Foxhound : Les débuts de Solid Snake

Chapitre 1 : LES YEUX D'UN BLEU

Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 20:56

CHAPITRE 1

  

 

Un homme aux cheveux et à la barbe blanche marquant la cinquantaine bien sonnée, se tenait debout derrière une vitre teintée, Un bandeau noir lui masquait son œil droit, tandis que de son unique membre valide il observait, d’un air impassible, le jeune soldat qui attendait sans mot dire dans cette minuscule pièce. Les bras croisés contre sa poitrine, il ne pouvait détacher son regard de cet homme qui, de son côté ne se doutait point de l’intérêt qui lui était porté.

 

Le jeune convoqué situé dans la vingtaine, possédait une chevelure ébène à la coupe réglementaire et un regard aussi bleu que celui de son observateur. Toutefois, malgré son jeune âge, il apparaissait dans son visage, une certaine dureté, signe d’un vécu déjà bien existant et d’une maturité exceptionnelle. Il restait bien droit sur sa chaise, les mains jointes sur la table. Ses yeux essayaient subtilement de distinguer une éventuelle présence derrière cette façade reflétant sa personne. Mais sans succès. Il tourna brièvement la tête vers la porte en espérant que celle-ci s’ouvre et puisse enfin clore cette longue attente.

 

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« Combien de temps vas-tu regarder ce gars avant de te décider à le rejoindre, Jack ? » Le vieil homme qui était resté bloqué sur le soldat, se vit sortir de ses pensées par la voix familière d’un ami et d’une soudaine tape dans le dos qui vint le propulser deux pas en avant.

 

« Franck… Ménage ma colonne s’il te plaît, je ne suis plus tout jeune ! » Grommela l’individu avec sarcasme avant de se retourner sur son compagnon tout sourire.

 

« Le grand Big Boss qui se prétend vieux… là… je dois dire que tu m’inquiètes… ! »

Celui qui vint le rejoindre fut un homme d’un peu moins de la quarantaine, aux cheveux blonds platine coupés très courts, et doté d’un physique assez svelte. Il était arrivé les mains pleines de documents qu’il tendit à son interlocuteur tout en regardant à travers la baie vitrée.

 

« Il a passé les tests haut la main, au vu des notes, ses aptitudes semblent exceptionnelles ! Qu’est ce qui te fait encore douter ? Tu veux me le dire ? »

 

« Tu m’excuseras Franck, mais je ne me fierais à ses talents que lorsque je l’aurai vu à l’œuvre, les chiffres et statistiques ne définissent pas un homme ! » rétorqua l’intéressé en balançant machinalement les documents sur une table située à sa droite sans même en prendre connaissance.

 

 « Je ne t’ai jamais vu autant hésiter pour une nouvelle recrue Jack … »

 

« FOXHOUND est une unité d’élite… il est normal que je sois exigeant ! » répliqua le vieil homme en restant stoïque, sans toutefois détourner son regard de la vitre.

 

Franck l’observa quelques secondes, silencieusement, puis après mure réflexion, il se décida à insister sur le profil du soldat. De ce fait, il récupéra la masse de documents négligée par son supérieur et chercha une page en particulier.

 

«Alors, il est né en 1972… donc 23 ans… » L’homme leva un instant la tête vers Big Boss pour juger d’une quelconque réaction, en vain, pourtant il se convint à poursuivre « il semble avoir déjà fait ses preuves lors de la guerre du Golfe, alors qu’il n’avait que 19 ans, il fut recruté au sein des Bérets verts pour des missions d’infiltrations et de reconnaissances. Ses compagnons d’armes témoignent de lui comme un fin stratège, et un coordinateur de génie. Génie, il peut l’être… Je vois dans son dossier qu’il parle couramment six langues et dispose d’un QI d’une moyenne de 180. Pas de famille indiquée… Nous disposons que peu de détails sur sa situation… Je peux juste te dire qu’il a été élevé aux Etats- Unis, il a intégré l’armée à ses 14 ans… Le gouvernement semble avoir prit en charge son éducation et formation compte tenu de  sa situation, il fut placé chez différentes familles d’accueil, toute liées au milieu militaire… Aucune attache particulière précisée. »

 

Big Boss ne rétorqua pas un mot, il semblait feindre l’inattention. Franck se tut et rassembla alors les feuilles pour les reposer sur la table, avec un profond soupir. Tous deux observèrent, le jeune homme qui montrait enfin son impatience par de discrets gestes nerveux, manifestés par l’agitation répétée de ses doigts joints les uns aux autres, mais ce, dans une attitude toujours discrète, compte tenu du fait qu’il sentait espionné.

