Life is Strange : Le Gardien du Temps

Chapitre 18 : Possession

2660 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 23/06/2017 09:45

« Je t'avais prévenu Maxine Caulfield. »


Ces quelques mots me heurtèrent de plein fouet. La voix de Pharos résonnait encore et encore dans mon esprit. Instinctivement je tentais d'utiliser mes pouvoirs sans essayer de comprendre ce qui se passait. Mais avant d'avoir pu faire quoique ce soit, mon esprit vacilla et succomba aux ténèbres.

Lorsque j'ouvris les yeux de nouveau, j'étais de retour dans la chambre d'amis, comme si tout cela n'avait été qu'un cauchemar. Un terrible cauchemar. Pourtant j'étais certaine que ce que j'avais vu, que ce qui venait arriver était réel. Ma poitrine se comprimait et j'avais l'impression qu'un étau serrait de plus en plus fort ma gorge, m'asphyxiant. J'essayais de ralentir ma respiration afin de me calmer mais je n'y parvins pas. La peur envahissait tout mon être et me paralysait. Comment une chose pareille avait pu arriver ? La panique m'empêchait de réfléchir.


« Max tu es debout ? Le déjeuner est prêt ! »


Je sursautais violemment au son de la voix de Warren. Était-ce bien lui ? Qu'allais-je devoir affronter si je devais sortir de cette chambre ?


D'une voix presque éteinte, je croassais :

« J'arrive, juste une minute. »


Absente, j'entendis Warren me dire qu'il m'attendait en bas ou quelque chose du même genre. Je me levai difficilement, les épaules lourdes. Je pris mon portable que j'avais laissé sur la table de chevet. Anxieuse, j'ouvris la porte. Il n' y avait personne à l'étage mais je pouvais entendre des voix qui venaient du rez-de-chaussée., une femme riait. Était-ce la mère de Warren ? Au moins n'étais-je pas seule. Cela ne me rassurait pas beaucoup, mais c'était déjà ça de pris.

Allez Max tu ne peux pas rester indéfiniment ici. Tu es la fille aux super-pouvoirs ! Et puis tu dois bien découvrir ce qui se passe non ?

Tremblante, je pris mon courage à deux mains et descendis les marches. Je n'avais plus qu'à espérer que ce ne serait pas les derniers pas que je ferais.


« ... Non tu plaisantes ! »

« Si, si c'est vrai ! Et alors là Max a ... », répondis un Warren enthousiaste.


Il fut coupé dans son élan lorsqu'il me vit dans la pièce. Malgré mon angoisse je ne pu m'empêcher de sourire à sa vue. Il me sourit en retour.

« Bonjour, tu dois être Maxine, je suis Emma, la mère de Warren. »


Je tournai la tête vers mon interlocutrice et pu la dévisager en détails.

Emma était une femme à l'allure plutôt jeune et souriante. On ne pouvait pas dire que la ressemblance avec son fils était frappante ; alors que Warren était de taille moyenne avec les cheveux châtain, cette dernière était rousse et faisait une tête de plus que son fils. Leur seul point commun était leurs yeux, ils avaient la même couleur brune.

Je frissonnais au souvenir des yeux noirs qui m'avaient scruté il y a quelques heures à peine dans la chambre de Warren. Repoussant cette vision cauchemardesque, je saluais Emma tout en essayant de cacher mon trouble.

« Viens prends ma place. Tu veux du sirop d'érable avec tes pancakes ? »

Je tentai de répondre à haute voix afin de ne pas paraître renfermée mais je n'en eu pas la force. Je dus me contenter de hocher la tête.

Emma me souri en retour et partis en cuisine.


« Tout va bien Max ? »

C'était bien la voix de Warren. Le même ton, la même élocution. Il affichait un air inquiet et concernée. Un air que je connaissais bien pour l'avoir vu souvent ces derniers temps quand il s'adressait à moi. C'était bien Warren et pourtant ... Étais-je en pleine crise de démence ? Étais-je devenue folle ? Avais-je perdu de vue la frontière entre la réalité et la fiction ?


