Vaer aen birke - the Witcher

Chapitre 6 : Sous l'ombre de Manel

4777 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 16/07/2022 00:34


Bloedd, ça prend beaucoup plus de temps que je ne l'espérait ! Cette forêt est immense et remplie de plantes qui perturbent les émissions magiques. Il faudra des jours pour l'explorer, je commence sérieusement à regretter d'être venu seul. Pourquoi suis je venu seul ?! Une troupe de Guetteurs de Dol blathanna me serait tellement utile maintenant... Comment va t'on passez la nuit ? je n'ai encore croiser aucun monstres, je ne sais pas si je suis chanceux ou si cette chaman a exagérée leur présence dans la forêt mais je n'ai aucune envie de voir si le soir va changer ça... eh que...?

Aenye'gaerm, qui avance de plus en lentement au fur et à mesure qu'ils s'enfoncent dans la forêt, vient de s'arrêter, la tête basse et soufflant bruyamment.

–Que suecc's, me wedd ? oh... fait Calened en mettant pied à terre et en inspectant sa monture, dieux, je suis désolé, j'aurais dû... j'aurais du le deviner quand j'ai identifié ces maudites plantes: elles t'affectent aussi. Il faut qu'on te sorte d'ici aussi vite que possible.

Le cerf spectral relève la tête, fixant de ses yeux scintillants ceux de l'elfe. Non ? enfin, regarde dans quel état... Tant mieux si ta vie n'est pas en danger mais... ce n'est pas si important qu'il soit absolument nécessaire que tu subisse ça, je peux chercher seul... Je suis un Sage, je peux me défendre, tu... aouch

Les vibrations psychiques de sa boussole s'intensifient, elles vibrent et vrillent à travers son cerveau tels des rapaces d'aciers. Il la sort de la bourse où elle est rangée pour l'examiner et voit que les écritures runiques sont devenues rouges incandescent.

–Merci aux dieux, enfin un signe ! Il doit être tout prêt, s'exclame t'il, soulager avant de se tourner vers le Saov Ainmindh. On l'as trouvé, je peux m'en charger seul maintenant... tu es sûr que... d'accord, plus tôt on en aura fini, mieux ce sera pour toi.

Il saisit la boussole entre ses mains et se concentre sur les ondes qu'elle émet, faisant un lent demi tour sur lui-même pour trouver la bonne direction. C'est... confus. Râââh, pourquoi ça ne peut pas être simple ? Si il est si proche, elle devrait pouvoir m'indiquer une direction, est ce que c'est ces plantes? Leur aura anti-magique est si forte qu'elle peut détraquer ma boussole aussi près de sa cible ? Nord.... Sud.... Est... Nord... Bloede carraigh, va pour le Nord.

Calened se met à marcher d'un pas décidé dans la direction indiquée, Aenye'gaerm sur ses talons. La lumière du soleil continue de diminuer, donnant un aspect plus sombre et sinistre à la forêt.

–Iarranbleid ? appele t'il, Aessea an Aen Saevherne aen Dol Blathanna, neén an morvudd. Caen taedh cáemm ? ninnau éigean dice.

Seul le silence répond à ses appels. Aucune cri ne retentit, aucun son ne perce le couvert de la forêt, pas même un pépiement d'oiseaux. Les ombres s'épaississent encore un peu plus. Contournant un arbre au tronc immense et ancien, Calened a la désagréable surprise de tomber sur un cadavre de renne.

Dieux, il ne manquait plus que ça, pense t'il tandis que Aenye'gaerm renifle nerveusement derrière lui, le cou bas, J'espère ne pas avoir à tomber sur le responsable. Au moins c'est un renne et non pas un elfe. Quels drôles de marques, jamais rien vu de tel. Je ne suis pas traqueur mais vu le rouge des blessures et l'absence de putréfaction, la mort doit être récente. Vu sa tête, la pauvre bête n'as pas dû avoir une mort douce... Eh, est ce que ça... est ce que c'est en train de bouger?

La peau du renne se met à convulser comme si un serpent s'agitait dessous juste avant de se déchirer dans un bruit ignoble. Une monstruosité en sort, une espèce de ver brun, couvert de sang et de bouts d'entrailles qui s'éleve tel un cobra hors de son panier. La chose n'a ni yeux ni oreilles pourtant elle se met à fixer l'endroit même ou se tient Calened, ouvrant une bouche remplit de nombreuses petites dents pointues.

