Miyuki ( d'Après le manga de Mitsuru Adachi, 1980)

Chapitre 12 : l'Agression

4591 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/11/2016 23:12

« Quand le temps passe, toute chose évolue. Tout élément se transforme, pousse, grandit,  puis finir par se mourir. Mais une chose jamais ne change, c’est le destin. Universel tout en étant propre à l’individu, injuste pour certains et trop clément pour d’autres. Nous avons toujours vécu dans l’inégalité, ce fruit de conflit responsable de la mésentente perpétuelle entre les peuples et les civilisations. Depuis toujours les hommes se disputent la puissance et la richesse comme ils se sont un temps entretués pour le secret du feu et de la connaissance. L’inégalité est omniprésente dans tous les milieux, culturels, matériels, intellectuels...Il fut un temps où le pauvre ne pouvait s’instruire, ne pouvait lire ni même s’exprimer. Ce droit désormais inviolable était autrefois le privilège dont seul le noble avec sa pièce d’argent pouvait bénéficier. Les destins des hommes s’embrassent où se heurtent. C’est de là que naissent l’amour, la famille, l’amitié, la haine, la guerre, la rivalité mais aussi le droit du savoir. Des personnalités ont cherché longtemps à contrer cette inégalité en transmettant ce savoir, en l’adaptant à chacun et en ouvrant en tout lieu des écoles où là, l’individu range son identité pour tenir à l’égal de son voisin, ce droit de comprendre, de goûter ce droit et cette soif de connaître, quel qu’il soit… »

 

 

-Merci pour la lecture, Mr Wakamatsu. Vous pouvez vous rassoir.

 

 

      La sonnerie a raisonné dans le couloir tandis que je rangeais mes livres et mon porte-plume. J’ai regardé avec satisfaction le 95/100 que je venais de récolter avant d’enfouir la note dans mon porte document. Puis sans me soucier de mes collègues qui attendaient impatiemment que je sorte de la salle, j’ai regardé par la fenêtre. Le temps –bien que frais car un temps d’hiver- était au beau fixe cet après midi là.

 

Dans le tram sur le chemin du retour, je songeais à tout ce qui s’était passé durant ces dernières années. Presque quatre ans à ce moment là se sont écoulés depuis le retour de mon père. J’ai quitté l’uniforme du lycéen pour celui de l’étudiant universitaire et bien que j’aime le costume, je garde difficilement la motivation de poursuivre des études pour devenir comme mon père et ses collègues, un rat de bureau…

Je voulais poursuivre ma propre voie, seulement je ne savais pas encore laquelle. Je savais juste que je n’étais pas fait pour occuper une haute place de bureaucrate ou d’entrepreneur. Une vie simple me convenait tout à fait et correspondait plus à l’idée que je me faisais de celle qui serait la mienne, tant qu’elle était heureuse. Mais encore une fois, par lâcheté, je suivais la volonté d’un autre…

 

Toutes ces pensées me firent sortir une enveloppe un peu froissée de ma poche de veste. Je l’avais ouverte la veille mais je ne me lassais pas d’y lire les quelques lignes pleines de soutien  que m’avait écrite ma petite amie. Bien que nous fréquentions tous deux la même université, il nous arrivait souvent de nous envoyer ce genre de mot. Pour certains çà peut paraître gamin, mais pour moi c’est une manière d’entretenir la flamme. Cette petite braise timide et violacée qu'on n'allume pas avec la première allumette, à aucun prix je ne voulais qu’elle s’éteigne.

 

 

Un peu plus tard, lorsque je longeais le trottoir qui menait à mon lotissement, un cri a retenu mon attention. Un cri d’enfant. Interpellé par les sourdes plaintes qui devenaient des pleurs, j’ai fixé d’un regard inquiet la direction d’où elles provenaient : Une petite ruelle, assez étroite mais profonde, plutôt isolée de la circulation. Je fus partagé de longues minutes entre continuer ma route sans m’attirer d’histoire et aller voir ce qui se passait plus loin. Mais comme les pleurs redoublaient en intensité, je me suis finalement décidé à prendre le risque et sans plus attendre, je me suis élancé dans la ruelle, là d’où venaient ces cris.