 

Contre toute attente, Le vieil homme se décida enfin à entamer sa marche vers la porte, en direction de la salle d’interrogatoire, au passage il se saisit du dossier.

 

« Eh bien… voyons ce qu’il a dans le ventre » se résigna t’il.

 

« Enfin… tu te décides ! » s’exclama son compagnon en souriant. « Au fait Jack… ce soldat s’appelle…" 

« David… » Répondit précipitamment Big Boss en sortant de la pièce.

 

« Hein ? Mais comment le sais-tu ? Tu n’as pas lu le… » Son ami n’eut pas le temps de  finir sa phrase que la porte s’était déjà refermée, l’abandonnant à sa stupéfaction.

 

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D’un pas prompt, Big Boss pénétra dans la salle. Il surprit le jeune homme qui tourna rapidement la tête dans sa direction,  son regard semblait démontrer un immense étonnement. Il se dressa rapidement sur ses jambes et le salua respectueusement, la main portée au front.

 

«Monsieur ! » S’exclama t’il de toute sa droiture. L’intonation de sa voix montrait néanmoins qu’il était dans une certaine mesure déconcerté par la présence de son visiteur. Il était enfin face à lui… Big Boss en personne… et ce dernier s’était contenté  de répondre par un  « repos » avant de s’installer sans mot dire, en face de son acolyte. 

 

Big Boss resta un  instant silencieux, prenant son temps pour éparpiller les feuillets sur la table. David jeta furtivement un œil sur les documents et y reconnu parmi ceux-ci, ses tests. Il leva ensuite son regard vers ce héros de légende, Celui dont tant d’éloges circulaient… mais soudain ses yeux rencontrèrent un instant ceux de Big Boss et il s’empressa de les baisser.

 

Le vieil homme joignit enfin ses mains l’une dans l’autre en soufflant de dédain, puis d’une voix un peu fatiguée mais toujours sonnante d’une évidente prestance, il déclara :

 

« Soldat David…» Big Boss feinta un bref aperçu sur une feuille «Tests parfaits, curriculum vitae déjà bien rempli… »  Puis il souleva au hasard un des documents en mimant une lecture rapide « Tant de félicitations… d’exploits, il semblerait que tu sois prédisposé à occuper un  futur poste de général si ça continue… Mon garçon  » Big Boss ne lésina pas sur le sarcasme en plus de son vif emploi du tutoiement « Le Commandant en second, Roy Campbell… Si tu avais vu son rapport, sans nul doute, pour lui tu fais parti de l’élite… Il te recommande à notre unité… Remercie-le d’être ici… » Big Boss s’adossa confortablement au dossier de la chaise avec un rire bref, croisant les bras contre lui « Soyons sérieux !! Que cherches-tu en voulant intégrer FOXHOUND ? Et d’ailleurs que sais-tu de cette unité ?  »

 

« FOXHOUND est une unité mélangeant Forces Spéciales et espionnage, travaillant pour le gouvernement. De haute technicité, cette organisation a la particularité d’être spécialisée dans les opérations d'infiltration clandestines. » Répondit machinalement le soldat.

 

« Ouah… c’est ce que j’appelle une leçon bien apprise… » Le commandant en chef de l’unité se moqua de son acolyte en mimant un applaudissement. « Et qu’espères-tu ici ? »

 

« Mettre à profit pour cette unité, mes capacités en infiltrations, reconnaissances, et en armes à...»

 

« Rien que ça… ! » interrompit le vieil homme en affichant clairement son indifférence. « C’est de l’ambition dis moi ! »

 

David sentit la froideur de BIG BOSS, ce sourire affecté sur son visage dissimulait néanmoins une opinion déjà effective sur sa personne. A vrai dire, il ne s’attendait pas à une réticence si prononcée, celle-ci accentué à présent par une voix plus rude de son supérieur.

 

« Ici on ne joue pas au petit soldat parfait… Je me fous bien de ce que tu es capable… Dans certaines missions il est question parfois de frôler la mort… as-tu au moins idée de ce que c’est…? Où ton jeune âge ne te donne t’il pas la réalité de celle-ci… ? » L’œil turquoise de Big Boss lançait de l’agressivité « Serais-tu capable de l’affronter que ce soit pour une mission capitale ou pour le sauvetage d’un des nôtres… Serais-tu prêt à te sacrifier pour ce que tu crois juste ! Pour tes convictions ? » Il se leva enfin de sa chaise et fit lentement le tour de son interlocuteur.

