Rathlands

Chapitre 1 : Chapitre 1 (Zénith POV)

4525 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 19/10/2017 19:40

Survolant la vaste plaine, le Rathalos aux larges ailes brassait l’air du crépuscule. Fixant d’un air pensif le sol qui défilait sous ses serres, il perdit un peu d’altitude puis se reprit, ayant visiblement repéré quelque chose.

« Père me sera reconnaissant si j’apporte ma part au buffet » songea-t-il avant de piquer vers la cible qu’il avait aperçu, en rasant l’herbe de la plaine.

Malgré la discrétion dont il avait fait preuve, sa proie, un Aptonoth de bonne taille, beugla en découvrant la wyverne volante fondant sur lui, fuyant.

Grognant de mécontentement, le dragon aux écailles pourpre prit de la vitesse afin de rattraper l’herbivore galopant ventre à terre. Le Rathalos émit un léger sifflement, et une sphère enflammée jaillit de sa gueule pour s’abattre sur sa cible, la tuant sur le coup. Atterrissant près du cadavre, il jeta un coup d’œil furtif vers les cieux. Personne. De toute manière, il ne craignait pas grand-chose. Saisissant sans trop de peine son butin, il s’éleva dans les airs et refit cap sur le château.

« A cette allure, je devrais être à l’heure pour le début du banquet … »

Il lâcha un bref soupir.

« Pourvu que les choses aillent mieux ensuite. Je n’aime vraiment pas ce genre d’arrangements … » marmonna le dragon à la musculature développée en reprenant sa vitesse et son altitude de croisière.

Continuant de planer de ses immenses ailes à la voilure rubis ornée de veines dorées, le Roi-Enfer aperçut alors sa destination à l’horizon. Le château des Rathlands.



         

**********************************************************



 

Après avoir dépassé les trois tours principales, il bifurqua vers l’aile Est du château, où se situaient les cuisines. Repérant le point de dépôt de nourriture, il se hâta d’y livrer son fardeau qui, malgré sa carrure, commençait à peser lourd après deux heures de voyage.

Knart, l’Agnaktor qui gérait en grande majorité les cuisines (et également la forge), vint réceptionner la marchandise et le remercia de sa contribution, avant d’aller préparer la viande.

Satisfait, le Rathalos reprit son envol et se dirigea cette fois-ci vers l’aile principale, où il devait se rendre. Il se posa sur la zone prévue à cet effet, puis marcha jusqu’à la lourde porte d’acier qui bloquait l’accès vers la salle du trône. Les deux gardes Seltas en charge de la surveiller l’ouvrirent et le saluèrent respectueusement.

-        Bonsoir, Prince Zénith.

-        Bonsoir, répondit le dragon grenat qui s’épousseta les ailes en attendant que la porte s’ouvre entièrement.

Il se replongea dans ses pensées, fixant le sol, et se laissant bercer par le bruit de ses serres sur le marbre clair et brillant.

« Comment vais-je faire mon rapport ? Voyons. Je devrais commencer par dire que les frontières Rakuriennes sont calmes … Puis faire remarquer que les tensions entre la dictature Buruto et l’empire Skypierciers au niveau du col de la Prospérité sont toujours d’actualité … Mhh … » pensait la wyverne volante.

« Que dire d’autre … Le lendemain d’une guerre est souvent calme … » soupira-t-il ensuite.

Il reprit conscience du monde extérieur lorsqu’il atteignit la seconde porte, ornée d’or, d’argent, d’émeraudes et de rubis, symboles de la famille royale.

Cette porte était l’un des plus beaux ouvrages qui était donné de voir dans toutes les Rathlands. Elle avait été forgée, sculptée et décorée par un illustre forgeron que l’on surnommait autrefois « la Griffe d’Or », de par son talent incroyable, mais aussi à cause des reflets d’ambre de la forge qui illuminaient toute sa personne lorsqu’il travaillait. Depuis, tous les forgerons du pays, voir même du monde, aspiraient à devenir aussi renommés que lui.

Les deux guêpes chevalières qui la gardaient s’inclinèrent devant le prince avant d’ouvrir l’accès à la salle du trône, le saluant.

Il lança un bref « Bonsoir » aux Seltas avant de pénétrer dans l’immense pièce. Celle-ci possédait un vaste plafond voûté s’élevant jusqu’à une vingtaine de mètres, et était soutenu par de splendides piliers de marbre pâle en base d’hexagone. Le sol, lui aussi de pierre à la teinte sable, brillait d’un bel éclat satiné ; cependant un magnifique tapis de velours d’un rouge royal avait été déroulé en son milieu, menant au somptueux trône pourpre aux accoudoirs dorés du roi. Quiconque s’aventurait ici pour la première fois était frappé par la grandeur de la pièce.