–Oh dieux... a juste le temps de dire Calened avant que la créature ne se cabre tel un serpent prêt à mordre.

Un sifflement retentit et la créature fut empaler sur le cadavre par une flèche aux plumes grises. D'autres vers émergèrent, produisant d'horribles bruits de succion. Calened pose sa main sur une des ramures du Saov Ainmhi'dh afin de puiser un peu de Pouvoir en lui.

–Aenye, hurle Calened, pointant ses mains vers le cadavre qui prend feu aussitôt.

Mais que ce soit à cause de l'état de faiblesse de Aenye'gaerm, de sa pauvre formulation ou des plantes inhibitrices alentours, le feu ne se répand pas aussi vite qu'il devrait et l'un des vers bondit droit sur sa poitrine. Plantant fermement sa tête, il cherche aussitôt à se frayer un chemin à travers ses vêtements et sa chair. Calened hurle de douleur et, réagissant d'instinct, repousse le ver avec toute la force psychique qu'il peut rassembler. Le ver est propulsé à plus de trois mètres, arrachant au passage la peau qu'il avait réussit à saisir. Les autres vers, heureusement, se consumèrent dans les flammes dans un sifflement répugnant. Celui projeté sur le sol se remet aussitôt de sa chute, la gueule dégoulinante de sang et de morceaux de chairs, et revient à la charge, rampant sur le sol tel un obscène serpent à une vitesse inquiétante. Un sifflement retentit à nouveau et une nouvelle flèche cloue le monstre au sol au niveau du cou.

–Teivil aen crann ! Aep ceann, cáemm veloë ! Crie une voix depuis le sommet de l'arbre.

Le sol se met à bouger et à convulser comme si des milliers d’asticots s'agitent sous la peau de la terre. Calened n'hésite pas et bondit sur la branche la plus proche et se met à grimper comme il peut.

–Aenye'gaerm, n'te aeskell anseo ! Raenn ! Aé'll darganfod taedh, va! Crie l'elfe au cerf qui frappe le sol de ses sabots comme pour essayer d'écraser ce qui se trouve dessous.

Le Saov Ainmhi'dh fait un brutal volte face au moment ou les vers crèvent la terre et s'enfuit à toute vitesse, flamme bleue dans les bois obscures. Sois prudent, mon enfant, je te retrouverait.

Au pied de l'arbre, des dizaines de gros vers bruns rampent, cherchant vainement les corps chauds qui se trouvaient là un peu plus tôt. Leur masse grouillante couvre le cadavre de renne, étouffant les flammes, et les alentours de l'arbre comme si le sol de la forêt est en fait composé de vers. Fascinant, monstrueux, certains doivent faire dans les 90 centimètres. Quel genre de créature est ce là ? d'ici je ne peux même pas distinguer la tête de l'arrière.

–Aen ard, appelle à nouveau la voix, plus haut, grimpez plus haut. Vous n'êtes pas encore hors de leur portée.

Sans y penser à deux fois, Calened bondit et saisit une branche un peu plus haut. Il fait bien car plusieurs bruits sourds se font soudainement entendre sous lui et l'arbre se met à trembler. Alors qu'il continue à grimper, d'autres bruits sourds résonnent contre le tronc, suivant sa progression. Tenaces et bon sauteurs pour des vers, on doit être à plus de deux mètres. Pas très malins par contre, ils bondissent seulement sur les endroits ou j'étais et non pas ceux ou je vais être. Ce qui est probablement une excellente chose. Fort heureusement, les vers semblent avoir des limites et les bruits cessèrent rapidement.

Calened atteint bientôt les plus hautes branches de l'arbre. Là, assis sur l'une d'elle, le dos contre le tronc, se trouve un homme, un arc d'Haakland avec une flèche encoché à la main. Le sage prend position comme il le peut face à lui, rencontrant certaines... difficultés à rester stable. Ses gesticulations arrachent un sourire à l'étranger, qui eut l'air assez sinistre à cause de la grande cicatrice qui lui traverse le visage. Vêtu de cuir et de fourrure à la mode du Haakland, il porte sur son dos une cape en peau, capuche rabattue sur ses cheveux bruns et plusieurs poignards à sa ceinture. Ses yeux vert sombre fixent intensément le Sage.

