La Renaissance du Phénix

Chapitre 6

2375 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 17/08/2022 10:58

Pour la seconde fois en quelques jours, Jean Grey se réveilla dans la chambre des invités après être tombée dans les bras de Morphée. En revanche, cette fois-ci, la mutante émergea avec une sensation de joie et d’épanouissement, un état de bien-être éclatant dont elle n’avait plus fait l’expérience depuis très longtemps. De plus, elle n’était pas toute seule dans son lit : Scott Summers, son compagnon, dormait toujours profondément à côté d’elle. Sentant qu’elle devait aller aux toilettes, encore quelque chose dont elle avait rarement éprouvé le besoin depuis qu’elle avait absorbé cette étrange puissance extra-terrestre, elle s’extirpa du lit avec réticence et s’éloigna sur la pointe des pieds.

Lorsqu’elle revint, Scott était en train de s’étirer tout en essayant aussitôt de prendre ses lunettes posées sur la table de nuit. Jean se glissa sous les couvertures et roula sur le côté afin de lui faire face.

-Bonjour, lui dit-elle en souriant bien que les yeux de Scott étaient fermés et qu’il lui était impossible de la distinguer.

Ce dernier sourit en entendant sa voix :

-Bonjour.

Il s’apprêta à mettre ses lunettes lorsque Jean lui attrapa la main.

-Tu n’en as pas besoin, lui assura-t-elle.

-Ouah, ouah. Jean, qu’est-ce que tu fais ?

-C’est bon, Scott. Je gère. Allez, vas-y. Ouvre les yeux.

-T’es sûre ?

-J’suis sûre.

De façon hésitante, Scott contracta fermement les paupières avant de les ouvrir petit à petit. Un léger éclat de sa mutation scintillait dans ses yeux, mais ses rafales optiques étaient totalement contenues.

-Oh, c’est mieux, fit Jean en lui souriant d’un air radieux.

-Putain… ça m’épatera toujours que tu puisses faire ça, confessa-t-il admirativement.

-C’est juste que j’aime bien regarder ton visage, lui dit la jeune femme en se penchant pour l’embrasser.

Elle se recoucha ensuite en affichant un sourire mélancolique.

-Je veux un enfant avec toi, déclara-t-elle dans un doux murmure. Une fille. Elle aura mes cheveux roux et ton magnifique sourire.

-On aurait peut-être pu y penser hier, réfléchit Scott.

Mais Jean sourit.

-Peut-être. Mais mon corps… le rythme… j’ai l’impression que tout est encore un peu chamboulé, là-dedans.

Scott fronça les sourcils avec inquiétude :

-Peut-être que cette chose à l’intérieur de toi est toujours en vie.

-Non, c’est terminé, j’en suis sûre et certaine. Mais mon corps essaye de s’adapter à ce bouleversement pour redevenir normal. Moi, en tout cas, je me sens de plus en plus normale à chaque jour qui passe. Plus humaine.

Elle l’embrassa de nouveau.

-Et tu as vu une petite fille dans notre avenir ? lui demanda Scott, curieux.

Jean secoua la tête :

-C’est fini, je ne peux plus voir le futur, Scott. Mais je t’avoue que ça me soulage de ne plus avoir ce pouvoir. Franchement, c’était…, elle frissonna sans le faire exprès. Personne ne devrait voir ça...

La jeune femme se força ensuite à sourire :

-Je préfère me concentrer sur comment construire notre avenir, et les enfants en font partie. En plus… ça fait dix ans que tu attends d’en avoir un avec moi. C’est trop long. Il faut qu’on rattrape le temps perdu.

-C’est toi qui vois, déclara Scott.

Ils partagèrent longuement un autre baiser.

-C’est pas pour faire ma rabat-joie, mais il faut pas trop qu’on tarde à se lever, sinon on va manquer notre petit-déjeuner, murmura Jean en faisant glisser le bout de ses doigts sur le torse de son compagnon.

Ce dernier poussa un grognement ennuyé.

-Alors, on n’a qu’à le manquer.

-Ouais, mais je pense qu’on a déjà été suffisamment impolis comme ça, répliqua Jean en souriant. Je t’ai à peine présenté à tout le monde qu’on est direct montés pour le reste de la journée.

-Hé, c’était ton idée à toi aussi, rétorqua Scott. C’étaient nos retrouvailles d’après dix ans d’absence. Tu te souviens ?

-C’est vrai, admit la rouquine. Mais… on a déjà manqué le déjeuner et le dîner. Et puisque Charles sera là ce matin, la moindre des choses, c’est de descendre dire bonjour à tout le monde.

-Il faut qu’on se mette d’accord sur un truc avant de descendre : pour l’offre de Hank, qu’est-ce qu’on décide ?

