Life is Strange : Le Gardien du Temps

Chapitre 17 : Encre

1590 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 20/06/2017 14:44

« Max, tu descends ? On est arrivés. »

« Oh oui hum désolée, j'étais ailleurs. »

« Tu repenses à ce qui s'est passé tout à l'heure ? Il n'y avait rien de grave tu sais. »

« Que se passe-t-il monsieur l'agent ? Un problème ? »


J'attendais, anxieusement, me préparant au pire. J'attrapais la main de Warren. Il me la serra très fort en retour comme si il sentait ce que je craignais.

« Ce n'est rien, un arbre est tombé sur la route, déraciné par le vent et un automobiliste est rentré dedans. Personne n'est blessé mais la route est bloquée. »


À ces mots, ma respiration se calma. J'avais paniqué pour rien, nous n'étions même pas encore arrivé à Arcadia Bay. Je fermais les yeux quelques instants le temps de me détendre pendant que Warren discutait avec le policier.

« J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle, m'annonça Warren. »

« Je t'écoute. »

« La mauvaise nouvelle c'est que la route pour aller à Blackwell est fermée pour un moment, l'arbre qui bloque la route est énorme. La bonne nouvelle c'est que par l'autre route, nous ne sommes qu'à 10 minutes de chez moi. Enfin de chez mes parents. Je les ai appelé et on peut dormir là-bas si tu veux. »

« Oh... C'est très sympa de leur part. Tu es sûr que ca ne les dérange pas ? Il est quand même cinq heures du matin... »

« Ne t'inquiète pas, ma mère travaille à l'hôpital d'Arcadia, elle à l'habitude d'être réveillée en pleine nuit et mon père est parti rendre visite à mon oncle ! »

« Désolé, je crois que j'étais un peu sur les nerfs mais tout va bien maintenant. »


Le soleil commençait à apparaître à l'horizon. Nous étions devant la maison de Warren. C'était la première fois que je venais chez lui. En y réfléchissant bien je me rendis compte que mon camarade ne m'avait jamais parlé de sa famille. Non pas que je connaissais beaucoup celles de mes autres camarades à Blackwell, hormis Kate peut-être. Dana avait raison, je n'avais pas fait beaucoup d'efforts pour m'intéresser aux autres, même à Warren qui était pourtant l'un de mes meilleurs amis. Étais-je si égocentrique ?

Nous entrâmes dans la maison plongée dans la pénombre. Malgré ma curiosité, je ne fis pas grande attention à mon environnement tant j'étais harassée. Je devais lutter pour garder les yeux ouverts. Heureusement pour moi, le parquet de la maison grinçait beaucoup sous nos pas ce qui me permettait de rester éveillé. Alors que nous montions les escaliers le plus discrètement possible, ma vision se floua et j'eu brièvement l'impression de voir une sorte de brouillard sombre et épais qui tournoyait autour de Warren. Surprise par cette anomalie, je clignais des yeux. Il n'y avait strictement rien.

Faut vraiment que j'aille me coucher ou je vais finir par voir des petits poneys volant.


« Courage, on y est presque Max », me dit mon ami voyant que je commençais à dormir debout pendant qu'il ouvrait la porte d'une chambre.

La porte donnait sur une petite chambrette. Toute simple, elle ne contenait qu'un lit simple, une table de chevet sur laquelle reposait une énorme lampe et un tapis qui avait l'air aussi épuisé que moi-même.

« Désolé, notre chambre pour invité est un peu spartiate. Je t'aurais bien proposé la mienne mais... »

« Une oasis dans le désert, un bouddha en enfer : un lit ! »


Nous rîmes tout les deux de bon cœur.

Si jamais les Juliet et Dana apprenaient que j'avais dormi chez Warren, elles seraient impossibles à calmer et feraient toutes sortes d'hypothèses. Je n'étais moi-même pas particulièrement frileuse à l'idée de dormir chez un garçon, je l'avais déjà fait auparavant, en tout bien tout honneur bien sûr. Je soupirai et n'avais plus qu'à espérer que mes amies fassent preuve de maturité. Peine perdue probablement.


Warren me montra quelques spécificités de la chambre (la porte avait tendance à se coincer, il fallait donner un bon coup d'épaule pour l'ouvrir) et m'apporta une trousse de toilette ainsi qu'une serviette pour demain matin.

Mon ami se tenait devant la porte, prêt à aller se coucher tandis que j'étais assise sur le lit. N'ayant pas de vêtements de rechange j'allais devoir dormir dans mes vêtements actuel. Cela commençait presque à devenir une habitude.

« La soirée t'a plue ? »

« C'était une super soirée Warren. Merci encore. »

Pour toute il réponse il bailla à s'en décrocher la mâchoire.

