Red Dawn Knights - Partie 2 : Les Chevaliers de l'Aurore Rouge

Chapitre 15 : Trop facile

2249 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 02:10

La gabare voguait sur les eaux froides et silencieuses. Le lendemain, les voyageurs atteindraient le port de Demacia. Mais en attendant, ils étaient assoupis dans la cave, allongé sur des hamacs ou au sol sur leur couverture. Paladïn s’était dévoué pour tenir la barre cette nuit. Il n’avait pas grand-chose à faire, car cette partie du fleuve était quasiment en ligne droite. Il s’était alors pris une chaise et, en équilibre contre la rambarde du fond, il regardait les étoiles.

Le silence était calme, reposant, soulageant. Il pouvait presque s’endormir, bercer par les craquements du bois, les vaguelettes, les chants des criquets sur les rives… Il se secoua la tête :

-Reste éveillé, Paladïn. Manquerais plus que tu t’endormes en naviguant…

La neige commença à tomber. Il se leva de sa chaise et fit quelques pas qui résonnèrent sur tout le navire. Puis, quand il fut sûr qu’il ne s’endormirait plus, il s’appuya sur la barrière qui surplombait le pont du bateau.

Le silence était oppressant, ennuyeux. Le froid le prenait. Il repensait à la nuit où Katarina avait essayé de le tuer. Noxus attentait à sa vie et cela lui suffisait à le mettre en colère.

-Quand est-ce qu’ils vont arrêter avec ces guerres stupides et sans aucun sens ?!

Seule la nuit lui répondit.

Le silence était effrayant. Un bruit attira son attention, un murmure.

-C’est trop facile…

-Oh non pas cette fois ! répliqua Paladïn en se retournant et en attrapant son agresseur.

Avec sa force, il le jeta par-dessus ses épaules et le fit retomber bruyamment sur le pont inférieur. L’assassin se releva en roulade quand Paladïn se leva sur la rambarde.

-D’abord on m'envoie Katarina et c’est une escouade de Demacia qui me sauve. A qui ai-je l’honneur aujourd’hui ?

-Veux-tu vraiment savoir le nom de ton meurtrier ?

La voix était trop douce pour qu’elle soit masculine.

-Non tu as raison, admit le top en tirant les lames de son fourreau. Mais je ne le laisserai pas filer !

Il bondit sur sa cible qui riposta aussitôt. Elle se mit en garde et para l’attaque destinée à lui taillader les hanches, répondant d’une attaque directe au niveau du plexus solaire. Paladïn évita les dagues brillantes en se penchant en arrière et se rattrapa sur ses bras pour lui asséner un coup de pied dans le ventre. Ce geste coupa le souffle de son adversaire qui dû reculer. Paladïn voulut la saisir, mais elle se dégagea sans attendre et, s'appuyant sur le bastingage en bois, se releva. Le top laner fut désorienté par sa manœuvre et lorsqu'il tenta de se redresser, trois couteaux de lancer volèrent dans sa direction. D'instinct, il rassembla ses deux dagues qui fusionnèrent en bouclier. Les dagues étaient tellement légères qu'elles tintèrent en rebondissant. La mercenaire s'accrocha à la corde d'une voile et s'élança en direction de la proue, lui tournant ainsi le dos. Paladïn saisit l'opportunité qui s'offrait à lui et projeta des dagues d'ombres sur sa cible. Elles sifflèrent, fendant rapidement l'air vers l'assassin qui, avec une facilité déconcertante, esquiva avec un parfait salto arrière. Les armes de jets s'évaporèrent en un bruit sourd vers l'avant du bateau. Profitant de la position de réception de son adversaire, Paladïn courut en sa direction alors qu'elle se redressait.