 

 « Je ne suis pas là pour te faire la nounou, ne compte pas sur moi ou sur FOXHOUND pour te faire ta formation ! Pour intégrer cette unité il faut avoir déjà le talent et l’expérience… Le talent je ne veux pas en douter… Si tu es ici devant moi, ce n’est pas pour rien ! Mais pour l’expérience…Je refuse de prendre un gosse qui pourrait se chier dessus rien qu’à l’idée de risquer sa vie…» Big Boss se repositionna en face de son acolyte et d’un regard plein de provocation il dit :

 

« A  te juger… tu me sembles bien jeune ! Peu importe ce qui est dit sur toi… quand je regarde tes yeux, ils me disent que tu n’es qu’un bleu… !»

 

« CA SUFFIT ! » s’exclama David en se redressant brusquement les deux mains posées sur la table, interrompant violement BIG BOSS. Ce dernier, contre toute attente, ne sembla pas plus choqué que cela.

 

Franck Jaeger de l’autre côté de la vitre se murmura à lui-même « Ca n’a pas trainé… »

 

 « Sauf votre respect Monsieur, je ne vous permets pas de me juger ainsi ! » les propos du vieil homme l’avait fait tout simplement bouillonné d’amertume, et ce fut sans ménagement, qu’il poursuivit sur sa lancée.

 

« Vous me demandez si je connais la mort… ? » Le jeune homme baissa un instant la tête essayant de tempérer son indignation puis d’un regard imprégné de colère il rétorqua :

 

« J’ai vu les corps déchiquetés d’innocents civiles à causes des bombardements massifs sur les lignes irakiennes au Koweït. Comme nombre de mes compagnons, j’ai crevé de froid, de faim, de soif alors que le ciel grondait sous nous et ce sont eux qui mouraient, comme des fourmis que l’on arrose du ciel à grandes volées de bombes insecticides. Lors de reconnaissances dans des villages près de Mina al-Ahmadi, j’ai vu des victimes mutilées, des femmes garrottées avec des chaînes, les tortures et les atrocités dont je vous passe les détails… » 

 

« J’ai tué mes ennemis, j’ai sauvé mes alliés… La mort je n’ai pas pu lui échapper, d’une certaine manière elle m’a atteint et elle ne me quittera plus… je suis assez vieux pour le comprendre ! Monsieur… »

 

Big Boss resta impassible, néanmoins attentif à ses propos, il se contentait de le fixer, le laissant ainsi poursuivre.

 

« La mort ! Je la connais parce que ce fut mon choix de l’affronter… je dois m’attendre à la côtoyer,  je suis un soldat, j’ai toujours eu cette vocation en moi, Je serais prêt à lui faire face encore et encore… » David tempéra enfin sa voix, mais se confronta à BIG BOSS d’un regard dur.

 

« Je pensais que vous-même aviez comprit cela… surtout après votre vécu… Monsieur… mon jeune âge ne vous donne pas le droit de prétendre que je reste ignorant à ce que j’aspire de défendre… c'est-à-dire, mon pays ! » Ses derniers mots résonnèrent d’une conviction inébranlable. David se rassit lentement.

 

Le vieil homme d’un calme toujours contrôlé toussota brièvement avant de se frotter le contour de sa barbe, Il analysa son jeune acolyte d’un mouvement rapide de l’œil. Quant à lui, David attendit une quelconque réponse… ou contre attaque de sa part. Il avait vraisemblablement dépassé les bornes, défié l’autorité de la légende face à lui en répondant de la sorte.

 

Il était en train d’observer Big Boss avec appréhension lorsque soudain il remarqua ses épaules trembler de manière incontrôlée… le reste de son corps suivit très vite les spasmes. Le vieil homme était tout simplement en train de résister à un fou rire, lorsqu’enfin il ne put se retenir et se laissa donc aller, éclatant sa voix grave aux éclats sous les yeux écarquillés de David qui ne semblait plus trop comprendre la situation.

 

« C’est la première fois que l’on me défie de cette manière ! La plupart du temps j’impressionne tellement les nouvelles recrues, qu’elles restent bouche bée, limite à se pisser dessus… ah ah…»

 

Tout en diminuant progressivement ses rires, Big Boss sortit de la poche de son veston un étui à cigares et en extirpa un. Il arracha avec ses dents l’embout avant tâtonner ses autres poches à la recherche d’un briquet qu’il trouva à l’intérieur de son manteau. Son sourire laconique ne s’était toujours pas effacé, et d’une moue moqueuse il fixa son acolyte avant d’entamer sa première bouffée.

