Et la lumière fut

Chapitre 1 : Le bannissement

3212 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 30/03/2017 21:49


  • CHAPITRE PREMIER - Le bannissement





L'air devint étouffant, lourd, comme s'il avait intensément gagné en pression. Quelque chose apparut peu à peu, insidieusement, partout et nulle part à la fois. Cela fendit l'air… non, c'était l'air qui s'ouvrait de lui-même, formant une déchirure noire comme l'encre. La béance se creusa, encore et encore, jusqu'à ce que brille au loin une lueur blanche qui cracha sans ménagement une silhouette ailée dans une violente chute en piquée.


La terre se brisa sous elle à l'impact. Une colonne de poussière et de débris s'éleva dans un rugissement assourdissant pour se muer bientôt en un énorme champignon grisâtre. L'individu dissimulé par un épais brouillard était allongé sur le dos, inerte, au milieu d'un cratère, une main plaquée sur ses côtes, l'autre sur le sol, serrant dans sa paume une étrange pièce de monnaie dans une étreinte que la fin de la création même n'aurait pu défaire.


Une douleur surnaturelle parcourut soudain son corps entier, tel un roncier d'épines empoisonnées. Il grogna, une fois seulement, refusant de laisser sa souffrance prendre le pas sur sa raison.


Dans son dos, l'immense paire d'ailes au plumage blanc maculé de suie frémit dans un soubresaut à peine perceptible, soulevant un amas de poussière. Elles étaient comme engourdies, magnétisées au sol.


Après ce qui lui parut être une éternité, Il commença à se relever péniblement, tentant de faire abstraction de la douleur et du glas qui sonnait dans sa tête. Sa vision se brouilla un instant, comme si ce monde n'était qu'un gigantesque tatouage dont l'encre commençait à s'estomper.


La fumée emplissait l'air aussi, masquant l'horizon d'un nuage permanent. Une odeur de chair brulée agressait ses narines et recouvrait de miasmes sa gorge.


Puis, une sensation imperceptible frappa immédiatement son être au niveau spirituel. La chaleur, bien qu'elle ne fût pas intense, lui donnait ici une impression malsaine. Elle était poisseuse, huileuse presque. Elle lui laissait sur la peau une pellicule luisante et dans la mémoire le souvenir d'un inconfort inexorable.


Son visage était empli de résignation et de douleur. Il ressemblait à un enfant égaré. Pourtant, derrière la suie noire et collante se laissait deviner les traits langoureux d'un ange à l'expression farouche, accentués par ses insondables yeux onyx. Tant de colère et de déception suintait de son regard glacial, presque inquisiteur.


Lentement, il épousseta ses vêtements de gestes malhabiles.


Autrefois magnifique tenue d'apparat, sa longue veste brodée d'or et le pantalon gris n'étaient plus que fanges et haillons souillés. Les longs cheveux ébènes de l'ange tombaient en désordre sur ses épaules affaissées et quelques mèches rebelles se perdaient sur son visage crasseux. Dans un soupir harassé, l'être céleste se redressa, déployant toute sa superbe : bras tendus le long du corps, tête relevée, ses ailes ouvertes.


Il les secoua une fois, puis une seconde, pour enfin les débarrasser de la salissure.


L'instant d'un court moment, elles formèrent une arche immaculée avant de se replier immédiatement dans son dos, les plumes balayant presque le sol.


Il foula, hésitant, ses premiers pas dans son nouvel environnement. Toutes ces histoires... Rien ne se rapprochait des récits contés par les frères et sœurs qui en avaient juste eu un aperçu de la frontière.


La réalité à laquelle il faisait face était bien pire.


L'enfer était bien pire.


La terre n'était ici qu'un erg craquelé et desséché par de distantes colonnes de flammes, la suie envahissait l'air. Les fissures du sol n'exsudaient aucune lave. Elles étaient sèches et vides si comme tout ce monde s'était momifié. La puanteur était plus âcre encore, chargée de l'odeur du soufre plutôt que celle de la fumée.


