Les Vestiges d'Hydra

Les agents de Coulson ont monté une tente PMA (1) devant l’entrée des ruines en un temps record ! Nous sommes en dessous depuis un bon moment ; bien que j'aie perdu toute notion du temps, l’hélicoptère a eu le temps d’exfiltrer Rumlow… Tous les morceaux de Rumlow…

Bucky sort doucement du brouillard dans lequel la drogue de coercition l’avait plongé ; une couverture de survie sur les épaules, il serre une tasse de thé brûlant beaucoup trop fort entre ses mains… Tandis que je l’observe d’un œil inquiet, Peter nous rejoint en boitant.

— Ça va, petit ? lui demandè-je, soucieux.

— C’est rien, Nomad ! Dans une heure, ce sera réparé… Wade est plus amoché que moi ! me répond-il, avec l’insouciance qui caractérise la jeunesse.

— Où est-il ? 

— Dans l’autre tente !

— Il… Y a une autre tente ? m’étonnè-je.

— Oui, Elektra est à l’intérieur avec Wade… Son bras et un de ses pieds sont en train de repousser… C’est dégueulasse ! répond Peter, en grimaçant.

— Viper et Kayla ?

— Évacuées vers le RAFT ! Sous escorte, bien sûr… intervient Coulson, en raccrochant son téléphone.

Le RAFT. Un frisson me parcourt la colonne vertébrale à l’évocation de ce nom, symbole de ma déchéance. Phil semble le remarquer et vient s’assoir à côté de moi : 

— Vous avez fait du bon travail… Tous ! s’exclame-t-il, non sans un clin d'œil en direction de Peter, dont les joues virent au rouge.

— Alors… C’est fini ? Vous allez nous ramener ? demandè-je, les épaules affaissées. 

— Je vais ramener Parker… Autrement, Monsieur Stark va annexer l’Écosse à Stark Industries… Je suppose que Monsieur Wilson sera du voyage… En ce qui vous concerne, rien ne presse ! Je vais prévenir le Directeur Ross que vos blessures nécessitent une petite convalescence sur place.

— Merci, Phil… soufflè-je, soulagé.

— Euh… Je me disais que je pourrais peut-être rester jusqu’à demain… Siouplé Monsieur Coulson, soyez cool ! demande Peter, les mains jointes. 

L’intéressé le fixe, les sourcils foncés, puis reporte son attention sur moi : 

— Eh bien… Je suppose que je pourrais en profiter pour passer une nuit au château après tout… Je pourrais goûter le whisky de Lachlan, depuis le temps… À ce propos, c’est lui qui nous a prévenu, après que Peter et Monsieur Deadpool soient partis à votre recherche !

— C’est un oui ? demande Peter, en sautillant à cloche-pied.

— Qu’en dites-vous, Monsieur Grant ? M’offrez-vous l’hospitalité ? 

Un sourire sincère s’épanouit sur mon visage, effaçant quelques rides d’inquiétude au passage :

— Restez autant de temps que vous le souhaiterez, Agent Coulson ! is e mo thaigh-sa do thaigh (2)... 

*~*

Bucky s’est installé au coin du feu, en compagnie de Wade, qui fait tranquillement repousser ses membres et Phil est à table avec Lachlan, occupé à descendre une bouteille de whisky tourbé avec application. Peter ne boîte presque plus et c’est avec étonnement que je le vois me faire signe pour l’accompagner dehors. Après un baiser sur la joue de Bucky, qui m’offre son premier vrai sourire depuis notre retour, je rejoins l’araignée, qui s’est éloignée pour s’appuyer contre le corral : 

— Si tu essayes de me convaincre de te cacher pour éviter ton retour imminent à New York, sache que…

— Non… Non, ce n’est pas ça, Nomad ! me coupe-t-il, tendu.

— Alors quoi ? Je ne suis vraiment pas certain d’être le mieux placé pour parler de Wade à Tony, tu sais… poursuis-je, embarrassé.

— Rien à voir… J’ai, euh… J’ai pensé à… À quelqu’un qui pourrait vous aider, Bucky et vous ! Il, hum… Dispose de certains pouvoirs qui… Enfin, si vous voulez, je pourrais lui dire de venir pour… Discuter avec vous… 

— D’où connais-tu cette personne ? demandè-je, suspicieux. 