Le combat était trop bien équilibré ; son ennemie était vive, agile, aussi rapide que lui. Sur le pont du bateau, les dagues s'entrechoquaient avec fracas. Les deux assassins paraient, bloquaient les ripostes et enchaînaient les attaques sans relâche. Ils s'échangèrent un coup de manche ; Paladïn le reçu au bas-ventre et la noxienne à la tête, ce qui la fit brutalement chuter au sol. Elle voulut se relever quand elle entendit un cri derrière Paladïn :

-Demacia !

Elle évita de justesse un rayon de lumière en plongeant sur le côté : Paladïn profita de l’occasion et la saisie par le col, la soulevant avec sa force.

Maimoime sortit en dernier de la soute :

-Qu’est-ce qu’il se passe encore ? demanda-t-il en se grattant la tête.

-Encore une baston ? demanda Elyonah.

L’assassine, désarmée, se débattait sans résultat. Paladïn la surpassait. Ce dernier sentit du sang couler dans son poing. Il saisit la fille de l’autre main et ouvrit sa paume ; il tenait un pendentif pointu qui lui était légèrement entré dans la paume.

C’était le symbole d’un lotus bleu.

-Quoi ?! chuchota-t-il.

-Paladïn recule ! annonça froidement Caërwyn, arc tendu jusqu’à sa joue, prêt à tirer.

-Non attends ! s’écria le top laner. Où as-tu eu ça ?!

La fille ne répondit pas. Elyonah s’approchait prudemment de Paladïn.

-Lâche-là déjà, comment veux-tu qu’elle réponde si elle s’étouffe avec ta poigne ?

-C’est le symbole de ma famille depuis des générations ! s’énerva-t-il en la secouant et en resserrant l’insigne dans sa main. Où l’as-tu volé !

-Paladïn ! cria Elyonah.

-Où l’as-tu volé ?! répéta-t-il de plus belle.

-Nul part ! hurla l’assassin.

Paladïn reprit ses esprits et la déposa au sol, non sans garder la pression qu’il exerçait sur elle.

-Je ne tiens pas à casser l’ambiance, intervint le yordle, mais qui tiens la barre ?

-Euh, s’étonna Garen en sentant le navire toucher le fond de la rivière, près de la rive.

Il partit en courant vers la barre tandis que les chevaliers emmenèrent la fille dans le navire.

Ils attachèrent leur prisonnière au mat, dans la soute. Elle se laissait faire sans la moindre résistance, si bien que cela les étonnait.

Maimoime s'étirait les poignets :

-Bon alors, voyons voir ce que l'on peut en tirer.

-Non, je m'en occupe.

Paladïn avait le regard fixé sur sa paume ensanglantée dans laquelle se tenait le pendentif en forme de lotus.

-Mais, répliqua Xathote. Tu ne va pas comme même pas…

Paladïn se retourna vers ses amis, le regard noir.

-J'ai dit…. Dehors !

Ils n'insistèrent pas, se dirigeant vers la sortie.

-Ce n’est pas vraiment ce qu’il a dit, murmura le yordle.

Quand ils quittèrent la pièce, Paladïn ferma violemment la porte en abattant la planche transversale sur ses socles, puis recula vers la prisonnière. Il entendait ses amis chuchoter, alors il prit une dague et la lança vers la sortie, condamnant l'accès par l'extérieur.

Les chevaliers restants reculèrent quand ils virent la dague se planter entre les battants.

-Il va la tuer ! s'inquiéta Elyonah.

-Tu sais, Paladïn… répondit Caërwyn. Au-dessus de l'honneur, il y a la famille.

-La famille ? Mais…

-On ne t'a jamais raconté l'épisode du bar ? s'étonna Maimoime.

Lux commença à remonter sur le pont supérieur, laissant les chevaliers entre eux.

-Disons, reprit le jungler quand la demacienne fut éloignée, qu'un jour dans un bar de Demacia quelqu'un de… pas très sain a eu le malheur d'insulter ses parents.

-Et ?

-Ben… il ne pourra plus jamais le faire maintenant, vu que Paladïn lui a coupé la langue. D’ailleurs c’est après cet épisode que nous l’avons recruté.