Il patienta quelques minutes lorsque le clairon royal retentit, annonçant l’arrivée du roi, qui fit son entrée par le large tunnel à gauche de la pièce.

L’imposant Rathalos argenté s’avança vers son siège d’un pas majestueux, s’y assit, puis salua Zénith de la tête.

-        Bien le bonsoir, mon fils. J’imagine que tu es là pour faire ton rapport de patrouille ? s’enquit son père, dont la voix résonna longuement.

-        Oui père. Aucun signe d’activité de l’Empire Rakuraï près de nos frontières … Tout est calme, excepté la zone du Col de la Prospérité, où les tensions entre Skypiercers et Burutiens sont toujours présentes, comme depuis deux semaines, déclara le Roi-Enfer. J’ai également apporté ma part au banquet. Un Aptonoth.

-        Merci de ta contribution … Je vois … Rien de nouveau, donc. Bien, cela signifie que Rakuraï semble tenir sa promesse, n’est-ce pas ?

Le prince grinça des dents.

-        L’idée de devoir lui livrer Tourmaline ne me plaît pas.

-        Ce n’est pas comme si nous avions le choix, répondit le monarque. C’est l’unique moyen de mettre fin à cette guerre.

-        Ce n’est pas juste. Un monstre ne s’offre pas ou ne se vends pas comme un vulgaire butin.

-        Il s’agit de la marier, c’est différent. Je t’ai déjà expliqué en quoi c’était le meilleur choix possible. Entre sacrifier le bonheur d’un monstre et la vie de milliers de sujets … (il soupira) Un roi ne peut se permettre d’être égoïste, Zénith.

-        C’est bien pire que la mort de soldats, c’est une humiliation ! Offrir sa fille, sa propre fille en tant que trésor de guerre … grogna-t-il, frustré.

-        Cesse de divaguer sur ce sujet. Je n’avais pas le choix, et tu le sais parfaitement. Ce n’est pas sur moi que tu dois cracher ta colère.

Son fils regarda ses pieds.

-        Désolé. C’est … C’est juste tellement horripilant … J’aimerai éviscérer de mes propres serres ce chien de Rakuraï pour avoir demandé pareil tribut … cracha le Rathalos grenat entre ses dents.

-        Ce n’est rien. Je comprends ta rancune. Cependant, rappelle-toi que tu dois dissimuler ce ressentiment au plus profond de toi. Un jour peut-être ton souhait se réalisera. Mais en attendant … Va donc te préparer pour la fête, enfile au moins un vêtement quelconque qui te sied, et soit présentable pour ce soir, mon fils. Les serviteurs seront certainement déjà occupés à s’affairer autour de Tourmaline et Blister, mais je leur ai demandé de t’apporter des habits.

Le dragon aux écailles pourpre soupira.

« Oh non, pitié, moi qui pensais ne plus jamais devoir porter ce genre d’ornements de pacotille… »

-        Va donc, et ne t’attardes pas trop, dit le Rathalos d’argent avant de disparaître dans le tunnel par lequel il était apparu.



 

********************************************************



 

Le soleil s’était couché depuis une heure déjà lorsque les premiers invités se manifestèrent. Saxo et Trumpet, les Qurupecos poètes et musiciens, étaient chargés de les divertir dans la salle des fêtes en attendant que les festivités ne débutent.

Après avoir effectué son rapport, Zénith s’était dirigé vers l’aile Ouest du château, afin de regagner sa chambre. Dans l’escalier menant à celles-ci, au premier étage, il croisa l’un de ses frères, Blast, déjà paré de mille décorations pour la fête.

-        Tu es ridicule, Blast, lâcha le Rathalos grenat en un rictus moqueur.

-        Merci, soupira le dragon albâtre en levant les yeux au ciel, j’en doutais encore …

-        Tu n’étais pas obligé de te … « décorer » autant.

-        Père nous l’a demandé, question de respect, de diplomatie …

-        Je me moque pas mal de ce que peuvent penser les Rakuriens, siffla Zénith.

-        Tu n’es pas obligé de te maquiller comme un gibier volé non plus … fit remarquer son frère à la teinte de quartz.

Cela amusa le Roi-Enfer.

-        Laisse-ça à Blister et Tourmaline …

-        Elles doivent s’en donner à cœur joie, sourit Blast.

