PUNISHER: La Tierra De Nadie
Chapitre 3 : PUNISHER: La Tierra De Nadie
2047 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 04/12/2025 21:24
Le soleil s'écrasa derrière les montagnes, avalé par un horizon de poussière et de silence. Le village abandonné n'était qu'un alignement de façades en bois rongées, vestiges d'une exploitation minière morte depuis des décennies. Le vent soulevait des tourbillons secs, faisant claquer des portes qui ne tenaient plus qu'à un clou. Un décor parfait pour mourir, pensa Frank.
Lina, épuisée, dormait enfin dans une petite maison dont la porte tenait avec une poutre que Frank avait installée. Elle n'avait pas voulu fermer les yeux. Elle répétait que Los Jaguares viendraient, qu'ils ne s'arrêteraient jamais. Frank lui avait répondu d'un simple regard. Pas une promesse. Pas une consolation. Un constat silencieux : ils viendront, et je serai prêt.
Maintenant, seul au milieu de la rue principale, Frank Castle inspectait son arsenal improvisé.
Il avait fouillé trois maisons, une vieille quincaillerie et un hangar à outils.
Le butin :
— un bidon d'essence à moitié plein,
— des clous rouillés,
— un fusil de chasse en mauvais état,
— six cartouches utilisables,
— un pied-de-biche solide,
— une machette couverte de poussière,
— deux bouteilles en verre intactes.
« Ça fera l'affaire », grogna-t-il.
Il commença par démonter les bouteilles, les remplir de tissu et d'essence : deux cocktails Molotov. Il les déposa sur le parapet d'une fenêtre avec une précision militaire.
Ensuite, il répandit des clous sur une portion de la route où la poussière les rendrait invisibles. Les Russes roulaient dans des 4x4 lourds. Les Mexicains dans des pick-up modifiés. Avec un peu de chance, ça crèverait quelques pneus, ralentirait l'arrivée et les obligerait à terminer à pied. Et Frank aimait quand c'était à pied.
Dans la maison où dormait Lina, il retira deux planches pour aménager un passage par l'arrière. Une éventuelle extraction si tout foirait. Elle ne le savait pas. Il ne lui avait rien dit. Mieux valait qu'elle dorme encore quelques heures.
Le ciel commençait à s'assombrir. Les étoiles mexicaines se découpaient lentement, brillantes, indifférentes aux règlements de comptes des hommes. Frank accrocha la machette à sa ceinture et plaça le fusil de chasse contre un pilier du porche.
Il s'arrêta un instant, respirant lentement.
Ce village... cette poussière... une gamine en danger...
Ça lui rappelait trop de choses. L'Afghanistan. Une fillette blessée dans les ruines d'un village bombardé.
Il secoua la tête. Ces souvenirs étaient comme des éclats d'obus : ils remontaient quand il ne fallait pas.
Frank s'agenouilla dans la rue centrale. Il posa sa main au sol. La terre vibrait légèrement. Le vent, peut-être. Ou autre chose.
Puis il entendit un bruit.
Lointain. Mais réel.
Un moteur. Deux. Non... trois.
Il se releva, attrapa son fusil.
Pas de panique. Pas d'accélération cardiaque.
Juste un silence intérieur. Un vide froid.
Le mode combat.
Frank Castle avança dans l'ombre, se positionna derrière une vieille barrique effondrée, et attendit, le regard fixé sur la route poussiéreuse qui traversait le désert comme une cicatrice.
Ils approchaient.
Los Jaguares et les Russes.
Armés, sûrs d'eux, persuadés qu'une fille de dix-huit ans ne pouvait pas disparaître sans laisser de traces.
Frank inspira profondément.
Il murmura pour lui-même, comme une prière inversée :
« Vous voulez la reprendre ? Venez. »
Les phares apparurent au loin, trouant la nuit.
La guerre, ici, dans ce village oublié, venait juste de commencer.
Les trois véhicules surgirent dans un nuage de poussière, phares allumés, moteur hurlant contre le silence du désert. Un pick-up noir des Russes ouvrait la marche, suivi de deux SUV chargés de membres de Los Jaguares. Leur emblème — une tête de jaguar peinte à la bombe — brillait sur la portière.
Frank Castle observa la scène en silence. Pas d'adrénaline. Pas de peur. Seulement ce point fixe dans son esprit : garder Lina vivante.
Le pick-up passa sur les clous camouflés.
Un bruit sec.
Puis un deuxième.