Non je ne suis pas folle. Je sais ce que j'ai vu ! Détends toi, reste calme. Analyse la situation et garde la tête froide Max ! L'enjeu est trop important pour partir en vrille. Manger avant, comprendre ensuite, paniquer après.


« Tout va bien ! dis-je un peu trop enjouée. Je n'ai juste pas eu mon quota de sommeil, je suis encore un peu dans les vapes »

Warren s'apprêtait à répondre quelque chose lorsque son visage se figea. Ses yeux prirent une couleur d'encre et sa voix devient légèrement plus grave :

« Nous devons parler. Pas maintenant. Dès que nous serons sortis d'ici. »

L'encre disparue juste après et Warren continua comme si rien ne s'était passé :

« On rentre juste après avoir mangé. Tu pourras te reposer dans ta chambre si tu veux. »

Il semblait n'avoir rien remarqué. Comment ne pouvait-il pas constater ces absences ?

Pharos ne semble pas avoir pris contrôle de son esprit. Il agit comme une sorte de parasite à l'insu de Warren. Un parasite ... Comme dans Alien ?

Mon sang se glaça lorsque je me rappelais notre soirée. Warren semblait avoir eu des absences à certains moments. Je me souvenais que en sortant des toilettes j'avais du le chercher car il s'était « perdu ». Même chose quand nous étions montés dans la voiture, il avait l'air complètement déboussolé. Sur le moment j'avais mis cela sur le compte de la fatigue mais était-ce vraiment le cas ? Et lorsque nous étions rentrés, j'avais cru voir une sorte d'aura noire autour de lui. Est-ce que cela avait été les signes d'une sorte de possession ?

« Je ne pense pas avoir le temps, il faut que je continue à aider les filles pour la préparation de la fête »


Ce qui me faisait penser que je n'avais pas regardé mon portable depuis que j'avais répondue à Kate.


C'est ça Max, tu es en train de déjeuner avec une entité maléfique qui a pris possession le corps de ton petit... de ton ami et toi tu penses à ton portable. Bonjour les priorités !


Malgré mes remontrances à moi-même, je le rallumai et regardai mes messages. Comme je pouvais m'y attendre j'en avais reçu plusieurs de Kate et Juliet. Elles m'avaient cherché partout dans le dortoir sans me trouver.

Je leurs envoyai un petit message à chacune pour les rassurer, sans préciser pour autant où j'avais passé la nuit. Je n'étais pas prête à subir une déferlante de questions intrusives et gênantes. Même si tôt ou tard je savais que j'aurais à passer à la casserole. Cette perspective m'apportait autant de joie que la perspective d'une coloscopie sans anesthésie. C'est dire à quel point cela m'enchantait...

« Tiens voilà tes pancakes et ton sirop d'érable »

Je remerciai la mère de Warren, à voix haute cette fois-ci. L'odeur dégagée par mon plat me rappela à quel point j'avais faim et je me jetai dessus.

« Alors c'est toi Maxine. Warren nous parle souvent de toi »

« Maman ! », fit Warren offusqué et probablement aussi embarrassé que moi.

Emma s'esclaffa :

« Et bien c'est vrai non ? Si j'ai bien compris tu es une passionnée de photo ? »

« Oui madame Graham. C'est vraiment ma passion, au point qu'on me reproche souvent d'observer le monde autour de moi plutôt que d'y participer. »

Elle hocha la tête compréhensive :

« Oh je t'en prie, pas de « madame » avec moi ! Appelle-moi Emma. Mon mari est fait du même bois que toi. Une vraie tête en l'air. Dieu merci, Warren tient plutôt de moi. »

Elle appuya sa phrase d'un clin d'œil. Warren roula des yeux. Je ne pu m'empêcher de sourire.

« Mon chéri, pourquoi ne ferais tu pas la vaisselle pendant que je fais la connaissance de ton amie ? »

Les yeux de Warren s'arrondirent, ses pupilles allant respectivement de sa mère à moi. Il semblait sur le point d'avoir une attaque.

« Allez, cette vaisselle ne vas pas se faire toute seule ! Ne t'inquiète pas je ne vais pas la manger ! Tu n'y vois pas d'inconvénients Max ? »

« Absolument pas », fis-je ravis de voir le malaise de mon ami s'accentuer.