 

Je touchais au but car je commençais même à cerner des paroles dans ces gémissements :

 

-Laissez-moi tranquille ! Lâchez-moi, laissez-moi !

 

 

Bientôt, je finissai par m’arrêter net à quelques mètres de trois lycéens qui encerclaient solidement un petit garçon et semblaient le malmener. Ils le poussaient, le soulevaient par son short ; ils se jouaient de sa faiblesse.

A la vue d’un pareil spectacle de lâcheté, je ne pouvais m’empêcher de prendre une expression de dégoût. Ces trois gaillards avaient beau être baraqués comme des armoires et avoir le profil de bagarreurs de bars, ils préféraient quand même martyriser un mioche. J’étais écœuré. A tel point que sur l’instant, je ne songeais pas au danger certain auquel je m’exposais…

 

-Hé vous trois ! Vous n’avez pas la honte de maltraiter un gosse ?

 

Mon intervention eut un effet immédiat sur les affreux qui se sont tournés vers moi avec un regard glacé. Le plus imposant des trois tout particulièrement, ne me lâchait pas des yeux. Il braquait vers moi un œil mauvais, comme si je n’étais rien de plus qu’un insecte à écraser. J’ai avalé bruyamment ma salive.

 

-J’crois qu’y en a un qui se surestime dans le coin, dit-il en s’avançant dangereusement. L’un de ses acolytes tenait fermement le gamin par le col de sa veste tandis que l’autre crachait au sol, l’air aussi méchant que les autres.

 

- Il a peut-être envie comme le gamin d’être suspendu à un arbre par son caleçon, ajouta ce dernier avec un sourire narquois.

 

J’en ais eu la gorge nouée. Une fois ces menaces proférées, j’ai cherché à croiser le regard de l’enfant. Il était apeuré mais se débattait courageusement. Mais ses petits poings ne parvenaient même pas à atteindre le visage de son agresseur. Il finit par abandonner la lutte, inutilement épuisé et lorsqu’enfin je pus apercevoir entièrement son visage, j’ai ressenti une étrange impression. Une impression de déjà vu, sa tête m’était familière. Ces cheveux blonds coiffés d’une casquette à l’envers…

 

Ce gosse…Ce ne serait pas celui qui m’avait tourné en ridicule devant Miyuki-chan au cinéma ? Non…Je me trompe peut-être, çà fait quand même quatre ans que…

 

-T’es un rigolo toi, j’taime bien, reprit le meneur cette fois à ma hauteur. Il était tellement grand que je dus lever la tête pour soutenir son regard.

      Tu veux savoir pourquoi on lui fou une déculotté à ce môme ? Hein ?

 

-Euh….

 

-Ben j’vais te le dire si çà te fait autant plaisir. Tu vois çà ?

 

       J’ai cru rêver, mais il m’agitait bel et bien une culotte de femme sous le nez. J’ai regardé le slip avec de gros yeux sans comprendre. Le lycéen a du réaliser que je ne pigeais pas car il prit un air agacé et impatient.

 

-Et ben tu vois, ce sale morveux a fait croire à ma copine que j’avais ce slip en poche. Du coup elle m’a giflé et s’est barré !

 

J’ai senti une irrésistible envie de rire. Je me projetais la scène en image dans mon esprit et j’imaginais avec plaisir ce voyou recevoir une belle correction de la part d’une jeune fille petite et frêle mais qui devait avoir un beau tempérament !

 

Plus aucun doute, c’est bien lui…

 

-Bon, t’as su c’que tu voulais, t’es heureux ? Alors maintenant tu vas gentiment te barrer et nous laisser nous amuser hein.

 

-Désolé mais vous laisser vous en prendre à un enfant serait de la non-assistance à personne en danger (Mais aussi un moyen sûr de prolonger ma vie…)

 

      Les trois brutes éclatèrent de rire. Visiblement ils ne me prenaient pas au sérieux –et je les comprenais quelque part…-

 

-Tu connais bien ton code pénal c’est bien ! a hurlé le chef. Allez dégage çà me ferait mal de te rendre plus moche que tu l’es.