Le pneu avant explosa et le véhicule fit une embardée, arrachant un nuage de poussière en se couchant presque sur le flanc.
— Merde ! hurla un Russe.
Frank épaula son fusil de chasse.
Une silhouette s'extirpa du pick-up.
BOOM.
La détonation claqua entre les ruines comme un coup de tonnerre. Le Russe reçut toute la charge en pleine poitrine. Il retomba sans même voir d'où venait la mort.
Les autres réagirent.
Frank n'attendit pas. Il rechargea, courut vers la maison la plus proche et se mit à couvert.
Les SUV ralentirent. On entendit des cris en espagnol.
— ¡Busquen a la chica !
— ¡El gringo está aquí también, tengan cuidado !
Des silhouettes armées descendirent, se dispersant entre les bâtiments.
Frank se glissa derrière un mur effondré et alluma l'un des cocktails Molotov.
Le feu illumina son visage un bref instant. Une lueur d'enfer.
Il lança la bouteille sur le premier groupe qui avançait.
L'impact fit éclater la flamme dans un grand FOUUM, embrasant deux membres des Jaguares dont les hurlements se mêlèrent aux crépitements du feu.
— ¡Hijos de puta ! hurla l'un de leurs chefs.
Les balles commencèrent à pleuvoir.
Une pluie sèche, métallique, qui perforait les murs de bois et les tôles rouillées. Frank se laissa tomber derrière un pilier, les éclats volant autour de lui.
Quand un bref silence se fit — le moment de recharger — Frank sortit de sa cachette et ouvrit le feu.
Une balle.
Une tête qui éclate.
Une autre.
Un homme tombe comme une marionnette dont on aurait tranché les fils.
Il tira jusqu'à vider le fusil.
Puis il attrapa la machette.
Un Russe surgit à l'angle d'une maison, AK-47 levée. Frank traversa les deux mètres qui les séparaient et, dans un geste sec, abattit la lame sur son bras. L'homme hurla, l'arme tomba. Frank l'attrapa par la gorge et le frappa contre le mur jusqu'à ce que ses jambes cessent de bouger.
Il récupéra l'AK.
Beaucoup mieux.
Il entendit soudain des pas précipités vers la maison où dormait Lina.
Frank se retourna violemment.
Un Mexicain venait de trouver la porte arrière.
Il l'ouvrit d'un coup de botte.
— Encontré la chica !
Non.
Pas elle.
Pas maintenant.
Frank sprinta, la poussière s'envolant derrière lui. Il tira une rafale qui coupa le jaguar en deux avant même qu'il puisse entrer.
Un deuxième jaguar surgit par la gauche.
Frank le percuta, les deux roulant dans la poussière. Le Mexicain tenta d'atteindre un couteau. Frank le maintint au sol, lui brisa le cou d'un mouvement sec.
Il se releva, la respiration lourde, et pénétra dans la maison pour vérifier.
Lina était réveillée, tremblante, terrorisée.
— Frank ? C'est... c'est eux ?
— Ouais. Reste là. Si quelqu'un passe cette porte, tu hurles.
Elle hocha la tête, incapable de répondre.
Frank ressortit, arme levée.
Une brève accalmie.
Le genre de silence qui précède toujours une nouvelle vague de violence.
Et elle arriva.
Une trentaine d'hommes déboula des deux SUV encore intacts.
Beaucoup plus nombreux qu'il ne l'avait estimé.
Beaucoup plus armés aussi.
Leur chef, un homme massif au torse couvert de tatouages de jaguar, s'avança.
— Gringo... Tu vas mourir pour avoir touché à notre propriété.
Frank cracha dans la poussière.
— Elle n'est la propriété de personne.
Il arma l'AK.
Le chef sourit.
— Tuez-le.
La nuit mexicaine explosa de balles.
Et l'embuscade devint une guerre.
Les rafales traversèrent le village fantôme comme un ouragan de métal. Les murs de bois éclataient, la poussière s'élevait en nuages étouffants, et les cris des hommes de Los Jaguares se mêlaient au fracas des balles.
Frank Castle était au milieu de tout ça, solide comme un rocher.
L'AK crachait sans interruption, ses mains noires de sang et de terre, son visage marqué par la fumée. Il avançait, reculait, disparaissait derrière un mur, réapparaissait ailleurs. Une ombre. Un fantôme. Un prédateur.
Une balle frôla son flanc.
Une autre lui effleura l'épaule.
Une troisième ricocheta contre le pilier à sa droite.
Frank ne ralentit pas.