Les cendres semblaient s'étendre à l'infini. En une fine couche, d'abord, semblable à un léger tapis de neige grinçante, tout juste assez épaisse pour imprimer sur elle ses traces.


Après seulement quelques dizaines de centimètres, cependant, les fines particules commençaient subitement à se tasser davantage, et le linceul de poussière se changeait bientôt en sable mouvant, puis en authentique bourbier. En dessous encore, la cendre plongeait si bas et depuis si longtemps qu'elle s'était peu à peu compressée pour former une strate aussi résistante que de la roche.


Une croûte graveleuse, galeuse presque, craquait et fuyait sous les bottes de l'ange, libérant un fluide vaguement aigre. Des puits sans fond perforaient çà et là, émettant une chaleur insupportable aux relents repoussants. Les collines, dont plusieurs étaient brièvement visibles avant d'être dissimulées par la brume constante, passaient pour autant de furoncles purulents. Le vent tiède et faible, semblait gémir de la voix d'un agonisant.


Désolation… solitude…


C'était donc à cela qu'il était destiné.


Les traits crispés du déchu dessinèrent péniblement sur son visage, l'ombre de ce qui aurait pu être en d'autres circonstances, un sourire. Sa poitrine se soulevait rageusement au rythme de sa respiration bruyante. Il éructa une salve de mots issus d'un dialecte angélique tout en brandissant le poing vers les cieux en signe de défi.


- JE TE MAUDIS PÈRE, JE VOUS MAUDIS TOUS !


A cet instant, la souffrance qu'il avait endurée resurgit. Son esprit de lumière avait toujours été assoiffé de curiosité et d'envie d'indépendance. Il s'y était habitué, il y avait même trouvé un certain confort. Mais voilà que quelque chose était venu attiser les flammes quelque chose de nouveau.


Un courroux bouillonnant.


Tandis qu'il laissait enfin retomber sa main droite le long de son corps, une surprise désagréable le figea subitement dans son geste.


L'ange remarqua à son majeur une chevalière en argent dont la pierre centrale était aussi noire que ses yeux. Elle était sans fioritures, presque banale. Pourtant, l'énergie continuelle et intrusive sourdait à travers tout son être, et l'inquiétait grandement. Était-ce une sorte de mesure prise par la cité d'argent pour l'entraver à son nouveau foyer ? une bombe à retardement prête à le détruire ?


Il n'attendra pas pour le découvrir.


Dans un râle rageur, l'ange essaya de toutes ses forces de faire glisser le bijou hors de son doigt.


Sans succès.


Après de vaines tentatives, il opta pour une autre méthode : porter la bague à sa bouche pour la retirer avec les dents.


Rien à faire, décidément elle semblait soudée à sa peau.


Ce qui fit décupler sa colère.


C'était comme si les souvenirs de son autre vie étaient bâillonnés, et le monde alentour teinté d'un pourpre sanguin, celui de la haine dévorante qui crevassait sa conscience et s'échappait en vapeur corrosive.


- Voilà donc ma punition père ? comme tu dois te réjouir de me voir souffrir ainsi… ça a toujours été ton petit plaisir avoue-le, vociféra le déchu en gesticulant nerveusement ses bras dans le vide, quelle déception je dois être, moi, Samael, ton fils préféré. Ah ! parce que c'est ma faute si je n'ai jamais voulu suivre tes règles stupides, d'avoir été fidèle à ce que je suis ? Quel hypocrite tu fais père, après tout, n'ai-je pas été fait à ton image ? Ne me parle pas de justice, maudit manipulateur, il n'y en a aucune !