-Toi, tu en penses quoi ? demanda-t-elle en lui renvoyant la question. J’ai essayé de visualiser un peu tout ça. Est-ce qu’on tient vraiment à se réveiller dans cette chambre, tous les jours, pendant les dix prochaines années et à descendre pour travailler avec un groupe de gamins pour leur apprendre à contrôler leurs mutations ?

-Parce que tu crois qu’il y a des chances pour qu’on soit encore là dans dix ans ? demanda le mutant. C’est possible, à ton avis ?

-Franchement, je n’en sais rien, admit Jean. Mais disons qu’on reste. Si on fait bien notre travail, ça veut dire que tous les élèves qui sont ici : Dani, Rahne et tous les autres, ils seront sûrement diplômés dans quelques années puis partiront vivre leur vie. Après eux, peut-être que d’autres élèves seront admis ici. Ou peut-être qu’il n’y en aura pas et que cet endroit va fermer. Mais si ça arrive, est-ce qu’on ira au manoir ? Ou est-ce qu’on se trouvera un autre endroit où vivre rien qu’à nous ?

Elle fit alors la grimace :

-D'ailleurs, est-ce que la proposition de Hank tiendra toujours si on lui dit qu’on espère avoir un enfant prochainement.

-Tu vois ? Là, ton pouvoir de prémonition aurait pu nous servir.

-S’il te plaît, ne plaisante pas avec ça, Scott. Ce pouvoir était carrément horrible, dit-elle, avant de lui agripper la main sous les couvertures. Je veux que tu me promettes une chose.

-Ce que tu veux.

-J’ai besoin de ça, déclara-t-elle en exposant leurs mains jointes et leurs doigts entrelacés. Je sais que je ne suis plus sous l’influence de… cette force, quelle qu’elle ait pu être. Mais toujours est-il que mes pouvoirs ont été amplifiés à cause d’elle, bien au-delà de ce que j’étais capable de faire avant. Et ça peut devenir vraiment… flippant… par moments. J’ai besoin de choses qui me rattachent au monde, à la réalité. Le plus possible. Donc, j’ai besoin que tu me touches, que tu me tiennes, que tu m’embrasses, que tu me caresses. Quand on marche, je veux que tu me prennes la main.

Elle ponctua sa phrase en lui pressant fermement la sienne.

-Je veux que tu me donnes ces petits signes qui me rappellent constamment que je suis humaine et que je suis dans un monde humain. J’ai besoin que tu sois mon ancre, Scott. Que tu me retiennes ici.

-Je te le promets. Il est hors de question que je te perde à nouveau.

-Super.

Alors elle se pencha en avant pour lui murmurer à l’oreille d’une voix cajoleuse, le désire se faisant sentir dans sa voix :

-Viens prendre une douche avec moi.

-Oh, ça ne va pas nous faire descendre à l’heure pour le petit-déjeuner, gloussa Scott.

-Le retard, c’est pas grave, lui assura Jean. Tant qu’on arrive à le prendre.

Elle marqua une pause.

-J’ai une idée de nom, lui confia-t-elle timidement.

Le jeune homme sourit :

-Je m’en serais douté.

-Rachel, chuchota-t-elle à son oreille. Son nom, c’est Rachel.

 

* * *

 

Ce matin-là, il régnait une atmosphère festive dans la cuisine. Pour la première fois depuis plusieurs jours, tout le monde était présent. De plus, aujourd’hui, ils avaient des invités : Scott, Jean, ainsi que Charles Xavier. Avec autant de personnes entassées dans la cuisine et autour de la grande table, l’ambiance était presque au tumulte. Malgré la rallonge, la table ne pouvait contenir que dix personnes. Sam et Roberto s’étaient donc portés volontaires pour aller dîner dans le salon, sur la petite table de bar afin que tous les autres puissent s’asseoir ensemble.

Amara était occupée à mettre le couvert. Ce faisant, chaque fois qu’elle prenait une assiette, elle la tenait dans ses mains quelques secondes en fronçant les sourcils, concentrée. Puis elle finissait par la poser et faire de même avec la suivante. Sam l’observa dans ses gestes pendant quelques instants avant de l’interpeler :

-Qu’est-ce que tu fais ?

-Je chauffe les assiettes, lui répondit la jeune blonde en affichant un sourire penaud. Roberto dit toujours que quand elles sont chaudes, ça préserve la chaleur de la nourriture. Je me suis dit qu’utiliser mon pouvoir au minimum, ce serait peut-être un bon entraînement pour maîtriser ma mutation. Je l’invoque juste assez pour réchauffer des trucs sans que ça me fasse prendre ma forme de lave.

Elle lui tendit une des assiettes. Le jeune homme la prit. La céramique diffusait une chaleur agréable, pas du tout brûlante. Il lui sourit.