Tant qu'il respirait, il pouvait tuer.
Un groupe de cinq Jaguares tenta d'avancer en formation depuis le SUV du fond.
Frank en coucha trois avant qu'ils ne comprennent d'où venait le tir.
Les deux derniers se mirent à couvert derrière un vieux puits en pierres.
— ¡Entren, entren! hurla l'un d'eux.
Frank se déplaça, accroupi, longeant un mur effondré.
Il prit un angle, attendit une seconde... deux...
Le Mexicain sortit la tête pour repérer la cible.
Frank la pulvérisa.
Le dernier essaya de fuir.
Frank le rattrapa au fusil vide, brisant sa nuque dans un craquement net.
Plus loin, les Russes encore debout organisaient un tir de suppression depuis le pick-up immobilisé. L'un d'eux, lunettes tactiques, tirait avec une précision chirurgicale.
Une balle atteignit Frank dans la cuisse.
Pas profonde — juste assez pour brûler.
Il tituba, s'appuya sur un mur, respira comme un animal blessé.
Puis il arracha un pan de son pantalon et serra un garrot improvisé.
Pas le temps de souffrir.
Pas le droit.
Il se traîna derrière un muret et rechangea d'arme : un pistolet semi-auto récupéré sur un cadavre.
— Allez, enfoiré... montrez votre tête...
Quand le tireur d'élite russe tenta de se repositionner sur le toit du pick-up :
PAN.
Une balle unique.
En plein œil.
Le corps tomba du véhicule dans un bruit sourd.
Lina, recroquevillée dans un coin, comptait les secondes entre chaque tir.
Son cœur battait si fort qu'elle croyait qu'on l'entendrait de l'extérieur.
Chaque hurlement, chaque claquement, chaque explosion l'arrachait un peu plus au monde.
Elle avait vécu des choses terribles.
Mais rien qui ressemblait à ça.
Rien d'aussi proche.
Rien d'aussi... final.
Elle ferma les yeux et tenta de respirer.
— Frank... reviens... murmura-t-elle.
Une quinzaine d'hommes de Los Jaguares arrivèrent en formation serrée.
Leur chef hurlait :
— ¡Carguen! ¡Avancen! ¡El gringo está herido!
Frank grimaça.
Blessé ou pas, il n'allait pas les laisser approcher de la maison.
Il décrocha le deuxième cocktail Molotov, alluma la mèche, et attendit.
Les hommes avançaient lentement, en formation de couverture.
Les balles ricochetèrent autour de lui, arrachant des éclats de bois.
Frank lança la bouteille.
FOUUM !
Une boule de feu avala la moitié du groupe. On entendit des hurlements, des corps qui se jetaient au sol en flammes, certains roulant dans la poussière en tentant d'éteindre leurs vêtements.
Frank tira sur ceux qui tentaient de fuir les flammes.
L'un d'eux, la peau fondant sur son bras, le supplia en espagnol.
Frank lui tira dans la tête.
Pas de demi-mesures.
Mais il restait encore beaucoup d'ennemis.
Frank recula vers la maison.
La douleur dans sa jambe devenait presque insupportable.
Il saignait.
Il boitait.
Il s'essoufflait.
Mais il avançait.
Toujours.
Il entra dans la maison d'un coup de pied, refermant derrière lui.
Lina sursauta.
— Frank... t'es blessé...
— Ça va tenir.
— Ils vont entrer...
Il posa sa main sur son épaule, juste un instant.
Pas pour la rassurer.
Pour l'ancrer.
— Tant que je suis debout, ils ne poseront pas un doigt sur toi.
Elle hocha la tête, les larmes aux yeux.
Des pas approchaient.
Beaucoup.
Ils encerclaient la maison.
Le chef des Jaguares hurla :
— Gringo ! Rends-nous la fille et tu mourras vite !
Frank vérifia son chargeur.
Presque vide.
— Mauvaise nouvelle, souffla-t-il. On est à court.
Il s'approcha de la fenêtre et vit les silhouettes se rapprocher.
Lina se mit à pleurer.
— Frank... on va mourir...
Il se tourna vers elle, un éclat sombre dans le regard.
— Pas moi. Pas toi non plus. Pas aujourd'hui.
Il attrapa la machette.
Puis il poussa un long soupir.
Presque fatigué.
— On se bat jusqu'au dernier souffle.
Les murs tremblèrent sous les coups des ennemis qui tentaient d'abattre la porte.
Frank se plaça devant, droit, prêt.
Le siège venait seulement de commencer.