— Hum, euh… Il est possible que je lui aie demandé quelques fois ses services suite à des… Expériences, si je puis dire… Mais… Mais c’est quelqu’un de fiable, hein ! C’est un docteur !

— Quel genre de docteur ?

— Le genre… Vrai docteur ! Enfin, ça c’était avant…

— Avant quoi ? insistè-je.

— Un accident de voiture ! Maintenant, il est, euh… Je-sais-pas-quoi des arts mystiques ! me répond-il, fièrement.

— Ça a l’air un peu louche ton histoire, Pete… Ça s’est bien passé les fois où il t’a aidé ?

— P… Plus ou moins… bredouille-t-il.

— Plutôt plus ou plutôt moins ?

— Plus ! Plus… C’est juste… Une fois ça a mal tourné, mais c’était ma faute, je parlais trop !

— Comme maintenant, tu veux dire ? demandè-je, avec un début de mal de crâne.

— Je peux toujours lui demander de venir, vous verrez bien ! 

— Il est fiable au moins, ton docteur ?

— Sûr ! Fiable, super fiable ! Il pourrait être un Avenger, Nomad ! C’est quelqu’un de bien ! Il est vraiment puissant, je suis certain qu’il pourra faire quelque chose pour vous.

— Fais-le venir… répondè-je, résigné et en même temps curieux ; après tout, le petit s’est montré plus qu’utile, on ne sait jamais.

*~*

Quelques heures plus tard, alors que Deadpool a fini de repousser, j’écarte les cadavres de bouteilles de la grande table. Lachlan et Coulson sont affalés sur les bancs, ivres morts… Une fois qu’ils ont eu fini de trinquer à toutes les bonnes occasions, ils se sont mis à en inventer, avec l’aide de Wade… Peter est désormais assis sur les genoux du mercenaire, ils sont occupés à s’embrasser devant la cheminée.

Je débarrasse les bouteilles en les ramenant à la cuisine, dans laquelle je trouve Bucky, qui fait couler du café, pour la troisième ou quatrième fois depuis que nous sommes rentrés. Je me positionne derrière lui et l’enlace pour le serrer contre moi : 

— Je sais que ça va mal, Buck, mais ça va aller mieux, je te le promets !

— Je vois pas trop comment ça pourrait aller mieux en retournant au Complexe, Stevie… 

— Je vais… Essayer de parler à Ross et à Tony… On pourrait peut-être habiter… Je sais pas, dans un appartement un peu plus loin… À part… 

La vérité, c’est que je suis certain que je ne pourrais pas nous obtenir de traitement de faveur. Encore moins maintenant que Stark sait que Peter était avec nous depuis des semaines… Il est possible que ce soit même encore pire qu’avant à notre retour, mais je ne peux me résoudre à en discuter avec Buck, surtout pas maintenant ! Tandis que notre étreinte nous apporte un peu de réconfort au milieu de cette étrange veillée, un curieux bruit nous provient du salon et nous fait sursauter.

— C’est quoi ça encore ? souffle Bucky, sur la défensive.

— Ça s'est… Peut-être une aide providentielle… Une idée de Peter ! ajoutè-je, en réponse au regard inquisiteur de Bucky.

— Hey, Doc ! Yo la cape, tape-m’en cinq ! crie Deadpool, euphorique.

— Bonsoir M’sieur Strange, enfin, Docteur, je veux dire… Merci d’être venu ! ajoute Peter.

Le nouveau, qui serre la main de notre araignée, est bizarrement vêtu d’un pantalon surmonté par une sorte de longue tunique bleue et il porte une grande cape rouge. Un énorme médaillon doré pend à son cou ; il a un visage plutôt strict surmonté par des cheveux poivre et sel et il semble sortir d’une sorte de… Grand cercle doré, à l’intérieur duquel nous pouvons apercevoir un décor relativement sombre semblable à l’intérieur d’un temple, ou tout du moins, d’un très ancien bâtiment… Une odeur d’encens, à la fragrance délicate et apaisante, se fraye un chemin au travers du cercle lumineux avant que celui-ci ne se referme, confirmant mon hypothèse d’un temple.