Oh oui, il le maudissait comme jamais il n'avait été possible pour un ange de maudire le créateur quand ses frères et sœurs lui prêtaient serment d'allégeance dans un aveuglement presque fanatique. Parlons-en de ces anges, une assemblée d'êtres obtus et rétrogrades, une tribu d'esclaves prisonniers de traditions ancestrales et des lois édictées par le paradis.


Samael regarda une dernière fois avec affront ce ciel rougeâtre puis porta son attention à cette plaine désertique, ne sachant quelle direction prendre. Il avait été jeté en ici par ses pairs, sans directives, exilé sans but.


Puis cette douleur aiguë vint l'assaillir de nouveau, la même ressentie dans le portail. Il avait le sentiment que des milliers de petites aiguilles lui transperçaient le crâne sans pitié. Sa vision s'obscurcit un instant, vite remplacée par des flashs qui accentuèrent son tourment. La douleur, d'abord rouge, se mua soudainement en un blanc étincelant. Le déchu leva ses mains, comme pour agripper l'éblouissante lumière qu'il ne voyait pourtant que les paupières closes. Il ne put rien saisir qu'un peu d'air mais des images confuses se mirent à danser follement au milieu de ses pensées.


De nombreuses portes dans un couloir interminable,une pluie de cendres, le cliquetis des chaines, l'écho de gémissements lointains… et cette lumière bleuâtre plus affligeante encore…


Encore un message du paternel. Quand daignera-t-il enfin à parler clairement ?


C'était à ne rien y comprendre...


Et peu importe, il ne se laissera plus diriger... Plus jamais.


Il secoua vivement la tête, dispersant des gouttes de sueur tout autour de lui.


La décision était prise.


Le déchu lança au créateur un dernier défilé d'imprécations toutes aussi amères les unes que les autres pour enfin prendre subitement son envol d'un puissant battement d'ailes. Il monta toujours plus haut, mû par une grâce et une vitesse irréelle, bien déterminé à s'évader de cet endroit. Son geste impulsif et irraisonné était surtout dicté par un panache effroyable de sentiments : Colère, tristesse, rancœur... son cœur bouillonnait de toutes ces émotions dérangeantes et complexes qu'il était préférable de fuir.


Mais sans surprise, sa tentative désespérée ne paya pas. En effet, après de longues minutes d'ascension, Samael fut brutalement stoppé par un puissant éclair surgit de sa bague, une énergie pure qui lui intimait d'arrêter immédiatement cette évasion désespérée.


- Quoi ? mais qu'est ce qu…. ?!


Le curieux champ de stase s'étendit rapidement sur tout son corps, l'enveloppant tel un linceul protecteur. Malgré l'entrave, il essaya de lutter de toutes ses forces mais la lumière qui s'en dégageait brilla plus intensément et ce, jusqu'à faire le disparaitre du ciel dans une soudaine téléportation.


Un autre éclair blanc, cette fois-ci au niveau du sol.


Samael réapparut, complètement déboussolé, dans les fluides visqueux de l'enfer qui imbibaient la terre spongieuse, en un point particulièrement mou et élastique. Il s'était retrouvé enfoncé jusqu'aux cuisses dans la purulente substance surnaturelle qui ne cessait de s'élever des profondeurs en un gémissement malsain.


L'ange tentait difficilement de s'extraire hors de ce bourbier quand une sensation bizarre vint l'assaillir. Une sorte de fourmillement étrange à la surface de sa peau, puis la chaleur sur son visage. Le sol ondoya tout autour de lui et Samael ne put s'empêcher de se raidir d'effroi en voyant des démons s'extraire hors de la plaine à quelques mètres de lui.


L'enfer déversait là une sélection de ce qu'il avait de plus atroce à offrir.


Qui en braillant, crissant, vociférant, bafouillant, courant, volant, rampant, les immondices aux membres difformes et aux ailes filandreuses se positionnèrent tout autour de l'ange. Certaines brandissaient des lames mais les plus nombreuses se contentaient de serres et de crocs.