Malgré moi, je me délectais un peu de l'embarra de Warren. Pour une fois que c'était lui qui était pris dedans, ce n'était que justice.

Ce dernier partit en direction de la cuisine, l'air hésitant.

« Maintenant que nous sommes entre filles, parle moi un peu de toi, Max. »


Bien qu'un peu impressionnée au début par le franc parler d'Emma, je me relaxai rapidement et nous discutâmes des cours, de notre soirée et de son fils. 

La mère de Warren semblait être le genre de personne qui n'avait pas froid aux yeux, directe, un peu abrupte et sûre d'elle mais qui savait mettre son entourage à l'aise. Cette personnalité tenait probablement de son métier d'infirmière. Ce type de caractère m'était un peu intimidant mais en même temps c'était quelque chose que j'admirais. J'aurais aimé être aussi direct et à l'aise qu'elle. Elle me faisait beaucoup penser à Chloe. C'était grâce à cette dernière que j'arrivais parfois à sortir de ma réserve et à m'exprimer. J'aurais aimé qu'elle soit toujours là, pour me guider ...

Warren revint promptement au bout de quelques minutes et j'étais prêt à parier que jamais il n'avait été aussi rapide pour faire la vaisselle. Sa mère confirma mon hypothèse :

« Et bien, quelle foudre de guerre ! C'est à croire que tu ne veux pas laisser ton amie seule avec moi trop longtemps ! »

« Hum... Bon ce n'est pas tout ça mais nous allons devoir rentrer. Max et moi avons une tonne de devoir qui nous attend. N'est-ce pas Max ? »

Prenant en pitié mon camarade je confirmais ce pieu mensonge. Nous n'avions reçu aucun travail depuis les derniers évènements à Blackwell et de toute manière Warren n'était pas le genre à faire ses devoirs à la dernière minute.

Je remerciai avec vigueur la mère de Warren pour son accueil. Elle nous accompagna jusqu'au palier de la maison et embrassa son fils, à sa plus grande gêne :

« Mamaaaan ! »


Puis nous nous installâmes dans la voiture pendant qu'Emma rentrait à l'intérieur de la maison après nous avoir salués une dernière fois.

Je m'apprêtais à me moquer gentiment de Warren lorsque je remarquais le changement dans ses yeux.

« Pharos. »

Ce dernier hocha la tête. Il était très perturbant de voir Warren bouger alors que je savais que ce n'était pas lui.

« Nous devons parler, c'est important. »

Grinçant des dents je l'invectivais :

« Sortez immédiatement du corps de Warren ! Espèce d'immonde raclure de ... »

Il soupira lourdement :

« Écoute moi une seconde veux-tu bien, Maxine ? »

Je croisai les bras. J'essayai de donner une impression de fureur mais en réalité j'étais terrifiée. Qui pouvait savoir ce que cette chose me voulait ? Mais par dessus-tout, il tenait entre ses doigts la vie de Warren. J'allais devoir me montrer conciliante si je voulais le protéger et peu importe le prix à payer. Cette fois je ne laisserai personne mourir. J'avais déjà bien trop perdu.

Je me contentai d'incliner la tête pour lui faire comprendre que j'étais disposé à l'écouter.

« Merci. Je crois que nous sommes partis du mauvais pied toi et moi. J'ai peut-être été un peu expéditif la dernière fois que nous nous sommes rencontrés »

« Vraiment ? », fis je le plus acerbe possible.

Quel sens de l'humour !

« J'ai bien réfléchi et je suis venu te proposer un marché. »

« Un marché ? »

« Oui écoute-moi. Ta capacité à influencer sur le cours du temps est puissante. Mais elle est instable et tu n'en as pratiquement aucune maîtrise. J'ignore d'où te provient ce pouvoir mais certainement pas de la tribu du Premier peuple »

« Le Premier peuple ? Vous-voulez dire...? »

« Oui. Je dois découvrir l'origine de ton don. »

Je commençais à être un perdue. Pourquoi Pharos avait besoin de savoir d'où venait mes pouvoirs ?