Elyonah avala sa salive en se tenant le cou.

-C'est assez… morbide.

-Dites, s'exprima Xathote.

Ils baissèrent le regard vers lui :

-Vous croyez que Paladïn va nous en vouloir si on l'écoute discrètement ?

Ils se concertèrent du regard.

-Nan !

Ils collèrent tous leurs oreilles contre la porte.

 

-Bon, dis Paladïn en s'appuyant sur la table qui se tenait près de la prisonnière. Commençons par le début : qui es-tu ?

Elle resta silencieuse. Elle baissa la tête vers le sol, ses cheveux courts et noirs lui tombaient sur le visage.

-Très bien ! s'écria Paladïn en perdant patience. Tu préfères aller aux choses sérieuses directement ? Ne pas passer par quatre chemins ? Il suffisait de le demander ! Alors, où as-tu eu ce médaillon ?

Il tendit devant ses yeux le pendentif. Il pendait au bout de la chaîne, son bleu était vivement tâché par le sang de Paladïn. Encore une fois, le silence répondit à la place de la mercenaire.

-Réponds !

Paladïn jeta le pendentif sur la table en bois. Avant qu'il glisse, il lança une autre dague qui bloqua le collier en se plantant dans un maillon de la chaîne.

-Je l'ai obtenu d'un marchand ! Cet objet n'a aucune valeur pour moi !

-Quel marchand ?!

Elle se tut.

-Très bien. Alors si tu n'y vois pas d’inconvénient, déclara Paladïn en s’emparant du collier, je pourrais le balancer tout de suite par-dessus bord.

Il fit quelques pas vers la porte quand l'assassin cria :

-D’accord ! J'ai ce pendentif depuis ma naissance ! C'est la seule mémoire du passé que je possède !

Le top laner hésita.

Non, c'est impossible…

Mais les yeux de la jeune femme ne mentaient pas, il en était certain en voyant son regard.

-Qu'est-il advenu de ta famille ?

Sa question était d’un ton plus posé, plus calme.

-Je n'en sais rien, répondit-elle en soupirant. J'ai été séparé d'eux quand j'étais plus jeune. Je n'ai plus aucun souvenir… à part ça.

 

-Qu'est-ce qu'ils disent ? soupira Xathote en collant au mieux son oreille à la porte.

-Tais-toi ! On n’entend rien ! siffla Maimoime.

-Tu comprends quelque chose ? demanda Elyonah à Caërwyn qui se tenait en dessous de sa tête.

-Je ne sais pas, mais apparemment c'est à propos du médaillon.

Ils étaient tout les quatre adossés à la pauvre porte. Alors quand Paladïn ouvrit cette dernière, ils tombèrent littéralement au sol, les uns sur les autres.

-Aïe.

-Maimoime tu m'écrases !

-Je ne vous dérange pas ?

Paladïn les regardait de haut, les bras croisés.

-Euh… hésita le yordle en se relevant. Ce n'est pas ce que tu crois, nous ne faisions que… passer par là ?

-Mais bien sûr.

Il les enjamba et commença à monter les escaliers.

-Et pour la prisonnière ?! demanda Caërwyn.

-Ah oui -Paladïn s'arrêta dans sa montée. Le premier qui la touche, je le bute !

Il monta sur le pont, rengaina l’une de ses lames avec un “CLAC” convaincant.

Maimoime se contenta d'un haussement d'épaule.

-Je ne sais pas si j'ai vraiment envie de savoir ce qui le met en rogne comme ça.

-Il faut que quelqu'un lui parle ! s'indigna Elyonah.

-Hors de question pour moi ! annonça le yordle. Je n'ai aucun pouvoir de persuasion.

Tous les regards se dirigèrent vers une seule personne.

-Ok, soupira Maimoime. J'y vais…

Il monta à la suite de Paladïn.

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