Pendant plusieurs secondes, les démons restèrent ainsi, immobiles, faisant taire peu à peu leur pandémonium assourdissant, jusqu'à ce que ne résonnent plus que les frôlements des griffes sur la pierre et d'occasionnels gargouillis baveux.


- Oh Non, non, non père… ça ne finira pas comme ça, gémit l'ange dans une nouvelle tentative de libération.


Ses ailes battaient frénétiquement l'air en puissantes rafales, provoquant l'excitation des rebuts de l'enfer. Ces derniers commencèrent à s'agiter, avançant tels des prédateurs affamés. Mais à force d'acharnement, les efforts de Samael payèrent. Il flottait à présent au-dessus du liquide caustique, à nouveau libre de ses mouvements.


Sans attendre, un démon rugit un ordre, l'être céleste ne put le discerner au milieu de la multitude, mais sa voix dégoulinait comme si elle devait, pour se faire entendre, franchir une couche de vase croupie.


La horde se rua sur lui.


Samael fusa, zigzaguant entre les horreurs volantes, une immense lame de lumière invoquée lacérant celles qui osaient trop s'approcher. Il tailladait sans trêve, avec peu d'espace pour manœuvrer tant les ennemis étaient nombreux. Griffes et lames grinçaient vainement contre son arme. Sang et ichor explosaient en geysers abjects, tandis que volaient partout membres et lambeaux de chair.


Au bout d'un moment, l'être céleste divisa son épée de lumière en deux plus petites lames et enchaina ainsi la destruction de ses ennemis avec plus d'efficacité et d'agilité.


Mais trop accaparé par l'anéantissement de la vermine volante, l'ange ne considéra pas tout de suite les bêtes trapues à l'arrière dont les griffes de pierre crépitaient et fumaient, nourries par des flammes inextinguibles. Pour son plus grand malheur, l'une de ses créatures musclées, si gonflée qu'elle semblait prête à éclater, le prit pour cible. Cette dernière lui balança un imposant bloc de pierre qui, chose impossible, semblait s'être enflammé au contact des membres.


Sans possibilité de fuite, Samael se retrouva alors violemment plaqué au sol par le projectile, le côté gauche de son corps hurlant de douleur sous la morsure du feu qui rongeait son bras, son épaule et son aile. Les flammes étaient si proches qu'il pouvait sentir sa peau bouillir.


Il ne cria pas, jamais.


Mais ce fut au prix d'un effort démesuré.


Les derniers démons se massèrent autour de lui, prêts à lui assener le coup de grâce. L'écume plein la bouche, Les rebuts levèrent haut leurs lames. Ce fut à cet instant précis que l'ange sentit un afflux nouveau d'énergie.


Obscure, complexe, infernale. C'était comme si une créature, tapie dans l'ombre, prenait le contrôle de son être.


- ASSEZ ! hurla Samael d'une voix caverneuse.


Soudain, son regard noir déchaîna les flammes de l'enfer, rouges comme le sang qu'il s'apprêtait à verser. Dans un hurlement guttural, Samael propulsa mortellement le bloc de pierre qui l'entravait, tuant les créatures les plus proches.


Puis gracieusement presque, il se redressa au milieu de ses ennemis mais cette fois il n'était plus le porteur de lumière. Son visage d'ange au charme irréel avait laissé place à un visage démoniaque, cramoisi et brulé. D'ailleurs, tout son corps avait adopté cette texture de chair brulée. Le rouge de sa peau était contrasté par les immenses ailes blanches qui, quant à elle, n'avaient pas subies de métamorphose.


L'ange, si on pouvait à présent le nommer ainsi, avança d'un pas prompt en direction d'un groupe d'ennemis, un sourire sadique sur ses lèvres, et lança une masse floue invisible qui réduisit littéralement en cendres une bonne partie de ces atrocités. Immédiatement, le démon rouge se retourna pour faire face à une nouvelle attaque. Cette fois, il leva les bras et une nuée de roches s'éleva du sol. Un cyclone à demi-solide se mit alors à tournoyer autour de lui. Ses victimes volèrent sous l'assaut en centaines de lambeaux. Le tumulte provoqué par les vents était tel qu'il était impossible de distinguer les cris.