« Bon et bien je te laisse, je vais rejoindre Morphée. Ma chambre est juste à côté si jamais tu as besoin de quelque chose. Bonne nuit Max ! »


Et sur ces paroles il ouvrit la porte pour partir. Prise d'une impulsion soudaine, je l'interpellai :

« Warren, attends ! »

Ce dernier manqua de se cogner contre la porte tellement il s'était arrêté abruptement.

« Oui ? »

Je ne sais pas exactement ce que je voulais lui dire mais je ne voulais pas qu'il parte tout de suite.

« C'était un bon rendez-vous aussi. Enfin je veux dire, que ça me dérangerait pas qu'on remette ça, de temps en temps. »

« Quand tu dis rendez-vous, tu veux bien dire... »

« Rencard, oui »


Un ange passa. Mon cœur tambourinait violement dans ma poitrine. La situation m'avait totalement échappée et l'ambiance avait pris une tournure étrange. Je n'avais absolument pas réfléchie avant de parler. Était-ce vraiment ce que je voulais ? Warren était plus qu'un ami pour moi, il avait été tout le temps là depuis la mort de Chloe. Et même les fois où j'avais préféré rester seule, évitant la compagnie de mes paires et leur éternelle compassion, je savais que je pouvais compter sur son soutien. Depuis lors je le voyais différemment. Mais de là à dire que j'avais des sentiments amoureux pour lui... Ca, c'était tout autre chose...


« Max, je crois que je peux voir les rouages qui tournent dans ta tête. »

Rouge de honte, je ne m'étais pas rendue compte que j'avais stoppé la conversation pour penser. Combien de temps s'est-il passé depuis ?

La fille qui manipule le temps en a perdue toute notion. Douce ironie...

« Tu sais, si tu n'es pas prête ou si tu n'as pas envie, ne te sens pas obligé de... »

« Non, non ce n'est pas ça Warren. C'est juste que je ne sais pas trop où j'en suis en ce moment et tu es un peu la seule chose qui m'aide à ne pas perdre la boule en ce moment »

« Tu es sûre ? Je veux dire tu as l'air un peu cinglée pour moi ! »

J'ajoutais à son crédit que Warren avait de bon réflexe malgré l'heure tardive : riant, il réussi à esquiver l'oreiller que j'avais tenté de lui envoyer en pleine face. Puis il s'assit à côté de moi.

« Plus sérieusement, tu n'as pas à te mettre de pression tu sais, on peut juste... passer plus de temps ensemble. Enfin si tu veux »

Le feu aux joues je répondis :

« Je crois que ça me plairait bien. »

Dieu que c'est niais. T'as rien trouvé de mieux à dire Max ?


Alors qu'il s'apprêtait de nouveau à partir après m'avoir dit en revoir une nouvelle fois, je me dirigeais vers lui me laissant porter par le moment.

Je posais mes lèvres sur les siennes et l'embrassais. Ses lèvres étaient chaudes et sucrés, elles avaient le goût du pop-corn. Ce fut un baiser un court mais intense. Nous étions tout les deux fourbus, maladroits et pourtant il fit chavirer mon cœur. Nous n'échangeâmes pas un mot et je refermais la porte derrière Warren. M'allongeant sur le lit, je fermais les yeux. Et pour la première fois depuis longtemps, je m'endormie le sourire aux lèvres.

Je fus réveillée par un bruit inconnu. Frottant mes yeux et n'entendant plus aucun bruit je tentais de me rendormir. Un énorme « Boum » retentit. On aurait dit que quelque chose avait chuté sur le sol. Quelque chose de plutôt lourd. Le bruit semblait venir de la chambre de Warren. Intriguée, je toquais sur le mur commun de nos chambres.

« Warren ? »


Pas de réponse. Je me levais et me dirigeais vers sa chambre. Je frappais à sa porte mais là non plus je ne reçu pas de réponse. J'étais pourtant sûr que le bruit provenait de sa chambre. J'ouvris la porte. Warren était sur le sol sur le ventre et il tremblait.

Inquiète je le secouais et tentais de le réveiller. Faisait-il une sorte de crise de somnambulisme ? Était-il épileptique ? Ses frissons s'accentuèrent et il commença à convulser violemment. Complètement paniquée, je m'apprêtais à aller chercher mon portable dans la chambre afin d'appeler les secours lorsque les convulsions disparurent aussi rapidement qu'elles étaient venues.


Tant bien que mal je le fis rouler sur le dos et tentait de le réveiller. Sa respiration était lente mais régulière. Le soulagement m'envahis lorsque je remarquais que ses paupières commençaient à bouger. Puis elles s'ouvrirent d'un coup et mon corps se glaça à la vue de ses yeux. Ses iris étaient noirs comme de l'encre, totalement remplies. Ses lèvres frémirent. Avant même qu'il ne parle je compris qu'il ne s'agissait pas de Warren.


« Je t'avais prévenu Maxine Caulfield. »


Pharos...



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