-        Doux Teostra … murmura le dragon aux écailles pourpres en imaginant ses sœurs hésiter entre des centaines de colifichets à porter.

-        Bon, j’y vais de ce pas, sinon, il n’y aura plus de petits fours au Gargwa, conclut le Rathalos de cristal.

-        Quelle tragédie se serait, rit son frère aîné, Garde m’en quelques-uns, je ne serais pas long.

-        Si tu n’es pas là dans dix minutes, je les dévore tous ! s’exclama son frère qui avait déjà pris la poudre d’escampette.

« En résumé, j’ai trois minutes pour me préparer et sauver les petits fours d’un trépas certain dans l’estomac de Blast » songea Zénith en se hâtant vers sa chambre.

Lorsqu’il rentra, son regard fut immédiatement accroché par le mont d’ornements improbables entassés sur sa chaise de bureau, où il rédigeait ses rapports écrits. Perplexe, il fouilla le tas avec les griffes de son aile droite afin d’y dénicher quelque chose de sobre et simple. Il essaya des bijoux sertis de rubis se portant sur celles-ci, puis les reposa. Il tenta ensuite d’ajuster un cache-queue en or, sans succès. Dépité par le ridicule de la situation, il se décida sur des cuissardes de métal noir et doré qu’il réussit à attacher autour de ses pattes, d’un air peu convaincu non dissimulé.

« Je ne vois vraiment pas en quoi ces absurdités sont sensées me rendre présentable » marmonna le Rathalos grenat à voix haute.

-        Besoin d’aide ? lança ironiquement une voix derrière lui.

Il se retourna. C’était Arsenic, l’une de ses sœurs Rathian.

Elle ne portait que son couvre-queue en argent habituel, démarrant à la moitié de celle-ci et enveloppant son appendice caudal hautement toxique.

Toutes les Rathians du château se devaient d’en porter un, que ce soit lorsqu’elles s’y promenaient, ou lors de certains évènements, afin de ne pas blesser quelqu’un par mégarde. En soit, les Raths ne craignaient pas leur propre poison, y étant naturellement résistants d’une part et pouvant d’autre part cautériser le venin si besoin y était. Cependant, lorsque le roi organisait des fêtes ou des banquets, par souci de diplomatie, les Raths femelles étaient dans l’obligation de revêtir un couvre-queue afin d’éviter tout dommage collatéral. Les Rathalos, eux, n’avaient guère ce genre de désagréments, de par le fait que leurs toxines étaient secrétées par leurs serres, et qu’ils possédaient un plus net contrôle sur celles-ci. Ils pouvaient donc vaquer sans protections caudales, même si certains en revêtissaient par pure fantaisie.

Le Rathalos esquissa un sourire, puis posa son regard sur ses jambières mal attachées.

-        Je refuserai bien par fierté, mais au point où j’en suis … fit le Roi-Enfer sarcastiquement.

-        Je ne suis pas aussi douée que Tourmaline ou Blister pour ça, mais je pense toujours pouvoir faire mieux, déclara la Rathian Reine-Poison en s’attelant à réajuster les cuissardes avec une facilité un peu plus prononcée que celle de son frère, qui la regarda faire.

Zénith appréciait Arsenic.

Bien qu’elle ne fût pas sa sœur de sang -car elle avait été adoptée, étant orpheline avant même de savoir voler- son frère aîné la préférait à ses sœurs, frivoles et superficielles.

La Rathian à la teinte lilas s’était relativement bien intégré au sein de la famille royale, et était assez appréciée du peuple. Cependant, certains ignares se plaisaient à lui rappeler l’impureté de son sang, ce qui était une grossière erreur, car Arsenic était également une terrible guerrière.

Une rumeur voulait qu’elle fût abandonnée à cause sa surproduction naturelle de toxines, qui suintaient aussi bien des épines de sa queue que de la moindre écaille de son corps. Son poison était également plus virulent que la normale, et la Reine-Poison était capable de le diffuser dans l’air tel un nuage asphyxiant ou encore de le cristalliser afin de l’utiliser comme une arme. Beaucoup pensaient de ce fait qu’elle était maudite, et, sous pression de ses sujets, le roi fut contraint de lui imposer le port du couvre-queue en permanence, excepté pour l’entraînement.

La wyverne aux teintes vertes et violettes était également peu intéressée par les parures et l’esthétique, comme le pouvaient être ces autres sœurs, rejoignant l’avis de Zénith sur le sujet.

-        C’est déjà mieux comme ça, fit la Rathian, qui, ayant fini de resserrer les lanières, releva son regard vers le Rathalos aux écailles pourpres.