–On peut dire que vous avez fait une entrée remarquée, Qu'est ce qui vous a pris de brailler ainsi dans les bois ? Demande d'un ton sec l'homme en rangeant sa flèche dans son carquois. Vous avez de la chance que les Olgoï-Khorkhoï soient sourds. Et encore plus chanceux que peu de monstres osent s'aventurer sur leur territoire.

–Est on en sureté ? demande Calened, ignorant les remarque désobligeantes de son compagnon, plus préoccupé par le tapis vivant de vers géants au pied de l'arbre.

–Non, c'est la forêt de Manel ici, un site de reproduction pour les monstres, ils grouillent partout. Mais nous sommes hors de la portée des Olgoï-Khorkhoï.

–Je m'en contenterai, commente l'elfe avant de se concentrer à nouveau sur l'inconnu. Je vous cherchai.

–Oui, ça, je pense que tout ce qui possède des oreilles dans cette partie de la forêt s'en ai rendu compte, fait remarquer de manière sarcastique l'étranger. Mais ici, ce n'est pas un bon endroit pour parler, surtout avec la nuit qui approche. Allons à mon refuge, nous serons au moins un peu plus tranquille.

–Et comment... commence Calened juste avant que son interlocuteur bondisse sur une branche avoisinante. Il saute ainsi de branche en branche jusqu'à atterrir sur l'arbre voisin sans que les vers au sol semblent s'en rendre compte.

–Eh bien ? vous venez ? je pensais que vous vouliez me parler ?

–Bondir de branches en branches n'est pas exactement l'un de mes points forts, je suis un Sage, pas un écureuil !

–Alors, lancez un sort, Sage, parce que passez par le sommet des arbres est la route la moins dangereuse. Même si vous êtes né en ville, vous avez bien dû jouer à l'écureuil dans votre enfance, non ? Ou est ce que vous êtes plus Dh'oine qu'Aen Seidhe ? Tâchez de ne pas tomber dans tout les cas, même sans les vers, ce serait plutôt mortel.

Dieux, je viens à peine de le rencontrer et je le déteste déjà. Pense Calened en essayant de se remémorer comment évoluer de manière sûr dans les arbres. Il s'élance à la suite de son compagnon avec une grâce et une assurance... mitigée. ça doit faire plus de 200 ans que je n'ai pas grimpé à un arbre comme ça. C'est, ourf, bien plus difficile que dans mes souvenirs. Il s'arrête sur la branche la plus proche de l'arbre suivant, regardant avec appréhension la distance entre les deux et surtout entre le sommet de l'arbre et le sol. L'autre elfe l'attend en silence, appuyé avec nonchalance contre le tronc de son arbre. Et si j’essayai un sort de lévitation? non, mieux vaut ne pas tenter la chance avec ces plantes anti-magie alentours, si le sort rate, ce sera... très laid. Et ça risque d'être encore plus laid si j'essaie la téléportation. Oh, Nehaleni, déesse de la fortune, veille sur moi.

Rassemblant son courage, il bondit et parvient à atteindre l'arbre suivant. Son pied part soudain en avant et il perd l'équilibre, il saisit la première branche à portée pour se rattraper et rétablir son équilibre.

–Hmm, au moins, il reste un peu d'Aen Seidhe en vous, dit l'inconnu avec un sourire.

Il repart à toute vitesse, passant agilement et gracieusement d'arbre en arbre. Calened le suit comme il peut sans parvenir à le rattraper. Ils arrivent bientôt à une petite structure en toile niché au sommet d'un très grand arbre. Couverte de feuilles, elle est maintenue en l'air par diverses attaches plantés dans de nombreuses branches. Le tout repose sur plusieurs planches. Quand le Sage arrive enfin près de la structure, soufflant comme un cor bouché, l'étranger a déjà examiné plusieurs des cordes et posé son arc à l'intérieur. L'inconnu se glisse à l'intérieur et lui fait signe de le suivre. Calened découvre un intérieur rudimentaire, recouvert de fourrures avec plusieurs sacs sur l'un des cotés. L'elfe allume une lampe près du sommet de la toile et s'assied en tailleur. Calened prend position face à lui comme il peut, la tente étant avant tout pensée pour une personne.

