Jededhia, ou le journal d'une survivante

Chapitre 26 : Jour 23, de mon côté

Chapitre final

925 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 05/09/2018 12:59

Jour 24, de mon côté




J'ai arrêté d'écrire dans ce journal après avoir décidé de suivre mon père en mission chez les Vautours. Je me souviens avoir voler un véhicule à Gastown, Steel faisait parti du voyage. J'ai roulé longuement à travers le désert sans fin, suivant au loin le nuage de poussière et de sable que laissait le convoi de ceux que je suivais avec hargne. Mon cœur battait la chamade, et malgré la chaleur je ne ressentais ni soif, ni étourdissement. J'étais tout simplement exaltée de réaliser pareil folie. Je ne pouvais imaginer ce qui allait m'attendre. En vérité, comment le pouvais-je ? Je n'étais qu'une gamine en soif d'aventure, ne se rendant pas compte que ce qu'elle pensait savoir du monde n'avait rien à voir avec la réalité. Lorsque le nuage disparu, je sus que le véhicule des miens s'était arrêté, je restais donc prudente, réduisant ma vitesse de croisière. Je savais que les Vautours faisaient leur repère sous le sol du désert, creusant dans les profondeurs de la mer de sable pour afin d'y loger. Grâce à des lunettes grossissantes, j'observais mon père et ceux qui l'avait accompagné soulever la trappe du repère avec prudence, toutes armes dehors, puis je les regardais un à un s’enfoncer dans l’abîme du sable. Je m'avançais jusqu'à leur véhicule et arrêtais le miens à côté, avant d'à mon tour ouvrir la porte qui menait aux entrailles du désert. Je descendis une longue, très longue échelle, plongée dans la pénombre la plus totale avant de toucher terre. Une fois tout au fond du repère, j’aperçus quelques lueurs étranges et vacillantes, donnant à l'endroit un air presque mystique. Je ressentis alors une angoisse sourde, sachant au fond de moi que je n'avais rien à faire en ce lieu. Avançant lentement, je me glissais dans les longs couloirs sinueux des Vautours. Dans l'air flottait une odeur aigre, mauvaise, qui me faisait presque mal au nez. Je me demandais comment ces gens pouvaient vivre en de telles conditions, constamment dans la pénombre, sans aucune brise, sans air pur. Tout à coup, j'entendis le bruit fracassant des coups de feu. Celui-ci résonna dans tout le repère, et il me fut ainsi impossible de savoir d'où il partait. A cet instant précis, je perdis tout sang froid. Je me mis à paniquer, tétanisée à l'idée d'être découverte, prise au piège sous terre sans possibilité d'échapper aux habitants de ce lieu sinistre. Je commençai alors à courir, n'ayant aucune idée de la direction que je prenais, perdue dans ce dédale de couloirs. Tout basculait autour de moi. Moi qui avait été si confiante, je me rendais compte de mon action désastreuse. Je n'étais rien, je pouvais me faire tuer à tout instant. J'aurais pu courir jusqu'à l'autre bout du monde lorsque je déboulais dans une grande pièce, qui disposait en son centre d'un groupe électrogène ancien, et d'un tas d'objets mécaniques, électriques. Cependant, en arrivant dans cette salle, je sus que mon destin été scellé. Là, devant moi, se tenait un homme armé jusqu'au dent, dont le visage était caché par le masque si distinctif du clan des Vautours. Pendant une fraction de seconde, il me fixa, sûrement tout aussi surpris que moi. Je fis volte-face avant de tourner les talons et de fuir à toutes jambes, terrorisée. Je savais qu'il m'avait pris en chasse. Je savais aussi qu'il devait courir plus vite que moi, et que contrairement à moi, il savait où il allait. Évidemment, il me rattrapa avec facilité et malgré mes efforts pour tenter de le semer, il ne fallu pas longtemps avant que je sente sa main sur mon épaule. Il me projeta en arrière avec force, et j’atterris tête la première dans la poussière du repère. Le temps que je me sois rendu compte de ce qu'il venait de se passer, il m'avait déjà relever et mis sur son épaule, comme si je n'avait été qu'un vulgaire sac. J'avais tellement peur que je ne pouvais ni me débattre, ni même bouger d'un cil. J'étais totalement paralysée par la terreur. Qu'allait-il advenir de moi ? Qu'allait dire papa lorsqu'il apprendrait ce que j'avais fait ? Dans mon esprit d'enfant, j'avais tout aussi peur du Vautour qui m'emmenait que de la réaction de mon père face à ma désobéissance.

L'homme ne me parla jamais, pas un mot. Nous arrivâmes dans une pièce plus sombre que la précédente et je l'entendis parler à d'autre Vautour, dans une langue qui m'était tout à fait inconnue. Ils rièrent un peu, puis mes pieds touchèrent terre. Cependant, mes jambes furent incapable de me porter et je tombai alors sur le sol. Les rires furent plus intense encore. L'un deux me pris sous le bras et me balança dans une sorte de cage improvisée, fabriquée à partir de pot d'échappement et de tubes métalliques divers. Ce jour là, je perdis ma liberté. Je perdis aussi mon innocence en me prenant de plein fouet la rudesse du monde. Ce jour là, je crois que je quittai l'enfance. Cependant, jamais je n'aurais pu imaginer, même dans mes pires cauchemars, ce qui se passa le lendemain.


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