Quand le déchu laissa s'évanouir la tempête, plus des deux tiers des démons gisaient morts ou agonisants.


Les survivants restants s'immobilisèrent, laissant un répit au rude combat. Les créatures semblaient incertaines d'attaquer une proie si récalcitrante. Leurs grognements menaçants étaient pourtant la promesse de terribles souffrances.


Samael, quant à lui, haleta de grandes bouffées d'air, les mains appuyées sur les cuisses. Quelque chose n'allait pas... il fatiguait trop vite...


Et pour cause, sa nouvelle et terrifiante puissance le quittait, comme drainée de l'intérieur.


Difficile... Trop difficile...


Les flammes qui se déchaînaient dans ses yeux furent soudain soufflées, ne laissant qu'à la place une faible lueur de braises mourantes.


Sa première apparence venait subitement de refaire surface.


Il ressentit alors la douleur la plus intense qu'il ait jamais éprouvée. Elle embrasa son corps entier brisant les remparts qui permettaient d'ordinaire de tenir à distance les maux. Chaque atome, jusqu'à son âme, souffrit comme s'il était dépecé. Samael se trouvait à genoux, bien qu'il n'ait aucun souvenir de s'être effondré.


Alors que l'ange se laissait tomber d'épuisement sur le flan, ses yeux mi-clos aperçurent la charge restante foncer droit vers lui. L'issue lui semblait claire : aucune chance de survie. Il se prépara alors à sa fin, néanmoins écœuré par celle-ci. Il méritait tellement mieux que cette mort là…


Ses yeux papillonnèrent. A chaque clignement, l'image grossie des créatures infernales.


C'était donc ainsi que tout allait se finir.


Maudit sois-tu père…


Mais alors qu'il s'apprêtait à subir son anéantissement, Samael vit surgir devant lui un miracle venu de nulle part ; une improbable silhouette humanoïde aux fines courbes féminines criblées de cicatrices et de symboles anciens. Étrange phénomène, son corps bronzé dégageait de la fumée, comme s'il avait été récemment extirpé des flammes de l'enfer. Dans ses mains, deux magnifiques poignards courbés étaient brandis avec menace.


L'ange essaya de se concentrer sur l'image floue de son inattendue sauveuse. Il balaya du regard la longue chevelure noire qui chutait en cascade dans son dos nu, pour doucement remonter jusqu'à cette tête qui se tourna vivement vers lui.


A sa grande surprise, la face gauche du visage de la guerrière était déformée par de profondes lacérations et brulures tandis qu'un ignoble trou béant remplaçait son globe oculaire. Sa face droite, quant à elle, montrait les traits délicats d'une jeune femme dont l'œil noir semblait sonder le plus profond de l'âme d'un battement de paupière. Il émanait de sa personne et chacun de ses gestes, tel un musc ensorcelant, une irrésistible aura de luxure.


A son tour, la démone toisa orgueilleusement l'emplumé à ses pieds, de cet air suffisant qui semblait se moquer de lui.


La dernière chose que vit Samael avant de perdre connaissance fut cette furie fonçant à pleine vitesse vers la vermine dans un rugissement tonitruant. Puis il sombra doucement dans l'inconscience, bercé par le tintement strident de lames qui s'entrechoquent, et des hurlements agonisants.



A suivre.


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NOTE DE L'AUTEUR :

Le plan du récit se présentera ainsi : Un chapitre qui se passe en enfer, et le suivant au paradis. Ça ne sera pas toujours à intervalles régulières mais vous aurez souvent droit à de petits flashbacks sur la cité d'argent avant la chute de Samael.

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