— Encore toi, Peter ? Si c’est encore un problème de soirée étudiante avec des mélanges douteux de drogues, d’alcools et de nanotechs, je… commence à s’emporter l’homme, avec une voix grave.

— Non, non, non, non, chut… Je… Ce n’est pas pour moi, c’est pour eux ! le coupe Pete, en nous désignant.

— Humm … Et vous êtes ? demande l’inconnu, en scrutant mon visage, qu'il semble reconnaître malgré ma longueur de chevaux et ma barbe.

— Steve Rogers et Bucky Barnes ! répondè-je, en serrant sa main et en lui faisant signe de s'asseoir autour de la table. 

Après m’avoir salué, il serre la main de Buck, mais avant de prendre place, il pointe Lachlan et Phil : 

— Et les deux clochards, c’est qui ?

— Hum… Ne faites pas attention, ils dorment ! 

— Mmmmm… Que puis-je faire pour vous ?

Ne sachant pas par où commencer, Peter se lance à mon secours et fait un résumé relativement concis de notre situation au nouveau venu, avant de conclure : 

— Ils sont malheureux, Monsieur Strange, Docteur… Après tout ce qu’ils ont subi, je me disais que vous pourriez peut-être… Modifier légèrement quelques détails… 

— Comme la fois où tes professeurs se sont retrouvés à faire une chaîne humaine sexuelle en salle des profs après que ta classe de chimie leur a offert des “bagels” ? demande ironiquement l’étranger à un Peter cramoisi.

— Ça c’était mon idée, Doc ! répond fièrement Wade à l’autre bout de la table.

— Bon… Que voudriez-vous ? Faire oublier vos identités au monde, je suppose ? reprend le docteur, plus sérieusement.

— C’est… C’est possible de faire un truc pareil ? demandè-je, abasourdi.

— Tout ou presque est possible grâce aux Arts Mystiques, monsieur Rogers ! 

— Qu’en dis-tu, Buck ? 

— Je, euh… J’ai oublié qui j’étais pendant longtemps… Je ne veux plus oublier mon nom et je ne veux pas que les autres l’oublient non plus, je préfèrerai le réhabiliter !

— Je vois… Dans ce cas je pourrais peut-être… Effacer les Accords de Sokovie ? Cela vous rendrait votre liberté… Vous pourriez même redevenir Captain America, monsieur Rogers ! suggère Strange.

Redevenir Captain America… Est-ce vraiment ce que je souhaite ? J’ai tout perdu en devenant Captain America, alors que j’ai trouvé l’essentiel sous l’identité de Nomad. J’aime être Nomad. Après quelques instants de réflexion, pendant lesquels Bucky guette attentivement mes réactions, je déclare posément : 

— Je ne souhaite pas redevenir Captain ! Je veux… J'aimerais juste qu’on nous laisse tranquilles, Bucky et moi ! Sauver le monde s’il y a besoin bien sûr, continuer de traquer Hydra, certainement… Mais sans qu’on nous tienne en laisse ! Ce n’est définitivement plus de notre âge… 

— Des Super-Soldats intérimaires, c’est ça ? demande Strange, avec le sourire. 

— Bucky ?

— Oui, je… Ce serait possible de rester ici ? Je veux dire… Je me suis attaché à l’Écosse et à ce château… Steve ?

— Rien ne me ferait plus plaisir que de vivre ici avec toi, Buck ! repondè-je, plus amoureux que jamais.

Strange tape dans ses mains et les frottent énergiquement l’une contre l’autre : 

— Parfait ! Si tout le monde est d’accord, je vais réciter la formule ancestrale… Peter ?

— Oui, Monsieur Strange ? s’empresse de demander joyeusement le jeune homme.

— Surtout, tu la fermes !

(1) Poste Médical Avancé

(2) Ma maison est votre maison

***** Alors... Vous l'aviez vu venir ou pas ??

C'était le dernier chapitre de la fic ☺️, comme toujours, je vous garde un petit épilogue sous le coude pour finir en beauté 😉. À bientôt les amis, merci encore pour vos retours et vos votes ❤️❤️❤️ *****