Perplexe, je lui demandai :

« Afin de pouvoir en neutraliser l'effet et si possible prévenir que d'autres cas comme le tien apparaissent. »

« Je ne vois toujours pas ce que vous voulez de moi, je ne sais absolument pas d'où me vient cette capacité. »

Warren/Pharos me regarda droit dans les yeux :

« J'y viens. Je n'ai pas pu réparer tous les dommages que tu as causés autrefois car en dehors de l'espace temps mes pouvoirs sont limités. Je suis obligé de m'incarner dans un hôte pour pouvoir les réparer. Je vais donc en profiter pour te mettre sous ma tutelle. »

« Je vous demande pardon ?! »

« Afin que je puisse en comprendre l'origine de ton pouvoir, je dois l'étudier. Tu pourras donc utiliser ton pouvoir partiellement et sous ma surveillance. »

J'avais l'impression de m'être pris une énorme enclume sur la tête.

« Attendez, attendez, vous allez trop vite, je ne comprends rien. »

Cette fois ce fut au tour de Warren/Pharos d'être perplexe :

« Que ne comprends-tu pas ? »

« Oh j'ai tout compris, mais c'est hors de question ! »

Le visage de mon interlocuteur se fit dur :

« Il y a un malentendu, je ne te laisse pas le choix. Soit tu acceptes, soit je me voit obliger de t'entraver en dehors du temps. »

Je n'avais passé que quelques minutes dans le royaume sombre de Pharos et je ne pouvais pas prétendre que ce serait la destination que je choisirai pour vivre.

Je décidai de marchander :

« J'accepte si vous libérez Warren. »

Mais ma demande fut immédiatement rejetée en bloc :

« Non. »

Mon cœur se serra. Qu'allais-je pouvoir faire? Dans son monde, mes pouvoirs n'avaient pratiquement pas eu d'effet sur lui. En serait-il de même dans le monde réel ? Quand bien même pourrais-je le stopper, que ferais-je après ? Comment libérer Warren de son emprise ?

Ta spécialité c'est d'influencer le temps et de prendre des photos, pas l'exorcisme Max !

« Je te l'ai dit, j'ai besoin d'un hôte. Il m'a fallu plusieurs jours pour pouvoir accéder à celui-ci. »

« Prenez-moi à sa place. »

Il y eu un silence.

« Allez prenez-moi à sa place ! Laissez Warren en dehors de ça. », fis-je suppliante.

Warren/Pharos gardait les lèvres serrées.

« Désolé, je ne peux pas. »

« Pourquoi ?! »

« Je ne peux pas, un point c'est tout. Je ne peux pas posséder n'importe qui. Pour être exact je ne peux m'incarner que dans un nombre très restreint de personne et il se trouve que ton ami en fait parti. Qui plus est, il fait un hôte plus qu'acceptable. »

Qu'est-ce que c'était censé vouloir dire ?

« Écoute-moi Maxine, ton ami ne risque rien, il ne remarquera même pas ma présence et je n'affecterai ni sa santé, ni sa psyché. »

Avant que j'aie pu lui dire ce que je pensais de son plan, dans des termes que ma mère m'aurait reproché de tenir, le visage de Warren se crispa, comme sous le coup de la douleur :

« Je ne peux pas rester plus longtemps. Je reprendrai contact plus tard. »

Et aussitôt la présence de Pharos s'évanouie. Me laissant à la place un nouveau danger auquel j'allais devoir faire face. Qu'allais-je pouvoir dire à Warren.

Hey au fait je ne t'ai pas dit mais je peux manipuler le temps ! Longue histoire mais pour faire court : après que j'ai sacrifié la vie de ma meilleure amie pour protéger la ville d'une tornade, voilà qu'un esprit démoniaque a envahie ton corps et qu'il me veut donner des leçons sur ma capacité ! Bon on rentre ?

Même en essayant de rationaliser au maximum, cela ne pourrait pas passer. Warren me prendrait pour une folle et je ne pourrai pas lui en vouloir d'essayer de m'enfermer à l'asile (Ne passez pas par la case départ, ne touchez pas les 200 $ !).


Cette fois-ci, je serais seule et je ne pourrais pas compter sur l'aide de Chloe ...


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