-C’est une bonne idée, lui dit-il admirativement. J’y aurais jamais pensé.

Amara rougit presque face au compliment du jeune Américain.

-Merci, répondit-elle timidement.

Sean, Moira, Hank et Charles s’étaient rassemblés au bout de la table. Charles, par nécessité, s’était placé en tête de table puisque c’était une des seules places qui lui permettait de faire rouler son fauteuil en toute facilité. Nerveux, la tête levée, il lui était impossible de décrocher son regard des escaliers.

Hank émit un petit rire :

-Ne vous en faites pas, Charles. Scott et Jean m’ont promis qu’ils se joindraient à nous ce matin. Cela dit, je ne serais pas surpris qu’ils prennent un peu leur temps.

-Oui, je présume qu’ils avaient grandement besoin de se retrouver, rien que tous les deux, acquiesça le directeur.

-Eh bien, du point de vue Scott et du nôtre, Jean a disparu presque dix ans. Du sien, son absence n’a peut-être duré que deux mois. Dans tous les cas, c’était suffisamment long pour que ça leur pèse lourdement à tous les deux.

-En parlant de ça, c’est vrai que Jean se trouvait au centre de ce bras galactique ?

Le mutant à fourrure haussa les épaules.

-C’est ce qu’elle m’a dit, et je n’ai aucune raison de douter d’elle. Mais où qu’elle se soit rendue, il est clair qu’elle voulait revenir pour de bon, expliqua-t-il en le scrutant du regard. J’imagine que vous n’émettrez aucune objection à ce qu’elle et Scott restent ici, au domaine annexe.

-Aucune, non.

-Bien sûr, cela dépend de s’ils désirent toujours rester. Maintenant qu’ils ont eu l’opportunité de se parler, ils ont peut-être convenu de leurs propres arrangements.

C’est à ce moment-là que le couple descendit enfin.

-Bonjour tout le monde, lança chaleureusement la jeune femme. Pardon pour le retard.

En voyant Charles, la mutante s’élança vers lui, s’agenouilla à côté de sa chaise roulante et l’enlaça fermement.

-Jean… je…, balbutia Charles qui essayait de trouver ses mots.

Toutefois, la rouquine l’interrompit.

-Chut. Pas besoin que vous disiez quoi que ce soit, Charles. Franchement, la seule chose qui me ferait plaisir, ce serait que vous me preniez dans vos bras et que vous me disiez que vous êtes heureux de me revoir, murmura-t-elle, de grosses larmes coulant sur ses joues, avant de poursuivre d'une voix cassée, que votre fille est rentrée... Je vous en prie, dites-moi que ça vous fait plaisir que je sois revenue.

-Je suis heureux que tu sois revenue, Jean, lui avoua Charles, la voix cassée, lui aussi. Tu ne peux pas savoir à quel point.

Ils s’enlacèrent tous les deux et pleurèrent à chaudes larmes. Quelques instants plus tard, Jean desserra lentement son étreinte mais sans vraiment la rompre. Elle prit une de ses mains dans les siennes et l’agrippa fermement.

-Tous les deux, on va recoller les morceaux, Charles, promit-elle intensément, les larmes continuant de couler. Et cette fois-ci, notre amitié sera indestructible, aussi longtemps que nous vivrons tous les deux. L’amour qu’on ressent l’un pour l’autre en est le pilier, pareil pour le pardon. Je vous aime, Charles Xavier. Et pour tout le mal, tous les torts qu’on s’est infligés mutuellement, je vous pardonne les vôtres.

Elle l’enlaça à nouveau puis chuchota d'une voix enrouée :

-Je vous aime, Charles. Et je vous pardonne. Je vous aime et je vous pardonne.

La jeune femme prit place sur une chaise et tous les deux se laissèrent aller quelques minutes. Lorsque Jean finit par lever les yeux, elle fut surprise de découvrir que tout le monde s’était arrêté dans ses activités et restait là, à les regarder avec attention. Beaucoup de ceux qui les entouraient avaient des larmes aux yeux, émus.

-On est en train d’offrir un joyeux spectacle à tout le monde, murmura-t-elle avant de lui embrasser le front. Désolée, vous tous. Je ne voulais plomber l’ambiance.

-Ce n’est rien, Jean, lui assura Moira. Bon retour à la maison, mon enfant.

La jeune rousse partagea ensuite des embrassades similaires avec Moira et Sean, puis un semblant d’activité normale reprit dans la cuisine. Quelques instants après, tout le monde fut assis à prendre le petit-déjeuner. Quant à Jean, elle eut l’impression d’avoir les retrouvailles qu’elle avait tant espéré et rêvé, d’être enfin réunie avec sa famille… la jeune femme eut l’impression de nager dans le bonheur.

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