’il bougeait, comme happé vers le bas. Il tombait, cherchant de ses mains quelque chose pour se retenir.

Quelques secondes plus tard, il s’affalait sur le sol. En levant les yeux, il aperçut la Main Noire à quelques mètres de lui. Il tenait toujours Milva, et se servait d’elle pour maintenir à distance les policiers qui avaient sortis leur arme.

Matt saisit l’épée qui se trouvait à ces pieds, celle de la Main Noire, bloquée dans le portail, s’était finalement retrouvée dans son monde. Son propriétaire n’avait pas eu le temps de la ramasser.

Il s’approcha de son ennemi, mais ce dernier se retourna, alerté par les cris de la foule lors de l’arrivée de Matt.

-N’approche pas !

La Main Noire avait le visage crispé, il était blessé et il en souffrait. Matt fit attention, les personnes réagissent de manière brusque et imprévue quand ils souffrent, et la vie de Milva était au bout de sa dague.

Un poignard apparut dans sa main libre, probablement tiré de l’un des replis de ses vêtements. Il posa la pointe sur la poitrine de Milva, à l’endroit du cœur.

Matt ne bougeait pas, la foule retenait son souffle. On entendait seulement le souffle de la Main Noire, haletant et irrégulier.

Matt croisa le regard de Milva, elle lui fit un sourire triste, l’air résignée. Il avait compris ce qu’elle allait faire, mais n’eut le temps de réagir, pas même d’ouvrir la bouche.

Elle écrasa le pied de son agresseur, qui lâcha la dague sous la gorge. D’un mouvement d’une incroyable rapidité, elle l’attrapa au vol, et du même mouvement fluide, l’enfonça dans le cœur de la Main Noire.

La lame traversa complètement les tissus et transperça le cœur.

Mais la Main Noire avait réagi, et son autre dague fit subir le même sort à l’elfe.

-Non !!! hurla Matt en courant vers elle. 

Son arme tomba au sol, et il attrapa Milva. Cette dernière esquissa un bref sourire avant de tomber dans ses bras, inanimée.

La Main Noire les regardait, le sourire aux lèvres, avant de cracher du sang et de tomber au sol, mort.

Matt ferma les yeux de Milva. La posa délicatement au sol, chassant les cheveux qui cachaient son visage. Puis il ramassa son épée, avant de fixer le portail.

Des larmes lui coulaient sur les joues, il courut vers le portail, l’arme au-dessus de la tête, prête à délivrer un puissant coup.

Un policier tenta de s’interposer, mais il tomba à la renverse. Matt ne pouvait être arrêté, la rage grondait en lui, l’emplissant d’une force incommensurable. 

La lame s’abattit sur le portail. Elle ne le traversa pas, ne resta pas figée à l’intérieur, mais le brisa. Des centaines de petits cristaux tombèrent au sol, avant de disparaître dans le sol, comme aspirés par en dessous.

Il avait scellé le portail à jamais…