–Bien, bienvenue dans mon modeste logis. Nous serons plus tranquille pour parler et pour passer la nuit. Ne bougez pas, j'ai ici quelques mixtures médicinales pour votre blessure, si vous voulez bien retirez votre haut. Vous avez de la chance que le ver ait visé votre poitrine et non votre estomac, il aurait rencontré beaucoup moins de résistance. dit il tout en esquissant un sourire face à la mine dégoutée du Sage tout en fouillant dans ses sacs.

La blessure à la poitrine saigne abondamment. Calened grimace tout en retirant sa tunique. Dieux, que ça fait un mal de chien. Ce bâtard rampant a pénétré ma peau et mes vêtements si facilement... comment peut on vivre dans une région pareil?! L'elfe encapuchonné sort un pot et enduit ses doigts d'une pâte aromatique. Il l'applique sur la blessure fermement mais avec douceur. wow, c'est surprenamment agréable. On sens qu'il a l'habitude traiter les blessures. Quand il a finit, Calened renfile sa tunique.

–Avant que nous commencions, j'aimerais que vous me laissiez le temps de contacter mon Saov Ainmhi'dh. Je suis certain qu'il va bien, peu de choses pourraient lui faire vraiment mal mais j'aimerais m'en assurer.

–Oh, c'est ce qu'est cet étrange cerf est ? un Saov Ainmhi'dh ? impressionnant, je n'en avais jamais vu auparavant. Commente l'inconnu, une étincelle dans le regard, Mais oui, faites donc.

Calened fait le vide dans son esprit, instaurant le calme nécessaire pour sa transe. Il tâte les portes fermés dans le corridor sans fin de ses pensées, cherchant celle qui renferme l’étincelle qu'il a crée. Aenye'gaerm, caen taedh ziheal me? Ziheal me, me wedd... Un brame mental retentit dans son esprit suivit d'un flot de pensée et de sensations, peur, soulagement et joie.

Athair ! Ess taedh aredness? Cad ess taedh? Conas...

Essea ghnath, me wedd. Je suis en companie de celui que nous cherchions. Es tu en sureté?

Le flot de pensée devint plus erratique alors que le Saov Ainmindh tente de s'exprimer dans la Lingua Franca, beaucoup moins naturel pour lui.

Moi, bien. Dehors, loin forêt. Bientôt partir?

On va devoir travailler un peu plus ton commun. Je vais passer la nuit ici, ça me donnera le temps de convaincre notre scoia'tael de reprendre du service. Je quitterai la forêt demain et me téléporterait à Dol Blathanna, avec ou sans lui. Met toi en sureté et rejoins moi à ce moment là.

Un sentiment d'approbation enserre ses pensées et leur lien mental commence à se dissoudre jusqu'à ce que le vide se trouve là ou était Aenye'gaerm

–Bien, c'est fait. Nous pouvons reprendre notre conversation, mr Faoiltiarna.

Dehors, le soleil ne brille plus, les ténèbres ont envahi les bois.

–Ça fait plusieurs années que je n'ai pas entendu quelqu'un prononcer mon véritable nom, fait remarquer, pensif, Isengrim Faoiltiarna, le Loup de Fer, ancien officier de la brigade Vrihedd . Je m'attendais presque à être oublié.

–Pas à Dol Blathanna. Personne n'oublie que la vallée a été rendue aux Aen Seidhes grâce à la Scoia'tael. Pour les Elfes Libres.

–La vallée existe encore ? Et toujours aux mains des Aen Seidhes ? Au moins quelque chose de bon est sortit de tout ce merdier... fait Isengrim, marmonnant la fin pour lui-même.

–Dol Blathanna a du prêté serment de vassalité à Aedirn et Enid à changée de couronne mais ça reste l'état des elfes libres.

–Bien. Mais venons en aux faits, vous me cherchiez, vous m'avez trouvé maintenant je veux savoir pourquoi.

–Des temps durs vont advenir et les non-humains se regroupent pour y faire face. Une nouvelle alliance entre les Races Anciennes. Et nous avons besoin d'une force armée pour représenter cette nouvelle unité, un groupe ouvert à tous les anciens peuples et qui a déjà affronté les humains plusieurs fois. Nous avons besoin de la Scoia'tael.