 

-LACHEZ CE GARCON !

 

J’avais crié le plus fort possible tout en me traitant de fou au fond de moi-même. Quitte à en être là, autant aller jusqu’au bout. Il y eu un silence pesant et avec du recul, je me dis que m’enfuir m’aurait évité un tas de problème. Le meneur m’a regardé, il a affiché un inquiétant sourire.

 

-Lâche le môme Satoma, a-t-il ordonné au plus maigre d’entre eux. Celui qui empoignait le garçon a soupiré d’un air agacé puis l’a balancé violement sur le sol. Désormais, il n’existait plus pour eux. Ils s’approchaient de moi, faisant craquer leurs os, plus menaçants que jamais. Leur nouvelle cible, c’était moi.

 

-T’es vraiment trop con, on va te saigner et aucun membre de ta famille ne te reconnaîtra.

 

-Sauve toi, gamin…ais-je dit d’une voix tremblante. Cours et ne te soucie pas du reste ! Je…

 

Mais à peine avais-je finis ma phrase que je m’aperçus avec une amère stupeur que l’enfant n’avait pas attendu mon conseil pour l’écouter. Il s’était déjà enfui à toutes jambes.

Il est très obéissant ce gosse…

 

S’ensuivit alors un long supplice dans lequel j’amassais coups de poings, coups de pieds, hématomes, écorchures. Je payais cher mon acte héroïque et j’ai cru que jamais çà ne s’arrêterait. Lassés de voir qu’étant bien amoché je ne réagissais plus à leurs attaques, ils m’ont laissé à plat ventre sur le sol et ont tourné les talons en se félicitant d’une tape de main de m’avoir si bien tiré le portrait.

 

J’étais mal en point, mais conscient. Et c’est tant bien que mal que j’essayais de me relever. Mais j’ai ressenti une douleur paralysante dans le bas ventre puis aux jambes, et au bout de trois pas, je me suis écroulé. Soudain, effrayé, j’ai entendu des pas qui s’approchaient à toute vitesse. J’ai fermé les yeux. Je pensais que les brutes revenaient pour me donner le coup de grâce, mais c’est un garçon à lunettes et aux cheveux longs qui s’est accroupi devant moi. Il m’a demandé si je pouvais répondre, si je pouvais bouger. Je lui ais répondu que oui en tentant une nouvelle fois de me tenir debout. Alors que j’allais tomber une seconde fois, il m’a quasiment soulevé pour que je me maintienne. Et lorsqu’il m’a invité à m’appuyer contre lui, j’ai pu constater qu’il était grand et costaud. Il me donnait l’impression d’être plus âgé que moi de deux ou trois années. Il a ramassé mon porte document pour me le remettre puis a sorti une bouteille d’eau de sa sacoche.

Nous nous sommes assis sur les marches d’escaliers d’une résidence, j’ai bu abondamment puis j’ai mouillé les plaies importantes visibles sur mon corps. Au bout d’un certain temps, je commençai à reprendre un peu d’énergie. J’ai finalement réussi à convaincre celui qui m’avait aidé de ne pas appeler les urgences. Après m’être égaré en remerciements, je lui ais dit :

 

-Ca ira, je pourrai rentrer chez moi sans problème.

 

Avant de le quitter, il m’a serré la main en me tapotant gentiment l’épaule. Il a dit :

 

-Je m’appelle Seki Takanaka. J’espère qu’on se reverra !

 

      Et aussi vite qu’il était venu, il a disparu au fond de la ruelle.

 

Quel ne fut pas mon soulagement lorsqu’enfin, j’arrivai à la maison ! Quand j’ai traversé le hall, j’ai vu Anna s’affairer dans la cuisine et mon père se souler comme un poivrot devant la télévision, rituel habituel… De peur qu’on ne remarque mes blessures, je me suis hâté dans les escaliers. Miyuki était enfermée dans sa chambre, aussi j’en ais profité pour vite prendre des vêtements propres et me réfugier dans la salle de bain.