-        Merci, lâcha-t-il, baissant les yeux.

-        Autre chose ? demanda Arsenic.

-        Par Teostra ! Je regrette déjà ces horribles choses, grogna son frère en se balançant d’un pied à l’autre. Non merci, je suis déjà bien assez bête comme ça …

Elle sourit, et Zénith devina qu’elle partageait son avis.

-        Ton silence est très éloquent, fit le dragon grenat en un rictus.

Il y eut comme un silence, pendant lequel ils se fixèrent sans dire un mot.

-        Je crois que je vais y aller, dit la Rathian aux écailles venimeuses.

Cela provoqua un éclair de lucidité dans l’esprit du Rathalos.

-        Nom d’un Jaggi sans queue ! Blast va manger tous les petits fours ! réalisa le Roi-Enfer en ruant hors de sa chambre pour se mettre à courir en direction de la salle des fêtes.

-        Je parie que ce gouffre à nourriture de Blast a déjà tout englouti ! s’écria Arsenic d’un air amusé alors que son frère dévalait l’escalier à toute vitesse.

Il accéléra de plus belle.

« Pourvu qu’il en reste encore » pensa Zénith.


 

********************************************************



 

Lorsqu’il déboula dans la salle des fêtes, une trentaine d’invités étaient déjà présents et grignotaient les mises en bouche. Fruits, crustacés, toasts, viande grillée, petits fours, tout y était. La première chose qu’il remarqua fut son frère à la teinte albâtre se remplir la panse au buffet des fruits de mer.

-        Blast ! Qu’as-tu fait des petits fours au Gargwa ? s’écria-t-il en baissant subitement la voix afin qu’il n’attire pas l’attention.

-        Mangés. Mais les crevettes sont succulentes, tu devrais les goûter, suggéra le Rathalos de quartz.

-        Je n’aime pas les crustacés ! Et tu étais sensé m’en garder quelques-uns !

-        Je plaisante, je t’en ai gardés deux que j’ai confiés à Knart, il les a ramenés en cuisine, je pense. Va donc voir.

-        Je te remercie, j’ai bien cru que tu avais tout avalé, souffla son frère aux écailles pourpres.

-        J’aurai pu, fit Blast d’un air rêveur.

-        Je vais de ce pas les chercher, dit Zénith en faisant volte-face pour se diriger vers les cuisines par l’accès intérieur.

Il salua poliment quelques invités au passage, afin de faire bonne impression, toujours selon les vœux de son père. Les Rathiens avaient depuis longtemps la réputation d’être de très bons hôtes, et entendaient bien la garder. Après une dizaine de révérences, le Roi-Enfer atteignit enfin son but, et demanda à l’un des cuisiniers Lavasioth d’appeler leur chef, ce qu’il fit.

-        Ah, Prince Zénith ! s’exclama l’Agnaktor en sortant une plaque de brochettes de viande d’un des fours avant de venir à lui. Vous venez chercher les petits fours, je présume ?

-        Oui, s’il te plait. Et ne me vouvoie pas, tu sais pertinemment que tu peux me tutoyer … confirma le dragon grenat.

-        C’est pourtant la moindre des choses, mon prince ! Je m’en vais de ce pas les chercher, répondit le léviathan rouge.

Le Rathalos aux majestueuses ailes n’eut pas le temps de cligner des yeux que le chef cuisiner était revenu. Knart l’impressionnait par son incroyable zèle, faisant de lui le plus loyal des serviteurs. L’Agnaktor cuisinait pour Sa Majesté depuis maintenant une bonne décennie, qui l’avait, à l’époque, hissé jusqu’à son poste actuel de par cette extraordinaire fidélité et modestie dont il faisait preuve. Son ascension sociale assez prodigieuse l’avait rendu encore plus idolâtre de la famille royale, et bien qu’on lui reprochait parfois son excès de bienveillance, il était fort apprécié au château.

-        Les voici, mon prince, déclara le reptile magmatique en lui présentant un petit plateau de vermeil sur lequel étaient posés fièrement les deux petits fours mis de côté par Blast.

-        Je te remercie, Kn art, dit la wyverne volante aux écailles pourpres en les saisissant délicatement entre ses griffes d’ailes.

-        Il n’y a pas de quoi me remercier, Prince Zénith.

Il s’inclina.

-        Allons, cesse ces manières, je t’en prie, sourit le Rathalos.

-        Ce serait vous faire honte, monsieur. Bien, si j’eus votre accord, je souhaiterai pouvoir vaquer à mes occupations.