–La Scoia'tael a des chefs, allez donc les voir eux. Qu'est ce que ça a voir avec moi ?

–Les commandos sont dispersés dans les bois et divisé. Nous avons besoin d'une figure légendaire pour les unir, un héro qu'ils respectent et qui a fait ses preuves. Nous avons besoin de vous.

–Moi ? répond-t'il d'un air fatigué. J'ai affronté les humains comme on me l'avait demandé, en échange de la vallée. J'ai perdu plusieurs amis, quatre cousins et un frère dans cette guerre, j'ai tué, volé et torturé pour un empire qui nous a trahit et livré aux Dh'oines, nous traitant de criminels de guerre pour avoir fait exactement ce qu'ils attendaient de nous. Et alors que leurs propres tribunaux nous ont offert l'armistice, les Dh'oines ont égorgés mes compagnons d'armes dans la rue. Nous avons rampé dans les forêts, embusquant les Dh'oines quand on pouvait, sans cesse poursuivit, toujours affamés.Tellement d'horreurs et de douleurs et vous voulez me faire revivre ça ? Pour Dol Blathanna qui nous a aussi abandonnés ?

–Pour l'avenir de notre peuple, pour s'assurer que les elfes auront toujours une place dans ce monde. Écoutez, je vois, j'entends que je vous en demande beaucoup. Mais vous êtes ma meilleure chance. Je connais d'autres chefs Scoia'taels qui seront capable de rallier plusieurs commandos. Mais vous êtes le seul qui puisse les rallier tous. Vous ne serez pas obligé d'aller vous battre, toute armée a besoin d'un général.

–Et quel genre de chef ça ferait de moi cacher derrière mes troupes ? Et qui est derrière cette alliance ? Qui cherche à se servir des non-humains pour sa guerre ? Nilfgaard ? Kovir ? Un autre roi du Nord ?

–Moi. Et devant le regard inquisiteur d'Isengrim, il poursuit, Mes visions m'ont prévenu que de terribles massacres allaient survenir dans le nord, contre les mages, contre les non-humains, la guerre à nouveau entre le Sud et le Nord. Il y aura tant de morts, beaucoup des races anciennes ne s'en relèveront pas. Les Halfelins, les Dryades, les Elfes... Isolés et divisés, nous nous ferons massacrés, nous n'auront ni le nombre ni la force de résister. C'est la raison pour laquelle j'ai crée Hen Uniade, une alliance entre tous les anciens peuples afin de garantir notre futur... je connais ce regard, je l'ai vu souvent, vous vous demandez qu'est ce que l'Aen Saevherne en retire? Croyez le ou non mais vous ne le croirez probablement pas, rien. Je n'ai pas de motifs cachés ou de secrets désirs de pouvoirs. J'ai prédit l'extinction de notre peuple et je ferait tout ce qui est en mon pouvoir pour l'en empêcher.

–Vous avez raison, je ne vous crois pas. Sur ce dernier point. Précise t'il. Le regard toujours rivé sur le visage du mage, il n'a pas esquissé un seul mouvement durant toute la conversation.

–Peu importe, je n'ai pas besoin que vous croyez en mes motivations, j'ai seulement besoin de votre aide. Le conflit est inévitable, nous ne pouvons pas l'empêcher. Ce que nous pouvons choisir, c'est soit faire face à la tempête soit se laisser entrainer par elle. Je ferait face. J’affronterai la tempête et si je dois malgré tout échouer, au moins mon combat aura eu du sens. Et vous, Loup de Fer? Qu'allez vous choisir? Revenir avec moi dans le nord, vous battre pour l'avenir des vôtres? Ou rester en exil ici, dans cet endroit misérable sans autre but que de finir dévoré par un monstre un jour ou l'autre ?

Le regard d'Isengrim ne quitte pas son visage, des lueurs d'aciers dans les yeux. Cette cicatrice est tellement perturbante, pense Calened malgré lui, N'a t'il jamais eu l'idée de demander à un mage de la lui arranger ? C'est dommage quand même... non, concentre toi, tu as une mission, un travail à faire.