 

Lorsque ma peau est rentrée en contact avec l’eau chaude, la douleur fut quasi-insupportable. Je n’ais pas mariné longtemps dans le bain pour me consacrer au pansement de mes écorchures mais c’était comme si j’avais piqué une sieste dans la baignoire.  Dans le miroir, je ressemblais à une momie. Et je voyais qu’on était à cours de pommade à un très mauvais moment ! Je contemplais avec désolation les bleus sur tout mon corps. J’ai plus particulièrement insisté sur le bas-ventre…

 

Pourquoi il a fallu qu’ils me donnent des coups à cet endroit là !!!

 

Çà m’apprendra à jouer les héros !

 

J’ai râlé tout en balançant la boîte de pansements vide derrière moi. Plus de pommade, plus de bandages ! Je réalisais que je venais d’épuiser à moi seul les réserves pharmaceutiques de la maison.

 

Mais où est passée cette foutue serviette ?! Ais-je pensé en constatant avec énervement qu’elle ne se trouvait plus sur le carrelage où je l’avais posé.

J’ai définitivement sursauté quand contre toute attente, une voix répondit à cette question.

 

 

-Elle est ici.

 

      J’ai tourné la tête et j’ai crié sans retenue. Miyuki se tenait derrière moi à l’entrée, la serviette à la main. Elle leva les yeux au ciel et me regardait presque d’un air amusé, comme si elle s’était attendue à ce que je réagisse de la sorte.

 

 

Forcément, je suis complètement nu putain !!

 

Lorsqu’elle s’approcha suffisamment, je lui arrachai la serviette des mains pour cacher ce qui ne devait pas être vu. Dieu était encore de mon côté que je ne fusse pas de face.

 

-Mais çà va pas non ?! hurlai-je  avec colère. Combien de fois je t’ais dit de frapper avant d’entrer dans une pièce occupée ?! Surtout dans une salle de bain ! 

 

-Désolée, répondit-elle sans pour autant chasser l’expression moqueuse de son visage. Mais vu le temps que tu mettais à sortir du bain, je pensais trouver un corps flottant à la surface de l’eau.

 

Mais soudain, elle devint sérieuse. Elle scrutait chacune de mes cicatrices, ce qui était particulièrement gênant.

 

-Bon sang ! Dans l’état où tu es c’est à l’hôpital qu’il aurait fallu t’emmener ! Comment tu t’es arrangé comme çà ?

 

- Juste une mauvaise chute dans les escaliers chez Miyuki-chan. Mais n’exagérons rien, je n’ais rien de cassé non plus !

 

-Tu arriveras à panser tes blessures dans le dos ?

 

-Mais oui ! Je peux très bien me soigner tout seul...Maintenant va t-en !

 

Miyuki ramassa la boîte de pansement vide que j’avais jeté à terre. Elle me jeta un regard qui voulait dire : Je ne suis pas dupe !

 

-Ca risque d’être difficile si tu n’as plus un seul pansement, n’est ce pas ?

 

Avant de pouvoir rétorquer quoi que se soit, je l’ais vu sortir de derrière son dos une trousse de secours. Elle en sortit une bombe de désinfectant et tout en s’agenouillant derrière moi, imbiba un coton et se mit à tamponner mes plaies. La douleur m’a fait chanter.

 

-Doucement ! çà brûle !

 

-Serre les dents si çà te fait mal.

 

-Aie ! Sinon tu as une autre idée ?

 

-Conduis-toi en homme et tais-toi, a-t-elle fini par trancher.

 

J’ai bien senti que je l’avais agacée, alors j’ai préféré me taire. Nous nous sommes rien dit durant quelques instants. Je n’osais pas la regarder. J’étais mal à l’aise qu’elle me voie ainsi dans le plus simple appareil. Plus encore que çà ne la dérangeait guère. Elle ne voyait pas à ce moment là où pouvait être le mal je suppose. Pour elle, j’étais ce grand-frère un peu gauche et ronchon, tout juste bon à se mettre dans des situations impossibles et qui de cette malheureuse vérité, contraignait celle qu’il devait protéger de tout son cœur à enfiler ce rôle à sa place, le sermonner comme un enfant tout en pansant ses égratignures…Ce sentiment me rendait encore plus mal à l’aise. Si elle savait la vérité...Si elle savait qu’elle et moi nous ne sommes frère et sœur que par alliance ! Sans doute verrait-elle les choses autrement…

 

- Papa ne t’a pas dit ? m’a-t-elle demandé soudainement. On a eu de la visite aujourd’hui.