 

« C’est ce que je voulais entendre gamin !» Le vieil homme tint de sa main droite son cigare et fit un appel de l’autre, geste destiné à celui qui observait la scène depuis la pièce protégée par la baie vitrée. «Au moins tu as de la répartie… »

 

David resta perplexe quant à la personne de BIG BOSS. Il avait ce charisme frappant et cet air parfois sévère qui pouvait refroidir n’importe quel adversaire… les «on dit » étaient décidemment véridiques, ce soldat de légende imposait logiquement le respect.

 

Le jeune homme avait été formé à ne pas être si facilement déstabilisé, mais la présence de BIG BOSS l’avait totalement désarmé… Le fait qu’il se trouve devant celui qu’il admirait tant de par le récit de ses exploits, et se voir jugé sans prétention, avait sans aucun doute blessé son orgueil. Néanmoins, il remerciait celui-ci.

 

Une personne pénétra dans la salle d’interrogatoire, David reconnu l’individu qu’il avait déjà aperçu brièvement alors qu’il s’était vu remettre ses tests. Il adressa de nouveau un salut de protocole à l’individu arborant une tenue civile assez sombre qui tranchait avec la couleur argent de ses cheveux. Ses yeux verts émeraude étaient ceux d’un combattant ayant déjà fait ses preuves. Cet homme ne devait pas être n’importe qui. Cette impression se confirma d’ailleurs lorsque Big Boss le présenta.

 

‘’Voici Franck Jaeger… Notre meilleur agent au sein de FOXHOUND’’

 

« Il dit cela surtout quand il est de bonne humeur… » Blagua l’homme en s’adressant à David d’un air sarcastique. 

 

« Franck… » Souffla Big Boss en désapprouvant son sens de l’humour.

 

Ce dernier se leva ensuite de sa chaise, et vint se positionner près de son subalterne, une main amicale posée sur son épaule « Ici à FOXHOUND, il est coutumier d’attribuer un nom d’animal comme code militaire… d’ailleurs Franck a récemment obtenu le titre honorifique de FOX, GRAY FOX plus exactement. » BIG BOSS avala une nouvelle bouffée laissant ainsi planer quelques secondes de silence avant de demander au jeune homme, d’un hochement de tête en sa direction.

 

« As-tu déjà bénéficié d’un pseudonyme durant tes missions ? »

 

David répondit affirmativement « Lors de mon intégration dans l’armée, mes supérieurs m’ont immédiatement identifié sous le nom de SOLID, ce fut depuis le seul et l’unique code qui me fut affecté… »

 

« SOLID ? » répéta Franck.

 

« Oui Monsieur… » Répondit le jeune soldat face à l’agent intrigué.

 

« Assez spécial comme nom de code…» se murmura FOX en haussant légèrement les épaules.

 

BIG BOSS quant à lui, ne fit point de remarque et se contenta simplement de terminer son cigare lorsque soudain quelqu’un vint frapper à la porte avant de l’entrouvrir. Les trois hommes se retournèrent vers l’individu qui les rejoignit. David se rappela sans mal de celui-ci, il s’agissait du Commandant en second de FOXHOUND, Roy Campbell qu’Il avait maintes fois rencontré à la base où il était affecté. L’individu avait participé aux entrainements et jaugé les capacités du jeune homme avant de le convaincre de venir tenter son intégration au sein de l’organisation.

 

« Excusez-moi… » Il offrit un bref regard au jeune soldat pour ensuite se tourner vers l’intéressé « Jack, je peux te voir une seconde ? »  L’homme se distinguait d’une tenue militaire officielle, un béret comme couvre-chef arborait un renard tenant dans sa mâchoire un couteau, représentation du logo de l’unité FOX.  

 

« Plus tard, Je suis occupé pour l’instant… »  La façon dont il rétorqua démontrait un certain malaise vis-à-vis de son acolyte.

 

« Non, tout de suite… il faut vraiment que je te parle ! »

 

Big Boss se permit une dernière bouffée avant de tapoter son cigare sur la table. Une fois éteint, l’objet regagna la petite boite métallique, et Big Boss se résigna à rejoindre Campbell avec un visage contrarié « Comme tu voudras… »

 

Le vieil homme emprunta le pas à son comparse et sortit de la salle, abandonnant ainsi David et Franck. Après quelques instants de mutisme, Ce dernier offrit un sourire moqueur en déclarant.