– Vous parlez d'une alliance entre les Races Anciennes, reprend enfin Isengrim. Qui participe ?

–Tous ont accepté de participer à la première réunion pour cimenter l'alliance. les Nains, les Bobolaks et les Gnomes de Mahakam, les Dryades de Brokilone, les elfes de Dol Blathanna et des Montagnes Bleues, les Vrans et les Vodyanoï et les sirènes d'Ys. Les familles de Halfelins qui ont acceptés de nous rejoindre y auront également un représentant.

–Sérieusement ? Demande l'ancien Scoia'tael, les yeux ronds. Même les Hommes-Poissons ? C'est... sans précédent.

–Et c'est pour ça que je crois que nous survivront à la tempête. Alors, Loup de Fer ? Qu'allez vous choisir ?

–Rien, pour l'instant, j'ai besoin de réfléchir à tout ça. Dormez, vous aurez votre réponse demain.

–Dormir ici ensemble ? demande le Sage en dissimulant sa grimace et son excitation, je veux dire, c'est assez étroit... et en même temps ? Et si des monstres rodent dans le coin ?

–On fera comme les Dryades de Brokilone, on se serrera. Pas d'inquiétude pour les monstres, peu s'aventurent sur le territoire des Olgoï-Khorkhoï et encore moins grimpent aux arbres. et pour ceux qui restent, j'ai des alarmes. Dormez tranquille, je vais monter la garde un moment, j'ai... besoin d'air frais.

Et sur ce, il franchit le seuil de la tente et disparait. Calened, laissé seul et n'ayant rien de mieux à faire, s'étend sur les fourrures. C'est loin du confort auquel il est habitué mais il a déjà dormi dans des conditions similaires. Fatigué par sa journée, il s'endort rapidement. Au sommet de l'arbre, la taille dépassant de la cime, Isengrim Faoiltiarna contemple, pensif, le croissant de lune et les étoiles qu'aucune ombre ne peut recouvrir.

Grondements dans les ténèbres, Des hurlements guerriers retentissent, des bruits de combats, acier contre croc, bouclier contre griffe. ses propres chants résonnent, tentant de contenir la fureur qu'ils ont provoqués. Un nain grogne à coté de lui alors qu'il arme une arbalète aussi grande que lui. Elle a tué des géants, des fiellons et des manticores, elle peut le tuer lui aussi. Une espèce de gargouillement résonne et une masse visqueuse et fumante les recouvre, elle glisse autour de lui, détournée par son sort protecteur mais le nain hurle et s'arrache la barbe, le sang jaillit alors que la substance corrosive creuse son armure, ses chairs et ses os, sa formidable arbalète réduite en bouillie informe. D'autres cris, les nains lâchent leurs bombes, des explosions retentissent et dans les éclats de lumières qu'ils produisent, une silhouette immense se détache, noir comme une nuit sans lune, deux yeux jaunes sur une tête triangulaire. Ces yeux de serpents le fixent et soudainement, s'élancent droit sur lui...

Neén! Va vort a me!

Le mage se redresse brusquement, le souffle court, les mains tordant les fourrures sous lui. Il regarde autour de lui et voit les sacs et les peaux au sol, des murs de toiles autour de lui et un vent froid se glisse par l’embrasure de l'entrée. Tout va bien, pense Calened, je suis seul dans une forêt, à la surface. Je ne suis pas sous terre, ce n'est pas Mahakam, tout va bien. oh dieux, combien de temps ce cauchemar va t'il me poursuivre?... Il prend de grandes inspirations pour se calmer, écoutant les battements de son cœur s’apaiser.

–Sage ? Je vous ai entendu crier, tout va bien ?

Une main ganté relève la toile de l'entrée et la tête d'Isengrim apparait, le regard curieux.

–Je vais bien, juste un cauchemar qui ne me laisse pas tranquille.

–Je vois, fait t'il en le regardant attentivement, les miens ne me laissent pas en paix non plus... Mais c'est bien que vous soyez réveillé, le soleil va commencer à se lever. Les monstres de la nuit sont déjà coucher et ceux du jour ne sont pas encore debout. C'est le meilleur moment pour partir. Quand vous serez prêts, j'ai du lard séché et quelques fruits pour le petit déjeuner. Nous partirons ensuite.