-        Bien entendu que tu l’as, se retint de rire le Roi-Enfer.

A ces mots, l’Agnaktor tourna les talons et repartit gérer la cuisson des amuse-gueules et des plats principaux.

Zénith s’en retourna quant à lui vers le lieu des festivités en savourant les apéritifs dûment mérités sur le chemin.

« Toujours aussi délicieux » pensa avec délice le prince en les dégustant.

Lorsqu’il regagna la salle, le nombre d’invités avait triplé. La place ne manquait pas encore, car la salle des fêtes était la plus vaste pièce du château, suivie par la salle du trône, mais l’air s’était considérablement réchauffé sans que l’une des trois grandes cheminées ne soient allumées, indice assez significatif en ce soir d’hiver.

Zénith visita ensuite chacun des buffets par pure curiosité, goûtant aux nouveaux amuse-gueules que les cuisiniers royaux avaient préparés, sur ordre de Knart, souhaitant proposer une diversité parmi ceux-ci. Il dégusta donc des petits toasts au foie de Gargwa, relativement goûtus, ainsi que des « sandwichs » petits morceaux de pain entre lesquels étaient placés des légumes, des fruits ou même de la viande ou du poisson, afin d’avoir le goût de tous ces aliments simultanément sur la langue.

« Ce n’est vraiment pas une mauvaise idée, et je dois avouer que j’en suis devenu friand » pensa le prince en avalant un énième sandwich.

Une fois qu’il eut testé toutes les nouveautés, le Rathalos pourpre revint saluer des invités, enchaînant révérences, sourires et compliments pendant une vingtaine de minutes.

Etre à la limite de l’hypocrisie ne lui plaisait pas vraiment, mais il s’agissait, selon son père, d’une marque de politesse. Zénith ne voyait pas en quoi mentir faisait de lui un honnête homme, mais que grand bien leur fasse s’ils aimaient ses fausses complaisances et son intérêt feint. De toute manière, il n’avait pas le choix, car cette soirée devait promouvoir la paix entre l’Empire Rakuraï et les Rathlands.

« Pourvu que tout se déroule sans accrocs et que la paix puisse s’établir » pensait Zénith tout en répétant son cycle mécanique de salutation.

-        Eh ! Zénith ! le héla une voix.

Il chercha la provenance de celle-ci avant d’apercevoir son autre frère Phénix qui s’approchait, tout feu tout flamme, littéralement.

Phénix était le plus jeune parmi la fratrie royale. Tout comme Arsenic, il était né avec une anomalie peu courante, mais était bien de sang royal, contrairement à la Rathian Reine-Poison. Sa particularité résidait dans le fait que sa température interne s’élevait à 160°C, au lieu de 100°C pour un Rathalos ordinaire. Ses flammes étaient donc redoutables, mais en plus de cela, il était capable de s’enflammer tout entier sans se brûler lui-même, grâce à la résistance extraordinaire de sa cuirasse à la chaleur. Celle-ci possédait une teinte tout aussi particulière, orangée et jaune vif le long de la colonne vertébrale. De par son caractère inflammable, il fallait donc éviter qu’il ne s’agite trop et ne brûle ainsi des objets par inadvertance. Malgré cela, c’était le frère le plus intentionné et le plus aimable du monde.

-        Bonsoir frérot, tu t’es encore empiffré de crustacés comme Blast, à ce que je vois ? demanda le Roi-Enfer avec un sourire moqueur.

-        Erm, je t’avoue bien là qu’il s’agit de mon péché mignon, répondit Phénix en se balançant d’un pied à l’autre.

-        Bah, je crois que Knart en a commandé pour un régiment par anticipation, si tu vois ce que je veux dire …

-        Tant mieux alors, ma culpabilité sera plus légère.

-        Tu n’aurais pas vu Tourmaline, à tout hasard ? s’enquit Zénith.

-        Elle doit encore être en train de se pavaner devant son miroir en compagnie de Blister, je pense, fit le cadet.

-        Probable … médita le dragon grenat.

-        Si tu me le permets, je m’en vais de ce pas piller le buffet de fruits de mer, annonça le Rathalos Incendiaire.

-        Va donc, je ne te retiens point, sourit son frère ainé.

Le Roi-Enfer cessa sa tournée de révérences pour se lancer à la recherche de sa sœur ainée, lorsqu’on annonça le début du festin dans la salle du banquet par le biais des Qurupecos troubadours.

« J’aurais bien voulu lui parler, mais je crains que je n’eusse le temps » songea en grinçant des dents le prince des Rathlands.


Laisser un commentaire ?