 

« Alors comme ça, on t’a vraiment surnommé SOLID… ? »

 

 « Et Vous… avez-vous eu le choix de votre titre… ?

 

« … »

David adopta un air malicieux.

 

« Ah… Ah… Ah !  J’espère que le patron te prendra, parce que je sens que nous sommes faits pour nous entendre ! »

 

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Roy et Big Boss passèrent de l’autre côté de la baie vitrée dans l’observatoire isolé de tous regards ou interférences sonores. 

 

« Tu comptes de toute façon le renvoyer… n’est ce pas ? » demanda sans attente le commandant en second en fixant durement Big Boss. Ce dernier lui tint face, d’un air sévère.

 

« … ».

 

« Pourquoi ? Hein ? Tu m’as bien chargé de te trouver un nouvel agent pour FOXHOUND ! »

 

« Tu avais le choix Roy ! » gronda Big Boss en élevant la voix.

 

« Le choix ? Bon dieu Jack, tu voulais le meilleur ! »

 

« Oui je voulais le meilleur mais… » Big boss leva les bras avec dépit.

 

« Eh bien tu l’as ! » Roy était une personne qui d’origine avait une forte personnalité et toujours convaincu de ses choix. Le statut de son acolyte ne l’intimidait pas plus que cela, plus qu’un supérieur, il était avant tout un ami… un ami de longue date. « David me fut recommandé à maintes reprises… tu as vu mon rapport, j’y ai passé près de trois mois, je l’ai vu Jack… il est exceptionnel. Fais-moi confiance ! Je sais ce que je fais en te le garantissant comme une valeur sûre. »

 

Big Boss se tourna vers la vitre, et le regard fixé sur David dans une discussion muette avec Franck.

 

« Roy… je ne voulais plus entendre parler ‘d’eux’… tu le sais ! » Big Boss, semblait dégager une certaine amertume. « Pourquoi avoir ramené ce… ce… »

 

« Ce quoi Jack ? » Campbell leva la voix, ordonnant au vieil homme de répondre.

 

Pivotant légèrement la tête, Big Boss dévisagea son interlocuteur de son unique œil incertain de terminer sa phrase.

 

« Ce quoi ? » l’invita t’il malgré tout à poursuivre. « Dis-moi ! »

 

Soudain Jack, fit front à son ami, excédé par son acharnement.

 

« Ce… Ce clone !!! » Hurla t’il en montrant machinalement de la main le jeune homme insouciant de la tension qui proliférait. Big Boss avait enfin libéré le mot qui s’obstinait à rester tabou. « Il fallait que ça tombe sur lui… tu me proposes d’engager mon propre clone ?  Mais bien sûr ! Quelle folie ! Il est en est hors de question ! Tu m’entends, hors de question ! » Le vieil homme gesticula au fur et à mesure de ses propos. « Tu as voulu que je le rencontre, c’est fait, tu me demandes mon avis sur son recrutement, c’est négatif ! »

 

Roy rétorqua calmement.

 

« Moi ce que je vois c’est un être humain, et surtout… un soldat… » Le commandant se rapprocha de son ami et posa une main complice sur son épaule.

 

« Jack, je me rappelle d’une époque où tu as fait confiance à Franck… et… pourtant tu sais ce que tu avais à risquer… »

 

« Ca n’a rien à voir ! »

 

« Je sais que ce n’est pas évident… mais tu ne connais pas David… si tu ne veux pas le voir comme une partie de toi, alors aies un minimum de respect envers lui en tant qu’homme et militaire. »

 

Le silence qui s’ensuivit fut comme la cloche sonnant la fin du combat, la tension redescendit petit à petit, les propos de Campbell avaient réussit à faire réfléchir Big Boss qui restait dubitatif.

 

« Je ne sais pas si j’y arriverai… quand je le regarde, j’ai systématiquement cette amertume qui ressurgit… il possède déjà mes gènes à mon insu et tu voudrais en plus de cela que je lui offre la possibilité d’être formé par mon organisation.»

 

« Si je peux me permettre un avis Jack, ce n’est pas lui qui doit être l’objet de ton amertume… »

 

Big Boss se révulsa d’une telle remarque, il fronça les sourcils sans mot dire. Campbell se contenta d’observer le vieux grommeler, signe qu’il n’avait aucune répartie à suggérer.