Isengrim rabaisse la toile avant que Calened ne puisse rajouter quoi que ce soit.

Calened pousse un soupir et, n'ayant aucune envie de rester, sort. Il manque de passer de vie à trépas ayant oublier qu'il est dans un arbre et dans un abri sommaire. Il se raccroche rapidement à une branche, fermement décidé à ne pas la lâcher. Isengrim est assis un peu plus en hauteur, un sac dans une main, un morceau de lard dans une autre, son visage à peine visible dans la pénombre. Et pourtant, Calened est certain qu'il affiche encore son sourire condescendant.

–Tenez, fait le guerrier en tendant le sac, j'ai déjà prit ma part.

Calened saisit la jute et en sort un étrange fruit de forme vaguement ovale. Le fruit laisse échapper un jus sucré quand il mord dedans et a un goût similaire à celui d'une pêche. Au fond du sac, il découvre encore quelques morceaux de lards et un autre fruit étrange. Au loin, le soleil se lève, plus brillant à chaque instant.

–Et donc, fait il après avoir avalé son petit-déjeuner. La nuit a passé, le soleil se lève, c'est une nouvelle journée. Avez vous réfléchi ? Quel est votre décision ?

Isengrim contemple le lever de soleil sans rien dire, tripotant une dague.

–En effet, j'y ait réfléchit. Pour être honnête, je n'ai pas dormit à cause de ça. De grands événements se préparent de toute évidence. Une alliance contre les humains ? c'est fou. Et probablement suicidaire. Mais si effectivement, ça risque d'être les derniers moments d'Aen Seidhe alors je veux être présent. Quand j'ai échappé à l'exécution à Novigrad, quand l'empire et Dol Blathanna m'ont abandonné, moi aussi j'ai abandonné. J'ai fui le Nord, j'ai fui la scoia'tael, j'ai fui ce que je pensait être une cause perdu. Je ne fuirais plus et si je peux effectivement aider, j'aiderai. Vous pouvez comptez sur moi, Sage.

–Je suis très heureux de l'entendre, beaucoup seront ravis. Quand nous arriveront dans la vallée des Fleurs, j'enverrai des messagers aux commandos Scoia'taels pour leur faire savoir que le Loup de Fer est revenu et les invite à se battre pour Hen Uniade.

–À tout prendre, Mourir parmi mes frères et sœurs, épée à la main, sera mieux que de crever seul ici. Nous devrions partir maintenant, Sage, avant que les monstres diurnes se réveillent.

–Calened.

–Quoi ?

–Mon nom est Calened aep Eithan, je préférerais que vous l'utilisiez plutôt que Sage. Mon Saov Ainmihi'dh nous rejoindra à la lisière sud-est de la forêt, de là, j'ouvrirais un portail qui nous emmènera directement à Dol Blathanna.

L'elfe défiguré le contemple un moment, un sourire se formant lentement sur ses lèvres.

–Très bien, Calened, passez devant. Je veux voir si vous pouvez atteindre l'orée de la forêt sans tomber une seule fois.






Notes:


Que suecc's, me wedd?: Que se passe t'il, mon enfant?


Bloede carraigh: Maudite pierre.


Iarranbleid: Loup de Fer


Aessea an Aen Saevherne aen Dol Blathanna, neén an morvudd: Je suis un Sage de Dol Blathanna, pas un ennemi.


Caen taedh cáemm?: Pouvez vous venir?


ninnau éigean dice: Nous devons parler


Aenye: feu


Teivil aen crann! Aep ceann, cáemm veloë !: Monter dans l'arbre! Vers le sommet venez vite!


Aenye'gaerm, n'te aeskell anseo! Raenn! Aé'll darganfod taedh, va!: Feu Bleu, ne reste pas là! Cours! Je te retrouverais, aller!


Aen ard: En haut/plus haut


Aenye'gaerm, caen taedh ziheal me?: Feu Bleu, est que tu peux m'entendre?


Ziheal me, me wedd...: Entend moi, mon enfant...


Athair! Ess taedh aredness ? Cad ess taedh ? Conas...: Père! Est ce que vous allez bien? Ou êtes vous? Comme...


Essea ghnath, me wedd: je vais bien, mon enfant.


Neén! Va vort a me!: Non! Éloigne toi de moi!

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