 

-Non…Il n’aurait pas pu me le dire vu l’état d’ivresse dans lequel il est.

 

-Un petit garçon est passé il y a une heure, il voulait te voir.

 

   

  Hein ? Celui que j’ai secouru et qui s’est enfui à toutes jambes ? Mais comment a-t-il su qui j’étais ?

 

     Miyuki devinait mes pensées et elle sortit ma carte d’étudiant de sa poche.

 

-Tu as laissé tomber çà dans la bagarre.

 

A ce moment là, j’ai compris qu’elle savait tout. L’enfant devait lui avoir tout révélé. Je ne pouvais plus échapper à la conversation, ni à la vérité.

 

-Je te félicite Onii-chan, la version de la chute dans les escaliers était plus crédible.

 

-Ne sois pas si cruelle…

 

-Pourquoi avoir voulu nous cacher que tu t’étais fait tabasser ?

 

-Çà ne te regarde pas.

 

-Si tu le prends comme çà…

 

-Aie ! Mais pas si fort !

 

Elle m’avait plaqué le pansement sur l’omoplate avec une énergie qui trahissait son irritation.

 

-Il était bien gentil ce garçon. Tu pourras le remercier si jamais tu le recroises. C’est également lui qui a amené les pansements. Il savait à l’avance que tu allais en avoir besoin.

 

-Hum…

 

Puis un nouveau silence s’installa. Au bout d’un certain temps, je ne sentais plus le coton humide agir sur mes écorchures. J’ai tourné la tête pour regarder Miyuki. Elle semblait fixer un point sur mon dos. Je n’ais pas su à l’instant si elle examinait quelque chose où si elle était perdue dans je ne sais quelle rêverie. Je l’entendais murmurer pour elle-même. Je lui ais demandé ce qu’elle avait. Elle m’a répondu d’une voix détachée : Tu as une cicatrice…Mais cette cicatrice…

 

-Une cicatrice ? Mais j’en ais plein partout actuellement…

 

Comme si elle sortait d’une séance d’hypnose, elle s’est reprise en riant.

 

-Oui tu as raison. Pfff… je suis idiote !

 

Je devenais de plus en plus rouge, de plus en plus gêné. Je sentais ces émotions monter en moi, monter encore. Je suffoquais, pris dans une véritable bouffée de chaleur. Je comprenais que c’était parce qu’elle était là, mais que dans le fond le problème venait de moi. Une goutte de sueur a perlé sur mon visage. Ce fut celle de trop. Je voulais qu’elle parte.

 

-Miyuki…J’aimerais que tu me laisses seul s’il te plait. Je peux me soigner sans aide tu sais. Çà me gêne vraiment que tu me vois comme çà…

 

Comme je m’y attendais, elle m’a regardé d’un air surpris.

 

-Mais qu’est ce que tu racontes ? Tu n’as aucune raison d’être gêné, nous sommes frère et sœur !

 

-NON !

 

Le mot s’est échappé d’entre mes lèvres et le ton sur lequel je l’avais lâché ne me ressemblait tellement pas que Miyuki en fut choquée. Mais le plus grave, c’est que j’étais à deux doigts de trahir un secret de famille qui devait rester caché, peu importe le prix. Il fallait impérativement que je me rattrape.

 

-Non euh…Par là je veux dire qu’à notre âge, le fait que l’on soit frère et sœur n’est plus une excuse valable !

 

Ce n’est pas passé loin…

 

       Elle a rouspété puis s’est levé en laissant la trousse de secours à côté de moi.

 

-Comme tu veux. Tu n’as plus qu’à mettre de la pommade sur tes bleus. Et essaye de ne pas mettre trop de temps, j’aimerais bien me laver moi aussi.

 

-Compris, désolé.

 

Puis j’ai tardivement exprimé un merci, espérant qu’elle l’ait entendu. Mais sans avoir pu m’en assurer, elle avait déjà quitté la salle de bain.

 

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