 

« Roy… tu ne sembles pas indifférent à ce type ! »

 

« Laisse lui sa chance quelques mois et tu comprendras peut-être pourquoi je m’obstine… si vraiment tu vois que j’ai tort alors d’accord ! vire-le ! Je me serai trompé… mais te connaissant je sais qu’il t’impressionnera… tu veux un très bon agent, je t’en offre un excellent ! »

 

Big Boss souffla, secouant par dépit la tête, son œil turquoise se redirigea vers le jeune soldat, une question semblait lui bruler les lèvres et Roy s’enquit de le rassurer.

 

« Il ne sait rien ! Et à moins que tu ne le décides autrement, son passé restera confidentiel. »

 

« … » Big Boss afficha un air renfrogné, un silence de réflexion plana au dessus des deux hommes, lorsque tout à coup, le vieux s’exclama :

 

« Il n’aura en aucun droit à traitement spécial…»

 

« Je crois qu’il n’en demande pas moins ! » le commandant en second satisfait du revirement de son ami, se permit un rictus bien prononcé.

 

« Ne t’attends pas à ce que je sois indulgent avec lui… »

 

« Mais je sais Jack ! » le sourire amusé ne s’effaça pas.

 

« Et Si je me permets de le prendre à l’essai, c’est pour vérifier si tu dis vrai…» Big Boss essayait décidément de se trouver des arguments.

 

« Bien sûr, bien sûr…! »

 

« Et Arrête de sourire comme ça Roy » l’air amusé de son ami l’horripila au plus haut point.

 

Big Boss contourna Campbell et se dirigea vers la sortie, mais alors qu’il avait la main posée sur la poignée… il s’arrêta net, sentant le besoin de partager une dernière pensée.

 

« Ne crois pas que je lui cède ma confiance Roy, et qu’il ne se permette pas non plus de m’en accorder ! Il risquerait d’être fortement déçu… » La froideur de ces derniers mots semblait révéler un côté plus sombre qui effaça radicalement le rictus de Campbell.

 

« Tu as changé Jack, j’en suis conscient… »

 

« Heureux de savoir que tu le constates mon ami… »

 

Big Boss sortit enfin de la pièce, Roy attendit de le voir ressurgir dans la salle d’interrogatoire… il l’observa depuis l’autre coté.  Pourquoi avait-il cette impression qu’il mijotait quelque chose ? Jack était décidemment imprévisible, à la double personnalité. Campbell se l’avouait sans mal, son vieil ami semblait s’éloigner dans un projet personnel. Big Boss était décidément une énigme à lui tout seul…

 

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« SNAKE ! »

 

Big Boss ouvrit brusquement la porte, il resta quelques secondes bloqué au pas de celle-ci observant la réaction de surprise des deux hommes.

 

« SOLID SNAKE ! »  Le vieux le regarda d’un œil froid « Désormais tu t’appelleras ainsi ! »

 

David se dressa rapidement et salua son supérieur, d’une fierté évidente. « Oui Monsieur… »

 

Franck qui était resté appuyé contre le mur, ne cacha pas son approbation vis-à-vis de ce recrutement et offrit un petit hochement de tête à Big Boss en signe de soutien. A présent, il se rapprocha du jeune homme, et le regarda fixement, son visage se retrouva à quelques centimètres, David pouvait sentir la forte odeur du cigare qui émanait de sa personne. D’un murmure provocateur, il le mit en garde.

 

« Remercie ton nouveau commandant en second et sa confiance en toi… ca va me faire mal de lui briser l’idyllique image qu’il te donne… »

 

David  le regarda droit dans les yeux et rétorqua sans se démonter.

 

« Je vois donnerai une bonne raison de justifier sa confiance ! »

 

« Ah ah ah, tu ne doutes de rien… Snake…  ce nom te conviendra parfaitement … mais sache que le serpent dont il faudra se méfier ici, c’est moi… » Big Boss conclut l’entretien en tendant sa main à David qui le la lui rendit d’une assurance clairement affichée  « Alors…  bienvenue à FOXHOUND soldat… »

 

David était sûr d’une chose, la sincérité de cette phrase sonnait fausse… tout en  serrant la main du grand patron, il restait sujet à une grande incompréhension quant à son regard rempli de défi.

 

Pour Solid Snake, en tout cas, FOXHOUND sonnait comme sa plus grande épreuve.

 

                                                                     A suivre

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